Tout ce qu'on vient de dire est une esquisse,
bien incomplète à la
vérité, mais qui pourtant
résume les prophéties les plus
marquantes et les faits qui en démontrent
l'accomplissement : il serait donc inutile d'y
revenir encore.
Nous avons passé sur un grand nombre de
prophéties, un peu obscures peut-être,
quoiqu'elles puissent fournir des preuves assez
éclatantes en faveur de la religion.
Nous avons suivi cette marche pour éviter
l'accusation d'ambiguïté qu'on porte
contre toutes les prophéties
indistinctement. Mais, après avoir
démontré par une foule d'exemples que
les plus claires des prophéties se sont
accomplies à la lettre, nous
n'hésitons plus à les soumettre au
jugement des ennemis du christianisme ou de ceux
dont la foi est mal assurée. Sans exiger
d'eux aucune concession, nous leur demanderons s'il
leur serait facile de détruire par des
preuves contraires les preuves positives de la
vérité de la religion de
Jésus, que nous avons puisées dans
l'étude des prophéties. -
Si cette incrédulité qui
révoque en doute toute
« révélation »
les a portés à renier les promesses
et les menaces contenues dans l'Écriture
Sainte, ne peuvent-ils pas du moins
découvrir ici des témoignages
surnaturels de vérités
également surnaturelles ?
La vue ne suffit-elle pas ici pour
conduire à la
« foi » ? Ne seront-ils
pas forcés d'avouer que l'espoir du
chrétien repose sur des bases
raisonnables ? et ne devront-ils pas au moins
se livrer à un examen attentif et impartial,
non seulement des prophéties, mais de toutes
les preuves en faveur du christianisme ?
On serait mal fondé à dire que les
prophéties dont nous nous sommes
occupés ne sont pas des plus claires ;
à prétendre qu'elles tiennent de la
nature des oracles qui sortaient du nuage dont
était toujours surmonté le temple
d'Apollon, ou bien qu'elles ressemblent à
ces prétendues inspirations qui
émanaient du caveau d'Héra.
On ne saurait nier que ces prophéties
n'aient précédé de centaines
et de milliers d'années les
événements qui en sont les
corollaires et l'accomplissement : on ne
saurait nier non plus le silence absolu de tous les
autres oracles de l'antiquité. Les faits
historiques et géographiques, objets des
prophéties, ont en général un
caractère si extraordinaire, que le langage
des prophètes, alors même qu'il
décrit les choses à la lettre,
paraît exagéré, hyperbolique.
On a surtout reproché aux prophéties
d'Esaïe d'être remplies de
métaphores extravagantes
(1) »
mais, plus la métaphore
parait outrée, ou, en d'autres mots, plus le
fait annoncé semble extraordinaire, plus
aussi la divine origine des prophéties doit
se faire sentir.
On nous saura gré d'intercaler ici en entier
l'exposé suivant de la question, que nous
avons extrait d'un compte-rendu de la
première édition de cet ouvrage.
« L'argument géographique,
c'est-à-dire l'accomplissement de celles des
prophéties qui décrivent
l'état à venir de certaines nations
et l'aspect futur des pays qu'elles habitaient,
nous a toujours paru être la preuve la plus
concluante en faveur des prophéties
chrétiennes en général. Il n'y
a dans le langage du prophète aucune
obscurité, et il ne saurait y avoir deux
opinions quant à l'objet qu'il avait en vue.
On ne peut nier que le changement par lui
prédit ne se soit accompli ; on ne peut
convaincre de fausseté les témoins
qui déposent de la vérité des
faits.
L'antique gloire de ces pays et de ces royaumes
nous est attestée par la plupart des
écrivains païens qui ignoraient la
prédiction de leur décadence ;
l'état actuel de ces mêmes pays se
trouve décrit par des voyageurs modernes, la
plupart faisant profession
d'incrédulité, et souvent peu au fait
des prophéties dont leurs écrits sont
la vérification. Il ne s'agit pas ici d'un
événement
isolé qui a passé sans laisser de
traces après lui, il ne s'agit pas de
rechercher dans la vaste page de l'histoire un
caractère individuel, avec lequel d'autres
ont tant de points de ressemblance que l'on ne sait
à quoi s'en tenir.
Le prophète a nommé les lieux et les
hommes, et l'état actuel des uns et des
autres s'offre aujourd'hui même à
notre observation. L'accomplissement des
prophéties se trouve ainsi en quelque sorte
gravé sur un monument public qui se
présente aux regards de quiconque peut aller
visiter les pays en question ; et les ruines
qui servent d'inscription à ce monument
parlent une langue comprise de tous les hommes.
Les scènes prédites par les
prophéties sont une démonstration
oculaire qui nous autorise à faire usage du
langage de l'évangéliste, et à
dire avec orgueil au philosophe
incrédule : « Viens et
vois. »
Les nombreux voyageurs qui ont depuis peu
visité la Terre Sainte et les pays
environnants, ont fourni des preuves abondantes et
authentiques à l'appui d'un argument si
victorieux. La plupart de ces voyageurs n'ont
manifesté dans leurs récits aucune
intention de soutenir la cause de la
révélation, tandis que les autres y
étaient décidément hostiles.
Néanmoins, les uns, sous l'influence de
leurs préjugés, et les autres, dans
leur impartialité, ont constaté les
faits les plus confirmatifs de la
vérité des prophéties.
Ajoutons que leurs descriptions, qui souvent
rappellent le langage inspiré, portent,
quoique évidemment sans intention, sur les
points de la scène qui constituent
précisément le tableau tracé
dans les visions du
prophète. »
Assurément, le chrétien pourrait bien
ici s'en tenir à la certitude qu'il a
« de la foi, jadis transmise aux
Saints, » et abandonner
l'incrédule à ses
désolantes théories ; mais, en
réfutant les raisonnements des
incrédules d'une espèce, par les
recherches qu'ont faites des incrédules
d'une espèce différente, nous
parviendrons à donner « aux
évidences des prophéties »
toute la force qui leur appartient ; or les
uns et les autres nous fournissent conjointement
les faits les plus clairs et les arguments les plus
forts ; ils ont mis à notre disposition
des moyens qu'il suffit d'employer, pour terminer
promptement la controverse qui subsiste entre eux
et nous.
La métaphysique de Hume
(2),
et les
démonstrations mathématiques de La
Place, qui ont pour but
d'attaquer la crédibilité des
miracles, reposent sur la théorie des
probabilités. Après avoir posé
en fait que cette théorie peut logiquement
et légitimement s'appliquer aux
témoignages et aux preuves surnaturelles
d'une révélation divine, on conclut
que les miracles sont des faits qui contredisent
toute expérience, et que leur
improbabilité est telle qu'elle ôte
toute valeur aux témoignages, quels qu'ils
soient, que les siècles nous ont transmis
à leur appui. Et, à tout prendre,
nous pouvons conclure, dit Hume, qu'il n'est pas de
personne raisonnable qui, de nos jours, puisse,
à moins d'un miracle, croire à la
religion chrétienne.
Hume ignorait-il, ou comptait-il pour rien la
preuve que l'on aurait pu lui fournir, qu'il
s'opère même de nos jours des
miracles, et des miracles permanents qui doivent
fonder la croyance à la vérité
de la religion chrétienne, chez quiconque
n'est pas assez déraisonnable, assez
prévenu contre toute conviction pour refuser
de croire même à une
démonstration miraculeuse ?
On ne saurait, du reste, administrer cette preuve
d'une manière plus convenable qu'en se
conformant au calcul des probabilités, si
fort en vogue parmi les incrédules, calcul
au moyen duquel ils se vantent d'avoir
trouvé le côté faible des
témoignages produits en faveur de la
vérité des anciens miracles.
Archimède ne demandait qu'un point d'appui
pour soulever le monde. Si la concession la plus
raisonnable n'était pas chose aussi
impossible à obtenir de la part de
l'infidèle que la demande
d'Archimède, s'il consentait à
admettre ou la vérité de ses propres
principes, ou la force de la preuve
mathématique ; ou bien encore, si ses
préjugés n'étaient pas plus
inébranlables qu'un monde, l'accomplissement
actuel, palpable, d'une foule de
prophéties suffirait, certes, pour exciter
son attention, et pour le convaincre de la
vérité.
La doctrine des chances ou calcul des
probabilités est devenue une science d'une
utilité pratique et réelle dans les
affaires de la vie. Mais il est impossible, autant
que chose puisse l'être, que l'homme, dont la
vue est si bornée, ait pu choisir, d'entre
l'infinité d'événements
probables que recelait l'avenir, un seul des faits
dont les prophéties abondent ; et
d'après le principe même des
probabilités, il y aurait une chance
incalculable contre le succès d'une telle
prédiction, même dans un cas
isolé.
L'accomplissement de toute prédiction est un
miracle. Mais l'avocat du christianisme peut faire
les concessions les plus grandes, et si de son
côté l'incrédule ne
considère pas sa cause comme perdue, il doit
au moins convenir qu'il y avait autant de
probabilités négatives que
d'affirmatives en faveur de l'accomplissement de
chacune de ces prédictions ; en
d'autres mots, que les chances étaient
égales d'un côté comme de
l'autre.
Le chrétien ne se refuse pas à
combattre même sur ce terrain, qui est celui
de son adversaire ; car, sans compter tous les
détails contenus dans le livre des
prophètes sur la vie, le caractère et
la mort de Jésus-Christ, sur la nature et
l'étendue du christianisme, etc., sur la
destruction de Jérusalem, sur le sort des
Juifs dans tous les siècles et dans tous les
pays ; sans parler de l'état actuel de
la Judée, d'Ammon, de Moab, d'Edom, de
Philistie, de Babylone, de Tyr, d'Egypte, des
Arabes, etc., sans parler de l'église de
Rome et de l'histoire prophétique qui
embrasse un espace de deux mille trois cents
ans ; ne peut-on pas clairement
démontrer que plus de cent faits
différents se sont
accomplis selon la prédiction qui s'y
rattachait ? Observons en passant que la
moitié de ce nombre serait plus que
suffisante pour nous donner gain de cause selon la
théorie des probabilités, et que
pourtant nous avons cité des preuves
incontestables à l'appui de plus du double
de ce nombre de faits.
Or donc, d'après ces données, et
selon le calcul des probabilités, quelle est
la chance, en supposant que cette chance diminue de
moitié par chaque fait accompli, en faveur
de l'accomplissement de tous les faits
prédits par les prophètes, ou, en
d'autres mots, qu'est la centième puissance
de deux par rapport à l'unité
(3) ?
On voit que le calcul des probabilités ne
sert pas ici l'incrédule, puisque,
même d'après cette théorie, on
peut démontrer mathématiquement que
le nombre de chances contre lui est plus grande que
ne le serait le nombre de gouttes d'eau de la mer,
quand bien même le monde entier ne formerait
qu'un vaste océan. Avant de s'en rapporter
à une chance pareille, il importerait au
moins qu'on la pesât. Mais qui voudrait
risquer un atome contre le gain le plus grand, au
jeu où les incrédules exposent
aveuglément à un péril certain
les intérêts de
l'éternité ?
Mais chaque prédiction rapportée dans
l'Écriture, en tant que miracle de science,
est égale à tout miracle de puissance
quelconque, et n'a pu émaner que de la
Divinité. « Toutes les
prophéties sont de véritables
miracles, et c'est comme miracles seulement
qu'elles peuvent servir de preuves à la
révélation
(4). »
On peut même les
considérer, dans ce
siècle de sciences et de lumières,
comme les témoins de Jésus ; et
l'on ne saurait sans injustice les estimer comme
inférieurs en importance ou en
autorité à aucun des autres
miracles.
On conçoit que le fondateur d'une religion
nouvelle, que le messager d'une
révélation divine, ainsi que ceux
d'entre ses disciples qu'il avait chargés de
propager sa doctrine, aient, par des miracles,
donné des preuves claires et
éclatantes que leur mission leur venait d'en
haut ; mais on ne saisirait pas si clairement
le rapport entre un miracle opéré
dans la suite des siècles et une religion
depuis longtemps établie.
Or, même en supposant que ce rapport
fût facile à saisir, néanmoins,
comme tout acte isolé et passager d'un
pouvoir surnaturel est nécessairement
circonscrit par sa nature, et vu seulement par un
petit nombre de témoins, le
témoignage de ceux-ci n'aurait qu'une valeur
secondaire et ne pourrait, du moins chez une nation
chrétienne, être corroboré par
des preuves aussi complètes que celles qui
furent scellées par le sang des martyrs. Et,
quand bien même la Providence consentirait
à manifester perpétuellement son
pouvoir miraculeux (c'est ce que demandent sans
raison les hommes qui cherchent
à présenter la cessation des miracles
comme l'excuse de leur incrédulité),
si ce pouvoir se manifestait d'âge en
âge, au vu et au su de chaque individu, on
finirait par n'y voir qu'un obstacle à
l'ordre de la nature ; et en interrompant la
régularité et l'uniformité de
ses opérations, les miracles cesseraient,
à cause même de leur fréquente
répétition, d'être
considérés, comme des
événements surnaturels.
Il arriverait que, toujours sous l'influence du
scepticisme, ceux-là même qui
demandent un signe seraient les premiers à
n'y pas ajouter foi. Car la nature et la raison
s'accordent à proclamer que ceux qui n'ont
pas foi à Moïse et aux prophètes
ne se laisseraient pas persuader quand bien
même un mort ressusciterait.
Les prophéties ont un rapport direct
à la religion, et ce rapport est aussi
facile à comprendre qu'à
établir. Le sens en est naturel et
évident : tous les hommes peuvent le
lire et l'interpréter. « Ainsi dit
le Seigneur : » voilà leur
exorde ; et le fait même de leur
existence est la preuve de leur
réalité.
Loin que leur grand nombre les entache de
faiblesse, plus au contraire elles se multiplient,
plus elles nous révèlent de faits
inconnus, et plus elles nous mettent sur la voix
d'événements non encore accomplis,
plus leur authenticité ressort de toutes ces
circonstances qui nous font voir en elles les
témoins permanents et actuels de la parole
de Dieu.
De plus, les témoignages que chaque
époque dépose en faveur des
prophéties sont au-dessus de toute
chicane ; ces témoignages ne sont pas
de la nature de ceux « qui nous arrivent
imparfaits à travers une longue série
de siècles ; » ils nous sont
transmis non par des miracles, mais par des faits,
dans l'ordre ordinaire de la nature, par des faits
géographiques ou
historiques attestés par des preuves
concluantes, et la plupart de ces faits subsistent
encore et se prêtent à
l'épreuve de l'examen.
Nous n'en citerons que deux : comme ils sont
évidents pour tous, ils peuvent se passer de
tout témoignage en leur faveur : L'un
est l'histoire des Juifs expatriés, et
l'autre la conservation jusqu'à nos jours de
la parole de Dieu, conservation que l'on doit aux
ennemis même du christianisme.
Après avoir admis qu'il serait impossible
d'offrir à ce sujet des preuves plus fortes,
plus concluantes, plus clairement miraculeuses, les
disciples de Hume n'ont besoin, pour passer de la
foi « académique »
à la foi chrétienne, qu'à bien
appliquer les paroles de leur maître qui a
dit : « Tout homme sage proportionne
sa croyance à la preuve
(5). »
Peut-être alors trouveront-ils ce que Hume
s'était vainement flatté d'avoir
découvert, une éternelle sauvegarde
contre l'erreur
(6).
Bolingbroke se vantait, en résumant ses
travaux « philosophiques »,
d'avoir poussé ses investigations aussi
avant que le permettent les véritables
règles de toute humaine recherche,
c'est-à-dire de ne s'être
arrêté que là ou
s'arrêtaient les phénomènes qui
lui servaient de guides.
La philosophie chrétienne n'en demande pas
davantage : elle ouvre le livre de
l'enquête et nous présente, dans
l'accomplissement des prophéties, des
phénomènes plus surprenants que la
nature extérieure n'en a jamais offerts.
Pourvu donc qu'on n'ait d'autre but que d'arriver
à la vérité, et qu'on pousse
ses recherches aussi loin que possible, la candeur
et la raison, éclairées par la
lumière de preuves positives et
miraculeuses, ne pourront
manquer d'amener tout homme impartial à
reconnaître et à avouer l'inspiration
de l'Écriture.
L'argument que Volney a basé sur les
« ruines des Empires »
s'évanouit en présence des faits
qu'il a lui-même établis. Ces faits,
loin de militer contre la religion,
établissent directement la
vérité des prophéties, de
sorte que l'édifice fragile qu'il a
élevé s'est brisé entre ses
propres mains.
Mais le ridicule seul a souvent usurpé la
place de la raison : on en a fait la pierre de
touche de la vérité, et c'est aux
prophéties surtout qu'on a voulu
l'appliquer. Or, ne pourrait-on pas trouver une
preuve de leur inspiration jusque dans cette
dernière retraite de
l'incrédulité ?
Les ruines du monde moral sont aussi visibles aux
yeux de Dieu que les ruines du monde physique, que
celles des royaumes et des empires ; sa parole
peut prédire les unes comme les autres. Si
donc les contempteurs de la religion ne savent
découvrir de preuves de sa
réalité, ni dans les faits
historiques ni dans les objets extérieurs,
qu'ils reportent leurs regards au-dedans
d'eux-mêmes, et ils y trouveront
gravée en caractères fort lisibles la
confirmation intime de la vérité des
prophéties. Et pendant qu'ils substituent la
raillerie au raisonnement et se font forts
d'anéantir la religion par leurs sarcasmes,
aux yeux des autres hommes ils sont des preuves
vivantes de sa vérité.
« Aux derniers jours, il viendra des
moqueurs qui se conduiront par leurs propres
convoitises, et qui diront : Où est la
promesse de son avènement ? car
depuis que nos pères sont morts,
toutes choses sont demeurées dans le
même état où elles
étaient au moment de la
création ; car ils ignorent
volontairement ceci : c'est que les cieux
furent autrefois créés par la parole
de Dieu, aussi bien que la terre
qui fut tirée de l'eau, et qui subsistait
parmi l'eau, et que ce fut par ces choses
mêmes que le monde d'alors périt
étant submergé par les
eaux. »
« Il y aura au dernier temps des moqueurs
(7). »
Que si les incrédules prétendent
justement au titre de sages, et font un
légitime usage de la raison, alors,
plutôt que de placer leur
sécurité dans des spéculations
abstraites, et de se jouer ainsi des immortelles
espérances de leurs
semblables ; au lieu de
considérer le ridicule comme la pierre de
touche de la vérité religieuse, et de
donner le nom de liberté à la licence
du blasphème ; ne leur importe-t-il pas
d'examiner les preuves positives et miraculeuses de
la révélation, afin d'en
découvrir la fausseté ou d'en avouer
la puissance, et d'abandonner enfin leurs faibles
retranchements en voyant que
l'étendard de la foi
chrétienne flottera bientôt en
dépit de tous leurs efforts sur les plus
orgueilleux remparts de
l'incrédulité ? Qu'ils
produisent leurs témoins, selon l'expression
du prophète, afin qu'ils puissent se
justifier, ou qu'ils apprennent que c'est ici la
vérité et qu'ils la proclament.
Mais, pour terminer, on peut raisonnablement se
demander s'il n'y a pas je ne sais quoi qui
répugne aux principes du christianisme, dans
l'esprit de l'homme qui ne veut pas entendre parler
de Moïse et des prophètes, et dont le
coeur est lent à croire à tout ce
qu'ils ont dit, bien que la vérité de
leurs prédictions ressorte des moyens
même que l'on avait d'en découvrir la
fausseté ; bien que ces
prédictions fussent autant d'appels à
des événements sans nombre, que des
siècles éloigné devaient
produire au grand jour ; bien que l'histoire
ait répondu à ces appels et que la
démonstration oculaire les ait
confirmés, comme nos ennemis mêmes en
sont garants ; bien qu'enfin il n'ai jamais
existé d'autre vérité, quelle
qu'elle fût qui pût subir une semblable
épreuve ?
L'homme dont nous avons parlé ne se
laisserait-il pas convaincre d'une doctrine moins
morale, ou tant soit peu éloignée de
la sainteté qui est en Dieu. par des preuves
moins miraculeuses ?
Ne serions nous pas fondés à croire
que ces preuves, quoique suffisantes pour percer
les nuages de l'intelligence, sont inefficaces
à soulever le voile du coeur ?
Le scepticisme ne saurait être, en aucun cas,
un sujet de vanterie. Quoi de plus facile que de
fermer l'oeil à la lumière du
jour ? Il est facile aussi de résister,
par l'endurcissement du coeur, aux
vérités les plus claires. Et, quand
on considère d'un autre côté
qu'il y a des esprits (Newton en est un exemple )
sur lesquels les preuves des prophéties
produisent un effet tout
différent et qui ne
peuvent résister aux rayons
concentrés de cette lumière
céleste, on se demande d'où peut
venir une divergence d'opinion si grande sur un
sujet identique. Peut-on s'expliquer autrement
l'absence de conviction que par la solution que les
Écritures contiennent de cette
difficulté, par un coeur mauvais et
incrédule ? « Ils n'ont pas
voulu venir à la lumière parce que la
lumière les aurait rendus à la
liberté. »
Pendant que l'incrédule rejette tout moyen
de conviction, et qu'il fonde son espoir sur la
possibilité non démontrée de
la vérité de ses dogmes, ce sont des
preuves positives du christianisme qui
témoignent à l'homme impartial, au
croyant raisonnable et sincère, qu'il est
impossible que sa foi soit fausse. Il consulte le
livre du Seigneur, et, en voyant que nulle des
prophéties ne manque à s'accomplir,
il les considère toutes, même alors
qu'elles ne sont réalisées que par
l'effet de la colère des hommes, comme des
témoins de Dieu ; il sait en qui il
croit ; il voit s'élever et tomber les
potentats de ce monde, et la ruine de leurs empires
lui atteste la présence de Dieu, et confirme
la parole de Celui qui gouverne les nations de la
terre.
Il demeure convaincu que la plus précieuse
de toutes les vérités, que cet espoir
qui ne périt pas, est corroboré par
les plus puissants témoignages, et que le
ciel lui-même a ratifié la paix qu'il
a proclamée. Il est fermement assuré,
« que la prophétie n'a point
été apportée autrefois par la
volonté humaine ; mais que les saints
hommes de Dieu, étant poussés par le
Saint-Esprit, » ont parlé
(8) ;
et,
bien qu'il ignore par quelles opérations
procède le Saint-Esprit, il voit avec ses
yeux la démonstration de sa
puissance.
Le vrai croyant puise ainsi dans les
événements passés la certitude
des choses qui sont à venir. Il ne se
contente pas de savoir que la vie est en
Jésus-Christ ; mais ayant obtenu cette
foi précieuse qui contient le germe de
l'immortalité, et qui est comme le gage de
la vie éternelle, il éprouve
déjà en son coeur le pouvoir du monde
à venir et joint la pratique de la religion
à la théorie de ses dogmes.
Non moins zélé que ceux qui consument
leur force à ce qui est vain et
périssable, et dont le travail est sans
fruit, il dirige ses efforts vers l'acquisition
d'un héritage incorruptible, car il sait que
son travail ne lui sera pas inutile, s'il s'y
consacre en toute obéissance à cette
parole qui est la charte de son salut, et qui porte
en caractères si éclatants le sceau
et le. seing du Roi des Rois.
FIN
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