Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VI

La fausse humilité.

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Jean, XIII, 1-17.

 Or, avant la fête de Pâque, Jésus sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, comme il avait aimé les siens, qui étaient au monde, il les aima jusqu'à la fin.
Et après le souper, le démon ayant déjà mis au coeur de Judas Iscariot, fils de Simon, de le trahir ;
Et Jésus sachant que le Père lui avait donné toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu, et s'en allait à Dieu,
Se leva du souper, et ôta sa robe, et ayant pris un linge il s'en ceignit.
Puis il mit de l'eau dans un bassin, et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.
Alors il vint à Simon-Pierre ; mais Pierre lui dit : Seigneur, me laves-tu les pieds ?
Jésus répondit, et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras après ceci.
Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi.
Simon-Pierre lui dit : Seigneur, non seulement mes pieds, mais aussi les mains et la tête.
Jésus lui dit : Celui qui est lavé, n'a besoin sinon qu'on lui lave les pieds, et alors il est tout net ; or vous êtes nets, mais non pas tous.
Car il savait qui était celui qui le trahirait ; c'est pourquoi il dit : Vous n'êtes pas tous nets.
Après donc qu'il eut lavé leurs pieds, il reprit ses vêtements, et, s'étant remis à table, il leur dit : Savez-vous bien ce que je vous ai fait ?
Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien ; car je le suis.
Si donc moi, qui suis le Seigneur et le Maître, j'ai lavé vos pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns des autres.
Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez de même.
En vérité, en vérité, je vous dis que le serviteur n'est point plus grand que son maître, ni l'ambassadeur plus grand que celui qui l'a envoyé.
Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites.


Quand les rois de, la terre paraissent dans leur grandeur, ils montent sur un trône ; quand Jésus-Christ paraît dans la sienne, il se met à nos pieds. Son élévation, à lui, c'est son abaissement. Il s'est anéanti lui-même, voilà sa grandeur ; il nous a lavés de nos péchés par son sang, voilà sa gloire.
Ce souper duquel il se lève, ce linge qu'il prend et dont il se ceint, cette eau qu'il met dans un bassin et ces pieds qu'il lave et qu'il essuie, n'est-ce point un acte éternel qu'il a fait pour nous tous ? Au lieu de la joie qui lui était proposée dans la maison du Père, il prend la forme de serviteur et se rend semblable aux hommes. Il s'est abaissé lui-même, s'étant rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. Il arrose la terre de son sang, pour nous laver de nos iniquités, pour guérir toutes nos infirmités et pour nous environner de bonté et de compassion. Il essuie nos larmes, en offrant avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications pour nous. En nous prêchant ainsi d'exemple, il a le droit de nous demander le même abaissement que le sien. En vérité, en vérité, je vous dis que le serviteur n'est pas plus que son maître, ni l'envoyé plus que celui qui l'a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux, pourvu que vous les pratiquiez.

Quel miroir pour nous, que Jésus-Christ lavant les pieds à ses disciples ! quelle leçon d'humilité ! Ne faut-il pas que nous nous demandions : Me suis-je anéanti moi-même ? suis-je vraiment aux pieds de mon Sauveur et aux pieds de mes frères ?
De toutes les vertus chrétiennes, la première, c'est l'humilité. Mais il n'y a pas de vertu de laquelle aussi il y ait autant de contrefaçons. Un homme humble de coeur fait tomber devant lui toutes les armes ; mais, au lieu de l'humilité de coeur, il y a toutes sortes d'humilités factices qui circulent dans le monde. Nous allons faire l'étude de quelques-unes, et voir alors si nous possédons la véritable. C'est celle qui est dans le coeur de Jésus-Christ et qui donne aussi le repos à nos âmes.

Entrons d'abord dans la vie du monde, et de celle-ci nous entrerons dans la vie chrétienne.
Il y a une humilité apparente qui n'est qu'une affaire de tempérament, et qui n'est pas une vertu chrétienne : c'est la timidité. Nous prenons souvent pour des personnes humbles des personnes qui ne sont que timides. Il y a des hommes qui n'aiment pas à se produire ; c'est parce qu'ils sont gênés, ce n'est point qu'ils soient humbles. Ils laissent volontiers le pas à un autre ; cela leur évite de l'embarras. Ils ne parlent guère d'eux-mêmes et, en général, ils parlent peu ; c'est qu'ils ne se sentent pas le don de soutenir une conversation. Ils passeront volontiers leur vie à l'ombre, pour avoir plus de tranquillité. Ce sont souvent des caractères aimables, mais qui ne sont point formés aux pieds de Jésus-Christ.
On peut être timide et avoir la conscience fermée. Souvent aussi l'homme le plus timide s'enflamme, si son côté sensible est attaqué. Ce ne sera plus le même homme alors, et ce qui était caché au fond du coeur paraît. C'est de l'aigreur, de l'animosité, de la colère, de la crierie, de la médisance et toute sorte de malice. C'est une humilité qui finit où les passions commencent.

II y a une autre humilité qui est dans les manières, comme la première était dans le tempérament. C'est la condescendance d'un grand pour un inférieur. Cette humilité est dans des manières affables, mais qui ne coûtent pas beaucoup. Un grand peut facilement descendre jusqu'à un inférieur ou à un pauvre. II gagne plus en se montrant petit qu'en demandant des hommages, lorsqu'il lui en reste assez d'autres. Quand on a l'habitude de commander, on peut bien un moment oublier ses titres ; c'est un nouveau titre qu'on ajoute aux autres, en montrant qu'on sait se rapetisser.
Mais est-ce de l'humilité ? Ce n'en est souvent pas l'ombre. Le chef du monde catholique lave bien aussi les pieds a quelques pauvres ; mais ce n'est pas un acte isolé qui constitue l'humilité, elle consiste dans l'anéantissement de nous-mêmes. On aime mieux se résigner à quelque oeuvre, que d'avoir les mêmes sentiments qu'a eus Jésus-Christ. L'humilité de Jésus-Christ est dans la tendance de son coeur ; l'abaissement d'un grand envers un inférieur n'est que dans les procédés, et n'est ordinairement que l'affaire d'un moment.

Il y a une troisième humilité, mais qui n'est que dans les paroles et dans le langage : c'est la politesse. Ici il est facile d'être l'un le serviteur de l'autre ; quelques protestations, et tout est fait.
C'est une humilité de convenance, une mode comme une autre. On s'abaisse devant un autre, parce qu'alors l'autre s'abaissera et ripostera de la même manière. Mais les hommes les plus polis sont souvent les plus susceptibles et ceux qui vous tournent le plus vite le dos. Une bagatelle entre deux hommes de cette trempe suffit pour qu'ils laissent tomber le masque. Autrefois ils s'anéantissaient l'un devant l'autre ; depuis lors ils ne se saluent plus, ils ne se regardent plus, ils sont séparés pour toujours.

Il y a une autre forme d'humilité qui est un vice plutôt qu'une vertu : c'est la faiblesse de caractère. Il y a des hommes qui se prêtent à tout ; on croit d'abord que c'est par humilité, mais ils se prêteront au mal comme au bien. Comme une cire molle qui reçoit toutes les impressions, il y a de ces caractères faibles et fluides qu'un enfant peut maîtriser. Ce sont des hommes à qui l'on peut dire les choses les plus dures, ils ne se fâcheront pas ; c'est parce que le fond de leur âme est un fond de torpeur. On peut les traiter comme des esclaves, ils obéiront machinalement.
Mais l'humilité est loin d'être de la faiblesse ; elle est une force d'âme, la plus grande de toutes.
Un homme humble est un homme qui a renoncé à lui-même et qui a mis sa volonté aux pieds de Jésus-Christ ; ce n'est plus lui qui vit, c'est Jésus-Christ qui vit en lui. Un homme faible est un homme qui ne sait que faire de sa volonté ; il la donnera au premier venu, et n'importe pour quel objet. Est-ce là de l'humilité ?

On prend aussi plus d'une fois pour de l'humilité la bonté naturelle, quand on la rencontre sous la forme particulière de la complaisance. Il y a de ces coeurs serviables et qui viennent au secours de tout le monde ; vous pouvez avoir recours à ces personnes-là, vous trouverez toujours des témoignages d'intérêt et de bonté. Mais quand on y regarde de près, ces mêmes personnes n'ont souvent aucune conviction religieuse.
Leur Dieu, c'est le plaisir de rendre service, et ce plaisir est devenu pour eux un oreiller de sécurité. Ces caractères naturellement bons ont rarement eu le sentiment de leur misère ; leurs bons offices et le témoignage du monde leur tiennent lieu du coeur brisé ; et un homme qui ne s'est jamais rencontré de près avec le péché, ne se mettra pas facilement aux pieds de Jésus-Christ pour apprendre de lui à être humble de coeur.

Jusqu'ici nous avons circulé parmi les gens du monde ; entrons maintenant dans la vie chrétienne. Là aussi il y a une fausse humilité, et plus d'une. Contemplons les principales.

C'est d'abord un homme qui s'humilie devant Dieu dans une détresse où il a besoin de Dieu. Un malade qui, dans ses jours de santé, n'a jamais pensé à sa conversion, se courbe devant Dieu, mais c'est pour que Dieu le guérisse. Si le même homme pouvait trouver sa guérison ailleurs, il irait ailleurs ; ce n'est point Dieu qu'il cherche, c'est sa délivrance.
Que ce soit une maladie ou une adversité quelconque, c'est le même motif qui fait crier à Dieu. Peut-être dans cette crise se remet-on devant la Bible longtemps laissée dans la poussière, et le nom de Jésus revient à la bouche comme le seul nom qui sauve ; mais on peut deviner ce qui arrive. Laissez passer le danger, et cette humilité éphémère sera passée avec lui.
Quand notre piété est intéressée, elle n'est point de la piété.
Lorsqu'un tel homme a obtenu ce qu'il a voulu, il retombe aussitôt dans le même orgueil, dans la même dureté, et il va reprendre ses mêmes habitudes.

Cela est dit aussi d'un homme qui s'humilie devant un autre. C'est chose bien dure que d'aller trouver quelqu'un et de lui dire : je suis coupable envers toi ; je m'en repens, pardonne-moi. Ce sont de ces visites que nous aimons mieux recevoir que d'aller faire. Mais quand par là on peut se tirer de quelque embarras, souvent on n'hésite pas. On refoule dans le coeur le dépit qu'on a de s'abaisser ainsi ; on prend l'humilité sur les lèvres, et, au lieu de donner la chose, on donne l'apparence. Que de paix faites, que de réconciliations ont eu l'intérêt pour motif et non le besoin de s'humilier !

Cette fausse humiliation est aussi celle du formaliste. Vous voyez bon nombre de chrétiens qui, la veille d'un jour de jeûne ou d'une communion d'église, prennent un air contrit et s'efforcent de s'humilier devant Dieu, qu'ils réussissent ou non. Ils veulent se remettre en règle avec Dieu, mais c'est pour continuer comme auparavant. Leur esprit général jurera comme toujours avec ces dévotions forcées.
Pas un travail de plus dans la conscience, pas un besoin permanent du coeur. Ce sont ceux à qui l'Éternel dira : Je hais et je rebute vos fêtes solennelles, et l'odeur de ce que vous m'offrirez dans vos assemblées solennelles ne me sera pas agréable. Lavez-vous, nettoyez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vos actions ; cessez de mal faire, et apprenez à bien faire ; recherchez la droiture, car pourquoi m'appelez-vous : Seigneur, Seigneur, tandis que vous ne faites pas ce que je vous dis ?

Il est un cas plus sérieux. Dieu peut frapper tout à coup une conscience. Le même homme, tranquille encore hier, ne l'est plus aujourd'hui. Ses péchés se réveillent et tombent sur lui comme des montagnes. Sa vie entière l'accuse, et il voit devant lui le tribunal de Dieu et l'éternité.
Cet homme tremblera ; mais trembler n'est pas encore s'être humilié. C'est la crainte de son avenir qui peut avoir saisi cet homme ; mais dans cette crainte il n'y a pas toujours un vrai retour à Dieu. Si l'on pouvait échapper aux peines futures sans se donner à Dieu, on n'irait point à lui de nouveau ; on ne pense qu'à soi, on ne pense pas à la gloire de Dieu outragée.
Judas, quand il jette aux pieds des principaux sacrificateurs les trente pièces d'argent, a la conscience bouleversée.
Achab, quand il voit les miracles du Dieu fort et vivant, prend le sac et la cendre. Étaient-ce des conversions ? Ce sont de ces cas où il n'y a dans la conscience que de la terreur ou du désespoir.
Ce n'est pas l'humiliation de l'enfant prodigue qui pleure en se souvenant de la maison de son père. Il y a de ces humiliations sèches et qui sont comme des nuées sans eau. Le coeur n'est point amolli, la vraie porte n'est point ouverte à la grâce, ce n'est pas une humilité qui se donnera à Jésus-Christ. Il y a enfin une humilité orgueilleuse dont nous voyons devant nous un exemple.

Simon-Pierre ne veut pas que son Maître lui lave les pieds. Il ne veut pas donner cette peine à Jésus-Christ. Bien des chrétiens sont en cela comme Simon-Pierre. Ils croient qu'ils arriveront peu à peu à un degré de vie chrétienne où ils donneront moins de peine à Jésus-Christ qu'autrefois, et où son entremise ne leur sera plus aussi nécessaire. Ils pourront suppléer alors à sa justice par la leur, et se charger eux-mêmes d'une partie de leur salut. Voilà comment on peut retomber dans la justice propre, même au sein de la vie chrétienne. On ne se fonde plus, comme autrefois, sur des oeuvres mortes, mais on s'appuie sur ce qu'on appelle un progrès. La pierre angulaire et précieuse n'est plus Jésus-Christ seul ; on partage avec lui ; on se sauve moitié par lui, moitié par soi-même. Ne faut-il pas que Jésus-Christ dise alors : Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi.
Toute notre vie n'a-t-elle pas besoin d'être lavée et d'être refaite par la sienne ? Quand il a couvert notre vie mondaine, ne faut-il pas encore qu'il couvre notre vie chrétienne ? Plus nous avançons, plus nous voyons d'abîmes en nous ; ou si nous ne les voyons pas, c'est que nous n'avançons pas.

Mais Pierre tombe aussitôt dans l'autre extrême. Ce ne sont plus les pieds seulement, c'est tout le corps que Jésus-Christ doit lui laver. Mais Jésus-Christ répond : Celui qui est lavé n'a besoin, sinon qu'on lui lave les pieds ; puis il est entièrement net.

Cela nous montre que Jésus-Christ nous lave de deux manières, ou qu'il y a deux sortes de pardon qu'il a en main pour nous.
C'est d'abord celui de toute notre vie passée et qu'il nous applique à notre premier réveil. Mais chaque jour nous nous souillons de nouveau dans les voies où nous marchons.
Après le réveil général, il faut encore une repentance journalière. Mais quand nous avons reçu la purification de nos péchés passés, c'est offenser Jésus-Christ que de nous lamenter encore de ces péchés.
Demander qu'il nous lave le corps quand il n'a plus qu'à nous laver les pieds, c'est douter de l'efficace de son sang, et c'est retomber dans l'incrédulité.

Il y a, d'après cela, une double humilité orgueilleuse : la première est celle qui ne veut plus donner tant de travail à Jésus-Christ, par la raison qu'on commence à avancer soi-même ; la seconde est celle qui n'accepte point un pardon gratuit, à moins d'y ajouter encore un supplément de larmes et d'expiation.

Telle est la fausse humilité. Nous l'avons vue comme elle se présente dans le monde, et nous venons de la voir comme on la rencontre aussi dans la vie chrétienne.

Après avoir vu ce qui est faux, voulons-nous voir ce qui est vrai et regarder l'humilité à sa source ? Tournons-nous vers Jésus-Christ ; en lui tout est pur, et l'humilité est un des traits les plus frappants de son caractère.
Chez lui c'est l'humilité du coeur, qui n'est ni dans le tempérament, ni dans les manières, ni dans les paroles, ni dans une faiblesse de caractère. Elle n'est pas non plus dans des actes isolés ; toute l'apparition de Jésus-Christ est une apparition d'humilité. Il est venu, non pour faire sa volonté, mais la volonté du Père qui l'a envoyé.
Il est humble, non envers quelques-uns, par prédilection, mais envers tous ; il se met aux pieds du disciple qui allait le trahir, comme aux pieds de celui qu'il aimait. Ce qui le jette dans la poussière, c'est la vue, c'est le sentiment de nos souffrances. Ce sont ces plaies que lui seul pouvait guérir. Il se fait le dernier, le plus méprisé des hommes, pour venir au secours du dernier, du plus méprisé. Il essuie, avec le linge dont il est ceint, toutes nos larmes et toutes nos meurtrissures.
Nous le voyons devant nous, priant, suppliant le plus souillé : Donne-moi tes misères et accepte ma rançon. Il ne veut rien de nous que ce qui nous entache et nous rend malades.

Quand nous lui aurons donné ce qui est à nous, il pourra nous donner ce qui est à lui ; et, pour que nous le croyions, il commence par se donner lui-même à nous. Et ce que nous voyons de son humilité n'est rien en comparaison de ce que nous verrons plus tard.
Quand son coeur s'ouvrira à nous tout entier, et que nous connaîtrons comme nous avons été connus, alors seulement nous verrons comme il nous a lavés et aimés jusqu'à la fin.
Quand il nous montrera les lieux où il s'est anéanti pour nous, les nuits qu'il a veillé pour nous, les angoisses que nous lui avons exprimées, les fatigues, les travaux que nous lui avons causés par nos péchés et nos iniquités, c'est alors que nous adorerons et que nous verrons jusqu'au fond de ce mystère d'amour.

Mais, en attendant, celui qui nous a lavés est au milieu de nous. Il se cache dans le dernier de nos frères. Le verre d'eau froide que nous donnons à un de ces petits, au nom du Seigneur, c'est à lui que nous le donnons. Chaque moment d'abaissement nous rapproche de Jésus ; chaque pauvre que nous pouvons regarder comme plus excellent que nous, c'est Jésus-Christ à qui nous lavons les pieds. Ce que nous ferons pour lui ne nous sera jamais pénible, et nous le ferons pour lui en le faisant pour les siens.
En nous abaissant pour lui, nous serons élevés ; si nous nous élevons, il nous abaissera. Le grand remède à notre orgueil, c'est Jésus-Christ nous lavant les pieds. En le revoyant ainsi, nous nous demanderons : Suis-je aux pieds de mon Sauveur comme il est à mes pieds ? Suis-je une âme humiliée, une âme humble ? Et si je le suis en ce moment, le serai-je encore demain ? Quand je suis descendu de mes hauteurs mondaines, n'ai-je pas à descendre encore de mes hauteurs spirituelles ?

Si nous sommes humbles de coeur, nous trouvons, dit Jésus, le repos de nos âmes. L'humilité seule rend heureux. Nous ne regretterons point les heures où notre coeur s'est enfin brisé ; nous déplorerons plutôt celles où nous n'avons point fléchi devant celui qui s'est donné lui-même pour nous.

Montrons-lui ce coeur roide, qu'il frappe ce rocher pour que l'eau en découle. Au lieu de notre humilité trompeuse, revêtons-nous de la sienne, et tout joug nous deviendra aisé, tout fardeau nous sera léger. C'est l'humilité de Jésus qui nous guérira, qui nous maintiendra près de lui, et qui, dans le dernier de nos frères, nous montrera l'image du Sauveur, et des occasions de lui rendre amour pour amour et humilité pour humilité.


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