(page manquante) ... lisez, je vous prie, sa correspondance, ce pur trésor, surtout ses lettres à sa fille d'adoption, Charlotte-Brabantine, duchesse de La Trémoïlle, l'une des filles du Taciturne et de Charlotte de Bourbon, celle que le sévère Maurice de Nassau avait surnommée « la belle Brabant ». Quel charme attendri, quelle modestie, quelle bonté prévoyante et, quand elle aborde les grands problèmes politiques, quel ferme bon sens ! Et, avec cela, elle est si humaine, si touchante, en ce gai bavardage familier où elle excelle. Il y a des lettres d'elle qui font penser à Mme de Sévigné. En Louise de Coligny, l'âme de la Réforme du XVIe siècle s'allie aux grâces mondaines et à la spirituelle vivacité de l'âge suivant. C'est une superbe Française. Nul n'aima la France davantage, et jamais son pays d'adoption ne la lui fit oublier. « Je désire, écrivait-elle, vers le 15 décembre 1590, que ce que j'ai en France demeure en France, afin que mon fils se ressouvienne toujours qu'il a eu une mère française. » Aujourd'hui, Sa Majesté la Reine des Pays-Bas garde précieusement la mémoire de son aïeule française, dont le nom glorieux se trouve inscrit aux principales voies de presque toutes les villes hollandaises. Louise de Coligny mourut le 9 novembre 1620, à Fontainebleau, assistée par le ministre Étienne de Courcelles.
« D'OU JE TIRE MA GLOIRE ».
À Monsieur Hotman,
... Je veux croire que, lorsque votre plume s'est plue à me donner tant de mérite, l'idée de quelque digne sujet vous était représentée, et, comme les beaux esprits et doués de belles perfections pensent ordinairement à ce qui plus leur ressemble, votre âme, saisie de ce dont elle est plus capable, ne s'est pu empêcher de m'attribuer, non ce qui est en moi, mais ce qui vous semble qui y devrait être, ayant eu cet honneur d'être fille et femme de deux que, sans rougir, j'ose dire avoir été des plus grands personnages de notre siècle, et y en a peu qui puissent marcher de pair avec eux. Voilà d'où je tire ma gloire, et d'où, si je suis digne de quelque louange, je la mérite.
MÈRE ET « BONNE MAMAN » (1).
Ma fille, un fils ! J'en pleure de
joie.
Enfin je n'ai point de parole pour vous
représenter mon contentement, car il est
par-dessus toutes paroles et tous discours.
Vraiment, vous avez bien de l'avantage sur toutes
vos soeurs d'avoir si bien commencé, et si
promptement. Quoi, dix mois après être
mariée !... Je meurs d'envie de voir ce
petit-fils, et comment vos petites mains le
manient. Croyez que votre petit frère
(2) est
bien
glorieux d'avoir ce petit neveu,
et Monsieur de Bouillon bien en colère de ce
que votre soeur ne lui en fait.
Du Vilars a été
prophète, car elle m'a toujours dit que vous
accoucheriez le propre jour que vous fîtes,
et que vous feriez un fils. Elle veut que ce soit
elle et non moi qui vous envoie les vers qui ont
été faits à un ballet qui a
été dansé à
Saint-Germain, au baptême d'Alexandre
Monsieur, dont votre petit frère
était, et des premiers, et de ceux qui ont
eu plus de louange. M. Dommarville vous
écrira tout particulièrement, et moi
je ne vous parlerai d'autre chose que de vous et de
vos faits. J'admire que vous m'ayez écrit si
tôt après vos grands maux, et si bien,
car jamais vous n'écrivîtes mieux. Je
vous garderai cette lettre pour faire honte
à celles que vous écrivez en
santé ; et finirai cette lettre avec la
fin de l'année, car voilà minuit qui
sonne le dernier de l'an.
31 décembre 1598.
Madame ma fille, j'étais toute
prête de vous dépêcher un
laquais lorsque ce petit est arrivé. Je suis
extrêmement aise d'avoir appris, par les
lettres de votre cher mari et les vôtres,
l'état de vos santés et de la petite
compagnie. Mais, mon Dieu, ma fille, quel
contentement de voir que ces bains lui aient
été si utiles ! Je me suis fait
représenter par ce laquais ; comment il
était dans cette boue ! Je me le
représente avec un gros valet qui lui pesait
sur les épaules pour le faire enfoncer, et
lui qui faisait une étrange mine de voir sa
belle peau ainsi sale ; mais bonne
saleté, puisque il s'en trouve si
bien...
À ce que je vois, vos
baptêmes sont remis jusques en
février. J'enverrai bien auparavant savoir
précisément le temps, car j'y veux
être devant tous les
autres. Je donnerai ordre, cependant, à mon
ménage, où je suis si
empêchée que je ne prends pas
seulement le loisir d'aller à une lieue
d'ici, de peur de faire perdre une journée
à mes cavales, qui me servent à cette
heure à tout. Je fais faire un jardin et
planter force arbres, car je n'en ai trouvé
un seul ici...
Il me tarde si extrêmement de vous
voir, que j'en meurs...
Il m'est venu force nouvelles de Paris.
Je vous en envoie copie, encore que je pense que M.
de La Trémoïlle est beaucoup mieux
averti que moi ; mais parce que celles-ci sont
les dernières qui sont venues de Paris,
possible ne les aurez-vous pas encore
reçues...
Ma fille, je suis à vous, vous le
savez bien ; je dis plus qu'à
moi-même. Je vous baise mille fois les mains.
Fin d'octobre 1600.
... La reine s'habille toujours à l'italienne, et ne prendra point l'habit français qu'après ses couches. Je ne vous puis mander comment on porte des robes d'étamine, car je n'en ai point encore vu cette année ; mais on porte fort des robes de petit taffetas noir, doublées d'autre petit taffetas de couleur et toutes découpées ; je dis tous ces deux taffetas, afin que la frange jette la couleur avec ce noir. Mlle de Guise s'habille à l'italienne, quand elle va à cheval. La marquise de Verneuil s'y habilla hier soir, et lui sied fort bien à cheval, cet habillement, mais à pied non. La reine fait fort bonne chère (bon visage) à Mme de Verneuil. À moi, elle me fait l'honneur de me la faire la meilleure du monde. Toute la cour part bientôt d'ici, pour aller à Monceau, et moi je m'en vais à Paris voir si je ferai de fortunées affaires... Il faut que je finisse tout court en vous assurant que je vous aime de toutes les puissances de mon âme, et nos petits enfants, et surtout mon petit mignon. Quand je serai à Paris, je lui enverrai un petit cheval tout chargé de coco.
À Fontainebleau, ce 26 de mai (1601).
... Il faut changer de discours, et vous dire
que vous avez fait votre fille bien glorieuse de
lui envoyer de si belles robes,
(3).
J'espère que vous aurez du contentement
d'elle, car c'est un esprit admirable et qui, Dieu
merci, ne s'incline à nulles mauvaises
conditions, mais aussi elle ne peut encore
s'arrêter pour apprendre ce que l'on
désirerait. Mais quoi ! il faut l'avoir
par patience et par crainte, car il y a beaucoup
d'enfance encore en elle, et son esprit veut
être retenu par crainte, et sa bonne amie ne
manque point à lui en donner, et ne lui
épargne-t-on point la verge, quand elle en a
besoin. Il est vrai que c'est le plus tard que l'on
peut, car je voudrais bien que la raison, et non la
verge, lui fît faire ce qu'elle doit. Il n'y
a point de danger que vous lui mandiez que c'est
une grande honte de se faire encore donner des
verges, en l'âge où elle est, et que
vous ne voulez plus qu'elle fasse de l'enfant, car
il est bien certain qu'elle n'a que le jeu en
recommandation. Et j'aime beaucoup mieux qu'elle
soit comme cela, que si elle appliquait son esprit
comme font beaucoup d'autres, qui n'apprennent que
de petites afféteries, à quoi je vous
puis assurer qu'elle n'est nullement encline. Cela
vous doit réjouir et faire vivre
assurée que j'en fais comme de mon propre
enfant, et ne devez point craindre qu'elle me donne
de la peine ; au contraire, ce m'est un
extrême contentement de
pouvoir instruire une jeunesse à qui j'ai
tant d'obligation.
J'ai reçu les belles stances que
cette belle et vertueuse fille (4) a
faites. Cet esprit tout
parfait
ne peut rien produire qui ne lui ressemble. Je
souhaite toujours avec passion ce que vous
désirez ; mais il se faut voir, et
jusque là, je ne puis rien faire que des
souhaits. Je leur ai écrit,
c'est-à-dire à la mère et aux
filles, il y a peu de temps. J'espère que
nous nous trouverons toutes ensemble devant qu'il
soit longtemps. À cette heure-là,
nous en parlerons davantage...
À La Haye, ce 14 janvier (1610).
LES AFFAIRES DE HOLLANDE.
À du Plessis-Mornay, pour qu'il vienne assister de ses conseils le Prince d'Orange.
Monsieur, j'apprends par les lettres que
m'écrit Monsieur de Villebon que j'ai le
bonheur d'être quelquefois en votre
mémoire, Certes, Monsieur, vous n'y pouvez
avoir personne qui vous honore et estime davantage,
et je ne suis pas seule ici qui désirerait
que nous puissions avoir le bonheur de vous y voir
quelques jours pour vous le témoigner. C'est
la vérité, Monsieur, que l'on y a
grand besoin de vos sages et prudents avis et
conseils, et ne me trompe point de croire que les
uns et les autres y déféreraient plus
qu'à nuls autres qui leur puissent
être donnés de quelque part que ce
soit.
Monsieur, il n'est pas question du fait
de la Religion seulement ; il y va de tout
l'État, qui se va perdre, si bientôt
on n'y pourvoit. Vous avez été un de
ceux qui avez aidé à feu Monsieur mon
mari à l'établir ; aidez,
Monsieur, à ses enfants à
empêcher qu'il ne se ruine. Si les morts
avaient du ressentiment de ce qui se fait ici-bas,
je m'assure qu'il vous en conjurerait en son nom,
et par ses cendres, Monsieur, je vous en fais
affectionnée requête. Je sais que,
peur y être autorisé, il vous y faut
venir avec commandement ; mais je sais bien
aussi que, si vous en avez la volonté, vous
trouverez bien l'invention de vous le faire donner.
Au nom de Dieu, Monsieur, ne regardez point
à de petites cérémonies. Le
temps presse, et cependant que vous êtes
à Rouen, il vous serait bien plus
aisé de faire ce voyage que d'attendre que
vous soyez à Paris ou à Saumur. Or,
Monsieur, je prie Dieu qu'il vous donne une bonne
inspiration...
À La Haye, ce 28 décembre 1617.
« Vous ne sauriez croire,
écrivait Jeanne d'Albret, peu avant sa mort,
comme ma fille est jolie parmi cette cour, car
chacun l'assaut en sa Religion ; elle leur
fait tête et ne se rend nullement. Tout le
monde l'aime. » Catherine avait treize
ans et demi. Plus tard, sous le règne de
« son cher et brave roi »,
comme elle appelait Henri IV, les plus durs assauts
lui furent livrés. Elle fit tête
vertement à son frère et ne se rendit
pas. Agrippa d'Aubigné, dans le temps
même où elle se débattait
contre les convertisseurs, en 1601, lui aurait
soufflé cette fière réplique
que « la loi salique n'avait pas
partagé la constance en sa
maison », c'est-à-dire l'avait
donnée aux femmes et refusée aux
hommes. La loyale, la fidèle, à
côté du Béarnais inconstant et
léger. La chrétienne
irréprochable, au milieu de la corruption et
des scandales de la cour. « On ne peut
guère la blâmer, dit Athanase Coquerel
fils, que d'avoir été une sainte trop
indulgente pour les fautes d'autrui. »
C'est presque un éloge de plus. Elle lut
recherchée, d'Aubigné dit
« pourchassée »,
par tous les princes de la
chrétienté. Finalement les calculs de
la politique en firent une duchesse de Bar, et elle
dut entrer dans une famille ultra-catholique, elle,
l'inflexible huguenote. Elle avait quarante et un
ans. Elle mourut à Nancy, cinq ans
après, le 13 février 1604,
vraisemblablement d'une péritonite
tuberculeuse.
C'est une figure adorable et une pure gloire
protestante que cette princesse des fleurs de lys.
Bien que de taille médiocre et un peu
boiteuse, elle avait du charme. Elle était
musicienne, chanteuse, rimeuse. inférieure
peut-être en puissance intellectuelle
à Marguerite d'Angoulême et à
Jeanne d'Albret, mais artiste comme elles. On
retrouve dans ses écrits la grille de sa
mère et aussi quelque chose de la verve
aiguë de Henri IV. Lisez ses lettres, lisez
ses poèmes, où il ne faut pas voir un
simple jeu de l'esprit, car ils nous initient au
drame de sa destinée, si vous voulez
connaître dans toute sa splendeur l'âme
douloureuse et tendre de Catherine de Bourbon.
ÉDITION : Lettres et poésies de Catherine de Bourbon, publiées par R. Ritter, Paris, 1927, p. 125, 206, 114, 156, 144.
À CONSULTER : Ernest Alby, Catherine de Navarre, Paris, 1850. Comtesse d'Armaillé, Catherine de Bourbon, soeur de Henri IV, Paris, 1865. Athanase Coquerel fils, dans Bull. XV. H. C. Magdowall, Henry of Guise, and other portraits, London, 1898. J. Pannier, L'Eglise réformée de Paris sous Henri IV, Paris, 1911. Garnier, Agrippa d'Aubigné et le parti protestant, Paris, 1928, Il.
À THÉODORE DE BÈZE, EN LUI ENVOYANT DES VERS.
Monsieur de Bèze, le désir que
j'ai, non seulement de persévérer en
la sainte connaissance où j'ai
été élevée dès
mon bas âge en l'Eglise de
Dieu, mais aussi que tous les
gens de bien et fidèles de ladite
Église, sachent et s'assurent qu'avec la
grâce de Dieu je ne changerai jamais cette
belle résolution, j'ai bien voulu vous
écrire moi-même par une si bonne
commodité, comme à celui que je tiens
des plus anciens amis et serviteurs de notre
maison, et aux prières de qui je
désire me recommander, car je tiens qu'elles
me profiteront en ce temps même où les
efforts du monde ont le plus de vigueur pour
traverser le repos de ceux qui craignent Dieu. Vous
devez croire que j'en ai ma part à bon
escient, et en tant de sortes que j'ai bien besoin
de l'assistance de l'Esprit qui n'abandonne point
ceux qui espèrent en lui.
Parmi mes douleurs, je m'ébats
quelquefois à parler à Dieu avec ma
plume, non en vers, si bien faits comme ceux qui
font profession de longue main de bien
écrire, mais chrétiennement pour ma
consolation, comme vous verrez par ceux que je vous
envoie pour en être juge et modérateur
de ce qui s'y peut trouver à redire, vous
priant de toute mon affection d'y passer librement
la plume et me témoigner en cela ce que
j'espère de votre bonne amitié, et
croire qu'en tout autre endroit je vous rendrai
preuve de la mienne.
26 janvier 1596.
DEUX POÈMES.
- O Dieu, tu as promis, par ta bonté divine,
- D'aider aux affligés qui ont recours à toi.
- Mon coeur est plein d'ennui, Père, console-moi
- Fais-moi sentir l'effet de ta faveur bénigne.
- Je sais que mes péchés appellent ma ruine,
- Je sais que tous les jours je transgresse ta loi,
- Que je ne te sers pas ainsi comme je dois,
- Que mon esprit mondain de pardon est indigne.
- Hélas ! je reconnais que je t'ai irrité
- En cent et cent façons, dont j'ai bien mérité
- Ce rude châtiment pour punir mon offense.
- Mon péché me déplaît pardonne-moi, Seigneur,
- Regarde à ta promesse et non à mon erreur,
- J'espère en ta bonté, non en mon innocence.
***
- Pardonne-moi, Seigneur tout saint, tout débonnaire,
- Si j'ai par trop cédé à de mondains appâts.
- Hélas, je fais le mal lequel je ne veux pas,
- Et ne fais pas le bien que je désire faire.
- Mon esprit trop bouillant, guidé par ma jeunesse,
- S'est laissé emporter après la vanité,
- Au lieu de s'élever vers ta divinité
- Et admirer les faits de ta grande sagesse.
- Ma langue qui devait publier ta puissance
- Et l'honneur que de toi je reçois tous les jours,
- Est bègue quand il faut entrer en ces discours,
- Et prompte et babillarde après la médisance.
- Mon oreille, Seigneur, n'est-elle pas coupable,
- Qui devait écouter ta sainte vérité
- Et y prendre plaisir ? Ingrate elle a été,
- Sourde à ouïr ta voix et ouverte à la fable.
- Que dirai-je, mon Dieu, de mes yeux infidèles
- Qui, au lieu de jeter leur regard dans les cieux
- D'où leur vient leur salut, aveugles, aiment mieux
- Les arrêter ici sur des beautés mortelles ?
- Mes mains ne font pas mieux, s'amusant à écrire,
- Au lieu de ta louange, un discours inventé,
- Lorsque, jointes, devraient prier ta majesté
- D'approcher ta pitié et reculer ton ire.
- Alors qu'il faut aller écouter ta parole,
- Mes pieds sont engourdis et vont le petit pas ;
- Mais s'il faut aller voir quelques mondains ébats,
- Au lieu de cheminer, il semble que je vole.
- Mon coeur est endormi en sa vaine pensée
- Et ne médite pas au bien que tu lui fais.
- Il te met en oubli ; mais où sont les parfaits
- De qui ta majesté n'ait été offensée ?
- Mais reçois-moi, Seigneur, d'un oeil doux et propice,
- Puisque je reconnais mes péchés devant toi.
- Regarde à ton cher Fils sacrifié pour moi,
- Qui, prenant mes péchés, me vêt de sa justice.
« J'IRAI À LA MESSE QUAND VOUS SEREZ PAPE ».
À du Plessis-Mornay.
Monsieur du Plessis, je n'ai voulu laisser aller Viçose sans vous assurer par mes lettres combien je vous suis toujours amie. Il vous contera toutes nouvelles de deçà, et des miennes, plus que je ne vous en saurais écrire. Je vous dirai ce seul mot, que vous assuriez, quoique l'on dise que l'on m'ait vue à la messe, que je n'y ai été de fait ni de pensée. Je me réserve à y aller que vous soyez pape, comme disait Monsieur le Prince de Conti (5). Assurez-vous donc, et tous les gens de bien, que je suis toujours très résolue en ma Religion. Dieu me veuille continuer cette sainte volonté.
1594.
Monsieur mon mari m'a fort commandé de parler à lui (au P. Commolet, de la Société de Jésus), ce que j'ai fait deux fois, où j'ai plus appris encore à être huguenote que jésuite. Voilà comme ce qu'ils ont fait, pensant me gagner, a réussi tout au contraire. Je ferai demain la Cène, s'il plaît à Dieu... Bonsoir. Soyez-moi toujours aussi bon ami que vous m'avez promis, et croyez que je n'en serai jamais ingrate.
Mai 1599.
AU DUC DE LA FORCE.
J'envoie Beauchamp pour savoir des nouvelles du roi. Vous m'avez fait grand plaisir de m'en mander ; continuez, je vous prie. Je ne sais rien de nouveau. J'ai vu ce matin vos enfants, que je ne vois pas de bon oeil, haïssant tant le père comme je fais ; je m'assure que vous croyez bien cela, aussi le devez-vous. Je vis hier au soir votre fille en peinture : certes, elle est fort belle, et, si elle continue en croissant, elle fera bien tirer des chausses et friser les cheveux aux galants de son temps ; voilà ce que j'en crois, et sur ce bon mot qui peut vous contenter, je finirai vous donnant le bonsoir.
Octobre 1598.
(1) C'est le mot même de la princesse d'Orange dans ses nombreuses lettres à Charlotte-Brabantine de Nassau, duchesse de La Trémoïlle.
(2) Henri-Frédéric de Nassau, le fils de Louise de Coligny.
(3) Charlotte de La Trémoïlle, née en 1599, qui était auprès de Louise de Coligny.
(4) Anne de Rohan, la plus jeune des filles de Catherine de Parthenay, que Louise de Coligny désirait ardemment faire épouser à son fils.
(5) François de Bourbon, prince de Conti, fils de Louis de Bourbon, prince de Condé, et d'Éléonore de Roye.
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