Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LOUISE DE COLIGNY

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 (page manquante) ... lisez, je vous prie, sa correspondance, ce pur trésor, surtout ses lettres à sa fille d'adoption, Charlotte-Brabantine, duchesse de La Trémoïlle, l'une des filles du Taciturne et de Charlotte de Bourbon, celle que le sévère Maurice de Nassau avait surnommée « la belle Brabant ». Quel charme attendri, quelle modestie, quelle bonté prévoyante et, quand elle aborde les grands problèmes politiques, quel ferme bon sens ! Et, avec cela, elle est si humaine, si touchante, en ce gai bavardage familier où elle excelle. Il y a des lettres d'elle qui font penser à Mme de Sévigné. En Louise de Coligny, l'âme de la Réforme du XVIe siècle s'allie aux grâces mondaines et à la spirituelle vivacité de l'âge suivant. C'est une superbe Française. Nul n'aima la France davantage, et jamais son pays d'adoption ne la lui fit oublier. « Je désire, écrivait-elle, vers le 15 décembre 1590, que ce que j'ai en France demeure en France, afin que mon fils se ressouvienne toujours qu'il a eu une mère française. » Aujourd'hui, Sa Majesté la Reine des Pays-Bas garde précieusement la mémoire de son aïeule française, dont le nom glorieux se trouve inscrit aux principales voies de presque toutes les villes hollandaises. Louise de Coligny mourut le 9 novembre 1620, à Fontainebleau, assistée par le ministre Étienne de Courcelles.

 ÉDITION : Bull. XXXVIII, 1889, p. 406. P. Marchegay et L. Marlet, Correspondance de Louise de Coligny, Paris, 1887, p. 145, 172, 179, 266, 309.

 À CONSULTER : L, Aubéry du Maurier, Mémoires pour servir à l'histoire de la Hollande, Paris, 1688. Brant, Histoire de la Réformation aux Pays-Bas, Rotterdam, 1704. J. Delaborde, Louise de Coligny, Paris, 1890. De Jonge, Louyse de Colligny, La Haye, 1880 ; et cf. les ouvrages hollandais sur la Maison d'Orange-Nassau (voir plus haut Charlotte de Bourbon).



 « D'OU JE TIRE MA GLOIRE ».

 À Monsieur Hotman,

 ... Je veux croire que, lorsque votre plume s'est plue à me donner tant de mérite, l'idée de quelque digne sujet vous était représentée, et, comme les beaux esprits et doués de belles perfections pensent ordinairement à ce qui plus leur ressemble, votre âme, saisie de ce dont elle est plus capable, ne s'est pu empêcher de m'attribuer, non ce qui est en moi, mais ce qui vous semble qui y devrait être, ayant eu cet honneur d'être fille et femme de deux que, sans rougir, j'ose dire avoir été des plus grands personnages de notre siècle, et y en a peu qui puissent marcher de pair avec eux. Voilà d'où je tire ma gloire, et d'où, si je suis digne de quelque louange, je la mérite.

 MÈRE ET « BONNE MAMAN » (1).

 Ma fille, un fils ! J'en pleure de joie. Enfin je n'ai point de parole pour vous représenter mon contentement, car il est par-dessus toutes paroles et tous discours. Vraiment, vous avez bien de l'avantage sur toutes vos soeurs d'avoir si bien commencé, et si promptement. Quoi, dix mois après être mariée !... Je meurs d'envie de voir ce petit-fils, et comment vos petites mains le manient. Croyez que votre petit frère (2) est bien glorieux d'avoir ce petit neveu, et Monsieur de Bouillon bien en colère de ce que votre soeur ne lui en fait.

Du Vilars a été prophète, car elle m'a toujours dit que vous accoucheriez le propre jour que vous fîtes, et que vous feriez un fils. Elle veut que ce soit elle et non moi qui vous envoie les vers qui ont été faits à un ballet qui a été dansé à Saint-Germain, au baptême d'Alexandre Monsieur, dont votre petit frère était, et des premiers, et de ceux qui ont eu plus de louange. M. Dommarville vous écrira tout particulièrement, et moi je ne vous parlerai d'autre chose que de vous et de vos faits. J'admire que vous m'ayez écrit si tôt après vos grands maux, et si bien, car jamais vous n'écrivîtes mieux. Je vous garderai cette lettre pour faire honte à celles que vous écrivez en santé ; et finirai cette lettre avec la fin de l'année, car voilà minuit qui sonne le dernier de l'an.

 31 décembre 1598.

 Madame ma fille, j'étais toute prête de vous dépêcher un laquais lorsque ce petit est arrivé. Je suis extrêmement aise d'avoir appris, par les lettres de votre cher mari et les vôtres, l'état de vos santés et de la petite compagnie. Mais, mon Dieu, ma fille, quel contentement de voir que ces bains lui aient été si utiles ! Je me suis fait représenter par ce laquais ; comment il était dans cette boue ! Je me le représente avec un gros valet qui lui pesait sur les épaules pour le faire enfoncer, et lui qui faisait une étrange mine de voir sa belle peau ainsi sale ; mais bonne saleté, puisque il s'en trouve si bien...

À ce que je vois, vos baptêmes sont remis jusques en février. J'enverrai bien auparavant savoir précisément le temps, car j'y veux être devant tous les autres. Je donnerai ordre, cependant, à mon ménage, où je suis si empêchée que je ne prends pas seulement le loisir d'aller à une lieue d'ici, de peur de faire perdre une journée à mes cavales, qui me servent à cette heure à tout. Je fais faire un jardin et planter force arbres, car je n'en ai trouvé un seul ici...
Il me tarde si extrêmement de vous voir, que j'en meurs...

Il m'est venu force nouvelles de Paris. Je vous en envoie copie, encore que je pense que M. de La Trémoïlle est beaucoup mieux averti que moi ; mais parce que celles-ci sont les dernières qui sont venues de Paris, possible ne les aurez-vous pas encore reçues...
Ma fille, je suis à vous, vous le savez bien ; je dis plus qu'à moi-même. Je vous baise mille fois les mains.

 Fin d'octobre 1600.

 ... La reine s'habille toujours à l'italienne, et ne prendra point l'habit français qu'après ses couches. Je ne vous puis mander comment on porte des robes d'étamine, car je n'en ai point encore vu cette année ; mais on porte fort des robes de petit taffetas noir, doublées d'autre petit taffetas de couleur et toutes découpées ; je dis tous ces deux taffetas, afin que la frange jette la couleur avec ce noir. Mlle de Guise s'habille à l'italienne, quand elle va à cheval. La marquise de Verneuil s'y habilla hier soir, et lui sied fort bien à cheval, cet habillement, mais à pied non. La reine fait fort bonne chère (bon visage) à Mme de Verneuil. À moi, elle me fait l'honneur de me la faire la meilleure du monde. Toute la cour part bientôt d'ici, pour aller à Monceau, et moi je m'en vais à Paris voir si je ferai de fortunées affaires... Il faut que je finisse tout court en vous assurant que je vous aime de toutes les puissances de mon âme, et nos petits enfants, et surtout mon petit mignon. Quand je serai à Paris, je lui enverrai un petit cheval tout chargé de coco.

 À Fontainebleau, ce 26 de mai (1601).

 ... Il faut changer de discours, et vous dire que vous avez fait votre fille bien glorieuse de lui envoyer de si belles robes, (3). J'espère que vous aurez du contentement d'elle, car c'est un esprit admirable et qui, Dieu merci, ne s'incline à nulles mauvaises conditions, mais aussi elle ne peut encore s'arrêter pour apprendre ce que l'on désirerait. Mais quoi ! il faut l'avoir par patience et par crainte, car il y a beaucoup d'enfance encore en elle, et son esprit veut être retenu par crainte, et sa bonne amie ne manque point à lui en donner, et ne lui épargne-t-on point la verge, quand elle en a besoin. Il est vrai que c'est le plus tard que l'on peut, car je voudrais bien que la raison, et non la verge, lui fît faire ce qu'elle doit. Il n'y a point de danger que vous lui mandiez que c'est une grande honte de se faire encore donner des verges, en l'âge où elle est, et que vous ne voulez plus qu'elle fasse de l'enfant, car il est bien certain qu'elle n'a que le jeu en recommandation. Et j'aime beaucoup mieux qu'elle soit comme cela, que si elle appliquait son esprit comme font beaucoup d'autres, qui n'apprennent que de petites afféteries, à quoi je vous puis assurer qu'elle n'est nullement encline. Cela vous doit réjouir et faire vivre assurée que j'en fais comme de mon propre enfant, et ne devez point craindre qu'elle me donne de la peine ; au contraire, ce m'est un extrême contentement de pouvoir instruire une jeunesse à qui j'ai tant d'obligation.

J'ai reçu les belles stances que cette belle et vertueuse fille (4) a faites. Cet esprit tout parfait ne peut rien produire qui ne lui ressemble. Je souhaite toujours avec passion ce que vous désirez ; mais il se faut voir, et jusque là, je ne puis rien faire que des souhaits. Je leur ai écrit, c'est-à-dire à la mère et aux filles, il y a peu de temps. J'espère que nous nous trouverons toutes ensemble devant qu'il soit longtemps. À cette heure-là, nous en parlerons davantage...

 À La Haye, ce 14 janvier (1610).

 LES AFFAIRES DE HOLLANDE.

 À du Plessis-Mornay, pour qu'il vienne assister de ses conseils le Prince d'Orange.

 Monsieur, j'apprends par les lettres que m'écrit Monsieur de Villebon que j'ai le bonheur d'être quelquefois en votre mémoire, Certes, Monsieur, vous n'y pouvez avoir personne qui vous honore et estime davantage, et je ne suis pas seule ici qui désirerait que nous puissions avoir le bonheur de vous y voir quelques jours pour vous le témoigner. C'est la vérité, Monsieur, que l'on y a grand besoin de vos sages et prudents avis et conseils, et ne me trompe point de croire que les uns et les autres y déféreraient plus qu'à nuls autres qui leur puissent être donnés de quelque part que ce soit.

Monsieur, il n'est pas question du fait de la Religion seulement ; il y va de tout l'État, qui se va perdre, si bientôt on n'y pourvoit. Vous avez été un de ceux qui avez aidé à feu Monsieur mon mari à l'établir ; aidez, Monsieur, à ses enfants à empêcher qu'il ne se ruine. Si les morts avaient du ressentiment de ce qui se fait ici-bas, je m'assure qu'il vous en conjurerait en son nom, et par ses cendres, Monsieur, je vous en fais affectionnée requête. Je sais que, peur y être autorisé, il vous y faut venir avec commandement ; mais je sais bien aussi que, si vous en avez la volonté, vous trouverez bien l'invention de vous le faire donner. Au nom de Dieu, Monsieur, ne regardez point à de petites cérémonies. Le temps presse, et cependant que vous êtes à Rouen, il vous serait bien plus aisé de faire ce voyage que d'attendre que vous soyez à Paris ou à Saumur. Or, Monsieur, je prie Dieu qu'il vous donne une bonne inspiration...

 À La Haye, ce 28 décembre 1617.




CATHERINE DE BOURBON

1559-1604





 « Vous ne sauriez croire, écrivait Jeanne d'Albret, peu avant sa mort, comme ma fille est jolie parmi cette cour, car chacun l'assaut en sa Religion ; elle leur fait tête et ne se rend nullement. Tout le monde l'aime. » Catherine avait treize ans et demi. Plus tard, sous le règne de « son cher et brave roi », comme elle appelait Henri IV, les plus durs assauts lui furent livrés. Elle fit tête vertement à son frère et ne se rendit pas. Agrippa d'Aubigné, dans le temps même où elle se débattait contre les convertisseurs, en 1601, lui aurait soufflé cette fière réplique que « la loi salique n'avait pas partagé la constance en sa maison », c'est-à-dire l'avait donnée aux femmes et refusée aux hommes. La loyale, la fidèle, à côté du Béarnais inconstant et léger. La chrétienne irréprochable, au milieu de la corruption et des scandales de la cour. « On ne peut guère la blâmer, dit Athanase Coquerel fils, que d'avoir été une sainte trop indulgente pour les fautes d'autrui. » C'est presque un éloge de plus. Elle lut recherchée, d'Aubigné dit « pourchassée », par tous les princes de la chrétienté. Finalement les calculs de la politique en firent une duchesse de Bar, et elle dut entrer dans une famille ultra-catholique, elle, l'inflexible huguenote. Elle avait quarante et un ans. Elle mourut à Nancy, cinq ans après, le 13 février 1604, vraisemblablement d'une péritonite tuberculeuse.

C'est une figure adorable et une pure gloire protestante que cette princesse des fleurs de lys. Bien que de taille médiocre et un peu boiteuse, elle avait du charme. Elle était musicienne, chanteuse, rimeuse. inférieure peut-être en puissance intellectuelle à Marguerite d'Angoulême et à Jeanne d'Albret, mais artiste comme elles. On retrouve dans ses écrits la grille de sa mère et aussi quelque chose de la verve aiguë de Henri IV. Lisez ses lettres, lisez ses poèmes, où il ne faut pas voir un simple jeu de l'esprit, car ils nous initient au drame de sa destinée, si vous voulez connaître dans toute sa splendeur l'âme douloureuse et tendre de Catherine de Bourbon.

 ÉDITION : Lettres et poésies de Catherine de Bourbon, publiées par R. Ritter, Paris, 1927, p. 125, 206, 114, 156, 144.

 À CONSULTER : Ernest Alby, Catherine de Navarre, Paris, 1850. Comtesse d'Armaillé, Catherine de Bourbon, soeur de Henri IV, Paris, 1865. Athanase Coquerel fils, dans Bull. XV. H. C. Magdowall, Henry of Guise, and other portraits, London, 1898. J. Pannier, L'Eglise réformée de Paris sous Henri IV, Paris, 1911. Garnier, Agrippa d'Aubigné et le parti protestant, Paris, 1928, Il.



 À THÉODORE DE BÈZE, EN LUI ENVOYANT DES VERS.

 Monsieur de Bèze, le désir que j'ai, non seulement de persévérer en la sainte connaissance où j'ai été élevée dès mon bas âge en l'Eglise de Dieu, mais aussi que tous les gens de bien et fidèles de ladite Église, sachent et s'assurent qu'avec la grâce de Dieu je ne changerai jamais cette belle résolution, j'ai bien voulu vous écrire moi-même par une si bonne commodité, comme à celui que je tiens des plus anciens amis et serviteurs de notre maison, et aux prières de qui je désire me recommander, car je tiens qu'elles me profiteront en ce temps même où les efforts du monde ont le plus de vigueur pour traverser le repos de ceux qui craignent Dieu. Vous devez croire que j'en ai ma part à bon escient, et en tant de sortes que j'ai bien besoin de l'assistance de l'Esprit qui n'abandonne point ceux qui espèrent en lui.

Parmi mes douleurs, je m'ébats quelquefois à parler à Dieu avec ma plume, non en vers, si bien faits comme ceux qui font profession de longue main de bien écrire, mais chrétiennement pour ma consolation, comme vous verrez par ceux que je vous envoie pour en être juge et modérateur de ce qui s'y peut trouver à redire, vous priant de toute mon affection d'y passer librement la plume et me témoigner en cela ce que j'espère de votre bonne amitié, et croire qu'en tout autre endroit je vous rendrai preuve de la mienne.

 26 janvier 1596.

 DEUX POÈMES.

 O Dieu, tu as promis, par ta bonté divine,
D'aider aux affligés qui ont recours à toi.
Mon coeur est plein d'ennui, Père, console-moi
Fais-moi sentir l'effet de ta faveur bénigne.
 
Je sais que mes péchés appellent ma ruine,
Je sais que tous les jours je transgresse ta loi,
Que je ne te sers pas ainsi comme je dois,
Que mon esprit mondain de pardon est indigne.
 
Hélas ! je reconnais que je t'ai irrité
En cent et cent façons, dont j'ai bien mérité
Ce rude châtiment pour punir mon offense.
 
Mon péché me déplaît pardonne-moi, Seigneur,
Regarde à ta promesse et non à mon erreur,
J'espère en ta bonté, non en mon innocence.

 

                                        ***

 Pardonne-moi, Seigneur tout saint, tout débonnaire,
Si j'ai par trop cédé à de mondains appâts.
Hélas, je fais le mal lequel je ne veux pas,
Et ne fais pas le bien que je désire faire.
 
Mon esprit trop bouillant, guidé par ma jeunesse,
S'est laissé emporter après la vanité,
Au lieu de s'élever vers ta divinité
Et admirer les faits de ta grande sagesse.
 
Ma langue qui devait publier ta puissance
Et l'honneur que de toi je reçois tous les jours,
Est bègue quand il faut entrer en ces discours,
Et prompte et babillarde après la médisance.
 
Mon oreille, Seigneur, n'est-elle pas coupable,
Qui devait écouter ta sainte vérité
Et y prendre plaisir ? Ingrate elle a été,
Sourde à ouïr ta voix et ouverte à la fable.
 
Que dirai-je, mon Dieu, de mes yeux infidèles
Qui, au lieu de jeter leur regard dans les cieux
D'où leur vient leur salut, aveugles, aiment mieux
Les arrêter ici sur des beautés mortelles ?
 
Mes mains ne font pas mieux, s'amusant à écrire,
Au lieu de ta louange, un discours inventé,
Lorsque, jointes, devraient prier ta majesté
D'approcher ta pitié et reculer ton ire.
 
Alors qu'il faut aller écouter ta parole,
Mes pieds sont engourdis et vont le petit pas ;
Mais s'il faut aller voir quelques mondains ébats,
Au lieu de cheminer, il semble que je vole.
 
Mon coeur est endormi en sa vaine pensée
Et ne médite pas au bien que tu lui fais.
Il te met en oubli ; mais où sont les parfaits
De qui ta majesté n'ait été offensée ?
 
Mais reçois-moi, Seigneur, d'un oeil doux et propice,
Puisque je reconnais mes péchés devant toi.
Regarde à ton cher Fils sacrifié pour moi,
Qui, prenant mes péchés, me vêt de sa justice.

 « J'IRAI À LA MESSE QUAND VOUS SEREZ PAPE ».

 À du Plessis-Mornay.

 Monsieur du Plessis, je n'ai voulu laisser aller Viçose sans vous assurer par mes lettres combien je vous suis toujours amie. Il vous contera toutes nouvelles de deçà, et des miennes, plus que je ne vous en saurais écrire. Je vous dirai ce seul mot, que vous assuriez, quoique l'on dise que l'on m'ait vue à la messe, que je n'y ai été de fait ni de pensée. Je me réserve à y aller que vous soyez pape, comme disait Monsieur le Prince de Conti (5). Assurez-vous donc, et tous les gens de bien, que je suis toujours très résolue en ma Religion. Dieu me veuille continuer cette sainte volonté.

 1594.

 Monsieur mon mari m'a fort commandé de parler à lui (au P. Commolet, de la Société de Jésus), ce que j'ai fait deux fois, où j'ai plus appris encore à être huguenote que jésuite. Voilà comme ce qu'ils ont fait, pensant me gagner, a réussi tout au contraire. Je ferai demain la Cène, s'il plaît à Dieu... Bonsoir. Soyez-moi toujours aussi bon ami que vous m'avez promis, et croyez que je n'en serai jamais ingrate.

 Mai 1599.

 AU DUC DE LA FORCE.

 J'envoie Beauchamp pour savoir des nouvelles du roi. Vous m'avez fait grand plaisir de m'en mander ; continuez, je vous prie. Je ne sais rien de nouveau. J'ai vu ce matin vos enfants, que je ne vois pas de bon oeil, haïssant tant le père comme je fais ; je m'assure que vous croyez bien cela, aussi le devez-vous. Je vis hier au soir votre fille en peinture : certes, elle est fort belle, et, si elle continue en croissant, elle fera bien tirer des chausses et friser les cheveux aux galants de son temps ; voilà ce que j'en crois, et sur ce bon mot qui peut vous contenter, je finirai vous donnant le bonsoir.

 Octobre 1598.


(1) C'est le mot même de la princesse d'Orange dans ses nombreuses lettres à Charlotte-Brabantine de Nassau, duchesse de La Trémoïlle.

(2) Henri-Frédéric de Nassau, le fils de Louise de Coligny.

(3) Charlotte de La Trémoïlle, née en 1599, qui était auprès de Louise de Coligny.

(4) Anne de Rohan, la plus jeune des filles de Catherine de Parthenay, que Louise de Coligny désirait ardemment faire épouser à son fils.

(5) François de Bourbon, prince de Conti, fils de Louis de Bourbon, prince de Condé, et d'Éléonore de Roye.
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