Le corps retourne dans la poudre. Eccles., XII, 7.
L'Évangile nous annonce qu'après
la mort vient le jugement : le jugement de
Dieu, irrévocable, éternel. La vie
avait été donnée à
l'homme pour son temps d'épreuve ; mais
la mort le fait passer dans un état
définitif de rémunération.
Nous croyons qu'après la mort les
méchants sont abandonnés sans retour
aux fatales conséquences de leurs
souillures, et nous croyons aussi que bienheureux sont ceux qui
meurent au
Seigneur ; car dès maintenant, dit
l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux, et
leurs oeuvres les suivent (Apoc.,
XIV,
1-3).
Nous croyons aussi qu'enseigner, contrairement
à la Parole de Dieu, qu'il peut y avoir
encore, pour les pécheurs
enlevés à la vie, quelque espoir dans
les prières des vivants, serait risquer
d'encourager le péché et
l'impénitence finale, et dresser un
piège funeste à la faiblesse
humaine.
Voilà pourquoi nous n'avons pas de
prières pour les morts.
Toutefois, nous honorons leur mémoire, et
nous profitons du moment solennel où leur
dépouille mortelle est rendue à la
terre pour diriger l'âme des vivants vers les
grandes réalités de la vie, de la
mort et du jugement.
Négliger ce devoir, c'est manquer une
occasion précieuse de répondre aux
besoins des âmes émues à
l'aspect d'une grande scène, et
disposées à la réflexion par
la tristesse et la douleur. Si les services
funèbres ne sont pas encore en usage dans
toutes les Églises réformées
de France, on les pratique dans la plupart d'entre
elles, et on en recueille toujours des fruits
excellents.
On conçoit, tout d'abord, qu'un service
religieux de cette nature n'est point un
panégyrique du défunt. Ce n'est point
en présence de notre vanité et de
notre poussière que le ministre de
l'Évangile doit faire l'étalage de
nos pauvres vertus et de nos misérables
actions.
Ces fonctions du pasteur pourraient, dans certaines
circonstances, devenir assez délicates pour
être impraticables ou
dangereuses ; car le panégyrique est un
discours plutôt politique que religieux. Le
service funèbre sera un appel à la
conscience des vivants, l'exposé des
doctrines vitales du salut, et l'annonce simple et
touchante des miséricordes du Seigneur.
À ce titre, loin d'encourager la
superstition ou l'orgueil chez les faibles, il
laissera dans les âmes des impressions
profondes, dont le souvenir se rattachera pour
toujours à celui d'un
événement qui ne s'oublie jamais.
Les Églises qui célèbrent un
service funèbre ont adopté diverses
formes ; nous en combinons plusieurs ensemble,
pour en proposer une qui reproduit leurs traits les
plus saillants.
Le cercueil est déposé dans la
terre ; les assistants se groupent en silence
autour de la fosse ; le pasteur prononce les
paroles suivantes :
« MES FRÈRES !
En présence de ce cercueil qui renferme la
dépouille d'un frère que nous rendons
à la terre, recueillons-nous devant Dieu et
recevons dans des coeurs dociles et sérieux
les enseignements de la Parole.
- Écoutez d'abord les sentences de la
loi :
- L'homme est de courte vie et rassasié
d'agitation.
- II s'élève comme une fleur, puis il
est coupé ; il disparaît comme
une ombre qui ne s'arrête point.
- Nous n'avons rien apporté dans ce
monde : c'est pourquoi nous n'en pouvons rien
rapporter.
- Le salaire du péché est la mort.
Tous ont péché : c'est pourquoi
tous doivent mourir.
- II est arrêté que tout homme meurt
une fois ; après la mort vient le
jugement.
- Chacun recevra selon ce qu'il aura fait, soit
bien, soit mal, pendant qu'il était dans son
corps.
- O Dieu ! si tu prends garde à nos
iniquités, qui est-ce qui subsistera devant
toi ?...
- Écoutez maintenant les promesses de la grâce :
- Le corps retourne en la terre d'où il a
été tiré ; mais l'esprit
retourne à Dieu qui l'a donné.
- Celui qui croit au Fils de Dieu a la vie
éternelle, et il ne périra pas
à toujours. Je suis la résurrection
et la vie, dit le Sauveur, et chacun de ses
disciples peut dire avec confiance :
« Je sais que mon Rédempteur est
vivant, et lorsque mon corps aura été
rongé des vers, je verrai
Dieu de ma chair, je le verrai moi-même et
mes yeux le verront. »
- Le corps semé corruptible ressuscitera
incorruptible ; il est semé
méprisable, il ressuscitera glorieux ;
il est semé infirme, il ressuscitera plein
de force ; il est semé corps animal, il
ressuscitera corps spirituel.
- Bienheureux sont ceux qui meurent au
Seigneur ; oui, pour certain, dit l'Esprit,
ils se reposent de leurs travaux, et leurs oeuvres
les suivent.
- II n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont
en Jésus-Christ.
- O mort ! où est ton aiguillon ?
O sépulcre ! où est ta
victoire ? Grâces soient rendues
à Jésus-Christ, par qui nous avons la
victoire. »
Ici le pasteur prend une pellée de terre, et
pendant qu'il la laisse tomber sur le cercueil, il
prononce les paroles suivantes :
« Puisqu'il a plu à Dieu, Prince
de la vie, de retirer de cette vie d'épreuve
notre frère bien-aimé, nous confions
son corps à la tombe, la cendre à la
cendre, la poussière à la
poussière, dans l'attente de la
résurrection qui transformera notre corps
mortel en un corps glorieux fait à l'image
de Jésus-Christ, auquel, comme au
Père et au Saint-Esprit, soient honneur,
louange et gloire.
Amen. »
PSAUME
XXIII.
« L'Éternel est mon berger ;
je n'aurai point de disette. Il me fait reposer
dans des parcs herbeux et il me conduit le long des
eaux tranquilles. Il restaure mon âme et il
me mène par des sentiers unis pour l'amour
de son nom.
Même quand je marcherais dans la
vallée de l'ombre de la mort, je ne
craindrais aucun mal ; car tu es avec
moi ; c'est ton bâton et ta houlette qui
me consolent. Tu dresses ma table à la vue
de ceux qui me persécutent ; tu oins ma
tête d'huile et ma coupe est remplie.
Quoi qu'il en soit, les biens et la
miséricorde m'accompagneront tous les jours
de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de
l'Éternel pour longtemps. »
MES FRÈRES !
En rendant à notre frère
décédé les derniers devoirs,
ce n'est point sur sa dépouille mortelle,
sur cette poudre qui retourne à la poudre
d'où elle avait été
tirée, qu'il convient de fixer nos
pensées. - Si la mort est un châtiment
infligé à l'humanité à
cause du péché, elle est devenue par
Jésus-Christ une
délivrance pour
l'âme fidèle, qui, enlevée aux
misères et aux tentations de la vie
présente, revêt, par l'efficace du
sang de Christ et la puissance du Saint-Esprit, une
nature incorruptible et sainte.
L'univers appartient au Seigneur ; en sortant
de ce monde nous ne sortons pas de son
empire ; et si, sur cette terre, où
nous ne faisons que passer, il a accumulé
tant de biens, quelles ne doivent pas être,
dans sa Jérusalem céleste, les
richesses de sa gratuité envers ceux qui,
pendant la vie, ont mis leur entière
confiance en lui.
Que les yeux de notre corps s'arrêtent sur
cette fosse, séjour des vers et de la
corruption, pour humilier notre orgueil et
confondre notre vanité ; mais que les
yeux de notre esprit, éclairés par la
foi, contemplent le ravissant séjour que
Jésus-Christ lui-même a
préparé pour ceux qui le servent, et
qu'il embellit de sa divine présence et de
sa gloire éternelle. Que ces leçons
terribles du sépulcre, que ces
avertissements de la vie, que ces espérances
de la foi, nous rendent attentifs à nos
propres voies ; que ces appels de la. grâce nous
disposent à travailler
à notre salut avec crainte et tremblement,
et à chercher le Seigneur pendant qu'il se
trouve.
Mortels, apprenons à compter nos jours, afin
que nous en ayons un coeur plein de
sagesse ; affligés,
ne pleurons point comme ceux qui sont sans
espérance, mais versons nos larmes dans le
sein de Dieu ; chrétiens, pensons, non
point aux choses de la terre, qui périssent,
mais aux choses du ciel, qui sont
permanentes ; et puisque Dieu est la seule
source de toute force et de toute consolation,
élevons à lui nos esprits et nos
coeurs. »
PRIÈRE.
« Dieu tout-puissant ! Père
de miséricorde ! tu as
déclaré dans ta Parole que tu n'es
pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Tu
dis aux fils des hommes :
« Retournez dans la
poussière, » et soudain ils ne
sont plus ; mais tu retires des liens du
sépulcre, pour les appeler à la
gloire, ceux qui t'aiment, et la mort n'est ainsi
qu'une des voies admirables de ta sagesse, par
laquelle tu rassembles autour de toi, Père
tendre et bienfaiteur suprême, la famille de
tes élus !
Puisse celui dont nous rendons maintenant à
la terre la grossière dépouille,
avoir été marqué de ton sceau
pour la vie éternelle ! Et nous,
Seigneur, que tu as honorés des mêmes
espérances, aide-nous, par ta grâce,
à les comprendre et à les accepter
avec une entière confiance ; que nous
cherchions avec une
véritable
anxiété la seule chose
nécessaire qui ne nous sera jamais
ravie ; que nous ressuscitions, dès
maintenant, de la mort du péché, pour
vivre à la justice, afin qu'au sortir de ce
monde nous rentrions dans ton repos, et qu'au jour
de la résurrection générale,
rendus semblables à Celui qui nous a
rachetés, nous recevions de sa bouche divine
la bénédiction qu'il prononcera sur
ceux qui t'aiment et te craignent. À ce
glorieux Rédempteur, comme à toi,
Père céleste, et au Saint-Esprit,
soient honneur, louange et gloire aux
siècles des siècles.
Amen ! »
Selon les circonstances, le pasteur ajoute à
cette prière des supplications en faveur de
la famille qui a perdu l'un des siens.
Enfin le pasteur bénit le peuple, en
disant : « Que la grâce de
notre Seigneur Jésus-Christ, que l'amour du
Père et la communion du Saint-Esprit, soient
et demeurent avec vous tous éternellement.
Amen. »
Dieu essuiera toute larme de nos yeux. Apoc., VII, 17.
Après avoir veillé au chevet du
mourant, après avoir
accompagné ses restes inanimés
jusqu'à sa dernière demeure, la
religion n'oublie point les affligés qui
sont appelés par la Providence à
survivre à ceux qui laissent dans leurs
rangs une place vide : elle a pour eux ses
consolations et ses espérances ; elle
verse sur leurs plaies le vin et l'huile de la
compassion chrétienne ; elle sanctifie
le deuil de ceux qui pleurent
chrétiennement.
Il est chez nous une coutume touchante qui consiste
de la part des affligés à se
réunir quelques jours après le
décès d'un parent. Personne ne manque
à cette assemblée de famille,
même les parents les plus
éloignés, pour lesquels cette douleur
commune est une occasion de rapprochement.
C'est le premier jour de sortie, et le lieu
où l'on se rend d'abord est la maison de
Dieu. Les auteurs de notre liturgie, qui ont
prévu ce cas intéressant, ont
inséré dans la prière la
collecte suivante :
« O Dieu créateur ! qui
disposes à ton gré de la vie de tous
les hommes, arbitre suprême de tous les
événements, toi qui ne nous places
sur la terre que pour nous préparer à
un monde meilleur, prends pitié, dans tes
compassions paternelles, de toutes les personnes
qui sont dans le deuil et qui pleurent sur de
cruelles séparations ; verse
toi-même sur leur plaie un baume
salutaire ; comble par ton amour le
triste vide que la mort a
laissé dans leur coeur ; essuie leurs
larmes ; relève leurs pensées
abattues ; que la foi en tes promesses leur
donne la force de continuer le pèlerinage
auquel tu les appelles ici-bas ; que les biens
qui leur restent les dédommagent de ceux
qu'ils regrettent, et que la perspective
assurée d'un séjour de paix et de
repos pour ceux qui supportent l'épreuve
avec patience, les soutienne, les console et leur
fasse trouver encore quelques douceurs dans la
route de la vie. Amen ! »
Le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Paul et Barnabas pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelés. Actes, XIII, 2.
Conformément aux coutumes établies
dans la primitive Église, la
consécration au saint ministère est
conférée aux candidats par
l'imposition des mains.
Avant de procéder à cette
cérémonie, les pasteurs consacrants,
réunis au nombre de sept au moins, examinent
soigneusement les titres du candidat, qui
consistent en un diplôme de bachelier en
théologie, et un certificat d'aptitude au
saint ministère,
délivrés par une
faculté de théologie
compétente. Mais, comme ces titres sont
plutôt universitaires
qu'ecclésiastiques, les pasteurs
procèdent d'ordinaire à un examen
consciencieux et approfondi des garanties morales
et religieuses qui témoignent du zèle
et de l'orthodoxie du candidat.
On comprend qu'ici chacun apporte plus ou moins
d'attention et de sévérité,
selon la mesure de ses scrupules de conscience et
de ses propres convictions intimes.
Une fois satisfaits sur ces divers points, les
pasteurs consacrants procèdent à la
cérémonie. Un d'entre eux est
chargé de la présider : c'est
d'ordinaire le président du Consistoire. Il
ouvre-la cérémonie par la confession
des péchés ; après un
chant religieux, il annonce à
l'assemblée le but de la réunion, et
lui présente le candidat, qui est
placé en face de la chaire.
Après cet avis, le pasteur, chargé
d'adresser la parole au récipiendaire au nom
de ses collègues, monte en chaire, et
prononce un discours où il a soin de
retracer les devoirs, les peines et les joies du
ministère évangélique. Il
termine son allocution en appelant le candidat
à prêter le serment d'usage.
Alors le candidat, accompagné par les deux
pasteurs les plus âgés, et suivis de
tous les autres ministres de l'Évangile,
monte les degrés d'une estrade qui aboutit
auprès de la
chaire ; là il se prosterne, et,
plaçant sa main droite sur la sainte
Écriture ouverte devant lui, il prête
serment. Nous rapportons ici l'expression de ce
serment, telle qu'elle a été
rédigée à Montauban, et
employée dans une consécration qui a
eu lieu en 1839.
D. Conformément à la discipline de
nos Églises réformées,
d'après laquelle le candidat au saint
ministère de l'Évangile doit rendre
témoignage de la pureté de sa foi
avant de recevoir l'imposition des mains, je vous
invite à répondre aux questions
suivantes :
Vous promettez devant Dieu, et sur les saintes
Écritures ouvertes devant vous, de
prêcher purement et fidèlement la
Parole de Dieu, telle qu'elle est contenue dans les
livres sacrés de l'Ancien et du Nouveau
Testament, sans y rien ajouter ni en rien
retrancher, comme le commande la Bible
elle-même ?
R. Oui, je le promets.
D. En conséquence de cet
engagement :
Vous promettez d'enseigner que, par un seul homme,
le péché est entré dans le
monde, et par le péché la mort ;
que tous ont péché et sont assujettis
à la condamnation, et que nul ne sera
justifié devant Dieu par les oeuvres de la
loi ?
R. Oui, je le promets.
D. Vous promettez d'enseigner que
Jésus-Christ est notre Seigneur et notre
Dieu ; Dieu sur toutes choses, béni
éternellement ?
R. Oui, je le promets.
D. Vous promettez d'enseigner que
Jésus-Christ est mort pour nos
péchés ; que nous avons en lui
la rédemption par son sang, savoir, la
rémission des péchés, et que
nous sommes sauvés par la grâce, par
la foi ?
R. Oui, je le promets.
D. Vous promettez d'enseigner que nul ne peut voir
le royaume de Dieu, s'il n'est né de nouveau
par le baptême de la
régénération et le
renouvellement du Saint-Esprit, lequel Dieu
répand abondamment sur nous par
Jésus-Christ, notre Sauveur ?
R. Oui, je le promets.
D. Vous promettez d'enseigner que la foi sans les
oeuvres est morte, et que, sans la sanctification,
nul ne verra le Seigneur ?
R. Oui, je le promets.
D. Vous promettez encore de faire tous vos efforts
pour édifier l'Église du Seigneur, en
vivant dans le siècle présent, selon
la tempérance, la justice et la
piété, et en vous appliquant à
remplir les devoirs de votre sainte
vocation ?
R. Oui, je le promets.
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D. Vous promettez, enfin, de tenir secrètes
toutes les confessions qui vous seraient faites
à décharge de conscience,
excepté celles qui concerneraient des crimes
de haute trahison ?
R. Oui, je le promets.
En conséquence de ces engagements,
conformément à l'usage de
l'Église primitive, en vertu de la charge
que nous exerçons dans l'Église comme
ministre de Jésus-Christ, au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous vous
autorisons à prêcher la Parole de
Dieu, à bénir les mariages
contractés suivant la loi, à
administrer les sacrements, partout où le
Seigneur vous appellera, et nous vous
conférons le ministère
évangélique par l'imposition des
mains.
L'accolade fraternelle et le chant du psaume
CXXXIV terminent la
cérémonie.
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