Comme ils étaient en chemin, il entra dans un bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.
Elle avait une soeur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole.
Mais comme Marthe était distraite par divers soins, elle vint et dit à Jésus : Seigneur, ne considères-tu point que ma soeur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc qu'elle m'aide aussi.
Et Jésus lui répondit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t'embarrasses de plusieurs choses ;
Mais une seule chose est nécessaire ; or, Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.
L'évangéliste nous ouvre un
intérieur de famille. Nous avons ici deux
soeurs qui, l'une et l'autre,
connaissaient le Seigneur, qui l'aimaient et le
servaient chacune à sa manière. Il
est aussi dit de Jésus-Christ qu'il aimait Marthe et sa soeur et
Lazare. Le toit
de Béthanie était même un des
intérieurs favoris du Seigneur ; c'est
à Béthanie qu'il se retirait quand il
voulait prendre quelque repos et sortir de la
multitude qui le pressait. Jésus-Christ,
homme comme nous, avait, comme nous, des besoins
d'intimité.
Parmi ses disciples, il y en avait trois surtout
avec lesquels il avait des rapports
étroits ; savoir : Pierre, Jacques
et Jean. C'est avec eux qu'il monta sur le
Thabor ; ce furent les mêmes disciples
qui entrèrent avec Lui plus avant que les
autres dans Gethsémané ; et
d'entre ces trois, c'est spécialement Jean
qui est appelé le disciple que
Jésus-Christ aimait. C'est avec lui que
Jésus-Christ semblait sympathiser le plus,
et la famille de Béthanie était la
maison où Jésus-Christ se retirait le
plus volontiers.
Il y a une communion
chrétienne plus ou moins
étroite, et quand on connaît un
certain nombre de maisons pieuses, on en revient
toujours à celles qui vous comprennent le
mieux. Mais une véritable intimité
est une chose bien rare. Il y a des
individualités chrétiennes qui ne
nous vont pas ; il y en a d'autres qui sont
plus selon notre goût ; aussi y en
a-t-il très peu qui nous aillent tout
à fait.
Notre texte nous présente deux soeurs, unies
sur le vrai fondement ; eh bien ! il n'y
a pourtant point entre ces deux soeurs de vraie
communion spirituelle. Marthe n'est pas à
son aise avec Marie, et Marie n'a pas le même
caractère que Marthe ; cela ne les
empêche pas l'une et l'autre de
connaître et d'aimer le Seigneur. Mais il y a
des caractères plus ou moins faits pour
l'intimité.
Vous pouvez rester des années
entières avec tel chrétien sur le
même pied, sans vous rapprocher de lui ;
c'est qu'il y a en lui ou en vous un obstacle qui
n'est pas enlevé. Ce sont quelquefois les
circonstances dans lesquelles on est
placé, mais plus souvent
encore certains défauts de caractère,
qui produisent cet obstacle. Nous allons faire
quelques recherches, en étudiant de plus
près l'état spirituel de Marthe et
celui de Marie.
Nous voyons de suite que Marie est plus faite pour
l'intimité que Marthe ; la
dernière a d'excellentes qualités,
mais Marie a un élément qui manque
à la seconde. Le Seigneur lui-même lui
donne la préférence ; il se
prononce clairement, lorsqu'il dit : Marthe, Marthe, tu te
mets en peine et tu
t'embarrasses de plusieurs choses, mais une seule
chose est nécessaire ; Marie a choisi
la bonne part qui ne lui sera point
ôtée.
Cette scène de famille peut être prise
à plus d'un point de vue ; nous
l'adapterons à notre usage particulier, en
nous demandant : QU'EST-CE QUI EMPÊCHE
L'INTIMITÉ CHRÉTIENNE, ET QUELLES
SONT LES CONDITIONS QU'ELLE
RÉCLAME ?
Nous voyons que Marthe a quelque chose
d'agité dans son caractère ; le
vrai calme lui manque, et pour arriver à
la bonne intimité, il
faut moins de préoccupations
extérieures et un plus grand fond de vie
spirituelle. Or, ce qui manque à bien des
caractères chrétiens, c'est cet
élément spirituel qu'on gagne par un
rapprochement plus direct du Seigneur.
Marthe ne connaît pas assez le Seigneur et
elle ne cherche pas assez à le
connaître ; elle ne se tient point
recueillie à ses pieds ; il y a trop
d'autres objets qui la dominent. Une telle tendance
empêche aussi l'intimité
chrétienne. Quand l'âme n'est point
suffisamment gagnée au Seigneur, les
rapports chrétiens auront toujours quelque
chose de plus ou moins froid ou de superficiel.
L'échange des expériences sera
bientôt épuisé, et les
entretiens ne seront souvent qu'une simple
causerie. Il faut connaître ce que
Jésus-Christ éprouve pour les
pécheurs, pour avoir ce coeur tendre
que réclame l'intimité. Il faut que
la Parole du Seigneur soit entrée de bien
des manières et par bien des
côtés dans l'âme, si l'on
veut avoir une action
spirituelle et être propre à aimer
d'âme à âme. Ce n'est pas ainsi
que Marthe avait commencé. Elle se jette
trop tôt dans les oeuvres, et ce ne sont
point les oeuvres qui doivent nous dominer, c'est
nous qui devons dominer les oeuvres ; cela est
impossible si le Seigneur n'a pas d'abord
gagné la citadelle de notre âme.
Approchez-vous de Lui d'une manière plus
intime, sinon vous tomberez dans le formalisme
avant de vous en douter. Vos pensées
s'égareront, votre coeur ne sera pas
où est votre trésor, et s'il vous
vient une secousse, vous serez comme un mur qui
penche, comme une paroi
ébranlée.
Il faut beaucoup de force de concentration,
pour être calme et ferme, au milieu de cette
multiplicité de choses et de
contrariétés que chaque jour
amène avec soi. La lampe ne vit pas de la
flamme, elle vit de l'huile qu'il faut toujours
renouveler. C'est aussi la communion avec le
Seigneur qui donne la foi et, dans les moments
importants, la
persévérance.
C'est ce rapprochement intime du Seigneur qui rend
propre aussi à l'intimité
chrétienne et qui la fera croître et
avancer. Il y a une certaine aménité
de caractère, une affection naturelle, un
abord facile, des manières insinuantes et
d'autres qualités encore qui semblent
suffire pour faire de deux amis des amis
intimes ; mais le Seigneur ne donne pas sa
gloire à un autre ; rien de tout
cela ne remplace la source éternelle de
l'amour : telle situation surgira, et vous
verrez cette intimité qui n'est point
l'oeuvre de Dieu languir, décliner et
mourir.
La vie humaine s'écoule rapidement, et pour
que nos amitiés chrétiennes aient un
caractère permanent, il faut connaître le Seigneur et continuer
à le connaître.
Il y a un autre obstacle qui met des entraves
à l'intimité : c'est
l'amour-propre. Combien ne voit-on pas de
chrétiens à qui l'on ne peut faire
aucune observation ; qui prennent mal tout ce
qu'on leur dit ; leur grand ennemi, c'est leur
susceptibilité.
La justice propre a une foule de
ramifications ; mais on la reconnaît
toujours à ce dépit secret qu'on
éprouve quand quelqu'un attaque notre
conscience et n'est pas content de nous.
Pourquoi y a-t-il des chrétiens avec qui
nous ne voudrions pas nous lier ? C'est que
dans telle occasion ils nous ont dit quelque bonne
vérité, et nous ne pouvons
l'oublier.
Le Seigneur fait une observation de ce genre
à Marthe ; il n'est pas tout à
fait content de son christianisme ; nous ne
savons pas, il est vrai, comment Marthe a pris
cette remarque, mais ce qui est sûr, c'est
que vous n'aurez jamais d'ami intime tant que vous
n'accepterez pas d'être humilié. Cela
est difficile, sans doute, surtout quand nos bonnes
intentions nous paraissent méconnues.
Marthe croit faire pour le Seigneur ce qu'elle
fait, et, au lieu de la louer, le Seigneur la
blâme !
C'est un cas qui peut se présenter souvent.
Vous faites des oeuvres chrétiennes, et l'on
ne vous sait aucun gré de ces oeuvres ;
vous ne faites peut-être
que des mécontents. Vous ne vous avouez pas
que de bonnes intentions peuvent cacher une grande
recherche de vous-même ; vous n'avez pas
sondé suffisamment votre coeur pour le
savoir, et si quelqu'un vous le découvre
vous en êtes blessé.
Prenez deux amis chrétiens qui tiennent
avant tout au sentiment de leur dignité et
de leur propre mérite : il y aura tout
un monde entre eux, et jamais ils ne seront
véritablement unis. La Bible leur dit : Ayez les mêmes
sentiments que
Jésus-Christ a eus ; il n'a point
cherche sa propre satisfaction ; il s'est
anéanti lui-même ;
considérez bien Celui qui a souffert une si grande
contradiction des pécheurs, et qui vous dit : Quiconque
voudra
sauver sa vie, la perdra, et quiconque
perdra sa vie pour l'amour de moi, la trouvera.
Le terrain de l'humilité est aussi le
terrain de l'amour et de l'intimité
chrétienne ; vous passerez sur bien des
aspérités, quand vous aurez appris
à vous oublier vous-même et à vous revêtir de
Jésus-Christ dans la personne de vos
frères.
Regardons de nouveau Marthe. Il y a un
troisième obstacle encore qui s'oppose
à l'intimité ; c'est le peu de
goût que nous avons pour la Parole du
Seigneur. Pendant que Jésus-Christ parle
à Marie, Marthe n'écoute pas, mais se met en peine et s'embarrasse
de plusieurs
choses.
Je sais bien que les distractions de Marthe ne
sont pas mondaines, mais les distractions
chrétiennes sont aussi des distractions. Le
coeur chrétien est encore si plein de
plusieurs choses !
Que faites-vous des moments où le
Seigneur vous parle, où vous avez sa Parole
ouverte devant vous, et où elle veut arriver
à vos moelles et à vos
jointures ? Quels égarements
d'esprit ! quelle pesanteur de chair et
d'oreilles ! que vous reste-t-il souvent de
tout un chapitre, quand vous le lisez le matin et
que vous cherchez, le soir, l'usage que vous en
avez fait dans la journée ? Pourquoi
suis-je venu, dit le Seigneur, et il n'y a
eu personne qui ait
écouté ? La vierge
oubliera-t-elle son ornement, et l'épouse
ses atours ? Et cependant mon peuple m'a
oublié durant des jours sans nombre.
Cette torpeur spirituelle a des
conséquences plus tristes que vous ne
l'imaginez. Avec un coeur ainsi appesanti
pourrez-vous entrer dans la situation des
autres ? Cependant, c'est ce qu'il faut pour
vous rapprocher d'eux et pour comprendre
l'intimité. Blasé et rassasié,
quand la Parole du Seigneur vous cherche, le
serez-vous moins quand un ami chrétien vous
cherchera pour vous ouvrir son coeur ?
Où les intérêts divins sont
sans valeur, les intérêts humains en
ont moins encore ; l'intimité devient
une charge, une corvée, quand la Parole
sainte n'a point son cours et ne dirige pas la
vie.
Mettons-nous en peine, mais que ce soit
d'écouter le Seigneur ; l'onction
qui nous enseigne toutes choses, découle
de la bouche de Jésus ; ne vous embarrassez point de
plusieurs
choses, avant d'avoir serré en vous la seule
chose nécessaire.
La Parole sainte vous la rappelle ; ce
sont tes témoignages, dit le
Psalmiste, qui sont mes plaisirs et les gens de
mon conseil.
Nous venons de parler de ce qui empêche
l'intimité chrétienne ; voyons encore qu'elles sont
les conditions
qu'elle réclame. Si nous voulions entrer
dans l'âme de Marie, comme nous avons
cherché à peindre l'état
spirituel de Marthe, nous pourrions dire que Marie
est une âme qui a beaucoup prié,
beaucoup aimé et beaucoup souffert.
Trouvez-moi deux chrétiens qui se
rencontrent sur ce triple terrain, ce seront deux
amis intimes ; ils auront reçu ce qu'il
leur faut.
Je dis que Marie est une âme qui a beaucoup
prié.
La prière ouvre l'âme et
développe la spiritualité. Beaucoup
prier dit plus que beaucoup réfléchir
ou que beaucoup apprendre. Marie est une femme de
prière, et les vraies lumières nous
viennent de Dieu. En apparence, Marie ne fait
rien ; mais celui qui la
comprend sent qu'elle fait beaucoup, qu'elle fait
plus que Marthe. Ne confondez pas l'attitude
passive de Marie avec la paresse de la vie
contemplative. Une âme qui se tourne vers le
Seigneur, pour recevoir de sa plénitude
grâce sur grâce, ne fait-elle
rien ? Faut-il toujours remuer les mains et se
mettre en course, pour qu'on puisse dire : J'agis !
La prière est aussi une oeuvre,
peut-être l'oeuvre souveraine. C'est elle qui
dirige la vie, qui surveille nos mouvements, qui
découvre nos ennemis, qui répare
nos brèches et redresse nos ruines ; tel est le travail de
Marie, telle est aussi la
première condition de l'intimité.
Nous voyons que Marie fait ce travail sous son toit
domestique, aux heures où
Jésus-Christ lui-même veut lui parler.
Elle ne se sépare point de ses devoirs
terrestres, elle reste dans le monde ; car
elle veut être un levain pour le monde. Mais
elle cherche aux pieds de Jésus l'inspiration qui rend
intelligent ; hors
de Lui, elle ne peut rien faire, et elle a
besoin de le lui dire et de le lui
rappeler.
L'immobilité de Marie est cette
fixité spirituelle qui tient le Seigneur
à nos côtés jusqu'à ce
qu'il ait écouté et accordé.
L'Écriture dit : Sanctifiez dans vos
coeurs le Seigneur votre Dieu ; c'est ce
que fait Marie, et elle s'en trouvera bien et pour
elle et pour les autres. Donnez-lui demain une
occupation, à tout ce qu'elle fera on verra
qu'elle a prié ; ou mettez-la en
rapport avec un mauvais caractère, elle aura des entrailles de
miséricorde, de
bonté, de patience et de douceur ; ou donnez-lui entrée
dans une maison
chrétienne, elle aura bientôt avec
cette maison des rapports intimes. Une vie de
prière est un aimant qui attire les plus
rebelles ; il faut qu'ils se disent : Si Dieu est pour
lui, qui sera contre
lui ?
Je dis que Marie est une âme qui a beaucoup
aimé. C'est la seconde condition que
réclame l'intimité. Qu'est-ce
qu'aimer ? Si vous voulez définir le
mot, c'est savoir se donner.
L'amour est le sacrifice do nous-mêmes ;
ce qui fait de l'amour de Jésus
l'amour-modèle, c'est que Jésus est
le grand sacrificateur. Il a mis sa vie pour
nous ; tout est là ; et ceux qui ont vaincu par
le sang de l'Agneau et
par la Parole à laquelle ils rendaient
témoignage, ce sont ceux qui n'ont
point aimé leur vie, mais qui l'ont
exposée à la mort.
Au premier abord, l'amour est la chose la plus
naturelle ; l'amour n'est-il pas la vie de
Dieu, de ce Dieu qui est
amour ? Mais essayez d'aimer, et vous trouverez des
barres de fer et des portes d'airain.
Le détachement de vous-même est ce
qui vous répugnera le plus ; tuez votre
égoïsme, ce n'est qu'à ce prix
que vous pouvez aimer. Il y a un
égoïsme grossier et un
égoïsme raffiné ; quand
vous aurez crucifié le premier, il vous
restera encore le second. C'est celui qui se cache
dans vos affections naturelles. Vous aimez, mais
à condition qu'on vous aime ; vous
allez voir un malade, mais un malade qui soit
intéressant ; vous
vous lèveriez à
minuit pour ouvrir à un ami, mais c'est pour
qu'il vous laisse dormir après, et qu'il
ne vous rompe plus la tête ; vous pardonnez sept fois,
mais pour avoir le
droit de dire : Est-ce assez ? Les
Pharisiens en faisaient autant ; mais aux
pieds de Jésus on apprend autre chose.
Marie étudie cette charité qui ne périt jamais, et qui
excuse tout, qui
croit tout, qui espère tout, qui supporte
tout. Pour l'intimité, il ne faut pas
moins que cela ; que de misères dans
ces relations cachées qui n'ont souvent
qu'un vernis chrétien ! C'est qu'on
n'aime point encore, on veut encore trop être
aimé. Marie veut recevoir cet amour entier
qui ne demande d'autre salaire que d'aimer toujours
davantage.
Je dis enfin que Marie est une âme qui a
beaucoup souffert. La souffrance est le
complément de la foi ; Dieu vous a.
fait la grâce, dit saint Paul aux
Philippiens, par rapport à
Jésus-Christ, non seulement de croire en
Lui, mais encore de souffrir pour Lui. Ce sont
les souffrances qui
attendrissent le coeur et
qui le délivrent de ce qu'il a d'altier.
Dès une première conversation, on
peut voir si quelqu'un a souffert et si la charrue
de Dieu a labouré son coeur. Les sympathies
profondes viennent de cette miséricorde
profonde qui circule dans un coeur enseigné de Dieu. Plus on
a
été sous la main de Dieu, plus on
aime à tendre la main à ceux qui sont dans la même fournaise. Il
y a
déjà une bénédiction
dans les souffrances de la vie extérieure.
Un homme ainsi visité sera plus abordable,
plus ouvert à des impressions
sérieuses, plus mûr pour des rapports
d'intimité. Mais ces premières
souffrances ne suffisent pas ; les plus
salutaires sont celles qui nous viennent de
nous-mêmes. Ce sont les expériences du
péché qui sont le plus grand gain
pour l'intimité.
Mettez un coeur brisé à
côté d'un coeur brisé, deux
pécheurs qui se reconnaissent et qui ont lu
au fond de leur nature, il y aura là une
intimité qui sera la plus solide de toutes.
Quand il y aura communion de
pauvreté spirituelle, il y aura aussi
communion d'amour, communion de
prière ; Marthe sera à l'aise
avec Marie, et Marie ne cachera plus rien à
Marthe, On se montrera à découvert,
car on n'a plus de point d'honneur à
sauvegarder ; on regarde enfin tout
autre comme plus excellent que soi-même.
Si de telles liaisons sont rares, c'est que le
sentiment du péché est rare
aussi ; on en parle, mais on ne l'a pas
éprouvé, ou bien l'on est sorti trop
tôt de ces creusets du Saint-Esprit.
Eh bien ! passez en revue vos connaissances
chrétiennes : Avez-vous un ami
intime ? êtes-vous capable
vous-même de réaliser ce beau
nom ? Il y a des villes où l'on trouve
beaucoup de familles chrétiennes ; on
se voit, on prie ensemble, on fait des oeuvres
communes, mais d'âme à âme on ne
se rapproche pas.
La seconde soirée sera comme la
première, et la troisième comme la
seconde ; on rentre chez soi avec un vide, et
le coeur ne fait aucun
progrès.
Chères âmes, ne chercherez-vous pas
à devenir davantage les unes pour les
autres ? Votre vie est si courte, et
l'intimité est une si belle chose !
Vous en sentez le besoin, et cependant vous ne le
développez pas. Ce qui vous manque, nous
vous l'avons dit : vous n'avez point encore
assez prié, assez aimé, assez
souffert. Croissez à ces divers
égards, et vous aurez d'autres rapports et
un gain nouveau pour vos amitiés
chrétiennes. Vos communications seront plus
directes, plus variées et plus
intimes ; dans cet échange de vies,
chacun s'enrichira et chacun se fortifiera ;
vous verrez comme vous avez été loin
les uns des autres, et comme l'assemblage des
saints est aussi l'édification du
corps de Christ.
Je sais bien que cette intimité
terrestre aura toujours encore ses lacunes ;
cela doit être ; il y a des choses qui
ne sont que pour le Seigneur, des
épanchements qui ne sont plus pour la
créature. Quand vous vous retrouverez seuls,
après les heures les plus
bénies, vous vous direz de nouveau ; Nul n'est semblable à
Lui ! Comme un
cerf brame après des eaux courantes, ainsi mon âme soupire
après
Lui ! Une seule chose est
nécessaire ; Marie a choisi la bonne
part, qui ne lui sera point
ôtée.
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