Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne cette coupe de moi, toutefois non point ce que je veux, mais ce que tu veux. Marc XIV, 36.
C'est à Gethsémané, un
jardin ombragé, au penchant du mont des
Oliviers que Jésus se rend avec les siens
pour achever d'y passer la nuit. Les nuits
d'Orient, à la saison de Pâques, sont
déjà douces. Tout est calme, quelques
rares souffles tièdes font bruire les cimes
des arbres. Plusieurs fois déjà,
Jésus et ses disciples sont entrés
dans cet enclos dont le propriétaire est
bien disposé pour eux et s'y sont
reposés jusqu'au matin. Mais pour
Jésus, durant cette dernière nuit, il
n'y aura ni sommeil, ni repos.
La scène de
Gethsémané nous est dépeinte
dans les trois évangiles synoptiques. Chacun
apporte au récit un trait particulier.
À l'entrée du jardin Jésus ne
garde avec lui que Pierre,
Jacques et Jean, ses trois disciples
préférés, ceux dont la foi
était la plus forte, le sens religieux le
plus éclairé et l'amour pour lui le
plus profond. Jésus, qui va passer par le
crible, a besoin de sentir quelques amis
fidèles près de lui. Mourir seul,
n'est-ce pas l'effroi de l'isolé ?
À Sainte-Hélène,
Napoléon suppliait le général
de Montholon de ne pas s'en aller « afin,
disait-il, que quelqu'un qui n'eût pas figure
de salarié recueillît son dernier
soupir et lui fermât les yeux. »
Jésus avait besoin de la présence de
ses humbles disciples pour le soutenir de leur
affection et de leurs prières. Comme toute
cette scène va nous le montrer proche de
nous, véritablement homme, puisque des
êtres humains pouvaient lui être de
quelque secours !.
.
Si Jésus a été si
calme lors de l'arrestation, de la comparution, de
la flagellation, si le Seigneur a supporté
les douleurs physiques et morales de la crucifixion
avec un tel sang-froid, une telle présence
d'esprit, c'est pour une bonne part parce qu'il
avait au préalable remporté la
victoire à Gethsémané ;
c'est là qu'il a bu la coupe amère et
descendu d'avance les degrés de son
martyre..
Quand le diable se fut retiré de
Jésus au désert, ce n'était
que pour un temps, il attendait de nouvelles
occasions favorables. Lors de la visite des Grecs,
Jésus subit une atteinte anticipée de
l'angoisse qui le saisira à
Gethsémané. Peut-être,
déjà alors, le diable essaya-t-il
d'envenimer ce trouble. Au désert, Satan
profita du fait que le Fils avait mis sa
volonté dans la dépendance d'un
physique humain et de ce que
cette volonté, la claire vision de la
pensée du Père, était
affaiblie en même temps que le corps par un
Jeûne prolongé. À
Gethsémané Jésus se retrouve
dans une situation analogue. Il savait depuis
longtemps qu'il était l'Agneau de Dieu,
qu'il ne pouvait se soustraire au sacrifice par la
fuite, qu'au-dessus des basses manoeuvres du
Sanhédrin, s'accomplissait la volonté
du Père ; sa propre volonté
avait choisi dès longtemps le sacrifice par
avance. Et pourtant à la pensée que
le moment du sacrifice est là, parce qu'il
est vraiment homme, il est envahi d'une angoisse
inexprimable. À cette heure, dans le jardin
clos, séparé par quelques heures
seulement de la croix, il se sent cerné.
Mourir ! C'est pour son être
physique une appréhension d'autant plus
violente que son être parfaitement saint, ne
doit rien au péché. La mort tient du
péché dont elle est le salaire, elle
inspire à Jésus une répugnance
plus grande encore qu'à l'homme
souillé. Elle est pour « l'Agneau
sans tache » une anomalie, une
monstruosité. Il ne mourra que parce qu'il
le veut bien : « Personne ne
m'ôte la vie, mais je la donne de
moi-même »
(Jean
X, 18).
Et puis il ne s'agit pas seulement de
mourir mais de se charger d'une montagne de
crimes ; le péché humain va
bientôt l'écraser. Il s'engage une
lutte désespérée entre tout ce
qu'il y a de saint en lui qui proteste contre la
mort et une sainteté plus haute encore,
l'obéissance. La lutte n'est pas entre lui
et Dieu mais entre deux parties saintes de
lui-même. Cette lutte est si terrible - car
sa sensibilité est
infiniment plus grande que celle des hommes
pécheurs - que les sources de sa vie
physique en sont presque taries. « Mon
âme est accablée de tristesse
jusqu'à la mort. » C'est à
ce moment précis que le diable fait sentir
son action sur Jésus. Il stimule la
volonté personnelle de Jésus :
« Abba, Père, toutes choses te
sont possibles, éloigne cette coupe de
moi ! » Est-ce que pour Dieu qui est
« magnifique en conseil, admirable en
moyen » il n'existerait pas un autre
remède pour sauver le monde ? Mais tout
aussitôt la volonté de vouloir la
seule volonté de Dieu s'affirme et triomphe
en Jésus. Il n'y a eu que tentation, il n'y
a pas eu l'ombre d'un péché ;
pas un instant le contact avec la volonté du
Père n'a été rompu.
« Père, ce que tu veux et non pas
ce que je veux. » Satan est vaincu et
cela par trois fois dans sa tentative d'opposer en
Jésus la nature physique, humaine, à
l'esprit soumis à Dieu.
Ah ! quand nous passons nous
aussi
par des orages intérieurs, des ouragans,
quand tout semble se déséquilibrer en
nous, que demanderons-nous ? comment
prierons-nous ? « Père,
fortifie en moi la volonté de ne vouloir que
ce que tu veux ! »
Satan, battu sur ce point, revient
à la charge d'une manière
mystérieuse, mais sur laquelle un passage
des Hébreux jette, semble-t-il, une
lumière effroyable. Voici le passage :
« C'est lui (Jésus) qui, dans les
jours de sa chair, ayant présenté
avec de grands cris et avec larmes, des
prières et des supplications à celui
qui pouvait le sauver de la mort et ayant
été exaucé à cause de
sa piété, a appris, bien qu'il
fût Fils,
l'obéissance par les choses qu'il a
souffertes »
(Héb.
V, 7-8). Ces paroles ne
peuvent pas signifier que Jésus ait
été exaucé en
Gethsémané dans sa demande
d'être délivré de la croix,
puisqu'il est mort en croix ; il semble
plutôt qu'il ait été
délivré d'une mort anticipée.
Jésus était à ce
moment-là saisi de tristesse
« jusqu'à la
mort » ; les sutures entre
l'être spirituel et l'être physique
étaient prêtes à se rompre, le
poids d'angoisse était trop grand ; le
coeur trop oppressé, refusait de battre.
C'est alors que le diable, ayant
échoué dans sa tentative de
séparer la volonté de Christ de celle
de Dieu, porte tout son effort à disjoindre
le corps de l'esprit, pour tuer Jésus avant
le temps.
- Tu ne veux pas céder ?
Meurs !
Jésus a compris la manoeuvre du
« meurtrier dès le
commencement ». Non, il ne veut pas
mourir traîtreusement sous les coups du
diable ; il mourra volontairement, offert en
spectacle à l'humanité sur la croix
de Golgotha. Et c'est alors qu'il poussa de grands
cris, qu'il supplia son Père avec larmes et
le Père intervint. Dans le conflit en
Jésus même, quand il s'agissait pour
le Fils d'harmoniser pleinement son être tout
entier avec le Père, il semble que celui-ci
ait laissé la décision
dernière se prendre par le Fils seul. Mais
maintenant c'est la vie humaine du Fils qui est en
péril ; Jésus ne peut pas tout
seul maintenir ce fil de son existence sur lequel
l'adversaire pèse de tout son poids. Dans le
duel entre Dieu et le démon, la vie du
Sauveur est soudain devenue l'enjeu. Le Père
intervient puissamment, Jésus est
sauvé ; mais la
lutte a été si intense qu'il s'est
produit comme un commencement de dissolution
physique : Jésus a transpiré du
sang.
Est-ce qu'un tel spectacle ne nous
saisit pas jusqu'à l'âme !
N'est-ce pas ici que nous voyons le mieux comment
Jésus a véritablement pris notre
nature et comme il a vraiment été
homme comme nous ?
Jésus aurait tant aimé que
ses disciples s'associassent à cette lutte.
Il ne pouvait pas tout leur dire, mais il leur en
avait révélé assez pendant le
souper pour qu'ils comprissent quels moments il
allait traverser. Ils sont accablés de
sommeil. Ils sont incapables de lutter une heure
avec lui. Lui, le saint descendant de la femme, il
est seul dans toute l'humanité à
lutter avec le serpent ancien qui l'étouffe
de ses replis. Jamais nous ne comprendrons au prix
de quelles souffrances - auxquelles se sont encore
ajoutées celles de l'isolement moral - le
Seigneur a vaincu !
Quand le Seigneur revient pour la
troisième fois, réconforté par
un ange, un compagnon céleste que le
Père lui a envoyé, il dit à
ses disciples sans dureté mais avec un doux
reproche : « N'avez-vous pas pu
veiller une heure avec moi ? » Et
alors, lui qui vient de voir quelles puissances
effroyables s'agitent là, tout près,
derrière le voile, il ne peut
s'empêcher de leur adresser ce très
sérieux avertissement :
« Veillez et priez, de peur que vous ne
tombiez dans la tentation, l'esprit est prompt mais
la chair est faible. »
Veiller, dans la bouche de Jésus
signifie pratiquement deux
choses. D'abord se connaître soi-même,
porter des regards exempts d'indulgence et
d'illusion sur soi-même. Tel qui est sensuel,
passionné de tempérament, n'ira pas
s'imaginer que, parce qu'il est converti, cette
nature là ne peut plus faire explosion. Tel
qui est disposé à l'avarice, à
la susceptibilité, à la
colère, appellera ces choses par leur nom en
les découvrant en lui, comme s'il les voyait
poindre chez autrui et leur cherchera remède
au bon endroit. Veiller c'est ensuite prendre ses
précautions contre les ennemis du dehors,
l'action du monde, des puissances diaboliques pour
ne pas donner prise à la tentation.
À la recommandation de veiller,
Jésus ajoute celle de prier. Ne pouvons-nous
pas dire que la meilleure méthode de veiller
sera de prier ? Prier c'est parler
continuellement à celui qui
« ayant été tenté
peut aussi secourir ceux qui sont
tentés. » C'est une
télégraphie sans fil qui fonctionne
entre le Seigneur et nous. Voici un petit poste
militaire, isolé en pleine zone dangereuse,
mais il est en relation télégraphique
avec le quartier général. Il tient
l'officier supérieur au courant de tout ce
qui se passe. Au besoin, il appelle au
secours ; on lui envoie immédiatement
du renfort. Reçoit-il l'ordre de se replier,
il obéit aussitôt. Voilà aussi
notre seul, mais magnifique système de
défense.
Pourquoi tant de
précautions ? Si l'on tombe on se
relève ; si l'on pèche on
demande pardon. Ah ! chers lecteurs, une chute
est toujours infiniment grave ! Oui, le
Seigneur s'est parfois servi
d'une chute comme celle de
Pierre pour faire toucher à quelqu'un du
doigt sa faiblesse et pour compléter une
éducation insuffisante. Mais toute chute
laisse derrière elle une trace de
flétrissure et a un retentissement de
scandale dans le monde moral, quand bien même
les hommes n'en seraient pas informés.
« Quand on fait du mal, on en fait
toujours plus qu'on ne pense. »
Veiller est toujours
nécessaire ; il ne vient jamais un
moment dans la vie chrétienne où la
victoire soit définitive et où les
risques aient totalement disparu. Le Seigneur l'a
dit : « l'esprit est prompt mais la
chair est faible ». L'esprit est
enthousiaste ; en un jour d'émotion,
rien en lui ne paraît trop difficile ;
il a des ailes, il plane sur les sommets ;
mais l'être physique, physiologique,
psychique, « le frère
âne » comme l'appelait saint
François, ne marche qu'au pas et même
se montre rétif. Il faut que l'esprit dans
la prière appelle celui qui est le
« grand secours » et que le
corps prenne force en devenant le temple de
l'Esprit. Il faut que par la mort et la
résurrection de Christ, des puissances de
vie pénètrent jusque dans
l'être physique et l'harmonisent avec
l'esprit. Et puis, ensuite, toujours et quand
même, veiller, prier !
Qui
de vous me
convaincra de péché ? Jean
VIII, 46.
Je t'ai
glorifié sur la terre, j'ai achevé
l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. Jean
XVII,
4.
Ils cherchaient
un
témoignage contre Jésus et n'en
trouvaient pas. Marc
XIV, 55.
J'ai trahi le
sang
innocent. Matth.
XXVII, 4.
Le verdict de la justice romaine, relativement
impartiale, a été prononcé sur
Jésus par la bouche de Pilate :
« Je ne trouve aucun crime en
lui ! » Il a suffi du simple bon
sens ou, si l'on veut, de l'absence de passion chez
un fonctionnaire, pour mettre à bas tout
l'échafaudage d'accusation
péniblement élevé par les
principaux des Juifs. Avaient-ils cependant
peiné pour dresser un acte d'accusation qui
parût se tenir debout ! Ils avaient
cherché partout quelque témoignage
probant. Certaines gens, comme au temps de Naboth,
se prêtaient au honteux métier de faux
témoins. Quelques-uns se présentent,
évidemment ceux qui peuvent produire les
plus écrasantes accusations. Mais ils se
contredisent et finissent par se disputer.
Forcément on doit les récuser. Enfin
il en paraît deux - quelle aubaine ! -
qui articulent une accusation contre
Jésus : Ils lui ont entendu dire qu'il
détruirait le temple et le rebâtirait
en trois jours. Par malheur, les deux
témoins ne s'accordent pas tout à
fait. D'après l'un, Jésus avait
dit : « Je détruirai ce
temple.... » ; d'après
l'autre : « Je
puis détruire ce temple.... » Le
fait est que Jésus n'avait dit ni l'un ni
l'autre, mais : « Abattez ce temple,
je le relèverai en trois
jours.... » Ainsi après avoir
battu tout le pays pour trouver une accusation qui
tienne en justice, voilà tout ce que l'on a
découvert. Plein de colère - la haine
rend ingénieux comme l'amour - le souverain
sacrificateur va demander à Jésus
lui-même cette base d'accusation que personne
ne peut fournir :
- Je t'adjure, par le Dieu vivant, de
nous dire si tu es le Christ, le fils de
Dieu !
Tout à l'heure Jésus se
taisait ; maintenant le moment de parler est
venu. C'est lui qui va signer son arrêt de
mort. Il répond :
- Je le suis et vous verrez le Fils de
l'homme assis à la droite de la puissance de
Dieu et venant sur les nuées du
ciel.
- Il mérite la
mort !
Tel est le cri unanime que pousse le
Sanhédrin, inquiet un instant auparavant de
se voir acculé à l'acquittement. Et
des coups d'oeil malins s'échangent sous le
masque de la gravité.
- Pensez donc, un
blasphème !
Pilate a percé à jour
cette comédie judiciaire :
- Je ne trouve aucun crime en
lui !
C'est et restera le verdict de
l'histoire.
Sans doute la déclaration de
Pilate ne prouve pas encore la sainteté de
Jésus. Ce n'est qu'un certificat de bonne
vie et moeurs tel que le premier citoyen venu,
privé de casier judiciaire, peut s'en faire
délivrer un par l'autorité
compétente.
Cherchons ailleurs pour nous convaincre
de la sainteté du Seigneur.
Un jour, au cours de son
ministère, Jésus mit les Juifs
hostiles au pied du mur.
- Qui de vous me convaincra de
péché ?
« Vous refusez de croire
à mes paroles, mais pour appuyer votre
refus, faites voir dans ma conduite quelque faute.
La vérité et la sainteté sont
soeurs. Si ma vie est inattaquable, n'est-ce pas la
preuve que Dieu parle par ma bouche et agit par mes
mains ? »
À ce défi les ennemis
répondent :
- Tu es un Samaritain ! Tu es
possédé du démon.
Évidemment si dans l'auditoire on avait pu
articuler quelque chose contre Jésus, on
l'aurait fait. C'est faute de rien trouver qu'on
l'injurie gratuitement.
Et si Jésus a prononcé
cette parole, c'est qu'il était
lui-même convaincu de sa sainteté. Il
en est même tellement convaincu qu'il peut
dire de son Père : « Il ne
m'a pas laissé seul parce que je fais
toujours ce qui lui est agréable »
(Jean VIII, 29). Le Fils mettait une telle
fidélité à vivre dans la plus
étroite communion avec son Père que
ses actes, à chaque instant, traduisaient
exactement les pensées du Père. Il
dira encore à Dieu dans la prière
sacerdotale :
- Je t'ai glorifié sur la terre,
j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as
donnée à faire !
Jésus n'a péché ni
en transgressant un ordre du Père, ni en
négligeant l'un quelconque des devoirs dont
son Père l'a chargé. Voilà la
sainteté parfaite :
absence permanente en Jésus de
volonté propre, présence continuelle
de celle de son Père. Il a voulu ne vouloir
que dans le Père.
On pourrait objecter :
- Jésus a cru de bonne foi
être saint. Mais il s'est fait illusion. On
ne se considère pas soi-même avec les
mêmes yeux que ceux avec lesquels on
épluche les autres.
Appelons les apôtres en
témoignage. « Il n'y a pas de
grand homme pour son valet de chambre »,
a-t-on dit. Ceux qui ont vécu, mangé,
voyagé avec lui auront-ils surpris quelque
faiblesse, quelque incursion de la chair dans
l'esprit, restée inaperçue du
Maître ? Jean dit de Jésus avec
lequel il a vécu dans une si étroite
intimité :
- Nous avons vu sa gloire, comme celle
du Fils unique venu du Père.
Pierre a prononcé les paroles que
l'on sait :
- Tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant !
Un simple homme soumis aux mêmes
misères que nous ? - Non, jamais !
- Le Christ ? - Oui. Un Dieu fait homme ?
- Oui.
Enfin Judas, le traître, qui
eût été déchargé
d'une partie de son faix de remords s'il avait
trouvé la plus légère faute en
Jésus, s'écrie, devant ceux-là
même qui sont les moins désireux de
l'entendre :
- J'ai péché en trahissant
le sang innocent ! Mais tout cela ne prouve
pas encore la sainteté absolue de
Jésus. Cette preuve irréfutable,
c'est la résurrection du Seigneur qui la
fournit. Si Jésus avait eu dans son sang,
dans ses nerfs, dans son
psychique comme dans son
physique ou dans son esprit ne fût-ce qu'un
atome de péché, une cicatrice de
conscience, la mort, qui est le salaire
inéluctable du péché en vertu
même de la loi divine, n'aurait pas
lâché sa proie. Si le Seigneur a
brisé les liens de la mort comme on
écarte le réseau impuissant d'une
toile d'araignée, c'est parce qu'il a
été saint de la sainteté
radieuse, immaculée de Dieu même, et
de par sa volonté d'homme. L'homme en lui a
été normal. Parti de l'innocence
comme le premier Adam, il est arrivé - comme
le premier homme aurait dû le faire -
à la sainteté ! Et nous restons
en adoration devant cette vie humaine devenue
sainte, qui a « appris
l'obéissance par les choses qu'elle a
souffertes. »
C'est dans les Alpes que j'ai entrevu
comme une sorte de révélation, la
sainteté. Assis au bord du glacier de
l'Eiger, je contemplais les névés du
Silberhorn, de la Blumlisalp. Cette blancheur
absolue, immobile, sereine m'était un tel
reproche que je n'osais plus la regarder, les
larmes m'en venaient aux yeux, et ces cimes me
faisaient peur.
Pierre, quand il vit le miracle de la
pêche s'opérer à la parole de
Jésus, fut saisi d'effroi et
s'écria :
- Retire-toi de moi qui suis un homme
pécheur ! Ah ! quel élan
vers la perfection, quelle horreur du
péché, quelle joie et quelle
émotion tout à la fois s'emparent de
nous, quand nous contemplons dans ce pauvre monde
impur un être saint, une cime de neige, un
frère, vrai homme, venu de Dieu et
retourné à
Dieu !
Plus nous apprenons à le
connaître dans les écrits qui nous
présentent son portrait, plus il nous
saisit. Ses paroles, ses actes sont la sagesse
même, le bon sens, la bonté ; il
est la grâce et la vérité
faites chair. Le penseur trouve un infini, et
toutes les intelligences humaines réunies
n'arrivent pas à en faire le tour.
L'enthousiaste n'y peut suffire, il éprouve
toujours des surprises nouvelles ; le
pécheur est comblé, reçu,
aimé, pardonné, sauvé. Et
jamais l'amour ne permet une intrusion du
péché et jamais le
péché n'empêche l'amour pour le
pécheur de se manifester, c'est
l'équilibre parfait. C'est le rayon de
soleil qui descend dans la boue sans se salir et
sans permettre à celui qui veut s'y
réchauffer de continuer à se
salir ; il y a la santé et la
guérison dans ce rayon.
Et voilà le caractère de
la sainteté de Jésus ; elle ne
m'écrase pas, elle ne me
désespère pas, elle me stimule. Un
être humain comme moi, ayant chair et sang,
nerfs et sensibilité, respirant le
même air que moi, coudoyant toutes sortes de
gens, obligé de voir, d'entendre ce que je
vois et entends, ayant comme moi un cerveau qui
pense, un coeur qui sent, un corps qui
réclame ses droits, un être semblable
à moi en toutes choses, a été
un saint. Il me faut lui ressembler, je le sens. Et
cette ambition-là non seulement ne lui
paraît pas démesurée, mais il
l'allume lui-même en moi parce qu'il peut me
la faire réaliser, parce qu'il me donne les
forces qu'il me faut pour cela. Il nous veut comme
lui ; il fait de nous des
« frères », des
« saints », des
semblables.
Ne nous laissons pas détourner de
poursuivre la conformité avec Christ, par la
discussion de cette question qui est oiseuse et qui
cache un vrai traquenard de l'ennemi :
Pouvons-nous arriver ici-bas à la
sanctification parfaite ? C'est perdre son
temps que de discuter cela. Je ne sais pas
exactement, étant donné ma nature,
mon tempérament, mon caractère, la
mesure de foi qui m'a été
départie, en un mot, ma dotation initiale,
jusqu'à quelle distance du sommet je
parviendrai.
Je dois monter, voilà ce que je
sais. Et monter c'est laisser s'accomplir de plus
en plus complètement la promesse du
Seigneur : « nous viendrons, moi et
mon Père, faire notre demeure chez
lui. » Je ne veux pas mettre de mesure
par avance au degré de vie spirituelle, de
fidélité, que cette présence
en moi me communiquera. Je ne veux pas même
me poser la question : jusqu'à quel
point est-ce que je saurai ouvrir la porte à
cette présence divine en moi, comment et
jusqu'à quand saurai-je la conserver ?
Je veux simplement croire aujourd'hui que le Saint
absolu veut faire de moi un
« saint » relatif, une image de
lui, dans la mesure où un humain,
créé dans le premier Adam et
recréé dans le second, est capable de
le devenir dans cette économie, sans sortir
du fini. C'est Lui qui le fera.
J'ai le droit de douter de ma
nature ; je n'ai pas le droit de douter de sa
puissance. Je puis en quelque mesure faire le tour
de mon tempérament, fixer les limites de mon
être intérieur, analyser le sable de
ma volonté, mais je n'ai pas le droit de
prétendre que le Créateur ne puisse
changer, ici-bas déjà, le
plomb vil qui est moi en l'or
exquis qui est lui. Souvenons-nous de ce que le
Maître a fait de Georges Muller. Dans une
nature basse, dans un être peu chevaleresque
qui partait sans payer sa note d'hôtel, il a
sculpté un vase d'élection. Je ne
veux pas couper les ailes de ma foi et lui
dire : Tu ne voleras pas plus haut ! Je
veux dire : « Seigneur, fais de moi
ce que tu voudras, je te donne ma
volonté ! » Un progrès
appelle un autre progrès. Un acte
d'obéissance sincère rend plus facile
le suivant. Paisible, je veux m'avancer,
espérant tout de Dieu, rien de moi, dans la
foi au Fils unique, mon Sauveur qui, m'ayant
tiré de la mort, saura me mener aussi haut
qu'il le voudra dans la vie ! En Lui la
sainteté est devenue humaine et possible, je
m'attends à lui pour qu'il m'en rende
participant sans lui fixer de limites.
Oh ! mon Sauveur, saint,
adorable,
donne-moi d'être droit, humble et croyant et
de désirer te ressembler avec une ardeur que
ni le temps, ni même aucune rechute, ne
puisse éteindre ! Amen.
Il
a sauvé les
autres et il ne peut se sauver
lui-même. Marc
XV, 31.
Jésus voyant sa
mère dit : Femme, voilà ton
fils. Jean
XIX, 26.
Père,
pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils
font. Luc
XXIII,
34.
Aujourd'hui tu
seras
avec moi dans le paradis. Luc
XXIII, 43.
Comme Moïse
éleva le serpent dans le désert, il
faut de même que le Fils de l'homme soit
élevé, afin que quiconque croit en
lui ait la vie éternelle. Jean
III, 14-15.
Toute sa vie Jésus, s'oubliant
lui-même, a vécu pour les autres. Ses
journées ne lui appartenaient pas ;
elles étaient accaparées par des gens
qui, quelquefois, ne lui laissaient pas le temps de
manger. Ses miracles, c'étaient les autres
qui en bénéficiaient. Connaissez-vous
une seule parole de lui, un seul acte qui ait eu
pour but de lui valoir un honneur ou un
bénéfice ? Je n'en connais
point. Comme Jésus ne faisait rien
« de lui-même », il ne
faisait rien non plus « pour
lui-même ». Et s'il a sauvé
sa vie à quelques reprises durant son
ministère, c'est parce qu'elle était
encore nécessaire aux autres, jusqu'au temps
marqué par le Père. Jésus
devait mourir à la fête de
Pâques, à Jérusalem et non
ailleurs ni à une autre époque, pour
que le bénéfice que cette mort allait
procurer aux autres fût complet.
Pendant qu'il était sur la croix,
offert en spectacle, Jésus pouvait fermer
les yeux, s'absorber en Dieu, se rendre
étranger à tout ce qui l'entourait.
De la croix, il évangélise
encore ; il pense à ceux qui
l'entourent ; jusqu'au dernier souffle, il ira
« faisant du bien ».
Il y avait des moqueurs autour de cette
croix qui s'écriaient : « Il
a sauvé les autres et il ne peut se sauver
lui-même. » Comme Caïphe
prophétisait sans le savoir en disant :
« Il est avantageux que
celui-ci meure pour la
nation », les pharisiens ne savaient pas
si bien dire. C'était justement pour sauver
les autres, qu'il ne pouvait se sauver
lui-même. Mais il n'y a pas que des moqueurs
autour de la croix. Un groupe de femmes et de
disciples est là qui regarde et qui pleure.
Et parmi ces femmes, il en est une que Jésus
considère avec tendresse, c'est sa
mère. En cet instant la prophétie de
Siméon s'accomplit pour elle, une
épée lui transperce l'âme.
Jésus ne pouvant plus lui donner son
affection filiale, lui rend un fils en la personne
de Jean. Et du même coup, il donne à
Jean le privilège de témoigner de
l'amour à son Maître en le reportant
sur sa mère.
La tradition rapporte que Marie
vécut encore douze ans à
Jérusalem avec Jean et qu'elle mourut
à l'âge de cinquante-neuf ans.
Au milieu de ses tortures Jésus
pense à adoucir aux siens l'amertume de la
séparation.
Jésus avait été
livré aux mains d'une bande de soldats
cruels, par les principaux. Ce sont des huissiers
du temple, et des soldats que les Romains
prêtaient aux Juifs, principalement aux
époques de fête, pour maintenir
l'ordre parmi les pèlerins. Ils
accomplissent impassibles leur tâche de
bourreaux. Ils ont battu et maltraité
Jésus comme tout autre prisonnier. lis l'ont
crucifié sans émotion et se partagent
maintenant ses vêtements. Dans son tableau de
la Voie douloureuse, Burnand a écrit
lisiblement sur le visage de ces soldats :
« ils ne savent ce qu'ils
font ». Ils participent à un drame
sans se douter que, depuis la création du
monde, c'est le plus important que
la terre et le ciel aient
contemplé. Jésus pense à
eux : « Père
pardonne-leur... ! Il ne veut pas que ces
hommes soient punis pour un acte dont ils ne
comprennent pas la portée, quand même
cet acte, c'est sa torture à lui.
À côté de lui, il y
a deux bandits dont l'un se moque et l'insulte.
Chez l'autre, subsiste une étincelle de
conscience. Il a peut-être lu
l'écriteau : Celui-ci est le roi des
Juifs ! Il a peut-être entendu la parole
adressée à Jean et à Marie, la
prière pour les bourreaux. Une
révélation se fait dans ce coeur
obscurci. Cet homme comprend par la conscience bien
plus que par la connaissance, que ce compagnon de
souffrance est un martyr :
« Seigneur ! souviens-toi de moi
quand tu seras dans ton
Règne ! » Il se sent infime,
la vie d'un bandit vaut-elle qu'on lui donne une
pensée ? Cette âme a du prix aux
yeux du Christ : « Aujourd'hui tu
seras avec moi dans le paradis ! »
Aujourd'hui, dit Bossuet, quelle promptitude !
Avec moi, quelle compagnie ! Dans le Paradis,
quel repos !
Nous, qui pensons toujours à
nous-mêmes, à nos aises, à nos
petits succès, à donner le minimum
pour recevoir le maximum, quel spectacle que de
voir Jésus sur la croix ne penser qu'aux
autres ! Honte à nous,
égoïstes ! Humilions-nous
jusqu'aux larmes devant cette vie donnée et
ne crucifions plus par nos vanités le
Seigneur de gloire !
Jésus meurt là, non pas
seulement pour quelques saintes femmes, pour
quelques disciples - c'est un premier cercle
concentrique - mais pour les milliers qui, dans
l'avenir, croiront par leur moyen -
second cercle concentrique. Et,
s'il nous est permis de dire toute notre
pensée, Jésus meurt pour tous ceux
qui, dans le passé, ont cru aux sacrifices
de l'ancienne alliance : les Juifs, ou ont
obéi à leur conscience : les
païens, et ont eu part ainsi par avance
à son sacrifice, - troisième cercle
concentrique.
C'est en définitive pour cette
race humaine tout entière dont, par
l'incarnation, Jésus s'est fait solidaire,
qu'il meurt en Golgotha - « Le Fils de
l'homme est venu non pour être servi mais
pour servir et pour donner sa vie en rançon
de plusieurs »
(Marc
X, 45). Les deux sacrifices se
sont rencontrés, celui du Père
« qui était en Christ
réconciliant le monde avec
soi-même » et celui de
l'humanité qui expie en la personne de son
plus parfait représentant. Nous ne voulons
pas échafauder de théorie. Nous ne
comprenons pas le pourquoi d'un tel
sacrifice ; le fond de Dieu et le fond du
péché nous restent inconnus. C'est un
mystère d'amour, de justice, de
réparation, de guérison, de
sainteté devant lequel les anges mêmes
sont en adoration.
« Comme Moïse
éleva le serpent dans le désert, il
faut aussi que le Fils de l'homme soit
élevé afin que quiconque croit en lui
ait la vie éternelle. » À
la fin de la traversée du désert les
Israélites se montrent ingrats,
décriant la nourriture et les soins dont
Dieu les a fait bénéficier au cours
de ces quarante ans. La punition surgit sous la
forme d'une de ces migrations de cérastes,
ces vipères cornues du désert, dont
les morsures brûlent et infectent le sang.
Israël se repent. Dieu ne veut pas la mort du
pécheur mais sa
conversion et sa vie ; il ne fait pas durer
l'épreuve plus longtemps qu'il ne faut. Un
serpent d'airain est dressé sur une perche
et tous ceux qui regardent à lui sont
guéris. C'est le moyen de punition qui
devient celui du salut.
Jésus, en rappelant ce souvenir
historique à Nicodème, veut lui
dire : « Tu n'ignores pas que le
Messie doit être élevé aux yeux
de tous. Tu penses qu'il sera élevé
comme un roi, qu'il montera sur le trône de
David, puis de là sur le trône de
Dieu. Il sera élevé d'une
manière tout autre. Il sera
élevé comme le serpent d'airain, pour
devenir le moyen de salut de ceux qui regarderont
à lui ! » Et quand plus tard
Nicodème vit Jésus sur la croix, il
se souvint de ce qui lui avait été
dit dans la nuit mémorable où la
nouvelle naissance lui avait été
révélée.
Ainsi Jésus fut
élevé, non pour lui-même mais
pour les autres, non pour briller mais pour sauver,
en une élévation qui était le
plus profond abaissement, puisqu'il a
été « mis au rang des
malfaiteurs ».
La colline du Calvaire n'est pas bien
élevée, la croix n'est pas
très haute et pourtant on peut voir ce
crucifié des extrémités du
monde, comme depuis les bouts de l'histoire. Elle
est là plantée au centre de
l'univers, l'unique espérance du
pécheur ! Et pourtant, dans son
ignominie, la croix est pour le Sauveur la
première marche de la gloire. Jésus
est mort pour les autres, et parce qu'il est mort
pour les autres, il est monté de gloire en
gloire ; par la croix il est arrivé au
trône de Dieu d'où il reviendra un
jour pour occuper le trône de David et
régner sur une terre
qu'il s'est acquise au prix de sa vie
d'homme.
Les Israélites, au désert,
n'étaient pas sauvés
mécaniquement par ce serpent d'airain. Ils
devaient le regarder. Le regard impliquait l'effort
de la volonté et de la foi. Il fallait
désespérer de soi, des petits
remèdes qu'on pouvait connaître pour
désinfecter la plaie. Il fallait
détourner sa vue de sa blessure pour la
porter sur le remède donné de Dieu.
Il fallait consentir à être
guéri comme Dieu voulait et pas
autrement.
Mais quelle singulière
comparaison ! Pourquoi parler aujourd'hui de
serpent, de morsure, de guérison ?
Grâce à Dieu, nous n'habitons pas un
pays infesté de reptiles ; il faut
laisser aux missionnaires l'honneur de courir ce
genre de risques. N'était-ce pas Mme
Berthoud-Junod de la Mission romande qui, un soir,
dans une étroite piste de la brousse, fut
tout à coup immobilisée par un long
serpent venimeux qui s'était enroulé
autour de ses deux chevilles à la fois. Elle
eut le courage de prendre la bête par le cou,
de la dérouler et de la jeter. Ce fut
miracle de s'en tirer sans morsure.
C'est vrai, nous habitons un bon pays,
mais nous avons été mordus par le
serpent ancien. Il souille nos yeux et les fait
briller d'une flamme impure. Il touche nos oreilles
qui écoutent complaisamment la calomnie. Il
empoisonne nos langues pour falsifier la
vérité. Il a infecté nos
coeurs pour les faire distiller la convoitise.
Pensée, mémoire, imagination,
volonté, chairs, nerfs, sang, tout est
atteint. Le venin court par tout
l'être. L'art, la science, la civilisation et
jusqu'à la philanthropie sont
entachés de péché. Or le
salaire du péché c'est la
mort.
Le moins que Dieu puisse nous demander,
comme à l'Israélite mordu, c'est de
regarder à Jésus sur la croix, c'est
de désespérer de nous-mêmes et
de nos moyens d'amélioration, c'est de venir
à « la source ouverte pour le
péché », c'est d'accepter
par la foi, par toutes les forces de notre
volonté, le moyen, le seul, que Dieu ait
choisi pour nous sauver.
Je n'aurais pas été
converti par les menaces de punition, par les
terreurs de l'enfer. Toutes sortes de
pensées surgissaient en moi :
« Est-ce notre faute si nous sommes
pécheurs ? Ne sommes-nous pas
nés dans le péché après
avoir été conçus dans
l'iniquité ? Avons-nous demandé
à naître ? Ne subissons-nous pas
un état de péché qui nous est
imposé par la vie même ? Alors
Dieu est-il juste en nous
condamnant ? »
En face de la croix, devant ces bras
étendus qui sont en même temps tendus
vers moi ; à regarder le Fils de Dieu
qui meurt pour moi ; j'ai la bouche
fermée. La voilà la justice de
Dieu ! Le voici l'amour du Père !
Le remède a été mis à
côté du mal. Et si je suis solidaire
fatalement de l'humanité coupable en Adam,
je deviens par la foi en Jésus-Christ et par
un acte de volonté, solidaire de la seconde
humanité « qui est affranchie de
la condamnation et de la mort ». Je le
sens bien dans ma conscience, je n'ai plus
qu'à adorer, qu'à accepter par le
Saint-Esprit, l'oeuvre de salut qui est faite tout
entière. Il n'y a plus qu'un
péché, celui de repousser Christ qui
est venu porter tous les autres
« en son corps sur le bois »,
mais ce péché-là, je le sens,
c'est le péché irrémissible.
Ce n'est plus le péché originel et la
corruption qu'il a engendrée qui me perdent,
mais bien le refus et le mépris du pardon
que Jésus est venu m'offrir.
O Dieu, quelle grâce tu m'as faite
de m'avoir aidé à accepter l'oeuvre
de ton Fils !
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |