Jésus voyant leur foi, dit au paralytique : Aie confiance, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.... Or afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit et va dans ta maison. Matth. IX, 2, 6.
Toute une période de son
ministère, Jésus-Christ la passa
à Capernaüm. C'est de ce petit centre
galiléen qu'il rayonnait dans les environs
et en particulier qu'il évangélisait
les rives du lac de Génésareth.
Capernaüm a bénéficié
dans une mesure exceptionnelle des enseignements du
Seigneur ; cette ville a vu une foule de
miracles ; les occasions de
se convertir lui ont
été multipliées. Elle s'est
amassé par son incrédulité une
si grande responsabilité que Jésus a
prononcé sur elle ce jugement
solennel : « Capernaüm, qui as
été élevée jusqu'au
ciel, tu seras abaissée jusqu'au
séjour des morts, car si les miracles qui
ont été accomplis au milieu de toi
avaient été faits dans Sodome, elle
subsisterait encore aujourd'hui. C'est pourquoi je
vous le dis, au jour du jugement le pays de Sodome
sera traité moins rigoureusement que
toi »
(Matth.
XIII, 23, 24).
M. le peintre Paul Robert racontait,
dans une conférence sur la Palestine,
combien il avait été frappé de
la solitude des rives du lac de
Génésareth. On n'aperçoit que
quelques bourgades insignifiantes, que de rares
huttes de pêcheurs, là où des
villes populeuses avaient entendu autrefois la
parole du Seigneur. Sur l'emplacement désert
où l'on suppose - sans en être
sûr - que fut Capernaüm, cette
prophétie lui revenait en
mémoire : « Tu seras
abaissée jusqu'au séjour des
morts ! » Il y a pour les peuples
comme pour les individus des heures saintes qu'il
ne faut pas laisser passer ! Combien triste ce
qui est en comparaison de ce qui aurait pu
être !
Au temps où le Seigneur
enseignait à Capernaüm, des foules
venaient l'entendre et formaient autour de lui,
dans la cour de la maison où il enseignait,
comme une infranchissable barrière
vivante.
Tous les auditeurs n'étaient pas
affamés des paroles de grâce et de
vérité qui sortaient de sa bouche. En
plus des pharisiens de Capernaüm se trouvait
dans l'auditoire une délégation de
scribes et de docteurs de la
toi, venus de Jérusalem, pour épier
Jésus. Désireux de remplir l'acte
d'accusation que l'on commençait à
dresser contre le Nazaréen, ces juristes,
experts dans la loi, flairaient toutes les paroles
de Jésus pour y découvrir quelque
odeur d'hérésie. Le petit peuple ne
s'en doutait pas, mais Jésus comprenait
parfaitement ces agissements.
Arrive à la porte un petit
cortège, quatre hommes portant un
paralytique, couché sur un lit. Impossible
de traverser les rangs serrés des auditeurs.
Il n'y a qu'un parti à prendre, c'est de
rebrousser chemin. Le malade ne l'entend pas ainsi,
il veut être guéri ; les porteurs
aussi ne sont pas gens à reculer devant la
difficulté. Coûte que coûte il
faut arriver à Jésus. Ils montent sur
le toit de l'habitation voisine, de là ils
gagnent celui de la maison où Jésus
parle, ils soulèvent quelques tuiles,
déclouent quelques lattes et, avec des
cordes, ils descendent le lit du malade jusque
devant le Seigneur. Celui-ci s'interrompt dans son
discours, regarde en haut vers ceux qui tiennent
les cordes, considère en bas ce malade. Que
va-t-il dire ? Se plaindra-t-il du
procédé insolite et même un peu
sans gêne ? Non, il voit que, le coeur
des porteurs, comme celui du malade, est mû
par la foi. Il tient compte du mobile et non pas du
procédé et le premier mot qu'il
prononce c'est : « Aie
confiance ! » ou « Prends
courage ! » comme on peut traduire
aussi. Le pauvre malade est sans doute quelque peu
interloqué par cette foule dont les regards
convergent sur lui ; il se rend compte tout
à coup de l'indiscrétion qu'il y a
à venir par de tels
chemins interrompre l'enseignement de Jésus.
Le second mot du Seigneur : « mon
enfant » exprime d'une façon
presque maternelle la compassion que lui inspire ce
pauvre infirme. Aujourd'hui nos malades sont
soignés dans de bons lits blancs par des
diaconesses aux mains expertes ; autrefois
c'était la misère, la saleté
et l'abandon. Quel bien durent faire à cet
homme ces simples paroles de Jésus :
« Prends courage, mon
enfant ! » Au milieu de nous encore
il est des malades malheureux.
Un proverbe populaire en dit long sur le
martyre secret de certains infirmes :
« Longs plaignants, courte
pitié ! » Puisons au coeur
même du Christ et apportons à ces
pauvres amis les trésors de la
compassion : « Les meilleures
charités ne sont pas de pain. »
Faisons provision de ces paroles
brèves, précises, qui sont des forces
et des bienfaits et quand nous rencontrons un
estropié, un malade, distribuons-les avec de
bonnes poignées de mains. Un vieillard
misérable disait à quelqu'un qui lui
avait apporté une de ces
paroles-là : « Merci, vous
m'avez fait chaud au coeur ! »
Sachons faire chaud au coeur des souffreteux que
nous rencontrons.
Immédiatement s'affirme à
la conscience de Jésus l'obligation
d'accomplir une tâche de guérison
envers ce malheureux qui lui est envoyé par
le Père. C'est ici qu'apparaît le
discernement de Jésus. De quoi cet impotent
avait-il besoin en premier lieu ? Mais de la
guérison de sa moelle
épinière, cela sautait aux
yeux ! Non, le Seigneur voit quelque chose de
plus urgent encore à accomplir. Il faut
parfois parler de son âme à quelqu'un
qui a faim avant de lui donner du
pain.
Jésus a lu dans le passé
de cet homme ; peut-être y a-t-il
aperçu des excès dont l'ataxie
locomotrice est la suite, en tous cas il a vu dans
le coeur de cet homme un désir profond de
pardon. Il ne faut pas croire que la souffrance du
péché soit tellement rare et qu'elle
existe seulement dans les produits raffinés
de notre civilisation. Elle est de tout temps,
parce que la conscience est de toujours. Si un
David sentait si profondément le remords,
pourquoi ce pauvre homme n'aurait-il pas
été rongé du même
tourment ? Peut-être même se
rendait-il compte, non par études
médicales mais par intuition de conscience,
que son péché et sa maladie
communiquaient par des liens mystérieux. Cet
homme avait faim et soif de pardon, tout autant, si
ce n'est plus, que de guérison. Et puis, il
y a là au fond de la cour des docteurs de la
loi qui ont faim et soif de scandale, eux aussi
seront rassasiés !
- Tes péchés te sont
pardonnés !
Cette parole descend comme un baume sur
le coeur de l'impotent. Une joie profonde s'empare
de lui, le fardeau est tombé. Il est
libéré !
Qui de nous n'a souhaité entendre
sortir de la bouche du Sauveur cette parole :
« Tes péchés te sont
pardonnés ! » Le besoin de
pardon tourmente le coeur de l'homme digne de ce
nom. Pourquoi Chundra-Lela, la prêtresse
hindoue, passait-elle ses nuits plongée dans
un étang d'eau froide et ses journées
au soleil ardent, entourée de cinq
feux ? Pour trouver le pardon. Pourquoi les
monastères du moyen âge voyaient-ils
entrer en religion les pires
débauchés ? Parce que la
conscience de ces hommes parlait encore. Pourquoi
des foules vont-elles à Einsiedeln, à
St-Jacques de Compostelle ? Pour obtenir des
indulgences qui confèrent le pardon.
Pourquoi Luther se macérait-il dans sa
cellule ? À cause de son
péché. Et dans notre protestantisme
orgueilleux, intellectualiste, qui fait si peu de
cas de la culpabilité du péché
devant Dieu, il y a encore, Dieu en soit
béni, des âmes qui soupirent
après la parole libératrice :
« Tes péchés te sont
pardonnés ! »
Le moyen ?
Il est le même qu'autrefois :
la grâce de Dieu. Celui qui vient au
« sang de l'alliance » pour
être purifié, entend un jour
distinctement au fond de lui-même l'Esprit
rendre témoignage à son esprit qu'il
est enfant de Dieu. « Mon
péché n'est plus » dit un
cantique. « J'ai effacé ton
péché comme un nuage, ton
iniquité comme une nuée
épaisse »
(Esaïe
XLIV, 22).
Mais quels chuchotements dans le clan
des docteurs de la loi, quels éclairs de
malice dans les regards qu'ils
échangent ! Un blasphème !
Ils n'espéraient pas une telle aubaine.
« Tu oses pardonner les
péchés, usurper la place de
Dieu ? » Saisis d'une horreur
hypocrite, ils se couvrent le visage.
Peut-être après tout s'en
trouvaient-ils aussi parmi eux qui
sincèrement ne comprenaient rien à
l'autorité de Jésus.
Jésus sort de l'impasse avec la
beauté du rayon de soleil qui éclaire
et qui guérit.
Il cherche à instruire ceux
d'entre les pharisiens qui peuvent être
sincères. « De deux choses
l'une : ou bien Dieu m'a
donné le pouvoir souverain de guérir
et aussi celui de pardonner, ou bien j'usurpe le
pouvoir de pardonner et par conséquent je
n'ai pas non plus celui de guérir ; la
guérison de cet homme
décidera. »
Comment ! Jésus va courir
une pareille aventure ! Il n'a pas peur de
recevoir du fait un éclatant
démenti ? Il joue au commencement de
son ministère toute son autorité,
toute son oeuvre spirituelle sur la pointe
d'aiguille d'une si chanceuse
expérience ?
« Lève-toi, prends ton
lit et va dans ta maison ! »
Voilà le soleil de justice qui
porte la santé dans ses rayons. Avec un
souverain éclat, il dissipe tous les
conseils, toutes les petites intrigues. Avec la
certitude absolue de faire l'oeuvre du Père,
il joue à chaque instant le tout pour le
tout, sans la moindre appréhension de rester
en échec. Il vit dans la lumière de
l'obéissance et de la foi.
Devant ce miraculé qui emporte
son lit, les rangs des spectateurs s'ouvrent. Tous
ceux qui gardent en eux un atome de droiture sont
convaincus de la messianité de Jésus
et la foule glorifie Dieu d'avoir donné un
tel pouvoir aux hommes en la personne du Fils de
l'homme. Il n'y a de mécontents que les
experts de Jérusalem.
Décidément l'affaire n'a pas
tourné comme ils l'espéraient. On
pourra toujours inscrire au dossier de
Jésus : Blasphème !
à telle date, à Capernaüm, mais
devant le peuple le coup a raté ; la
popularité du Nazaréen n'a fait
qu'augmenter. Malheur !
On comprend qu'à certains
moments, Jésus n'ait plus pu contenir
l'indignation que provoquait le
parti pris de ces gens de nier l'évidence et
de jouer avec la vérité. On comprend
qu'il ait solennellement parlé de
péché contre le Saint-Esprit à
des hommes instruits par la loi et les
prophètes et qui faussaient la clé de
la connaissance pour empêcher les autres
d'entrer dans le sanctuaire.
Ce récit nous place encore en
face d'une question très actuelle.
N'avons-nous le droit de venir à
Jésus que pour être guéris dans
nos âmes ? La guérison du corps
ne dépend-elle que des lois de la
physiologie et des progrès de la
médecine ?
Nous répondons sans
hésiter : La puissance divine est la
même qu'autrefois. Nous avons le droit de
parler au Seigneur de nos corps comme nous lui
parlons de tout ce qui nous préoccupe. Nos
corps sont à lui comme nos âmes et nos
biens. Il inspire à certains de ses enfants
de lui demander directement leur guérison,
afin de bien montrer qu'il reste le médecin
par excellence, mais c'est, croyons-nous,
l'exception. Le plus souvent, il donne à
comprendre qu'il nous faut suivre l'instinct de
conservation dont Il nous a dotés et prendre
toutes les précautions intelligentes,
compatibles avec la vie spirituelle, pour conserver
notre vie terrestre.
Que chacun se meuve dans l'esprit des
passages suivants qui se pénètrent
sans se contredire : « Toutes choses
sont à vous ! »
(1
Cor. III, 21) : les
remèdes, les médecins aussi bien que
les fruits de la terre et les découvertes de
la science. « Toute puissance m'a
été donnée au ciel et sur la
terre »
(Matth.
XXVIII, 18) donc aussi
bien le pouvoir de guérir
que celui de sauver. « Use d'un peu de
vin pour ton estomac »
(1
Tim. V, 23). « La
prière de la foi sauvera le
malade »
(Jacques
V, 15).
Que celui qui n'use pas de
remèdes agisse « selon qu'il est
pleinement persuadé en son
esprit » mais qu'il ne condamne pas celui
qui en prend. Que celui qui cherche conseil
auprès de la science médicale le
fasse avec prière en se rappelant qu'en
définitive Dieu seul fait vivre et mourir et
sans mépriser celui qui vit de seule
confiance. L'un ne surpasse pas l'autre en
foi ; il y a autant d'obéissance sur
l'une que sur l'autre voie, mais que chacun se
surpasse en humilité devant Dieu et en
charité l'un pour l'autre.
L'essentiel c'est de ne pas quitter le
tête-à-tête de la prière
sans avoir entendu la parole du Christ : Tes
péchés te sont
pardonnés ! Après cela comment
tu sortiras de ton lit, si tu dois en sortir,
comment tu retourneras à la maison et y
glorifieras ton Maître, c'est le secret de
Dieu ; les moyens et les chemins sont
différents.
Or un grand nombre d'entre les Samaritains de cette ville-là crurent en lui à cause de la parole de la femme.... et ils disaient - « Nous l'avons entendu nous-mêmes et nous savons que c'est lui qui est véritablement le Sauveur du monde » Jean IV, 39, 42.
Quand Jésus est sorti des
frontières juives, il a clairement
donné à entendre qu'il était
venu avant tout pour les brebis perdues de la
maison d'Israël.
De par la volonté du Père
l'évangélisation des nations
était réservée aux disciples.
Cependant, par exception, quand une femme
syro-phénicienne cria à lui avec
humilité et foi, quand il eut l'intuition
divine d'un réveil à produire chez
les Samaritains, Jésus passa par-dessus la
règle et sauva des étrangers qui
osèrent anticiper sur leur
époque.
Le peuple samaritain se composait de
cinq nations qui avaient été
amenées d'Orient par Assaradon, roi
d'Assyrie, pour repeupler le royaume de Samarie et
qui s'étaient unies aux restes des
Israélites demeurés dans le pays. Ces
nations avaient emporté avec elles leurs
divinités auxquelles elles ajoutèrent
par la suite le Jéhova des Juifs. Au retour
de l'exil, les adorateurs du vrai Dieu
refusèrent le concours de ces
demi-païens, qui s'offraient à
reconstruire le temple de l'Éternel et s'en
firent ainsi d'irréconciliables ennemis. Les
Juifs stricts les prirent en telle aversion que le
terme même de
« Samaritain » devint dans leur
bouche une injure. Ils les méprisaient plus
encore que les païens et refusaient même
de les accueillir comme prosélytes.
Au temps de Jésus, les
Samaritains avaient bâti leur sanctuaire sur
le Garizim, ils s'étaient rapprochés
du monothéisme et considéraient comme
inspirés les cinq livres du Pentateuque. Ils
connaissaient les idées régnantes des
Juifs sur le Messie et espéraient eux aussi
en ce libérateur. Quoiqu'ils eussent, un
certain jour, refusé l'hospitalité
à Jésus et à ses disciples
parce que ceux-ci allaient à
Jérusalem
(Luc
IX, 52 et sq.) les Samaritains
marquaient cependant moins de mépris et
de haine aux Juifs que ceux-ci
ne leur en montraient. Jésus ne partageait
pas ces préjugés nationaux ; il
a toujours cherché à les
détruire. Ce qui ne signifie pas qu'au
retour de l'exil il n'ait pas été
utile que ces préjugés prissent
naissance pour maintenir les Juifs dans les
frontières de leur race. En
éducation, il faut parfois pratiquer des
étroitesses transitoires. On ne peut pas
à un certain âge laisser un enfant
fréquenter n'importe qui. Plus tard, quand
l'enfant aura affermi sa conscience, il pourra
affronter d'autres courants et d'autres influences,
mais il est un temps où il ne doit subir, si
possible, que les seules influences
acceptées par ses parents.
Jésus est obligé
maintenant de détruire les résultats
d'une obéissance nécessaire, mais qui
s'est stérilisée en
préjugés et il le fait admirablement.
Dans la parabole de Luc
X, 33, il donne le beau
rôle au « Bon
Samaritain ». Quand il guérit dix
lépreux, il a soin de relever que le seul
qui soit venu le remercier était Samaritain.
Et quand le Père mettra sur son chemin une
femme samaritaine, il s'empressera de saisir
l'occasion de travailler en elle et par elle au
salut de la nation méprisée.
Jésus fatigué,
littéralement : exténué,
par la marche et la chaleur, s'était assis
au bord du puits de Jacob, près de la petite
ville de Sichar, qu'on identifie aujourd'hui avec
le hameau de El-Ascar, au pied du mont
Ebal.
Une femme qui revient des champs
s'arrête près du puits pour remplir sa
cruche. Jésus lui demande un peu d'eau
à boire. Faire confiance à
quelqu'un, lui demander un
service, en demeurer l'obligé c'est bien
souvent la meilleure méthode encore
aujourd'hui d'exercer utilement la cure
d'âme. L'entrée en matière est
simple, naturelle et pourtant empreinte d'une
bienveillance extraordinaire. Comment, voilà
un Juif - la Samaritaine l'a reconnu à son
costume - qui me demande à boire, à
moi, une femme samaritaine et qui ne s'envisagera
pas comme souillé en appuyant ses
lèvres sur ma cruche ?
L'eau, quel symbole magnifique de la
grâce de Dieu ! « Si tu
connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te
dit : Donne-moi à boire, tu lui en
aurais demandé toi-même, (Jésus
commence à lever le voile du don de Dieu
fait au monde en sa personne) il t'aurait
donné de l'eau vive », le salut,
c'est-à-dire la pleine satisfaction de tous
les besoins du coeur et la possession de
celui-là même dans lequel le salut
s'incarne, le Sauveur. Et voilà l'entretien
avec un à propos admirable, engagé
sur le vrai terrain. La bienveillance, l'absence de
préjugés, l'à propos mis par
nous au service de l'évangélisation
ne feraient-ils pas sous la discipline de l'Esprit,
des miracles ? Sont-ce là des
qualités hors de notre portée ?
Ne pouvons-nous pas les demander à Celui qui
donne la sagesse « à tous
simplement et sans reproche et elle lui sera
donnée ? »
(Jacques
1, 5).
Jésus continue son oeuvre de
révélation. Il découvre
à la conscience de cette femme la situation
immorale dans laquelle elle se trouve ;
après avoir eu cinq maris, l'homme avec qui
elle vit maintenant n'est pas son mari ; il
faut au plus vite mettre ordre à
ce dérèglement.
Puis il dévoile à cette âme
ignorante mais sincère la grandeur du culte
« en esprit et en
vérité ». Jugez de
l'étonnement de cette femme d'entendre un
Juif déclarer qu'il existe un culte plus
beau, plus vrai que celui de Jérusalem. Et
quand il a ensemencé d'Évangile le
coeur de la Samaritaine, il la laisse aller, la
semence bénie portera ses fruits.
Nous sommes au commencement du
ministère de Jésus, les disciples en
sont encore à s'étonner que le
Maître élève une femme à
son niveau ; ils partagent le
préjugé rabbinique qui ne voulait pas
que l'on enseignât la loi aux femmes. Plus
tard ils verront Marie de Béthanie assise
aux pieds de Jésus, « les saintes
femmes » suivre le Maître ;
ils fléchiront les genoux avec elles dans la
chambre haute et ils diront par la voix de
Paul : « En Christ il n'y a plus ni
homme ni femme, ni Juif, ni Grec, ni esclave ni
libre » (Gal. III, 28). La simple
pratique de l'amour enseigné par le Seigneur
fera tomber tous les préjugés de
race, de condition, de sexe, sans que jamais la
juste mesure ne soit
dépassée.
Leurs vivres achetés, les
disciples les offrent au Seigneur.
- Maître, mange !
Mais il leur dit :
- J'ai à manger d'une nourriture
que vous ne connaissez pas !
Quoi ? Que s'est-il
passé ? Ils tournent le dos à la
ville, ils ne voient pas les Samaritains, qui,
enthousiasmés par le récit de la
femme, commencent à sortir et à se
rapprocher du puits. Jésus les voit et
ce prompt résultat de sa
prédication le remplit d'une telle joie
qu'il en est comme restauré ; il
savoure le festin spirituel que le Père lui
procure. Quand l'oeuvre du Père s'accomplit
et que la bonne volonté des hommes, - si
rare - y répond, le Fils est
nourri !
En considérant la campagne
fertile de la Samarie, ce pays bien arrosé,
bien cultivé, vrai grenier à
blé, en constatant que le froment
commençait à sortir de terre, les
apôtres avaient probablement supputé -
en gens qui s'y connaissent - une belle moisson
pour l'été. Mais Jésus, en
regardant ces Samaritains accourir à lui,
pronostique une autre moisson beaucoup plus proche.
Au point de vue spirituel « les campagnes
sont déjà blanches » ;
il y a des coeurs ouverts prêts à se
donner au moissonneur qui viendra de la part de
Dieu les recueillir. Et voilà que ce
jour-là, il s'est produit quelque chose
d'extraordinaire. D'habitude, il s'écoule du
temps entre les semailles et la moisson, même
il arrive que « l'un sème et que
l'autre moissonne », cette fois
« le semeur et le moissonneur se
réjouissent ensemble ». Lui, le
semeur, il aura la joie de moissonner tout
aussitôt. Et les disciples auront l'insigne
honneur de récolter avec le Maître,
là où ils n'ont pas semé. Et
quand, plus tard, ils viennent en Samarie, lors du
réveil raconté au chapitre VIII des
Actes, ils se souviendront que le Maître a
semé avant eux et qu'eux « sont
entrés dans son travail ».
Pendant que cette conversation
s'achevait avec les disciples, les Samaritains
surviennent. Ils ont été
gagnés par le simple témoignage de la
femme : « Il
m'a
dit tout ce que j'ai fait, ne serait-ce pas le
Christ ? » À cette
supposition ils accourent en foule ; ils
veulent se rendre compte par eux-mêmes de ce
qui leur est annoncé. Dès les
premières approches, dès les
premières paroles, ils demandent, eux des
Samaritains, à Jésus, un Juif, de ne
pas s'en aller, mais de rester avec eux. Et pendant
deux jours, Jésus eut la joie intense de
semer et de moissonner en même temps. La
semence levait aussitôt que répandue,
donnait du grain qui s'engrangeait
instantanément dans les greniers
éternels. Et, triomphants, les habitants de
Sichar disaient à la femme :
« Ce n'est plus à cause de ce que
tu nous as dit que nous croyons, c'est parce que
nous l'avons entendu nous-mêmes et nous
savons que c'est lui le Sauveur du
monde. » Ils ont fait l'expérience
personnelle de Jésus. Ils sont parvenus
à la majorité spirituelle, leur foi
de traditionalistes est devenue
expérimentale.
Assez de ces chrétiens,
échos affaiblis, qui répètent
les affirmations des autres ! Assez de pies
religieuses, qui ressassent des formules
incomprises ! Ce qu'il faut à nos
Églises et à nos Oeuvres, ce sont des
croyants qui parlent de Dieu dans leur langue
maternelle, qui connaissent Christ et qui soient
connus de lui. Assez de
« reporters » mais des
témoins de l'Évangile !
Et, chose merveilleuse, ces Samaritains
ignorants ont fait d'emblée
l'expérience capitale. Ils ont
découvert en cet humble Juif, non seulement
le Messie annoncé, mais le Sauveur du monde.
Le Sauveur ! Ils ont trouvé le Sauveur,
ils ont fait la trouvaille par excellence ! Et
ce Sauveur, ils le
déclarent
d'emblée, il est pour le monde. Le monde
entier y a droit, eux les Samaritains, comme les
Juifs. D'un coup, d'une seule expérience
sincère de Jésus-Christ, ils
s'élèvent à la
compréhension du salut mondial et
complet !
Et en voyant ces Samaritains si bien
disposés, si « francs du
vouloir », quelle joie pour le Seigneur
si souvent rebuté. Les beaux jours que
Jésus a passés là, en
Samarie ! Son coeur s'est épanoui
à semer d'une main, à moissonner de
l'autre ; et dire que cette oasis
préparée par le Père dans le
ministère de son Fils, était
située en dehors des frontières du
peuple élu. Ah ! comme Dieu voit
autrement que nous et fait passer les
frontières du peuple qu'il aime au-dessus et
à côté de celles que nous
posons nous-mêmes dans notre
géographie à courte
vue !
Et nous, ne ferons-nous pas au Seigneur
Jésus la même joie que lui firent les
Samaritains ? Ne jouira-t-il pas en nous de
son travail d'âme ? Après nous
avoir ensemencé de pardon et d'Esprit ;
n'aura-t-il pas la satisfaction de nous moissonner
et de faire de nous des semeurs et des moissonneurs
qui entreront dans son travail ? N'est-ce pas
la plus belle vocation, n'est-ce pas la plus pure
joie, après avoir cru au Sauveur du monde
non plus sur la foi d'autrui mais par contact
personnel, que d'être autorisé
à travailler avec lui et de nouer pour lui
quelque gerbe de beaux épis ?
Quelle valeur ce récit de saint
Jean donne an témoignage ! Ne serait-ce
pas pour nous un bonheur inexprimable que
d'entendre un jour un ami,
là-haut, près du Seigneur nous
dire : « Frère, après
Dieu, je te dois le salut ! Ce n'est plus
à cause de ce que tu m'as dit que je crois,
car je l'ai vu moi-même, le Sauveur du monde,
mais c'est ton témoignage qui m'a
attiré à la Fontaine de
Vie ! »
Oui,
dit
l'Éternel, la capture du puissant lui sera
enlevée et le butin du tyran lui
échappera. Esaïe
XLIX, 25.
Lorsqu'un homme
fort
et bien armé garde sa maison, ce qu'il
possède est en sûreté. Mais si
un plus fort que lui survient et le dompte, il lui
enlève toutes les armes dans lesquelles il
se confiait et il distribue ses
dépouilles. Luc
XI, 21-22.
Dieu a oint du
Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth
qui allait de lieu en lieu, faisant du bien et
guérissant tous ceux qui étaient sous
l'empire du diable.... Actes
X, 38.
Satan est aussi le voleur d'hommes. Il s'attaque
à ceux qui sont en bonne santé
mentale et les prend par séduction. Il
attise en eux « la convoitise de la
chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la
vie. » Ce sont des esclaves qu'il tient
pour ainsi dire dans la cour de son
château-fort. Ceux qui présentent une
fêlure du système nerveux, une
tendance à la dépression morale, un
affaiblissement de la volonté, il les
enchaîne par l'obsession. Ces malheureux,
gardés en geôle, sont hantés
d'alcoolisme, d'impureté, d'idées
fixes ou de suicide. Enfin, dans les oubliettes du
château, sont les possédés,
ceux qu'une
désorganisation mentale, qu'une fissure de
la personnalité a livrés aux
artifices du démon. Celui-ci s'est
glissé jusqu'au centre même de la
victime dont la dernière protection, la
personnalité, a disparu,
aliénée par l'effroyable intrus. Mais
Jésus, l'homme plus fort, a vaincu l'homme
fort et peut lui arracher ses dépouilles.
C'est la délivrance d'un des plus
misérables prisonniers de Satan que nous
allons contempler en assistant à la
guérison du démoniaque de
Gadara.
Jésus venait d'en imposer aux
forces déchaînées de la nature,
il avait apaisé la tempête et les
disciples s'étaient
écriés : « Quel est
celui-ci auquel les vents même et la mer
obéissent ! » quand il se
trouva en présence de forces autrement
redoutables, celles du Malin, qui s'étaient
emparées d'un malheureux Gadarénien.
Cet homme faisait sa demeure dans les
sépulcres, cavernes creusées aux
flancs des montagnes ; l'odeur de la
pourriture et les ossements des morts l'attiraient.
Il poussait des cris sauvages, errait sans but,
poussé par la force mauvaise qui ne lui
laissait aucun repos. Il se meurtrissait avec des
pierres et, dans des accès de
frénésie, cherchait à frapper
les passants ou à se tuer lui-même.
Le missionnaire Mayor de Kabylie raconte
ce qui suit : « Un individu est
connu dans le pays pour être
« malade du démon » ou
comme on dit aussi « acheté par le
démon ». Quand il est dans son bon
sens, il se fait héberger dans les
mosquées, les monastères. Il vient
souvent à la station, on lui donne à
manger, on s'entretient avec lui ; ses allures
sont celles d'un mendiant tranquille. Au contraire
quand les crises le prennent, il
se sauve dans les forêts, dans les cavernes,
se meurtrit avec des pierres, des morceaux de bois.
Il vint un jour à la station en état
de crise, il ne me reconnaissait pas, dès
qu'on l'approchait, il s'enfuyait avec des gestes
désordonnés. Quand il revient
à lui il déclare positivement qu'il
se sent possédé d'un mauvais
esprit. »
On avait cherché à tenir
le Gadarénien lié, mais il avait
brisé ses chaînes. En état de
crise certains aliénés
dépensent d'un coup la force de plusieurs
semaines ; ils sont capables de violences
surhumaines. On me montrait un jour à
Bellelay un aliéné, couché
tranquillement dans sa cellule, le médecin
disait : « Quand les crises prennent
cet homme, il bondit comme un chat, saute au
plafond de la cellule ; il est doué
d'une telle force qu'il étranglerait
instantanément le gardien le plus
robuste. »
Le possédé de Gadara
accourt au-devant du Seigneur. Est-ce dans de
mauvaises intentions ? Va-t-il attaquer
Jésus ? Certains exégètes
le pensent. Jésus, calmement, mais avec une
suprême autorité, ordonne au
démon de s'en aller. L'homme se
prosterne : « Jésus, Fils du
Dieu Très-Haut, ne me tourmente
pas ! » Comment a-t-il reconnu
Jésus ? Est-ce lui-même ou le
mauvais esprit qui est en lui ? Jésus
commence la cure en ramenant l'être humain
à lui-même, en le séparant pour
ainsi dire de la puissance mauvaise qui a
usurpé la place ; il lui pose cette
question calmante par excellence et propre à
ramener cet homme à la
réalité : « Quel est
ton nom ? » Prenons exemple sur
Jésus. Quelquefois une
parole très simple, ramenant la
pensée enfiévrée d'un malade
sur la réalité toute proche,
détruit le brouillard et l'obsession. La
réponse est
« Légion ».
Marie-Madeleine n'avait-elle pas été
délivrée de sept
démons ?
Que toute cette question de la
possession est redoutable et
mystérieuse ! Il semble que pour ces
mauvais esprits la faculté d'habiter un
corps d'homme ou même d'envahir un troupeau
d'animaux apporte un certain soulagement au vide et
à la séparation de Dieu dont ils sont
tourmentés. Jésus permet à ces
démons de se jeter sur les pourceaux. Est-ce
par pitié pour les démons ? Non,
mais pour exercer un jugement d'appel sur cette
population gadarénienne, qui, tout en
étant à moitié juive,
transgresse la loi en élevant le porc,
défendu par la loi. Le troupeau se jette
à la mer, l'homme est délivré.
Il a retrouvé sa personnalité ;
à l'ordre souverain du Seigneur, les mauvais
esprits ont dû céder la place et ils
ont obéi en tremblant. On revêt le
gadarénien d'habits d'emprunts et il
s'assied, tranquille, heureux aux pieds de
Jésus.
Ces événements
constituaient pour les Gadaréniens un double
appel : Un appel par voix de jugement. Ils ont
été remis brusquement en
présence des obligations de la loi
mosaïque qu'ils ne pratiquaient plus. Un appel
par voix de grâce. La vue de cet homme, la
terreur du pays, assis, habillé, dans son
bon sens, ne va-t-elle pas les gagner à
Jésus, l'auteur de ce miracle ? Ce
double appel ne leur révèle-t-il pas
que Jésus est le Messie, à la fois
le Réformateur et le
Libérateur ? En eût-il fallu
davantage pour attirer les Samaritains ? Un
réveil plus grand que celui de Sichar ne
va-t-il pas éclater parmi les
Gadaréniens ? Jésus aura-t-il la
joie de semer et de moissonner en même temps,
comme auprès du puits de Jacob ? Non,
ces gens sont consternés de la perte de leur
troupeau. Les biens leur tiennent infiniment plus
à coeur que le salut ; et, même
après avoir appris tous les détails
de la guérison du démoniaque, ils
prient Jésus de se retirer de leurs
quartiers. Ils craignent que Jésus,
continuant son oeuvre de réforme parmi eux,
ne leur réclame de nouveaux
sacrifices ; ils ne veulent pas de la
conversion. Pour continuer à paître
tranquillement leurs pourceaux, ils
préfèrent que Jésus s'en
aille.
Une semblable attitude est plus
fréquente qu'on ne l'imagine.
Un instituteur suivait
régulièrement les cultes d'un pasteur
rempli de l'Esprit de Dieu. Il cessa brusquement
d'aller au temple. Il répondit tout
crûment à un collègue qui
s'informait de ce changement : « Si
j'avais continué à fréquenter
ces cultes, j'aurais dû me convertir et je ne
le voulais pas ! »
Deux jeunes gens s'opposèrent
résolument aux visites que des croyants
faisaient à, leur mère, en
disant : « Notre mère est
bonne telle qu'elle est, nous ne voulons pas
qu'elle se convertisse. » Ils craignaient
qu'une fois convertie, cette mère
n'introduisît dans la maison des
réformes morales dont ils ne se souciaient
pas.
Sommes-nous de ceux qui prient poliment
le Seigneur de s'en aller quand
nous voyons poindre à l'horizon de notre
conscience les réformes qu'il voudrait
introduire dans notre vie ?
Le possédé guéri a
changé de maître, il a passé du
service du tyran à celui du maître
doux et humble de coeur ; il a
échappé au loup ravisseur et il est
devenu la brebis du bon Berger qui respecte la
personnalité humaine au point de rester
à la porte quand on ne lui permet pas
d'entrer, et qui, une fois entré, ne se
substitue jamais brutalement à la personne
qui s'est donnée à lui, mais en prend
la direction bienveillante et bienfaisante,
à la façon d'un père qui
conseille et qui dirige la volonté de son
enfant. Il fait épanouir la
personnalité de son
« possédé », il
l'enrichit, il l'amène à donner toute
sa mesure, il le guérit de ses blessures, il
le purifie du contact souillé de
l'adversaire, il le libère de la convoitise
de la chair et du monde et il lui paie
l'hospitalité en joie de vivre, en
capacité d'aimer Dieu et ses frères,
en réalisation de la sainte volonté
du Père, ce qui est la seule bonne et vraie
vie.
Et ce brave Gadarénien maintenant
ne veut plus quitter son nouveau Maître. Son
désir ardent est de suivre Jésus
partout. Pour diverses raisons, l'affermissement de
l'homme lui-même au contact des oppositions,
le développement du règne de Dieu
dans cette partie du pays, le Seigneur
n'accède pas à ce désir et il
l'envoie raconter aux siens les grandes choses qui
lui ont été faites. Le nouveau
disciple devra marcher seul, par la foi, par la
prière - car il sera soutenu du Père
- et il deviendra un courageux
missionnaire dans cette contrée que
Jésus reviendra évangéliser
plus tard.
Ce n'est pas à nous de choisir le
coin de la vigne où nous travaillerons le
mieux pour le Maître ; c'est à
lui de nous le montrer. Peut-être en Chine,
peut-être à l'usine, à la
réunion de prière, ou devant les
moqueurs, que chacun sache dire, avec le courage
d'un rescapé de la perdition, mais aussi
avec la discipline de l'Esprit, les grandes choses
que le Seigneur lui a faites !
Il manque un don à
l'Église, celui de chasser les mauvais
esprits, surtout quand on réfléchit
que Jésus l'accorda à ses disciples,
avant leur conversion, en les envoyant
évangéliser deux à deux
(Luc
X, 17) ou bien quand on se
souvient qu'au jour du jugement ceux mêmes
dont la piété n'aura
été que du verbiage pourront
dire : « N'avons-nous pas
chassé les démons en ton
nom ? »
(Matth.
VII, 22).
M. Mayor avoue qu'il n'a jamais
osé commander avec autorité aux
démons de sortir quand il s'est
trouvé en présence de cas de
possession ; il s'est toujours contenté
de prier instamment le Seigneur d'intervenir ;
des crises ont été
arrêtées de cette manière mais
il ne peut pas parler de guérisons
définitives.
Le pasteur Wysard, dans une
réunion de la Société
pastorale suisse, raconta le fait suivant :
« Je fus appelé auprès
d'une jeune femme, d'hérédité
normale, dont les frères et soeurs ne
donnent aucun signe de dérangement nerveux.
La malade souffrait de terribles crises qu'elle
attribuait à la présence en elle d'un
mauvais esprit. Elle me confessa,
qu'en pension, avec d'autres
jeunes filles, elle s'était beaucoup
préoccupée de la personnalité
du diable et même l'avait
évoqué. Depuis lors il s'était
produit en elle des désordres nerveux qui
allaient en augmentant. Un jour elle était
dans une telle épouvante, suppliait avec
tant de larmes qu'on la délivrât du
malin esprit que je pris courage et dis en
saisissant la main de la malade :
« Esprit malin, au nom du Seigneur
Jésus, sors de cette
femme ! » Il se produisit une
secousse terrible dans le corps de la patiente,
moi-même je fus secoué et tout
effrayé, mais à partir de ce moment
les crises ne reparurent plus. La jeune femme
continue à être malade physiquement,
mais elle est apaisée, elle n'a plus ni
effroi, ni terreur, elle se sent
délivrée. »
Ces cas de possession directe sont
heureusement rares dans nos pays. Par contre les
cas morbides où une passion :
alcoolisme, impureté, opium, tabagisme, est
devenue une obsession par suite d'intrusion maligne
et de débilitement de la volonté,
sont de plus en plus fréquents. Un Zeller,
un Blumhardt ont possédé le droit de
dire : « Au nom du Seigneur
Jésus, sors de cet
homme ! »
Ne sentons-nous pas que pour
posséder ce pouvoir, il faudrait que nous ne
donnions plus aucune prise nous-mêmes au
diable ?
Que le Seigneur nous purifie de toute
souillure, qu'il nous remplisse de son Esprit et
peut-être recouvrerons-nous ce don.
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