Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

INTRODUCTION

III

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 Oh ! elles ne furent point sans défaut ! Il n'y a pas que Marie Dentière, l'ambitieuse et vindicative épouse du réformateur Antoine Froment, femme dé plume et de langue et qui avait parfois trop bon bec, espèce de « Madame Sans-Gêne » assez capable d'aller tirer la barbe à Calvin. Catherine de Parthenay, par exemple, l'auteur des Ballets allégoriques dont nous donnons un curieux extrait, n'était pas précisément une roucoulante colombe ; elle avait la dent très dure. Florence Estienne, la femme d'Isaac Casaubon, laquelle aimait tant entonner les psaumes dans le bateau qui l'emmenait à l'assemblée des fidèles à Charenton, avait hérité de l'humeur de son père, l'illustre imprimeur Henri Estienne, et se laissait emporter par la colère.

« Si les femmes s'en mêlent, écrivait, le 6 décembre 1563, François Morel, qui fut le pasteur de Renée de France à Montargis, si les femmes s'en mêlent, nous ne pourrons faire aboutir nos discussions. Nos réunions deviendront la risée des papistes et des anabaptistes. »
Renée de France ne prétendait-elle pas vouloir assister aux séances du consistoire ?
« Morel était injuste, déclare un juge excellent, M. Rodocanachi. Dans le grand mouvement de la Réforme, comme dans toutes les crises, le rôle de la femme fut prépondérant... Il se peut que les femmes soient d'une utilité médiocre dans les délibérations, mais elles secondent efficacement les hommes dans l'action, les guident avec leur sens si délicat de l'opportunité, triomphent de leurs hésitations, enflamment leur courage et consolent leurs défaites » (20).

Nous avons parlé plus haut de la Dame de la Caille, dans sa prison de la Conciergerie, incitant Anne Du Bourg à persévérer et ranimant sa vocation chrétienne. La place nous manque pour donner ce grand morceau où d'Aubigné, s'élevant à la hauteur de l'épopée, raconte pour la postérité comment Charlotte de Laval, en 1562, après les massacres de Vassy et de Sens, décida Coligny à aller rejoindre l'armée des protestants commandée par Condé. Elle lui représenta vivement tant de sang versé des « frères » huguenots. Coligny lui dépeignit, par contre, tout ce qu'elle et leurs enfants auraient à souffrir de la guerre. « Supporterez-vous tout cela ? Je vous donne trois semaines pour vous éprouver. - Ces trois semaines sont achevées. »

À la suite de l'affaire de Montargis, en 1563, cette Renée de France, fille du roi Louis XII, dont se plaignait si amèrement le ministre Morel, fut tenue, dans le parti protestant, pour une héroïne légendaire que les pasteurs proposaient en exemple à toute l'Eglise de Dieu. Rappelons cet épisode. La Cour voulait détruire la « nichée de huguenots » de Montargis. François de Guise lui-même, qui avait épousé sa fille Anne, dépêcha à la duchesse, nonobstant qu'elle fût sa belle-mère, le sieur de Malicorne, avec quatre compagnies de cheval. Sommations de Malicorne, menaçant d'employer le canon contre le château. Renée de France lui fit porter ces paroles :
« Avisez ce que vous entreprenez, car il n'y a homme en ce royaume qui me puisse commander que le roi, et si vous en venez là, je me mettrai la première sur la brèche, pour essayer si vous serez si audacieux que de tuer la fille d'un roi, n'étant, au reste, si peu apparentée ni si peu aimée que je n'aie moyen de me ressentir de votre audace jusqu'en votre lignée, voire jusqu'aux enfants du berceau. »
Ce terrible message mit en fuite Malicorne.

En vérité, ces calvinistes, en qui battait le meilleur sang de France, où il y avait du courage, de l'opiniâtreté et de la vigueur, portèrent des âmes plus hautes que celles des héroïnes de Corneille, selon la remarque de Samuel Rocheblave ; car ce n'est plus ici de l'héroïsme imaginé, c'est de l'héroïsme vécu. Elles animèrent le parti huguenot de leur pénétrante flamme. Il en est même qui combattirent comme des hommes, firent le coup de feu. Les Rochelaises en 1573. Vers la même époque, la Dame de Miraumont, qui portait la cuirasse et maniait l'épée, plus audacieuse que les plus audacieux, tenant la campagne à la tête d'une soixantaine de gentilshommes et, quand les ennemis devenaient trop nombreux, se retirant dans son château, où elle soutint plusieurs sièges (21). Julienne Couillard, à Saint-Lô, dans le Cotentin, lorsque les troupes de Henri Il commandées par Matignon assiégèrent ce boulevard du protestantisme, en 1574 (22). La « Cotte rouge », une jeune fille inconnue, qui fit des prodiges à La Mure, en Dauphiné, pour repousser les soldats de Mayenne, en 1580 (23). Marguerite d'Ailly de Piquigny, épouse du fils aîné de Coligny qui, au temps de la Ligue, armant quelques marmitons et valets, sut défendre le château de Châtillon. Les femmes de Montauban, en 1621. Les femmes de Saint-Antonin, en 1622. Les femmes du Mas d'Azil, en 1625.

La France Protestante rapporte l'intrépidité de deux dames poitevines, Mme de Forin et sa fille Mme de Régnier. Le temple d'Exoudun ayant été condamné à la démolition en 1666, les deux châtelaines se mirent à la tête de deux ou trois mille gens du pays. Exoudun dut être occupé par deux compagnies de chevau-légers et des troupes d'infanterie (24).

Que dire des Camisardes dans les combats, d'une Lucrèce Guigon électrisant la troupe de Jean Cavalier et sabrant les soldats royaux au cri de : « Vive l'épée de l'Éternel ! » des Camisardes assistant les exécuteurs des vengeances de Dieu, soignant les blessés et les malades qu'elles abritaient dans des grottes ignorées ? Le capitaine de Planque mandait à Chamillard, le 16 janvier 1704 : « Je fis tuer cinq femmes ou filles fanatiques ou prophétesses, qui moururent fermes dans leur religion, sans vouloir entendre les raisons que le prêtre leur disait. » Et quelques jours après :
« Je fis en même temps passer par les verges jusqu'au sang quatre femmes ou filles qui avaient été plusieurs fois entendre prêcher la Blonde, fameuse prophétesse parmi les rebelles » (25).

Le prophétisme fut l'âme de cette guerre folle et désespérée qui sauva le protestantisme méridional. Les prédicantes en coiffe de percale et en robe de cadis ne firent pas que consoler le peuple de « leur chant de colombes », comme le veut Michelet ; elles l'exaltèrent d'un souffle brûlant et sauvage (26).

La persécution, est le triomphe du huguenot, a-t-on dit. Le « régister » gravé par de pauvres paysannes sur la pierre définit bien son âme invincible. Honorons ces femmes de mulquiniers de la Thiérache à l'humble et superbe héroïsme, que nous révèle, en une précieuse monographie, M. Paul Beuzart (27).

Admirons cette Marie Buisnard de la Ville-Voisin, dame de Cahan, en Bretagne, épouse de René de Madaillan-Lesparre, comte de Chauvigny, dont les biens furent vendus judiciairement en 1687 : son zèle dévorant pour la Réforme est resté légendaire dans cette province si catholique, où l'on parle encore, avec un frisson, de la terrible comtesse huguenote (28). Ce mot de la Dauphinoise Mme de Bardonnenche, femme d'un ancien conseiller de la Chambre de l'Édit : « J'irai où l'on voudra, même au feu, mais je n'irai pas à la messe ! » est un beau cri de huguenote (29). « Je ne changerai pas ma Religion, » voilà le cri de leur coeur, quand, à l'heure de la mort, le magistrat vient leur présenter la formule d'abjuration. Procès sera fait â leur mémoire et leur cadavre traîné sur la claie ou « enterré aux champs, », c'est-à-dire jeté à la voirie : qu'importe à ces moribondes qui vont se trouver face à face avec Dieu et veulent passer au chant des psaumes ? (30).

Uganaudo èron nascudo,
uganaudo voulièu mouri (31),

 dit le poème de Bigot : « Huguenotes elles étaient nées, huguenotes elles voulaient mourir. »

Quelques-uns des écrits qui suivent attestent la cornélienne constance dont firent preuve de toutes jeunes et de très âgées, nous les montrent au couvent, dans les maisons de « Nouvelles : Converties », dans l'hôpital de Valence, - un enfer, - au fond de geôles d'une humidité meurtrière, dans les havres où se formaient les « voitures » de déportés pour les lointaines plages désertes.

Comme on pourra s'en convaincre, à la lecture de leurs récits, ce n'étaient pas des âmes ordinaires que celles qui, foudroyées par la Révocation et ne voulant pas plier, en prononçant les trois mots : « je me réunis », s'arrachèrent à leur patrie et à leur foyer pour obéir à leur conscience, On les verra, peintes par elles-mêmes, fugitives sur les routes terrestres ou liquides de l'exil.
« Nul roman comparable, pour l'intérêt des aventures et le pathétique des situations, à ces histoires trop vraies... De jeunes demoiselles, devenues tout-à-coup intrépides et aventureuses, à quinze ans, à seize ans, se hasardaient dans les bois, les déserts, à la merci d'hommes de mine affreuse et affamés d'argent... Il y a mille histoires d'embarquements aventureux » (32).

Elle n'avait pas plus de seize ans, cette Suzanne Villaret, de la Fauguières, près de Saint-Nazaire-des-Gardies, dans le canton de Sauve, Gard, lorsqu'elle partit sur la belle jument blanche de son père, une nuit de l'été de 1700, en compagnie d'un sien cousin, Ducros, marié en Suisse, et sous la conduite du muletier La Violette. De Lausanne, elle écrivit à ses parents pour leur demander pardon d'être partie sans en rien dire.
« N'eût été le grand désir que j'avais de glorifier Dieu en liberté, je n'aurais commis un crime semblable... Rien au monde n'aurait su m'ébranler d'auprès de vous, s'il n'avait été pour faire quelque avancement à mon salut » (33).

Nous n'avons rien, et c'est grand dommage, de la plume de Mlle Batally, femme de M. Cognard et originaire de Bordeaux, dame de condition, qui habitait Rouen. Elle passa en Angleterre, cachée à fond de cale, sous des ballots de marchandises, où elle se trouva à côté d'un pasteur. Au moment de partir, ce dernier lui demanda comment une femme de sa qualité pouvait se décider à abandonner son pays et ses richesses : « Il n'est rien, répondit-elle, que je ne sacrifiasse pour la gloire de mon Dieu. » D'Angleterre elle gagna la Hollande et se retira à Delft, où elle vécut du produit de la vente d'un magnifique collier de perles, seul reste de son opulence (34)


IV

 Gardiennes, protectrices du foyer dont elles ont préservé jalousement la pureté, les femmes de la Réforme française ont marqué fortement leur empreinte dans la famille.

Au XVIe siècle, d'après Lucien Romier, c'est la femme qui nourrit à la maison un « idéalisme vivace », et c'est « par les mères et les épouses » que « la Réforme gagna quelques-uns de ses meilleurs soutiens dans la noblesse » (35). Il faut ajouter, avec John Viénot : pas seulement dans la noblesse, et se souvenir de la mère de Jean Leclerc, le cardeur de laine, de Meaux, car les premiers Réformés étaient du peuple.

« J'ai perdu l'excellente compagne de ma vie, écrivait Calvin à Viret, en 1549, celle qui ne m'eût jamais quitté, ni dans l'exil, ni dans la misère, qui n'eût pas voulu me survivre. Tant qu'elle a vécu, elle m'a fidèlement aidé à remplir mon devoir. Jamais elle n'a été pour moi une peine ni un obstacle. Et, comme elle ne s'occupait jamais d'elle-même, elle n'a point voulu, dans tout le cours de sa maladie, me tourmenter pour ses enfants (36). Craignant qu'elle ne renfermât ce souci au fond de son coeur, je lui en ai parlé moi-même trois jours avant sa mort, et lui ai promis que je ne leur manquerais point. - « je les ai déjà recommandés à Dieu, me répondit-elle. - Mais cela n'empêche pas, lui dis-je, que moi aussi, je n'en prenne soin. - je sais bien, reprit-elle, que tu ne négligeras point ce que tu sais que j'ai recommandé à Dieu. » De pareils sentiments peuvent tout sur moi », ajoutait Calvin (37).

Nommons ici les purs modèles du mariage chrétien et huguenot. Après Idelette de Bure, les épouses des trois Châtillon : Charlotte de Laval, dont il sera question plus loin, et Jacqueline d'Entremont ; Claude de Rieux et Anne de Salm, la première et la seconde femme de ce François de Châtillon, seigneur d'Andelot, qui mérite d'être compté parmi les premiers confesseurs de la foi réformée ; et cette fille d'un gentilhomme normand, Elisabeth d'Hauteville, dont les convictions religieuses impressionnèrent si vivement Odet de Châtillon.

Voici des héroïnes, voire des martyres de la piété conjugale. Éléonore de Roye, princesse de Condé, et la femme de François de La Noue, dit Bras-de-Fer, cette Marie de Luré, en qui Moïse Amyraut reconnaissait le véritable type de l'épouse calviniste. La Noue est pris, en Flandre, par les troupes de Philippe II : 1580. Cinq années d'une horrible captivité. Mais la femme, alors, fut aussi grande que l'homme. À lire ce qui reste de sa correspondance, « on sent que, pendant cinq longues années, toute la puissance d'aimer et d'agir de cette vaillante se concentra sur les quelques pieds carrés où le prisonnier souffrait toutes les tortures du corps et de l'âme, au fond de cette abominable tour de Limbourg, où il « avait une même habitation avec les crapauds. » Pour le tirer de cette géhenne, il n'est effort qu'elle ne tente, déployant une vigueur vraiment virile, celle qu'elle avait, une première fois, exercée, pour échapper aux massacreurs de la Saint-Barthélemy. Un Anglais s'était lié d'amitié indissoluble avec La Noue : l'ancien ambassadeur d'Elisabeth à Paris, François Walsingham ; Marie de Luré s'adresse à lui, car il est devenu l'un des conseillers de la reine d'Angleterre. Et Walsingham « écoute sans sourire les propositions les plus folles que l'amour conjugal inspire à Marie, comme celle d'armer en course une flotte anglaise qui surveillerait les côtes de Flandre », dans le but de préparer la délivrance du Bras-de-Fer (38).

Il y avait, chez certaines femmes de cette époque, un oubli de soi-même, un enthousiasme pour l'autorité souveraine du devoir, qui leur faisaient affronter tous les périls, toutes les privations, la mort même, lorsqu'il s'agissait de venir en aide à leurs maris.

Connaissez-vous ce trait d'Antoinette d'Aubeterre, l'épouse distinguée à tous égards, de Jean de Parthenay-Larchevêque, seigneur de Soubise ? Celui-ci, envoyé à Lyon en 1562, pendant la première guerre de religion, l'engage à venir le rejoindre. Elle lui répond qu'elle a eu « avertissement qu'on les voulait prendre, elle et sa fille, et les mener devant Lyon, menaçant le sieur de Soubise de les tuer toutes deux, s'il ne rendait la ville. » Elle le « supplie, au nom de Dieu, de n'être ému de nulle affection naturelle, mais de préférer la gloire de Dieu en son devoir à la vie d'elle et de sa fille, d'autant qu'elle aimerait beaucoup mieux mourir de mille morts, que si cela était cause de lui rien faire faire contre l'honneur de Dieu, le sien, et le service de son roi » (39).

« Mon conseil en perplexité, disait du Plessis-Mornay de sa femme Charlotte Arbaleste, ma consolation en adversité, aiguillon perpétuel à tout bien faire, au-dessus et de son sexe et de son siècle. »

Vous reconnaîtrez sans peine que la doctrine et l'esprit de Jean Calvin pouvaient faire un grand caractère d'un homme capable de tous les excès comme Agrippa d'Aubigné ; mais ne négligez pas de noter l'influence de sa première femme. Quel dommage que nous n'ayions rien de la belle Suzanne de Lezay, qui était, « contre l'ordinaire de son sexe », discrète et capable de garder tous les secrets ! « Laquelle, ajoute d'Aubigné, comme génie de mon âme, m'exhortait au bien, me retirait du mal, arrêtait mes violences, consolait mes afflictions, tenait la bride à mes pensées déréglées et donnait de l'éperon aux désirs de m'employer à la cause de la vérité » (40).

La belle et bonne qualité française des épouses huguenotes, on la retrouve sous Louis XIV, aux temps où l'on s'efforça de détruire tout droit des protestants à la vie civile et de rendre leur vie privée intenable. « Le roi croit que la persévérance de certains maris ne tient qu'à celle de leurs femmes. Qu'elles cèdent, ils céderont » (41).

La belle et bonne qualité française des épouses huguenotes, on la retrouve au XVIIe siècle, où des compagnes comme Étiennette Pagès, la « Rachel » d'Antoine Court, ou Madeleine Gaidan, de Nîmes, la « Rachel » de Paul Rabaut, furent la Providence attentive et les anges protecteurs de leurs maris.

Épouses. Mères aussi.
Nous vous saluons avec tendresse, pauvres ménagères poitevines et saintongeaises qui, dans les faubourgs de Londres, aviez gardé vos vêtements de deuil, parce que vous ne pouviez oublier les enfants que les cavaliers du roi vous avaient ravis !

Mères huguenotes, dont le coeur parlait un si saisissant langage. Nous entendons encore la clameur de la mère de Jean Leclerc. En 1525, voyant fustiger son fils, elle lui donna courage, et après l'avoir vu flétrir au front, s'écria : « Vive Jésus-Christ et ses enseignes ! » (42).

Deux siècles plus tard, en 1728, Alexandre Roussel fut exécuté sur l'esplanade de Montpellier ; il avait 27 ans. Antoine Court alla trouver sa mère, Suzanne Martin. Elle lui dit : « Si mon fils eût témoigné quelque faiblesse, Je ne m'en fusse jamais consolée ; mais puisqu'il est mort constamment, toute ma douleur se change en actions, de grâces » (43).
Certes, une part essentielle revient aux mères dans la formation de la conscience protestante.

Belles traditions de la piété domestique, saints usages du culte de famille, de la prière dite aux repas, et dite le matin et le soir, pures leçons, glissant leurs parfums dans tous les jeunes coeurs, de la grande Bible in-folio et du psautier achetés un jour à un colporteur et qui se transmettaient comme un héritage sacré. Les mères. Gardiennes énergiques et tendres d'un évangile à la fois mystique et moral, institutrices des moeurs et des caractères, sachant trouver pour leurs enfants ou leurs neveux des « amitiés », suivant un mot de Maurice Barrès, des images puissantes sur leur esprit et capables de déchaîner en eux de la musique. Il vient du foyer huguenot à découvert une senteur de profonde et simple spiritualité. Le christianisme vivant est là, avec l'amour des mères. Et c'est là que « de génération en génération se renouvelait une force, contre laquelle la persécution venait se briser. Le centre suprême de résistance, la force victorieuse, ce fut la famille » (44). Quel éloge pour les mères !

L'on voudrait pouvoir peindre ici une Marguerite de Fay, - des de Fay-Châteaurouge, proches parents de Coligny, - laquelle, après avoir entraîné son mari dans la Réforme, fit un homme d'élite et un huguenot inébranlable, de son fils aîné, Jean de Madaillan-Lesparre de Montataire, intrépide compagnon et fervent admirateur du Béarnais, mais qui ne reparut plus à la cour lorsque Henri IV eut embrassé le catholicisme (45).

Parcourez, dans le Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français, l'étude de M.-J. Gaufrès sur Philippe Mornay de Bauves, le fils de Charlotte Arbaleste et de du Plessis-Mornay, ou plutôt feuilletez les Mémoires de Charlotte Arbaleste elle-même, si vous voulez apprécier le modèle accompli d'une éducation protestante au XVIIe siècle. Sur un exemplaire de la Vérité de la Religion chrétienne, de du Plessis-Mornay, qui se trouve au château de Fontainebleau, on lit ce vers, transcrit d'une main inexpérimentée et juvénile :
Craindre Dieu, vous servir, ma mère, c'est mon tout.
Une Charlotte Arbaleste fait figure, assurément, de fondatrice de « cette tradition, aujourd'hui trop effacée, de l'éducation protestante, à laquelle nous devons tous le meilleur de nous-mêmes » (46 ).

À propos des Méditations de Guizot sur l'essence de la Religion chrétienne, parues en 1864, Sainte-Beuve a noté : « Je crois voir encore (et de ceux qui ont eu l'honneur de la voir une seule fois, quel est celui qui peut l'avoir oubliée ?) sa vénérable mère, dans cette mise antique et simple, avec cette physionomie forte et profonde, tendrement austère, qui me rappelait celle des mères de Port-Royal, et telle qu'à défaut d'un Philippe de Champaigne, un peintre des plus délicats nous l'a rendue, cette mère du temps des Cévennes, à laquelle il resta jusqu'à la fin le fils le plus déférent et le plus soumis... Je la crois voir encore, en ce salon du ministre, où-elle ne faisait que passer et où elle représentait la foi, la simplicité, les vertus subsistantes de la persécution et du Désert : M. Guizot a recueilli et reconquis, on le sent, toute cette piété filiale et maternelle avec les années » (47).


V

 - Oh ! Oh ! des écrivains, les auteurs de ces Pages féminines de la Réforme française ? On en peut discuter.
- Eh bien, discutons-en.
- La forme est trop souvent inférieure à l'idée et une Marguerite d'Angoulême elle-même, pour si grande qu'elle soit, dit M. Jourda, « ne satisfait pleinement ni notre goût de la clarté, ni celui, que nous devons aux classiques et aux romantiques, d'une forme esthétique qui flatte à la fois notre intelligence et nos sens. »
- D'accord. Aucun souci d'art, nul apprêt. Seulement, si elles ne savent presque pas composer, elles parlent, du moins, une langue nourrie de la vivante sève française. Que l'on veuille bien examiner avec quelque attention notre « dessus de paniers » huguenots, et l'on admirera chez plus d'une, nous en avons la certitude, cette lumière d'acier, qui vient du dedans, du fond de la conscience, d'un coeur âprement convaincu.

Que de choses instructives : et charmantes, non pas toutes, évidemment, assez parfaites pour servir en tous points de modèles, - oui, il y a des inégalités, des défaillances et, si vous voulez, du fatras - mais bien dignes d'être connues et étudiées avec profit (48).

Leur style est loin d'être, comme il en a la réputation, un style froid. Nous la rencontrons, chez nos calvinistes, la « vieille prose du XVIe siècle, drue, haletante, crépitante, torrentielle » que Henri Brémond admire tant chez certains humanistes dévôts (49). On conviendra, avec M. Raymond Ritter, qu'il y a dans les lettres de Catherine de Bourbon, griffonnées à la diable, des répétitions, des négligences, des incorrections ; mais on devra aussi reconnaître avec lui que cette princesse des fleurs de lys, tout comme le roi, son frère, avait l'étincelle, et que, si les billets de Henri IV lèvent la paille, comme on dit, ou sont des diamants, ceux de Catherine renferment « des trouvailles constantes d'images justes et colorées » (50).

La langue d'une Louise de Coligny, d'une Catherine de Parthenay, d'une Elisabeth de Nassau, - j'en passe, et des meilleures, qu'on rencontrera plus loin - n'est pas moins bonne ni moins pertinente. Franchise du ton, rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de toute hypocrisie, et, avec tant de naturel, l'éclat du rire ou du sourire et la fraîcheur du teint. Simplicité savoureuse et vivacité « telle sur le papier qu'en la bouche ». Une grâce incontestable, « le charme propre à la langue de cour », assure Michelet. « Tandis que les provinciaux, même hommes de génie, un Montaigne, un d'Aubigné, fatiguent par un travail constant, les grandes dames de l'époque écrivent, au courant de la plume, une langue déjà moderne, agréable et facile, où le peu qu'on trouve de formes antiques semble une aimable naïveté gauloise » (51). Paul-Louis Courier, qui s'y connaissait, affirmait que la moindre femme du XVIII, siècle écrivait mieux que les maîtres de son temps. Le style des lettres de nos protestantes du grand siècle est, à l'ordinaire, vif et leste. S'il a son tour particulier, il ne devient jamais grave ou terne, au point de faire déjà pressentir ce qu'on appellera plus tard le « style réfugié ». Elles excellaient à écrire des lettres, comme elles excellaient à causer. Les femmes causent à merveille, et, la plume à la main, elles causent encore.

Au XVIIe siècle, Voiture et Balzac mirent à la mode de genre ou plutôt la littérature épistolaire. On se faisait un nom par quelques lettres. Mme Des Loges, qui fut un peu, sous Louis XIII, dit Jacques Pannier, « une précieuse avant les précieuses », est regardée par Tallemant des Réaux comme « la première personne de son sexe qui ait écrit des lettres raisonnables », entendons des lettres destinées à être lues en société et à courir de main en main. Cette épistolière huguenote, dont il reste trop peu de chose, est véritablement un précurseur. Mme de Sévigné n'a fait que porter à sa perfection, en le cultivant avec art, un genre qu'elle n'a point inventé, elle est la première entre mille rivales. Hé ! nos protestantes, encore une fois, firent leur partie comme les autres.

J'attache le plus grand prix aux pages intimes de quelques-unes. Ce sont des impressions rapides et sincères au jour le jour, et non de ces mémoires que l'on écrit pour poser devant la postérité. Femmes d'esprit, elles ont conté joliment ce qu'elles voyaient. Femmes d'imagination, elles ont su traduire les sensations vives que produisaient sur elles les événements ou les menus faits de la vie mondaine. On découvre dans leur correspondance la chronique des moeurs du temps. Anecdotes piquantes, papotage amusant, histoires de chiffons, description d'une robe nouvelle, éloge d'une coiffure, rien n'y manque. On se sent en présence de patriciennes et de lettrées qui évitent d'être pédantes, restent simples et naturelles, femmes, vraies femmes, bien françaises et chrétiennes, joignant les qualités les plus délicates de l'esprit aux talents les plus précieux du coeur. Arrêtons-nous. Il ne faut pas les trop vanter, sans doute, mais il serait injuste de les laisser dans l'oubli, et la postérité leur doit, à tout le moins, un souvenir de très haute estime et de reconnaissance.

Après les morceaux choisis des grandes dames de la Réforme, on lira des témoignages, dont l'humanité profonde, la candeur et la réelle élévation émeuvent infiniment. Pages de foi, de ténacité, de prière et de lutte, susceptibles de nous mettre, pour employer le mot de Matthieu Lelièvre, parlant de son commerce avec le Livre des Martyrs de Jean Crespin, « un peu de fer dans le sang ». Pages belles entre toutes. Mères du Désert, qui avez porté nos destinées, vous êtes les plus grandes.

On notera, en somme, dans leurs écrits, assez peu de cette phraséologie sentimentale et déclamatoire qui devait régner à la fin du XVIlle siècle. Des lettres ingénues, simples, graves. Des confessions mûries sous le soleil de la souffrance, trempées, de larmes, quelques-unes écrites d'un cachot ou d'une basse-fosse, si vivantes et si sincères, en dépit de leur forme un peu rude. Les entendez-vous parler, nos huguenotes du Midi nourries des prophètes et des psalmistes d'Israël, et qui surent s'assimiler avec tant d'aisance les tours, les images, l'accent de la Bible ? Saveur de leurs phrases, pensées en patois avant d'être écrites en français. On dirait que ces femmes ont mâché toutes les herbes et tous les songes du Désert. Timbre inoubliable de leurs voix.

Combien nous regrettons de n'avoir aucun fragment de la main des prophétesses (52), d'une Isabeau Dubois, « celle qui, entre toutes, parut à Court la plus sage et la plus humble » (53). Elles manquèrent, sans doute, un peu, de modération, ces hardies prédicantes, qui ont sur elles l'odeur de férigoule de leur Cévenne, et nous sommes très loin d'en vouloir faire des saintes du calendrier huguenot (54). Mais, pour mon compte, je l'avoue, leur âme si passionnée me touche, et j'ai cru les voir, plus d'une fois, à écouter telle paysanne de l'Anduzenque, d'une très verte sève, qui avait le don énergique et coloré de la conteuse - ma propre mère, par exemple, que j'aimais entendre, quand j'étais enfant, redire, avec mon grand'oncle Gédéon Ribes, cette vieille chanson languedocienne

Deman, avans l'aubeto,
Sans tambour ni troumpeto,
Cargaren biasso e capèl
E fugiren coumo d'aucèl
Devers lou camp de l'Eternel
E vers la maisoun d'Israel (55).

 De pareilles femmes demeurent l'honneur de leur pays, en même temps que la gloire de leur communion. Françaises du sang français le plus pur, si bonnes Françaises ! Dans leurs rêves et leur labeur de souffrance pour le triomphe de la Cause, nos Mères n'ont jamais séparé leur patrie - notre patrie - de leur foi évangélique. La valeur à la fois si française et si humaine de leur caractère ne passera point.

« La vie des saints a été, de tout temps, pour le catholicisme, la grande école d'éducation... Il nous faut aimer. Il nous faut admirer. Nous avons besoin de maîtres de la vie spirituelle sur lesquels nous essaierons de nous modeler. Devant la foule bigarrée des saints catholiques, certains protestants se prennent à déplorer de n'avoir pas leurs saints, Ces doléances témoignent surtout de la méconnaissance totale de nos richesses. Riches, nous le sommes, infiniment... Nos hommes sont grands d'une humanité palpitante et forte ; et si les vivants seuls propagent la vie, quelle vitalité nous connaîtrions si nous établissions un commerce intime et prolongé avec les Pères ! » (56). Et avec les Mères. Avec les Mères sans qui, certainement, nous ne serions pas ce que nous sommes.

Comprenons bien que notre mission est de saisir pour nous-mêmes tout ce que Dieu a placé ainsi à notre berceau. Recueillons les traditions de nos protestantes, le fonds de pensée et l'attitude religieuse qui nous viennent d'elles, directement. Respirons le parfum de leur coeur, et que ces magnifiques natures nous donnent quelque peu de leur trésor : grande idée de Dieu et du Christ, et souci de l'honneur de Dieu, piété et vie pure indissolublement unies, affinement de la conscience, véracité, loyauté, joies du sacrifice ou de l'indomptable constance, et poésie de l'âme, tout ce qui, dans les tristesses et les menaces de l'heure présente, nous rendra fervents, courageux et libres.

Celui qui écrit ces lignes a longuement hanté le moyen âge mystique, surtout le XIIIe siècle franciscain ; mais les hautes images spirituelles, les nostalgiques visions dont sa mémoire et son coeur sont remplis n'ont obscurci en lui d'aucune façon un vivace patriotisme de l'âme, l'irréductible orgueil de son terroir cévenol et de sa mère calviniste.



 Nous tenons à avertir qu'en respectant scrupuleusement le style du temps et des personnes, nous ne nous faisons nullement une religion d'en reproduire l'orthographe ou la ponctuation. Car nous désirons que ces textes soient lus, comme ils méritent de l'être. Quel intérêt y aurait-il à transcrire ainsi un extrait de Renée de France - « Jay ressu la laictre, etc... » L'orthographe était alors, comme chacun sait, des plus fantaisistes et des plus variables. Nous ne parlons pas de l'absence souvent totale de ponctuation. Aux difficultés que peuvent présenter certains morceaux, n'allons pas ajouter celles qui résultent d'une graphie compliquée, souvent inconséquente, et qui est parfois, peut-être, moins celle des auteurs que celle des imprimeurs ou éditeurs. Dans leurs Morceaux choisis du XVII, siècle, publiés par la librairie Hachette, M. E. Huguet (Prosateurs du XVIe siècle), M. A. P. Lemercier (Chefs d'oeuvre des poètes duXVIe siècle), tout comme M. Alfred Jeanroy, membre de l'Institut (Principaux chapitres et extraits des « Essais » de Montaigne), ont systématiquement modernisé l'orthographe.




 M. Charles Bost nous a fourni très généreusement les plus utiles indications. Nous lui devons la belle lettre de Rose de Boileau et, en outre, tous les renseignements, en grande partie nouveaux, que renferment les notices sur Rose de Boileau, Marie Gebelin, Étiennette Pagès, Isabeau Corteiz.

M. Samuel Pierre-Loti-Viaud a eu la bonté de nous ouvrir ses dossiers et nous a autorisé à citer les lettres inédites de Judith Renaudin qui fascinèrent l'enfance huguenote de l'un des plus grands écrivains français. Nous avons mis à l'épreuve l'extrême complaisance de M. le Duc de La Force, de l'Académie Française, et celle de M. Jacques Pannier, secrétaire de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français. À tous ceux qui nous ont aidé dans nos recherches nous exprimons notre reconnaissance profonde.

 15 février 1937.


(20) E. RODOCANACHI, Renée de France, Paris 1896, p. 385.

(21) C. ViNCENS (Arvède Barine), François de la Noue dit Bras-de-fer, Paris, 1875, p. 190.

(22) G. MORIN, Julienne Couillard, broch., éd. de la Cause.

(23) France protestante, 2, éd, I, 710.

(24) Fr. protest., 20 éd., VI, 614 ; cf. 0. Douen, La Révocation de l'Édit de Nantes à Paris, I, p. 303.

(25) Cité par G. TOURNIER, Au Pays des Camisards, Musée du Désert, en Cévennes, 1931, p 56. Il s'agit évidemment de la femme du Camisard Castanet, Marie Planque, « que nous appelions Blondine », mémoires inédits d'Abraham Mazel et d'Elie Marion, éd. Ch. Bost, Paris, 1931, p.189.

(26) Voir une liste d'inspirées dans les Mémoires de Mazel et Marion, p. 188-190. Beaucoup avaient pris le Désert bien avant la guerre des Camisards. Charles Bost, dans son ouvrage sur Les Prédicants Protestants des Cévennes et du Bas-Languedoc, Paris, 1912, Il, p. 48-52, 64, 187, cite des femmes capables de prêcher, qui marchaient quelquefois avec les troupes que formèrent les prédicants après les « conversions » de 1685. La veuve Dumasse, de Soudorgues ; Isabeau Redourtier, de Milherines, au pied du Liron, à peine âgée de vingt ans, qui s'imposa à Claude Brousson par sa modestie, son humilité, sa simplicité et sa piété ; Pintarde, de Cros, laquelle prit les bois dès l'âge de seize ou dix-sept ans ; Poussielguesse, du mas de Maliestre, près de Lasalle. Les prophétesses pullulèrent aussi dans le Dauphiné et le Vivarais. On connaît Isabeau Vincens, nommée à tort « la bergère de Crest » ou « la belle Isabeau »,
car elle n'était ni native de Crest, ni remarquable par sa beauté : elle tombait en extase et prononçait des discours en patois, en français. En janvier 1698, prêchaient dans le voisinage de Bourdeaux Suzanne Mazel et d'autres. M. E. Ponsoye a étudié le dossier de Marie la Boiteuse qui, dit-on, « pleurait du sang » et celui d'Isabeau « Dauphinenche », qualifiée de « présidente des prophétesses ». (Arch. Hérault, c. 181.)

(27) Le Protestantisme en Thiérache, Paris, 1931.

(28) Maurice CAMPAGNE, Histoire de la Maison de Madaillan, Bergerac, 1900, p. 198-189.

(29) ARNAUD, Histoire des Protestants du Dauphiné, Paris, 1876, III, p. 58.

(30) « Monsieur, que me voulez-vous ? S'il ne vous faut que ma vie, je suis prête à vous la donner », déclare au sénéchal du Siège présidial de Nantes une fille de trente ans, Renée Pineau, échappée aux dragons d'Angers en 1687, et malade d'une fièvre (Bull., IV, 1856, p. 512). Mourante, la noble demoiselle de Chandieu répond au curé de Maringues, dans la Saône-et-Loire, le 14 avril 1690 : « Ah ! je vois bien que vous êtes l'ennemi de mon salut. J'ai la conscience en paix et en repos, parce que l'Esprit de Dieu qui est en moi me le fait connaître » (Bull. LX, p. 487).

(31) Li Flou d'Armas, Nîmes, 1891, p. 32.

(32) MICHELET, Histoire de France, XI, p. 302-2. Voir, dans le Bull. LXXXI, P. 198, l'aventure du pasteur Jean Barbin de Telliers et de sa femme, Jeanne Derval, en 1685. Ils cherchaient à sortir de France. Des dragons les surprirent, pendirent le pasteur à un arbre, et s'en allèrent. La femme, qui s'était cachée, reparut, coupa la corde et ramena son mari à la vie. Ils gagnèrent la Hollande en mendiant leur pain.

(33) Bull. LIX, p. 506.

(34) France Protestante, 21 éd., p. 960,

(35) Cité par John VIÉNOT, Histoire de la Réforme française des origines à l'Édit de Nantes, Paris, 1926, p. 282.

(36) D'un premier mariage d'Idelette de Bure.

(37) Cf. France Protestante, 2e éd., III, 638.

(38) H. HAUSER, François de la Noue, p. 126-131. 

(39) Bull. XXIII, p. 501.

(40) S. ROCHEBLAVE, Agrippa d'Aubigné, éd. « Je sers », p. 133. Le cri que d'Aubigné a poussé sur le tombeau de Suzanne est « peut-être le plus profond, le plus poignant qui retentisse dans toute son oeuvre ».

(41) Cité par MICHELET, Histoire de France, XV, p. 265.

(42) Crespin, I, p. 244.

(43) Et la mère du prédicant Gavanon enfermé dans un cachot du fort de Saint-Hippolyte, en Cévennes, 1692 : « En m'embrassant, a-t-il raconté, elle m'exhorta d'être toujours ferme et constant, de quelle mort que l'on voulût me faire mourir ; ce que je lui promis, ... et sur cela elle s'en alla contente. » (Ch. Bost, op. cit., II, p. 23.)

(44) E. PONSOYE, Almanach des Églises Réformées Evangél., 1933, p. 37.

(45) Maurice CAMPAGNE, Op. cit., p. 89-105.

(46) M. J. GAUFRES, dans Bull. XVII, p. 279.

(47) Nouveaux Lundis, IX, p. 96-7. Cf. Victor HUGO, dans Choses vues, 6e éd., Paris, 1887, p. 167, à la date du 18 décembre 1846 : « Au milieu de ce salon de velours et d'or, une apparition des Cévennes. M. Guizot lui disait un jour : « Vous rappelez-vous, ma mère, le temps où votre grand'mère vous parlait des dragons Qui la poursuivaient dans la montagne et des balles qui venaient trouer ses jupes ? »

(48) La surprise est grande de découvrir, à la fin d'un testament d'Elisabeth d'Hauteville, femme d'Odet de Châtillon, la prière purement splendide que voici : « Or, laisse, Créateur, aller en paix ta servante, rassasiée de jours, comblée de tes biens, désireuse de cet éternel séjour et repos où son âme vole et aspire... Seigneur, l'abîme de mes péchés appelle l'abîme de ta miséricorde et ce sang de Jésus... auquel tu laveras cette pauvre âme pécheresse, selon tes saintes promesses. » (Bull. LXXI, p. 91.)

(49) Histoire littéraire du sentiment religieux en France, Paris, I. p. 198.

(50) R. RITTER, Lettres et poésies de Catherine de Bourbon, Paris, 1927, p. XII.

(51) MICHELET, Histoire de France, XI, Les Guerres de religion, p. 298.

(52) On se fera une idée assez exacte de leur instruction et de leur langage en lisant Marie Oursel, Blanche Gamond et Jeanne Terrasson. Cf. dans le Bull. XIX-XX, la « confession de foi » rédigée par une bourgeoise protestante de La Rochelle (p. 27-32).

(53
) Mémoires d'Antoine Court, éd. Ed. Hugues, Toulouse, 1885, p. 34.

(54) Pourtant, tout n'était pas malsain, je m'assure, dans leur message, tout n'était pas ridicule dans leurs imaginations. Benjamin Du Plan, écrivant à Antoine Court, le reconnaissait (Lettre citée par G. Tournier, Au Pays des Camisards, P. 38).
(55)Demain, avant l'aubette,
Sans tambour ni trompette,
Portant besaces et chapeaux,
Nous fuirons comme des oiseaux
Devers le camp de l'Éternel
Et vers la maison d'Israël.
Je retrouve cette chanson dans le Bull. LX, p. 288.

(56) Wautier D'AYGALLIERS, Le Coeur des Réformateurs, dans Évangile et Liberté du 5 août 1925.
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