Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XXIX.

Enterrements.

  Le corps retourne dans la poudre. Eccles., XII, 7.



 L'Évangile nous annonce qu'après la mort vient le jugement : le jugement de Dieu, irrévocable, éternel. La vie avait été donnée à l'homme pour son temps d'épreuve ; mais la mort le fait passer dans un état définitif de rémunération.
Nous croyons qu'après la mort les méchants sont abandonnés sans retour aux fatales conséquences de leurs souillures, et nous croyons aussi que bienheureux sont ceux qui meurent au Seigneur ; car dès maintenant, dit l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux, et leurs oeuvres les suivent (Apoc., XIV, 1-3).
Nous croyons aussi qu'enseigner, contrairement à la Parole de Dieu, qu'il peut y avoir encore, pour les pécheurs enlevés à la vie, quelque espoir dans les prières des vivants, serait risquer d'encourager le péché et l'impénitence finale, et dresser un piège funeste à la faiblesse humaine.
Voilà pourquoi nous n'avons pas de prières pour les morts.

Toutefois, nous honorons leur mémoire, et nous profitons du moment solennel où leur dépouille mortelle est rendue à la terre pour diriger l'âme des vivants vers les grandes réalités de la vie, de la mort et du jugement.
Négliger ce devoir, c'est manquer une occasion précieuse de répondre aux besoins des âmes émues à l'aspect d'une grande scène, et disposées à la réflexion par la tristesse et la douleur. Si les services funèbres ne sont pas encore en usage dans toutes les Églises réformées de France, on les pratique dans la plupart d'entre elles, et on en recueille toujours des fruits excellents.

On conçoit, tout d'abord, qu'un service religieux de cette nature n'est point un panégyrique du défunt. Ce n'est point en présence de notre vanité et de notre poussière que le ministre de l'Évangile doit faire l'étalage de nos pauvres vertus et de nos misérables actions.
Ces fonctions du pasteur pourraient, dans certaines circonstances, devenir assez délicates pour être impraticables ou dangereuses ; car le panégyrique est un discours plutôt politique que religieux. Le service funèbre sera un appel à la conscience des vivants, l'exposé des doctrines vitales du salut, et l'annonce simple et touchante des miséricordes du Seigneur. À ce titre, loin d'encourager la superstition ou l'orgueil chez les faibles, il laissera dans les âmes des impressions profondes, dont le souvenir se rattachera pour toujours à celui d'un événement qui ne s'oublie jamais.

Les Églises qui célèbrent un service funèbre ont adopté diverses formes ; nous en combinons plusieurs ensemble, pour en proposer une qui reproduit leurs traits les plus saillants.

Le cercueil est déposé dans la terre ; les assistants se groupent en silence autour de la fosse ; le pasteur prononce les paroles suivantes :

« MES FRÈRES !
En présence de ce cercueil qui renferme la dépouille d'un frère que nous rendons à la terre, recueillons-nous devant Dieu et recevons dans des coeurs dociles et sérieux les enseignements de la Parole.

- Écoutez d'abord les sentences de la loi :
- L'homme est de courte vie et rassasié d'agitation.
- II s'élève comme une fleur, puis il est coupé ; il disparaît comme une ombre qui ne s'arrête point.
- Nous n'avons rien apporté dans ce monde : c'est pourquoi nous n'en pouvons rien rapporter.
- Le salaire du péché est la mort. Tous ont péché : c'est pourquoi tous doivent mourir.
- II est arrêté que tout homme meurt une fois ; après la mort vient le jugement.
- Chacun recevra selon ce qu'il aura fait, soit bien, soit mal, pendant qu'il était dans son corps.
- O Dieu ! si tu prends garde à nos iniquités, qui est-ce qui subsistera devant toi ?...
- Écoutez maintenant les promesses de la grâce :
- Le corps retourne en la terre d'où il a été tiré ; mais l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné.
- Celui qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle, et il ne périra pas à toujours. Je suis la résurrection et la vie, dit le Sauveur, et chacun de ses disciples peut dire avec confiance : « Je sais que mon Rédempteur est vivant, et lorsque mon corps aura été rongé des vers, je verrai Dieu de ma chair, je le verrai moi-même et mes yeux le verront. »
- Le corps semé corruptible ressuscitera incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscitera glorieux ; il est semé infirme, il ressuscitera plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel.
- Bienheureux sont ceux qui meurent au Seigneur ; oui, pour certain, dit l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux, et leurs oeuvres les suivent.
- II n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.
- O mort ! où est ton aiguillon ? O sépulcre ! où est ta victoire ? Grâces soient rendues à Jésus-Christ, par qui nous avons la victoire. »

Ici le pasteur prend une pellée de terre, et pendant qu'il la laisse tomber sur le cercueil, il prononce les paroles suivantes :
« Puisqu'il a plu à Dieu, Prince de la vie, de retirer de cette vie d'épreuve notre frère bien-aimé, nous confions son corps à la tombe, la cendre à la cendre, la poussière à la poussière, dans l'attente de la résurrection qui transformera notre corps mortel en un corps glorieux fait à l'image de Jésus-Christ, auquel, comme au Père et au Saint-Esprit, soient honneur, louange et gloire. Amen. »

PSAUME XXIII.
« L'Éternel est mon berger ; je n'aurai point de disette. Il me fait reposer dans des parcs herbeux et il me conduit le long des eaux tranquilles. Il restaure mon âme et il me mène par des sentiers unis pour l'amour de son nom.
Même quand je marcherais dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal ; car tu es avec moi ; c'est ton bâton et ta houlette qui me consolent. Tu dresses ma table à la vue de ceux qui me persécutent ; tu oins ma tête d'huile et ma coupe est remplie.
Quoi qu'il en soit, les biens et la miséricorde m'accompagneront tous les jours de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de l'Éternel pour longtemps. »

MES FRÈRES !
En rendant à notre frère décédé les derniers devoirs, ce n'est point sur sa dépouille mortelle, sur cette poudre qui retourne à la poudre d'où elle avait été tirée, qu'il convient de fixer nos pensées. - Si la mort est un châtiment infligé à l'humanité à cause du péché, elle est devenue par Jésus-Christ une délivrance pour l'âme fidèle, qui, enlevée aux misères et aux tentations de la vie présente, revêt, par l'efficace du sang de Christ et la puissance du Saint-Esprit, une nature incorruptible et sainte.
L'univers appartient au Seigneur ; en sortant de ce monde nous ne sortons pas de son empire ; et si, sur cette terre, où nous ne faisons que passer, il a accumulé tant de biens, quelles ne doivent pas être, dans sa Jérusalem céleste, les richesses de sa gratuité envers ceux qui, pendant la vie, ont mis leur entière confiance en lui.

Que les yeux de notre corps s'arrêtent sur cette fosse, séjour des vers et de la corruption, pour humilier notre orgueil et confondre notre vanité ; mais que les yeux de notre esprit, éclairés par la foi, contemplent le ravissant séjour que Jésus-Christ lui-même a préparé pour ceux qui le servent, et qu'il embellit de sa divine présence et de sa gloire éternelle. Que ces leçons terribles du sépulcre, que ces avertissements de la vie, que ces espérances de la foi, nous rendent attentifs à nos propres voies ; que ces appels de la. grâce nous disposent à travailler à notre salut avec crainte et tremblement, et à chercher le Seigneur pendant qu'il se trouve.

Mortels, apprenons à compter nos jours, afin que nous en ayons un coeur plein de sagesse ; affligés, ne pleurons point comme ceux qui sont sans espérance, mais versons nos larmes dans le sein de Dieu ; chrétiens, pensons, non point aux choses de la terre, qui périssent, mais aux choses du ciel, qui sont permanentes ; et puisque Dieu est la seule source de toute force et de toute consolation, élevons à lui nos esprits et nos coeurs. »

PRIÈRE.
« Dieu tout-puissant ! Père de miséricorde ! tu as déclaré dans ta Parole que tu n'es pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Tu dis aux fils des hommes : « Retournez dans la poussière, » et soudain ils ne sont plus ; mais tu retires des liens du sépulcre, pour les appeler à la gloire, ceux qui t'aiment, et la mort n'est ainsi qu'une des voies admirables de ta sagesse, par laquelle tu rassembles autour de toi, Père tendre et bienfaiteur suprême, la famille de tes élus !
Puisse celui dont nous rendons maintenant à la terre la grossière dépouille, avoir été marqué de ton sceau pour la vie éternelle ! Et nous, Seigneur, que tu as honorés des mêmes espérances, aide-nous, par ta grâce, à les comprendre et à les accepter avec une entière confiance ; que nous cherchions avec une véritable anxiété la seule chose nécessaire qui ne nous sera jamais ravie ; que nous ressuscitions, dès maintenant, de la mort du péché, pour vivre à la justice, afin qu'au sortir de ce monde nous rentrions dans ton repos, et qu'au jour de la résurrection générale, rendus semblables à Celui qui nous a rachetés, nous recevions de sa bouche divine la bénédiction qu'il prononcera sur ceux qui t'aiment et te craignent. À ce glorieux Rédempteur, comme à toi, Père céleste, et au Saint-Esprit, soient honneur, louange et gloire aux siècles des siècles. Amen ! »

Selon les circonstances, le pasteur ajoute à cette prière des supplications en faveur de la famille qui a perdu l'un des siens.
Enfin le pasteur bénit le peuple, en disant : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, que l'amour du Père et la communion du Saint-Esprit, soient et demeurent avec vous tous éternellement. Amen. »




XXX.

Le deuil.


  Dieu essuiera toute larme de nos yeux. Apoc., VII, 17.



 Après avoir veillé au chevet du mourant, après avoir accompagné ses restes inanimés jusqu'à sa dernière demeure, la religion n'oublie point les affligés qui sont appelés par la Providence à survivre à ceux qui laissent dans leurs rangs une place vide : elle a pour eux ses consolations et ses espérances ; elle verse sur leurs plaies le vin et l'huile de la compassion chrétienne ; elle sanctifie le deuil de ceux qui pleurent chrétiennement.

Il est chez nous une coutume touchante qui consiste de la part des affligés à se réunir quelques jours après le décès d'un parent. Personne ne manque à cette assemblée de famille, même les parents les plus éloignés, pour lesquels cette douleur commune est une occasion de rapprochement.
C'est le premier jour de sortie, et le lieu où l'on se rend d'abord est la maison de Dieu. Les auteurs de notre liturgie, qui ont prévu ce cas intéressant, ont inséré dans la prière la collecte suivante :
« O Dieu créateur ! qui disposes à ton gré de la vie de tous les hommes, arbitre suprême de tous les événements, toi qui ne nous places sur la terre que pour nous préparer à un monde meilleur, prends pitié, dans tes compassions paternelles, de toutes les personnes qui sont dans le deuil et qui pleurent sur de cruelles séparations ; verse toi-même sur leur plaie un baume salutaire ; comble par ton amour le triste vide que la mort a laissé dans leur coeur ; essuie leurs larmes ; relève leurs pensées abattues ; que la foi en tes promesses leur donne la force de continuer le pèlerinage auquel tu les appelles ici-bas ; que les biens qui leur restent les dédommagent de ceux qu'ils regrettent, et que la perspective assurée d'un séjour de paix et de repos pour ceux qui supportent l'épreuve avec patience, les soutienne, les console et leur fasse trouver encore quelques douceurs dans la route de la vie. Amen ! »




XXXI.

Consécration d'un ministre.


  Le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Paul et Barnabas pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelés. Actes, XIII, 2.



 Conformément aux coutumes établies dans la primitive Église, la consécration au saint ministère est conférée aux candidats par l'imposition des mains.
Avant de procéder à cette cérémonie, les pasteurs consacrants, réunis au nombre de sept au moins, examinent soigneusement les titres du candidat, qui consistent en un diplôme de bachelier en théologie, et un certificat d'aptitude au saint ministère, délivrés par une faculté de théologie compétente. Mais, comme ces titres sont plutôt universitaires qu'ecclésiastiques, les pasteurs procèdent d'ordinaire à un examen consciencieux et approfondi des garanties morales et religieuses qui témoignent du zèle et de l'orthodoxie du candidat.
On comprend qu'ici chacun apporte plus ou moins d'attention et de sévérité, selon la mesure de ses scrupules de conscience et de ses propres convictions intimes.

Une fois satisfaits sur ces divers points, les pasteurs consacrants procèdent à la cérémonie. Un d'entre eux est chargé de la présider : c'est d'ordinaire le président du Consistoire. Il ouvre-la cérémonie par la confession des péchés ; après un chant religieux, il annonce à l'assemblée le but de la réunion, et lui présente le candidat, qui est placé en face de la chaire.
Après cet avis, le pasteur, chargé d'adresser la parole au récipiendaire au nom de ses collègues, monte en chaire, et prononce un discours où il a soin de retracer les devoirs, les peines et les joies du ministère évangélique. Il termine son allocution en appelant le candidat à prêter le serment d'usage.
Alors le candidat, accompagné par les deux pasteurs les plus âgés, et suivis de tous les autres ministres de l'Évangile, monte les degrés d'une estrade qui aboutit auprès de la chaire ; là il se prosterne, et, plaçant sa main droite sur la sainte Écriture ouverte devant lui, il prête serment. Nous rapportons ici l'expression de ce serment, telle qu'elle a été rédigée à Montauban, et employée dans une consécration qui a eu lieu en 1839.

D. Conformément à la discipline de nos Églises réformées, d'après laquelle le candidat au saint ministère de l'Évangile doit rendre témoignage de la pureté de sa foi avant de recevoir l'imposition des mains, je vous invite à répondre aux questions suivantes :
Vous promettez devant Dieu, et sur les saintes Écritures ouvertes devant vous, de prêcher purement et fidèlement la Parole de Dieu, telle qu'elle est contenue dans les livres sacrés de l'Ancien et du Nouveau Testament, sans y rien ajouter ni en rien retrancher, comme le commande la Bible elle-même ?
R. Oui, je le promets.

D. En conséquence de cet engagement :
Vous promettez d'enseigner que, par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ; que tous ont péché et sont assujettis à la condamnation, et que nul ne sera justifié devant Dieu par les oeuvres de la loi ?
R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d'enseigner que Jésus-Christ est notre Seigneur et notre Dieu ; Dieu sur toutes choses, béni éternellement ?
R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d'enseigner que Jésus-Christ est mort pour nos péchés ; que nous avons en lui la rédemption par son sang, savoir, la rémission des péchés, et que nous sommes sauvés par la grâce, par la foi ?
R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d'enseigner que nul ne peut voir le royaume de Dieu, s'il n'est né de nouveau par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, lequel Dieu répand abondamment sur nous par Jésus-Christ, notre Sauveur ?
R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez d'enseigner que la foi sans les oeuvres est morte, et que, sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur ?
R. Oui, je le promets.

D. Vous promettez encore de faire tous vos efforts pour édifier l'Église du Seigneur, en vivant dans le siècle présent, selon la tempérance, la justice et la piété, et en vous appliquant à remplir les devoirs de votre sainte vocation ?
R. Oui, je le promets.

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D. Vous promettez, enfin, de tenir secrètes toutes les confessions qui vous seraient faites à décharge de conscience, excepté celles qui concerneraient des crimes de haute trahison ?
R. Oui, je le promets.

En conséquence de ces engagements, conformément à l'usage de l'Église primitive, en vertu de la charge que nous exerçons dans l'Église comme ministre de Jésus-Christ, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous vous autorisons à prêcher la Parole de Dieu, à bénir les mariages contractés suivant la loi, à administrer les sacrements, partout où le Seigneur vous appellera, et nous vous conférons le ministère évangélique par l'imposition des mains.
L'accolade fraternelle et le chant du psaume CXXXIV terminent la cérémonie.

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