Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIII

L'INTIMITÉ CHRÉTIENNE.

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Luc, X, 38-42.

 Comme ils étaient en chemin, il entra dans un bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.
Elle avait une soeur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole.
Mais comme Marthe était distraite par divers soins, elle vint et dit à Jésus : Seigneur, ne considères-tu point que ma soeur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc qu'elle m'aide aussi.
Et Jésus lui répondit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t'embarrasses de plusieurs choses ;
Mais une seule chose est nécessaire ; or, Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.

 
 

L'évangéliste nous ouvre un intérieur de famille. Nous avons ici deux soeurs qui, l'une et l'autre, connaissaient le Seigneur, qui l'aimaient et le servaient chacune à sa manière. Il est aussi dit de Jésus-Christ qu'il aimait Marthe et sa soeur et Lazare. Le toit de Béthanie était même un des intérieurs favoris du Seigneur ; c'est à Béthanie qu'il se retirait quand il voulait prendre quelque repos et sortir de la multitude qui le pressait. Jésus-Christ, homme comme nous, avait, comme nous, des besoins d'intimité.
Parmi ses disciples, il y en avait trois surtout avec lesquels il avait des rapports étroits ; savoir : Pierre, Jacques et Jean. C'est avec eux qu'il monta sur le Thabor ; ce furent les mêmes disciples qui entrèrent avec Lui plus avant que les autres dans Gethsémané ; et d'entre ces trois, c'est spécialement Jean qui est appelé le disciple que Jésus-Christ aimait. C'est avec lui que Jésus-Christ semblait sympathiser le plus, et la famille de Béthanie était la maison où Jésus-Christ se retirait le plus volontiers.
Il y a une communion chrétienne plus ou moins étroite, et quand on connaît un certain nombre de maisons pieuses, on en revient toujours à celles qui vous comprennent le mieux. Mais une véritable intimité est une chose bien rare. Il y a des individualités chrétiennes qui ne nous vont pas ; il y en a d'autres qui sont plus selon notre goût ; aussi y en a-t-il très peu qui nous aillent tout à fait.

Notre texte nous présente deux soeurs, unies sur le vrai fondement ; eh bien ! il n'y a pourtant point entre ces deux soeurs de vraie communion spirituelle. Marthe n'est pas à son aise avec Marie, et Marie n'a pas le même caractère que Marthe ; cela ne les empêche pas l'une et l'autre de connaître et d'aimer le Seigneur. Mais il y a des caractères plus ou moins faits pour l'intimité.
Vous pouvez rester des années entières avec tel chrétien sur le même pied, sans vous rapprocher de lui ; c'est qu'il y a en lui ou en vous un obstacle qui n'est pas enlevé. Ce sont quelquefois les circonstances dans lesquelles on est placé, mais plus souvent encore certains défauts de caractère, qui produisent cet obstacle. Nous allons faire quelques recherches, en étudiant de plus près l'état spirituel de Marthe et celui de Marie.
Nous voyons de suite que Marie est plus faite pour l'intimité que Marthe ; la dernière a d'excellentes qualités, mais Marie a un élément qui manque à la seconde. Le Seigneur lui-même lui donne la préférence ; il se prononce clairement, lorsqu'il dit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t'embarrasses de plusieurs choses, mais une seule chose est nécessaire ; Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera point ôtée.

Cette scène de famille peut être prise à plus d'un point de vue ; nous l'adapterons à notre usage particulier, en nous demandant : QU'EST-CE QUI EMPÊCHE L'INTIMITÉ CHRÉTIENNE, ET QUELLES SONT LES CONDITIONS QU'ELLE RÉCLAME ?

Nous voyons que Marthe a quelque chose d'agité dans son caractère ; le vrai calme lui manque, et pour arriver à la bonne intimité, il faut moins de préoccupations extérieures et un plus grand fond de vie spirituelle. Or, ce qui manque à bien des caractères chrétiens, c'est cet élément spirituel qu'on gagne par un rapprochement plus direct du Seigneur.
Marthe ne connaît pas assez le Seigneur et elle ne cherche pas assez à le connaître ; elle ne se tient point recueillie à ses pieds ; il y a trop d'autres objets qui la dominent. Une telle tendance empêche aussi l'intimité chrétienne. Quand l'âme n'est point suffisamment gagnée au Seigneur, les rapports chrétiens auront toujours quelque chose de plus ou moins froid ou de superficiel. L'échange des expériences sera bientôt épuisé, et les entretiens ne seront souvent qu'une simple causerie. Il faut connaître ce que Jésus-Christ éprouve pour les pécheurs, pour avoir ce coeur tendre que réclame l'intimité. Il faut que la Parole du Seigneur soit entrée de bien des manières et par bien des côtés dans l'âme, si l'on veut avoir une action spirituelle et être propre à aimer d'âme à âme. Ce n'est pas ainsi que Marthe avait commencé. Elle se jette trop tôt dans les oeuvres, et ce ne sont point les oeuvres qui doivent nous dominer, c'est nous qui devons dominer les oeuvres ; cela est impossible si le Seigneur n'a pas d'abord gagné la citadelle de notre âme.
Approchez-vous de Lui d'une manière plus intime, sinon vous tomberez dans le formalisme avant de vous en douter. Vos pensées s'égareront, votre coeur ne sera pas où est votre trésor, et s'il vous vient une secousse, vous serez comme un mur qui penche, comme une paroi ébranlée.

Il faut beaucoup de force de concentration, pour être calme et ferme, au milieu de cette multiplicité de choses et de contrariétés que chaque jour amène avec soi. La lampe ne vit pas de la flamme, elle vit de l'huile qu'il faut toujours renouveler. C'est aussi la communion avec le Seigneur qui donne la foi et, dans les moments importants, la persévérance.

C'est ce rapprochement intime du Seigneur qui rend propre aussi à l'intimité chrétienne et qui la fera croître et avancer. Il y a une certaine aménité de caractère, une affection naturelle, un abord facile, des manières insinuantes et d'autres qualités encore qui semblent suffire pour faire de deux amis des amis intimes ; mais le Seigneur ne donne pas sa gloire à un autre ; rien de tout cela ne remplace la source éternelle de l'amour : telle situation surgira, et vous verrez cette intimité qui n'est point l'oeuvre de Dieu languir, décliner et mourir.
La vie humaine s'écoule rapidement, et pour que nos amitiés chrétiennes aient un caractère permanent, il faut connaître le Seigneur et continuer à le connaître.

Il y a un autre obstacle qui met des entraves à l'intimité : c'est l'amour-propre. Combien ne voit-on pas de chrétiens à qui l'on ne peut faire aucune observation ; qui prennent mal tout ce qu'on leur dit ; leur grand ennemi, c'est leur susceptibilité.

La justice propre a une foule de ramifications ; mais on la reconnaît toujours à ce dépit secret qu'on éprouve quand quelqu'un attaque notre conscience et n'est pas content de nous.
Pourquoi y a-t-il des chrétiens avec qui nous ne voudrions pas nous lier ? C'est que dans telle occasion ils nous ont dit quelque bonne vérité, et nous ne pouvons l'oublier.

Le Seigneur fait une observation de ce genre à Marthe ; il n'est pas tout à fait content de son christianisme ; nous ne savons pas, il est vrai, comment Marthe a pris cette remarque, mais ce qui est sûr, c'est que vous n'aurez jamais d'ami intime tant que vous n'accepterez pas d'être humilié. Cela est difficile, sans doute, surtout quand nos bonnes intentions nous paraissent méconnues.
Marthe croit faire pour le Seigneur ce qu'elle fait, et, au lieu de la louer, le Seigneur la blâme !
C'est un cas qui peut se présenter souvent. Vous faites des oeuvres chrétiennes, et l'on ne vous sait aucun gré de ces oeuvres ; vous ne faites peut-être que des mécontents. Vous ne vous avouez pas que de bonnes intentions peuvent cacher une grande recherche de vous-même ; vous n'avez pas sondé suffisamment votre coeur pour le savoir, et si quelqu'un vous le découvre vous en êtes blessé.

Prenez deux amis chrétiens qui tiennent avant tout au sentiment de leur dignité et de leur propre mérite : il y aura tout un monde entre eux, et jamais ils ne seront véritablement unis. La Bible leur dit : Ayez les mêmes sentiments que Jésus-Christ a eus ; il n'a point cherche sa propre satisfaction ; il s'est anéanti lui-même ; considérez bien Celui qui a souffert une si grande contradiction des pécheurs, et qui vous dit : Quiconque voudra sauver sa vie, la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l'amour de moi, la trouvera.
Le terrain de l'humilité est aussi le terrain de l'amour et de l'intimité chrétienne ; vous passerez sur bien des aspérités, quand vous aurez appris à vous oublier vous-même et à vous revêtir de Jésus-Christ dans la personne de vos frères.

Regardons de nouveau Marthe. Il y a un troisième obstacle encore qui s'oppose à l'intimité ; c'est le peu de goût que nous avons pour la Parole du Seigneur. Pendant que Jésus-Christ parle à Marie, Marthe n'écoute pas, mais se met en peine et s'embarrasse de plusieurs choses.
Je sais bien que les distractions de Marthe ne sont pas mondaines, mais les distractions chrétiennes sont aussi des distractions. Le coeur chrétien est encore si plein de plusieurs choses !

Que faites-vous des moments où le Seigneur vous parle, où vous avez sa Parole ouverte devant vous, et où elle veut arriver à vos moelles et à vos jointures ? Quels égarements d'esprit ! quelle pesanteur de chair et d'oreilles ! que vous reste-t-il souvent de tout un chapitre, quand vous le lisez le matin et que vous cherchez, le soir, l'usage que vous en avez fait dans la journée ? Pourquoi suis-je venu, dit le Seigneur, et il n'y a eu personne qui ait écouté ? La vierge oubliera-t-elle son ornement, et l'épouse ses atours ? Et cependant mon peuple m'a oublié durant des jours sans nombre.

Cette torpeur spirituelle a des conséquences plus tristes que vous ne l'imaginez. Avec un coeur ainsi appesanti pourrez-vous entrer dans la situation des autres ? Cependant, c'est ce qu'il faut pour vous rapprocher d'eux et pour comprendre l'intimité. Blasé et rassasié, quand la Parole du Seigneur vous cherche, le serez-vous moins quand un ami chrétien vous cherchera pour vous ouvrir son coeur ? Où les intérêts divins sont sans valeur, les intérêts humains en ont moins encore ; l'intimité devient une charge, une corvée, quand la Parole sainte n'a point son cours et ne dirige pas la vie.
Mettons-nous en peine, mais que ce soit d'écouter le Seigneur ; l'onction qui nous enseigne toutes choses, découle de la bouche de Jésus ; ne vous embarrassez point de plusieurs choses, avant d'avoir serré en vous la seule chose nécessaire.
La Parole sainte vous la rappelle ; ce sont tes témoignages, dit le Psalmiste, qui sont mes plaisirs et les gens de mon conseil.

Nous venons de parler de ce qui empêche l'intimité chrétienne ; voyons encore qu'elles sont les conditions qu'elle réclame. Si nous voulions entrer dans l'âme de Marie, comme nous avons cherché à peindre l'état spirituel de Marthe, nous pourrions dire que Marie est une âme qui a beaucoup prié, beaucoup aimé et beaucoup souffert. Trouvez-moi deux chrétiens qui se rencontrent sur ce triple terrain, ce seront deux amis intimes ; ils auront reçu ce qu'il leur faut.

Je dis que Marie est une âme qui a beaucoup prié.
La prière ouvre l'âme et développe la spiritualité. Beaucoup prier dit plus que beaucoup réfléchir ou que beaucoup apprendre. Marie est une femme de prière, et les vraies lumières nous viennent de Dieu. En apparence, Marie ne fait rien ; mais celui qui la comprend sent qu'elle fait beaucoup, qu'elle fait plus que Marthe. Ne confondez pas l'attitude passive de Marie avec la paresse de la vie contemplative. Une âme qui se tourne vers le Seigneur, pour recevoir de sa plénitude grâce sur grâce, ne fait-elle rien ? Faut-il toujours remuer les mains et se mettre en course, pour qu'on puisse dire : J'agis !
La prière est aussi une oeuvre, peut-être l'oeuvre souveraine. C'est elle qui dirige la vie, qui surveille nos mouvements, qui découvre nos ennemis, qui répare nos brèches et redresse nos ruines ; tel est le travail de Marie, telle est aussi la première condition de l'intimité.
Nous voyons que Marie fait ce travail sous son toit domestique, aux heures où Jésus-Christ lui-même veut lui parler. Elle ne se sépare point de ses devoirs terrestres, elle reste dans le monde ; car elle veut être un levain pour le monde. Mais elle cherche aux pieds de Jésus l'inspiration qui rend intelligent ; hors de Lui, elle ne peut rien faire, et elle a besoin de le lui dire et de le lui rappeler.

L'immobilité de Marie est cette fixité spirituelle qui tient le Seigneur à nos côtés jusqu'à ce qu'il ait écouté et accordé. L'Écriture dit : Sanctifiez dans vos coeurs le Seigneur votre Dieu ; c'est ce que fait Marie, et elle s'en trouvera bien et pour elle et pour les autres. Donnez-lui demain une occupation, à tout ce qu'elle fera on verra qu'elle a prié ; ou mettez-la en rapport avec un mauvais caractère, elle aura des entrailles de miséricorde, de bonté, de patience et de douceur ; ou donnez-lui entrée dans une maison chrétienne, elle aura bientôt avec cette maison des rapports intimes. Une vie de prière est un aimant qui attire les plus rebelles ; il faut qu'ils se disent : Si Dieu est pour lui, qui sera contre lui ?

Je dis que Marie est une âme qui a beaucoup aimé. C'est la seconde condition que réclame l'intimité. Qu'est-ce qu'aimer ? Si vous voulez définir le mot, c'est savoir se donner. L'amour est le sacrifice do nous-mêmes ; ce qui fait de l'amour de Jésus l'amour-modèle, c'est que Jésus est le grand sacrificateur. Il a mis sa vie pour nous ; tout est là ; et ceux qui ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la Parole à laquelle ils rendaient témoignage, ce sont ceux qui n'ont point aimé leur vie, mais qui l'ont exposée à la mort.
Au premier abord, l'amour est la chose la plus naturelle ; l'amour n'est-il pas la vie de Dieu, de ce Dieu qui est amour ? Mais essayez d'aimer, et vous trouverez des barres de fer et des portes d'airain.
Le détachement de vous-même est ce qui vous répugnera le plus ; tuez votre égoïsme, ce n'est qu'à ce prix que vous pouvez aimer. Il y a un égoïsme grossier et un égoïsme raffiné ; quand vous aurez crucifié le premier, il vous restera encore le second. C'est celui qui se cache dans vos affections naturelles. Vous aimez, mais à condition qu'on vous aime ; vous allez voir un malade, mais un malade qui soit intéressant ; vous vous lèveriez à minuit pour ouvrir à un ami, mais c'est pour qu'il vous laisse dormir après, et qu'il ne vous rompe plus la tête ; vous pardonnez sept fois, mais pour avoir le droit de dire : Est-ce assez ? Les Pharisiens en faisaient autant ; mais aux pieds de Jésus on apprend autre chose.
Marie étudie cette charité qui ne périt jamais, et qui excuse tout, qui croit tout, qui espère tout, qui supporte tout. Pour l'intimité, il ne faut pas moins que cela ; que de misères dans ces relations cachées qui n'ont souvent qu'un vernis chrétien ! C'est qu'on n'aime point encore, on veut encore trop être aimé. Marie veut recevoir cet amour entier qui ne demande d'autre salaire que d'aimer toujours davantage.

Je dis enfin que Marie est une âme qui a beaucoup souffert. La souffrance est le complément de la foi ; Dieu vous a. fait la grâce, dit saint Paul aux Philippiens, par rapport à Jésus-Christ, non seulement de croire en Lui, mais encore de souffrir pour Lui. Ce sont les souffrances qui attendrissent le coeur et qui le délivrent de ce qu'il a d'altier. Dès une première conversation, on peut voir si quelqu'un a souffert et si la charrue de Dieu a labouré son coeur. Les sympathies profondes viennent de cette miséricorde profonde qui circule dans un coeur enseigné de Dieu. Plus on a été sous la main de Dieu, plus on aime à tendre la main à ceux qui sont dans la même fournaise. Il y a déjà une bénédiction dans les souffrances de la vie extérieure. Un homme ainsi visité sera plus abordable, plus ouvert à des impressions sérieuses, plus mûr pour des rapports d'intimité. Mais ces premières souffrances ne suffisent pas ; les plus salutaires sont celles qui nous viennent de nous-mêmes. Ce sont les expériences du péché qui sont le plus grand gain pour l'intimité.
Mettez un coeur brisé à côté d'un coeur brisé, deux pécheurs qui se reconnaissent et qui ont lu au fond de leur nature, il y aura là une intimité qui sera la plus solide de toutes. Quand il y aura communion de pauvreté spirituelle, il y aura aussi communion d'amour, communion de prière ; Marthe sera à l'aise avec Marie, et Marie ne cachera plus rien à Marthe, On se montrera à découvert, car on n'a plus de point d'honneur à sauvegarder ; on regarde enfin tout autre comme plus excellent que soi-même.
Si de telles liaisons sont rares, c'est que le sentiment du péché est rare aussi ; on en parle, mais on ne l'a pas éprouvé, ou bien l'on est sorti trop tôt de ces creusets du Saint-Esprit.

Eh bien ! passez en revue vos connaissances chrétiennes : Avez-vous un ami intime ? êtes-vous capable vous-même de réaliser ce beau nom ? Il y a des villes où l'on trouve beaucoup de familles chrétiennes ; on se voit, on prie ensemble, on fait des oeuvres communes, mais d'âme à âme on ne se rapproche pas.
La seconde soirée sera comme la première, et la troisième comme la seconde ; on rentre chez soi avec un vide, et le coeur ne fait aucun progrès.
Chères âmes, ne chercherez-vous pas à devenir davantage les unes pour les autres ? Votre vie est si courte, et l'intimité est une si belle chose ! Vous en sentez le besoin, et cependant vous ne le développez pas. Ce qui vous manque, nous vous l'avons dit : vous n'avez point encore assez prié, assez aimé, assez souffert. Croissez à ces divers égards, et vous aurez d'autres rapports et un gain nouveau pour vos amitiés chrétiennes. Vos communications seront plus directes, plus variées et plus intimes ; dans cet échange de vies, chacun s'enrichira et chacun se fortifiera ; vous verrez comme vous avez été loin les uns des autres, et comme l'assemblage des saints est aussi l'édification du corps de Christ.

Je sais bien que cette intimité terrestre aura toujours encore ses lacunes ; cela doit être ; il y a des choses qui ne sont que pour le Seigneur, des épanchements qui ne sont plus pour la créature. Quand vous vous retrouverez seuls, après les heures les plus bénies, vous vous direz de nouveau ; Nul n'est semblable à Lui ! Comme un cerf brame après des eaux courantes, ainsi mon âme soupire après Lui ! Une seule chose est nécessaire ; Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.


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