Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'heure est venue.

-------

 Jésus leur répondit : L'heure est venue où le fils de l'homme doit être glorifié. En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu'un me sert qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, le Père l'honorera. Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ?... Père, délivre-moi de cette heure !... Mais c'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure. Père, glorifie ton nom ! Jean XII, 23-28.


Au berceau de Jésus, des mages d'Orient étaient venus apporter l'adoration anticipée du monde païen. Au moment où le Seigneur approche de sa fin, des Grecs viennent à lui comme si, par leur main, ce même monde païen frappait à la porte du royaume de Dieu. Les Grecs étaient des prosélytes, accourus à Jérusalem pour adorer. Il y avait un peu partout, à ce moment-là de l'histoire, des païens que leurs mythologies dégoûtaient, que les fables faisaient sourire et que le culte juif attirait parce qu'il répondait à des besoins de conscience inassouvis. Plusieurs d'entre eux accompagnaient les Juifs pour célébrer les grandes fêtes à Jérusalem. Dans le temple un parvis leur était réservé, précisément celui que Jésus avait rendu à son usage en en chassant les vendeurs et les changeurs qui l'avaient envahi.

Ces Grecs ont entendu parler de Jésus; peut-être ont-ils assisté à l'entrée à Jérusalem. Ils brûlent du désir de s'entretenir avec lui. Nous ne connaissons de cet entretien que le discours de Jésus qui est la réponse à la demande des Grecs. On peut supposer que ceux-ci ont offert au Seigneur de passer en Grèce. À Jérusalem, Jésus est exposé à la haine des principaux ; chacun savait que le Sanhédrin préparait sa mort ; au-delà de la frontière dans le pays de la civilisation raffinée, Jésus sera parfaitement tranquille, il pourra enseigner sans empêchement. Ce qui laisse croire qu'une proposition semblable a pu être faite, c'est qu'Eusèbe, l'historien, a conservé le souvenir d'une ambassade envoyée à Jésus par le roi Actorus V d'Edesse, en Syrie, pour l'inviter à venir enseigner chez lui.

Jésus est profondément ému de la démarche des Grecs, il sent qu'il approche du moment décisif de sa vie terrestre. « L'heure est venue, s'écrie-t-il, où le Fils de l'homme doit être glorifié. » Une heure spéciale est venue, prévue depuis toujours par Dieu pour le monde et pour Jésus lui-même. C'est l'heure où pour se multiplier le grain de blé doit tomber en terre et mourir.

Supposons un instant que toutes les céréales aient disparu par une brusque maladie : cryptogamique et qu'il ne restât plus au monde qu'un seul grain de blé. On décide de le conserver précieusement dans un musée. À l'égal d'une perle de prix on l'enferme dans un écrin. On accourt de loin pour contempler ce dernier vestige des moissons passées. Mais voilà que survient un laboureur ; il reproche aux savants leur folie ; il réclame ce grain de blé et le jette au sillon. Le grain germe, donne un épi qui est récolté et semé à son tour ; en peu d'années l'humanité mange de nouveau du pain. La germination, voilà la gloire du grain de blé !

Jésus est ce grain de froment ; il ne fuira pas avec les Grecs, il ne sauvera pas sa vie, il descendra au sillon pour s'y multiplier. Il obéira le premier à cette loi fondamentale du monde spirituel qu'il a proposée si souvent à ses disciples : « Celui qui aime sa vie la perdra, mais celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » Jésus, en sauvant sa vie, pouvait devenir à son choix ou tout ensemble le Socrate des Grecs, le César des Romains, le Salomon des Juifs, mais il cessait d'être le Christ de Dieu.

En vertu de la fixité de l'espèce, le grain de blé, donne des semblables et le Christ, selon la même loi « se verra une postérité » c'est-à-dire engendrera des semblables. Et ceux-ci, consentant à descendre au sillon comme leur Maître, renonçant à eux-mêmes, se multiplient à leur tour, car tout ce qui est livré à Dieu par un acte libre d'immolation renferme un germe de vie éternelle. N'est-ce pas là le secret de la fécondité, le moyen d'engendrer des âmes ? Ne rien refuser à Dieu de ce qu'il nous demande, nos préjugés, nos préventions, nos méthodes, notre volonté ? Tout ce qui est « terrestre, sensuel, diabolique » dans notre sagesse restera au tombeau, par contre tout ce qui est de l'homme « primitif » c'est-à-dire fait à l'image de Dieu subsistera, se développera et donnera toute sa mesure. Nous ne sommes débarrassés que de ce que le péché a gâté en nous, tout ce qui est utilisable pour le règne de Dieu, vivra. Au grain de blé jeté en terre rien n'est épargné des intempéries. Le soleil, la pluie, le chaud, le froid, l'orage lui sont nécessaires. Sous leur action, le travail intérieur s'accélère et un beau jour le germe de vie, brisant ses enveloppes, met au dehors sa pointe verte et s'enracine à la motte nourricière. Les épreuves, brisures ou coups d'épingles, les tentations de l'extérieur comme de l'intérieur ne sont pas épargnées au croyant, elles le poussent à la prière, à la lutte, à l'exercice de la foi, et la vie spirituelle se développe, certaines étapes se franchissent, certaines expériences se font et le déploiement de la force de Christ dans le coeur de ceux qui se convertissent constitue l'appel au salut le plus attirant pour les autres ; le grain se multiplie.

Et la récompense d'une telle obéissance ? Elle est multiple.
- Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera !

Quelle parole extraordinaire ! N'est-ce pas à l'homme d'honorer Dieu ? Et pourtant par une sorte de réciprocité, celui qui honore Dieu par le sacrifice dans sa vie cachée est honoré à son tour. Il arrive même au croyant fidèle qui ne brigue en aucune manière la popularité de la trouver, de recueillir l'affection et même l'hommage de ses concitoyens. Voyez le général Booth, d'humble naissance ; sa fidélité à la cause de Dieu qui est en définitive celle de l'humanité, lui a valu des témoignages de la plus haute distinction et des obsèques de souverain. Dieu a honoré son vieux serviteur. Mais le Père honore les siens d'autre manière encore. Il me semble que l'on peut rapprocher de cette parole : « mon Père l'honorera » cette autre de Jésus à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs.... mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père » (Jean XV, 15). Quelle précieuse promesse !

Ce serviteur renouvelé dans les sources profondes de son être, qui est maintenant harmonisé et retrouvé, le Père l'honore en ce sens que le Fils en fait son ami. Il n'est pas pour son Seigneur une chose, un être passif, un cadavre ; il ose faire acte de liberté, de spontanéité ; il reste un être profondément conscient de sa dépendance, mais il le devient aussi de ses prérogatives. Il apporte un amour filial à son Dieu et Dieu l'associe à son conseil et lui révèle ses desseins. Comme Abraham ou Moïse, il ose intervenir et, par son intercession, peut-être changera-t-il dans tel cas donné le décret de Dieu. Il est associé à la pensée du Seigneur et il travaille à la réaliser. Le Maître apprécie l'ouvrier qui a « de l'idée », qui fournit un travail dont la pensée s'emboîte dans celle de son grand Ami.

Et s'il se constituait une collectivité d'êtres semblables qui, avec leurs personnalités différentes, représenteraient dans l'unité d'esprit et dans l'amour mutuel les diverses faces de la vérité, est-ce que cette collectivité, disons cette Église, ne pourrait pas prendre une position de majorité, de foi compréhensive des pensées de Dieu qui hâterait l'évangélisation du monde, qui la garderait dans l'équilibre et lui ferait trouver au milieu des divers courants qui se font jour, la solution vraie, religieuse, actuelle aux problèmes bibliques, moraux et sociaux qui se posent si gravement à notre époque ?

Tout en se rendant clairement compte de la tâche à accomplir, tout en voyant que « l'heure est venue » Jésus est saisi d'une émotion soudaine, c'est comme un trouble avant-coureur de celui de Gethsémané.
- Père, délivre-moi de cette heure ! s'écrie-t-il.

Mais tout de suite il se reprend :
- C'est justement pour cette heure que je suis venu dans le monde !

Quelle merveilleuse clarté jetée sur le plan de la rédemption ! Tout était prévu, tous les événements se succèdent dans les lignes divines.
- Père, glorifie ton nom !

Voilà l'intime prière du Fils ; voilà la réalité désirable par-dessus tout, c'est que le nom du Père soit glorifié devant les anges, devant les hommes qui adoreront un jour le sens profond de toute cette scène, devant le diable lui-même dont nous surprenons peut-être ici une tentative de tentation.
À ce moment, Jésus s'est pleinement ressaisi. Mais en ce moment aussi une voix vint du ciel qui dit :
- Et je l'ai glorifié.... et je le glorifierai encore...

C'est la voix de Dieu qui ponctue de son assentiment, comme au baptême et à la transfiguration, l'obéissance du Fils.
L'heure est venue pour le monde aussi. Une double action va s'engager : attraction de Jésus sur les consciences, répulsion chez ceux qui ne veulent pas être sauvés par le moyen et sous la forme que Dieu a choisis. Le vieux Siméon l'avait prédit, en tenant le petit Jésus dans ses bras : « Cet enfant est destiné à amener le relèvement et la chute de plusieurs en Israël et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, afin que les pensées de beaucoup de coeurs soient dévoilées » (Luc II, 34-35). Et l'Évangile s'avance dans le monde, fait le tour de la planète an milieu des formidables oppositions des uns et des glorieuses adhésions des autres. Et maintenant tout particulièrement, il semble que l'heure soit venue pour le monde ; un mouvement de séparation s'accomplit ; « celui qui se souille se souille davantage et celui qui se purifie se purifie complètement » (Apoc. XXII, 11).

Mais l'heure est décisive aussi pour les auditeurs de Jésus. Ils ne peuvent pas rester passifs, entendre parler d'événements qui ne les engageraient pas eux-mêmes ; il y a un devoir pour eux, présent et pressant, la lumière est encore pour un peu de temps avec eux, c'est de « marcher pendant qu'ils ont la lumière », c'est de « croire à la lumière » et de devenir « enfants de lumière ». Si l'heure est proche pour le Maître de descendre au sillon, puis d'être élevé de la terre, l'heure est là pour ses auditeurs de suivre le Maître. Le temps est court ! Encore quelques jours ! Croyez maintenant.

Ne pensez-vous pas lecteurs que le moment est venu pour nous aussi de croire maintenant, tout à fait, de suivre le Maître partout où il veut nous conduire ? Ne pensez-vous pas que pour faire oeuvre d'évangéliste, il faille évangéliser à la manière du Maître et non pas selon quelque autre méthode humaine, si bien choisie soit-elle ? Et cette manière divine d'évangéliser, n'est-ce pas de descendre au sillon ? Il n'y a qu'un temps pour semer si l'on veut moissonner au moment convenable. Ne pensez-vous pas que « l'heure est venue » pour toi, pour moi, pour nous chrétiens de nous laisser « semer » par le Maître si nous voulons que le monde ait du pain à manger ?




Le dernier souper.

 Le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. Marc X, 45.


Le jour de manger la Pâque était arrivé. Jésus charge Pierre et Jean de préparer le repas. Ils entreront en ville, verront un homme portant une cruche d'eau. Ce fait les frappera parce que d'habitude c'étaient les femmes qui faisaient ce travail. Ils le suivront et, dans la maison où il entrera, ils trouveront une salle disponible. Pourquoi toutes ces indications qui ressemblent à des précautions ? À ce moment de l'année il y avait foule à Jérusalem, les maisons regorgeaient d'habitants et les salles tranquilles étaient rares. Et puis Judas avait déjà conclu son odieux marché avec les principaux, il ne connaîtra que le soir même, quand il sera trop tard pour avertir ses partenaires, le lieu de rendez-vous où le Maître va passer cette dernière soirée dans l'intimité avec ses disciples.

Ce n'étaient que rites symboliques au cours du repas pascal qui commémorait la sortie d'Égypte. Les herbes amères représentaient la dureté de l'esclavage. On trempait le pain sans levain dans une sauce rougeâtre qui avait la couleur de la brique cuite. L'agneau était mangé en costume de voyage et comme à la hâte. Entre les plats, le père de famille faisait circuler quatre fois la coupe de vin, il l'accompagnait d'une prière, d'une bénédiction et expliquait le sens du repas en racontant aux siens les merveilles de la sortie d'Égypte. Quel moyen simple et profond d'en perpétuer le souvenir chez les Juifs !

Au cours du repas de Jésus avec ses disciples, on verra aussi se succéder des instructions claires ou symboliques, des avertissements. Jésus facilite à ses bien-aimés la confiance en lui ; il les prépare en vue de l'avenir ; et plus tard, en pensant à ce dernier souper, les disciples comprendront le sens de la parole de Jean-Baptiste : « Voici l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! »

Remarquons en passant la bonté du Seigneur. Au lieu de se retirer à l'écart, de passer cette dernière soirée seul dans le tête-à-tête avec son Père, Jésus reste avec les siens pour leur faire du bien. Et dire que nous ne sommes pas moins privilégiés que les apôtres qui ont pris leur repas avec le Maître : « Voici, dit Jésus, je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi » (Apoc. III, 20).

Luc raconte qu'au commencement du souper il survint une dispute entre les disciples pour savoir lequel avait droit à la première place, celle probablement qui était la plus rapprochée du Seigneur. Ce n'était pas la première fois que cette question de suprématie se débattait dans le cercle des apôtres. Alors qu'ils revenaient ensemble de la montagne de la Transfiguration, en chemin ils discutaient pour savoir lequel était le plus grand. Une autre fois, c'est la mère de Jacques et de Jean qui réclame que ses fils soient assis l'un à la droite, l'autre à la gauche du Seigneur dans son Règne. Que cette question revienne sur le tapis au moment de cette dernière et solennelle rencontre, c'est comme si le diable jetait par avance de l'ivraie dans ces coeurs qui vont être ensemencés d'Évangile.

Jésus aurait pu rappeler sévèrement ses disciples à l'humilité, imposer à l'un d'eux, à celui qui réclamait le plus fort la première place, l'obligation de laver les pieds aux autres. Lui, qui est « au milieu d'eux comme celui qui sert », lui « qui venait du Père, qui retournait au Père et qui aima les siens jusqu'à l'extrême », il se lève de table, se ceint d'un linge, prend le bassin de cuivre qui faisait partie du mobilier de la chambre, y verse de l'eau, lave les pieds de ses disciples, puis reprend ses vêtements et se remet à table, De quelle nouvelle et sainte autorité il est maintenant revêtu à leurs yeux ! Quel poids acquièrent ses paroles devant leur conscience !

« Vous m'appelez Maître et Seigneur, je le suis en effet. Si moi je vous ai lavé les pieds, ne devez-vous pas aussi vous les laver les uns aux autres ? Je vous ai laissé un exemple afin que vous sachiez que « le serviteur n'est pas plus grand que le Maître ». Jésus à genoux, faisant office d'esclave, voilà la leçon d'humilité qui fera le plus d'effet ! Elle nous prosterne dans la poussière. Ah ! que nos vanités sont mesquines ! Grâce à Dieu il y a des croyants, qui suivent l'exemple du Maître - non pas le pape, quand une fois l'an, dans un bassin d'or, il fait le simulacre de laver les pieds de ses cardinaux. Tenez ! voici une diaconesse qui sort d'un milieu distingué, elle est personnellement riche, elle pourrait avoir elle-même des domestiques ; elle soigne les maladies les plus répugnantes ; elle s'oublie elle-même et ébahit sans scrupules sa galerie d'ancêtres.

Dans les actes, comme dans les paroles du Seigneur, il se cache des richesses de pensées et de bénédiction ! La scène du lavage des pieds montre autre chose encore qu'un enseignement d'humilité. Quand Jésus s'approche de Pierre, celui-ci se relève :
- Jamais tu ne me laveras les pieds !

À quoi Jésus répond :
- Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi ! L'acte que le Seigneur accomplit est le symbole de l'oeuvre de purification dont les disciples ont besoin. Et nous non plus, si nous ne nous laissons laver par le Seigneur, nous n'aurons point de part avec lui ; le coeur du plus juste n'est qu'un linge souillé. Refuser ce ministère de purification c'est refuser l'esprit même de l'oeuvre de Christ sur la terre. Jésus ne peut plus, pendant ce dernier souper, garder pour lui seul le secret de la trahison de Judas, du reste il ne faut pas que plus tard les apôtres s'imaginent que Jésus ait ignoré ce qui se préparait. En outre, par de suprêmes appels, Jésus va essayer de retenir Judas au bord de l'abîme vers lequel il roule. Déjà pendant le lavage des pieds, au cours de l'entretien avec Pierre, Jésus avait dit : « Vous êtes purs mais non pas tous. » Cette parole dut frapper la conscience du traître en lui montrant que Jésus savait. Puis quand Jésus lui lava les pieds, il le transperça sans doute de son regard ; mais le malheureux resta de pierre. Revenu à table, Jésus prononça cette parole tirée du Psaume XLI, 10 : « Celui qui mange le pain avec moi a levé le talon contre moi. » Nouvel avertissement, plus précis ! En même temps Jésus s'ouvre à ses disciples :
- Je vous dis la chose avant qu'elle arrive, afin que quand elle sera arrivée vous croyiez que le Père m'avait envoyé.

Judas demeure impassible. Les apôtres sont incapables de réaliser le drame qui se joue en cet instant. Jésus est obligé de parler de plus en plus clairement et pour faire impression sur Judas et pour ouvrir l'entendement de ses disciples. Du reste, à parler de cette trahison, le trouble s'empare de lui :
- En vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira ! Cette fois Judas doit être convaincu que Jésus sait tout et les disciples commencent à percevoir la vérité :
- Seigneur, est-ce moi ? demandent-ils avec candeur. D'après Matthieu, Judas aurait eu l'audace de demander lui aussi : « Est-ce moi ? » Et Jésus lui aurait répondu, pense-t-on, par un signe qui aurait échappé aux autres. Pierre engage Jean à demander le nom du traître. À ce moment, d'après les trois évangiles synoptiques, avant de répondre à la question posée, Jésus aurait dit :
- Le Fils de l'homme s'en va d'après ce qui est déterminé mais malheur à cet homme par qui il est trahi, il eût été bon à cet homme de n'être jamais né !

Puis Jésus ne voulant pas nommer Judas par son nom, ce qui lui ôterait la dernière possibilité de salut, répond :
- C'est celui à qui je donnerai le morceau trempé, et il offre le morceau à l'Iscariote.

Celui-ci peut encore refuser le morceau et crier grâce. Non, Judas ne profite pas du dernier avertissement, il Prend le morceau et mange sa propre condamnation. Il n'a plus rien à faire maintenant dans le cercle des disciples ; Jésus le renvoie sans cri, sans colère :
- Va au plus vite faire ce que tu as à faire !

Judas sortit, il faisait nuit. Les onze qui restent sont de pauvres hommes, aux nombreuses infirmités morales, mais ils aiment leur Maître, ils ont au coeur la flamme divine, ils sont droits ; Jésus pourra leur communiquer ses intimes et ultimes recommandations. On trouve encore une allusion à Judas dans la bouche de Jésus, c'est au cours de la prière sacerdotale :
- Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés, sinon le fils de perdition qui s'est perdu lui-même. Ainsi Judas, qui vécut trois ans auprès du Seigneur, qui assista à tous ses miracles, qui entendit tous ses discours, qui parvint au seuil du Royaume de Dieu, dont le nom signifie « louange de l'Éternel » qui aurait pu être un vainqueur est devenu « le fils de perdition », et son nom même est une insulte. Quel appel à la sanctification !

Jésus, tout impressionné par ce drame, cherche à ouvrir les yeux de ses disciples sur les dangers qui les menacent. « Le berger sera frappé et les brebis dispersées » (Zach. XIII, 7). Il ajoute :
- Vous serez tous scandalisés cette nuit à cause de moi. Les apôtres, et Pierre en particulier, n'ont pas compris. Ils affirment à l'envi qu'ils ne succomberont pas ; ils se sentent capables d'aller à la mort avec leur Maître. Tous les onze sont sincères, mais ils ne prêtent pas une attention suffisante aux avertissements. Pierre a spécialement besoin d'être mis en garde. Jésus connaît ce caractère fidèle, sincère, enthousiaste, courageux, mais téméraire, sable ou roc à bref intervalle :
- Simon, Simon, lui dit Jésus, en l'appelant par son nom juif, Satan vous a réclamés pour vous cribler comme on crible le blé !

Satan a déjà pris Judas, il voudrait mettre la main sur les autres, réduire à néant l'oeuvre de trois années de Jésus ; et il se trouve que les résultats de cette oeuvre sont aux mains de ces faibles hommes :
- J'ai prié pour toi, déclare Jésus à Pierre, afin que ta foi ne défaille point !

Voilà le contrepoids au dessein du diable, le seul moyen de salut ! Et l'on fait bon marché de la puissance satanique, quand il ne fallait rien moins que la prière du Maître pour sauver les disciples de l'apostasie !
Le reniement de Pierre pourrait laisser supposer que la prière de Jésus n'a pas été exaucée. Et pourtant, oui, Jésus a été entendu. La foi de Pierre subsiste sous l'éclipse, elle s'affirme dans les larmes de repentance. La conversion de l'apôtre est tellement certaine que, dès avant la chute, le Seigneur lui donne la tâche d'affermir ses frères.

Pierre est aveuglé sur lui-même, il se vante d'aller à la mort pour son Maître et celui-ci est obligé de lui déclarer tout net :
- Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Quelles humiliations on s'épargne quand on écoute les avertissements !

C'est après cet entretien que Jésus institua la Sainte-Cène, cette magnifique profession de foi, ce moyen merveilleusement simple, de maintenir entre les croyants par une forme visible - selon la même méthode que la Pâque juive - le souvenir et la signification de l'Agneau pascal de la Nouvelle Alliance, tout en introduisant dans l'assemblée des fidèles la pratique de l'égalité et de la fraternité chrétiennes. Tout l'Évangile est résumé dans la manière dont je mange un peu de pain et bois un peu de vin. Les plus simples comprennent ce symbole et les plus profonds penseurs ne l'ont pas encore épuisé.

Par malheur le sens de cette institution a divisé l'Église. Les Réformateurs ont refusé de se donner la main d'association.

Pour Zwingli, la Cène se réduit à la célébration d'un anniversaire, d'un grand anniversaire il est vrai, celui de la mort de Jésus. Le coeur est béni en se remémorant l'oeuvre du Christ, plutôt qu'en s'unissant au Sauveur vivant.

Pour Luther le corps et le sang de Jésus sont miraculeusement cachés dans le pain et le vin de la communion ; la pensée de Luther se rapproche de celle des catholiques qui veulent que le pain et le vin changent de substance et deviennent vrai corps et vrai sang de Jésus.

Calvin a essayé de concilier Luther et Zwingli en disant : Le pain reste pain, le vin reste vin, mais en prenant ces aliments avec foi, il se fait en même temps une alimentation spirituelle de l'âme par le corps et le sang de Jésus-Christ.

Et dire qu'on se bat entre chrétiens parce que l'on ne comprend et ne pratique pas identiquement la Sainte-Cène ! On refuse de se tendre une main d'association ! On s'abstient de la prendre en commun parce qu'elle deviendrait une cause de discorde ! Elle ne serait qu'un rite ecclésiastique que chacun devrait pratiquer en des formes spéciales et intangibles ? Ce n'est donc plus le simple mais fortifiant repas, où, sans essayer de comprendre, de formuler de théorie, je souperais avec Christ et lui avec moi ?

Nous, croyants, n'ayons pas peur de la Sainte-Cène, elle est un moyen de grâce, elle a été donnée à des hommes et non à des anges. Jésus l'a offerte à Pierre qui allait le renier, à Thomas le douteur. Il regarde à la sincérité du coeur. Tout indigne que je sois - en regardant à moi-même - je la prends avec joie, c'est une occasion de me nourrir de mon Sauveur devant mes frères, en me sentant un de coeur avec eux. Mais que celui qui n'a pas le vrai désir d'être enfant de Dieu s'en retire ! Il n'a rien à voir à cette affaire ; on ne nourrit pas un cadavre.
« Elle est, dit M. F. Godet, l'intermédiaire entre la Pâque juive et le banquet des cieux. »




La prière sacerdotale.

 Ce n'est pas pour eux seulement que je prie mais pour ceux qui croiront en moi par leur parole.... Jean XVII, 20.


La prière que le Seigneur prononça après les instructions qui suivirent le dernier souper est appelée « sacerdotale » parce qu'elle est l'acte du souverain sacrificateur de l'humanité qui commence son sacrifice en s'offrant lui-même à Dieu en faveur de tout son peuple présent et futur.

Jésus demande que son oeuvre sur la terre se continue et, pour qu'il puisse faire pénétrer mieux la vie éternelle dans l'humanité, il désire que sa place et sa puissance lui soient rendues auprès du Père (v. 1-5). Puis Jésus prie spécialement pour ses apôtres qui sont là, réunis autour de lui : Qu'ils soient préservés du monde, du mal et conservés dans l'unité ! (v. 6-19). Enfin le Seigneur - et c'est là ce qui nous touche le plus profondément - a prié pour tous ceux qui croiraient par le moyen des apôtres ; il a prié pour nous, il a prié pour moi, il a demandé à son Père que je sois rendu participant des mêmes grâces que ses disciples immédiats (v. 20-26).

Plusieurs fois au cours de sa carrière terrestre, Jésus a dit : « Mon heure n'est pas encore venue » quand on cherchait à le faire anticiper sur les événements. Au commencement de sa prière, comme au jour où les Grecs vinrent lui parler, Jésus s'écrie : « L'heure est venue ! » Trente-trois ans auparavant, au temps marqué, Jésus parut à l'heure de Dieu, pour accomplir une oeuvre qui ne pouvait pas se faire par quelqu'un d'autre, ni à un autre moment. Et maintenant une autre heure est arrivée, celle où l'oeuvre de Dieu ne peut pas s'accomplir autrement que par un Christ glorifié. Et cette oeuvre divine c'est qu'un petit groupe d'hommes apprenne à connaître, non par l'intelligence ou par ouï-dire, mais par la perception immédiate « le seul vrai Dieu » en opposition aux faux-dieux des nations, et « Jésus-Christ, l'envoyé du Père ».

Cette greffe de la vie éternelle sur la vie humaine, Jésus l'a posée et maintenant elle ne prendra toute sa vigueur, elle ne deviendra un grand arbre, en vertu de lois à nous cachées, qu'à la condition que le Jésus visible se retire et que toute la gloire du ciel lui soit rendue. L'heure est venue de laisser les disciples se développer spirituellement en veillant sur eux d'une manière invisible, par le Saint-Esprit. Rien n'est livré au hasard dans le plan de Dieu, tout s'accomplit à son heure sans que, pour autant, la liberté de l'homme soit compromise. Voilà le chef-d'oeuvre de la sagesse divine !

« J'ai fait connaître ton nom à ceux que tu m'as donnés ! » continue le Seigneur. Matthieu, l'ancien péager, comme aussi tous les autres apôtres sont pour Jésus des « dons de Dieu », et puis ces saintes femmes qui l'avaient accompagné de Galilée, ces cinq cents frères qui l'entourent après sa résurrection ; tous ceux-là Jésus les considère comme des dons magnifiques que lui a fait le Père du milieu du monde. Si nous regardions davantage ceux qui viennent à l'Évangile comme des dons de Dieu, si nous les envisagions moins comme des dons que nous faisons, nous, à Dieu que comme des dons que Dieu nous fait, nous les demanderions avec plus de ferveur. Nous tressaillerions de joie pour un seul catéchumène qui se convertirait - réponse directe de Dieu à nos prières !

« Et maintenant, c'est pour eux que je prie, je ne te prie pas pour le monde. » On est parfois resté perplexe devant cette parole. Ces disciples, que le Père a donnés au Fils, qui ont découvert sa vraie nature, qui l'ont accepté comme le Messie, ils forment dès maintenant une humanité à part qui a besoin d'être spécialement protégée. Jésus prie le Père de prendre soin de ses disciples pendant que lui, le Berger qui les gardait, sera livré entre les mains des hommes. Entre la crucifixion et son élévation dans la gloire, il les remet entre les mains du Père.

Jésus ne peut pas prier de la même manière pour le monde que pour les siens. Il ne voue pas le monde à la perdition puisque Dieu l'a aimé et lui a donné son Fils, mais nécessairement la prière pour le monde doit revêtir une forme différente.
Luther dit avec raison : « Ce qu'il faut demander pour le monde c'est qu'il se convertisse, non qu'il soit gardé et sanctifié. »
Et le vrai don de Jésus au monde c'est lui-même, c'est son sang répandu, comme l'exprimera saint Jean : « Il (Jésus) est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean II, 2). Puis le don de Jésus au monde, c'est aussi ses apôtres, pour lesquels il prie, et qui iront « faire connaître son nom au monde ».

Peut-être le christianisme social a-t-il trop oublié la parole de Jésus. « Je ne te prie point pour le monde ». Dieu ne peut pas bénir le monde qui reste « monde ». Celui-ci peut être évangélisé, changé, converti, voilà la bénédiction qu'il faut demander pour lui et lui apporter. On n'arrose pas un poteau de télégraphe ; on ne met pas un emplâtre sur une jambe de bois. Le seul organisme qui puisse être béni au sens profond du mot, c'est l'Église universelle, le Corps de Christ. Il vient même un moment, quand le caractère d'opposition du monde contre Dieu est irrévocablement fixé, quand il est devenu la société de ceux qui non seulement sont ennemis de Dieu mais qui veulent le rester, qu'il devient « inimitié contre Dieu ».

Dieu aime le monde avec une compassion infinie, tant qu'il y a espoir de changement, mais Dieu aime les siens d'un amour d'élection parce qu'il y a réciprocité.

Ce que Jésus demande à Dieu pour les siens, ce n'est pas de les « ôter du monde mais de les préserver du mal. » Le chrétien est appelé à vivre dans le monde tel qu'il est, à voir ce qui s'y pratique, à entendre ce qui s'y dit, à respirer les souffles qui passent et pourtant à se préserver du mal. Jésus n'a pas parlé de couvents où se retireraient les siens loin des humains. Il les a envoyés à Rome, à Corinthe, à Athènes, à Eph et c'est là, dans les « Babylone » d'alors, qu'il les a préservés du mal.

Le chrétien doit vivre à l'atelier, se livrer au commerce, faire son service militaire, donner le jour à des enfants et rester pur, voilà comment Dieu sait et veut garder les siens. Quel barde chrétien saura chanter la gloire de Dieu préservant ce buveur converti, devenu caviste, et qui a passé des années à conditionner du vin sans même éprouver le désir d'en goûter ? D'autre part, il ne faudrait pas, en vertu de cette promesse, courir au-devant de la tentation, jouer avec le feu ; le scandale que donnent les chrétiens qui tombent, reste un sérieux appel à la prudence. Mais si Dieu lui-même nous appelle à une tâche dangereuse au point de vue moral, il saura nous donner en même temps la capacité de rester fermes. C'est là, frère, dans ce milieu délétère que le Maître peut faire de toi le champion de sa gloire en te préservant du mal !

Mais tout en étant dans le monde, ils ne seront pas du monde. « Sanctifie-les par ta Parole, ta Parole est la vérité.... Et je me sanctifie moi-même pour eux. » Sanctifier a ici un sens différent de celui qu'il revêt dans la demande de l'Oraison dominicale :
« Que ton nom soit sanctifié ! » Ici ce sont les hommes qui doivent sanctifier le nom de Dieu en le mettant à part, en le respectant, en le bénissant comme il mérite de l'être. Jésus demande à son Père pour les siens qu'ils soient les objets d'une oeuvre puissante de sanctification, de purification, qu'ils deviennent des êtres à part, marqués du sceau divin. Comme Aaron et ses fils avaient reçu l'onction sainte pour devenir les sacrificateurs de l'ancien culte, les apôtres deviendront, par une transformation intérieure et non par un signe extérieur, « une sacrificature royale et une nation sainte ». Leurs forces, leur intelligence, eux-mêmes tout entiers seront consacrés à la cause de Dieu, ils seront « ses membres » agissant dans le monde. Et qu'est-ce qui opérera en eux ce merveilleux changement ? La vérité qui est la Parole de Dieu.

Quelle action sainte a la Bible sur la préparation des propagateurs de l'Évangile ! Laissons-nous sanctifier par la Parole de Dieu, juger par elle, révéler à nous-mêmes par elle. Et si cette Parole de Dieu, toujours mieux comprise, toujours plus obéie, nous met insensiblement à part, opère des brisures dans notre vie publique et intime, nous amène à plus de fidélité, à plus de sainte largeur fraternelle, mais aussi à plus de sainte discipline personnelle, c'est que Dieu nous sanctifie par elle.

Tout en ayant pour moyen la Parole de Dieu, la sanctification a pour cause première et vivante Jésus-Christ qui, en sa personne, s'est sanctifié pour nous. Notre sanctification n'est en définitive que la communication que Jésus nous fait de sa propre personne sanctifiée. Comme le sarment vit du cep, nous vivons du Christ et de sa Parole. C'est aussi ce que Paul a exprimé en disant : « La loi de l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ m'a affranchi du péché et de la mort. » L'Esprit prend de ce qui est à Jésus, puise dans cette vie d'homme parfaitement sainte et nous le communique.

Et cette prière, Jésus l'adresse au Père, non seulement en faveur de ses disciples mais de tous ceux qui croiront par leur moyen, afin que tous soient un. Jésus veut se constituer un organisme d'une extraordinaire unité qui s'étendra de lui à travers les âges, jusqu'à la fin des temps, uni au Père et au Fils, comme le Père lui-même est uni au Fils. Paul mettra en lumière cet organisme nouveau, sous le nom d'Édifice, de Corps ou d'Épouse de Christ.

Que sera cette unité, dont parle le Seigneur ? L'uniformité ? La messe latine que l'on chante au Chili exactement comme à Paris exprime-t-elle cette unité ? Non pas. Diversité dans les caractères, dans les formes de la piété, dans les manières de voir sur des points secondaires, mais respect mutuel, mais amour les uns pour les autres, mais unité profonde sur ce qui fait le centre de l'Évangile : mort expiatoire et résurrection de Jésus-Christ. Unité en Christ, unité spirituelle et vivante qui harmonise toutes les diversités. Unité de sève, différence de branches, de rameaux, de feuilles et de fruits ! Différence dans la lettre, unité dans l'esprit ! rapprochement volontaire de tous ceux qui sentent que c'est aujourd'hui le moment d'exaucer la prière de Jésus.

Jésus ne demande rien moins au Père pour les siens que l'amour dont lui, le Fils, est l'objet. Il veut que ses frères soient aimés du Père dans la même mesure où il l'est lui-même. Et Jésus ajoute : « Je veux » - la seule fois à notre connaissance qu'il ait employé ce terme - que là où je suis, ceux que tu m'as donnés y soient avec moi et qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée. » Jésus ne reprendra pas sa place auprès du Père sans eux. Ils font corps avec lui, et lui ne veut ni ne peut plus s'en séparer et cette volonté que le Fils exprime au Père - il le sait bien - c'est au fond la volonté du Père lui-même.

Les apôtres s'en doutent-ils à ce moment ? Ils constituent, petit noyau fidèle dans ce grand monde perdu, le don du Père au Fils et le don du Fils au Père. Autant le Fils a de joie à les recevoir de la main du Père, autant le Père voit avec amour s'exécuter son plan dans ce « corps de Christ » qui se forme là, en Judée, pour être un jour le complément nécessaire des habitants du Ciel. Et la suprême joie pour les « siens » ce sera de contempler leur Sauveur dans la gloire qu'il avait au commencement. Ils l'ont vu simple homme, dans son abaissement, ils le verront bientôt pendu au bois de la croix, ils le contempleront un jour dans sa vraie position de Fils éternel et ils partageront sa gloire ; ne sont-ils pas dès maintenant un avec lui ?
« Afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et que moi je sois en eux. » Ces mots ne constituent-ils pas une promesse d'une telle grandeur « Christ en nous l'espérance de la gloire » que nous en soin mes confus, jetés dans la poussière, en adoration, mais aussi puissamment stimulés à chercher et à trouver toute notre part d'héritage ?

Dans son tableau de la « Prière sacerdotale », Burnand a peint Jean, cachant sa figure dans ses mains. C'est trop beau ! Le disciple que Jésus aimait est remué jusqu'aux entrailles. Est-ce possible qu'un pauvre être humain puisse aspirer à une semblable destinée ? Oui, c'est possible, grâce en soit rendue à Dieu !

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant