Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CONCLUSION.

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Tout ce qu'on vient de dire est une esquisse, bien incomplète à la vérité, mais qui pourtant résume les prophéties les plus marquantes et les faits qui en démontrent l'accomplissement : il serait donc inutile d'y revenir encore.
Nous avons passé sur un grand nombre de prophéties, un peu obscures peut-être, quoiqu'elles puissent fournir des preuves assez éclatantes en faveur de la religion.
Nous avons suivi cette marche pour éviter l'accusation d'ambiguïté qu'on porte contre toutes les prophéties indistinctement. Mais, après avoir démontré par une foule d'exemples que les plus claires des prophéties se sont accomplies à la lettre, nous n'hésitons plus à les soumettre au jugement des ennemis du christianisme ou de ceux dont la foi est mal assurée. Sans exiger d'eux aucune concession, nous leur demanderons s'il leur serait facile de détruire par des preuves contraires les preuves positives de la vérité de la religion de Jésus, que nous avons puisées dans l'étude des prophéties. -

Si cette incrédulité qui révoque en doute toute « révélation » les a portés à renier les promesses et les menaces contenues dans l'Écriture Sainte, ne peuvent-ils pas du moins découvrir ici des témoignages surnaturels de vérités également surnaturelles ?
La vue ne suffit-elle pas ici pour conduire à la « foi » ? Ne seront-ils pas forcés d'avouer que l'espoir du chrétien repose sur des bases raisonnables ? et ne devront-ils pas au moins se livrer à un examen attentif et impartial, non seulement des prophéties, mais de toutes les preuves en faveur du christianisme ?

On serait mal fondé à dire que les prophéties dont nous nous sommes occupés ne sont pas des plus claires ; à prétendre qu'elles tiennent de la nature des oracles qui sortaient du nuage dont était toujours surmonté le temple d'Apollon, ou bien qu'elles ressemblent à ces prétendues inspirations qui émanaient du caveau d'Héra.
On ne saurait nier que ces prophéties n'aient précédé de centaines et de milliers d'années les événements qui en sont les corollaires et l'accomplissement : on ne saurait nier non plus le silence absolu de tous les autres oracles de l'antiquité. Les faits historiques et géographiques, objets des prophéties, ont en général un caractère si extraordinaire, que le langage des prophètes, alors même qu'il décrit les choses à la lettre, paraît exagéré, hyperbolique. On a surtout reproché aux prophéties d'Esaïe d'être remplies de métaphores extravagantes (1» mais, plus la métaphore parait outrée, ou, en d'autres mots, plus le fait annoncé semble extraordinaire, plus aussi la divine origine des prophéties doit se faire sentir.

On nous saura gré d'intercaler ici en entier l'exposé suivant de la question, que nous avons extrait d'un compte-rendu de la première édition de cet ouvrage.

« L'argument géographique, c'est-à-dire l'accomplissement de celles des prophéties qui décrivent l'état à venir de certaines nations et l'aspect futur des pays qu'elles habitaient, nous a toujours paru être la preuve la plus concluante en faveur des prophéties chrétiennes en général. Il n'y a dans le langage du prophète aucune obscurité, et il ne saurait y avoir deux opinions quant à l'objet qu'il avait en vue. On ne peut nier que le changement par lui prédit ne se soit accompli ; on ne peut convaincre de fausseté les témoins qui déposent de la vérité des faits.
L'antique gloire de ces pays et de ces royaumes nous est attestée par la plupart des écrivains païens qui ignoraient la prédiction de leur décadence ; l'état actuel de ces mêmes pays se trouve décrit par des voyageurs modernes, la plupart faisant profession d'incrédulité, et souvent peu au fait des prophéties dont leurs écrits sont la vérification. Il ne s'agit pas ici d'un événement isolé qui a passé sans laisser de traces après lui, il ne s'agit pas de rechercher dans la vaste page de l'histoire un caractère individuel, avec lequel d'autres ont tant de points de ressemblance que l'on ne sait à quoi s'en tenir.

Le prophète a nommé les lieux et les hommes, et l'état actuel des uns et des autres s'offre aujourd'hui même à notre observation. L'accomplissement des prophéties se trouve ainsi en quelque sorte gravé sur un monument public qui se présente aux regards de quiconque peut aller visiter les pays en question ; et les ruines qui servent d'inscription à ce monument parlent une langue comprise de tous les hommes.
Les scènes prédites par les prophéties sont une démonstration oculaire qui nous autorise à faire usage du langage de l'évangéliste, et à dire avec orgueil au philosophe incrédule : « Viens et vois. »
Les nombreux voyageurs qui ont depuis peu visité la Terre Sainte et les pays environnants, ont fourni des preuves abondantes et authentiques à l'appui d'un argument si victorieux. La plupart de ces voyageurs n'ont manifesté dans leurs récits aucune intention de soutenir la cause de la révélation, tandis que les autres y étaient décidément hostiles. Néanmoins, les uns, sous l'influence de leurs préjugés, et les autres, dans leur impartialité, ont constaté les faits les plus confirmatifs de la vérité des prophéties. Ajoutons que leurs descriptions, qui souvent rappellent le langage inspiré, portent, quoique évidemment sans intention, sur les points de la scène qui constituent précisément le tableau tracé dans les visions du prophète. »

Assurément, le chrétien pourrait bien ici s'en tenir à la certitude qu'il a « de la foi, jadis transmise aux Saints, » et abandonner l'incrédule à ses désolantes théories ; mais, en réfutant les raisonnements des incrédules d'une espèce, par les recherches qu'ont faites des incrédules d'une espèce différente, nous parviendrons à donner « aux évidences des prophéties » toute la force qui leur appartient ; or les uns et les autres nous fournissent conjointement les faits les plus clairs et les arguments les plus forts ; ils ont mis à notre disposition des moyens qu'il suffit d'employer, pour terminer promptement la controverse qui subsiste entre eux et nous.
La métaphysique de Hume (2), et les démonstrations mathématiques de La Place, qui ont pour but d'attaquer la crédibilité des miracles, reposent sur la théorie des probabilités. Après avoir posé en fait que cette théorie peut logiquement et légitimement s'appliquer aux témoignages et aux preuves surnaturelles d'une révélation divine, on conclut que les miracles sont des faits qui contredisent toute expérience, et que leur improbabilité est telle qu'elle ôte toute valeur aux témoignages, quels qu'ils soient, que les siècles nous ont transmis à leur appui. Et, à tout prendre, nous pouvons conclure, dit Hume, qu'il n'est pas de personne raisonnable qui, de nos jours, puisse, à moins d'un miracle, croire à la religion chrétienne.

Hume ignorait-il, ou comptait-il pour rien la preuve que l'on aurait pu lui fournir, qu'il s'opère même de nos jours des miracles, et des miracles permanents qui doivent fonder la croyance à la vérité de la religion chrétienne, chez quiconque n'est pas assez déraisonnable, assez prévenu contre toute conviction pour refuser de croire même à une démonstration miraculeuse ?
On ne saurait, du reste, administrer cette preuve d'une manière plus convenable qu'en se conformant au calcul des probabilités, si fort en vogue parmi les incrédules, calcul au moyen duquel ils se vantent d'avoir trouvé le côté faible des témoignages produits en faveur de la vérité des anciens miracles.

Archimède ne demandait qu'un point d'appui pour soulever le monde. Si la concession la plus raisonnable n'était pas chose aussi impossible à obtenir de la part de l'infidèle que la demande d'Archimède, s'il consentait à admettre ou la vérité de ses propres principes, ou la force de la preuve mathématique ; ou bien encore, si ses préjugés n'étaient pas plus inébranlables qu'un monde, l'accomplissement actuel, palpable, d'une foule de prophéties suffirait, certes, pour exciter son attention, et pour le convaincre de la vérité.

La doctrine des chances ou calcul des probabilités est devenue une science d'une utilité pratique et réelle dans les affaires de la vie. Mais il est impossible, autant que chose puisse l'être, que l'homme, dont la vue est si bornée, ait pu choisir, d'entre l'infinité d'événements probables que recelait l'avenir, un seul des faits dont les prophéties abondent ; et d'après le principe même des probabilités, il y aurait une chance incalculable contre le succès d'une telle prédiction, même dans un cas isolé.
L'accomplissement de toute prédiction est un miracle. Mais l'avocat du christianisme peut faire les concessions les plus grandes, et si de son côté l'incrédule ne considère pas sa cause comme perdue, il doit au moins convenir qu'il y avait autant de probabilités négatives que d'affirmatives en faveur de l'accomplissement de chacune de ces prédictions ; en d'autres mots, que les chances étaient égales d'un côté comme de l'autre.

Le chrétien ne se refuse pas à combattre même sur ce terrain, qui est celui de son adversaire ; car, sans compter tous les détails contenus dans le livre des prophètes sur la vie, le caractère et la mort de Jésus-Christ, sur la nature et l'étendue du christianisme, etc., sur la destruction de Jérusalem, sur le sort des Juifs dans tous les siècles et dans tous les pays ; sans parler de l'état actuel de la Judée, d'Ammon, de Moab, d'Edom, de Philistie, de Babylone, de Tyr, d'Egypte, des Arabes, etc., sans parler de l'église de Rome et de l'histoire prophétique qui embrasse un espace de deux mille trois cents ans ; ne peut-on pas clairement démontrer que plus de cent faits différents se sont accomplis selon la prédiction qui s'y rattachait ? Observons en passant que la moitié de ce nombre serait plus que suffisante pour nous donner gain de cause selon la théorie des probabilités, et que pourtant nous avons cité des preuves incontestables à l'appui de plus du double de ce nombre de faits.
Or donc, d'après ces données, et selon le calcul des probabilités, quelle est la chance, en supposant que cette chance diminue de moitié par chaque fait accompli, en faveur de l'accomplissement de tous les faits prédits par les prophètes, ou, en d'autres mots, qu'est la centième puissance de deux par rapport à l'unité (3?
On voit que le calcul des probabilités ne sert pas ici l'incrédule, puisque, même d'après cette théorie, on peut démontrer mathématiquement que le nombre de chances contre lui est plus grande que ne le serait le nombre de gouttes d'eau de la mer, quand bien même le monde entier ne formerait qu'un vaste océan. Avant de s'en rapporter à une chance pareille, il importerait au moins qu'on la pesât. Mais qui voudrait risquer un atome contre le gain le plus grand, au jeu où les incrédules exposent aveuglément à un péril certain les intérêts de l'éternité ?

Mais chaque prédiction rapportée dans l'Écriture, en tant que miracle de science, est égale à tout miracle de puissance quelconque, et n'a pu émaner que de la Divinité. « Toutes les prophéties sont de véritables miracles, et c'est comme miracles seulement qu'elles peuvent servir de preuves à la révélation (4). » On peut même les considérer, dans ce siècle de sciences et de lumières, comme les témoins de Jésus ; et l'on ne saurait sans injustice les estimer comme inférieurs en importance ou en autorité à aucun des autres miracles.

On conçoit que le fondateur d'une religion nouvelle, que le messager d'une révélation divine, ainsi que ceux d'entre ses disciples qu'il avait chargés de propager sa doctrine, aient, par des miracles, donné des preuves claires et éclatantes que leur mission leur venait d'en haut ; mais on ne saisirait pas si clairement le rapport entre un miracle opéré dans la suite des siècles et une religion depuis longtemps établie.
Or, même en supposant que ce rapport fût facile à saisir, néanmoins, comme tout acte isolé et passager d'un pouvoir surnaturel est nécessairement circonscrit par sa nature, et vu seulement par un petit nombre de témoins, le témoignage de ceux-ci n'aurait qu'une valeur secondaire et ne pourrait, du moins chez une nation chrétienne, être corroboré par des preuves aussi complètes que celles qui furent scellées par le sang des martyrs. Et, quand bien même la Providence consentirait à manifester perpétuellement son pouvoir miraculeux (c'est ce que demandent sans raison les hommes qui cherchent à présenter la cessation des miracles comme l'excuse de leur incrédulité), si ce pouvoir se manifestait d'âge en âge, au vu et au su de chaque individu, on finirait par n'y voir qu'un obstacle à l'ordre de la nature ; et en interrompant la régularité et l'uniformité de ses opérations, les miracles cesseraient, à cause même de leur fréquente répétition, d'être considérés, comme des événements surnaturels.
Il arriverait que, toujours sous l'influence du scepticisme, ceux-là même qui demandent un signe seraient les premiers à n'y pas ajouter foi. Car la nature et la raison s'accordent à proclamer que ceux qui n'ont pas foi à Moïse et aux prophètes ne se laisseraient pas persuader quand bien même un mort ressusciterait.

Les prophéties ont un rapport direct à la religion, et ce rapport est aussi facile à comprendre qu'à établir. Le sens en est naturel et évident : tous les hommes peuvent le lire et l'interpréter. « Ainsi dit le Seigneur : » voilà leur exorde ; et le fait même de leur existence est la preuve de leur réalité.
Loin que leur grand nombre les entache de faiblesse, plus au contraire elles se multiplient, plus elles nous révèlent de faits inconnus, et plus elles nous mettent sur la voix d'événements non encore accomplis, plus leur authenticité ressort de toutes ces circonstances qui nous font voir en elles les témoins permanents et actuels de la parole de Dieu.
De plus, les témoignages que chaque époque dépose en faveur des prophéties sont au-dessus de toute chicane ; ces témoignages ne sont pas de la nature de ceux « qui nous arrivent imparfaits à travers une longue série de siècles ; » ils nous sont transmis non par des miracles, mais par des faits, dans l'ordre ordinaire de la nature, par des faits géographiques ou historiques attestés par des preuves concluantes, et la plupart de ces faits subsistent encore et se prêtent à l'épreuve de l'examen.
Nous n'en citerons que deux : comme ils sont évidents pour tous, ils peuvent se passer de tout témoignage en leur faveur : L'un est l'histoire des Juifs expatriés, et l'autre la conservation jusqu'à nos jours de la parole de Dieu, conservation que l'on doit aux ennemis même du christianisme.

Après avoir admis qu'il serait impossible d'offrir à ce sujet des preuves plus fortes, plus concluantes, plus clairement miraculeuses, les disciples de Hume n'ont besoin, pour passer de la foi « académique » à la foi chrétienne, qu'à bien appliquer les paroles de leur maître qui a dit : « Tout homme sage proportionne sa croyance à la preuve (5). » Peut-être alors trouveront-ils ce que Hume s'était vainement flatté d'avoir découvert, une éternelle sauvegarde contre l'erreur (6).

Bolingbroke se vantait, en résumant ses travaux « philosophiques », d'avoir poussé ses investigations aussi avant que le permettent les véritables règles de toute humaine recherche, c'est-à-dire de ne s'être arrêté que là ou s'arrêtaient les phénomènes qui lui servaient de guides.
La philosophie chrétienne n'en demande pas davantage : elle ouvre le livre de l'enquête et nous présente, dans l'accomplissement des prophéties, des phénomènes plus surprenants que la nature extérieure n'en a jamais offerts. Pourvu donc qu'on n'ait d'autre but que d'arriver à la vérité, et qu'on pousse ses recherches aussi loin que possible, la candeur et la raison, éclairées par la lumière de preuves positives et miraculeuses, ne pourront manquer d'amener tout homme impartial à reconnaître et à avouer l'inspiration de l'Écriture.
L'argument que Volney a basé sur les « ruines des Empires » s'évanouit en présence des faits qu'il a lui-même établis. Ces faits, loin de militer contre la religion, établissent directement la vérité des prophéties, de sorte que l'édifice fragile qu'il a élevé s'est brisé entre ses propres mains.
Mais le ridicule seul a souvent usurpé la place de la raison : on en a fait la pierre de touche de la vérité, et c'est aux prophéties surtout qu'on a voulu l'appliquer. Or, ne pourrait-on pas trouver une preuve de leur inspiration jusque dans cette dernière retraite de l'incrédulité ?

Les ruines du monde moral sont aussi visibles aux yeux de Dieu que les ruines du monde physique, que celles des royaumes et des empires ; sa parole peut prédire les unes comme les autres. Si donc les contempteurs de la religion ne savent découvrir de preuves de sa réalité, ni dans les faits historiques ni dans les objets extérieurs, qu'ils reportent leurs regards au-dedans d'eux-mêmes, et ils y trouveront gravée en caractères fort lisibles la confirmation intime de la vérité des prophéties. Et pendant qu'ils substituent la raillerie au raisonnement et se font forts d'anéantir la religion par leurs sarcasmes, aux yeux des autres hommes ils sont des preuves vivantes de sa vérité.
« Aux derniers jours, il viendra des moqueurs qui se conduiront par leurs propres convoitises, et qui diront : Où est la promesse de son avènement ? car depuis que nos pères sont morts, toutes choses sont demeurées dans le même état où elles étaient au moment de la création ; car ils ignorent volontairement ceci : c'est que les cieux furent autrefois créés par la parole de Dieu, aussi bien que la terre qui fut tirée de l'eau, et qui subsistait parmi l'eau, et que ce fut par ces choses mêmes que le monde d'alors périt étant submergé par les eaux. »
« Il y aura au dernier temps des moqueurs (7). »


Que si les incrédules prétendent justement au titre de sages, et font un légitime usage de la raison, alors, plutôt que de placer leur sécurité dans des spéculations abstraites, et de se jouer ainsi des immortelles espérances de leurs semblables ; au lieu de considérer le ridicule comme la pierre de touche de la vérité religieuse, et de donner le nom de liberté à la licence du blasphème ; ne leur importe-t-il pas d'examiner les preuves positives et miraculeuses de la révélation, afin d'en découvrir la fausseté ou d'en avouer la puissance, et d'abandonner enfin leurs faibles retranchements en voyant que l'étendard de la foi chrétienne flottera bientôt en dépit de tous leurs efforts sur les plus orgueilleux remparts de l'incrédulité ? Qu'ils produisent leurs témoins, selon l'expression du prophète, afin qu'ils puissent se justifier, ou qu'ils apprennent que c'est ici la vérité et qu'ils la proclament.

Mais, pour terminer, on peut raisonnablement se demander s'il n'y a pas je ne sais quoi qui répugne aux principes du christianisme, dans l'esprit de l'homme qui ne veut pas entendre parler de Moïse et des prophètes, et dont le coeur est lent à croire à tout ce qu'ils ont dit, bien que la vérité de leurs prédictions ressorte des moyens même que l'on avait d'en découvrir la fausseté ; bien que ces prédictions fussent autant d'appels à des événements sans nombre, que des siècles éloigné devaient produire au grand jour ; bien que l'histoire ait répondu à ces appels et que la démonstration oculaire les ait confirmés, comme nos ennemis mêmes en sont garants ; bien qu'enfin il n'ai jamais existé d'autre vérité, quelle qu'elle fût qui pût subir une semblable épreuve ?
L'homme dont nous avons parlé ne se laisserait-il pas convaincre d'une doctrine moins morale, ou tant soit peu éloignée de la sainteté qui est en Dieu. par des preuves moins miraculeuses ?
Ne serions nous pas fondés à croire que ces preuves, quoique suffisantes pour percer les nuages de l'intelligence, sont inefficaces à soulever le voile du coeur ?

Le scepticisme ne saurait être, en aucun cas, un sujet de vanterie. Quoi de plus facile que de fermer l'oeil à la lumière du jour ? Il est facile aussi de résister, par l'endurcissement du coeur, aux vérités les plus claires. Et, quand on considère d'un autre côté qu'il y a des esprits (Newton en est un exemple ) sur lesquels les preuves des prophéties produisent un effet tout différent et qui ne peuvent résister aux rayons concentrés de cette lumière céleste, on se demande d'où peut venir une divergence d'opinion si grande sur un sujet identique. Peut-on s'expliquer autrement l'absence de conviction que par la solution que les Écritures contiennent de cette difficulté, par un coeur mauvais et incrédule ? « Ils n'ont pas voulu venir à la lumière parce que la lumière les aurait rendus à la liberté. »

Pendant que l'incrédule rejette tout moyen de conviction, et qu'il fonde son espoir sur la possibilité non démontrée de la vérité de ses dogmes, ce sont des preuves positives du christianisme qui témoignent à l'homme impartial, au croyant raisonnable et sincère, qu'il est impossible que sa foi soit fausse. Il consulte le livre du Seigneur, et, en voyant que nulle des prophéties ne manque à s'accomplir, il les considère toutes, même alors qu'elles ne sont réalisées que par l'effet de la colère des hommes, comme des témoins de Dieu ; il sait en qui il croit ; il voit s'élever et tomber les potentats de ce monde, et la ruine de leurs empires lui atteste la présence de Dieu, et confirme la parole de Celui qui gouverne les nations de la terre.
Il demeure convaincu que la plus précieuse de toutes les vérités, que cet espoir qui ne périt pas, est corroboré par les plus puissants témoignages, et que le ciel lui-même a ratifié la paix qu'il a proclamée. Il est fermement assuré, « que la prophétie n'a point été apportée autrefois par la volonté humaine ; mais que les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-Esprit, » ont parlé (8; et, bien qu'il ignore par quelles opérations procède le Saint-Esprit, il voit avec ses yeux la démonstration de sa puissance.

Le vrai croyant puise ainsi dans les événements passés la certitude des choses qui sont à venir. Il ne se contente pas de savoir que la vie est en Jésus-Christ ; mais ayant obtenu cette foi précieuse qui contient le germe de l'immortalité, et qui est comme le gage de la vie éternelle, il éprouve déjà en son coeur le pouvoir du monde à venir et joint la pratique de la religion à la théorie de ses dogmes.
Non moins zélé que ceux qui consument leur force à ce qui est vain et périssable, et dont le travail est sans fruit, il dirige ses efforts vers l'acquisition d'un héritage incorruptible, car il sait que son travail ne lui sera pas inutile, s'il s'y consacre en toute obéissance à cette parole qui est la charte de son salut, et qui porte en caractères si éclatants le sceau et le. seing du Roi des Rois.


FIN



(1) A part l'impiété dont elles abondent, les remarques que Paine fait au sujet des prophéties sont vraiment divertissantes pour toute personne qui a étudié le sujet.
Il dit du livre d'Esaïe que c'est « une suite de déclamations ampoulées, pleines de métaphores extravagantes, sans application et vides de sens. »
Les prédictions au sujet de Babylone, de Moab, etc., il les compare « au conte du chevalier de la montagne de feu, à Cendrillon » et autres contes de cette espèce.
Esaïe, en un mot, était un prophète menteur et un imposteur. « Que dirons-nous, ajoute-t-il, de ces prophètes, si ce n'est qu'ils sont tous des menteurs et des imposteurs ? »

Ce langage n'est pas seulement absurde à force de violence, il a pour utilité de montrer que si d'un côté l'histoire, les faits, la raison, le témoignage involontaire des incrédules eux-mêmes, attestent la vérité des prophéties, de l'autre, on ne peut les combattre que par des « déclamations ampoulées, pleines de métaphores extravagantes, sans application et vides de sens. »
Or, comme la vérité ne saurait être des deux côtés, qui est-ce qui ment ? Est-ce Esaïe le prophète, ou Paine l'incrédule ? Et « que dirons-nous » de ce vigoureux défenseur des droits, si ce n'est que le droit qu'il a au surnom d'incrédule ne lui est pas disputé, et que ses paroles seules, quand on n'en pourrait citer d'autres, suffiront, dans tout les siècles éclairés, pour entacher sa mémoire des injures odieuses qu'il a si injustement déversées sur les autres ?
Vouloir argumenter avec un tel homme, ce serait perdre son temps ; mais, s'il y a de la prodigalité et de la folie à jeter des perles aux pourceaux, du moins on peut refouler dans leur auge l'ordure qu'ils en ont fait déborder, afin de leur rendre à eux et à qui leur ressemble ce qui leur appartient.

(2) Il n'est pas hors de propos de parler ici de l'officieuse et courtoise exhortation que fait aux écrivains chrétiens ce grand maître de la philosophie idéale. Avec autant de sagesse que de modestie, et pour mettre leurs arguments au niveau des siens, il leur conseille de rejeter toute espèce de raisonnement, cela étant ce qu'ils ont de mieux a faire dans l'intérêt de leur cause.
Après avoir cité un passage de lord Bacon, qu'il détourne de son sens véritable, il ajoute : « Cette manière de raisonner (il s'agit de monstres, de magie, d'alchimie, etc.) peut servir à confondre ces dangereux amis, ou plutôt ces ennemis déguisés de la religion chrétienne, qui se sont donné la tache de la défendre par les principes de la raison humaine. » (Disons, en passant, que lord Bacon et sir Isaac Newton sont du nombre de ces hommes-là.)

Hume ajoute : « Notre très sainte religion est fondée sur la foi et non pas sur la raison, et c'est un moyen certain de l'exposer au ridicule que de la soumettre à un examen qu'elle ne saurait nullement soutenir. » (Essai de Hume, &10, vol. II, p. 136-137, édit. Edim., 1800.)

Si l'on ne peut rétorquer cet argument contre la doctrine de l'incrédule, dont on rayerait le mot « sainte », ou s'il est vrai que M. Hume connaissait mieux les principes de la religion chrétienne que celui qui en est l'auteur, et qui eu appelait à la raison des hommes, leur reprochant de ne savoir pas juger par eux-mêmes de ce qui était bon ; si, disons-nous, M. Hume connaissait mieux cette religion que Paul, qui enjoint aux chrétiens d'essayer toutes choses et de s'en tenir à ce qui est bon, qui les exhortait à se mettre en état de donner « raison » de l'espérance qui était en eux ; s'il en était ainsi, alors l'auteur du présent livre, n'ayant que la dure alternative d'être ou un dangereux ami ou un ennemi déguisé de la religion chrétienne, ferait, quoique avec la plus grande répugnance, choix du premier titre, et déplorerait le mal qu'il a causé a la religion, ayant eu recours, comme on sait, « à une méthode qui ne peut manquer de l'exposer au ridicule ».

(3) Essai philosophique sur les Probabilités, par M. le comte Laplace. - Emerson, sur les Chances, prop. 3. - L'édition des Mathém. récr. d'Ozanam, par Hutton, vol. I. - Voir les lettres de Grégoire sur la religion chrétienne, p. 124.

(4) Essais de Hume, vol. II, p. 137. Si l'on rapproche de la vérité manifeste des prophéties ce que Hume dit ici, on verra combien il serait facile, au moyen de ses propres aveux, de renverser sa théorie contre la vérité des miracles.
Les prophéties étant véritables et l'uniformité étant également vraie, comme toutes les prophéties sont de vrais miracles, les miracles ne sont pas contraires à l'expérience universelle.
« Tant d'analogies les rendent si probables » (Ibid., p. 134) que, l'on peut, avec des témoignages suffisants, les prouver, même d'après les principes de Hume, et cela d'autant plus facilement que l'inspiration de ces mêmes Écritures qui contiennent les miracles dont on dispute, cette inspiration est vérifiée par d'autres miracles dont l'authenticité est établie et reconnue. C'est ainsi que l'on peut non seulement braver, mais rétorquer les dogmes les plus hardis du scepticisme. Il serait du reste « plus étonnant que le témoignage » scellé de sang et rendu croyable par des miracles également grands, « fût faux, qu'il ne le serait que les miracles fussent vrais ».

(5) Essai sur les Miracles, de Hume, vol. II, p. 117. 

(6) Ibid., p. 116.

(7) II. Pier., III, 3-6. Jude, 18.
La religion chrétienne a eu, ainsi qu'il avait été prédit, à compter parmi ses ennemis de faux docteurs qui, comme le dit l'Écriture, « parlent en mal des choses qu'ils ne comprennent pas, qui méprisent les puissances, qui sont audacieux et attachés à leurs sens, tenant des discours enflés et pleins de vanité pour amorcer les autres, et leur promettant la liberté, quoiqu'ils soient eux-mêmes les esclaves de la corruption » (II. Pierre, II, v. 1, 10, 12, 18, 19).

Les blasphèmes, les obscénités, les injures, voilà avec quelles armes ils se plaisent à combattre ; ils s'efforcent de ravaler la religion au niveau de leur imagination grossière et rampante ; et, parlant de choses qu'ils ignorent, ils tiennent des discours fort enflés et pleins de vanité, comme s'il leur suffisait d'un coup d'oeil pour mesurer les profondeurs des vérités religieuses. Mais leurs raisonnements sont aussi faibles que leurs principes sont vils.
En général, ce que l'on a de mieux à faire pour combattre la fausseté de leurs prémisses, c'est d'y opposer des démentis aussi absolus que leurs assertions sont positives.
Par exemple, dans la liste d'aphorismes que la société des incrédules de Londres vient de mettre en vente, il s'en trouve un ainsi conçu : « Toutes les autres religions sont fausses, donc la religion chrétienne est fausse aussi » ; il suffit ici d'admettre la prémisse et de dire, attendu que cela sera plus logique : « Toutes les autres religions sont fausses, donc la religion chrétienne est vraie ».

Cependant, tout en se lamentant sur le sort à venir de ces tristes philosophes, on ne peut s'empêcher de sourire de pitié aux vaines attaques, aux coups d'épingles dont ils harcèlent la religion chrétienne. Ne dirait-on pas (car moins notre comparaison a de dignité et plus elle convient à ceux à qui elle s'applique), ne dirait-on pas d'une multitude de petits poissons mordant quelques herbes jetées par des mains d'homme sur un rocher, et réunissant toutes leurs petites forces pour l'ébranler.

Mais il y a une autre classe d'incrédules à qui les paroles du texte ne s'appliquent pas aussi évidemment. Ces hommes savent, quand ils le veulent, réfuter les arguments les plus subtils du scepticisme, et ne se font pas faute de condamner les moqueries profanes des railleurs les plus déboutés. Ce sont eux qui, de nos jours, ont trouvé un nouvel argument en faveur de l'incrédulité, et qui tend à nier la crédibilité des miracles, sous prétexte qu'ils détruiraient l'inviolabilité des lois de la nature.
Cet argument ne saurait être exprimé avec plus de force que l'Apôtre lui-même ne l'a fait, lorsqu'il a prédit ce résultat de la science moderne. Si l'on se fut abstenu de le produire, la partie des preuves du christianisme qui consiste dans l'accomplissement de cette prophétie nous ferait maintenant défaut, et nous en serions à attendre que l'incrédulité eût fait valoir cette dernière ressource, afin d'en tirer une nouvelle preuve, de la vérité.
Mais l'apôtre ne se contente pas de prédire ce que diront les moqueurs aux derniers jours, il fait plus, il les réfute, non par l'autorité de l'Écriture qu'ils ne reconnaissent pas, mais à l'aide de principes philosophiques et de faits qu'ils ignorent « volontairement », c'est-à-dire au moyen de la création du monde et du déluge » d'où il résulte que toutes choses ne sont pas demeurées dans le même état où elles étaient au commencement de la création.

Hume, Bentham et Laplace doivent céder le pas dans l'académie, aussi bien que dans le temple, aux humbles pêcheurs de Galilée. Il suffit de bien appliquer les raisonnements de ces philosophes pour en tirer des conclusions qui militent autant en faveur des miracles et de la divinité de la doctrine que les faits attestés par Gibbon et Volney démontrent que les prophéties de l'Écriture émanent de l'inspiration de Dieu.
Mais si nous nous abstenons ici de tirer tout le parti que nous pourrions de cette manière d'envisager la question, cela prouve que les preuves à l'appui des prophéties ne manquent pas, puisque nous nous contentons d'en parler ici pour note.
Déduire du principal argument de l'incrédulité une preuve nouvelle et fondamentale de la vérité, c'est ce qui demanderait plus de temps, bien que cela puisse se faire a l'aide d'un texte et d'un fait.

L'auteur du présent Essai se propose de traiter ce sujet dans un livre ayant pour titre : « Aperçu général et relatif des preuves du christianisme ». En attendant, il a cru devoir appeler l'attention des personnes pieuses sur une marche qu'il croit bonne à suivre pour répondre aux raisons des déistes. Cette marche, du reste, n'est pas d'invention humaine, elle est suggérée par la parole infaillible du bien vivant ; elle est indiquée dans les Écritures qui sont remplies de trésors en faveur de ceux qui les consultent, et qui contiennent les paroles de la vie éternelle.

Il est satisfaisant d'observer comment, en toutes choses, les progrès de la science tendent finalement à servir la cause de la vérité. La philosophie commence à reconnaître sa grande méprise et à faire amende honorable à la religion. Depuis la publication de la sixième édition de cet ouvrage, nous avons pu corroborer la note qui précède à l'aide de faits aussi importants par les éclaircissements qu'ils contiennent à l'appui de la vérité du christianisme, que le sont les gravures de Pétra. « L'origine récente de l'homme » est un fait qu'admettent tous les géologistes modernes ; et, dans un des derniers numéros de la Revue d'Édimbourg (n° CIV, p. 396), le rédacteur s'exprime ainsi qu'il suit à ce sujet : Cela nous semble fatal à une théorie que nous avons récemment jugée comme contraire à l'uniformité des causes et des effets, ce qui veut dire, en d'autres mots, que c'est une démonstration d'où il résulte que toutes choses ne sont pas restées dans le même état où elles étaient au commencement de la création. On a, ajoute le rédacteur, reconnu que certaines couches de terre sont contemporaines de la première apparition de l'homme sur la terre.
Nous n'avons rien de mieux à faire qu'à ouvrir l'excellent ouvrage du docteur Prichard, intitulé : « Recherches au sujet de l'histoire physique du genre humain. »

Voici le commentaire qu'il fait au sujet du fait qui nous occupe et les conclusions qu'il en tire : « On sait que toutes les couches dont se composent nos continents ont servi, à des époques plus ou moins éloignées, de lit à l'océan. Il n'y a pas de terre qui n'ait été formée sous la surface de la mer ou qui ne se soit élevée du fond des eaux. Le genre humain a eu un commencement, puisque nous pouvons nous reporter en esprit à la naissance de la terre sur laquelle il se meut.
Si maintenant nous nous représentons en imagination l'époque où rien n'existait en ce monde qu'à l'état d'élément informe, si nous reconnaissons que l'époque suivante vit la première créature humaine commencer à respirer et à se mouvoir dans un certain point de la terre, nous aurons par cela même admis le miracle le plus extraordinaire peut-être que contienne le volume entier de la sainte Écriture », etc.

C'est ainsi que dans un esprit meilleur et plus philosophique, en s'appuyant sur un fait garanti par la conformation de la terre, des hommes, sans avoir la prédiction en vue, ont enfin découvert l'argument même dont l'apôtre se sert pour réfuter les raisonnements sceptiques des moqueurs aux derniers jours.
« Les cieux furent autrefois créés, aussi bien que la terre qui fut tirée de l'eau et qui subsistait parmi l'eau ».
Au commencement, la terre était sans forme et vide, et c'est postérieurement à la création que l'homme a été créé. On ne peut donc arguer contre la vérité des prophéties chrétiennes d'une expérience inaltérable, car nous avons l'expérience de la vérité « du miracle le plus extraordinaire peut-être que contienne le volume entier des saintes Écritures".
Les arguments des moqueurs et leur réfutation manifeste confirment également la vérité de la prophétie.

(8) II Pierre, I, 21.
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