Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VI

LES ÉDUCATIONS SOUS LE TOIT DOMESTIQUE.

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Jean, II, 1-11.

  Trois jours après on faisait des. noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était.
Et Jésus fut aussi convié aux noces, lui et ses disciples.
Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit ; Ils n'ont plus de vin.
Mais Jésus lui répondit : Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n'est pas encore venue.
Sa mère dit à ceux qui servaient : Faites tout ce qu'il vous dira.
Or, il y avait là sis vaisseaux de pierre, mis pour servir aux purifications des Juifs, et qui tenaient chacun deux ou trois mesures.
Jésus leur dit : Emplissez d'eau ces vaisseaux ; et ils les emplirent jusqu'au haut.
Et il leur dit : Puisez-en maintenant, et portez-en au maître-d'hôtel. Et ils lui en portèrent.
Quand le maître-d'hôtel eut goûté l'eau qui avait été changée en vin ( or il ne savait pas d'où ce vin venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l'eau le savaient bien), il appela l'époux.
Et il lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin, et ensuite le moindre, après qu'on a beaucoup bu ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent.
Jésus commença ainsi à faire des miracles à Cana, ville de Galilée, et il manifesta sa gloire ; et ses disciples crurent en Lui.


  C'est une chose bien douce de faire bon ménage ensemble ; mais c'est une chose bien plus douce encore de faire bon ménage avec le Seigneur. Il faut même commencer par là.
Voulez-vous donner à votre bonheur domestique sa vraie solidité ? commencez par vous établir sur un pied solide avec le Seigneur ; nul ne peut poser d'autre fondement ; et hors de Jésus-Christ nous ne pouvons rien faire, pas même nous aimer l'un l'autre ; toutes choses ne subsistent qu'en Lui. Il est vrai que, pour bien des personnes, Jésus-Christ n'est pas autre chose qu'un homme qui prêche ou qui guérit des malades ; mais qui, en dehors de cette activité, n'est plus à sa place. Ces personnes font de la piété une affaire qui a ses heures et ses moments ; elles ne savent pas que la piété est utile à toutes choses, et qu'elle a les promesses de la vie présente et de celle qui est à venir.

Voulez-vous savoir si vous connaissez le vrai Jésus-Christ ? demandez-vous alors s'il l'a emporté sur votre affection dominante ; car il faut, comme il le dit lui-même à Zachée, qu'il loge dans votre maison. Que vous mangiez ou que vous buviez avec Lui, dans les bagatelles comme dans les affaires capitales, il faut que votre esprit soit un esprit chrétien ; ce qui ne sera pas, si Jésus-Christ, à vos yeux, ne vient point avant toutes choses, non point d'une manière pharisaïque ; j'entends par là qu'il faut que vous soyiez heureux et à l'aise d'être chrétien.
Le Seigneur vient pour cela à votre secours ; les noces de Cana, sur lesquelles nous allons méditer, nous montrent Les Éducations Que JÉSUS-CHRIST ENTREPREND SOUS LE TOIT DOMESTIQUE.

Tous ceux qui vivent ensemble sous le même toit passent par les mains du Seigneur ; il met chacun dans des positions où sont mises en évidence les choses cachées dans les ténèbres et où il faut se convertir, non pas à moitié, mais loyalement et tout à fait. Passons en revue ces amis de Cana, nous verrons de quelle manière le Seigneur manifeste sa gloire aux intérieurs de famille, pour que ses disciples croient en Lui.

La table autour de laquelle sont réunis les amis de Cana, n'est-elle pas une image du lien qui doit unir tous ceux qui vivent ensemble ou qui se voient habituellement sous le même toit ?
Cette table commune, et sur cette table ce même pain et ce même vin, ne nous disent-ils pas que nous sommes membres du même corps et participants des mêmes espérances ?
Cette table nous prêche l'unité de l'esprit et le lien de la paix ; après cela soyez pauvres ou riches, peu importe, la piété, jointe au contentement d'esprit, est un grand gain ; peu avec la crainte du Seigneur vaut mieux qu'un grand trésor où il y a du trouble.
Mais une pleine harmonie domestique est chose bien rare : il faut que le Seigneur arrive à nous, et de bien des manières, pour nous façonner à son gré. Voyons ce qu'il a fait dans l'intérieur où nous nous trouvons.

Il est question d'une noce ; c'est une de ces heures où, chez les gens du monde, le vin coule en abondance, où la joie brille, et où il n'y a plus de place pour les soucis. Ce n'est point dans un de ces intérieurs bruyants que nous trouvons Jésus-Christ ; le couple de Cana est un couple pieux, mais il y a piété et piété. Il n'est pas à croire que deux époux, avant qu'ils aient passé ensemble par l'eau et par le feu, soient déjà si fermes dans la connaissance du Seigneur. Il y a de ces intérieurs religieux où l'on aime l'Évangile, mais où il ne s'est pas encore passé ce qu'on appelle une conversion. On a été bien élevé, bien instruit ; on a de bons principes de la crainte de Dieu et toutes sortes de qualités aimables ; or, quand on se marie on met tout cela en commun, et l'on croit qu'avec ce double fond on a aussi une double garantie de bonheur. On compte sur soi-même, on ne compte pas encore sur le Seigneur. Qu'arrive-t-il alors ? Le vin vient à manquer. Il survient toutes sortes d'embarras, les uns matériels, les autres spirituels, et où les propres forces ne suffisent pas.

Il y a un fond acquis qui vient bientôt à manquer : ce sont les sentiments naturels. Quand on entre sous le même toit, on veut se rendre heureux, on est animé de la plus noble ardeur ; mais on ne sait pas encore ce qui est caché sous ces sentiments.
Ce dévouement à deux n'est que de l'égoïsme à deux. Ces nouveaux rapports ne sont pas encore sanctifiés. Chacun des deux recherche sa propre satisfaction, et il appelle cela de l'amour. Il veut tirer parti, pour son compte, du bonheur de cette union ; mais l'amour n'est pas la recherche de nous-mêmes, l'amour est la crucifixion du moi.
Aimez autrement, et vous aurez de terribles déceptions. Votre coupe d'or sera bientôt vide, et votre vin de noces tarira. Les illusions feront place à la réalité ; vous n'aviez que la poésie de la chose, vous ne vous étiez pas encore vu vous-même.
Le feu des sentiments ne se soutient pas ; les mauvais plis ne se dessinent que trop tôt ; laissez venir quelques contrariétés, et le vrai caractère paraîtra.
Quand les volontés propres s'entrechoquent, quand la susceptibilité est blessée, quand la mauvaise humeur se remue ou que les passions se réveillent, le vin de noces vient à manquer, et ce qui est vrai des sentiments naturels est aussi vrai de la piété naturelle.

Il y a certaine piété bourgeoise, et qui n'est souvent qu'une affaire traditionnelle.
On a hérité de cette piété comme on a hérité de quelque vieux meuble, qu'on ne veut pas vendre, mais cette relique de famille ne sert pas au fond à grand'chose. La vraie piété est une puissance de Dieu ; vous n'êtes pieux que quand vous êtes plus fort que vous-même. Et il y aura bientôt une pierre de touche qui vous montrera jusqu'où va votre piété.
Il y a pour chaque ménage des heures où il faut se revêtir d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience ; on croyait avoir tout cela, mais où il faudrait toutes ces vertus, que trouve-t-on ? De l'aigreur, de l'animosité, de la colère, de la crierie, de la médisance, de la malice ; on couvre tout cela chrétiennement, mais vous n'en souffrez pas moins, et le vin de noces vient à manquer.

Marie, mère de Jésus, voit l'embarras du jeune couple, et, pressée de venir au secours des deux époux, elle dit à son Fils : Ils n'ont plus de vin. Mais Jésus répond à sa mère : Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n'est pas encore venue.
Marie entre ici sur le terrain de son Fils ; elle voudrait qu'il se hâtât de faire un miracle ; mais Jésus ne donne point sa gloire à un autre, il est lui-même le grand conseiller.

La réponse que le Seigneur fait à sa mère est celle qu'il fait à toute âme trop pressée. C'est une éducation de patience que le Seigneur entreprend, quand il dit à un membre d'une famille : Qu'y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n'est pas encore venue. Il y a dans chaque famille au moins un membre que Jésus-Christ entreprend de cette manière.
L'impatience nous surprend malgré nous, et dans l'impatience il y a aussi toujours de l'esprit de domination. La femme, aussi bien que l'homme, est un despote en germe ! Ce despotisme se déguise sous la forme de conseils qu'on donne, de bonheur à exhorter, et d'une exhibition de sagesse qui n'est souvent qu'un sentiment dissimulé de supériorité ! II faut à de tels caractères de légères humiliations et des occasions d'attente. Quand les frères de Jésus lui dirent : Pars d'ici et t'en vas en Judée, afin que tes disciples voient aussi les oeuvres que tu fais, Jésus leur répondit dans le même sens qu'à Marie : Mon temps n'est pas encore venu ; mais le temps est toujours propre pour vous.
De telles leçons sont un grand gain ; il y a un travail de Dieu qui se poursuit dans l'âme et qui doit nous faire sentir que la sagesse est avec ceux qui sont humbles, que l'homme d'un esprit patient vaut mieux que l'homme d'un esprit hautain ; et que celui qui maîtrise son esprit, vaut mieux que celui qui prend des villes. Mais il faut, dit saint Jacques, que l'ouvrage de la patience soit parfait ; être patient jusqu'au bout, voilà la grande affaire.
On comprime souvent mille mouvements d'impatience qui tout à coup font explosion comme une nuée trop chargée. Tout cet exercice chrétien est alors à recommencer ; car l'homme qui ne peut pas retenir son esprit est comme une ville où il y a une brèche ou qui est sans murailles. Marie, mère de Jésus, a compris ; elle dit à ceux qui servaient : Faites tout ce qu'il vous dira.

Rien de si beau que de savoir se plier à la volonté du Seigneur. Nous nous créons un tourment après l'autre si nous n'avons pas rangé et fait taire nos désirs, tel qu'est un enfant sevré à l'égard de sa mère. En revanche, ceux qui ont été enseignés de Dieu sont bien heureux ; le plus bel ornement est la pureté incorruptible d'un esprit doux et paisible ; c'est cela qui est d'un grand prix devant Dieu. La douceur brise les os, quand la douceur vient d'un coeur humblement soumis, et qui se tient dans l'attente, sans rien prescrire au Seigneur. Alors l'heure de Jésus est venue, celle où il va faire son miracle à Cana.

Il y avait à côté de la table de noces six grands vaisseaux de pierre, mis pour servir aux purifications des Juifs ; et Jésus dit aux serviteurs : Emplissez d'eau ces vaisseaux y et ils les emplirent jusqu'au haut.

Remarquons bien ces six grands vaisseaux vides et qui sont près de la table de noces. N'est-ce pas nous dire qu'à côté de nos joies de noces et de nos affections les plus tendres, il y a encore un grand vide et que Jésus s'est réservé pour lui seul ? La terre est toujours la terre ; quoique les biens abondent à quelqu'un, il n'a pas la vie par ses biens. On peut dire la même chose des affections. Les serviteurs, comme nous voyons, passent aussi par les mains du Seigneur. Ce sont ceux qui emplissent les vaisseaux et qui, sans s'en douter, vont devenir les instruments d'un miracle.

Un pauvre serviteur, une petite servante à laquelle personne ne pense, peuvent devenir pour toute une maison un levain de bénédiction. Rappelons-nous le serviteur d'Abraham ou la petite servante de la femme de Naaman. Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. La grande tâche d'un serviteur, c'est la fidélité dans les détails ; qu'il se dise : Quoi que je fasse, je le ferai de bon coeur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes. De cette manière on ne sert pas seulement sous les yeux, comme quelqu'un qui ne pense qu'à plaire aux hommes, mais on fait de bon coeur la volonté de Dieu, comme serviteur de Christ.

C'est de l'eau simple que le Seigneur fait prendre aux serviteurs ; mais cette eau, quand elle sera versée dans les autres vases, se changera en vin.
Nous retrouvons toujours encore ce miracle. Jésus-Christ peut changer quelque chose d'inférieur en quelque chose de supérieur, si c'est une obéissance filiale qui nous anime.
Un bien que nous n'apprécions pas, une position qui nous paraît bien pauvre, bien ingrate, deviennent tout autre chose quand nous les regardons comme venant du Seigneur et que nous les exploitons pour Lui. Puisez-en maintenant, dit Jésus aux serviteurs qui lui ont obéi. Goûtez, et voyez que le Seigneur est bon, vous qui amenez captives nos pensées à l'obéissance de sa Parole. Tout ce que le Seigneur a créé est bon, et rien n'est à rejeter, pourvu qu'on le prenne avec actions de grâces. Soyez fidèle, et au lieu du buisson croîtra le sapin, et au lieu de l'épine croîtra le myrte ; cela rendra glorieux le nom de l'Éternel, et sera un signe perpétuel qui ne sera jamais retranché.

Il y a dans le miracle de celte eau changée en vin une leçon donnée à bien des chrétiens. Vous trouvez une foule d'hommes qui ne se plaisent pas dans leur vocation ; c'est qu'ils ne savent pas en tirer parti ; ils travaillent dans un esprit mercenaire, et c'est cet esprit qui dégoûte de tout.
Mais au lieu de regarder à eux-mêmes, ces hommes ne regardent qu'à leur position. S'ils pouvaient trouver un meilleur sort, une carrière plus relevée, un entourage plus édifiant, tout cela les changerait, se disent-ils.
C'est l'inverse ; vous changerez tout cela, dès que vous serez vous-même un homme changé. Allez au coeur de votre vie, et vous verrez que ce n'est pas une autre vocation qu'il vous faut, c'est un autre esprit.

L'ordinaire devient extraordinaire, l'eau se change en vin, dès que vous donnez votre coeur et vos deux mains au Seigneur. Comme il vous sauve de la condamnation, il vous sauvera aussi de l'ennui. Faites valoir pour Lui ce que vous avez fait valoir jusqu'ici pour vous-même ; tout prend un autre caractère, si on le regarde comme une faveur, au lieu de le regarder comme un fardeau. Dieu est amour, quoi qu'il fasse et quoi qu'il vous dispense ; soyez rempli de la connaissance de sa volonté, et conduisez-vous d'une manière digne de Lui, pour lui plaire en toutes choses, vous verrez que vous serez fortifié en toutes manières par sa force glorieuse, pour soutenir tout avec patience, avec douceur et avec joie. Qu'ainsi chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé ; regardez-vous comme l'économe du Seigneur, car vous n'êtes point à vous-même, vous avez été racheté à grand prix ; or, la seule chose que le Seigneur demande dans les dispensateurs, c'est que chacun d'eux soit trouvé fidèle.

À la noce de Cana, nous voyons figurer encore un autre personnage : c'est le maître d'hôtel.
Le maître d'hôtel goûte l'eau qui avait été changée en vin, et s'explique ce miracle naturellement. Il croit que c'est une surprise de l'époux ; il ne remonte point jusqu'au Seigneur ; c'est un homme qui s'arrête aux causes secondes.

N'y a-t-il pas dans chaque maison quelque personne qui ressemble à ce maître d'hôtel ? C'est un homme qui a Jésus à ses côtés et qui ne le voit pas. Il se passe dans une vie de famille bien des choses qui sont clairement des directions du Seigneur ou des miracles de sa grâce. Mais l'homme naturel ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu ; ce qui a mis un voile sur ses yeux, c'est sa propre philosophie.
Tout ce qu'il voit, il l'explique par les lois de la nature, par la force des événements, par la physique ou la chimie ; il voit tout, excepté Jésus. Les serviteurs, parce qu'ils sont plus simples, sont plus clairvoyants que ce maître d'hôtel. Ils savent à qui rapporter ce vin, et l'on est bien heureux quand on peut s'écrier, comme saint Jean, dans une autre circonstance : C'est le Seigneur. On n'a point le vrai Sauveur, quand on ne le voit point en toutes choses ; considérez-le dans toutes vos voies, et il dirigera vos sentiers.

Cependant le maître d'hôtel, tout aveugle qu'il est, dit une parole bien vraie, si nous l'appliquons au Seigneur.
Tout le monde, dit-il à l'époux, sert d'abord le bon vin, et ensuite le moindre, après qu'on a beaucoup bu ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent.

Le monde sert d'abord le bon vin ; il vous séduit par de belles apparences, mais les apparences trompent et le monde passe avec sa convoitise. Il n'en est pas de même du vin de Jésus, ni de la méthode que suit le Seigneur. Jésus, l'époux de nos âmes, attend que nous ayons beaucoup bu ; puis, quand il nous voit rassasiés du monde et ennuyés de ce pain si léger, il nous présente quelque chose de meilleur. C'est cette grâce qui ne tarit point et qui est meilleure que la vie. Et on laissera au monde ce qui est au monde, et l'on dira au Seigneur : Nul n'est semblable à toi. Que la bonté est précieuse ! aussi les fils des hommes se retirent sous l'ombre de tes ailes. Tu nous rassasies des biens de ta maison, et tu nous abreuves au fleuve de tes délices.

Il est dit à la fin de notre histoire : Jésus commença ainsi à faire des miracles à Cana, ville de Galilée, et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en Lui.

Les disciples avaient été spectateurs de ce miracle ; le Seigneur avait eu aussi en vue l'éducation des disciples. Il les conduit dans une maison étrangère, et c'est là qu'il leur manifeste sa gloire.
Ce n'est pas toujours à l'église qu'on se trouve le plus près du Seigneur ; au culte on est souvent distrait, mais le Seigneur a encore d'autres lieux d'édification. Ce sont les maisons où la grâce a produit des changements. Vous voyez tel intérieur mondain prévenu peut-être contre l'Évangile ; revenez dans quelque temps, le Seigneur y aura depuis manifesté sa gloire. C'est un autre esprit qui souffle sous ce toit ; les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
On a compris que Christ, le Sauveur de l'humanité, est aussi le bonheur des familles. C'est afin que ses disciples croient en Lui. Ceux que vous ne pouvez convaincre, en leur ouvrant la Bible, ouvrez-leur une maison chrétienne, et ils croiront. Conduisez-les dans une famille où l'eau est devenue du vin, où il y a une série d'éducations spirituelles, et vous connaîtrez le pouvoir de la vérité. Le plus incrédule dira : Certainement, l'Éternel est en ce lieu-ci, et je n'en savais rien ! Que ce lieu est vénérable ! c'est ici la maison de Dieu, et c'est ici la porte des cieux.

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Nous avons fait la ronde des personnes qui se trouvent réunies sous le toit de Cana, et nous avons poursuivi dans chacune l'oeuvre du Seigneur. Une telle réunion, soyons sûrs, n'est pas un effet du hasard. Le Seigneur nous choisit les uns pour les autres et nous élève les uns pour les autres ; partons de Lui et nous le saurons. Commençons par le connaître lui-même ; car, quel est le but de la vie ? pourquoi Dieu a-t-il créé les hommes ? C'est afin qu'ils cherchent le Seigneur et qu'ils puissent comme le toucher de la main et le trouver ; et il n'est pas loin de nous, il est fort aisé à trouver. En êtes vous là ? Vous verrez aussi d'autres âmes à vos côtés, à qui vous pourrez être une bénédiction.

Vous ne serez plus un individu, vous serez un membre qui fait partie d'un corps, une pierre vive qui entre dans la structure d'un édifice, un sarment qui, avec d'autres sarments, sort du même cep. L'égoïsme divise ; la charité de Christ unit, car elle est le lien de la perfection. Vous verrez comme vous aurez été élevés l'un pour l'autre, quand vous aurez premièrement offert vos corps en sacrifice à Christ.
Nous qui vivons ensemble sous le même toit, nous nous retrouverons plus tard devant le même tribunal ; rien de si amer alors que de voir que nous nous étions devenus l'un à l'autre un obstacle ; rien de si doux que de voir que nous étions devenus ouvriers avec Dieu.

Il y avait à la noce de Cana un convive qui ne manque jamais ; voilé d'abord, il se découvrira plus tard : c'est la mort. Nous ne l'avions point invitée, mais elle s'invite elle-même, et elle compte en silence ces têtes réunies.
Revenez plus tard, un de ces sièges sera vide ; la vie des familles se dégarnit ; comme l'automne enlève les feuilles, la mort nous enlève l'un à l'autre. Un seul convive nous reste : le Seigneur. Il est fidèle, il est le même hier, aujourd'hui, éternellement.

Le vide cruel que la mort creuse dans le coeur des familles est encore un vaisseau que Jésus-Christ veut remplir. Il ne vous laissera point orphelins, il viendra à vous ; c'est afin que sa joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie.
C'est encore un jour de noces que le jour où la grâce nous suffit.
Autour de nous, le deuil ; en nous, une vie immortelle ! Hors de nous, la poussière d'un tombeau ; en nous, Christ, l'espérance de la gloire ! Chaque nouveau détachement est un nouveau rapprochement de cet héritage céleste.

Heureux amis de Cana, c'est pour l'éternité que vous avez été élevés, c'est afin de vous retrouver l'un l'autre, après que vous aurez disparu l'un après l'autre. À celte tente terrestre, à cette nourriture qui périt, succédera un édifice qui vient de Dieu, un banquet de noces qui est celui de l'Agneau. Votre éducation terrestre est finie, votre éducation céleste commence. Un soleil qui ne s'éteindra plus, un vin qui ne tarira plus, vous attendent dans la cité de Dieu, où la foi aura fait place à la vue, et les souffrances du temps présent à des joies ineffables et glorieuses.



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