Quelque incomplet que soit le précis
contenu dans les chapitres précédents
sur l'évidence des prophéties, les
prophéties sont si claires par
elles-mêmes, et les faits qui en sont
l'accomplissement sont tellement multipliés,
qu'on ose défier le sceptique le plus subtil
d'imaginer un système quelconque pour
expliquer comment ces faits auraient pu être
prédits autrement que par l'inspiration de
Dieu.
La parole de la prophétie a certainement
fait apercevoir bien des désolations
survenues sur la terre ; mais tout en
démontrant ainsi l'action « du
mystère de l'iniquité »,
elle fait elle-même partie « du
mystère de la
piété ».
Les péchés des hommes leur ont
attiré des désolations que la parole
de Dieu avait prédites et que la
cruauté des hommes a
exécutées. Ces jugements ont
été annoncés, il est vrai, par
des signes et des avertissements, mais ils ne se
sont jamais trouvés que là où
l'iniquité avait d'abord prévalu.
Et quand même tous les autres avertissements
de Dieu devraient être sans effet, les
monuments de ses jugements passés et les
indications de ses jugements à venir
pourront apprendre au pécheur jusqu'ici
inaccessible au repentir, à prendre garde
aux menaces de sa parole, à examiner ses
voies, et à revenir à lui avant que
la mort ait mis le sceau
à son jugement.
Toutes ces résolutions que l'Éternel
a ainsi fait descendre sur la terre, et qui tendent
à prouver la vérité de sa
parole qui révèle la vie et
l'immortalité, ne devraient-elles pas
apprendre à l'homme dont ce monde est le
Dieu, à ne plus le juger digne de son
adoration et de son culte ? Pourquoi
n'apprendrait-il pas par elle à renoncer
à l'avarice qui est une idolâtrie, et
pourquoi l'idole de Mammon qui est dans le temple
ne tomberait-elle pas comme l'image de Dagon tomba
devant l'arche qui renfermait le témoignage
du Seigneur ?
Mais pour ceux qui, comme tant de millions
d'hommes, font profession de la foi du Seigneur
Jésus, sans sortir de la route du
péché, il est une autre voix qui peut
arriver plus directement à leurs oreilles.
Et ce n'est pas seulement des régions
désolées, jadis habitées par
des païens, mais aussi des ruines de
quelques-unes des villes où les
apôtres avaient établi des
églises et où la religion de
Jésus brilla jadis dans toute sa
pureté, que tous peuvent apprendre que Dieu
ne fait point acception de personnes, et qu'il
« ne tient point le coupable pour
l'innocent. » - « Que celui qui
a des oreilles écoute ce que l'esprit dit
aux églises. »
Quelle église pourrait réclamer ou
désirer un titre plus élevé
que celui qui est donné dans
l'Écriture aux sept églises d'Asie,
dont les anges étaient les sept
étoiles dans la main droite « de
Celui qui est le premier et le dernier, qui vit et
qui était mort, qui est vivant aux
siècles des siècles, et qui tient les
clefs de l'enfer et de la mort ; »
ces églises qui étaient
elles-mêmes « les sept chandeliers
d'or au milieu desquels il
marchait ? »
Et quel est celui qui a des oreilles pour entendre,
et qui n'écoutera pas
humblement, et pour le mettre
à profit, ce que l'Esprit dit à ces
églises
(17) ?
L'Église d'ÉPHÈSE, quoique
louée pour ses premières oeuvres,
auxquelles il lui est ordonné de retourner,
était accusée d'avoir
abandonné sa première charité,
et menacée de voir ôter son chandelier
de sa place, si elle ne se repentait
(18).
Éphèse est située à
environ cinquante milles de Smyrne. Elle
était la métropole de l'Ionie, elle
était grande, riche, et, suivant Strabon, le
marché le plus considérable de l'Asie
mineure. Elle était surtout fameuse par son
temple de Diane, « lequel toute l'Asie
révérait », orné de
127 colonnes de marbre de Paros, toutes d'un seul
bloc, hautes de soixante pieds, et regardé
comme une des sept merveilles du monde. On voit
encore les restes de son magnifique
théâtre, où l'on dit que 20,000
spectateurs pouvaient s'asseoir commodément.
Mais quelques monceaux de pierres, quelques
misérables huttes en terre,
passagèrement habitées par des Turcs
sans qu'aucun chrétien y demeure jamais,
sont tout ce qui reste de l'ancienne
Éphèse
(19).
Ce n'est plus, suivant la description de divers
voyageurs, qu'un lieu abandonné, d'un aspect
triste et solennel. Partout dans l'univers on lit
l'épître aux
Éphésiens ; mais à
Éphèse il n'y a personne aujourd'hui
qui la lise. Ils ont abandonné leur
première charité, ils ne sont point
retournés à leurs premières
oeuvres. Leur chandelier a été
ôté de son lieu, et la grande
cité d'Éphèse n'existe plus
(20).
L'Église de Smyrne fut louée comme
« riche », et aucun jugement ne
fut prononcé contre elle ; mais elle
fut avertie d'une affliction de dix jours
(les dix années de
persécution sous Dioclétien ), et il
lui fut recommandé d'être
fidèle jusqu'à la mort, pour
mériter que la couronne de vie lui fût
accordée
(21).
Smyrne
n'a point partagé le sort
d'Éphèse, plus fameuse qu'elle ;
c'est encore aujourd'hui une grande ville,
contenant près de cent mille habitants et
plusieurs églises grecques ;
l'Angleterre et d'autres nations chrétiennes
y ont eu des ministres. La lumière, il est
vrai, y a perdu de son éclat, mais le
chandelier n'y a pas été
ôté de son lieu.
L'Église de PERGAME fut louée de ce
qu'elle retenait le nom de l'Éternel, et
pour n'avoir pas renoncé sa foi dans des
temps de persécution et au milieu d'une
ville corrompue ; mais il y en avait dans son
sein qui retenaient de mauvaises doctrines et qui
commettaient de mauvaises actions que
l'Éternel haïssait. L'Éternel
devait combattre contre eux par
l'épée de sa bouche et tous
étaient appelés à la
repentance. Mais il n'était pas dit, comme
d'Éphèse, que son chandelier serait
ôté de son lieu
(22).
Pergame est située au nord de Smyrne
à une distance de près de 64 milles,
et était autrefois la capitale de la Mysie
Hellespontique. Elle contient encore aujourd'hui
quinze mille habitants dont quinze cents Grecs et
deux cents Arméniens qui ont leurs
églises séparées.
Dans l'Église de THYATIRE, comme dans celle
de Pergame, quelque ivraie s'était
bientôt mêlée au bon
grain ; celui qui a ses yeux comme une flamme
de feu distingua l'un et l'autre. Mais heureusement
pour les âmes des fidèles,
plutôt que pour la conservation de la ville,
voici comment l'apôtre décrit le
caractère général de cette
église, tel qu'il était
alors :
« Je connais tes oeuvres, ta
charité, ton ministère, ta foi, ta
patience, et que tes dernières oeuvres
surpassent les premières
(23). »
Mais à l'égard de ceux qui
s'étaient rendus coupables de fornication,
qui avaient mangé des choses
sacrifiées aux idoles, car il y en avait
quelques-uns dans cette église, et à
qui le Seigneur avait donné le temps pour
qu'ils se repentissent de leur fornication, et qui
ne s'étaient point repentis, la menace d'une
grande affliction était prononcée
contre eux, et il devait être rendu à
chacun selon ses oeuvres.
Ces pécheurs, ainsi inutilement avertis
pendant qu'ils étaient sur la terre, sont
allés depuis longtemps dans ce lieu
où il n'y a ni occupation, ni science, ni
sagesse, ni repentance efficace. « Mais
quant aux autres qui sont à Thyatire, je ne
mettrai point sur eux d'autre charge, dit
l'Éternel
(24). »
Il y avait à Thyatire assez de justes pour
sauver une ville. Thyatire existe encore, tandis
que de plus grandes cités sont
tombées. M. Hartley, qui la visita en 1826,
dit qu'elle est comme perdue au milieu des
cyprès et des peupliers ; que les Grecs
y occupent trois cents maisons et les
Arméniens une trentaine, chacune de ces
sectes ayant son église.
L'Église de SARDES différait de celle
de Pergame et de Thyatire ; ces deux
églises n'avaient point renoncé leur
foi, cependant l'Éternel avait plusieurs
griefs contre elles, car il y avait dans leur sein
quelques hommes faisant le mal et sur qui devait
tomber le jugement, s'ils ne se repentaient pas.
Mais a Sardes, toute grande qu'était cette
ville, et bien que son église eût
été fondée par un
apôtre, il n'y avait que quelque peu de
personnes qui n'eussent point souillé leurs
vêtements, et l'Esprit
avait dit à l'ange de cette
église : « Je connais tes
oeuvres ; c'est que tu as le bruit de vivre,
mais tu es mort. »
Mais l'Éternel est patient, et ne veut pas
la mort du pécheur, mais son repentir ;
et tel fut l'avertissement adressé à
l'ange de l'église de Sardes :
« Sois vigilant et confirme le reste qui
s'en va mourir, car je n'ai point trouvé tes
oeuvres parfaites devant Dieu. Souviens-toi donc
des choses que tu as reçues et entendues, et
garde-les et te repens. Mais si tu ne veilles pas,
je viendrai contre toi comme le larron, et tu ne
sauras point à quelle heure je viendrai
contre toi »
(25)
L'état actuel de Sardes nous montre que
l'avertissement fut inutile, et en même temps
que les menaces de l'Éternel, quand on les
néglige, se changent en arrêts
inévitables. Sardes, capitale de la Lydie,
était une ville grande et
célèbre, où avaient
été accumulées ces richesses
de Crésus devenues proverbiales. Aujourd'hui
les seules habitations que Sardes renferme sont
quelques mauvaises huttes en terre, éparses
parmi les ruines, demeures de bergers turcs, seule
population de cette antique cité. Comme
siège d'une église chrétienne
elle a perdu tout ce qu'elle pouvait perdre,
jusqu'à son nom. « On y
chercherait en vain un seul adorateur de
Jésus-Christ. »
« Écris aussi à l'ange de
l'Église de PHILADELPHIE Le saint et le
véritable qui a la clef de David, qui ouvre
et nul ne ferme, qui ferme et nul n'ouvre, dit ces
choses : Je connais tes oeuvres. Voici, je t'ai
ouvert une porte, et personne ne la peut fermer,
parce que tu as un peu de force, que tu as
gardé ma parole, et que
tu n'as point renoncé à mon
nom ; parce que tu as gardé la parole
de ma patience, je te garderai aussi à
l'heure de la tentation qui doit arriver dans tout
le monde
(26). »
Les promesses de l'Éternel sont aussi
infaillibles que ses menaces. Philadelphie seule
résista longtemps à la puissance des
Turcs, et, suivant l'expression de Gibbon, capitula
enfin avec le plus fier des Ottomans. Parmi les
colonies et les églises grecques de l'Asie,
ajoute Gibbon, Philadelphie est encore
debout ; c'est une colonne sur un vaste
théâtre de ruines
(27).
Quoi de plus intéressant, dit M. Hartley,
que de trouver le christianisme plus florissant ici
que dans beaucoup d'autres parties de l'empire
turc ! la population chrétienne y est
encore nombreuse, et occupe trois cents
maisons ; le service divin se fait chaque
dimanche dans cinq églises. Ce qui n'est pas
moins intéressant, dans ces temps si
fertiles en événements, et
malgré la dégénération
de l'église grecque en
général, c'est d'apprendre que
l'évêque actuel de Philadelphie
regarde la Bible comme le seul fondement de toute
croyance religieuse, et qu'il admet qu'il s'est
glissé dans l'église des abus que
l'on pouvait tolérer dans les siècles
passés, mais qu'il faut détruire
aujourd'hui.
Nous croyons à propos d'ajouter ici une
observation de M. Hartley (28), c'est
que Philadelphie est
aujourd'hui appelée Allah Schehr,
« la ville de Dieu, » et qu'en
rapprochant cette circonstance des
prédictions faites à cette
église, et surtout de la promesse
d'écrire le « nom de
Dieu » sur ses membres fidèles, on
ne peut s'empêcher d'y trouver une
coïncidence singulière, pour ne rien
dire de plus.
Les iniquités des hommes ont plus d'une fois
prouvé combien les
jugements de Dieu sont terribles ; mais parce
que l'église de Philadelphie a
persisté à garder sa parole, un
monument de la fidélité de Dieu
à remplir ses promesses a été
laissé sur la terre, en attendant qu'une
gloire plus grande, promise à ceux qui
vainquent, leur soit donnée dans le
ciel.
Le Rédempteur glorifié confirmera
à leur égard la vérité
de ses paroles : « Celui qui
vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de
mon Dieu ; » il la confirmera aussi
sûrement que Philadelphie, lorsque tout
tombait autour d'elle, est restée debout, au
jugement de nos ennemis eux-mêmes,
« comme une colonne au milieu des
ruines. »
« Écris aussi à l'ange de
l'Église de LAODICÉE : L'Amen,
le témoin fidèle et véritable,
le commencement de la créature de Dieu, dit
ces choses. Je connais tes oeuvres, c'est que tu
n'es ni froid ni bouillant, et si tu étais
ou froid ou bouillant ! Parce donc que tu es
tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant,
je te vomirai de ma bouche ; car tu dis :
Je suis riche et je suis dans l'abondance, et je
n'ai besoin de rien ; mais tu ne connais pas
que tu es malheureux, misérable, pauvre,
aveugle, et nu. Je te conseille d'acheter de moi de
l'or éprouvé par le feu, afin que tu
deviennes riche, et des vêtements blancs,
afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta
nudité ne paraisse point, et de couvrir tes
yeux d'un collyre, afin que tu
voies »(29)
La voix qui se fait entendre dans l'Apocalypse
avait trouvé quelques éloges à
donner à toutes les autres
églises ; dans toutes, il était
resté quelque chose de bon. L'église
d'Éphèse avait travaillé, et
ne s'était point lassée, quoiqu'elle
eût abandonné sa
première charité ; et le
chandelier fut ôté de son lieu :
tel fut son châtiment. Un petit nombre
d'infidèles souillèrent les
églises de Pergame et de Thyatire, par leurs
doctrines et par leur vie, mais le corps
était sain, et ces églises
appartenaient à Christ. Même dans
Sardes, quoiqu'elle fût morte, quelque peu de
personnes n'avaient point souillé leurs
vêtements, et devaient marcher avec le
Seigneur en vêtements blancs, car ils en
étaient dignes.
Mais le Saint-Esprit n'adressa pas un. seul mot
d'approbation à l'église de
Laodicée ; elle était
tiède sans exception ; elle fut donc
vomie de la bouche du Seigneur. La religion de
Jésus était devenue pour les
chrétiens de cette église comme une
chose ordinaire. Ils ne s'en occupaient absolument
que comme de divers autres objets pour lesquels ils
ne se sentaient ni plus ni moins de goût.
Le sacrifice du Fils de Dieu sur la croix ne
faisait pas plus d'impression sur leur
pensée qu'un présent vulgaire qu'ils
eussent reçu de la main d'un homme, et
l'amour de Christ n'avait pas plus d'empire sur
leurs coeurs que d'autres affections.
Ils pouvaient répéter le premier et
le plus grand commandement, et le second qui lui
est semblable, sans que rien en leur conduite
montrât leur respect pour cette loi
d'amour.
Il n'y avait point parmi eux de Dorcas pour
vêtir les pauvres, point de Philémon
à qui l'on pût écrire :
« À l'église qui est dans
ta maison. »
Il n'y avait point parmi eux de serviteur qui
regardât à l'oeil de son père
céleste, plus qu'à celui de son
maître terrestre ; rien n'était
fait plutôt pour obtenir la récompense
éternelle que par égard aux
récompenses de la terre ; il n'y avait
personne qui cherchât à faire honorer
partout la doctrine de son Dieu et
Sauveur.
- On n'y faisait rien comme tout doit être
fait, « de bon coeur, comme pour le
Seigneur et non pour les hommes. »
En effet, rien dans leur vie ne semblait montrer
qu'ils eussent appris que ce qui n'est pas selon la
foi est péché. Leur tiédeur
était cent fois pire qu'une froideur
décidée ; car elle laissait bien
moins d'espoir d'amélioration.
Un homme de Sardes aurait plutôt senti le
frisson de la mort s'emparer de lui, et
appelé un médecin à son
secours, qu'un homme de Laodicée, comptant
tranquillement les battements réguliers de
son pouls, n'eût imaginé que la mort
s'approchait de lui, et qu'il ne pouvait lui
échapper.
Le caractère des chrétiens
tièdes, deux mots qui se contredisent
d'eux-mêmes, est le même dans tous les
temps. - Telle était l'église de
Laodicée. Mais quel est aujourd'hui
l'état de cette ville, et combien elle
diffère de ce qu'elle a été
jadis !
Laodicée était la métropole de
la grande Phrygie ; au rapport des auteurs
païens, c'était une ville grande et
célèbre. Loin d'offrir aucun
symptôme de décadence, vers le
commencement de l'ère chrétienne,
elle s'était élevée à
son plus haut point de prospérité.
Ses trois théâtres, son cirque
immense, capable de contenir plus de trente mille
spectateurs, et dont on voit encore des restes
considérables, ainsi que d'autres ruines
ensevelies sous des ruines, attestent son ancienne
splendeur et sa nombreuse population, preuves
frappantes en même temps que dans cette
ville, dont tous les chrétiens sans
exception s'étaient attiré les
censures de l'apôtre, habitait une multitude
d'hommes « qui aimaient les
voluptés plutôt que
Dieu. »
L'amphithéâtre fut construit
postérieurement à l'Apocalypse, et
après que l'Esprit eut
averti l'église de Laodicée d'avoir
« du zèle et de se
repentir. » Mais leurs coeurs ne
s'ouvrirent ni à un renouvellement de
zèle pour le service et pour la gloire de
Dieu, ni à un profond chagrin de leurs
péchés, ni a un sincère
repentir.
Aussi quel contraste frappant entre le sort de
Laodicée et celui de Philadelphie ! On
chercherait en vain aujourd'hui dans les environs
de Laodicée des monuments de la grandeur
d'un peuple, et ces lieux consacrés aux
plaisirs et à la séduction des sens.
Peu de mots suffisent pour en exposer la
déplorable catastrophe. Elle était
tiède, elle n'était ni froide ni
bouillante, et Dieu l'a vomie de sa bouche.
Elle fut aimée inutilement, inutilement
réprimandée et châtiée,
et elle a été effacée de
dessus la terre.
Elle est maintenant aussi dénuée
d'habitants que les habitants étaient
dénués de toute crainte et de tout
amour de Dieu, et que son église
était dépourvue de foi
véritable au Sauveur et de zèle pour
son service.
Elle est véritablement déserte, dit
le docteur Smith dans ses voyages, elle n'a pour
habitants que des loups, des chacals et des
renards. Les seules créatures humaines qui y
apparaissent passagèrement sont des
Turcomans vagabonds qui viennent dresser leurs
tentes dans les ruines de son vaste
amphithéâtre. On a pratiqué,
dit Arundel, des fouilles parmi ses ruines et on y
a trouvé à une profondeur
considérable les fragments de sculpture les
plus précieux (30). Il y a peu d'anciennes
villes, dit le colonel Leake, qui promettent un
plus grand nombre d'antiquités curieuses, si
l'on voulait chercher sous la surface du sol.
D'après son ancienne opulence et les
tremblements de terre auxquels
elle était sujette, il est plus que probable
que les plus précieux ouvrages de l'art ont
souvent été ensevelis sous les
débris des édifices publics et
particuliers
(31).
Voilà ce qui explique ces paroles du
Saint-Esprit : « Parce que tu es
tiède et que tu n'es ni froide ni
bouillante, je te vomirai de ma
bouche. »
« Que celui qui a des oreilles
écoute ce que l'Esprit dit aux
églises. L'Esprit sonde toutes choses,
mêmes les choses profondes de Dieu
(32). »
Chaque église et chaque membre de ces
églises furent pesés dans les
balances du sanctuaire. Chacun d'eux fut
approuvé, censuré ou averti selon son
caractère et suivant ses oeuvres.
L'église elle-même était-elle
pure, ses membres corrompus devaient seuls
être retranchés.
L'église était-elle morte, les noms
du petit nombre de membres encore vivants
étaient tous écrits devant Dieu, et
aucun n'était effacé du livre de
vie.
Les sept églises furent toutes
exhortées séparément par le
Saint-Esprit, selon le besoin qu'elles avaient de
ses avertissements. « La foi qui avait
été donnée aux
saints » leur fut prêchée,
et toutes, en tant qu'églises
chrétiennes, possédaient les moyens
de salut. Le Fils de l'homme passa au milieu
d'elles, démêlant ceux qui
étaient à lui et ceux qui ne
l'étaient pas.
Par la prédication de l'Évangile et
par la parole écrite, chaque membre de ces
églises fut averti, et tout homme fut
enseigné en toute sagesse, afin que tout
homme fût rendu parfait en
Jésus-Christ ; et dans tout ce que
l'Esprit dit à toutes ces églises et
à chacune d'elles en particulier : il
fait sans restriction et sans réserve, et
sous les plus brillantes images, la promesse d'une
félicité
éternelle à celui qui vaincra. Le
langage de l'amour, non moins que celui de la
remontrance et de la censure, fut adressé
aux Laodicéens. Et si des chrétiens
de cette église ont péri, ils ne peuvent l'imputer
qu'à leur
résistance à l'Esprit, à leur
obstination à préférer tout
autre joug à celui de Jésus ;
à leur tiédeur, à leur manque
actuel de foi, à l'indifférence avec
laquelle ils rejetaient une grâce qui leur
était librement offerte et qui avait
été si chèrement
achetée ; grâce suffisante, s'ils
l'avaient cherchée, s'ils avaient voulu en
profiter, pour les faire triompher dans ce combat
auquel Jésus a appelé ses disciples,
et où il est en son pouvoir, comme
consommateur de leur foi, de rendre le
chrétien plus que vainqueur.
Mais si les églises et les chrétiens
étaient alors tels que l'Esprit les
dépeint, que dirions-nous des églises
et des chrétiens de nos jours, ou
plutôt nous vous le demanderons à
vous-même, lecteur, quelle est votre propre
espérance en Dieu ? quelles sont les
oeuvres de votre foi ?
Si à une époque où le
christianisme était encore dans son premier
éclat, lorsque les vérités
divines avaient à peine cessé de
découler des lèvres des
apôtres, sur qui l'Esprit-Saint était
visiblement descendu, et sur les têtes
desquels il s'était reposé en langue
de feu ; si, dis-je, à cette
époque même une des sept
églises d'Asie avait abandonné sa
première charité, si deux autres
étaient déjà souillées
en partie par des erreurs dans la doctrine et par
des fautes dans la pratique ; si une autre
n'avait que quelque peu de personnes qui fussent
dignes des vêtements blancs ; si dans
une autre il ne s'en trouvait pas une seule ;
si enfin la dernière et la pire de ces
églises se croyait riche et dans
l'abondance, et ne savait pas qu'étant
tiède elle était misérable,
pauvre et nue ; avez-vous,
lecteur, des oreilles pour
entendre et un coeur pour comprendre ces
faits ?
Vous qui vous donnez aussi pour chrétien, ne
voyez-vous rien dans tout ceci qui puisse vous
décider à vous examiner
vous-même et à sonder, en invoquant
sur vous le même Saint-Esprit, votre
charité, votre foi, votre
patience ?
Quelles sont vos oeuvres d'amour ? et en quoi
avez-vous travaillé pour la gloire de Celui
dont vous portez le nom ?
Quelles épreuves votre foi endure-t-elle
avec patience ? de quelles tentations
sort-elle victorieuse ?
Christ est-il en vous l'espérance de la
gloire ? cette sainte espérance
purifie-t-elle votre coeur ?
Vous appartenez à une église
quelconque, mais quel est le royaume établi
au-dedans de vous ?
Êtes-vous dirigé par les principes
qu'enseignaient Christ et ses
apôtres ?
Où sont les fruits de l'Esprit, l'amour, la
joie, la paix, la douceur, la bonté, la
tempérance ?
Faites-vous des questions sur les préceptes
de l'Évangile, et demandez-vous ce que vous
dirait l'Esprit qui parla aux sept
églises ?
Ce que l'Esprit dit aux églises primitives
et apostoliques auxquelles présidait Jean,
l'apôtre bien-aimé, doit nous prouver
que nul de ceux qui ont abandonné leur
première charité, que nul de ceux qui
ont cherché à attirer les autres au
péché, que nul de ceux qui ont le
bruit de vivre et qui sont morts, que nul de ceux
qui sont tièdes, n'est un digne membre
d'aucune communion chrétienne, et que tant
qu'il persistera dans cet état, aucune
communion chrétienne ne peut lui être
profitable.
Mais à ceux-là est donné du
« temps pour se repentir. »
À ceux-là s'adressent les paroles de
l'Esprit, en supplications, en encouragements, en
exhortations et en avertissements, afin qu'ils
puissent revenir de leurs péchés
et retourner au Seigneur, afin
qu'ils puissent vivre et ne pas mourir. - Mais il y
avait dans Sodome un seul juste ; il y en
avait quelques-uns dans Sardes ;
l'Éternel les connaît et les nomme, et
la mort de ses saints est précieuse à
ses yeux.
D'un autre côté il en est un grand
nombre dont la place est déjà
marquée dans les profondeurs de l'empire de
Satan, quoique étant à
l'extérieur en communion avec une
église aussi pure que l'était celle
de Thyatire. Ainsi, quelle que puisse être
votre profession de foi, cherchez le royaume de
Dieu et sa justice, le royaume qui est la paix et
la joie dans le Saint-Esprit, et cherchez cette
justice qui consiste dans la foi en
Jésus-Christ, lequel s'est sacrifié
pour l'Église, afin de la sanctifier et de
la purifier ; et, quels que soient les
périls qui vous environnent, ne craignez
point, croyez seulement ; toutes choses sont
possibles à celui qui croit.
Ce fut parce qu'elle avait gardé la parole
de l'Eternel, parce qu'elle était
demeurée ferme dans sa foi, parce qu'elle
avait été docile aux avertissements
de l'Esprit, que l'église de Philadelphie a
tenu ferme ce qu'elle avait, et que personne ne lui
a enlevé sa couronne, quoique cette
église fût située entre celle
de Laodicée, qui était tiède,
et celle de Sardes qui était morte ; et
toute morte qu'elle était, le Seigneur y
avait trouvé quelques personnes qui
n'avaient point souillé leurs
vêtements, quelques chrétiens qui
vivaient comme vous devez vivre, dans la foi au
Seigneur Jésus ; qui étaient
morts au péché et vivants pour la
justice, tandis que tous ceux qui les entouraient
étaient morts dans leurs fautes et dans
leurs péchés.
Éprouvez donc votre foi par ses fruits,
jugez-vous vous-même, afin que vous ne soyez,
pas jugé ; sondez votre propre coeur,
et mettant à profit le conseil de Dieu, tel
que l'Évangile vous le révèle,
que la règle de
cet examen soit ce que l'Esprit dit aux sept
églises.
Si dans la loi de l'Éternel, si dans les
jugements de Dieu qui ont épouvanté
la terre, des choses merveilleuses vous ont
frappé d'étonnement, ah ! gardez
que le souvenir ne s'en efface quand vous ne
tiendrez plus ce livre. N'agissez pas comme si vous
n'aviez fait que lire quelques récits
oiseux, ou comme si vous n'étiez pas
destiné vous-même à être
témoin et plus que témoin d'un plus
grand jugement qui vous touchera de près, et
qui vous intéresse personnellement.
Si en parcourant quelques-unes des parties les plus
claires des prophéties, vous avez
été conduits par une voie qui vous
était inconnue auparavant, que cette voie
vous mène à la fontaine d'eau vive
jaillissante en vie éternelle, pour
quiconque en a soif et y boit.
Que les paroles de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ soient pour vous cette source
de vie.
Que les paroles de Dieu éclairent, vos yeux,
et elles réjouiront aussi votre coeur.
Cherchez aussi les Écritures, elles ne
contiennent aucun oracle faux et mensonger ;
elles rendent témoignage de Jésus, et
vous y trouverez la vie éternelle. Implorez
les lumières et l'aide de l'Esprit-Saint qui
les a inspirées.
Au-dessus de toutes les vertus chrétiennes
qui peuvent attester votre foi, mettez la
charité, l'amour de Dieu et l'amour des
hommes, cette charité ou cet amour qui est
le fruit de l'Esprit, la fin des commandements,
l'accomplissement de la loi, le lien de la
perfection, don supérieur à celui des
langues, à celui d'interprétation et
de prophétie, et sans lequel vous seriez
comme si vous n'étiez pas, quand même
vous auriez pénétré tous les
mystères et épuisé toutes les
sciences.
Faute de ce don, la terre a
été couverte de ruines. Qu'il
devienne votre partage, et
quelque pauvre que soit votre héritage sur
la terre, il vous sera plus utile que tous les
royaumes du monde et toute leur gloire. Quant aux
prophéties, elles seront abolies, et quant
aux langues elles cesseront, et quant à la
connaissance, elle sera abolie. La terre
elle-même sera consumée avec tout ce
qu'elle contient ; mais la charité ne
périt jamais
(33).
Si vous avez gardé la parole de
l'Éternel, et si vous n'avez pas
renoncé à son nom, tenez ferme ce que
vous avez, afin que personne ne vous enlève
votre couronne.
Mais si vous avez été tiède
jusqu'à ce jour, si vous n'avez eu ni la foi
ni le zèle, ni l'espérance, ni
l'amour d'un chrétien, tous les
avertissements d'une voix mortelle vous seraient
inutiles ; mais écoutez ce que dit
l'Esprit, et n'endurcissez pas votre coeur contre
la voix céleste, et contre les glorieux
encouragements qui vous sont donnés par ce
Jésus à qui les prophètes ont
rendu témoignage, et à qui le
Père a remis maintenant toutes choses.
« Je te conseille d'acheter de moi de
l'or éprouvé par le feu, afin que tu
deviennes riche, et des vêtements blancs,
afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta
nudité ne paraisse point, et d'oindre tes
yeux de collyre afin que tu voies. Je reprends et
je châtie tous ceux que j'aime ; aie du
zèle et te repends. Voici, je me tiens
à la porte et je frappe ; si quelqu'un
entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez
lui, je souperai avec lui et lui avec moi. Celui
qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon
trône, ainsi que j'ai vaincu, et me suis
assis avec mon père sur son trône. Que
celui qui a des oreilles écoute ce que
l'Esprit dit aux églises
(34) »
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