Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les dix apparitions du Seigneur.

-------

 « Le Seigneur est vraiment ressuscité ! » Luc XXIV, 34.

La résurrection du Seigneur, nous la commémorons chaque dimanche. La victoire de Jésus sur la mort équivaut à une seconde création. Qu'est-ce que l'existence du monde, la vie humaine sans le salut ? Un non-sens et une amertume.

« Ta bonté, ô Dieu, est meilleure que la vie » (Ps. LXIII, 4).

La joie de Pâques répond à celle de Noël. C'est le triomphe de l'amour et de la puissance de Dieu sur le péché et le malheur.

« Si Christ n'est point ressuscité notre foi est vaine et nous sommes encore dans nos péchés »
(1 Cor. XV, 17).


Il semble que Dieu ait pris soin de prévenir à l'avance toutes les négations intelligentes de la résurrection de Jésus. « Aucun fait historique n'est juridiquement mieux appuyé », affirmait le professeur Hilty.
Matthieu a réduit à néant la légende juive en vertu de laquelle les disciples auraient enlevé le corps de Jésus pendant le sommeil des sentinelles.

Les pharisiens avaient demandé à Pilate de faire garder le tombeau militairement, de peur que les disciples n'enlevassent le corps de Jésus et ne fassent courir le bruit que celui-ci était ressuscité et ils ajoutaient : « Cette dernière imposture serait pire que la première. »
- Pourvoyez-y, répond Pilate, vous avez une garde, employez-la à votre convenance.

La pierre du sépulcre est scellée et les sentinelles posées. Mais vers le matin se produit un tremblement de terre, un ange apparaît, roule la pierre et s'assied dessus, les gardes sont comme morts de peur ; puis, après le départ des saintes femmes, voyant que le tombeau est vide, quelques-uns d'entre eux entrent en ville, annoncent aux chefs des prêtres ce qui vient de se passer. Ceux-ci se gardent bien de faire une enquête, ils ont trop peur de trouver que les gardes ont dit vrai ; ils leur donnent de l'argent et les chargent de raconter partout que les disciples ont enlevé Jésus pendant la nuit. « Ainsi, dit Matthieu, ce bruit s'est répandu parmi les Juifs jusqu'à ce jour. » Il semble d'autre part que quelques gardes évitèrent de se rendre auprès des prêtres. Qui sait si l'un d'eux, touché dans son coeur, ne s'est pas joint plus tard à l'Église naissante et n'a pas raconté aux apôtres le tremblement de terre, l'apparition de l'ange, la pierre roulée, événements qui n'ont en d'autres témoins que les gardes. Et alors, chose merveilleuse, ces gardiens qui devaient achever l'oeuvre de mort et de mensonge commise par les prêtres, apporteraient un témoignage de vie en nous racontant l'aube de Pâques.

Jean, providentiellement, a recueilli l'épisode du coup de lance donné par un soldat dans le côté de Jésus. S'il en est sorti du sang et de l'eau, c'est que le sang était déjà décomposé, c'est que la mort du Seigneur était réelle et que l'hypothèse d'une léthargie est réduite à néant.

Enfin les dix apparitions de Jésus, rapportées chacune avec ses détails particuliers et précis, détruisent l'hypothèse d'une hallucination collective des premiers témoins. Dieu ne nous a pas rendu trop difficile la foi à la résurrection de son Fils, au contraire, chacune des suppositions faites pour en nier la réalité vient se heurter contre une série d'impossibilités. De toutes les solutions de la question, c'est encore celle qui admet simplement la réalité des récits bibliques qui se légitime le mieux devant l'histoire, sans parler de la conscience. L'historien est comme « cerné », toutes les issues intelligentes lui sont fermées. Il n'a devant lui pour comprendre la mentalité des apôtres et la fondation de l'Église que la foi des témoins qui repose elle-même sur le fait historique des apparitions du Seigneur.

La première de ces apparitions fut accordée à Marie de Magdala, demeurée près du tombeau après le départ de ses compagnes. Marie ne reconnaît pas Jésus d'emblée, elle le prend pour le jardinier. Il faut que le Maître l'appelle par son nom : « Marie » pour qu'elle le reconnaisse et tombe à ses pieds. C'est la persévérance de cette femme, son amour pour Jésus, son Libérateur, qui lui valent cette apparition particulière. Il lui a été beaucoup pardonné, elle a beaucoup aimé, il lui est beaucoup donné. Elle est de ceux qui spirituellement se laissent enrichir.

Matthieu est seul à raconter une apparition de Jésus aux autres femmes. Marie, mère de Jacques et de Joses, Salomé, mère de Jacques et de Jean, Jeanne, femme de Chuza, après avoir entendu les paroles de l'ange : « Celui que vous cherchez n'est point ici, il est ressuscité, vous le verrez en Galilée », se hâtent d'aller annoncer aux apôtres la grande nouvelle. Jésus vient à leur rencontre. Très troublées, elles se prosternent et lui embrassent les pieds. Jésus les rassure et les charge de dire à ses frères qu'ils le verront en Galilée.
Soit de Marie, soit des autres femmes, Jésus reçoit des marques d'adoration spontanées. C'est bien le même Jésus qu'avant la mort, et pourtant il a quelque chose de plus imposant, il est en voie de glorification.

Un jeune homme a quitté son village, il a fait des études, il revient quelques années plus tard riche d'expérience et de culture. Ses anciens amis sont un peu gênés auprès de lui. Il a beau les mettre à l'aise, la familiarité d'autrefois a disparu, il en impose. Le coeur de Jésus est resté le même, les humbles pêcheurs ses disciples, sont toujours et plus que jamais « ses frères » mais dans son aspect quelque chose a changé : le Fils de Dieu l'emporte sur le Fils de l'homme.

Ce même matin de Pâques, Paul mentionne une apparition spéciale de Jésus à Pierre (1 Cor. XV, 5) et cette apparition est confirmée par le cri général des apôtres, le soir, aux disciples qui reviennent d'Emmaüs (Luc XXIV, 34). On peut supposer que Jésus vint spécialement consoler son pauvre apôtre renégat, mourant de désespoir.

L'après-midi, Jésus apparaît aux deux disciples allant à Emmaüs. Voilà un récit fourmillant de détails qui ne s'inventent pas ; c'est pris sur le vif. Les deux hommes s'entretiennent des derniers événements, la mort et l'ensevelissement de Jésus ; ils sont convaincus que c'en est fait de Jésus de Nazareth. Le ciel, ouvert un instant, s'est refermé ; la vie leur apparaît plus noire que jamais après qu'ils ont connu Jésus, la lumière. En eux pas l'ombre d'une excitation capable de produire une hallucination, pas même l'espérance qui échauffe l'imagination, pas non plus la foi aux promesses qui ont trait à la résurrection du Seigneur ; rien que la dépression morne. Mais à mesure qu'ils entendent parler l'inconnu qui les a abordés, ils sentent leur coeur s'échauffer, l'espoir leur revenir. Ils ne comprennent cet état nouveau qu'au retour d'Emmaüs, après avoir reconnu Jésus dans l'étranger qui leur parlait. Tout s'explique ; c'est le contact de Jésus lui-même qui a opéré une transformation qui ne se serait jamais produite sous l'empire de leurs seules pensées.

Entrés à la chambre haute, ils trouvent les apôtres assemblés qui proclament déjà la grande nouvelle. Les femmes, Simon-Pierre, ont raconté les apparitions de Jésus. Et voilà que soudain le Maître leur apparaît en personne.
- La paix soit avec vous !

Les disciples sont effrayés par cette majesté spéciale dont nous avons parlé. Le Seigneur les rassure ; il leur affirme qu'il n'est pas un esprit ; il leur fait toucher sa chair, il leur montre ses pieds et ses mains et, pour mieux les convaincre de sa corporalité, il mange en leur présence du poisson rôti et du miel. Ce dernier trait a tellement frappé les apôtres que Pierre le raconte à Corneille et à ses hôtes : « Nous avons mangé et bu avec lui, après qu'il fut ressuscité des morts » (Actes X, 41). Dans cette même entrevue Jésus, ouvrit l'esprit de ses apôtres pour comprendre les Écritures ». Il leur montra comment tous ces événements avaient été prédits par l'Ancien Testament. Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât des morts ; c'était le plan de Dieu et, après leur avoir fait cet extraordinaire exposé et les avoir chargés de devenir ses continuateurs, il leur communique une première effusion du Saint-Esprit (Jean XX, 22). Sont-ce là des choses que l'on invente ? Y a-t-il dans ce récit calme, qui parle à la conscience, la moindre odeur de légende ? Non, on sent dans tous ces récits, comme dans le reste de la Bible, la Vérité incarnée en Celui dont les écrivains de ces récits sont les révélateurs dociles, parce que convaincus. Thomas n'était pas avec ses amis, ce soir-là. Quand on lui raconte les événements qui viennent de se passer, il n'y croit pas. « Si le ne vois, si je ne touche, je ne croirai pas. » Ce n'est pas là un tempérament d'halluciné. Nous qualifierions aujourd'hui sa mentalité de « scientifique » ; il est tout ce qu'il y a de plus moderne. Eh bien ! Thomas le douteur a vu, a entendu, a touché ; il a été tellement convaincu qu'il s'est humilié à genoux de son incrédulité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Et Thomas, maintenant croyant, est allé, selon la tradition, jusqu'en Inde prêcher Jésus ressuscité !

Paul mentionne une apparition à Jacques le frère de Jésus, dont nous ignorons les détails ; mais cette apparition explique seule la conversion de Jacques. Peu avant la mort du Seigneur, Jean affirme que les frères de Jésus ne croyaient pas en lui (Jean VII, 5). Les Actes rapportent que tôt après l'Ascension, les apôtres, les saintes femmes persévéraient dans la prière avec Marie et les frères de Jésus (Actes I, 14). Jacques ne tarde pas à jouer un rôle important dans l'Église de Jérusalem. Que s'est-il passé ? Paul donne la clé de ce qui resterait une énigme, en parlant de l'apparition de Jésus à Jacques ; celui-ci a été vaincu et gagné à l'Évangile en voyant son frère ressuscité. Encore moins que Thomas, on ne peut accuser Jacques d'être un illuminé.

Pourquoi Jésus ne s'est-il pas montré partout, au temple, au Sanhédrin, à la ville et au village ? Pierre, parlant à Corneille, dit : « Il apparut non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d'avance par Dieu » (Actes X, 41). Jésus ne devait pas convertir magiquement en imposant la conviction de sa résurrection. Il voulait entrer dans les coeurs par la porte de la conscience et par la libre adhésion de ceux qui acceptaient le témoignage apostolique. Il fallait que subsistât la liberté. Le temps de la vue était passé, celui de la foi dans lequel nous sommes encore, avait commencé.

Jésus se montra ensuite à quelques apôtres au bord du lac de Tibériade parmi lesquels Pierre et Jean. C'est à Pierre surtout qu'il s'adresse. Après le pardon accordé à l'apôtre coupable, lors de la première apparition, Jésus a laissé s'écouler un peu de temps ; la conversion de Pierre s'est affermie ; elle permet de le réhabiliter dans la charge d'apôtre. Jésus y met une seule condition, mais qui emporte toutes les autres, celle de l'aimer de tout son coeur. Pierre a eu l'immense privilège de pouvoir dire à Jésus de bouche : « Tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime ! » À cette profession de foi, Jésus répond en adressant vocation à son disciple : « Pais mes agneaux, pais mes brebis ! » Dans ce mot « Pais ! » il y a tout le programme de l'évangélisation et de la cure d'âmes.

En Galilée, Jésus prit congé de tous ceux qui avaient cru en lui. Il donna rendez-vous à plus de cinq cents frères sur une montagne (Matth. XXVIII, 16, 1 Cor. XV, 6), peut-être celle où il avait prononcé le discours des Béatitudes, et là il fut adoré des siens. Peut-être vit-on accourir d'anciens impotents, de ci-devant aveugles, des démoniaques guéris, des gens consolés, pardonnés, des ressuscités qui formaient le noyau de l'Église chrétienne et qui attestaient par leur seule présence en ce lieu le passage d'un Sauveur sur cette terre de péché, de maladie et de mort. Mais, même alors, quelques-uns doutèrent (Matth. XXVIII, 17) tant il est vrai que pour reconnaître comme pour connaître le Seigneur. la disposition du coeur, la foi est nécessaire. Mais faut-il que l'évangéliste ait été sûr de son fait, pour oser écrire que la conviction de voir le Christ ressuscité en celui qui prenait congé d'eux ne fût pas unanime ? C'est encore un de ces traits qu'on n'invente pas.

Enfin, sur ce mont des Oliviers où Jésus était monté tant de fois, en face de Jérusalem aimée et rebelle, entre Gethsémané et Béthanie, ces deux champs de bataille, Jésus dit aux siens son suprême adieu. C'est là qu'étendant les mains, il les bénit d'une bénédiction toujours fraîche et toujours brûlante à la fois, bénédiction qui nous est venue à travers toutes ces mains qui se sont jointes ou qui ont tenu la plume depuis l'Ascension et qui portent maintenant la palme de la victoire !

Le Père lui-même vint à la rencontre de son Fils dans cette nuée qui reposa sur le Tabernacle, qui couvrit Jésus à la Transfiguration, et qui l'emporta de l'autre côté du voile, dans cet au-delà que nous côtoyons et dans lequel nous allons bientôt entrer à notre tour...

Il est venu celui que les prophètes,
Les rois pieux, les Justes d'Israël.
Dans leurs discours, leurs psaumes et leurs fêtes,
Avec amour, avec amour, avec amour
Nommaient Emmanuel !

Il est venu sur la terre le Fils de Dieu, il y a vécu. L'histoire de sa venue n'est pas une de ces belles légendes qui, après avoir brillé un instant dans nos ténèbres, s'éteint, laissant l'obscurité plus profonde. C'est une certitude ; des hommes l'ont vu, touché, haï et aimé. Il a été un homme et pas seulement un bel ange. La terre n'est plus maudite depuis qu'il en a foulé le sol. La race humaine est réhabilitée depuis que la Parole a été faite chair. Le paradis est retrouvé depuis que le Fils en a montré le chemin et s'en est fait la porte. La tête du serpent cesse d'être triomphante depuis que « la postérité de la femme » a posé sur elle un pied vainqueur. « Encore un peu de temps et il écrasera Satan sous vos pieds. »

Il est parti, le Sauveur. Oh ! pas pour toujours. Les envoyés célestes ont crié à la terre le jour de l'Ascension : Il reviendra ! « Hommes galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé d'avec vous en redescendra de la même manière que vous l'y avez vu monter. »




IL REVIENDRA !


Le Saint-Esprit.

 Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues semblables à des langues de feu leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux et ils furent tous remplis du Saint-Esprit. Actes II, 3-4.

Si vous m'aimez, gardez mes commandements et moi je prierai le Père et il vous donnera un autre soutien (goël) afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le voit ni ne le connaît ; mais vous, vous le connaissez parce qu'il demeure avec vous ; et il sera en vous. Je ne vous laisserai point orphelins, je reviens à vous.
Jean XIV, 16-18.


La descente du Saint-Esprit sur les apôtres, le jour de la Pentecôte, c'est déjà un premier retour du Seigneur en attendant que s'accomplisse la promesse : « .... Je reviendrai, je vous prendrai avec moi afin que là où je suis vous y soyez aussi » (Jean XIV, 2). La Pentecôte prépare la Parousie. Comme toute l'ancienne alliance, résumée en Jean-Baptiste, rendait possible la première venue de Jésus en chair, le Saint-Esprit dans l'Église, rend possible le retour de Jésus en gloire, dans une humanité nouvelle, préparée à le recevoir.

Le Saint-Esprit nous est présenté dans l'Écriture sous deux aspects ou plutôt revêtu de deux fonctions capitales : il est créateur de vie et il est le « goël », le remplaçant de Jésus-Christ pendant le temps qui sépare les deux venues du Seigneur sur la terre.

À l'origine du monde « l'Esprit se mouvait sur les eaux ». Le terme hébreu « merachephet » signifie littéralement « posait couvant » ; c'est l'image d'un grand oiseau qui, les ailes déployées, « couvait » le monde. Ainsi l'Esprit déposait des germes de vie dans ce qui n'était encore que le chaos. Et quand Dieu dira : « Que la terre produise de la verdure ... ! Que les eaux produisent des animaux marins ... ! Que la terre produise des animaux vivants... ! (Gen. I, 11, 20, 24), cette terre, ces eaux fécondées par l'Esprit obéiront à la voix de Dieu et la vie fourmillera sur la planète.

À l'origine de l'incarnation nous retrouvons le Saint-Esprit : Jésus a été « conçu du Saint-Esprit ».

À l'entrée de son ministère, Jésus a reçu le Saint-Esprit dans sa plénitude, de sorte qu'en lui il y a comme une double incarnation, celle de la Parole faite chair et celle de l'Esprit entré par le fils de Marie dans la race humaine. Qui sait ? Il se peut que le Saint-Esprit n'aurait pas pu pénétrer et demeurer chez les hommes avant d'avoir été humanisé dans un vase absolument saint. Sans doute, il y avait déjà eu des manifestations de création de vie par l'Esprit dans l'Ancienne alliance. L'Esprit de l'Éternel avait reposé sur Moïse, sur les prophètes, sur David, le roi-prophète, déposant en eux cette inspiration merveilleuse que nous retrouvons dans leurs paroles et dans leurs écrits. Mais c'est en Jésus que le Saint-Esprit s'incarna pleinement pour pouvoir, à la Pentecôte, engendrer l'Église.

Cinquante jours après Pâques, alors que les Juifs célébraient la vieille fête des moissons - la naissance de l'Église n'était-elle pas pour Christ, en même temps qu'une semence, déjà une moisson ? - devenue peu à peu la fête de la Promulgation de la Loi, les apôtres étaient réunis « d'un commun accord » et « persévéraient dans la prière », remplissant ainsi des conditions dont l'absence ou l'insuffisance, au milieu de nous, n'explique que trop notre sécheresse spirituelle, quand tout à coup quelque chose d'extraordinaire se produisit. Ce n'est pas la manifestation d'une illumination intérieure ou d'une émotion intense jaillissant des profondeurs de l'être, c'est un phénomène extérieur - objectif et non pas subjectif. Un vent violent passe sur les apôtres et des flammes de feu se posent sur la tête de chacun d'eux. À notre époque de psychologie à outrance et il en faut de la psychologie - on est tenté de tout réduire en phénomènes intérieurs. Sans doute, il s'en est produit des phénomènes de cette nature, illumination, émotion, enthousiasme, lucidité spirituelle, mais tout cela a eu pour cause une prise de possession des apôtres par un agent extérieur, venu du ciel, le Saint-Esprit qui les a engendrés à la vie de Dieu. L'étoffe, la matière à vivifier était là dans ces coeurs d'apôtres qui avaient aimé Jésus, qui avaient cru en lui, qui priaient dans la foi et dans l'amour, mais la nouvelle naissance effective fut une création, un acte historique, accompli par le Saint-Esprit.

Seconde fonction : le Saint-Esprit devint pour les apôtres un « goël » selon la promesse du Seigneur.
Ce terme hébreu de « goël » signifie à la fois « champion », « garant », « soutien ». Job dit : « Je sais que mon « goël » est vivant » (XIX, 25). Ce terme est appliqué aussi au « vengeur du sang » (Nomb. XXXV, 12, 19) à celui qui a le droit de rachat sur une propriété (Ruth III, 12). Et dans ce terme de goël, il y a d'une part quelque chose d'héroïque, c'est le répondant qui combat avec nous et pour nous et ici on peut citer le mot nordique de « einhériar » en français « einherje », excellent guerrier, celui qui ne laisse jamais dans l'embarras l'ami qui lui est confié. « Quand on vous mènera devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz, car le Saint-Esprit vous enseignera à l'heure même ce qu'il faudra dire (Luc XII, 11).

D'autre part dans le terme de goël, qui se traduit en grec par « paraclet », il y a la pensée d'un « consolateur ». Les apôtres peuvent envisager le départ de Jésus non pas seulement sans effroi, mais comme une étape nouvelle dans l'établissement du Règne de Dieu, comme une condition du développement de l'activité missionnaire dans le monde : « Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous, mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement.... » (Jean XVI, 7-8).

Il y a aussi dans ce nom l'idée de « conseiller expérimenté ». « L'Esprit Saint vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean XIV, 26). Il sera leur directeur dans l'évangélisation ; Paul se sentait « lié par l'Esprit », il se soumettait à l'autorité de l'Esprit, renonçait à tel ou tel projet : « l'Esprit ne nous le permit pas ».

Ce soutien que Jésus avait été pour ses disciples, l'Esprit le sera à la place du Maître : « De même aussi l'Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières ; mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est la pensée de l'Esprit, parce que c'est selon Dieu qu'il intercède en faveur des saints (Rom. VIII, 26-27).

Laissons en nous prier l'Esprit, laissons-le nous inspirer lui-même les sujets de prière ; c'est ainsi que l'Esprit est un promoteur d'exaucement. Il affermit en nous nos certitudes, principalement celle que nous sommes enfants de Dieu. Il bannit l'esprit de crainte et instaure celui d'adoption « par lequel nous crions - Abba ! c'est-à-dire : Père ! » « L'Esprit lui-même rend témoignage à notre Esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rom. VIII, 16.)

Remarquons cette affirmation du Seigneur : « l'Esprit demeurera éternellement avec vous ». Il ne s'en ira plus et quand Jésus reviendra en personne, le Saint-Esprit sera encore là et demeurera avec nous : nés de l'Esprit nous vivons dans et par l'Esprit éternellement.

« Cet Esprit, dit encore Jésus, le monde ne peut le recevoir parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point. » Nous rappelons ce que Jésus disait du monde dans sa prière sacerdotale. Le monde ne peut être gardé, béni, ni animé du Saint-Esprit dans le sens où les croyants le sont, il faut d'abord qu'il se convertisse, qu'il soit convaincu de « péché, de justice et de jugement ». Ainsi l'Esprit agit sur le monde, coopère à la conversion du monde, travaille dans un pécheur longtemps avant le moment de la décision, dirige les appels, avive la conscience ; mais ce n'est que quand le pécheur s'est laissé engendrer à la vie nouvelle qu'il possède vraiment l'Esprit comme son « goël ».

Demandons dans nos prières de ne pas entraver, de ne pas contrister le Saint-Esprit dans les fonctions de Champion, de Guide et de Consolateur qu'il veut remplir en nous !

Nous ne voulons pas abandonner ce sujet sans rappeler que les cimes de la vie chrétienne offrent leurs dangers.
Le danger de l'exagération de la doctrine du Saint-Esprit s'est manifesté dès le troisième siècle. Un nommé Montanus et, après lui Tertullien, ont donné naissance à un mouvement illuministe, connu dans l'histoire sous le nom de Montanisme. Les chrétiens d'alors ne vivaient plus que d'illumination intérieure. La Parole écrite, les conseils fraternels, le bon sens n'avaient plus de valeur, tandis que les extases, les révélations directes que l'on attribuait à Dieu par le Saint-Esprit, comptaient seules comme vraiment spirituelles. Il y eut de l'excitation, des crises nerveuses et le mouvement s'enlisa dans un discrédit complet. Aujourd'hui encore, le parler en langues, l'illuminisme de certains chrétiens sur lesquels ni les conseils fraternels, ni le bon sens, ni même l'Écriture sainement entendue n'ont de prise, constituent des dangers que le chrétien équilibré, sain d'âme et d'esprit évitera par la prière vigilante, par la connaissance de toute l'Écriture, par les expériences de l'histoire et par la communion fraternelle.

Le Saint-Esprit est-il Jésus revenu sous une autre forme ou est-il une personnalité distincte ?
Disons tout de suite que si Dieu le Père et le Créateur nous est révélé dans l'Écriture d'une manière suffisamment claire pour que nous puissions, en l'adorant et en l'aimant, essayer de le comprendre, si Jésus, le Fils, nous est bien connu par les récits évangéliques, le Saint-Esprit nous reste mystérieux ; nous en éprouvons l'influence plus que l'Écriture ne nous en révèle la nature. Comme son nom l'indique, l'Esprit de Dieu est saint, il est aisément « contristé », une sorte de discipline intérieure nous retient dans nos tentatives d'explications. Cela dit, nous n'hésitons pas à affirmer que le Saint-Esprit est une personnalité différente du Père et du Fils, mais subordonnée au Père et au Fils. Il n'est pas une force émanée de Dieu ou Jésus reparaissant sous une autre forme, il est une Personne divine. Nous avons le droit de prier le Saint-Esprit : « Esprit, souffle des quatre vents ! » (Ezéch. XXXVII, 9). Le Saint-Esprit prie avec nous : « L'Esprit et l'Épouse disent : Viens ! » (Apoc. XXII, 17).

Quand Jésus dit : « Je vous enverrai un autre goël » ce n'était pas de lui-même qu'il parlait, le verbe « envoyer » n'aurait plus de sens, on ne s'envoie pas soi-même. Il s'agissait bien d'une autre personne. La formule du baptême tranche la question. Jésus a enseigné de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. L'Esprit n'est pas quelque chose, il est quelqu'un ; il est différent de Dieu et de Christ et pourtant si près de Jésus que Jésus en annonçant la venue de l'Esprit peut dire : « .... Je reviens à vous ! » Nous sommes ici au seuil du mystère, en présence de la Trinité : « le Père, le Fils, le Saint-Esprit, un seul Dieu béni éternellement ». Inclinons-nous sans comprendre !

Pratiquement l'action de l'Esprit est-elle différente de celle de Jésus glorifié ? Il est difficile de distinguer nettement ce qui est du ressort de l'une ou de l'autre des trois personnes. « Nul ne peut venir à moi si mon Père ne l'attire », dit Jésus (Jean VI, 44) et d'autre part il affirme aussi : « Nul ne vient au Père que par moi » (Jean XIV, 6). Il est le chemin, la vérité et la vie ; il attirera, une fois élevé de la terre, tous les hommes à lui, et pourtant c'est l'Esprit qui convainc les hommes de péché, qui crée le passage de la vie de la chair à la vie de l'Esprit.

« L'Esprit, dit M. Frédéric Godet, est non le Seigneur, mais la puissance qui le glorifie, qui le fait apparaître, vivre et grandir au dedans de nous et cela en prenant de ce qui est à lui et en nous le communiquant. En engendrant Jésus dans le sein de Marie, le Saint-Esprit n'est pas devenu le Christ. De même le Saint-Esprit en glorifiant et en faisant vivre en nous Jésus, ne devient pas pour cela Jésus. Jésus est l'objet à assimiler, l'Esprit est la puissance par laquelle s'accomplit l'assimilation. Sans la révélation accordée en Jésus, l'Esprit n'aurait rien à féconder en nous ; sans l'Esprit la révélation accordée en Jésus reste en dehors de nous et ressemble à une parabole non comprise. L'oeuvre de l'Esprit consommée, c'est Christ formé dans le croyant. »

Ainsi le don du Saint-Esprit c'est la première phase du retour de Christ qui prépare le retour personnel et en gloire du Fils lui-même. Et l'Esprit s'associe à l'Épouse qu'il forme pour dire : « Viens bientôt ! »

Être rempli de l'Esprit, c'est pour le croyant commencer à monter au-devant du Maître qui revient.




« Je reviendrai. »

 Alors on verra le Fils de l'homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire. Alors il enverra les anges et il rassemblera les élus des quatre vents, des extrémités de la terre à l'extrémité du ciel. Marc XIII, 26-27.

Il appela dix de ses serviteurs, leur donna dix mines et leur dit : « Faites-les valoir jusqu'à ce que je revienne.... »
Luc XIX, 12-27.

Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées....
Luc XII, 35-38.


Si Jésus a déçu les grands du peuple juif qui avaient matérialisé les prophéties messianiques ; s'il a aussi déconcerté Jean-Baptiste et s'il a étonné ses disciples en ne rétablissant pas le royaume de David en Palestine ; s'il a fondé le Royaume de Dieu sur des coeurs nés de nouveau et non pas sur des actes de conquêtes ; s'il n'a pas rempli tout le programme messianique prédit par l'ancienne alliance et espéré par les meilleurs d'entre les Juifs, il entendait cependant revenir un jour en personne, au moment choisi de Dieu, « quand les temps seraient accomplis ».

Après avoir été en fonctions de « Parole » le collaborateur de son Père dans la création du monde, le Fils a reçu un triple mandat à l'égard de notre planète : sauver l'humanité perdue dans ceux de ses membres qui acceptent la forme de salut que Dieu offre, régner sur la terre avec ses collaborateurs, les membres de son Corps, après l'avoir reconquise sur l'Usurpateur, enfin procéder au jugement final. À chacun de ces mandats correspond une descente de Jésus-Christ sur la terre et un titre spécial. La première c'est la venue en chair à Béthléem avec le nom si beau de Jésus-Sauveur ; la seconde c'est la venue en [gloire avec le titre de Roi (1; la troisième c'est l'apparition du « Juge des vivants et des morts » à la fin de l'histoire.

Les prophètes confondaient parfois ces trois venues en une seule. Jésus a annoncé sa seconde venue sans la différencier clairement de la troisième. Il était réservé aux apôtres, particulièrement à Paul et à Jean, de compléter sur ce point la révélation du Maître. Mais, le fait essentiel, c'est que Jésus a positivement annoncé son retour personnel à ses amis et à ses ennemis. Il n'hésite pas à s'appliquer dans les propres termes la prophétie de Daniel (VII, 13-14) : « Voici, sur les nuées des cieux arrivera quelqu'un de semblable à un fils d'homme, on lui donnera la domination, la gloire et le règne.... et son règne ne sera jamais détruit. » Pour consoler ses apôtres, pour confondre ses accusateurs qui, les uns et les autres, connaissaient bien ce passage, Jésus dit : « Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel.... »

Permettez-moi, lecteurs, de vous poser une question de la plus haute importance, mais quelque peu indiscrète.
- La pensée du retour du Seigneur vous effraie-t-elle, ou vous réjouit-elle ?

C'est là, nous semble-t-il, la pierre de touche de la foi. Nous ne nous adressons pas ici à ceux qui n'ont qu'un contact lointain avec l'Évangile ou que les dates de la fin du monde, fixées par nos modernes devins, les comètes de passage, les pluies d'étoiles, remplissent de superstitieuse terreur. Nous parlons à ceux qui se réclament de la Révélation chrétienne.
- La rencontre avec Christ, venant chercher les siens, vous fait-elle peur, ou bien excite-t-elle en vous un élan d'espérance, par derrière ou par-dessous le tremblement légitime que les événements mystérieux, insolites, de la fin font éprouver à toute âme d'homme ?
Si nous constatons en nous une singulière indifférence pour ce retour, ou encore un désir marqué de reculer cette échéance aussi loin que possible, en tous cas au delà de notre génération, si nous ne pouvons pas nous associer à la prière de l'Esprit : « Viens bientôt ! » c'est qu'il y a dans notre piété, en dépit de toutes ses activités, quelque chose d'anormal, une foi insuffisante, un amour tiède, une incompréhension du plan de Dieu, un recul devant la sainteté. Si le Seigneur a pris possession de notre vie, s'il est l'hôte de notre foyer, aurons-nous peur de le voir prendre possession de la terre ? Des enfants qui ont tenu la maison en ordre pendant l'absence de leurs parents craindront-ils de les voir revenir ?

Les apôtres se réjouissaient tellement du retour de leur Maître, qu'ils espéraient le revoir de leur vivant. Certaines paroles du Seigneur, mal interprétées ou mal comprises, avaient donné lieu de croire que cette génération ne passerait pas sans avoir assisté à cet événement. Il est vrai que les apôtres ont vu la Pentecôte et la ruine de Jérusalem, dont l'une inaugurait le retour du Christ et l'autre le jugement du monde. Les premiers disciples ne se doutaient pas - plus tard ce fut révélé à Paul et à Jean - du temps qu'il faudrait pour évangéliser le monde, et du développement du mal qui retarderait, par l'intrusion du monde dans l'Église, la maturation du bon grain. Jésus, cependant, le fait pressentir en parlant de la vigilance : « Vous ne savez quand viendra le Maître de la maison, au milieu de la nuit, au chant du coq ou au matin » (Marc XIII, 35). Non seulement tout essai de fixer une date est frappé de nullité, mais la constance des croyants pourra être mise à une longue épreuve.

Une autre parabole exprime clairement aussi cette pensée d'un travail de longue haleine. C'était vers la fin du ministère de Jésus. À son retour de Pérée, il se manifestait dans son entourage une sorte d'enthousiasme messianique malsain « .... eux se figuraient que le règne de Dieu allait paraître immédiatement » (Luc XIX, 11). Jésus alors leur raconte la parabole des « Mines » pour leur montrer qu'il ne s'agit pas d'un triomphe prochain mais d'un travail prolongé. On confond souvent cette parabole avec celle des Talents que Jésus a prononcée plus tard, pendant qu'il enseignait dans le temple. Il suffit de lire attentivement les deux paraboles pour saisir la différence de l'auditoire et du but poursuivi par Jésus. Dans la parabole des Mines, les dix serviteurs représentent l'ensemble des disciples de Christ, chacun a obtenu une Mine, c'est-à-dire une grâce identique, le salut. Ils sont croyants, c'est là leur privilège. Quel usage vont-ils faire de leur foi ? Quel témoignage vont-ils rendre ?
Au retour du Maître, un des serviteurs a gagné dix Mines, son témoignage a été actif, fidèle, il a gagné d'autres âmes à la foi. Il reçoit dix villes, une part de gouvernement dans le Royaume du Seigneur, soit pendant le Millénium, soit plus tard encore pendant le temps d'activité que le Seigneur nous réserve dans son ciel. Un autre a fait ce qu'il a pu, aussi il obtient cinq villes. Un troisième n'a rien fait de sa Mine : c'est le chrétien qui ne vise qu'à son salut personnel. Il ne se dépense pas pour les autres ; il lit des récits de conversion dans les journaux religieux, il assiste aux saintes assemblées, mais lui-même, tenir une école du dimanche, visiter les malheureux, appeler les perdus, devenir missionnaire ou donner ses enfants à la mission ?
Non ! il ne s'y prétend pas appelé. En péchant ainsi contre les frères qu'il aurait pu sauver, il s'expose à perdre sa part d'influence ; il risque même son propre salut et s'il est sauvé, c'est « comme au travers du feu ». D'autre part, si le Seigneur appelait ainsi les siens à travailler fidèlement en attendant son retour, c'est que ce retour devait se faire attendre un certain temps. Les reins ceints, la robe serrée dans la ceinture, leurs lampes allumées, les bons serviteurs sont prêts à le recevoir et travaillent dans l'espoir de hâter son retour. À l'heure de la nuit où il paraîtra, il les trouvera, se réjouissant de sa venue. Au lieu de prendre place à la table dressée, le maître ainsi attendu y fait asseoir les siens et les associe à son règne. Il se ceint et les sert.

Comment attendre le Seigneur ? Comment être vigilant ? Il ne peut s'agir d'une attente malsaine, inquiète ou purement contemplative, étroite d'horizon, incapable de toute vaste entreprise. L'anxiété qui confine à la superstition est condamnable. Vers l'an mil, on vendait ses propriétés, on donnait ses biens aux couvents. Il ne s'agit pas non plus de se composer une attitude spéciale en vue du retour de Christ. La vie intérieure de l'enfant de Dieu est la même que ce retour doive avoir lieu demain ou en l'an 2000. Si nous sommes prêts à mourir avec Christ pour ressusciter avec lui, nous sommes prêts aussi à le recevoir.

Le don complet de soi-même, la foi à Jésus-Sauveur ouvrent le chemin du salut soit pour monter à la rencontre du Seigneur, soit pour descendre au sépulcre et y attendre le grand jour de son avènement. Dans la chronologie de Dieu, mille ans sont à ses yeux comme un jour. Celui qui vit en Christ, veille de la vraie manière : il travaille en veillant et il veille en travaillant. Il hâte le retour du Seigneur en étendant son règne en surface. De nouvelles conquêtes sont faites sur le royaume du mal, de nouveaux captifs sont amenés au pied de la Croix. En même temps des victoires sont remportées dans le fond du coeur et dans le secret de la vie, l'oeuvre de sanctification gagne en profondeur. Le champ jaunit dans toutes ses parties et la maturation se développe et, par contre-coup, le mal mûrit aussi.

Si « ce n'est pas à nous de connaître les temps que le Père a fixés de sa propre autorité » (Actes I, 6-7) cependant Jésus a laissé à ses disciples une direction suffisante pour comprendre l'avancement de la saison : « Instruisez-vous par la comparaison du figuier, quand ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous connaissez que l'été est proche » (Marc XIII, 28). À divers signes, il semble que la végétation spirituelle avance rapidement. La culture scientifique, la connaissance du bien et du mal, tout aujourd'hui devient mondial. Les chrétiens éprouvent l'impérieux besoin de se sanctifier et de s'unir. On se préoccupe partout du retour de Christ. Le peuple de franc vouloir, la jeune milice se forme dans les brumes du point du jour ; il semble que l'apparition du « soleil de justice » ne soit plus très lointaine. En tous cas plusieurs des conditions du retour du Seigneur sont en voie d'accomplissement. Et le mal se faisant plus subtil, le Malin plus malin, il est nécessaire plus que jamais de revêtir toutes les armes de Dieu afin de résister au mauvais jour. « C'est l'heure de nous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée. le jour approche » (Rom. XIII, 11-12).


1) Certains frères subdivisent la seconde venue en deux phases. Dans la première phase le Seigneur apparaît à ses seuls élus et les enlève, à l'approche de l'Antichrist. Puis, après la grande tribulation, il revient sur les nuées, accompagné de ses élus, pour détruire l'Antichrist et régner sur la terre. Voir le Libérateur des 3 février, 17 février et 16 mars 1912. Voir aussi notre petit volume : Les derniers temps et la Fin du monde. Jeheber, Genève.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant