Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XV.

PROPHÉTIES CONCERNANT LES SEPT ÉGLISES D'ASIE.

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Quelque incomplet que soit le précis contenu dans les chapitres précédents sur l'évidence des prophéties, les prophéties sont si claires par elles-mêmes, et les faits qui en sont l'accomplissement sont tellement multipliés, qu'on ose défier le sceptique le plus subtil d'imaginer un système quelconque pour expliquer comment ces faits auraient pu être prédits autrement que par l'inspiration de Dieu.

La parole de la prophétie a certainement fait apercevoir bien des désolations survenues sur la terre ; mais tout en démontrant ainsi l'action « du mystère de l'iniquité », elle fait elle-même partie « du mystère de la piété ».
Les péchés des hommes leur ont attiré des désolations que la parole de Dieu avait prédites et que la cruauté des hommes a exécutées. Ces jugements ont été annoncés, il est vrai, par des signes et des avertissements, mais ils ne se sont jamais trouvés que là où l'iniquité avait d'abord prévalu.
Et quand même tous les autres avertissements de Dieu devraient être sans effet, les monuments de ses jugements passés et les indications de ses jugements à venir pourront apprendre au pécheur jusqu'ici inaccessible au repentir, à prendre garde aux menaces de sa parole, à examiner ses voies, et à revenir à lui avant que la mort ait mis le sceau à son jugement.

Toutes ces résolutions que l'Éternel a ainsi fait descendre sur la terre, et qui tendent à prouver la vérité de sa parole qui révèle la vie et l'immortalité, ne devraient-elles pas apprendre à l'homme dont ce monde est le Dieu, à ne plus le juger digne de son adoration et de son culte ? Pourquoi n'apprendrait-il pas par elle à renoncer à l'avarice qui est une idolâtrie, et pourquoi l'idole de Mammon qui est dans le temple ne tomberait-elle pas comme l'image de Dagon tomba devant l'arche qui renfermait le témoignage du Seigneur ?

Mais pour ceux qui, comme tant de millions d'hommes, font profession de la foi du Seigneur Jésus, sans sortir de la route du péché, il est une autre voix qui peut arriver plus directement à leurs oreilles. Et ce n'est pas seulement des régions désolées, jadis habitées par des païens, mais aussi des ruines de quelques-unes des villes où les apôtres avaient établi des églises et où la religion de Jésus brilla jadis dans toute sa pureté, que tous peuvent apprendre que Dieu ne fait point acception de personnes, et qu'il « ne tient point le coupable pour l'innocent. » - « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'esprit dit aux églises. »

Quelle église pourrait réclamer ou désirer un titre plus élevé que celui qui est donné dans l'Écriture aux sept églises d'Asie, dont les anges étaient les sept étoiles dans la main droite « de Celui qui est le premier et le dernier, qui vit et qui était mort, qui est vivant aux siècles des siècles, et qui tient les clefs de l'enfer et de la mort ; » ces églises qui étaient elles-mêmes « les sept chandeliers d'or au milieu desquels il marchait ? »
Et quel est celui qui a des oreilles pour entendre, et qui n'écoutera pas humblement, et pour le mettre à profit, ce que l'Esprit dit à ces églises (17?

L'Église d'ÉPHÈSE, quoique louée pour ses premières oeuvres, auxquelles il lui est ordonné de retourner, était accusée d'avoir abandonné sa première charité, et menacée de voir ôter son chandelier de sa place, si elle ne se repentait (18).
Éphèse est située à environ cinquante milles de Smyrne. Elle était la métropole de l'Ionie, elle était grande, riche, et, suivant Strabon, le marché le plus considérable de l'Asie mineure. Elle était surtout fameuse par son temple de Diane, « lequel toute l'Asie révérait », orné de 127 colonnes de marbre de Paros, toutes d'un seul bloc, hautes de soixante pieds, et regardé comme une des sept merveilles du monde. On voit encore les restes de son magnifique théâtre, où l'on dit que 20,000 spectateurs pouvaient s'asseoir commodément. Mais quelques monceaux de pierres, quelques misérables huttes en terre, passagèrement habitées par des Turcs sans qu'aucun chrétien y demeure jamais, sont tout ce qui reste de l'ancienne Éphèse (19).
Ce n'est plus, suivant la description de divers voyageurs, qu'un lieu abandonné, d'un aspect triste et solennel. Partout dans l'univers on lit l'épître aux Éphésiens ; mais à Éphèse il n'y a personne aujourd'hui qui la lise. Ils ont abandonné leur première charité, ils ne sont point retournés à leurs premières oeuvres. Leur chandelier a été ôté de son lieu, et la grande cité d'Éphèse n'existe plus (20).

L'Église de Smyrne fut louée comme « riche », et aucun jugement ne fut prononcé contre elle ; mais elle fut avertie d'une affliction de dix jours (les dix années de persécution sous Dioclétien ), et il lui fut recommandé d'être fidèle jusqu'à la mort, pour mériter que la couronne de vie lui fût accordée (21). Smyrne n'a point partagé le sort d'Éphèse, plus fameuse qu'elle ; c'est encore aujourd'hui une grande ville, contenant près de cent mille habitants et plusieurs églises grecques ; l'Angleterre et d'autres nations chrétiennes y ont eu des ministres. La lumière, il est vrai, y a perdu de son éclat, mais le chandelier n'y a pas été ôté de son lieu.

L'Église de PERGAME fut louée de ce qu'elle retenait le nom de l'Éternel, et pour n'avoir pas renoncé sa foi dans des temps de persécution et au milieu d'une ville corrompue ; mais il y en avait dans son sein qui retenaient de mauvaises doctrines et qui commettaient de mauvaises actions que l'Éternel haïssait. L'Éternel devait combattre contre eux par l'épée de sa bouche et tous étaient appelés à la repentance. Mais il n'était pas dit, comme d'Éphèse, que son chandelier serait ôté de son lieu (22).
Pergame est située au nord de Smyrne à une distance de près de 64 milles, et était autrefois la capitale de la Mysie Hellespontique. Elle contient encore aujourd'hui quinze mille habitants dont quinze cents Grecs et deux cents Arméniens qui ont leurs églises séparées.

Dans l'Église de THYATIRE, comme dans celle de Pergame, quelque ivraie s'était bientôt mêlée au bon grain ; celui qui a ses yeux comme une flamme de feu distingua l'un et l'autre. Mais heureusement pour les âmes des fidèles, plutôt que pour la conservation de la ville, voici comment l'apôtre décrit le caractère général de cette église, tel qu'il était alors :

« Je connais tes oeuvres, ta charité, ton ministère, ta foi, ta patience, et que tes dernières oeuvres surpassent les premières (23). »
Mais à l'égard de ceux qui s'étaient rendus coupables de fornication, qui avaient mangé des choses sacrifiées aux idoles, car il y en avait quelques-uns dans cette église, et à qui le Seigneur avait donné le temps pour qu'ils se repentissent de leur fornication, et qui ne s'étaient point repentis, la menace d'une grande affliction était prononcée contre eux, et il devait être rendu à chacun selon ses oeuvres.
Ces pécheurs, ainsi inutilement avertis pendant qu'ils étaient sur la terre, sont allés depuis longtemps dans ce lieu où il n'y a ni occupation, ni science, ni sagesse, ni repentance efficace. « Mais quant aux autres qui sont à Thyatire, je ne mettrai point sur eux d'autre charge, dit l'Éternel (24). »
Il y avait à Thyatire assez de justes pour sauver une ville. Thyatire existe encore, tandis que de plus grandes cités sont tombées. M. Hartley, qui la visita en 1826, dit qu'elle est comme perdue au milieu des cyprès et des peupliers ; que les Grecs y occupent trois cents maisons et les Arméniens une trentaine, chacune de ces sectes ayant son église.

L'Église de SARDES différait de celle de Pergame et de Thyatire ; ces deux églises n'avaient point renoncé leur foi, cependant l'Éternel avait plusieurs griefs contre elles, car il y avait dans leur sein quelques hommes faisant le mal et sur qui devait tomber le jugement, s'ils ne se repentaient pas. Mais a Sardes, toute grande qu'était cette ville, et bien que son église eût été fondée par un apôtre, il n'y avait que quelque peu de personnes qui n'eussent point souillé leurs vêtements, et l'Esprit avait dit à l'ange de cette église : « Je connais tes oeuvres ; c'est que tu as le bruit de vivre, mais tu es mort. »
Mais l'Éternel est patient, et ne veut pas la mort du pécheur, mais son repentir ; et tel fut l'avertissement adressé à l'ange de l'église de Sardes : « Sois vigilant et confirme le reste qui s'en va mourir, car je n'ai point trouvé tes oeuvres parfaites devant Dieu. Souviens-toi donc des choses que tu as reçues et entendues, et garde-les et te repens. Mais si tu ne veilles pas, je viendrai contre toi comme le larron, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai contre toi » (25)

L'état actuel de Sardes nous montre que l'avertissement fut inutile, et en même temps que les menaces de l'Éternel, quand on les néglige, se changent en arrêts inévitables. Sardes, capitale de la Lydie, était une ville grande et célèbre, où avaient été accumulées ces richesses de Crésus devenues proverbiales. Aujourd'hui les seules habitations que Sardes renferme sont quelques mauvaises huttes en terre, éparses parmi les ruines, demeures de bergers turcs, seule population de cette antique cité. Comme siège d'une église chrétienne elle a perdu tout ce qu'elle pouvait perdre, jusqu'à son nom. « On y chercherait en vain un seul adorateur de Jésus-Christ. »

« Écris aussi à l'ange de l'Église de PHILADELPHIE Le saint et le véritable qui a la clef de David, qui ouvre et nul ne ferme, qui ferme et nul n'ouvre, dit ces choses : Je connais tes oeuvres. Voici, je t'ai ouvert une porte, et personne ne la peut fermer, parce que tu as un peu de force, que tu as gardé ma parole, et que tu n'as point renoncé à mon nom ; parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai aussi à l'heure de la tentation qui doit arriver dans tout le monde (26). »
Les promesses de l'Éternel sont aussi infaillibles que ses menaces. Philadelphie seule résista longtemps à la puissance des Turcs, et, suivant l'expression de Gibbon, capitula enfin avec le plus fier des Ottomans. Parmi les colonies et les églises grecques de l'Asie, ajoute Gibbon, Philadelphie est encore debout ; c'est une colonne sur un vaste théâtre de ruines (27).
Quoi de plus intéressant, dit M. Hartley, que de trouver le christianisme plus florissant ici que dans beaucoup d'autres parties de l'empire turc ! la population chrétienne y est encore nombreuse, et occupe trois cents maisons ; le service divin se fait chaque dimanche dans cinq églises. Ce qui n'est pas moins intéressant, dans ces temps si fertiles en événements, et malgré la dégénération de l'église grecque en général, c'est d'apprendre que l'évêque actuel de Philadelphie regarde la Bible comme le seul fondement de toute croyance religieuse, et qu'il admet qu'il s'est glissé dans l'église des abus que l'on pouvait tolérer dans les siècles passés, mais qu'il faut détruire aujourd'hui.

Nous croyons à propos d'ajouter ici une observation de M. Hartley (28), c'est que Philadelphie est aujourd'hui appelée Allah Schehr, « la ville de Dieu, » et qu'en rapprochant cette circonstance des prédictions faites à cette église, et surtout de la promesse d'écrire le « nom de Dieu » sur ses membres fidèles, on ne peut s'empêcher d'y trouver une coïncidence singulière, pour ne rien dire de plus.
Les iniquités des hommes ont plus d'une fois prouvé combien les jugements de Dieu sont terribles ; mais parce que l'église de Philadelphie a persisté à garder sa parole, un monument de la fidélité de Dieu à remplir ses promesses a été laissé sur la terre, en attendant qu'une gloire plus grande, promise à ceux qui vainquent, leur soit donnée dans le ciel.
Le Rédempteur glorifié confirmera à leur égard la vérité de ses paroles : « Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu ; » il la confirmera aussi sûrement que Philadelphie, lorsque tout tombait autour d'elle, est restée debout, au jugement de nos ennemis eux-mêmes, « comme une colonne au milieu des ruines. »

« Écris aussi à l'ange de l'Église de LAODICÉE : L'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la créature de Dieu, dit ces choses. Je connais tes oeuvres, c'est que tu n'es ni froid ni bouillant, et si tu étais ou froid ou bouillant ! Parce donc que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche ; car tu dis : Je suis riche et je suis dans l'abondance, et je n'ai besoin de rien ; mais tu ne connais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle, et nu. Je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta nudité ne paraisse point, et de couvrir tes yeux d'un collyre, afin que tu voies »(29)
La voix qui se fait entendre dans l'Apocalypse avait trouvé quelques éloges à donner à toutes les autres églises ; dans toutes, il était resté quelque chose de bon. L'église d'Éphèse avait travaillé, et ne s'était point lassée, quoiqu'elle eût abandonné sa première charité ; et le chandelier fut ôté de son lieu : tel fut son châtiment. Un petit nombre d'infidèles souillèrent les églises de Pergame et de Thyatire, par leurs doctrines et par leur vie, mais le corps était sain, et ces églises appartenaient à Christ. Même dans Sardes, quoiqu'elle fût morte, quelque peu de personnes n'avaient point souillé leurs vêtements, et devaient marcher avec le Seigneur en vêtements blancs, car ils en étaient dignes.

Mais le Saint-Esprit n'adressa pas un. seul mot d'approbation à l'église de Laodicée ; elle était tiède sans exception ; elle fut donc vomie de la bouche du Seigneur. La religion de Jésus était devenue pour les chrétiens de cette église comme une chose ordinaire. Ils ne s'en occupaient absolument que comme de divers autres objets pour lesquels ils ne se sentaient ni plus ni moins de goût.
Le sacrifice du Fils de Dieu sur la croix ne faisait pas plus d'impression sur leur pensée qu'un présent vulgaire qu'ils eussent reçu de la main d'un homme, et l'amour de Christ n'avait pas plus d'empire sur leurs coeurs que d'autres affections.
Ils pouvaient répéter le premier et le plus grand commandement, et le second qui lui est semblable, sans que rien en leur conduite montrât leur respect pour cette loi d'amour.
Il n'y avait point parmi eux de Dorcas pour vêtir les pauvres, point de Philémon à qui l'on pût écrire : « À l'église qui est dans ta maison. »
Il n'y avait point parmi eux de serviteur qui regardât à l'oeil de son père céleste, plus qu'à celui de son maître terrestre ; rien n'était fait plutôt pour obtenir la récompense éternelle que par égard aux récompenses de la terre ; il n'y avait personne qui cherchât à faire honorer partout la doctrine de son Dieu et Sauveur.

- On n'y faisait rien comme tout doit être fait, « de bon coeur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes. »
En effet, rien dans leur vie ne semblait montrer qu'ils eussent appris que ce qui n'est pas selon la foi est péché. Leur tiédeur était cent fois pire qu'une froideur décidée ; car elle laissait bien moins d'espoir d'amélioration.
Un homme de Sardes aurait plutôt senti le frisson de la mort s'emparer de lui, et appelé un médecin à son secours, qu'un homme de Laodicée, comptant tranquillement les battements réguliers de son pouls, n'eût imaginé que la mort s'approchait de lui, et qu'il ne pouvait lui échapper.

Le caractère des chrétiens tièdes, deux mots qui se contredisent d'eux-mêmes, est le même dans tous les temps. - Telle était l'église de Laodicée. Mais quel est aujourd'hui l'état de cette ville, et combien elle diffère de ce qu'elle a été jadis !
Laodicée était la métropole de la grande Phrygie ; au rapport des auteurs païens, c'était une ville grande et célèbre. Loin d'offrir aucun symptôme de décadence, vers le commencement de l'ère chrétienne, elle s'était élevée à son plus haut point de prospérité. Ses trois théâtres, son cirque immense, capable de contenir plus de trente mille spectateurs, et dont on voit encore des restes considérables, ainsi que d'autres ruines ensevelies sous des ruines, attestent son ancienne splendeur et sa nombreuse population, preuves frappantes en même temps que dans cette ville, dont tous les chrétiens sans exception s'étaient attiré les censures de l'apôtre, habitait une multitude d'hommes « qui aimaient les voluptés plutôt que Dieu. »
L'amphithéâtre fut construit postérieurement à l'Apocalypse, et après que l'Esprit eut averti l'église de Laodicée d'avoir « du zèle et de se repentir. » Mais leurs coeurs ne s'ouvrirent ni à un renouvellement de zèle pour le service et pour la gloire de Dieu, ni à un profond chagrin de leurs péchés, ni a un sincère repentir.
Aussi quel contraste frappant entre le sort de Laodicée et celui de Philadelphie ! On chercherait en vain aujourd'hui dans les environs de Laodicée des monuments de la grandeur d'un peuple, et ces lieux consacrés aux plaisirs et à la séduction des sens. Peu de mots suffisent pour en exposer la déplorable catastrophe. Elle était tiède, elle n'était ni froide ni bouillante, et Dieu l'a vomie de sa bouche.
Elle fut aimée inutilement, inutilement réprimandée et châtiée, et elle a été effacée de dessus la terre.
Elle est maintenant aussi dénuée d'habitants que les habitants étaient dénués de toute crainte et de tout amour de Dieu, et que son église était dépourvue de foi véritable au Sauveur et de zèle pour son service.

Elle est véritablement déserte, dit le docteur Smith dans ses voyages, elle n'a pour habitants que des loups, des chacals et des renards. Les seules créatures humaines qui y apparaissent passagèrement sont des Turcomans vagabonds qui viennent dresser leurs tentes dans les ruines de son vaste amphithéâtre. On a pratiqué, dit Arundel, des fouilles parmi ses ruines et on y a trouvé à une profondeur considérable les fragments de sculpture les plus précieux (30). Il y a peu d'anciennes villes, dit le colonel Leake, qui promettent un plus grand nombre d'antiquités curieuses, si l'on voulait chercher sous la surface du sol. D'après son ancienne opulence et les tremblements de terre auxquels elle était sujette, il est plus que probable que les plus précieux ouvrages de l'art ont souvent été ensevelis sous les débris des édifices publics et particuliers (31).
Voilà ce qui explique ces paroles du Saint-Esprit : « Parce que tu es tiède et que tu n'es ni froide ni bouillante, je te vomirai de ma bouche. »

« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux églises. L'Esprit sonde toutes choses, mêmes les choses profondes de Dieu (32). »
Chaque église et chaque membre de ces églises furent pesés dans les balances du sanctuaire. Chacun d'eux fut approuvé, censuré ou averti selon son caractère et suivant ses oeuvres.
L'église elle-même était-elle pure, ses membres corrompus devaient seuls être retranchés.
L'église était-elle morte, les noms du petit nombre de membres encore vivants étaient tous écrits devant Dieu, et aucun n'était effacé du livre de vie.

Les sept églises furent toutes exhortées séparément par le Saint-Esprit, selon le besoin qu'elles avaient de ses avertissements. « La foi qui avait été donnée aux saints » leur fut prêchée, et toutes, en tant qu'églises chrétiennes, possédaient les moyens de salut. Le Fils de l'homme passa au milieu d'elles, démêlant ceux qui étaient à lui et ceux qui ne l'étaient pas.

Par la prédication de l'Évangile et par la parole écrite, chaque membre de ces églises fut averti, et tout homme fut enseigné en toute sagesse, afin que tout homme fût rendu parfait en Jésus-Christ ; et dans tout ce que l'Esprit dit à toutes ces églises et à chacune d'elles en particulier : il fait sans restriction et sans réserve, et sous les plus brillantes images, la promesse d'une félicité éternelle à celui qui vaincra. Le langage de l'amour, non moins que celui de la remontrance et de la censure, fut adressé aux Laodicéens. Et si des chrétiens de cette église ont péri, ils ne peuvent l'imputer qu'à leur résistance à l'Esprit, à leur obstination à préférer tout autre joug à celui de Jésus ; à leur tiédeur, à leur manque actuel de foi, à l'indifférence avec laquelle ils rejetaient une grâce qui leur était librement offerte et qui avait été si chèrement achetée ; grâce suffisante, s'ils l'avaient cherchée, s'ils avaient voulu en profiter, pour les faire triompher dans ce combat auquel Jésus a appelé ses disciples, et où il est en son pouvoir, comme consommateur de leur foi, de rendre le chrétien plus que vainqueur.

Mais si les églises et les chrétiens étaient alors tels que l'Esprit les dépeint, que dirions-nous des églises et des chrétiens de nos jours, ou plutôt nous vous le demanderons à vous-même, lecteur, quelle est votre propre espérance en Dieu ? quelles sont les oeuvres de votre foi ?
Si à une époque où le christianisme était encore dans son premier éclat, lorsque les vérités divines avaient à peine cessé de découler des lèvres des apôtres, sur qui l'Esprit-Saint était visiblement descendu, et sur les têtes desquels il s'était reposé en langue de feu ; si, dis-je, à cette époque même une des sept églises d'Asie avait abandonné sa première charité, si deux autres étaient déjà souillées en partie par des erreurs dans la doctrine et par des fautes dans la pratique ; si une autre n'avait que quelque peu de personnes qui fussent dignes des vêtements blancs ; si dans une autre il ne s'en trouvait pas une seule ; si enfin la dernière et la pire de ces églises se croyait riche et dans l'abondance, et ne savait pas qu'étant tiède elle était misérable, pauvre et nue ; avez-vous, lecteur, des oreilles pour entendre et un coeur pour comprendre ces faits ?
Vous qui vous donnez aussi pour chrétien, ne voyez-vous rien dans tout ceci qui puisse vous décider à vous examiner vous-même et à sonder, en invoquant sur vous le même Saint-Esprit, votre charité, votre foi, votre patience ?

Quelles sont vos oeuvres d'amour ? et en quoi avez-vous travaillé pour la gloire de Celui dont vous portez le nom ?
Quelles épreuves votre foi endure-t-elle avec patience ? de quelles tentations sort-elle victorieuse ?
Christ est-il en vous l'espérance de la gloire ? cette sainte espérance purifie-t-elle votre coeur ?
Vous appartenez à une église quelconque, mais quel est le royaume établi au-dedans de vous ?
Êtes-vous dirigé par les principes qu'enseignaient Christ et ses apôtres ?
Où sont les fruits de l'Esprit, l'amour, la joie, la paix, la douceur, la bonté, la tempérance ?
Faites-vous des questions sur les préceptes de l'Évangile, et demandez-vous ce que vous dirait l'Esprit qui parla aux sept églises ?

Ce que l'Esprit dit aux églises primitives et apostoliques auxquelles présidait Jean, l'apôtre bien-aimé, doit nous prouver que nul de ceux qui ont abandonné leur première charité, que nul de ceux qui ont cherché à attirer les autres au péché, que nul de ceux qui ont le bruit de vivre et qui sont morts, que nul de ceux qui sont tièdes, n'est un digne membre d'aucune communion chrétienne, et que tant qu'il persistera dans cet état, aucune communion chrétienne ne peut lui être profitable.
Mais à ceux-là est donné du « temps pour se repentir. » À ceux-là s'adressent les paroles de l'Esprit, en supplications, en encouragements, en exhortations et en avertissements, afin qu'ils puissent revenir de leurs péchés et retourner au Seigneur, afin qu'ils puissent vivre et ne pas mourir. - Mais il y avait dans Sodome un seul juste ; il y en avait quelques-uns dans Sardes ; l'Éternel les connaît et les nomme, et la mort de ses saints est précieuse à ses yeux.
D'un autre côté il en est un grand nombre dont la place est déjà marquée dans les profondeurs de l'empire de Satan, quoique étant à l'extérieur en communion avec une église aussi pure que l'était celle de Thyatire. Ainsi, quelle que puisse être votre profession de foi, cherchez le royaume de Dieu et sa justice, le royaume qui est la paix et la joie dans le Saint-Esprit, et cherchez cette justice qui consiste dans la foi en Jésus-Christ, lequel s'est sacrifié pour l'Église, afin de la sanctifier et de la purifier ; et, quels que soient les périls qui vous environnent, ne craignez point, croyez seulement ; toutes choses sont possibles à celui qui croit.

Ce fut parce qu'elle avait gardé la parole de l'Eternel, parce qu'elle était demeurée ferme dans sa foi, parce qu'elle avait été docile aux avertissements de l'Esprit, que l'église de Philadelphie a tenu ferme ce qu'elle avait, et que personne ne lui a enlevé sa couronne, quoique cette église fût située entre celle de Laodicée, qui était tiède, et celle de Sardes qui était morte ; et toute morte qu'elle était, le Seigneur y avait trouvé quelques personnes qui n'avaient point souillé leurs vêtements, quelques chrétiens qui vivaient comme vous devez vivre, dans la foi au Seigneur Jésus ; qui étaient morts au péché et vivants pour la justice, tandis que tous ceux qui les entouraient étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés.

Éprouvez donc votre foi par ses fruits, jugez-vous vous-même, afin que vous ne soyez, pas jugé ; sondez votre propre coeur, et mettant à profit le conseil de Dieu, tel que l'Évangile vous le révèle, que la règle de cet examen soit ce que l'Esprit dit aux sept églises.

Si dans la loi de l'Éternel, si dans les jugements de Dieu qui ont épouvanté la terre, des choses merveilleuses vous ont frappé d'étonnement, ah ! gardez que le souvenir ne s'en efface quand vous ne tiendrez plus ce livre. N'agissez pas comme si vous n'aviez fait que lire quelques récits oiseux, ou comme si vous n'étiez pas destiné vous-même à être témoin et plus que témoin d'un plus grand jugement qui vous touchera de près, et qui vous intéresse personnellement.

Si en parcourant quelques-unes des parties les plus claires des prophéties, vous avez été conduits par une voie qui vous était inconnue auparavant, que cette voie vous mène à la fontaine d'eau vive jaillissante en vie éternelle, pour quiconque en a soif et y boit.
Que les paroles de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ soient pour vous cette source de vie.
Que les paroles de Dieu éclairent, vos yeux, et elles réjouiront aussi votre coeur.
Cherchez aussi les Écritures, elles ne contiennent aucun oracle faux et mensonger ; elles rendent témoignage de Jésus, et vous y trouverez la vie éternelle. Implorez les lumières et l'aide de l'Esprit-Saint qui les a inspirées.

Au-dessus de toutes les vertus chrétiennes qui peuvent attester votre foi, mettez la charité, l'amour de Dieu et l'amour des hommes, cette charité ou cet amour qui est le fruit de l'Esprit, la fin des commandements, l'accomplissement de la loi, le lien de la perfection, don supérieur à celui des langues, à celui d'interprétation et de prophétie, et sans lequel vous seriez comme si vous n'étiez pas, quand même vous auriez pénétré tous les mystères et épuisé toutes les sciences.
Faute de ce don, la terre a été couverte de ruines. Qu'il devienne votre partage, et quelque pauvre que soit votre héritage sur la terre, il vous sera plus utile que tous les royaumes du monde et toute leur gloire. Quant aux prophéties, elles seront abolies, et quant aux langues elles cesseront, et quant à la connaissance, elle sera abolie. La terre elle-même sera consumée avec tout ce qu'elle contient ; mais la charité ne périt jamais (33).

Si vous avez gardé la parole de l'Éternel, et si vous n'avez pas renoncé à son nom, tenez ferme ce que vous avez, afin que personne ne vous enlève votre couronne.
Mais si vous avez été tiède jusqu'à ce jour, si vous n'avez eu ni la foi ni le zèle, ni l'espérance, ni l'amour d'un chrétien, tous les avertissements d'une voix mortelle vous seraient inutiles ; mais écoutez ce que dit l'Esprit, et n'endurcissez pas votre coeur contre la voix céleste, et contre les glorieux encouragements qui vous sont donnés par ce Jésus à qui les prophètes ont rendu témoignage, et à qui le Père a remis maintenant toutes choses.
« Je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta nudité ne paraisse point, et d'oindre tes yeux de collyre afin que tu voies. Je reprends et je châtie tous ceux que j'aime ; aie du zèle et te repends. Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, ainsi que j'ai vaincu, et me suis assis avec mon père sur son trône. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux églises (34) »


(17) Apocalypse, II et III.

(18
) Ibid., II, 5.

(19) Actes, XIX, 29.

20) Voyages d'Arundel aux sept Églises d'Asie.

(21) Apoc., II, 8-11.

(22) Ibid., 12-16.

(23) Apoc., II, 19 

(24) Ibid., 24.

(25) Apoc, III, 2-3.

(26) Apoc, III, 7, 8, 10.

(27) Gibbon, t. XI, ch. LXIV.

(28) Missionary Register du mois de juin 1827.

(29) Apoc. III, 14-18.

(31) Journal, p. 252. 

(32) I. Cor., II, 10.

(33) I Cor., XIII, 8.

(34) Apoc., III, 18-22.
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