Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIV.

PROPHÉTIES CONCERNANT CHRIST ET LA RELIGION CHRÉTIENNE.

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Un des caractères les plus remarquables de la religion judaïque, c'est que, tout en prétendant à une grande supériorité, et tout en se distinguant de toutes les autres religions par le culte du seul vrai Dieu, cependant elle ne s'annonce que comme l'avant-coureur d'une révélation future, plus excellente et plus parfaite.

Dans son origine, elle était adaptée à un peuple particulier et restreinte à son usage. Dans beaucoup de ses institutions, en effet elle ne convenait qu'à la Judée ; sa morale était incomplète ; ses formes extérieures multipliées, onéreuses, et sans aucune valeur en elles-mêmes (68). Il est donc évident que cette première dispensation n'était que le présage d'une autre, et que, partielle, imparfaite et temporaire, remplie des promesses « de quelque chose de meilleur », elle ne faisait qu'en préparer la voie.
Ainsi, par sa nature même, elle ne pouvait accomplir la promesse qu'elle dit avoir été faite à Abraham, qu'en lui toutes les familles de la terre seraient bénies, quoique cette promesse fût devenue la base de la dispensation, et quoique son accomplissement fût le grand but de la séparation des descendants du patriarche d'avec toutes les autres nations de la terre.

Mais la religion judaïque tendait en tout vers ce but, quoiqu'elle ne pût pas l'atteindre directement ; car la venue d'un Sauveur était le grand sujet des prophéties et la croyance universelle des Juifs. Depuis le commencement jusqu'à la fin des Livres de l'Ancien Testament, ce fait est prédit ou représenté.
Dès le premier acte de la justice divine sur les premiers auteurs de notre race, on voit la miséricorde de Dieu unie à sa justice.

Avant l'expulsion du jardin d'Eden, un rayon d'espérance vint consoler les coupables ; ce fut la promesse d'un Libérateur destiné à souffrir et à triompher.
La même promesse fut faite à Abraham sous une forme plus distincte.
Jacob parle clairement de la venue d'un Sauveur.
Moïse, le législateur et le conducteur du peuple hébreu, annonce un autre Législateur que Dieu devait susciter dans des siècles à venir (69).

Et tandis que ces premières prédictions sont faites dans la partie historique des Écritures de manière à indiquer clairement le dessein de la dispensation de Moïse, les Livres prophétiques proprement dits contiennent une exposition parfaite de la venue du Sauveur, et de tout ce qui appartient au royaume qu'il devait établir. Beaucoup de choses en apparence contradictoires sont prédites sur ce grand Libérateur dont la dignité, le caractère et les fonctions étaient toutes spéciales, et auquel le sort de l'humanité tout entière devait se trouver lié. Beaucoup de passages qui ne peuvent avoir une autre application en font témoignage :
- Ton Roi vient.
- Ton Salut approche.
- Ton Rédempteur viendra en Sion.
- Le Seigneur vient.
- Celui qui vient au nom de l'Éternel (70).

On retrouve ces mêmes expressions dans toutes les prophéties. Elles parlent clairement de la venue d'un Sauveur, et même, n'eussions-nous pas d'autres preuves, la prophétie de Daniel est assez précise pour établir le fait que nous affirmons, que la venue du Messie est prédite dans l'Ancien Testament. Le même fait est encore prouvé par la croyance universelle des Juifs dans tous les siècles. Elle est si profondément gravée dans leur coeur que, malgré la dispersion de leur race sur toute la terre, pendant dix-huit siècles après le moment fixé pour son avènement, l'attente d'un Messie forme encore entre eux un lien d'union qu'aucune distance ne peut rompre, et qu'aucune puissance humaine ne peut détruire.

Donc, puisque l'Ancien Testament contient des prophéties sur un Sauveur qui doit paraître dans le monde, il reste à savoir si tout ce qu'elles prédisent se trouve accompli dans la personne de Jésus-Christ.
Sur un sujet aussi intéressant et aussi important, qui a été si amplement traité par tant de théologiens distingués, nous ne pouvons offrir à nos lecteurs qu'un coup d'oeil sommaire, imparfait et incomplet ; mais nous le présentons pour démontrer la liaison qui existe entre l'Ancien et le Nouveau Testament, et pour qu'il serve en même temps de conclusion à toutes nos autres preuves en faveur du christianisme.

Nous rapporterons ici les traits principaux des prophéties qui se rapportent à Jésus-Christ, et leur accomplissement, en tant qu'elles indiquent l'époque de son avènement, le lieu de sa naissance, et la famille de laquelle il devait sortir ; sa vie et son caractère, ses miracles, ses souffrances, et sa mort ; la nature de sa doctrine, le but et l'effet de sa venue, et l'étendue de son royaume.

L'époque de la venue du Messie dans le monde, ainsi qu'elle est indiquée dans l'Ancien Testament, est déterminée par nombre de circonstances accessoires, qui la fixent avec précision à la date de l'avènement de Jésus-Christ.
La dernière bénédiction que Jacob donne à ses enfants, lorsqu'il leur commande de s'assembler devant lui, afin qu'il leur prédise ce qui doit leur arriver dans les derniers temps, contient cette prophétie qui se rapporte à Juda.

« Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le législateur d'entre ses pieds, jusqu'à ce que le Sçilo vienne ; et c'est à lui qu'appartient l'assemblée des peuples (71). »
Le moment fixé par cette prophétie pour la venue du Sçilo, ou du Sauveur, ne devait pas dépasser le temps pendant lequel les descendants de Juda continueraient à former un peuple uni, gouverné par un roi, d'après leurs propres lois, et ayant des juges pris d'entre leur nation. La prophétie de Malachie nous permet encore de fixer cette époque :
« Voici, je vais envoyer mon ange, et il préparera la voie devant moi, et aussitôt le Seigneur que vous cherchez et l'ange de l'alliance que vous désirez entrera dans son temple ; voici : il vient, a dit l'Éternel des armées (72). »
Il n'y a point d'expressions qui puissent indiquer plus clairement la venue du Messie promis, et elles annoncent d'une manière également précise sa présence dans le temple, avant sa destruction.
On peut encore remarquer ici que Malachie a été le dernier prophète ; après ses prédictions le sceau fut posé sur les visions et sur les prophéties, et l'Ancien Testament fut complet. Quoiqu'il y eût plusieurs prophètes immédiatement avant lui, il n'y en eut point en Israël après lui ; cependant tous les Juifs, soit des temps anciens, soit des temps modernes, s'attendent à un précurseur du Messie, pour annoncer sa venue.
La longue succession des prophètes approchait de sa fin, et les dernières paroles de l'Ancien Testament, jointes à un commandement de se ressouvenir de la loi de Moïse, semblent signifier que le premier prophète qui apparaîtrait serait l'avant-coureur du Messie.

Quant à ce qui se rapporte à la venue du Messie avant la destruction du second temple, les paroles d'Aggée sont d'une clarté remarquable :
« Le désiré de toutes les nations viendra, je remplirai cette maison de gloire, a dit l'Éternel des armées. La gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première ; et je mettrai la paix en ce lieu (73). »
Le contraste que le prophète vient d'établir entre la gloire du temple de Salomon et celui qui avait été rebâti à sa place, en comparaison duquel il déclare que le premier n'était rien ; la manière solennelle par laquelle il commence : « Car ainsi a dit l'Éternel des armées : encore une fois, et ce sera dans peu de temps, j'ébranlerai les cieux et la terre ; » l'excellence de cette dernière maison bien supérieure à celle de l'or ou de l'argent ; l'expression caractéristique du Messie, « le désiré de toutes les nations, » et le bienfait de la paix qui devait accompagner sa venue ; tout, en un mot, tend à nous montrer que c'est de lui seulement qu'il est parlé, de lui qui était l'attente d'Israël, à qui tous les prophètes rendaient témoignage, et dont la présence devait donner à ce temple une gloire plus grande que celle du premier.

Le Sauveur devait ainsi venir, selon les prophètes de l'Ancien Testament, pendant le temps de la durée du royaume de Juda, avant la destruction du temple, et immédiatement après le dernier prophète. Mais le moment est spécifié plus clairement encore.
Dans les prophéties de Daniel, il est prédit non seulement que le royaume du Messie doit commencer à l'époque de la quatrième monarchie, ou de l'empire romain ; mais le nombre précis des années qui devaient s'écouler avant sa venue est exactement indiqué :
« Il y a soixante-et-dix semaines déterminées sur ton peuple et sur la ville sainte, pour abolir le crime, pour consumer le péché, pour faire propitiation pour l'iniquité, et pour amener la justice des siècles, et pour accomplir la vision et la prophétie, et pour oindre le saint des saints ; tu sauras donc, et tu l'entendras, que depuis que la parole sera sortie, pour s'en retourner et pour rebâtir Jérusalem, jusqu'au Christ le conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines (74). »

Les semaines d'années sont un calcul employé assez fréquemment par les Juifs, et chaque septième était l'année sabbatique : soixante-dix semaines équivalaient ainsi à quatre cent quatre-vingt-dix années. Par ces paroles : le prophète indique précisément l'époque et la venue du Messie ; même il emploie l'expression, « Christ le conducteur. »

On peut tirer une conclusion très simple de toutes ces prophéties : toutes supposent une connaissance exacte de l'avenir ; toutes sont annoncées publiquement ; toutes sont parfaitement connues plusieurs siècles avant l'événement auquel elles se rapportent ; les témoignages les plus respectables parmi les Juifs sont d'accord sur leur application à l'époque de la venue du Messie (75) ; elles ont toutes rapport à d'autres événements différents nullement liés les uns aux autres, et que toute la sagacité humaine ne pouvait ni déterminer, ni concevoir ; mais elles s'accordent parfaitement sur un point où leurs différentes lignes vont toutes se rencontrer, le temps précis où Jésus parut.

Un roi régnait alors sur les Juifs, ils obéissaient à leurs propres lois, et le conseil de leur nation exerçait son autorité. Dès avant cette période, les autres tribus étaient éteintes et dispersées parmi les nations. Juda restait seul, et le dernier sceptre n'avait pas encore quitté Israël. Le temple était encore entier ; il faisait l'admiration des Romains, et aurait pu subsister pendant des siècles encore ; mais il ne se passa pas longtemps avant que toutes ces circonstances qui devaient servir à constater l'époque de la venue du Messie eussent disparu.
Dans l'année même, la douzième de son âge, où Christ apparut pour la première fois publiquement dans le temple, le roi Archelaüs fut détrôné et exilé. Coponius fut nommé procurateur, et le royaume de Judée, dernier débris de la puissance d'Israël, fut abaissé jusqu'à devenir une simple province de la Syrie. Le sceptre fut ôté des mains de la tribu de Juda, la couronne ne ceignit plus sa tête, sa gloire s'évanouit, et bientôt après la mort de Christ il ne resta pas de leur temple pierre sur pierre ; leur état politique lui-même tomba en ruines et fut divisé, et depuis lors tout ce peuple a été dispersé sur la terre, conservant son nom, mais n'étant plus une nation (76).
Environ 400 ans après la prédiction de Malachie, parut un autre prophète qui fut le précurseur du Messie ; et le témoignage de Josèphe confirme ce que l'Évangile raconte de Jean-Baptiste (77).

Tous les signes qui marquaient l'époque de la venue du Messie disparurent bientôt après la crucifixion de Christ, et ne purent jamais être renouvelés. Et, quant aux prophéties de Daniel, il est remarquable combien, à une époque éloignée, il y a eu peu de différence d'opinion parmi les hommes les plus savants, par rapport au temps qui s'écoula depuis la publication de l'édit, pour rebâtir Jérusalem après la captivité de Babylone, jusqu'au commencement de l'ère chrétienne, et jusqu'aux événements qui suivirent, et que la prophétie avait annoncés.
Notre plan ne nous permet pas les détails, mais la parfaite coïncidence des faits dont il est question dans le Nouveau Testament, et de l'histoire des Juifs, avec les subdivisions de temps qui y sont énumérées, sont encore des preuves de son exactitude générale par rapport au Christ. Cette coïncidence est d'autant plus frappante qu'elle n'est point relevée par les historiens des faits qui la constatent, et elle a été laissée à la découverte des chronologistes modernes.

Les observations suivantes du docteur Samuel Clarke, qui lui ont été suggérées en partie, dit-il, par sir Isaac Newton, jettent une grande clarté sur la prophétie.

Quand l'ange dit à Daniel : « Il y a soixante-et-dix semaines déterminées sur ton peuple, » cela fut-il écrit après l'événement ? ou peut-on raisonnablement regarder comme l'effet du hasard que, depuis la septième année du roi Artaxerxès, lorsque Ezra fut envoyé de Babylone à Jérusalem (avec la mission de rétablir le gouvernement des Juifs ), jusqu'à la mort du Christ (de l'année Nabon. 290 à l'année Nabon. 780 ), il y eut exactement 490 ans (70 semaines d'années ) ?

Quand l'ange dit à Daniel que « dans sept semaines et soixante-et-deux semaines Jérusalem serait rebâtie, et que les places et la brèche seraient rebâties dans un temps fâcheux, » (mais non pas en des temps fâcheux semblables à ceux qui devaient accompagner la venue du Christ, du Conducteur), cela fut-il écrit après que l'événement eut eu lieu ? ou peut-on avec raison regarder comme l'effet du hasard que, depuis la 28 année d'Artaxerxès, époque à laquelle la ville fut rebâtie jusqu'à la naissance du Christ (de l'an Nabon. 311 jusqu'en 745), il y eut précisément 434 ans (ou 62 semaines d'années) ?

Lorsque Daniel ajoute encore : « Et il confirmera l'alliance à plusieurs dans une semaine ? » a-t-on écrit cela après l'événement ? Est-ce un effet du hasard que, en comptant depuis la mort du Christ (33 de l'ère chrétienne) jusqu'au moment où le commandement fut donné à Pierre de prêcher à Cornélius et aux gentils (en l'an 40), il y eut exactement sept ans (une semaine d'années ) ?

Quand il ajoute : « Et à la moitié de cette semaine-là, il fera cesser le sacrifice et l'oblation, et par le moyen des ailes abominables la désolation fondra sur le désolé ! » cela fut-il écrit après l'événement, ou peut-on attribuer au hasard qu'entre l'époque de l'entrée de Vespasien en Judée, dans le printemps de l'année 67, et celle de la prise de Jérusalem par Tite, dans l'automne de l'année 70, il y eut la moitié d'une semaine d'année ou trois ans et demi (78?

Que l'époque de la venue du Messie soit clairement indiquée par les prophéties ; que l'attente de l'avènement d'un grand roi ou libérateur fût générale, non seulement parmi les Juifs, mais aussi parmi toutes les nations de l'Orient, en conséquence de ces prophéties ; que cette espérance ait ensuite porté le peuple à se révolter et ait été la cause de sa destruction, c'est ce qu'atteste le témoignage non suspect des auteurs païens, joint à celui même des Juifs, quoiqu'ils ne l'aient donné qu'à regret.

Tacite, Suétone, Josèphe et Philon s'accordent à témoigner de l'antiquité de ces prophéties et du rapport reconnu qu'elles ont à cette époque (79). Les Juifs mêmes de nos jours admettent que le temps de la venue de leur Messie, selon leurs prophéties, est passé depuis longtemps, et ils attribuent le retard de son avènement à l'état de corruption de leur nation. Ainsi donc, et par le témoignage des auteurs profanes, et par les concessions des Juifs, nous obtenons la preuve que Jésus-Christ est venu au monde précisément à l'époque où toutes les circonstances du moment tendaient à indiquer l'instant que marquaient les prophéties comme celui de l'apparition du Messie.

Les prédictions contenues dans l'Ancien Testament sur la famille dont le Messie devait sortir, et le lieu de sa naissance, sont presque aussi circonstanciés, et s'appliquent autant à Jésus-Christ que celles qui se rapportent à l'époque de sa venue.
Il devait être Israélite, de la tribu de Juda, de la famille de David, et de la ville de Bethléem.
Les deux premiers faits sont compris dans la promesse faite à Abraham, dans la prédiction de Moïse, dans la bénédiction prophétique donnée par Jacob à Juda, et dans la raison donnée pour la supériorité de cette tribu, savoir que de son sein devait sortir le grand chef de la nation.
Et les deux derniers faits, que le Messie devait être un descendant de David, et naître à Bethléem, sont clairement énoncés. « Il sortira un rejeton du tronc d'Isaïe, et un bourgeon croîtra de ses racines, et l'esprit de l'Éternel reposera sur lui (80). »
Que cette prédiction se rapporte au libérateur du genre humain, c'est ce qui est clairement indiqué par tout le chapitre qui décrit le règne du Messie, l'appel des gentils, et la restauration d'Israël.

Le même fait est prédit dans plusieurs passages des prophètes :
« Ta maison et ton règne seront assurés pour jamais devant tes yeux.
J'ai traité « alliance avec mon élu. J'ai fait serment à David mon serviteur, disant : J'établirai ta postérité pour toujours et j'affermirai ton trône d'âge en âge.
Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, que je susciterai à David un germe juste, et il régnera comme roi, il prospérera et il exercera le jugement et la justice sur la terre, et c'est ici le nom duquel on l'appellera : l'Éternel notre justice (81). »

Le lieu de la naissance du Messie est ensuite clairement prédit : « Mais toi, Bethléem vers Ephrath, quoique tu sois petite entre les milliers de Juda, c'est de toi que sortira (ou, comme signifie le mot hébreu, naîtra ) (82) celui qui doit être dominateur en Israël, et ses issues sont d'ancienneté, dès les jours éternels (83). »

Que toutes ces prédictions aient trouvé leur accomplissement en Christ, qu'il ait appartenu à ce pays, à cette tribu, à cette famille, qu'il ait été de la maison et de la postérité de David, et qu'il soit né à Bethléhem, c'est ce que nous prouvent de là manière la plus évidente le témoignage de tous les évangélistes, deux généalogies complètes et distinctes (c'est-à-dire la filiation naturelle et la filiation légale), lesquelles, selon la coutume des Juifs, étaient toujours conservées avec soin, l'acquiescement des ennemis du Christ à la vérité du fait, contre lequel l'histoire elle-même ne contient pas un seul démenti, et l'appel fait par quelques-uns des premiers chrétiens aux registres mêmes du recensement fait au moment de la naissance de notre Sauveur par les ordres de César (84). Il est impossible même de ne pas être frappé de l'accomplissement exact de ces prophéties en apparence contradictoires et inconciliables, et de la manière providentielle dont elles se sont accomplies.
Le lieu de la naissance du Christ était éloigné du lieu de la demeure de ses parents, et le pays où il commença à exercer son ministère était à une grande distance de celui de sa naissance ; c'est ainsi que fut accomplie une autre prédiction :
« Vers le pays de Zabulon et vers le pays de Nephtali, sur le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, dans la Vallée des Gentils ; les peuples qui marchaient dans les ténèbres ont vu une grande lumière, et la lumière a relui sur ceux qui habitaient dans le pays de l'ombre de la mort (85».
Ainsi, l'époque où le Messie promis devait paraître, la nation, la tribu et la famille dont il devait sortir, le lieu de sa naissance, ville peu populeuse et presque inconnue, tout est clairement prédit ; ces prédictions se rapportent aussi clairement à Jésus-Christ, et trouvent toutes leur accomplissement en lui.

Mais les événements de sa vie et les traits de son caractère sont aussi décrits avec une précision sur laquelle il est impossible de se méprendre. On nous peint ainsi l'obscurité, la simplicité et la pauvreté de sa condition :
« Or, il est monté comme un rejeton devant lui, et comme une racine qui sort d'une terre sèche. Il n'y a en lui ni forme, ni éclat, quand nous le regardons ; il n'y a rien en lui à le voir, qui nous le fasse désirer.
Ainsi a dit l'Éternel à celui qui est méprisé, à la nation détestée, à celui qui est l'esclave de ceux qui le dominent : Les rois le verront et se lèveront, et les principaux se « prosterneront devant lui (86). »
Que tel ait été l'extérieur sous lequel le Christ se montra aux hommes, toute son histoire nous le prouve.

Les Juifs, attendant dans l'orgueil de leur coeur un roi terrestre, ne firent aucune attention à toutes ces prophéties, et trompés par leurs traditions ne trouvèrent qu'une pierre d'achoppement là où, s'ils avaient sondé l'Écriture avec simplicité, ils auraient trouvé toutes les marques du Messie.
« N'est-ce point ici le fils du charpentier ? n'est-ce point ici le fils de Marie ? » disent-ils dans leur dédain.
Son humble entrée dans Jérusalem, la manière dont il fut vendu pour trente pièces d'argent, les coups et les injures qu'il reçut, le vinaigre et l'hysope qu'on lui offrit à boire en dernier lieu, le partage de ses vêtements, le sort qu'on jeta sur sa robe, son supplice, son ensevelissement, sa résurrection sans avoir senti la corruption (87), tout avait été expressément prédit, et toutes ces prédictions reçurent un accomplissement littéral. Si toutes ces prophéties peuvent s'appliquer aux événements de la vie d'un seul individu, ce ne peut être qu'à celle de l'auteur du christianisme. Et quel autre religion peut avancer un seul fait prédit sur l'apparition de son fondateur ?

Quoique les prophètes juifs représentent la personne et la condition du Messie comme dénuées de toute grandeur, cependant on dépeint son caractère comme infiniment supérieur à celui des fils des hommes.
« Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses flancs. Il n'avait point fait d'outrage, et il ne s'est point trouvé de fraude en sa bouche. L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui, l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de science et de crainte de l'Éternel.
Le Seigneur l'Éternel m'a donné une parole savante pour savoir parler à propos à celui qui est abattu.
Il paîtra son troupeau comme un berger, il rassemblera les agneaux entre ses bras, et les portera dans son sein.
Il ne brisera point le roseau froissé, et il n'éteindra point le lumignon qui fume encore.
Voici, ton roi viendra à toi, juste et sauveur, humble et monté sur un âne.
Il ne criera point, il n'élèvera point sa voix et ne se fera point entendre dans les rues.
On le presse et on l'accable, et il n'a point ouvert sa bouche ; il a été mené à la tuerie comme un agneau, et comme une brebis muette devant celui qui la tond ; même il n'a point ouvert sa bouche.
J'ai exposé mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m'arrachaient ma barbe ; je n'ai point caché mon visage pour éviter l'ignominie des crachats.
Le Seigneur m'a ouvert l'oreille, et je n'ai point été rebelle, et je ne me suis point retiré en arrière. Mais le Seigneur l'Éternel m'a aidé ; c'est pourquoi je n'ai point été confus ; c'est pourquoi j'ai rendu ma face semblable à un caillou ; car je sais que je ne serai point rendu honteux (88). »

Combien de vertus caractérisent le Messie, ainsi que l'avaient annoncé les prophètes ! avec quelle précision elles s'appliquent uniquement à Christ, et comme son caractère les réunit toutes ! sa sagesse et sa science, sa parole qui ne ressemblait à celle d'aucun homme, la sainte douceur de ses manières et de ses entretiens, sa candeur parfaite, sa pureté sans tache, sa sainteté, sa bonté et sa compassion, sa profonde humilité, son caractère pacifique, sa patience infatigable, son invincible courage, sa fermeté plus qu'héroïque, son indulgence plus qu'humaine, sa confiance en Dieu, sa résignation parfaite à sa volonté, tout est décrit dans les termes les plus précis, les plus touchants et les plus vrais ; et de tous les mortels qui ont paru sur la terre, Jésus est le seul a qui l'on puisse appliquer un semblable portrait (89).

Mahomet prétendait avoir reçu une autorité divine qui sanctionnait ses impuretés passées, et légitimait ses nouveaux crimes. Combien est différent l'appel que fait Jésus de la terre au ciel ?
« Si je ne fais point les oeuvres de mon père, ne me croyez point. »
« Sondez les Écritures, car ce sont elles qui témoignent de moi. »

Oui, elles portaient témoignage de la venue d'un Messie, de l'excellence surhumaine de son caractère moral. Et si la vie de Jésus est merveilleuse et sans pareille en elle-même, ne paraît-elle pas plus miraculeuse encore, lorsque l'on considère que toutes ses actions développent le caractère prophétique du Sauveur promis ? Les preuves extérieures et intérieures se réunissent ici, et si la vie de Christ prouve sa sainteté, elle prouve en même temps, ainsi qu'il a été annoncé par les prophètes, qu'il est le Fils de Dieu.

En décrivant les bienfaits du règne du Messie, le prophète Esaïe prédisait la grandeur et l'excellence de ses miracles :
« Les yeux des aveugles seront ouverts, et les oreilles des sourds seront débouchées ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet chantera avec triomphe (90). »
L'histoire de la vie de Jésus nous montre combien de fois de tels actes servaient à manifester sa puissance. À sa parole les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les sourds entendent, les lépreux sont nettoyés (91). »

La mort de Christ a été aussi extraordinaire que sa vie, et les prophètes parlent de ses souffrances avec autant de détails que de ses vertus. Non seulement l'agneau pascal, qui devait être tué chaque année dans toutes les familles d'Israël, qui devait être sans défaut, dont on devait répandre le sang sans rompre un seul de ses os, et qui devait être mangé avec des herbes amères ; non seulement le sacrifice d'Isaac et l'élévation du serpent d'airain dans le désert, vers lequel il fallait lever les yeux pour être guéri, et beaucoup d'autres cérémonies des Juifs, non seulement tout cela préfigure la mort de Christ, et le sacrifice qu'il devait faire pour le péché ; mais beaucoup de passages des prophéties déclarent encore positivement que le Christ devait souffrir une mort ignominieuse.

Sans parler de ces descriptions de souffrances si souvent répétées dans les psaumes, qui s'appliquent littéralement à Christ, et qui se lient à des prédictions sur le règne du Messie, le prophète Daniel, tout en fixant l'époque de sa venue, affirme que le Messie sera retranché ; et, faisant allusion au même événement, Zacharie emploie ces solennelles expressions :
« Épée, réveille-toi contre mon pasteur, et contre l'homme qui est mon compagnon, dit l'Éternel des armées ; frappe le pasteur, et les brebis seront dispersées. Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l'esprit de grâces et de supplications, et ils regarderont vers moi qu'ils auront percé et ils en feront le deuil (92). »

Esaïe, qui décrit avec une éloquence digne d'un prophète les gloires du royaume futur, caractérise avec la précision d'un historien l'humiliation, les épreuves et les injures qui doivent précéder les triomphes du Rédempteur du monde ; et l'histoire de Christ sert à la lettre de commentaire et d'accomplissement à chacune de ses prédictions. Dans un seul passage, dont la liaison est claire, l'antiquité indisputable, et l'application évidente, les souffrances du serviteur de Dieu, qui, sous la même appellation, est auparavant désigné comme celui qui doit être la lumière des gentils, le salut de Dieu jusqu'aux bouts de la terre, et l'élu de Dieu en qui son âme prend plaisir, sont prédites avec une telle exactitude que toute discussion serait superflue pour prouver qu'elles se rapportent à Jésus-Christ (93).

Parmi la multitude des passages semblables du Nouveau Testament, nous en choisissons quelques-uns que nous ajouterons à la prophétie :
« Il est le méprisé et le dernier des hommes. » - Il est venu chez soi, et les siens ne l'ont point reçu ; il n'avait pas où reposer sa tête ; ils se moquaient de lui.
« Un homme de douleur et qui sait ce que c'est que la langueur. » Jésus pleura sur la tombe de Lazare, il pleura sur Jérusalem ; il ressentit l'ingratitude et la cruauté des hommes ; il souffrit la contradiction des pécheurs ; et voici les expressions propres de sa douleur :
« Mon Père, que cette coupe passe loin de moi, s'il est possible ; mais pour cette fin suis-je venu au monde ?
Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ! »
« Nous avons comme caché notre face de lui ; il était méprisé et nous n'en avons fait aucun cas. » Alors tous ses disciples l'ayant abandonné, s'enfuirent.
Non pas celui-ci, mais Barabbas ; or, Barabbas était un brigand.
Et les soldats, s'agenouillant devant lui, se moquaient de lui.

Le prophète continue ainsi le tableau de ses souffrances :
« Il s'est chargé véritablement de nos langueurs ; nous avons cru qu'il était frappé, battu de Dieu et affligé. On le presse et on l'accable ; il a été mené à la tuerie comme un agneau. Il a été enlevé par la force de l'angoisse et par la condamnation. »
Et à cette description générale il ajoute des détails plus minutieux encore, qui en déterminent visiblement l'application à Jésus : « Il a été retranché de la terre des vivants. »

Il fut crucifié à la fleur de son âge.
« Le peuple avait ordonné son sépulcre avec le méchant, mais dans sa mort il a été avec le riche. » Joseph d'Arimathée, homme riche d'entre les Juifs, alla demander le corps de Jésus, et le déposa dans son sépulcre neuf.
« Il aura été mis au rang des méchants. » Il fut crucifié entre deux malfaiteurs.
« Tu étais défait de visage plus qu'aucun autre, et sans apparence, plus que pas un des enfants des hommes. »
Ces paroles ont été littéralement accomplies ; la sueur de sang, la couronne d'épines, les crachats au visage, les coups sur la joue, la flagellation, les clous dans les mains et dans les pieds, la lance qui lui perça le côté, tout tendit à rendre le corps de Jésus plus défait que pas un des enfants des hommes.

Or, afin de prévenir toute ambiguïté dans le sens de cette description soutenue et circonstanciée des souffrances du Messie, la dignité de sa personne, l'incrédulité des Juifs, l'innocence de la victime, et son élévation finale, tout est spécialement détaillé, et tout s'accorde avec la doctrine de l'Évangile.
« Il sera fort exalté, et il s'agrandira extrêmement. Qui a cru à notre prédiction ? Et à qui le bras de l'Éternel a-t-il été révélé ? »
« Or, il est monté comme un rejeton devant lui, etc. »

La pauvreté apparente de la condition de Jésus-Christ est la raison que la prophétie assigne au rejet que les Juifs ont fait de lui, et c'est la raison qu'ils en donnent eux-mêmes. La prédiction spécifie la cause de ses souffrances.
« Il s'est chargé véritablement de nos langueurs, et il a porté nos douleurs. »
Christ, dit saint Paul, fut offert une fois pour ôter les péchés de plusieurs.
« Il a été navré pour nos forfaits, et frappé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous apporte la paix est tombé sur lui, et nous avons la guérison par sa meurtrissure. »
Il a porté nos péchés en son corps sur le bois, dit saint Pierre, afin qu'étant morts au péché nous vivions à la justice ; et nous avons la guérison par sa meurtrissure.
« Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes détournés pour suivre chacun son propre chemin, et l'Éternel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous. »
Car vous étiez comme des brebis errantes, dit le même apôtre, mais vous êtes maintenant retournés au pasteur et à l'évêque de vos âmes.
« Il n'avait point fait d'outrage, et il ne s'est point trouvé de fraude en sa bouche. Toutefois l'Éternel a mis son âme en oblation pour le péché. »
Celui, dit saint Paul, qui n'avait point connu le péché, il l'a traité à cause de nous comme un pécheur, afin que nous devinssions justes devant Dieu par lui.

Toute cette prophétie se rapporte donc au Messie. Elle décrit son abaissement et sa dignité ; son rejet par les Juifs, ses afflictions et son agonie, sa grandeur et sa charité, la manière dont son ministère fut méconnu, la bassesse de sa condition, son silence au milieu des souffrances les plus terribles, silence qu'il ne rompt que pour intercéder pour les pécheurs.

Complètement opposée à toutes les autres dispensations de la Providence, enregistrées dans les annales des Juifs, la prophétie représente une innocence parfaite souffrant par la volonté du ciel, la mort comme la suite d'une obéissance entière, le serviteur de Dieu abandonné par lui, et celui qui était parfaitement pur portant le châtiment des coupables, lavant les nations de leurs péchés par la vertu de son sacrifice, les justifiant par sa science, ayant son héritage parmi les grands, et partageant le butin avec les puissants, parce qu'il a livré son âme à la mort.
Cette prophétie, considérée simplement comme prédiction antérieure à l'événement, fait donc de l'incrédulité même des Juifs un argument contre eux, change le scandale de la croix en preuve du christianisme, et nous présente un épitomé de la vérité, un abrégé des traits les plus frappants de l'Évangile.
La simple explication de cette prophétie suffit pour opérer la conversion de l'eunuque d'Éthiopie, et sans le secours d'un apôtre elle a la gloire d'avoir obtenu dans les temps modernes un plus noble triomphe, en renversant les préjugés si fortement enracinés, et l'incrédulité si hautement déclarée d'un homme illustre par son rang et par son génie, alors un des avocats les plus spirituels et les plus heureux de l'impiété, et un des ennemis les plus déclarés du christianisme (94).

C'est ainsi qu'il a été écrit que le Christ souffrirait, c'est ainsi qu'il fallait que le Christ souffrît, selon les Écritures ; et c'est ainsi que l'apôtre l'atteste : « Dieu a accompli ce qu'il avait prédit par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ devait souffrir. »

Que les Juifs conservent encore ces prophéties, et qu'ils soient ainsi un des instruments de leur conservation et de leur propagation sur toute la terre, quoiqu'elles témoignent si fortement contre eux-mêmes, quoiqu'elles déclarent si clairement qu'un Sauveur devait premièrement souffrir et être ensuite exalté, ce sont là des faits aussi indubitables qu'ils sont singuliers, et qui ne peuvent qu'attester la vérité du christianisme, de la manière la plus forte et la plus convaincante.

Ces prédictions, comme nous l'avons vu par la courte analyse que nous en avons faite, n'ont pas besoin d'interprétation forcée, mais elles s'appliquent de la manière la plus claire, la plus simple et la plus littérale, à l'histoire des souffrances et de la mort du Christ.
Le témoignage des Juifs sur l'existence de ces prophéties longtemps avant l'ère chrétienne, leur conservation jusqu'à ce jour, le récit que donnent les évangélistes de la vie et de la mort du Christ, le témoignage des auteurs profanes, et les arguments même des premiers adversaires du christianisme, fondés sur l'humble condition de Jésus et sur le genre de sa mort, toutes ces choses concourent ensemble à donner sur l'accomplissement de ces prophéties des preuves plus décisives que nous n'aurions cru possible d'en obtenir dans un temps aussi reculé (95).

Mais les prophéties nous parlent de la nature de l'Évangile aussi bien que du caractère de son auteur, et décrivent l'étendue de son règne aussi bien que ses souffrances. Il était prédit que le Messie révélerait la volonté de Dieu aux hommes, et qu'il établirait une religion nouvelle et plus parfaite.

« Je leur susciterai un prophète d'entre leurs frères, et je mettrai mes paroles en sa bouche, et il leur dira tout ce que j'aurai commandé, et il arrivera que quiconque n'écoutera pas les paroles qu'il aura dites en mon nom, je lui en demanderai compte.
Car l'enfant nous est né, le fils nous a été donné, et l'empire a été posé sur son épaule, et on appellera son nom l'Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Puissant, le père de l'Éternité, le prince de la Paix. Et il n'y aura point de fin à l'accroissement de l'empire, et à la prospérité du trône de David et de son règne, pour l'affermir et pour l'établir dans l'équité et dans la justice, dès maintenant et à toujours.
La jalousie de l'Éternel des armées fera cela.
Il sortira un rejeton du trône de David, et un surgeon croîtra de ses racines ; il ne jugera point par ce qui frappe les yeux, et il ne condamnera point par un ouï dire, mais il jugera avec justice les petits, et il condamnera avec droiture.
Moi qui suis l'Éternel, je t'ai appelé dans la justice, je te prendrai par la main et je te garderai, et je te ferai être l'alliance du peuple et la lumière des nations, afin d'ouvrir les yeux des aveugles.
Prêtez l'oreille et venez à moi ; écoutez, et votre âme vivra, et je traiterai avec vous une alliance éternelle pour rendre stable la miséricorde promise à David. Voici, je l'ai donné pour être témoin aux peuples, pour être conducteur, et afin qu'il commande aux peuples. Je susciterai sur elles un pasteur qui les paîtra, et je traiterai avec elles une alliance de paix.
Et il y aura une alliance éternelle avec eux. Je mettrai mon sanctuaire au milieu d'eux à toujours, et eux tous n'auront qu'un roi pour leur roi, et ils ne se souilleront plus par leurs dieux infâmes ; ils auront tous un seul pasteur, ils marcheront dans mes ordonnances, et David mon serviteur sera leur prince à toujours.
Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, que je traiterai une nouvelle alliance avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda ; et c'est ici l'alliance que je traiterai avec la maison d'Israël ; je mettrai ma loi au-devant d'eux et je l'écrirai dans leur coeur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Chacun d'eux n'enseignera plus son prochain, ni chacun son frère, en disant : Connaissez l'Éternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel, parce que je pardonnerai leur iniquité, et que je ne me souviendrai plus de leur péché (96). »

Il est souvent et expressément déclaré que ces bénédictions s'étendraient plus loin que la Judée.
« C'est peu de chose que tu sois mon serviteur pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les restes d'Israël ; mais je t'ai donné pour être la lumière des nations, et pour être mon salut jusqu'au bout de la terre (97). »

Tandis que plusieurs des prophéties, en dépeignant la gloire du royaume du Messie, se rapportent aussi à son étendue universelle et à la restauration finale des Juifs, elles décrivent en même temps la nature et les bienfaits de l'Évangile ; et il serait impossible de donner maintenant un exposé plus correct ou une définition plus juste de la doctrine de Jésus-Christ, et des conditions qu'il a proposées à l'homme, que ceux que contiennent ces mêmes prophéties, publiées plusieurs siècles avant son apparition dans le monde.
L'Évangile, comme son nom l'indique, signifie bonne nouvelle ; Christ lui-même invitait ceux qui étaient travaillés et chargés à venir à lui pour obtenir le repos de leurs âmes. Il était le messager de paix. Il vint, ainsi qu'il le dit lui-même, s'offrir en sacrifice pour les péchés du monde et révéler à l'homme la volonté de son Père céleste. Il publia les termes de notre pardon. Sa parole est encore la parole de conciliation ; sa loi, une loi de bonté ; et tous les devoirs qu'il inculque tendent à rendre l'homme digne de participer à la félicité éternelle ; tel est le but de toute son oeuvre. Qu'aurait-il pu donner de plus, qu'aurait-il pu exiger de moins ?

Les prophètes des anciens temps emploient les mêmes termes en parlant de la nouvelle loi qui devait être révélée, et de la venue du Sauveur :
« Réjouis-toi extrêmement, fille de Sion, jette des cris de réjouissance, fille de Jérusalem ; voici, ton roi viendra à toi.
Que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont beaux, de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles.
L'esprit du Seigneur l'Éternel est sur moi, c'est pourquoi l'Éternel m'a oint pour évangéliser aux débonnaires ; il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour publier aux captifs la liberté, pour publier l'année de la bienveillance de l'Éternel. »

Ayant lu ces paroles à haute voix dans la synagogue, Jésus s'écria :
« Aujourd'hui l'Écriture est accomplie. »
Il est en effet le prédicateur de la justice et de la paix, et ce n'était qu'en lui que l'Écriture pouvait trouver son accomplissement.

D'autres prophètes encore parlent de la joie qui devait surtout caractériser le règne du Messie. Il devait mettre fin aux transgressions, effacer le péché, et réconcilier les pécheurs ; il devait faire rejaillir de l'eau pure sur le peuple de Dieu, arroser de son sang les nations pour les laver de leurs iniquités, et ouvrir une source pour purifier le péché et la souillure.
« Que le méchant délaisse sa voie et l'homme inique ses pensées, et qu'il retourne à l'Éternel, et il aura pitié de lui.
Je pardonnerai leurs iniquités et je ne me souviendrai plus de leurs péchés. »

Le Messie devait être « oint pour guérir ceux qui ont le coeur brisé ; pour publier à ceux de Sion qui pleurent, que la magnificence leur sera donnée au lieu de la cendre, l'huile de joie au lieu du deuil, un manteau de louange au lieu d'un esprit affligé (98). »

L'Évangile de paix réalise toutes ces bénédictions promises. Nous voyons maintenant ce que beaucoup de prophètes et beaucoup de sages ont désiré de voir.
La religion chrétienne a été malheureusement pervertie et altérée ; mais ces corruptions mêmes ont été le sujet des prophéties. La bigoterie n'a que trop souvent terni sa perfection ; sa beauté a disparu sous le voile de la superstition, de la tyrannie et du meurtre ; mais la religion de Jésus, sortie pure de la bouche de son auteur et de la plume de ses apôtres, a en elle tout ce qu'il faut pour répandre universellement le bonheur, pour avancer efficacement la culture morale et la civilisation de l'humanité, et pour améliorer la condition et perfectionner la nature de l'homme. Sa doctrine est sainte, elle prescrit des règles de conduite pures et parfaites ; elle abolit l'idolâtrie ; elle enseigne le culte du seul vrai Dieu, elle annonce des promesses faites à tous ceux qui obéissent à sa loi ; elle révèle la seule voie du pardon pour le pécheur et lui indique le moyen d'y parvenir.

L'Évangile est une bonne nouvelle pour les débonnaires ; il bande les plaies des coeurs, et nous offre l'huile de joie au lieu du deuil, un manteau de louange au lieu d'un esprit d'affliction, ou, en d'autres mots, la consolation la plus complète dans tous les maux de la vie. Pour obtenir la confirmation de toutes ces prophéties, il ne nous est pas nécessaire de recourir au témoignage des Juifs ou à celui des premiers chrétiens ; c'est une question d'expérience et de fait.

La doctrine de l'Évangile s'accorde en tout avec les prédictions qui l'ont annoncée ; et si nous la comparons avec la cruauté, l'impureté, l'absurdité dégradante des systèmes de religion qui existaient au temps des prophètes, nous ne pouvons qu'être pénétrés de sa supériorité et reconnaître son incomparable excellence.
On adorait alors des dieux dont les vices faisaient honte à l'humanité, et l'incrédulité même n'oserait les comparer au Dieu des chrétiens ; l'usage des sacrifices était partout établi, et souvent le sang humain coulait là où la doctrine chrétienne de la réconciliation pour l'iniquité était inconnue.
Et dès que nous sortons des pays chrétiens, si nous regardons vers l'Afrique, vers l'Inde, ou vers la Chine, nous avons encore devant les yeux les spectacles les plus révoltants dans les cérémonies religieuses des hommes. En envisageant donc la supériorité du christianisme seulement comme ayant été le sujet de la prophétie, on ne peut guère se refuser à reconnaître que les prédictions qui se rapportent à cette excellence et les bienfaits qu'elles promettent ont reçu leur entier accomplissement dans l'Évangile de Jésus-Christ.

Mais, tout en prouvant sa vérité par l'accomplissement même de ces anciennes prophéties, on ne demande point à l'incrédule de renoncer à un seul iota de son incrédulité, sur aucune matière qui puisse admettre le moindre doute ; car il y a beaucoup de prophéties à la vérité desquelles chaque chrétien peut rendre témoignage, et dont l'accomplissement est prouvé par les incrédules eux-mêmes. Que l'Évangile ait pris sa source à Jérusalem, que la plupart des Juifs l'aient rejeté, qu'il ait eu à combattre la puissance humaine, que l'idolâtrie ait été renversée devant lui, que les rois de la terre se soient soumis à son joug, qu'il existe depuis plusieurs siècles, qu'il s'étende sur un grand nombre de contrées, voilà des faits clairement prédits et littéralement accomplis.

« Car la loi sortira de Sion et la parole de l'Éternel de Jérusalem ; il exercera les jugements parmi les nations (99).
Il sera votre sanctuaire ; mais il sera une pierre d'achoppement et un rocher de trébuchement aux deux maisons d'Israël, en piège et en filets aux habitants de Jérusalem !
Pourquoi les rois de la terre s'assemblent-ils et les princes consultent-ils ensemble contre l'Éternel et contre son Christ (1) ? »

De la même manière, Christ prédisait souvent à ses disciples la persécution qui les atteindrait et le triomphe final de l'Évangile, malgré toute l'opposition qu'il aurait à combattre (2).

« L'Éternel sera seul haut élevé en ce jour-là ; et pour ce qui est des idoles elles seront toutes détruites. Et je vous nettoierai de tous vos dieux infâmes. Je retrancherai les noms des faux dieux du pays et on n'en fera plus mention (3).
À celui qui est esclave de ceux qui le dominent : Les rois le verront et se lèveront, et les principaux se prosterneront devant lui. Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la splendeur qui se lèvera sur toi. Et les rois seront tes nourriciers et les princesses leurs femmes tes nourrices (4).
Les nations verront ta justice, et on t'appellera d'un nouveau nom que la bouche de l'Éternel aura expressément déclaré. En ce jour-là il arrivera que les nations rechercheront la racine d'Isaï, dressée pour enseigne des peuples, et son séjour ne sera que gloire. Et je traiterai avec vous une alliance éternelle. Voici, tu appelleras la nation que tu ne connaissais point, et les nations qui ne te connaissaient point accoureront à toi (5). »

À l'époque où ces prophéties parurent, il n'y avait pas sur toute la surface du monde le moindre signe de ce royaume spirituel, de cette religion pure qu'elles prédisent si clairement devoir s'étendre non seulement sur la Judée et sur toutes les contrées éloignées que les prophètes seuls connaissaient, mais aussi sur tous les peuples des gentils, et même jusqu'aux extrémités de la terre.
Maintenant chacun sait que la religion qui enseigne la piété, la pureté, la charité, qui délivre l'homme de tous ces rites pénibles, qui l'affranchit de toutes ces institutions barbares, et qui offre à l'humanité le plus grand des bienfaits ; que cette religion, disons-nous, prit naissance en Judée, au sein du peuple le plus égoïste et le plus sensuel de la terre ; que persécutée à son origine, et rejetée par les Juifs, elle s'est cependant répandue sur plusieurs nations, qu'elle s'est étendue jusqu'à celles qu'un immense intervalle séparait de son berceau et de son centre d'action, et qu'elle invite sans exception le monde entier à participer aux privilèges qu'elle accorde, sans faire de distinction quelconque entre le Barbare et le Scythe, l'esclave et l'homme libre.

Un poète latin, qui vécut au commencement de l'ère chrétienne, parle des Bretons barbares comme séparés de la terre entière. Et cependant, quoique la Grande-Bretagne fût plus éloignée de la Judée que de Rome, la loi sortie de Jérusalem lui a fait perdre sa réputation de barbarie ; dans cette île éloignée des gentils, les prophéties qui déclarent que le royaume du Messie s'étendra jusqu'aux bouts de la terre ont reçu leur accomplissement ; et aujourd'hui, si d'une île éloignée des gentils nous portons nos regards vers une autre île, de l'océan du nord à l'océan du sud, d'une extrémité du globe à l'autre, nous verrons encore l'influence régénératrice de l'Évangile dans l'extinction .de l'idolâtrie, et l'abolition des rites cruels et barbares du paganisme.

Mais ce fut à une époque où, excepté la seule terre de la Judée, la lumière de la vérité divine n'éclairait pas le monde, ce fut lorsque toutes les autres nations, par rapport à la religion, étaient plongées dans les ténèbres, adonnées à une superstition grossière et à une idolâtrie aveugle; ce fut lorsque les hommes se formaient à eux-mêmes des divinités de choses corruptible  ;

ce fut lorsqu'on déifiait, après leur mort, ceux-là mêmes qui avaient donné l'exemple des vices les plus grossiers ; ce fut lorsqu'on remplaçait la religion par des rites affreux et obscènes ; ce fut lorsque la nation la plus éclairée du monde élevait publiquement un autel au Dieu inconnu, et ne mettait point de bornes au nombre de ses divinités ; ce fut au moment où l'un des plus célèbres philosophes du paganisme, l'un des plus purs de ses moralistes, désespérant de parvenir à la vérité par des moyens humains, demandait une révélation divine comme unique voie de salut (6) ; ce fut lorsque le nombre des esclaves dépassait celui des hommes libres ; ce fut lorsqu'il n'y avait aucun espoir de pouvoir sortir de cet état d'esclavage spirituel et temporel ; ce fut alors que la voix de la prophétie se fit entendre dans la terre de la Judée, ce fut alors qu'elle annonça le jour glorieux qui allait luire sur le monde.

Et d'où cette lumière pouvait-elle descendre, que du ciel ? - Le Messie fut promis ; le prince de la paix allait paraître ; une pierre allait être détachée de la montagne sans main, qui devait frapper et mettre en pièces les royaumes du monde.
Mais le règne spirituel du Messie est décrit en termes qui indiquent tout à la fois sa nature, sa durée, son étendue :
« Sa renommée durera toujours, sa réputation ira de père en fils, tant que le soleil durera. On sera béni en lui. Toutes les nations le publieront bienheureux. Il dominera depuis une mer jusqu'à l'autre, et depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. Demande-moi, et je te donnerai pour ton héritage les nations, et pour ta possession les bouts de la terre. Tous les bouts de la terre s'en souviendront et se convertiront à l'Éternel, et toutes les familles des nations se prosterneront devant toi (7).
Je t'ai donné pour être la lumière des nations, et pour être mon salut jusqu'aux bouts de la terre. - La gloire de l'Éternel se manifestera, et toute chair la verra en même temps, car la bouche de l'Éternel a parlé (8).
L'Éternel a découvert le bras de sa sainteté devant les yeux de toutes les nations. Il ne se retirera point, ni ne se précipitera point jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre, et les îles s'arrêteront à sa loi (9)
Il enlèvera l'enveloppe redoublée qu'on voit sur tous les peuples, et la couverture qui est étendue sur toutes les nations (10).
J'étais recherché par ceux qui ne s'informaient pas de moi, et j'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient point ; j'ai dit à la nation qui ne s'appelait point de mon nom : Me voici, me voici (11).
Il arrivera aux derniers jours, disent Esaïe et Michée dans les mêmes paroles, que la montagne de la maison de l'Éternel sera affermie au sommet des montagnes, et élevée par-dessus les coteaux, et toutes les nations y aborderont (12).
Il arrivera que dans le lieu où on leur aura dit : Vous n'êtes plus mon peuple, on leur dira : Vous êtes les enfants du Dieu fort et vivant (13).
L'abondance de la mer se tournera vers toi, et la puissance des nations viendra à toi (14).
Réjouis-toi avec des chants, de triomphe ; stérile qui n'enfantais point ; éclate de joie avec des chants de triomphe, car les enfants de celle qui était abandonnée seront en plus grand nombre que les enfants de celle qui était mariée (plus de Gentils que de Juifs ). Élargis le lieu de la tente, et qu'on étende les rideaux de ton pavillon, ne néglige rien ; allonge tes cordages ; car tu te répandras à droite et à gauche, et ta postérité possédera les nations, car celui qui t'a formé sera ton époux ; l'Éternel des armées est son nom, il sera appelé le Dieu de toute la terre (15).
Le désert et le lieu aride se réjouiront, et la solitude sera dans l'allégresse, et fleurira comme une rose (16).

Ces prophéties ont toutes rapport à l'étendue du règne du Messie, et toutes claires, tout amples qu'elles sont, elles ne forment qu'une très petite, portion des prédictions qui ont le même objet.
Nous devons donc examiner non seulement ce qui en reste encore à accomplir, mais tout ce qui en a déjà été accompli, et dont il aurait été impossible à notre sagesse bornée de concevoir la moindre idée. Toutes, elles ont été publiées plusieurs siècles avant l'existence de cette religion dont elles décrivent si minutieusement les progrès ; cependant, lorsque nous comparons l'état actuel des pays où l'Évangile est professé dans sa pureté, avec celui dans lequel ils étaient à l'époque où le soleil de justice commença à luire sur eux, nous voyons partout la lumière dissipant les ténèbres, l'ignorance et le paganisme disparaissant devant les efforts de la science et de la culture morale.

Malgré toutes les probabilités humaines, malgré toutes les prévisions de la sagesse et de la puissance de l'homme, l'Évangile de Jésus, propagé d'abord par quelques obscurs pêcheurs de la Galilée, a sapé dans leurs fondements les temples païens, a renversé les autels impurs, a jeté hors des palais et des chaumières les faux dieux ; toutes les nations civilisées reconnaissent son autorité ; il a triomphé depuis son origine jusqu'à ce jour, malgré la persécution, malgré l'opposition la plus forte et la plus violente, malgré les attaques les plus directes, malgré tous les pièges de ses adversaires cachés ; et combattant, comme il a toujours combattu, contre les mauvaises passions de l'homme qui les portent à lui résister et à la pervertir, il demeure encore debout, et le cours de quinze siècles ne fait que confirmer toutes les anciennes prophéties, et vérifie à l'heure qu'il est la déclaration de son auteur : « Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre lui. »

Qui aurait pu concevoir que jamais un tel système religieux serait formé, qu'il serait institué, combattu, établi, propagé sur toute la surface du globe, embrassé par tant de nations, protégé par des rois et des princes, et regardé comme règle de foi, comme la volonté même de Dieu ? Comment toutes ces choses et beaucoup d'autres encore auraient-elles pu être prédites, comme elles l'ont été sans aucun doute, tant de siècles avant la venue de l'auteur du christianisme, si ces prophéties n'étaient pas en elles-mêmes une preuve venue d'en haut, que chaque prophétie et son accomplissement sont l'oeuvre de Dieu, et non celle de l'homme ?
Quel mortel non inspiré eût pu décrire la nature, les effets et les progrès du christianisme, quand aucun d'eux n'aurait pu se faire seulement l'idée de son existence ? car le paganisme ne consistait qu'en cérémonies extérieures, en sanglants sacrifices et en prétendus mystères. Sa tolérance, il est vrai, a été vantée, et non sans cause ; car il tolérait tout ce qui est impie et absurde en religion, tout ce qui est impur et vicieux en morale.

Mais les prophètes juifs, alors même que le monde était plongé dans les ténèbres et ne pouvait leur fournir aucune lumière pour les guider dans cette connaissance, annoncèrent la naissance d'une religion qui ne se piquerait point de cette espèce de tolérance, mais qui révélerait la volonté et enseignerait le culte du seul vrai Dieu ; religion qui consisterait en obéissance morale, qui demanderait de la pureté dans la vie et dans les moeurs, qui abolirait tous les sacrifices, en révélant un seul moyen de réconciliation avec Dieu ; qui se ferait comprendre à tous par la simplicité de ses préceptes, mais qui ne saurait tolérer le mal en aucune manière ; doctrine en tout contraire au paganisme, et pour laquelle rien sur la terre n'aurait pu leur servir de modèle.

Ces prophètes, dans toutes les nations qui existaient autour d'eux, ne pouvaient découvrir que le culte d'un nombre infini de divinités et d'idoles ; ils auraient parcouru le monde entier, qu'ils n'y auraient trouvé que dépravation spirituelle et morale ; et cependant ils annoncent l'abolition finale du polythéisme et de l'idolâtrie. Le système religieux des Juifs était local, et les Juifs prédisaient une religion qui devait commencer à Jérusalem, et s'étendre ensuite jusqu'aux extrémités de la terre.
Il est donc improbable, ou plutôt absolument incroyable que ces prédictions eussent jamais pu être faites par la sagesse humaine, ou accomplies par la puissance de l'homme ; et lorsque ces deux merveilles se rencontrent, elles fournissent une nouvelle preuve de la vérité. - Comme point d'histoire, les progrès du Christianisme sont au moins étonnants, et comme accomplissement de tant de prophéties, ils sont évidemment miraculeux.

L'influence et l'étendue du règne de l'Évangile ne sont pas moins clairement prédits dans le Nouveau Testament que dans l'Ancien. Une seule citation peut nous suffire :
« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, portant l'Évangile éternel, pour l'annoncer à ceux qui habitent sur la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple. »
Telles sont les paroles d'un homme banni, exilé dans une petite île d'où il ne pouvait sortir ; d'un disciple d'une religion nouvelle partout décriée et persécutée. Elles furent prononcées à une époque où il était impossible qu'elles fussent réalisées autant qu'elles le sont maintenant, lors même que tout le pouvoir de l'homme se fut réuni pour propager l'Évangile, au lieu d'être employé à l'éteindre. Il était alors extrêmement difficile de répandre la science ; l'art de l'imprimerie était ignoré : et plusieurs pays qui professent maintenant le christianisme étaient encore inconnus.
Et quelque nombreux que soient maintenant les ouvrages imprimés, et ils le sont plus qu'à aucune autre période de l'histoire, quelqu'étendues que soient les relations actuelles du commerce, la manière dont l'Écriture Sainte a été répandue est bien plus étonnante que l'accroissement des uns ou des autres. Elle est parvenue dans des régions inconnues à tous les autres ouvrages du génie de l'homme, elle a pénétré dans des contrées que n'a point encore exploitées la fureur des spéculations commerciales.

La vérité de la prophétie du pauvre exilé de Patmos est maintenant mise au jour ; elle a en sa faveur une prescription de dix-sept siècles ; il est évident maintenant que ce n'était point là une vision humaine, puisque l'Évangile éternel a été communiqué d'une manière inouïe à tous ceux qui habitent sur la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, à tout peuple. L'Europe et l'Amérique professent le christianisme ; dans toutes les portions du globe on trouve des chrétiens. L'Évangile est traduit en 150 langues et dialectes qu'on parle d'une extrémité de la terre à l'autre ; et quel autre livre depuis la création a été lu ou connu dans la dixième partie de ce nombre de langues !..
Quelles que soient donc les causes secondaires qui ont amené ces événements, ou quelles que soient les opinions des hommes par rapport à eux, il n'en est pas moins vrai qu'il faut que les prophéties dont ils sont l'accomplissement aient été inspirées par Celui qui est la première grande cause de tout. Quelle autorité divine l'incrédulité peut-elle offrir, quelles doctrines l'incrédule peut-il avancer, qui équivaillent à cette preuve de la vérité du christianisme ?

Il est évident, d'après un coup d'oeil général jeté sur les prophéties qui se rapportent à Christ et à la religion chrétienne, qu'elles contiennent des prédictions exclusivement relatives à plusieurs doctrines de l'Évangile, qui ne pouvaient émaner que d'une révélation divine, et que la raison à elle seule n'aurait jamais pu découvrir ; et ces mêmes doctrines, contre lesquelles la suffisance de la sagesse humaine se révolte le plus souvent, sont par là même des preuves de leur divine origine ; car si ces doctrines n'avaient pas été contenues dans les Saintes Écritures, les prophéties qui les regardent n'auraient pu s'accomplir. Et plus elles sont merveilleuses, plus il est improbable et inconcevable qu'elles aient pu être annoncées par de simples mortels, ou qu'elles aient été plus tard constituées en système religieux.

Il est aussi évident qu'il y a plusieurs prophéties applicables à Jésus, et auxquelles aucune allusion n'est faite dans l'histoire de sa vie. L'esprit de ses disciples fut longtemps prévenu contre lui à cause de la bassesse de sa condition, préjugé très général parmi les Juifs.
Ils ne virent les prophéties qu'à travers le voile de ces traditions qui agrandissaient la puissance terrestre à laquelle ils s'attendaient, et qui avaient obscurci la nature divine du Messie promis.
Ce ne fut qu'après la résurrection de Christ, nous dit l'Écriture, que leur entendement fut ouvert pour comprendre les prophéties. - Mais tandis que l'accomplissement de beaucoup de ces prédictions n'est pas remarqué dans le Nouveau Testament, l'accomplissement de toutes et de chacune est écrit comme par une plume de fer, dans la vie, la doctrine et la mort du Sauveur, et cette preuve secondaire, indirectement mais pleinement donnée, est plus forte que ne serait un appel fait à chaque prophétie : affranchis des préjugés des Juifs, nous pouvons maintenant rassembler toutes les prophéties antérieures qui se rapportent au Messie, et les comparer avec l'histoire du Nouveau Testament, et avec la nature et la marche du christianisme ; et après avoir vu jusqu'à quel point les premières sont une représentation fidèle du dernier, nous pourrons tirer la conclusion légitime, que « l'esprit de prophétie est en effet le témoignage de Jésus ».

Après avoir repassé le tout ensemble, ne pouvons-nous pas affirmer avec hardiesse que l'époque et le lieu de la naissance de Christ, la tribu et la famille dont il sortait, son genre de vie, son caractère, ses miracles, ses souffrances et sa mort, la nature de sa doctrine et le sort de sa religion, avaient été depuis longtemps révélés ; que cette doctrine devait prendre naissance à Jérusalem, que les Juifs la rejetteraient, que dès son origine on la combattrait, et qu'elle s'étendrait jusqu'aux Gentils ; que l'idolâtrie disparaîtrait devant elle, que les rois de la terre se soumettraient à son autorité, qu'elle se répandrait parmi toute les nations, même jusqu'aux extrémités du monde : toutes ces choses n'ont-elles pas été l'objet des anciennes prophéties ?

Pourquoi donc toutes ces prophéties ?
Pourquoi, depuis l'appel fait à Abraham jusqu'à nos jours, les Juifs ont-ils été un peuple à part, séparé d'avec toutes les autres nations de la terre ?
Pourquoi, depuis le temps de Moïse jusqu'à celui de Malachie, pendant un espace de mille ans, a-t-on vu s'élever une race de prophètes qui tous témoignèrent de la venue d'un Sauveur ?
Pourquoi le livre des prophéties fut-il scellé 400 ans avant la naissance du Christ ?
Pourquoi y a-t-il encore jusqu'à ce jour une évidence incontestable, sinon miraculeuse, de l'antiquité de toutes ces prophéties, en ce qu'elles ont été religieusement conservées pendant tous ces siècles par les soins mêmes des ennemis du christianisme ?
Pourquoi une telle multitude de faits, qui ne peuvent être appliqués qu'à Jésus-Christ, ont-ils été prédits ?
Pourquoi ? - afin que ces immenses préparatifs pussent amener enfin l'Évangile de salut, et aussi pour que, comme toutes les autres oeuvres du Tout-Puissant, sa parole par Jésus-Christ ne fût jamais sans témoignage au milieu des hommes.

Ah ! si, par le rapide coup d'oeil que nous venons de jeter sur elles, ces prophéties rendent témoignage à la vérité de l'Évangile et à la sagesse de son auteur, quelle force n'auraient-elles pas pour celui qui sonderait avec soin les Écritures, et qui apprendrait par là avec quelle clarté elles parlent de Jésus !


(68) Parce qu'ils n'avaient pas accompli mes ordonnances, et qu'ils avaient rejeté mes statuts et profané mes sabbats, et que leurs yeux étaient après les dieux infâmes de leurs pères, c'est pourquoi je leur ai donné des statuts qui n'étaient pas bons, et des ordonnances par lesquelles ils ne vivraient point. (Ezéchiel, XX 24-25. - Actes, XV, 10.)

(69) Deut., XVIII, 15-18.

(70) Zach., IX, 9. - Esaïe, LIX, 20 ; LXII, 11. - Mal., III, 1. - Ps. CXVIII, 26. - Dan., IX, 25, 26.

(71) Genèse XLIX. 10.

(72) Malachie, III, 1.

(73) Aggée, II, 7, 9.

(74) Daniel, IX, 24-25.

(75) Grotius, de verit., I. V, c XVI. - Opéra, t. IV.

(76) Josèphe, Antiq., I. XVII, c XV ; XVIII.

(77) Ibid., Antiq., XVIII, c. v. 

(78) Oeuvres de Clarke, édit. in-folio, vol. II, p. 721.

(79) Suet. in Vesp. I. VIII, ch. IV. - Julius Marathus, cité par Suet., I. II, ch. XXIV. - Josephe, De bello, I. VI, ch. XXXI. - Philon de Praem. et Pen., p. 823-924. - Clarke, etc.

(80) Esaïe, XI.

(81) II. Sam., VII, 16. - Ps. LXXXIX, 4, 5. - Jérémie, XXIII, 5. 6.

(82) Genèse, X, 14 ; XV, 4. XVII, 6 - II. Sam. VII, 12.

(83) Michée, V, 2.

(84) Justin, Martyrs. Ap., II, p. 55, édit. Thirl. - Tert, sur Marc, IV, 19.

(85) Esaïe, IX, 1.

(86) Esaïe, LIII, 2 ; XLIX, 7.

(87) Zach. IX, 9 ; XI, 12. - Esaïe, L, 6. - Ps. XXII, 16 ; LXIX, 21 ; XXII, 18. - Esaïe, LII, 9. - Ps. XVI, 10.

(88) Esaïe, XI, 2, 5 ; XL, 11 ; L, 4-7 ; XLII, 2, 3 ; LIII, 7, 9. - Zacharie, IX, 9.

(89) Voyez Barrow sur le Credo.

(90) Esaïe, XXXV, 5-6.

(91) Matt., IX, 5-8 ; XI, 5.  

(92) Ps. II ; XXII, 2, 6, 7, 16, 18 ; XXXV, 7, 11,12 ; LXIX, 20, 14 ; CIX, 2, 3, 5, 25 ; Dan., IX, 26. - Zacharie, XIII, 7 ; XII, 10.

(93) Esaïe, LII, 13-15 ; et ch. LIII ; XLIX, 6 ; LII, 1.

(94) Mémoires de Rochester, par Burnet, p. 70, 71.

(95) Taciti Annal., 1. XV, c. XLIV.

(96) Deut., XVIII, 18-19. - Esaïe, IX, 5, 6 ; XI, 1, 3, 4 ; XLII, 6 ; LV, 3, 4. - Ezéchiel, XXXIV, 23, 25 ; XXXVII, 22-26, 28. - Jérémie, XXXI, 31, 33, 34.

(97) Esaïe, XLIX, 6 ; LVI, 6-8.

(98) - Esaïe, LV, 7. - Jérémie, XXXI, 34. - Daniel, IX, 9. Esaïe, LXI, 1-2. 

(99) Esaïe, II, 3, 4. - Michée, IV, 2.

(1) Esaïe, VIII, 14. - Ps. II, 2.

(2) Matt., X, 17 ; XVI, 18 ; XXIV, 14 ; XXVIII, 19.

(3) Esaïe, II, 17,18. - Ezéchiel, XXXVI, 25. - Zach., XIII, 2.

(4) Esaïe, XLIX, 7, 23 ; LX, 3.

(5) Ibid., II, 2 ; XI, 10 ; LV, 3-5.

(6) Platon, in Phaedone et in Alcibiade, II.

(7) Ps. LXXII, 8-17 ; II, 8, XXII, 28.

(8) Esaïe, XLIX, 6 ; XL, 5.

(9) Ibid., LII, 10 ; XLIII, 4.

(10) Ibid., XXV, 7.

(11) Ibid., LXV, 1.

(12) Ibid., II, 2. - Michée, IV, 1.

(13) Osée, I, 10.

(14) Esaïe, LX, 5.

(15) Ibid., LIV, 1-3, 5

(16) Ibid., XXXV, 1
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