Le jeune homme. - Études théologiques. - Consécration à Dieu. - Pendant la guerre. - Promoteur de sanctification. - Unité de vues de Boardman et de P. Smith. - En Suède. - Guérison par la foi. - Témoignage après la mort. (1)
C'est pour une très grande part à
l'activité et à la
personnalité du rév. W. E. Boardman
qu'est dû le développement du
mouvement de sanctification aux États-Unis
et en Angleterre parmi les chrétiens de
toutes les dénominations. Sans occuper le
devant de la scène comme P. Smith, il a
été l'une des plus grandes figures du
mouvement d'Oxford.
William Edwin Boardman naquit le
11
octobre 1810 à Smithfield, dans
l'État de New-York. Il était le
deuxième de quatre frères et
appartenait à une famille laborieuse. De
bonne heure il entra en apprentissage de commerce
et vers sa dix-huitième année,
après une période de scepticisme, il
passa par une conversion profonde et
définitive : « La
lumière se fit en moi, dit-il, mon bonheur
était tout en Jésus, j'étais
rempli de son amour, mon fardeau avait disparu. Je
compris que j'étais converti, mes yeux
s'étaient ouverts, ma langue s'était
déliée, et lorsqu'un soir, par une
belle nuit étoilée, regardant en
dehors de moi, je reçus
dans mon coeur le sceau de Dieu et la conviction
que Jésus me préparait dans son
royaume la meilleure place qui me convînt, je
ne pus que m'écrier : A Lui toute
gloire à
jamais ! »
Boardman se consacra alors au
saint
ministère. Il fit des études de
théologie, interrompues, il est vrai, par un
retour momentané aux affaires. Sa jeune
femme, d'abord frivole et mondaine, se convertit
aussi et, en 1840, ils étaient entrés
tous les deux au service de Dieu. C'est dans un
coin perdu de l'Illinois, à Potosi,
où ils annonçaient l'Évangile
tout en s'occupant encore de commerce, qu'ils
trouvèrent l'un et l'autre, en 1842, ce
qu'ils appelèrent « la
bénédiction ».
En lisant les Mémoires de
James Brainerd, l'apôtre des Indiens au
Canada, les expériences de Finney, celles
d'Asa Mahan, ils décidèrent qu'eux
aussi poursuivraient la réalisation de
toutes les promesses de Dieu et, au mari du moins,
ni les jeûnes, ni les prières ni les
renoncements, ni les sacrifices ne
coûtèrent pour atteindre ce but. Il
est vrai que ce fut la jeune femme qui, par une
confiance plus simple, y parvint la
première : « Que de fois,
raconte-t-elle, avais-je demandé à
Dieu de m'aider à vaincre ; je compris
alors que c'était Lui qui devait tout faire.
Je me confiai en Lui et la paix inonda mon
coeur. » Ce jour-là quand son mari
rentra, elle lui raconta l'expérience
qu'elle venait de faire.
- Dieu soit loué !
s'écria-t-il, de ce que vous avez saisi
cette grâce avant moi.
- Saisi la grâce ? Mais
je n'ai rien saisi du tout, s'écria-t-elle,
j'ai tout lâché sauf
Jésus.
Peu après, à son tour,
le mari se confiait
complètement à Jésus-Christ
pour être délivré et
gardé du péché.
Aussitôt Boardman se mit
à parler de la lumière qu'il avait
reçue, s'imaginant que chacun
écouterait son message. Il ne trouva que peu
d'écho parmi ses auditeurs, il ne se sentait
pas compris. Sa déception fut grande. Il
oubliait le temps qu'il avait passé
lui-même dans ce qu'il nommait « le
désert ». Par contre, au point de
vue de l'évangélisation proprement
dite, une ère nouvelle
s'annonça ; les chrétiens se
réveillaient et de très loin
accouraient pour l'entendre.
Quoique pasteur consacré - il
avait demandé l'imposition des mains
à un synode presbytérien du voisinage
- Boardman sentit le besoin d'affermir sa culture
théologique ; il entra comme
étudiant au séminaire de Lane dans
l'Ohio. C'est là un des traits propres aux
réveils profonds et sains de comprendre
l'utilité de la culture. Les promoteurs du
mouvement d'Oxford furent des hommes instruits.
C'est ce qui explique aussi en partie l'influence
extraordinaire de ce mouvement sur les classes
supérieures de la
société.
Boardman constata avec
étonnement et tristesse que la plupart de
ses nouveaux condisciples étaient loin
d'avoir passé par des expériences
spirituelles profondes. Il entreprit
immédiatement parmi eux une oeuvre
d'évangélisation ; mais il ne
tarda pas à se rendre compte combien il
était difficile pour lui d'apporter à
ces jeunes gens un message qui les
impressionnât. Selon sa coutume il s'adonna
à la prière et au jeûne,
demandant à Dieu sagesse et puissance. Au
bout de peu de temps il acquit la conviction que
ses efforts personnels étaient inutiles, que
Jésus lui-même
devait être « sa
sagesse », « sa
puissance ». Il fit sous une autre forme
la même expérience que quand il
poursuivait la sanctification. Il déposa sa
responsabilité aux pieds de Celui qui est
capable de s'en charger. « Dès
lors, raconte-t-il, il ne portait plus l'oeuvre de
Dieu, c'était elle qui le
portait. » Les coeurs furent
touchés, un réveil éclata au
séminaire.
Après avoir passé
trois ans à Lane, Boardman entra au service
de diverses oeuvres d'évangélisation,
dans lesquelles il réclamait toujours le
poste le plus pénible, celui dont personne
ne voulait. C'est pendant qu'il travaillait dans
l'Ouest à fonder des écoles du
dimanche qu'il fit une expérience
extraordinaire. Il la raconte ainsi :
« Les distances
étaient grandes, la neige profonde ;
impossible d'éviter les rigueurs de la
saison. Je pris un rhume suivi d'une inflammation
de poumons qui me mit à deux doigts de la
mort.... L'éternité me semblait si
près ! À peine un léger
voile couvrait-il la gloire qui attend ceux qui
sont sauvés et le malheur de ceux qui ne le
sont pas.
Déjà je pouvais
discerner sinon les personnes, les figures, du
moins des réalités.... Alors
dans le silence de la nuit, la question me fut
posée, non par une voix qu'on pût
entendre, mais au fond de moi-même :
« Veux-tu mourir et entrer dans la gloire
ou veux-tu vivre et glorifier Dieu sur la
terre ? »
La réponse fut aussi
distincte et aussi intérieure que la
question : « Je ne veux pas choisir,
choisis, Toi, pour moi ! » Je ne
sais combien de temps se passa, mais assez pour que
toute ma vie se déroulât devant moi
à la lumière de
l'éternité.... À ce moment je
ne sentais plus ma souffrance physique et quand je
revins à moi la fièvre, l'oppression
avaient disparu pour ne plus
revenir. Le médecin, en
m'examinant le lendemain s'écria :
« Magnifique ! vous pouvez vous
lever ; une bonne nourriture fera le
reste ! »
Revenant sur cette vision
solennelle, Boardman ajoute :
« Quelle réalité que la
gloire qui attend ceux qui sont en Christ, c'est
dans la gloire même de Christ qu'ils sont un
avec le Père ! Quelle
réalité aussi que le châtiment
terrible et éternel loin de la
présence de Dieu qui atteindra ceux qui
auront rejeté Christ ! Et puis la
grâce de Dieu pour les siens, pour moi en
particulier qui en suis si complètement
indigne, et l'amour inexprimablement profond et
tendre du Seigneur pour ceux qui le rejettent,
quelle réalité aussi ! À
la lumière de ces réalités
combien m'apparaît insignifiant le peu que
j'ai pu faire pour sauver les perdus ou pour
édifier les
croyants ! »
Cette expérience fut aussi
chez Boardman le point de départ de la foi
à la guérison par la
prière.
C'est quelques années plus
tard qu'il écrivait La Vie de
sanctification (The higher Christian
life (2). Les
premières semaines après la
publication de cet ouvrage, l'éditeur ne
pouvait satisfaire à la demande. Les gens
faisaient queue devant la librairie et
s'arrachaient les exemplaires. De nombreuses
éditions se vendirent en Amérique et
en Angleterre. L'une d'elle, à bon
marché, s'écoula à soixante
mille exemplaires. Longtemps après la mort
de Boardman, sa veuve recevait encore des lettres
de personnes qui disaient le bien reçu par
le moyen de ce livre.
Celui-ci souleva aussi de fortes
oppositions. Beaucoup d'amis de Boardman
l'engageaient à se défendre :
« Le Seigneur m'a donné ce livre,
répondait-il, c'est
à Lui de prendre soin de la
vérité qu'il contient. »
Boardman est de tempérament sage, prudent.
Voici ce qu'il écrit à propos d'une
personne qui s'est laissé entraîner
par des vues étranges et sectaires :
« C'est avec de pareils
moyens que Satan recrute son armée de
fanatiques. En présence de semblables
exemples nous avons à prendre garde. Ne nous
laissons pas guider par des impulsions ou des
suggestions, ni même par la lumière
intérieure si elle ne s'accorde pas avec la
vérité révélée.
Que toutes nos suggestions et impulsions soient
contrôlées par la Parole de
Dieu ! »
« Sachons distinguer
entre
la vérité biblique et les mots de la
Bible ! »
disait-il aussi.
En se plaçant au point de vue
de l'expérience la plus fréquente,
Boardman admet une marche spirituelle par
étapes et, pour simplifier, il appelle la
consécration une « seconde
conversion ». Il exprime sa pensée
par le petit dialogue suivant entre un jeune
pasteur et un collègue plus
âgé.
- Je n'accepte pas l'idée
d'un point fixe et défini à atteindre
ici-bas dans le travail de la sanctification,
disait le plus jeune des deux
interlocuteurs.
- Peut-être, répondait
son compagnon, associez-vous deux pensées,
l'une juste et l'autre fausse. Vous avez
certainement raison de rejeter l'idée d'un
point de repos ou d'arrêt atteint par le
chrétien de ce côté-ci du
voile. Mais êtes-vous bien sûr qu'un
point défini dans l'expérience
spirituelle soit un point d'arrêt ?
Croyez-vous à la
conversion ?
- Certainement j'y crois et je
l'enseigne à chacun comme une
nécessité, comme un fait qui se
reconnaît à des signes
évidents.
- Cette nouvelle naissance
est-elle
un point d'arrêt ?
- Oh ! non ;
un trop grand
nombre le pensent, mais ce n'est que le point de
départ de la course du
chrétien.
- Ne peut-il pas surgir,
après une période plus ou moins
longue, un nouveau point de départ tout
aussi marqué que la conversion
elle-même, disons une nouvelle conversion sur
de nouveaux points bien définis, et qui
préparerait des progrès plus
remarquables encore ?
Le jeune homme, qui était
probablement Boardman lui-même, se
sépara de son compagnon fortement
impressionné par cette
conversation.
Voici comment Boardman exprimait
les
étapes de cette marche spirituelle :
Après la merveilleuse expérience de
la justification par la foi, du plein pardon qui
suit le retour à Dieu et dont la doctrine
est formulée par Paul dans les chapitres III
à V de l'épître aux Romains,
s'imposent à la conscience chrétienne
les obligations saintes de la vie nouvelle, telles
que Romains VI les dépeint dans son solennel
langage. Les efforts personnels et
légalistes du chrétien qui se
débat dans ses chaînes et qui apprend
à en connaître toute la force, ne
servent qu'à jeter le converti dans le
découragement de Romains VII. Mais une
consécration loyale et une prise de
possession par la foi de Jésus-Christ comme
« sanctification » aussi bien
que comme « justice » introduit
le croyant dans la vie de victoire de Romains VIII
(3).
Cependant
Boardman insiste principalement sur la
réalité de la vie
nouvelle et non pas sur la méthode
employée pour l'obtenir ; il sait que
les expériences individuelles sont diverses.
« Ces périodes, dit-il, qui
séparent les moments capitaux de la
conversion et de la consécration peuvent
être plus ou moins distinctes, de plus ou
moins longue durée. Pour le brigand sur la
croix, toute l'oeuvre s'est condensée en une
demande et une réponse. » Pour
être sauvé faut-il
nécessairement passer par cette
expérience de « seconde
conversion ? »
À cette grave question
Boardman répond : oui et
non.
Non, si l'on pense qu'il soit
nécessaire de subir un temps
d'anxiété, d'efforts inouïs,
suivi de lumière soudaine et de paix
abondante. La Bible ne pose nulle part une
semblable condition au salut ; elle dit
simplement : Celui qui croit au Seigneur
Jésus sera sauvé.
D'autre part à la
question : Est-il nécessaire à
tous pour entrer au ciel de se confier dans le
Seigneur de telle manière que le coeur soit
purifié ? il répond :
Oui ! Seuls ceux dont le coeur est pur
« verront Dieu ». Tôt ou
tard, avec ou sans période d'efforts
préalables, la pureté du coeur doit
être obtenue. « Des milliers de
gens vivent toute une existence dans l'effroi de la
mort, sentant confusément combien peu ils
sont préparés à entrer au
ciel ; à leurs derniers moments, il
leur est révélé que
Jésus veut et peut les purifier, et tous
leurs doutes sont dissipés par une foi enfin
triomphante.... Mais de quelles
bénédictions eux et le monde auraient
bénéficié si la victoire avait
été remportée au matin de leur
vie ! »
Après un séjour en
Californie, Boardman entra en 1862, pendant la
guerre de Sécession, en qualité
de secrétaire à la
« Commission chrétienne des
État-Unis » qui, sous la
présidence de J.-H. Stuart, faisait visiter
les soldats et les marins par des agents
qualifiés. Dans ce travail Boardman, qui ne
vivait nullement dans les nuages, fit preuve d'un
grand talent d'organisateur. Environ cinq mille
chrétiens, pasteurs et laïques,
offrirent leurs services gratuits et furent
employés à visiter les prisonniers,
les blessés, les mourants, à tenir
des cultes le dimanche, à répartir
des dons pour une somme de plus de vingt-huit
millions de francs. On se souvient que Moody servit
lui aussi comme évangéliste pendant
cette longue campagne.
Une vaste diffusion de portions
de
l'Écriture se faisait parmi les
régiments. En un seul mois vingt-cinq mille
bibles, trente mille recueils de cantiques
arrangés spécialement pour les
soldats, furent distribués. Et quelles
acclamations accueillirent le premier
« wagon à café »
circulant dans le camp et apportant des boissons
chaudes : chocolat, thé, café.
On l'appelait en riant :
« l'artillerie légère des
chrétiens ».
La guerre terminée,
épuisé de fatigue, Boardman dut
prendre un repos bien mérité. En
1868, après un voyage en Europe
l'année précédente, Boardman
écrivit un nouveau livre :
L'Évangile de la Victoire dans lequel il
montre la place et la foi dans l'appropriation de
l'oeuvre de Dieu.
À ce moment aussi il sentit
l'obligation intérieure de renoncer à
tout traitement fixe. En 1869, il est de nouveau en
Angleterre et c'est alors qu'en voyant tant de
chrétiens sans joie, agités,
inquiets, Boardman se consacra à
l'évangélisation des croyants.
Son livre, La Vie de
sanctification, de plus en plus connu et
apprécié, lui ouvrait toutes les
portes : « Et tandis que nous
arrosions les autres, écrira Mme Boardman,
le Seigneur prenait soin de nous et nous
encourageait à persévérer dans
la confiance en Lui pour tous nos besoins
matériels. »
En 1870, rentré aux
États-Unis, Boardman devenait le
président d'une association destinée
à instituer partout des
« Conventions de
sanctification » et publiait de nouveaux
ouvrages de vie intérieure profonde. Dans
l'un d'eux, parlant de l'atmosphère
céleste dans laquelle il était
entré par le baptême de l'Esprit et
qui renouvelait toutes ses facultés, il
s'écriait : « C'est
exactement celle qu'il me faut, je ne voudrais pour
rien au monde ne pas la respirer. C'est comme si
vous mettiez un poisson dans l'eau ou un oiseau
dans l'air. Dieu m'a mis dans
l'élément pour lequel je suis
créé. Ah ! bien-aimés,
lâchez tout ce qui vous retient pour vous
laisser tomber vous-mêmes en
Dieu ! »
La puissance de Dieu se
manifestait
dans ces réunions ; beaucoup de
chrétiens, de pasteurs en particulier,
entraient dans une vie toute nouvelle de communion
avec Dieu et de victoire sur le
péché.
Cette même année 1870,
les Boardman se sentirent appelés à
renoncer à tout ce qui leur restait de
fortune personnelle pour ne plus dépendre
que du Seigneur seul. « Mon mari, raconte
Mme Boardman, le désirait depuis quelque
temps, mais ne voulait le faire qu'avec mon plein
consentement. Le Seigneur me montra que j'eusse
à renoncer à la délicieuse
maison que je possédais à Brooklyn et
où nous espérions prendre notre
retraite dans nos vieux jours.
Quelle lutte pendant trois
jours ! Mais le Seigneur eut la victoire,
c'est alors qu'il se révéla à
nous dans toute sa tendresse et jamais nous n'avons
manqué de rien. La maison fut vendue et
l'argent employé. Depuis ce moment, le
Seigneur a subvenu abondamment à tous nos
besoins. Nous pûmes travailler en dehors de
tout comité et répondre librement aux
diverses invitations que nous reçûmes.
Elles arrivèrent si nombreuses qu'il nous
fut impossible de les accepter toutes.
Nous fîmes une tournée
dans l'Ouest accompagnés par le Dr Ward et
sa femme. À Cincinnati nous vîmes avec
terreur, Mme Ward et moi, nos deux noms
imprimés en grandes lettres sur les
affiches. Nous devions parler dans l'une des plus
grandes églises de la ville. Le plus grave
ce fut d'entendre les amis qui nous recevaient
recommander aux messieurs d'être courts
« parce que, disaient-ils, il y aura
foule pour entendre parler des dames, c'est quelque
chose de si nouveau ici ! » Mon
coeur se fondait d'appréhension. Avec son
calme mon mari me dit : « Le
Seigneur ne vous abandonnera pas, confiez-vous
pleinement en Lui. Je lui demanderai de vous
calmer. Il le fera. » Les choses se
passèrent ainsi. Ce ne fut pas moi qui
parlai, mais Jésus-Christ par moi, j'en fus
parfaitement consciente. »
Le mouvement de sanctification
se
développait rapidement aux
États-Unis. De nouvelles conventions avaient
lieu de divers côtés. En juillet 1872
déjà, il s'était tenu une
série de réunions à Sea Cliff
Grove ; P. Smith y avait pris part et
s'était rencontré avec Boardman. Une
personne haut placée de New-York se
rattachant à l'Église
méthodiste, Mme Phoebé Palmer, la
femme du Dr Palmer, auteur
elle-même de plusieurs livres de
piété (4), avait fait depuis bien
des
années de sa maison un lieu de
réunions pour ceux qui cherchaient la
réalisation d'une vie chrétienne plus
conséquente. Elle contribuait pour sa part,
à répandre le besoin et
l'étude de la sanctification en favorisant
la multiplication de camp-meetings, (national and
interdenominational Holiness-meetings), dans les
diverses parties du pays. On logeait sous la tente
et l'on étudiait en commun les grandes
vérités de l'Écriture. Tel de
ces camps, qui se tint au nord de l'état du
Maine, aux frontières du Canada, laissa un
souvenir vivant dans le coeur de ceux qui y prirent
part. Plus de quatre cents personnes y furent
touchées intérieurement pendant une
réunion de prières qui ne dura pas
moins de deux heures.
Il y eut cependant des abus et
quelques-unes de ces réunions en plein air
dégénérèrent en simples
parties de plaisir. Il fallut y mettre
ordre.
En 1873, les Boardman firent un
nouveau séjour en Allemagne, aux eaux d'Ems
et, après avoir visité et
évangélisé plusieurs villes
allemandes - Boardman aurait prolongé son
travail d'évangéliste dans ce pays
s'il avait mieux connu la langue - ils
arrivèrent au mois de septembre à
Londres où ils retrouvèrent Pearsall
Smith, qui y était déjà
à l'oeuvre depuis le printemps
précédent.
Quand on parle du mouvement
d'Oxford
c'est toujours le nom de P. Smith que l'on entend
prononcer. Mais quand on lit la littérature
de l'époque et qu'on consulte les
témoins oculaires, on découvre toute
l'importance du travail de
Boardman.
Quelqu'un nous écrit ces
lignes qui nous paraissent très
justes :
« Le ministère des
Pearsall Smith ne dura guère que cinq
ans : de 1870 à 1875, tandis que les
Boardman, déjà en 1844 et jusqu'en
1885, remplirent les États-Unis, et pendant
douze ans l'Angleterre, du message de la
délivrance du péché pour les
enfants de Dieu ; et cela avec un
succès constant. Pendant tout ce temps c'est
le fleuve de vie qui coule pur et puissant. Jamais
on n'aperçoit l'homme ou la femme, mais
incessamment on demeure émerveillé de
ce que Dieu peut faire avec cet homme et cette
femme.... Les cinq dernières années
de la vie de Boardman la sève divine
était si abondante qu'il fut l'instrument
(comme conséquence secondaire de sa
foi) de multiples guérisons. Naturellement
c'est ce qui a frappé le plus les yeux du
grand public qui n'a plus vu dans cet
étranger qu'un guérisseur par la
prière. Mais quelle impression
différente l'on retire quand on va plus au
fond des choses....
(5) »
Jellinghaus, le dogmaticien de
la
pensée d'Oxford, dont nous aurons à
parler plus tard s'exprime ainsi :
« Le plus sain, le plus
mesuré, le plus prudent, le plus riche
d'expériences parmi les initiateurs du
mouvement de sanctification par la foi fut W.-C.
Boardman. Par lui, par ses écrits se
répandit en Amérique, en Angleterre
et dans toutes les dénominations la doctrine
de sanctification la plus biblique et la plus
pratique qui ait été
prêchée. Il n'enseignait pas d'autre
chemin pour arriver à la victoire et
à la joie qu'un filial et continuel abandon
au Seigneur. Il avertissait toujours avec la plus
grande énergie de ne substituer à la
personne de Christ - notre seule force
- ni une doctrine, ni une
méthode, ni une expérience et de ne
point s'imaginer qu'il y eût en
soi-même une réserve quelconque de
force et de sainteté. « En nous
rien, mais tout en Jésus », tel
était le résumé de ses
écrits et de ses discours. Sa joie
n'était nullement une excitation mais le
résultat de la force et de la
vérité d'En-Haut qui agissaient en
lui. »
M. Rau, le
vénéré directeur de
Saint-Loup, nous écrit de son
côté :
« Boardman, que j'ai
connu
à Oxford et à Brighton, était
un vrai Nathanaël au coeur sans fraude. Il
parlait peu en public, mais il avait un don
spécial pour recevoir chez lui les
« inquirers », les chercheurs,
et leur parler en
particulier. »
Boardman exerça tout de suite
une influence très grande sur P. Smith. De
quinze ans plus âgé que lui, de
tempérament plus calme, de mentalité
cérébrale plus stable, de culture
spirituelle plus profonde, il le rectifia. Un jour
dans une conversation entre ces deux hommes
à laquelle assistait Mlle de Niebuhr,
Boardman affirmait, en opposition à Smith,
qu'il ne faut pas mettre trop d'importance à
l'attente d'un baptême spécial de
l'Esprit ; « car, disait-il,
l'Église possède l'Esprit, depuis
qu'il lui a été donné à
la Pentecôte, chaque croyant peut le recevoir
par la foi. La question est de savoir si nous
l'avons reçu et non pas comment nous l'avons
reçu. » P. Smith, qui était
porté par nature vers l'illuminisme, eut la
grande sagesse de se laisser contenir par
Boardman.
L'enseignement de ces deux
hommes
fut de la plus féconde et de la plus
édifiante unité. Ce que l'un exposait
aux « inquirers » en un langage
plus recueilli, l'autre le proclamait devant la
foule avec un talent incomparable et un
enthousiasme contagieux. Malheur
à Smith quand il commença à se
séparer dans le secret de l'enseignement de
son Mentor !
Boardman et P. Smith conviennent
tous les deux que l'on peut enseigner la
sanctification d'une manière dangereuse.
À l'encontre du Méthodisme, ils se
sont gardés de formuler une doctrine trop
précise. Ils ont exprimé leurs
expériences dans les termes bibliques
eux-mêmes. Ils ont évité ainsi
les affirmations et les conclusions
excessives.
Tandis que Wesley parle de
« destruction
instantanée » du
péché lors de la consécration,
en sorte que tout nouveau mouvement de
péché devient la preuve d'une
déchéance de l'état de
perfection, ce qui conduit à la
légèreté de coeur, ou au
découragement, ces deux hommes enseignent
que le chrétien sérieux, qui aspire
à la sainteté entre par la
consécration dans un état d'âme
où il peut vaincre en croyant constamment au
sang de Christ « qui purifie de tout
péché ».
Ce chrétien vient-il par
malheur à broncher, il reconquiert
aussitôt son attitude filiale s'il
reconnaît immédiatement sa faute et
s'en humilie. Ils affirmaient aussi que les termes
scripturaires de
« irrépréhensible »,
de « saint », de
« parfait » n'ont pas le sens
de « perfection absolue », mais
s'appliquent au « chrétien
authentique qui marche avec son Dieu ».
C'est ce que M. Stockmayer exprima à la
conférence de Gnadau en 1876 sous cette
forme plus lapidaire :
« La perfection, dans
ce
sens humain, ne signifie pas que le dernier but
soit atteint, mais elle exprime l'état
d'enfant qui se développe sainement et
normalement
(6). »
C'est parce que Boardman et P.
Smith
n'enseignaient pas le perfectionnisme mais
exposaient leurs propres expériences avec la
claire sagesse de Dieu et le véritable amour
des âmes, qu'ils ont obtenu une influence si
marquée, même sur de nombreux
théologiens.
Les Boardman s'étaient
fixés définitivement à
Londres. En 1880, Mlle Borg, de Stockholm, connue
sous le nom familier de « Tante
Elsa », la dévouée
directrice de « La Hutte », un
home destiné à former des lectrices
de la Bible, invita M. et Mme Boardman à
venir en Suède tenir des réunions de
sanctification. Les livres de Boardman - plus tard
traduits en suédois - avaient
été lus par de nombreux
chrétiens qui connaissaient l'anglais.
D'autre part, les échos du mouvement
d'Oxford étaient parvenus en Scandinavie. De
son côté lord Radstock, le noble
évangéliste dont nous aurons à
parler plus loin, s'était rendu en
Suède et y avait accompli, comme partout
où il passait, une oeuvre magnifique de
renouvellement spirituel. Le terrain était
préparé.
Mme Boardman ne resta que peu de
temps en Suède. C'est par les lettres
qu'elle reçut de son mari que nous
connaissons l'oeuvre dont celui-ci fut
l'instrument. « Que le Seigneur conduit
toutes choses merveilleusement !
écrit-il, Il ouvre et nul ne ferme. Le
capitaine A. est rayonnant.... Il dit que c'est le
jour le plus heureux de sa vie et c'est beaucoup
dire. Il a été si heureux depuis
l'heure où lord Radstock s'est entretenu
avec lui.
- Comment, demandait le
capitaine,
garderai-je cette grande bénédiction
(le salut par
Christ) ?
Tenant un crayon entre le pouce
et
l'index, le noble lord lui demanda à son
tour :
- Qui empêche ce crayon de
tomber ? De même le Seigneur vous
gardera.
Et cette illustration fut pour
lui
une bénédiction.
« Hier et avant-hier
furent des jours tout à fait merveilleux.
À trois quarts d'heure d'ici nous
répondîmes à l'appel de Mme U.,
femme d'un avocat. Lui ne croit ni à Dieu,
ni à l'éternité ; il est
furieux de ce que sa compagne aime le Seigneur et
pourtant il lui est très attaché.
Elle aussi l'aime tendrement, tout en
témoignant ouvertement de sa foi. Ils ont
six fils, deux filles sont mortes. Quand naquit la
seconde après la mort de la première,
le père la prit dans ses bras en
s'écriant : « Pauvre enfant,
si tu étais un garçon tu
échapperais au fanatisme, mais voilà
tu deviendras la victime de la religion de ta
mère ! » Le Seigneur reprit
cette seconde fille.
Le père faillit en mourir, la
mère se consacra davantage au Seigneur et
reçut la plénitude de la grâce
divine dans son coeur. Mme U. est une
ménagère hors ligne ; elle ne
s'épargne aucune peine pour préparer
de grands repas aux amis que son mari lui
amène. Tout lui réussit ; elle
fait un ouvrage colossal, elle et ses servantes,
sans se surmener ; le Seigneur seul est
« sa Sagesse et son
Conseiller » et ses jardins sont une
merveille. C'est elle qui indiqua à son mari
l'endroit précis où il fallait
creuser (après l'avoir demandé au
Seigneur) pour trouver une source abondante. Le
mari fait ce qu'il peut pour empêcher ses
fils d'être sauvés, mais elle se
confie en Jésus à qui elle remet
toutes choses. Elle est gardée de ce qui
pourrait la déprimer. Nous avons eu trois
réunions chez
elle.
« .... Le Seigneur
m'enseigne et m'humilie. Il me rend joyeux dans un
sentiment plus profond de mon néant et de sa
toute-puissance.... Que Dieu te bénisse sept
fois au double et te rende capable de
répondre pleinement à ses desseins
d'amour. »
Dans une autre lettre Boardman
écrit :
« Le Seigneur est si
précieux ! aucune langue ne peut dire
son amour pour nous ! Il me porte tout le long
du jour.... Hier soir les gens arrivaient en foule
au salon, demandant à poser des questions.
Le Dr T., un ancien missionnaire aux Indes et en
Turquie, homme très érudit, parlant
une vingtaine de langues, fit une longue question
qui peut se résumer ainsi :
- N'est-il pas prouvé qu'un
grand nombre de personnes gémissent
longtemps sous la conviction du péché
et que le Seigneur les laisse dans les
ténèbres et la souffrance avant de se
révéler à
eux ?
- Oui, répondis-je, mais
doit-on dire que le Seigneur veut qu'il en
soit ainsi ? Est-ce là ce que les
apôtres répondirent à ceux qui
criaient : « Hommes frères,
que ferons-nous ? » Leur
dirent-ils : « Soyez patients, vous
aurez à attendre longtemps et à
souffrir beaucoup. Vous avez été bien
méchants, et si vous attendez et souffrez
suffisamment, le Seigneur pourra dans l'avenir vous
accepter et vous amener à la lumière
de sa face ? »
- Non, non, s'écria-t-on de
tous côtés, et le bon docteur criait
« non » plus fort que les
autres.
- La réponse fut,
continuai-je : « Repentez-vous et
soyez baptisés au nom du Seigneur
Jésus pour recevoir le pardon de vos
péchés. »
Est-ce tout ? Non,
Pierre
ajoute : « Vous recevrez le
Saint-Esprit ! » Et pour autant
qu'ils reçurent joyeusement la
parole, ils furent
baptisés et la promesse fut accomplie en
eux.
- Oui, oui, c'est
vrai !
approuvèrent de nombreuses voix.
- Alors ne dirons-nous pas à
tous ceux qui s'enquièrent du chemin du
salut : « Tournez-vous maintenant
vers Jésus, confessez-le, croyez en Lui,
acceptez sa promesse et abandonnez-vous entre ses
mains ! »
- Oh ! oui, oui, fut de
nouveau
la réponse.
- Pourquoi les âmes en
détresse restent-elles dans les
ténèbres ? demandai-je. N'est-ce
pas parce qu'elles continuent à penser
à elles-mêmes, à leurs
péchés, au lieu de se tourner vers
Jésus seul qui peut les sauver de tout
mal....
- Oui, oui.
- Oh ! mon coeur a soif
de dire
à chacun que l'on peut trouver tout en
Christ.
« Alors de divers coins
du
salon les auditeurs s'approchèrent de moi
pour être conduits par la prière au
Sauveur, se consacrant à Lui tout entiers et
s'attendant à Lui pour recevoir tout de Lui.
Ce fut un moment
inoubliable. »
Le mouvement se propageait dans
la
ville de Stockholm et dans les environs. Tous les
jours Boardman présidait deux à trois
réunions. Un soir l'église de
Bethléem, le lieu de culte le plus vaste de
la ville, se remplit du haut en bas.
« Le Seigneur,
déclare Boardman, me donna le
témoignage le plus clair et le plus complet
que je reçus jamais. Je parlai à des
chrétiens et à des inconvertis de Sa
plénitude, de notre privilège de lui
appartenir tout entiers. Gloire à son
nom ! Ce n'est pas moi qui parlai ainsi, c'est
Lui. Je vois plus clairement que
jamais que ce n'est pas « moi »
mais « Lui » qui donne la
parole et l'emploie. »
Durant cette campagne de
sanctification qui se poursuivit à travers
de nombreuses villes de Suède :
Gothenburg, Lund, Halmstad, Lykan, Helsingborg,
Malmö, etc. et qui partout porta des fruits de
réveil, de transformation, de victoire et de
paix, Boardman se sentit pressé d'annoncer
et de pratiquer la guérison par la
prière. Son biographe raconte de nombreux
cas de guérison en Suède.
... Mais c'est à Londres,
dans une maison de guérison et de
prière, Betschan, fondée par Mme
Baxter et Miss Murray, que Boardman exerça
un ministère remarquable et il est
indéniable, de l'avis des témoins les
plus impartiaux, que des guérisons se sont
produites sous son influence.
En son temps on parla beaucoup
de
celle-ci :
« Un soir, raconte Mme
Baxter, la réunion du mardi avait
commencé depuis une demi-heure, lorsque nous
entendîmes un bruit de claudication dans le
corridor. Tous les regards se portèrent du
côté de la porte, puis on
aperçut un pied, suivi d'une jambe en l'air
formant un angle de dix degrés au-dessus de
l'horizontale. Ensuite apparut l'homme
avançant péniblement sur son autre
jambe à l'aide d'une béquille et
d'une canne. Il s'assit au milieu de nous le pied
posé sur le sommet de la béquille.
Cet homme s'appelait Joseph Moody ; il
était incapable d'aucun travail ; il
vendait des sucreries dans les rues. Son cas avait
intéressé les médecins mais
aucun d'eux n'avait pu le soulager. Le gros orteil
avait été amputé et le docteur
sir James Paget, la dernière fois qu'il
avait vu Joseph Moody, lui avait dit que le seul
moyen à tenter encore
c'était l'amputation de la
jambe ; le malheureux avait refusé. Un
médecin était dans l'auditoire ;
il examina cette jambe et en constata
l'extrême maigreur. À la demande de
l'homme on pria pour lui, Boardman l'oignit d'huile
et à notre grande joie, la jambe malade
depuis six ans, s'abaissa et - quoique avec douleur
- l'homme marcha autour de la chambre. Il passa
quinze jours dans la maison ; après la
troisième réunion hebdomadaire, il
descendit dans la rue littéralement
« marchant, sautant et louant
Dieu. »
En juin 1885 les Boardman et Mme
Baxter convoquèrent à Betschan une
« Conférence internationale pour
la guérison divine et la véritable
sanctification (7). »
Ces assemblées
réunirent un grand nombre de croyants
d'Angleterre, d'Amérique, d'Australie, de
Suède, d'Allemagne, de Suisse, de France, de
Hollande, d'Italie et d'Espagne. Plusieurs de ces
réunions comptèrent jusqu'à
deux mille auditeurs. Ouvertes dans la grande salle
de l'asile de Betschan, elles durent être
transférées, en raison de l'affluence
croissante, dans la vaste salle nommée
« Agrieultural Hall ».
Dans deux réunions
spéciales, deux cent cinquante malades la
première fois et cent cinquante la seconde
reçurent l'onction d'huile de la part de
huit ou neuf frères agissant à titre
d'« anciens » selon la parole
de Jacques
V, 14. Dans le cercle des
amis de Betschan on s'attendait certainement
à voir ce mouvement de guérison
s'étendre à toute l'Église. On
affirmait que la sainteté et la santé
sont connexes. Il y eut des témoignages
probants dans ce sens, On entendit par exemple
Schrenk, alors
évangéliste à Berne, raconter
sa guérison chez Dorothée Trudel
à Männedorf, Simpson des
États-Unis qui a beaucoup écrit sur
la guérison par la prière et
d'autres. Mais bientôt les déceptions
se multiplièrent.
Au point de vue de l'extension
du
mouvement d'Oxford proprement dit et sans juger les
voies dans lesquelles s'engageaient MM. Boardman,
Stockmayer, et avec eux de nombreux croyants
anglais et américains, le fait d'ajouter
l'élément nouveau de la
guérison aux principes de la sanctification
éloigna un grand nombre de chrétiens
qui refusèrent de s'avancer sur ce
terrain-là.
La présence et le
témoignage de J.-W. Wood d'Australie, un
message de J.-A. Dowie ne contribuèrent pas
à donner confiance aux croyants
informés, qui savaient ce que la
piété de ces deux hommes contenait de
dangereux.
C'est le 4 février 1886 que
mourut Boardman.
De toutes parts sa veuve
reçut des témoignages de sympathie et
d'affection ; des milliers de lettres lui
disaient le bien que son mari avait fait par ses
écrits et par ses enseignements. Nous ne
relèverons qu'un seul de ces
témoignages, celui de J.-E. Page,
éditeur du Kings High Way
(8) qui
pouvait
dire de celui dont il ne partageait cependant pas
toutes les vues :
« C'était une belle
âme, transparente comme un rayon de soleil et
ornée par l'Esprit du Maître....
Dernièrement il fut amené à
enseigner la guérison par la foi, mais la
sainteté du coeur et de la vie ne
passèrent jamais au second rang.
C'était toujours la sainteté qu'il
mettait à la première place.... C'est
à Oxford que nous le rencontrâmes pour
la première fois et nous
eûmes une douce entrevue. Il n'était
pas très remarqué dans ces
réunions de la grande convention !
Peut-être de plus jeunes orateurs qui avaient
moins d'expérience que lui furent-ils alors
mis trop en avant, mais il fit un travail de grande
valeur spirituelle dans de nombreux entretiens
particuliers. Nous nous souvenons de l'avoir
entendu dire lui-même au cours d'une
promenade faite en commun, qu'il avait eu pendant
la semaine précédente plus de
soixante personnes désireuses de
s'entretenir avec lui. À mesure que chacune
de ces personnes lui exprimait ses
difficultés, il les répétait
mentalement au Seigneur, demandant la
lumière, et dans presque tous les cas ses
visiteurs partaient en paix. »
Ce même éditeur raconte
encore un entretien avec M. Boardman.
« Quelle bonne
conversation nous avons eue et quels moments de
prière plus précieux encore la
suivirent ! Christ était si
présent, qu'en nous en allant, nous sentions
comme les disciples que « nous avions vu
le Seigneur » ; le résultat
de cette entrevue est resté
inoubliable. »
Boardman a été un de
ces rares représentants de l'humanité
sur la figure desquels rayonnait quelque chose de
la paix de Dieu et au contact desquels on sentait
présente la sainteté
divine.
On comprend dès lors que ces
deux couples américains, les Pearsall Smith
et les Boardman, si riches d'expériences
spirituelles, aient constitué des
instruments d'élite, choisis de Dieu, pour
soulever la vague de réveil et de vie
nouvelle, parmi les peuples chrétiens, dont
nous allons essayer de retracer le
développement.
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