D'après Marc, Jésus et ses disciples passèrent de l'autre côté
du lac de Génésareth dans le but de prendre un peu de repos, or jamais
Jésus n'eut tant à faire que ce jour-là. La foule, faisant un long
parcours à pied, se porta à la rencontre de la barque et s'attacha aux
pas de Jésus dès son arrivée. Pas un mot de mécontentement ne sort de
la bouche du Seigneur. Il fait joyeusement le sacrifice des moments de
détente qu'il s'était réservés. Ces brebis sans berger inspirent une
telle compassion au bon Berger qu'il se met aussitôt à les instruire,
à les guérir, jusqu'à une heure avancée de la journée. Impossible de
renvoyer tout ce monde à jeun. Il donne l'ordre à ses disciples de
nourrir eux-mêmes ces gens affamés. Comment ? Philippe essaye en
vain de déchiffrer ce problème. Le Maître le résout de façon royale.
Et dans ces mains qui tout à l'heure s'étaient abaissées, bénissantes,
sur des incurables, puis qui s'étaient jointes pour l'action de grâce,
les pains et les poissons se multiplient. Il en reste douze corbeilles
pleines après que chacun se fut rassasié.
O gens de petite foi que nous sommes ! Pourquoi
doutons-nous du Père qui n'ignore aucun de nos besoins et qui donne
aujourd'hui encore le pain quotidien à tous ceux qui le lui
demandent ?
La foule galiléenne est plus spontanée, plus croyante,
échappe davantage à l'influence du sanhédrin que celle de Judée. Ce
Jésus de Nazareth qui guérit les malades, qui ressuscite les morts,
qui multiplie pain et poissons ne serait-il point le Christ, se
demande-t-on de toutes parts.
Un mouvement politique se dessine. On veut enlever le
Seigneur et le faire roi. À tout prix il faut empêcher cette
manifestation dangereuse qui risquerait de précipiter des événements
qui ne doivent s'accomplir que plus tard. Jésus oblige ses disciples à
s'embarquer ; il faut éloigner ces hommes qui pactisent - du
moins quelques-uns d'entre eux - avec la foule. Puis, après avoir
calmé et dispersé le peuple, il se retire à l'écart pour prier. Il
faut à Jésus un tête-à-tête avec son Père après
toutes ces émotions ; il a besoin de forces et de lumières pour
continuer l'éducation de ses auditeurs. Cependant, au milieu de la
nuit, Jésus rejoint la barque en marchant sur les eaux et c'est avec
ses disciples qu'il aborde sur la rive galiléenne.
Dans cette foule impressionnable qui avait mangé des
pains la veille, les pharisiens déterminent un nouveau et singulier
courant.
- Le miracle de Jésus, hier, n'est rien en comparaison de
celui de Moïse qui a donné la manne à nos pères, affirment-ils à
l'envi.
Il est de fait que le miracle accompli par Dieu au temps
de Moïse était merveilleux.
- Il fit pleuvoir sur eux la manne comme une nourriture.
- Il leur donna le blé du ciel,
- Ils mangèrent tous le blé des grands,
- Il leur envoya de la nourriture à satiété.
- Ps. LXXVIII, 24-25.
Pendant quarante ans pas un jour, sauf le sabbat, la manne ne manqua.
Aujourd'hui les voyageurs qui font le voyage d'Égypte en Canaan par le
Sinaï sur les traces des Israélites conviennent qu'il a dû se passer
quelque chose d'extraordinaire. « Jamais, déclare M. le
professeur Cart de Neuchâtel, un peuple nombreux n'aurait pu se
nourrir dans ces contrées désolées, à moins d'une intervention
divine. » Ah ! si cet événement avait été vraiment célébré
par les principaux Juifs à la gloire de Dieu, Jésus se serait associé
de tout coeur à un tel acte de reconnaissance.
Mais on lui jette ce miracle à la face pour le désobliger et pour
diminuer le sien. Alors Jésus, sans rien ôter de la puissance et de la
bonté de Dieu, est amené à montrer qu'il existe un don de Dieu
supérieur à celui de la manne : le vrai pain du ciel dont la
manne n'était qu'un symbole, lui-même.
- Vos pères ont mangé la manne et ils sont morts... C'est
ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure
point.
- Ce pain que je donnerai, continue Jésus, c'est ma chair
que je donnerai pour la vie du monde. Celui qui mange ma chair et qui
boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier
jour. Car ma chair est véritablement une nourriture et mon sang
véritablement un breuvage.
De telles affirmations opèrent un triage. Tous ceux qu'un
enthousiasme superficiel anime, qui suivent Jésus parce qu'ils
espèrent manger encore du pain et du poisson ou qui ambitionnent des
charges à la cour d'un Messie politique, tous ceux des soixante et dix
disciples dont l'union avec Jésus n'est pas spirituelle, tous les
emballés, tous les tièdes sont arrêtés net par cette parole qu'ils
qualifient de « dure », littéralement, de
« coriace » : « Si vous ne mangez la chair du Fils
de l'homme.... »
- Comment peut-il nous donner sa chair à manger ?
C'est de la folie !
Et tous ces gens s'en vont, drapés dans leur gros bon
sens.
Jésus se tourne vers les douze restés silencieux autour
de lui.
- Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ?
Oh ! ils n'ont probablement pas compris ce que Jésus voulait
dire. Manger la chair, boire le sang de Jésus leur a paru, à eux
aussi, une parole abrupte, violente, difficile à accepter. Mais
quelque chose en eux a vibré, leur conscience a été touchée, le sens
profond de cette parole leur sera révélé un jour, ils en ont
l'intuition. Et puis, des liens si étroits se sont noués au moins
entre onze d'entre eux et le Seigneur que rien ne peut les briser. Il
leur semble qu'en perdant leur Maître ils perdent tout.
« À qui irions-nous, s'écrie Pierre au nom de tous,
tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons
connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu ! »
Non, ils ne peuvent s'éloigner parce que ces paroles leur
sont incompréhensibles, tant d'autres déjà, qu'ils n'ont pas comprises
tout de suite, sont peu à peu devenues claires à leur conscience. Tout
ce qui fait leur joie, leur raison de vivre s'en irait avec
Jésus ; ils resteraient nus et désolés dans le désert de la vie.
On ne tourne pas le dos au bon Berger quand on a reconnu sa voix et
mangé de sa main. On ne fuit pas le soleil pour rentrer dans le froid
et la nuit quand on s'est réchauffé à ses bienfaisants rayons.
N'est-ce pas, frère, que c'est auprès du Sauveur qu'il fait le
meilleur vivre ?
- Quand Jésus se donne comme le « pain de vie »
et qu'il parle de l'obligation de « manger sa chair et de boire
son sang » il annonce évidemment tout d'abord le repas si simple
qu'il instituera plus tard, la Sainte-Cène. Quoi ? du pain
seulement, du vin, des aliments si ordinaires
qu'ils composent le menu du moindre artisan, deviendraient les
symboles de la rédemption ? Oui, Jésus choisit ce qu'il y a de
plus simple, pour expliquer les relations spirituelles les plus
profondes avec lui. Le pain, dira Jésus, représente mon corps rompu,
prenez et mangez ! Cette coupe représente mon sang versé,
buvez-en tous, c'est le sang de la nouvelle alliance ! C'est
l'Agneau pascal qui, après avoir mis son sang en oblation pour le
péché, offre son corps en nourriture et fortifie les siens pour le
voyage de la vie.
Mais quand on a appliqué à la Sainte-Cène la parole du
Seigneur : « Je suis le pain de vie » a-t-on épuisé
cette promesse ? Évidemment non. Le prisonnier dans son cachot,
le pêcheur sur sa barque, le berger là-haut sur son Alpe solitaire, le
malade à l'hôpital, ce vieux huguenot isolé dans une contrée
catholique sont-ils privés du « pain de vie » parce qu'ils
ne peuvent prendre la Cène ? Ou, en d'autres termes, ne me
suis-je nourri de Christ que quand j'ai pris la communion ? Non
pas. Pour autant que je vis de mon Maître, je me nourris du pain de
vie.
J'ai été tout le jour plongé dans les affaires, j'ai vécu
ma vie moderne, je n'ai pas boudé mon siècle, j'ai travaillé à gagner
mon pain quotidien avec les moyens qui sont à ma disposition, j'ai
procédé à des achats et à des ventes, j'ai consulté des journaux et
des cotes de bourse, j'ai passé des contrats, apuré des comptes,
répondu à des clients, j'ai téléphoné, aligné des piles d'écus, j'ai
compulsé des dossiers, respiré l'air méphitique du lucre et de la
chicane, j'ai dû déjouer la concurrence, imaginer un perfectionnement,
gronder un subalterne, répondre à mille questions ou bien, ouvrier,
j'ai peiné sur ma machine, j'ai eu mille contrariétés, j'ai subi une
injustice, je n'ai pas reçu le plein salaire auquel j'avais droit,
j'ai dû âprement défendre mon droit, et me voilà le soir le coeur
spirituellement sec, la tête remplie de pensées terrestres. Je me
retire dans mon cabinet et là j'ouvre la Parole de Dieu, je lis
quelques versets très simples, je les relis, je m'en approprie la
substance, je prie, je dis à Dieu mes craintes, je me remets sous sa
garde, j'implore l'Esprit de Dieu ; mon âme s'approche si près du
Seigneur que je lui parle librement et qu'il me répond ; je sors
nourri, vivifié ; j'ai mangé « le pain de vie ».
Allons plus profond encore. Jésus ne donne pas seulement
de la vie, il communique sa vie à Lui. « Comme le Père est vivant
et que je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra par
moi. » Cette expression vous paraît-elle insolite ? Mais
c'est exactement sous une autre forme ce que dit Jésus à ses disciples
(Jean XV) :
« Je suis le Cep.... vous êtes les sarments ! » La vie
du sarment c'est la vie du cep. « Celui qui me mange » c'est
« celui qui vit de moi ». Est-ce aspirer à un mysticisme
excessif, dangereux, malsain que de désirer vivre de la vie du Christ,
que de demander que les sources de la vie propre, égoïste,
orgueilleuse, sensuelle tarissent pour que jaillissent à leur place
les sources de la vie de Christ en nous ? Est-ce dangereux de
devenir « un avec Christ » ? Non l'obéissance, le don
de soi, le renoncement à soi-même pour vivre en Lui
ne peuvent être malsains. Si malheureusement il est arrivé à des gens
déséquilibrés de prétendre réaliser cette union d'une manière qui nous
a paru maladive, les illusions ou les nerfs jouant le grand rôle, il
n'en est pas moins vrai que, sans parler des grands hommes de Dieu
d'autrefois, les Paul, les Augustin, les Luther, les Calvin,
aujourd'hui encore les Zeller, les Frommel, les Rappard, les Stokmayer
ont réalisé cette vie-là si sainement que leur être intérieur s'est
épanoui dans une parfaite harmonie.
Donne-nous, Seigneur, un coeur nouveau et accorde-nous,
avec notre pain quotidien, le pain de vie de ta personne !
Pierre répondant dit. Tu es le Christ
de Dieu. Luc
IX,
20.
Celui-ci est mon Fils élu,
écoutez-le ! Luc
IX, 35.
- Tout est possible à celui qui
croit !
- Je crois ! Aide-moi dans mon
incrédulité ! Marc
IX, 23-24.
Jésus a besoin de s'entretenir dans l'intimité avec ses disciples. Il
sort des frontières de la Galilée et se dirige vers les sources du
Jourdain au pied de l'Hermon dans le Liban. C'est dans les environs de
Césarée de Philippe qu'il séjourne, entouré d'une population juive
encore mais déjà fort mélangée de païens. Examinons d'un peu près les
trois événements d'ordre religieux qui se
produisirent au cours de ce séjour.
C'est d'abord un entretien de la plus haute importance de
Jésus avec ses disciples.
Le Seigneur venait de passer quelques moments en prière
dans la solitude. Il revient aux douze et leur fait cette
question :
- Qui disent les foules que je suis ? Vous qui,
mieux que moi, entrez en conversation avec tout le monde, devant qui
personne ne se gêne dans l'expression de son opinion,
renseignez-moi !
- Les uns disent Jean-Baptiste (ressuscité), d'autres
Elie annoncé par Malachie (Mal. IV, 5), ou encore l'un des anciens
prophètes ressuscité.
Ainsi pour la masse du peuple, Jésus n'était qu'un
précurseur du Messie. Comme à Jean-Baptiste en prison, l'activité du
Seigneur lui paraissait trop réduite pour être celle du vrai Messie.
Tous ceux qui jugent à vues humaines trouvent trop mesquine la tâche
de fonder dans les coeurs le royaume de Dieu.
Aujourd'hui encore un travail profond, de réelle
évangélisation et de consécration, apparaîtra toujours - dans cette
économie du moins, avant le millénium - aux yeux des pouvoirs humains
épris de grandeur, comme quelque chose de peu d'importance. L'Église
catholique a voulu être grande et forte ; on compte avec
elle ; elle a ses ambassadeurs, ses princes, son pontife, mais
elle a perdu le privilège du Seigneur, accordé à la vraie
Église : les portes de l'enfer commencent à prévaloir
singulièrement contre elle. Elle s'est inféodée au monde, elle
partagera le sort du monde.
Ne nous attristons pas, nous qui voulons avant tout bâtir
sur un fondement spirituel, qui ambitionnons de moissonner des âmes,
qui prêchons Christ crucifié, si on nous accuse de ne pas voir
« grand » de manquer d'horizon, de faire oeuvre mesquine en
comparaison d'un christianisme plus « moderne » plus
social ; nous sommes dans la tradition du grand Méconnu.
Jésus continue son interrogatoire. S'adressant aux
apôtres eux-mêmes :
- Et vous qui dites-vous que je suis ?
Pierre répond au nom de tous
- Tu es le Christ de Dieu !
Une reconnaissance profonde remplit le coeur de Jésus à
l'ouïe de ces paroles. Au moins ces quelques-uns l'ont saisi dans sa
réalité et cette compréhension vient de leur conscience et non pas de
« la chair et du sang ». C'est dans le tréfonds de leur être
que le Père leur a révélé ces choses. Ces quelques-uns ont entrevu
derrière une modeste apparence la grandeur de l'Ouvrier et de l'oeuvre
qu'il accomplit, ils sont donc capables de la continuer après lui. On
a pu dire en résumant cet entretien : « Les sages de
Capernaüm étaient restés impassibles, l'enthousiasme du peuple de
Galilée s'était refroidi, Jésus s'en allait de côté et d'autre, menacé
du sort de Jean-Baptiste, c'est alors que la foi des disciples éclate
comme une foi réelle et sort de l'épreuve comme une prise de
possession énergique de la vérité. »
Quelle victoire pour le Christ ! Quelle joie pour
les anges quand enfin des êtres humains ont pu dire à Jésus dans la
sincérité de leur expérience : « Tu es le
Christ de Dieu ! « Le grain de sénevé a pris racine sur le
globe terrestre.
Cette réponse des apôtres est un point d'arrivée et un
point de départ. Un premier sommet dans l'éducation des disciples est
atteint. Les apôtres sont arrivés à la conviction que ce Jésus tout
simple est le Messie de Dieu et que son oeuvre modeste, comparée à
l'idéal charnel des Juifs, est l'oeuvre de Dieu par excellence.
De ce point, Jésus peut avec les siens, gravir un nouvel
échelon ; il va leur dévoiler un nouvel horizon. Pour la première
fois, il leur révèle qu'il lui faudra souffrir, qu'il sera rejeté des
anciens et des grands du peuple ; et ce rejet sera si complet
qu'on le mettra à mort, mais le troisième jour il ressuscitera.
Quel programme nouveau ! Aucun des apôtres ne
s'attendait à une fin pareille du Messie. Quoi donc ! ce Christ
de Dieu, qui est là devant eux, auquel ils se sont déjà attachés par
des liens si profonds et au triomphe final duquel ils croient en dépit
des apparences devra mourir ? Est-ce possible ? Est-ce même
moral que d'accepter une semblable perspective ? Les prophètes
ont-ils annoncé de telles choses ? D'après Matthieu, Pierre tire
Jésus à part. Il s'imagine que la promesse de tout à l'heure :
« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église »,
lui confère des droits sur son maître. Il s'écrie avec la meilleure
intention, tout plein d'honnête indignation : « A Dieu ne
plaise que ces choses ne t'arrivent ! »
Reconnaissez-vous, lecteurs, ce bonhomme qui est en
chacun de nous, qui proteste contre tout ce qui le
dépasse et qui, quand il a parlé selon le bon sens, croit avoir
prononcé le dernier mot de la sagesse ? Ce n'est pas que nous
méprisions le bon sens, mais comme tant d'autres excellentes
choses : la liberté, le courage, la santé, « il sert à tout
mais ne suffit à rien ». L'Évangile de la croix était déjà une
folie, même avant la croix !
Jésus reprend sévèrement l'apôtre
- Retire-toi de moi, Satan, tu ne comprends pas les
choses de Dieu mais seulement celles qui sont des hommes.
C'est comme si Pierre en cet instant avait été le
porte-parole de Satan lui-même pour détourner Jésus de son oeuvre
capitale : la mort et la résurrection. Quelqu'un a dit :
« Ceux dont les intentions envers nous sont les meilleures sont
aussi parfois les plus dangereux quand leurs vues sont purement
humaines ! Combien souvent les véritables ennemis d'un homme sont
ceux de sa propre maison. Ils l'entraînent des hauteurs du sacrifice
personnel, au vulgaire, au conventionnel, au confortable. »
Puis, continuant ses instructions, Jésus montre aux
disciples et à ceux qui peu à peu se sont joints au cercle des
auditeurs que, dans ces conditions nouvelles, le sacrifice qui est la
part du Maître doit aussi devenir celle du disciple : « Si
quelqu'un veut venir après moi qu'il renonce à lui-même, se charge
chaque jour de sa croix et me suive. » Tel maître tel
disciple ! Vouloir sauver sa vie quand le maître donne la sienne,
c'est la perdre ; la donner au Maître, c'est la retrouver
agrandie et renouvelée. Gagner le monde et perdre
son âme, beau profit ! Avoir honte du Seigneur devant les hommes
aujourd'hui, c'est être un jour honteusement confus devant les anges
de Dieu.
Et Jésus termine cet entretien en annonçant que plusieurs
de ceux qui sont là présents verront - nouvel horizon dévoilé - les
signes avant-coureurs du retour du Messie, la descente du Saint-Esprit
et la ruine de Jérusalem. Il est probable que dans les jours qui
suivirent cette conversation un voile de tristesse s'étendait sur le
coeur des apôtres. Leur confiance naïve au triomphe visible et
prochain du Messie avait disparu ; l'avenir au contraire était
sombre, le Messie - il l'avait dit lui-même - marchait à la
mort ; l'hostilité des principaux du peuple irait en
s'exaspérant. Et eux-mêmes que deviendraient-ils dans la
tourmente ? Il est possible qu'en Jésus lui-même un certain
trouble se soit produit. Il venait de parler de sa mort prochaine avec
une telle clarté qu'il en avait été impressionné lui-même ? Il
acceptait la volonté du Père, sans un atome de désobéissance ou même
de volonté propre, mais ce qui était en lui chair et sang, bien que
contenu par l'esprit, tremblait. Voilà pourquoi la rencontre avec le
Père à la montagne de la Transfiguration était nécessaire.
Jésus a pris avec lui Pierre, Jacques et Jean, ils
gravissent les pentes de l'Hermon (1).
Arrivés au sommet, Jésus se met en prière. Soudain un éclat divin
se répand sur lui, c'est la présence même du Père dans une nuée qui
enveloppe le Fils. Nous ne savons ce que le Père exprima au Fils, quel
saint dialogue s'engagea entre eux, ni non plus ce que dirent à Jésus
de la part de toute l'Ancienne alliance ses deux représentants
attitrés : Moïse et Élie, ces hommes qui, tous les deux n'étaient
pas morts d'une fin naturelle. Moïse, selon l'expression des docteurs
juifs, « était mort du baiser de l'Éternel » tandis qu'Élie
avait été fait l'objet d'une manifestation unique : l'enlèvement
au ciel dans un chariot de feu. Mais ce que nous savons de cette scène
grandiose, c'est que les trois apôtres, épouvantés et presque hors de
sens, ont entendu une voix sortant de la nuée, la voix de Dieu
disant : « Voici mon Fils élu, écoutez-le ! Quoiqu'il
vous dise, quelque étrange que puissent être ses affirmations,
écoutez-le. » N'était-ce pas une réponse de Dieu même à la parole
de Pierre : « À Dieu ne plaise que ces choses ne
t'arrivent ! » Et s'il me plaît à Moi que ces choses lui
arrivent, écoutez-le ! »
Aujourd'hui encore Dieu nous dit solennellement en
parlant de son Fils : Écoutez-le ! Refuser d'écouter le Fils
dans ses déclarations de salut et de sainteté pour soi-disant mieux
écouter le Père, faire passer les enseignements de Jésus dans
l'atelier de la science moderne pour en éliminer ce qui choque la
raison, c'est un non-sens et un sacrilège. Qui, ayant écouté
humblement la parole du Christ, n'en a été béni et sanctifié ?
Jésus lui-même a été réconforté puissamment par ce
contact avec le Père, comme autrefois Élie avait
été relevé dans son courage par le son doux et subtil, littéralement
le « son de silence » au passage duquel son âme avait touché
Dieu. À chaque acte spécial d'obéissance de Jésus, correspond une
manifestation directe du ciel : A l'entrée du ministère de Jésus,
au bord du Jourdain, descente du Saint-Esprit ; au désert après
la victoire sur Satan, des anges qui viennent et le servent ;
après la déclaration claire de sa mort aux disciples, la
transfiguration ; après l'entrevue avec les Grecs, une voix du
ciel : Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore ; à
Gethsémané après l'angoisse, un ange qui vient et le fortifie.
À chaque victoire de notre foi, à chaque acte
d'obéissance et de fidélité, si minime soit-il, un témoignage
intérieur, un rayon de bonne conscience peut-être, une courte
« transfiguration » illumine notre humble vie et nous
apporte un nouveau courage. « Dieu ne se laisse jamais sans
témoignage ». Le coeur saute de joie dans la poitrine quand il se
sent dans la pleine obéissance.
Au retour, Jésus et les trois apôtres trouvèrent
environnés d'une troupe nombreuse les neuf disciples restés au pied de
la montagne. Des scribes excités ne cachent pas un sourire
moqueur ; à l'écart se tient un homme accompagné de son fils,
pauvre démoniaque épileptique. En l'absence de Jésus, le père s'était
adressé aux disciples qui avaient vainement tenté de guérir l'enfant.
Les ennemis triomphent, le père est déçu, la foule reste perplexe et
les neuf apôtres se sentent mal à l'aise. Jésus parle sévèrement aux
apôtres qui ont manqué de foi : « Race incrédule
et perverse, jusqu'à quand vous supporterai-je ? » Qu'est-ce
qui fait le plus de mal à l'Évangile : les attaques des
incrédules ou notre impuissance, notre incrédulité à nous
chrétiens ?
Jésus commande à ce père d'amener son fils qui, à ce
moment, est saisi d'une crise violente. Le père ose à peine espérer
une guérison.
- Si tu y peux quelque chose....
- Si tu peux croire.... Tout est possible à celui qui
croit ! répond Jésus.
L'impossibilité de la guérison ne gît pas dans la gravité
de la maladie ; la possibilité du miracle ne se trouve pas dans
la plus ou moins grande puissance de Jésus, mais bien dans l'absence
ou dans la présence de la foi dans le coeur de cet homme.
- Si tu peux croire...
- Je crois, Seigneur !
Il y a de la foi dans son coeur, il fait des efforts
désespérés pour ne pas douter.
... Mais aide-moi dans mon incrédulité !
Voilà une prière exaucée d'avance. Le Seigneur lui aide
dans son incrédulité et au moment où la foule se presse, le miracle
s'opère, le démon est chassé et l'enfant est rendu à son père.
Les disciples sont humiliés ; ils sentent bien
qu'ils ont rendu un mauvais service à la cause du Maître. Ils veulent
savoir à quoi a tenu leur insuffisance. C'est une bonne
attitude : Aller au fond des choses, chercher les causes,
humiliantes toujours, de notre incrédulité pour y porter remède, voilà
le moyen de tirer profit même d'une défaite. Jésus répond :
- Si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde vous
diriez à cette montagne : Jette-toi dans la mer et elle vous
obéirait, rien ne vous serait impossible !
Trois des disciples du moins doivent comprendre cette
parole. Ils viennent de voir et d'entendre, là sur la montagne, la
personne même de Dieu ; il leur a été donné de jeter un regard de
l'autre côté du voile. Eux savent qu'il y a des
« Puissances » infinies qui exaucent les prières.
La déclaration de Jésus signifie-t-elle que nous n'avons
point du tout de foi ? Dans ce cas elle serait décourageante. Oui
nous avons de la foi, mais elle est délayée dans de l'orgueil, dans de
la recherche propre. Il la faudrait à l'état pur, comme le radium,
alors elle serait tellement agissante qu'une infime quantité suffirait
aux plus colossales besognes. Demandons au Seigneur
« d'isoler » notre foi, de la purifier des éléments impurs
qui la dénaturent en nous souvenant que le meilleur moyen de rendre
notre foi intense c'est d'obéir davantage. Il y a une relation étroite
entre la prière de la foi et l'obéissance. Plus cette dernière devient
vraie, complète, réelle, plus la foi s'affine et acquiert de force.
Quand nous obéirons qui sait si nous n'arriverons pas à jeter à la mer
une montagne de difficultés ?
Action et réaction magnifique : Plus nous croirons
de tout l'être, plus nous obéirons, plus nous obéirons, mieux nous
pourrons croire aux promesses divines. À l'obéissance parfaite
correspond la toute-puissance.
Tressaille de joie, fille de Sion ! Pousse des cris d'allégresse, fille de Jérusalem ! Voici ton roi vient à toi, il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne et sur un poulain d'ânesse. Je retrancherai d'Ephraïm les chariots et de Jérusalem les chevaux, et l'art de la guerre sera retranché. Il parlera de paix aux nations ; sa domination s'étendra d'une mer jusqu'à l'autre, du fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. Zach. IX, 9.
Jusqu'au jour des Rameaux, Jésus s'était soustrait aux hommages
populaires. Maintenant le moment est venu de se laisser, une fois au
moins, proclamer Roi-Messie, comme le prophète l'a annoncé. Cette
manifestation ne peut plus compromettre l'oeuvre de Jésus puisque sa
mort est dès maintenant résolue par le Sanhédrin. L'entrée triomphale
à Jérusalem constituera un dernier appel adressé à la ville rebelle.
Toute la manifestation sera d'une tenue simple, purement messianique,
dépouillée de tout élément tapageur ou séditieux. Remarquons à ce
propos comment l'Esprit de Dieu disciplina ces manifestants, quand on
pense à la difficulté qu'il y a à maintenir dans de justes limites une
foule qui est sortie de sa réserve.
Deux événements expliquent un tel enthousiasme à ce
moment-là.
C'est d'abord l'époque de l'année. Peu avant Pâques des
milliers de Juifs arrivaient à Jérusalem de toutes les contrées du
monde, campaient sous les murs de la ville ;
leurs petites tentes s'alignaient parfois sur des kilomètres carrés
jusqu'à Béthanie. Tous ces Juifs étrangers se sentaient bien moins
liés par les décisions du Sanhédrin que les habitants stables de
Jérusalem, comme aussi - on l'a vu à la Pentecôte - ils étaient bien
plus réceptifs au point de vue religieux que tous ceux qui vivaient
sous l'autorité des pharisiens.
Puis un événement venait de s'accomplir à Béthanie qui
avait eu un retentissement énorme : la résurrection de Lazare.
« De grandes troupes de Juifs ayant appris qu'il était là (à
Béthanie) y vinrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour
voir Lazare qu'il avait ressuscité des morts. » (Jean
XII, 9).
Peut-être aussi Jésus a-t-il choisi ce jour-là parce que,
en vertu de la date sur laquelle tombait Pâques cette année-là,
c'était le jour - le 10 du mois de Nisan - où, selon la loi de Moïse,
l'agneau pascal devait être choisi dans le troupeau et mis à part.
Un cortège de disciples et d'enfants accompagne Jésus,
monté non sur un coursier de guerre, mais sur une paisible monture. On
lui rend des hommages royaux ; des vêtements et des palmes sont
étendus sur le chemin tandis qu'éclatent les cris messianiques
de : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur ! »
Avec une saine et sainte intuition, le peuple, qui a vu
Lazare ressuscité, ne doute plus, Jésus de Nazareth est véritablement
le Messie.
Un second cortège parti, celui-là, de Jérusalem vient à
la rencontre du premier ; les cris de joie
redoublent, on loue Dieu à haute voix pour tous les miracles
accomplis. N'est-ce pas comme la réplique humaine aux cantiques des
anges la nuit de Noël ? Une petite troupe d'humains, « un
saint reste » d'Israël a reçu des coeurs d'anges ; elle a
accordé son coeur sur celui de son Maître.
Aujourd'hui encore, par la grâce de Dieu, le « saint
reste » est répandu par toute la terre, il chante, il croit, il
attend son Roi au milieu d'une civilisation qui ne le comprend pas et
il prend son « la » non sur le diapason de la culture mais
sur la parole de son Dieu. Et il se trouve que nos hymnes de culte et
nos chants de réveil sont accordés eux aussi à travers les espaces
avec les choeurs des anges parce que nous chantons avec eux le même
Roi d'une même voix.
Mais cette manifestation fait grincer des dents les
ennemis du Seigneur. Impuissants à la faire cesser, ils s'adressent à
Jésus lui-même et lui mettent sur la conscience de l'interdire.
Ah ! ce n'est pas un vent de folie qui a passé sur ce peuple, ce
n'est pas non plus l'exaltation malsaine de ceux qui ne rêvent que
prodiges et distributions de pain, c'est le souffle de l'Esprit qui
dilate les coeurs et « si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes
crieront » !
Mais Jésus est arrivé sur le sommet du Mont des Oliviers.
Tout à coup Jérusalem, cachée jusque là, s'offre à sa vue. Là, à
travers l'atmosphère transparente, s'élevant des vallées profondes et
ombragées qui l'entourent, la cité se dresse devant Jésus avec les
pinacles de marbre et les toits dorés du temple. « Ceux qui
voulaient regarder ce spectacle au lever du soleil,
dit l'historien Josèphe, étaient forcés de détourner les regards
exactement comme s'ils fixaient les rayons mêmes du soleil. » Au
lieu d'être saisi d'admiration, Jésus s'arrête, ému. Son coeur de
patriote frissonne. Ne pouvant plus intercéder pour la ville rebelle,
désormais condamnée, il pleure sur elle. D'un regard de prophète, il
contemple le désastre que l'endurcissement vaudra à la ville de David.
Si le bandeau qui ferme les yeux de cette ville tombait « en ce
jour qui lui est donné » avant qu'il ne soit trop tard !
Mais non, comme tant de fois déjà, elle laissera passer le temps
favorable et il ne restera d'elle « pierre sur pierre ».
Quatre ans avant la guerre avec les Romains, raconte
Farrar, alors que Jérusalem était encore en pleine paix une sorte de
demi-prophète parcourut les rues en criant : « Une voix de
l'Orient, une voix de l'Occident, une voix des quatre vents, une voix
contre Jérusalem et la maison sainte, une voix contre les jeunes
époux, une voix contre le peuple tout entier ! » Ni les
flagellations, ni les tortures ne purent le faire taire et il continua
à crier : « Malheur ! malheur à Jérusalem, malheur à la
ville, malheur à la maison sainte ! » Au cours du siège, il
fut tué par une pierre. Sa voix n'était que l'écho de la prophétie de
Jésus.
On sait ce que fut la ruine de Jérusalem. Par leur
indomptable résistance, par leurs querelles intestines, par leur
fanatisme aveugle, les Juifs s'attirèrent de la part de Titus, le fils
de l'empereur Vespasien, la plus terrible des répressions. Beaucoup
furent crucifiés, d'autres traînés à Rome et livrés aux bêtes.
Jérusalem ruisselait de sang et tout fut détruit. Aujourd'hui celui
qui veut chercher des traces de l'ancienne Jérusalem est obligé de
creuser sous vingt mètres de décombres.
Et dire que cette ville recevait au jour des Rameaux la
visite de son Roi qui est en même temps le Roi du ciel et de la terre,
lui apportant de la part de Dieu le traité de réconciliation ! La
ville a refusé la visite céleste « nous ne voulons pas que
celui-ci règne sur nous ! » Et maintenant « ces choses
seront cachées à tes yeux ». C'est comme si un voile avait été
tiré sur les yeux et le coeur de ce peuple incrédule. « Jusqu'à
ce jour, dit saint Paul, le même voile demeure quand ils font la
lecture de l'Ancien Testament.... mais lorsque les coeurs se
convertissent au Seigneur le voile est ôté » (2 Cor. III, 15,16).
Et il viendra un jour dans l'avenir où les écailles à eux aussi leur
tomberont des yeux.
Oui un jour le peuple juif reviendra à d'autres
sentiments à l'égard de Jésus. Mais les contemporains du Seigneur,
ceux qui ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs oeuvres
étaient mauvaises « qui ont fermé leurs yeux, de peur qu'ils ne
voient, bouché leurs oreilles pour ne point entendre, endurci leur
coeur pour ne point comprendre, pour ne point se convertir et ne point
être guéris », ceux qui ont entendu cette parole terrible sortir
de la bouche du Seigneur et qui n'ont pas tremblé :
« quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera
pardonné ; mais quiconque parlera contre l'Esprit, il ne lui sera
pardonné ni dans ce siècle ni dans celui qui est à venir »
ceux-là que sont-ils devenus ? Ah ! on ne se joue ni de la
vérité, ni de la liberté, ni de la patience de Dieu ! Il est des
temps de grâce, des occasions de salut pour un individu, comme pour
une génération qui ne se retrouvent plus ! Lecteur, tu tiens
peut-être en cet instant, en lisant ces lignes, ta destinée dans le
creux de ta main. Que rien ne te retienne, fais maintenant ce que la
voix de Dieu te commande !
Jésus, en entrant à Jérusalem avec son petit cortège, a
produit une certaine sensation. De toutes parts les gens accourent.
- Qui est celui-ci ? demande-t-on.
Et les troupes joyeuses de répondre :
- C'est Jésus le prophète, qui est de Nazareth en
Galilée !
Jésus entra au temple et le purifia une seconde fois.
« Il ne permettait point que personne portât aucun vaisseau par
le temple » ; il chassa les vendeurs et les changeurs. Avec
une dignité simple, au nom de son Père, il prit possession du temple.
« Et soudain, avait écrit le prophète Malachie, entrera dans son
temple le Seigneur que vous cherchez » (III,
1). Puis il donna audience aux siens : « alors
entrèrent des aveugles ; des boiteux vinrent à lui dans le temple
et il les guérit » (Matth.
XXI, 14). Il semble que ce devait être plus saisissant encore
d'être guéri au temple qu'ailleurs. Sous ces voûtes superbes,
résonnant encore des prières, de la liturgie sainte, des cantiques
sacrés s'accomplissait la prophétie d'Aggée au sujet du nouveau
temple : « La gloire de celui-ci
surpassera celle du premier « (II,
9). Jusque dans la maison de Dieu les amis de Jésus ne peuvent
contenir leur joie ; la majesté du lieu ne les empêche pas de
crier encore : « Hosanna au fils de David !
« C'est une petite cour qui s'agite autour de son Roi, c'est un
bref éclair de gloire dans la vie terrestre du Seigneur. L'apothéose
est courte. Les principaux y mettent ordre. « Comment ! il
vient nous braver jusque dans le sanctuaire ! Il amène ici cette
populace de malades et d'enfants bruyants ! Il se laisse appeler
Messie jusque dans le parvis ! » Incapables de contenir leur
colère ils s'écrient comme au mont des Oliviers :
- Entends-tu bien ce que ceux-ci disent ?
À quoi Jésus répond :
- C'est le comble de la louange qui sort de la bouche des
enfants ! (allusion au Ps.
VIII, 3). Les enfants ! ils disent ce qu'ils pensent ;
ils ne boudent pas devant la forme en laquelle Dieu donne sa
grâce ! Et là, sous les regards de haine qui s'échangent autour
de lui, dans ce temple, un instant transformé en sanctuaire du culte
en esprit et en vérité, Jésus jouit pleinement de la louange sainte
qui sort de ces humbles bouches. Si dans l'ombre on tord des épines,
en pleine lumière, en pleine beauté s'agitent des rameaux de
palmes !
Quand le Christ reviendra « trouvera-t-il de la foi
sur la terre ? » Seras-tu, lecteur, serons-nous, de ceux
qui, bouches purifiées, acclameront avec des coeurs d'enfants leur Roi
magnifique ?
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