Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'Ange de l'Éternel.

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 Voici j'envoie un Ange devant toi pour te garder dans le chemin et te faire entrer dans le lieu que je t'ai préparé. Prends garde à lui et obéis à ma voix. Ne lui résiste pas, car il ne vous pardonnerait pas votre rébellion, parce que mon nom est en lui. Mais si tu obéis fidèlement à sa voix et que tu fasses tout ce que je dis, je serai un ennemi pour tes ennemis et un adversaire pour tes adversaires, Car mon Ange montera devant toi et te fera entrer dans le pays des Amoréens. Exode XXIII, 20-23.

Ils buvaient du rocher spirituel qui les suivait, or ce rocher était Christ.
1 Cor. X, 4.


Dieu se sert de tous les éléments, de la tempête, de la foudre, des tremblements de terre, des sécheresses, des inondations, pour parler à la conscience de l'homme. « Il fait des vents ses ministres et des flammes de feu ses messagers » (Ps. CIV, 4). Mais l'Écriture nous révèle que très souvent Dieu emploie les anges pour porter ses messages ou accomplir ses volontés.

Il faut distinguer entre les anges ; parmi eux il existe une hiérarchie. Mentionnons d'abord la masse anonyme de ceux que l'auteur des Hébreux appelle « les myriades qui forment le choeur des anges » (XII, 22), et qui environnent le trône du Seigneur. « Leur nombre était des myriades de myriades, des milliers de milliers » (Apoc. V, 11). Au milieu de cette armée, il en est auxquels sont donnés les noms de « séraphins » et de « chérubins ». Les séraphins ne sont cités que dans Esaïe VI, 2 et 6. Ils entourent l'Éternel et célèbrent ses louanges ; ils ont la forme humaine et six ailes ; de deux ils couvrent leur face, de deux ils couvrent leurs pieds, de deux ils volent (1). Comme très probablement leur nom signifie « les brûlants », ou a émis l'hypothèse qu'ils sont les représentants de la sainteté divine et que leur office est de consumer le péché afin que grâce puisse être faite au pécheur. D'autres voient plutôt en eux des êtres dont le nom semblable au mot arabe « sherif » signifierait « chef ».

Les chérubins sont nommés dans la Genèse (III, 23) comme gardiens de l'arbre de vie et armés d'une épée tournoyante. Ce sont deux chérubins en or massif qui étendent leurs ailes sur le couvercle du propitiatoire de l'arche de l'alliance. Ezéchiel I, 5 et X, 1, en parle comme d'êtres vivants qui portent le trône de l'Éternel et qui avec leurs figures d'homme, de lion, de taureau et d'aigle représentent probablement les forces de la création, Généralement les séraphins et les chérubins demeurent tout proche de Dieu.

Se détachant de la foule des anges, deux d'entre eux sont connus par leur nom, ce sont les archanges Micaël et Gabriel. Le nom du premier signifie « qui est comme Dieu », il paraît être le représentant du peuple juif devant Dieu ; tandis que Gabriel signifie « le héros de Dieu ». « Si Micaël, dit M. F. Godet, prépare l'oeuvre finale du Messie comme juge du monde, Gabriel est l'évangéliste céleste ; il prélude à l'oeuvre du Messie en temps que Sauveur du monde. »

Si les anges déchus sont pour les hommes des séducteurs, les anges élus se montrent au contraire pour leurs frères humains des auxiliaires. Ils sont à l'oeuvre avec Dieu dans tous les moments capitaux de la vie du monde. Ils se sont réjouis lors de la création (Job XXXVIII, 7). Ils ont eu une part d'activité à la promulgation de la loi (Gal. III, 19). Qui ne se souvient de l'intervention des anges à la naissance, à la résurrection, à l'ascension de Jésus et de celle qui leur est dévolue au retour du Seigneur. Ils accompagneront celui-ci « sur les nuées du ciel » (Matth. XXV, 31). Ils seront les moissonneurs de l'ivraie et du bon grain (Matth. XIII, 37, 41, 50). L'Apocalypse donne aux anges un rôle considérable dans la destruction de l'univers.

Les anges remplissent aussi à l'égard des hommes les fonctions de gardiens : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, je vous dis que leurs anges voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux » (Matth. XVIII, 10). Les anges se réjouissent de la conversion d'un pécheur (Luc XV, 10). Ils se penchent sur le mystère du salut, désireux « d'y plonger leur regard jusqu'au fond » (1 Pierre I, 12). Par une sorte d'aberration, les Colossiens, récemment sortis du paganisme, étaient tentés de rendre un culte aux anges (Col. II, 18).

Ceux-ci ont dû s'en voiler la face de tristesse. Dérober au Maître, à Dieu, ne fût-ce qu'une parcelle de sa gloire, c'est à leurs yeux un effroyable blasphème. Leur joie, c'est de glorifier Dieu. Jean voulut se prosterner devant l'ange qui lui déroulait les tableaux de la fin. Saisi d'un saint émoi, l'envoyé céleste s'écria : « Garde-toi de le faire, je suis ton compagnon de service et celui de ceux qui gardent les paroles de ce livre. Adore Dieu ! (XIX, 10 et XXII, 9.)

Quand il est question dans l'Ancien Testament de l'ange de l'Éternel qui va, qui vient, apportant au peuple juif le concours de ses activités diverses, il s'agit parfois d'un ange quelconque, momentanément revêtu d'une fonction spéciale, et qui agit alors en messager direct de l'Éternel. D'autres fois cette dignité est réservée à Micaël, le représentant attitré d'Israël. Il est certains passages dans lesquels l'ange de l'Éternel s'identifie avec Jéhova lui-même. À Moïse, près du buisson ardent : « L'Ange de l'Éternel apparut dans une flamme de feu » (Ex. III, 2) et c'était Dieu en personne puisqu'il dit : « Je suis le Dieu de ton père.... je suis celui qui suis » (Exode III, 6, 14). Il est d'autres passages encore dans lesquels cet Ange tout en étant Dieu n'est cependant pas Jéhova lui-même et à ce point de vue, le premier passage de notre texte est caractéristique. C'est Jéhova qui parle au peuple et qui lui dit : « J'envoie un messager devant toi.... obéis à sa voix, ne lui résiste pas. »

Cet être n'est pas Jéhova, autrement Dieu dirait : « Obéis à ma voix, ne me résiste pas. » Et pourtant cet être qui n'est pas Dieu n'est pas non plus un ange ordinaire, ni même l'archange Micaël ; il partage avec Dieu certains attributs comme la sainteté : « il ne pourrait pardonner une rébellion définitive, « le nom de Jéhova est en lui ». « Si tu obéis fidèlement à sa voix et que tu fasses tout et que je dis.... » Ce dernier passage en particulier montre que la voix de l'Ange et la parole de Dieu se confondent. Ce que dira l'Ange sera parole de Dieu. Il y a identité d'essence, mais différence de rang, puisque c'est Jéhova qui l'envoie. N'est-ce pas ici une première divulgation de Celui que Jean décrira dans son prologue en disant : « La Parole était avec Dieu et cette Parole était Dieu » ?

On comprend que la théologie juive ait été extrêmement embarrassée par cette personnalité mystérieuse dont il est question dans maint passage. Jacob bénit les fils de Joseph en disant : « Que le Dieu devant la face duquel mes pieds ont marché.... que l'Ange qui m'a délivré de tout mal bénisse ces enfants ! » (Genèse XLVIII, 15). Ainsi Jacob différencie Dieu et l'Ange et pourtant il envisage ce dernier comme faisant partie de la divinité. « Dans toutes leurs angoisses, Il a été en angoisse et l'Ange de sa face les a sauvés » (Esaïe LXIII, 9), claire allusion à Exode XXXIII, 14 où Dieu répond à Moïse non pas selon nos traductions : « Je marcherai moi-même avec toi.... mais « Ma face ira.... » C'est comme si Dieu promettait de détacher de lui « l'Ange de sa face » pour servir de conducteur à son peuple. Cette personnalité nouvelle se retrouve : Mal. III, 1.... « Et l'Ange de l'alliance que vous désirez, voici il vient, dit l'Éternel. » Les rabbins juifs se cassaient la tête pour trouver une explication acceptable de ces passages. Nous, membres de la nouvelle alliance, disciples de Jésus-Christ, nous ne sommes point embarrassés par cette apparition étrange. C'est la seconde personne divine, le Fils, qui à l'oeuvre avec le Père, travaillait à créer dans le peuple juif le seul milieu humain capable de le recevoir, de le comprendre et de le suivre lors de son incarnation.

Quelle merveilleuse sagesse dans le plan de Dieu ! Révéler clairement une seconde personne divine à Israël c'était courir le risque de compromettre l'adoration d'un seul Dieu, le monothéisme, dans ce peuple qui avait tant de peine à s'abstenir du polythéisme ; c'était faire courir l'imagination plus loin que ne le comportait le degré de salut réalisable à cette époque-là. Dieu est trop admirable pédagogue pour anticiper et accorder à l'homme une révélation qui ne soit pas proportionnée à ses besoins. Comme aussi certains de ses propres attributs, Dieu les a voilés, tels son amour si compatissant, sa paternité plénière, pour former un peuple par la justice et par la loi. D'autre part, cacher complètement l'existence et l'action du Fils, c'était priver l'apparition de Jésus de racines suffisantes dans le passé. Il fallait que le Christ pût se montrer aux regards de la foi, révélé déjà en partie, dans l'ancienne alliance pour emporter la conviction de ses auditeurs juifs. Sur la route d'Emmaüs, Jésus se découvrit aux deux disciples aussi bien dans Moïse que dans les prophètes. Aux apôtres réunis dans la chambre haute, il ouvrit l'esprit afin qu'ils comprissent les Écritures. N'a-t-il pas alors expliqué le mystère de sagesse renfermé dans l'activité voilée de l'Ange de l'Éternel ? N'a-t-il pas démontré son identité avec cet être divin, qui conduisait et sauvait les Israélites dans le désert, de la même manière qu'à la synagogue de Nazareth, il montrait, avec une clarté parfaite, l'accomplissement de la prophétie d'Esaïe LXI à cet instant même devant les yeux de ceux qui ne les fermaient pas volontairement à la lumière de Dieu.

Il est très probable que c'est l'écho de cette révélation, accordée par Jésus lui-même à la jeune Église, que Paul nous transmet dans le second passage de notre texte « .... et ce Rocher était Christ ». La colonne, faite de nuée pendant le jour, de flamme durant la nuit, qui conduisait Israël, était un signe extérieur de la présence de l'Ange de l'Éternel qui marchait devant le peuple (Ex. XIV, 19). Mais cet envoyé divin se multipliait ; non seulement il était source de lumière, guide sûr, mais aussi l'auteur caché de l'eau miraculeuse qui désaltéra le peuple à deux reprises.

Pour le dire en passant et pour éviter de mettre au compte de l'apôtre une absurdité, il faut bien comprendre qu'en affirmant que « ce Rocher était Christ », Paul ne s'est nullement approprié la fable rabbinique d'après laquelle un rocher matériel aurait roulé à travers le désert à côté des Israélites, de manière à leur fournir l'eau nécessaire. Les deux rochers dont l'eau a coulé étaient là au moment où les Israélites sont arrivés près d'eux et ils y sont restés quand le peuple partit. Paul a voulu exprimer cette magnifique pensée que, derrière ces rochers matériels et immobiles, il y en avait un invisible et mobile qui était le véritable pourvoyeur de l'eau, le Christ lui-même.

Combien, dès lors, la scène de la fête des Tabernacles que Jean raconte au chapitre VII, 37-39 de son évangile devient compréhensible. Pendant la fête, on commémorait par des actes symboliques la traversée du désert. Le grand jour de la solennité, le souverain-sacrificateur, à la tête du cortège, descendait à la source de Siloé, y remplissait d'eau une cruche d'or et la rapportait dans le parvis au milieu des cris de joie de la multitude et au son des instruments de musique. C'est à ce moment précis que Jésus dit : « Si quelqu'un a soif qu'il vienne à moi et qu'il boive et des fleuves d'eau vive découleront de son sein. » Personne ne comprit que là, dans le parvis du temple, se tenait l'auteur même des bienfaits dont on célébrait le souvenir ; celui qui, après avoir été au désert la source de l'eau salutaire, était devenu maintenant la véritable source des eaux vivifiantes du pardon et de la grâce de Dieu.

Après cela, ne peut-on pas dire que Christ a été pour Israël au désert l'auteur de la manne, lui qui devait se nommer plus tard « le vrai pain du ciel ».

Et si le serpent d'airain, élevé sur la perche, a été regardé par Jésus comme un type de sa propre personne élevée sur la croix, ne peut-on pas envisager que Christ lui-même a été, derrière le serpent d'airain, la force qui guérissait ?
En une certaine mesure on peut affirmer que Jésus-Christ était en réalité déjà « tout » pour Israël, son guide, son breuvage, son pain, sa guérison.

N'est-il pas aujourd'hui notre tout à nous ? Nous avons essayé de nous abreuver ailleurs qu'à lui, qu'avons-nous trouvé ? Des fontaines crevassées, ou de l'eau amère. Nous avons bu à la source empoisonnée des plaisirs ; nous avons cherché à nous désaltérer à la sagesse humaine et nous avons eu plus soif qu'auparavant. Nous nous sommes nourris de la cendre de notre propre justice et nous avons eu faim. Nous nous sommes tenu lieu de lumière et de guide et nous nous sommes égarés dans nos raisonnements, dans notre courte science, nous avons pris des résolutions sans lui et embrouillé l'écheveau de notre vie. Maintenant il est notre colonne de nuée et nous savons où nous allons, « le nom de Dieu est en lui » et il nous conduit au pays de la promesse. Maintenant nous buvons de l'eau du rocher, nous aimons sa parole et nous réclamons son Saint-Esprit. Nous mangeons son corps, nous buvons son sang et notre âme est rassasiée. Nous avons regardé à Celui qui a été élevé sur la croix et notre coeur a été guéri. Maintenant nous chantons :

Jésus mon Roi, mon Maître,
N'es-tu pas tout pour moi
La source de mon être,
Le rocher de ma foi,
Le soleil qui m'éclaire,
Le ciel qui me sourit,
L'eau qui me désaltère,
Le pain qui me nourrit ?



Un nouveau David.

 Je t'ai pris au pâturage, derrière les brebis pour que tu fusses chef de mon peuple d'Israël.... Quand tes jours seront accomplis et que tu iras auprès de tes pères, j'élèverai ta postérité après toi, l'un de tes fils, et j'affermirai son règne.... Je l'établirai roi pour toujours dans ma maison et dans mon royaume et son trône sera pour toujours affermi. 1 Chron. XVII, 7-14 ; 2 Sam. VII, 12-16.

J'établirai sur mes brebis un seul pasteur qui les fera paître, mon serviteur David ; il les fera paître, il sera leur pasteur ; moi l'Éternel, je serai leur Dieu et mon serviteur David sera prince au milieu d'elles.
Ezéch. XXXIV, 23.

L'Éternel m'a dit : Tu es mon fils ! je t'ai engendré aujourd'hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage. Tu les briseras avec un sceptre de fer
. Ps. II, 7-9.

Tu es sacrificateur à toujours.
Ps. CX, 4.


On est frappé en lisant l'Écriture de voir le rôle considérable que joue David dans l'histoire du Messie.
Si le nom de David est resté si populaire en Israël, ce n'est pas seulement en souvenir des actions héroïques que le fils d'Isaï accomplit avant et après son élévation au trône, ou à cause du renom qu'Israël acquit sous son sceptre, ou encore des psaumes que le berger-roi composa et qui sont d'entre les plus beaux cantiques sortis du coeur d'un poète pieux.
Ces diverses causes ont contribué pour leur part à donner de l'éclat au petit souverain juif, David ; mais ce qui l'auréole d'une beauté toute particulière aux yeux des Juifs, comme aux nôtres, c'est son rôle messianique dans la prophétie. Le Messie promis devait être un nouveau David. Jésus-Christ a revendiqué cette filiation ; il s'est laissé appeler « fils de David » et maintenant, rentré auprès du Père, dans les lieux célestes, un de ses titres de gloire c'est d'être « le rejeton et la postérité de David » (Apoc. XXII, 16.)
Nous distinguerons successivement en David l'ancêtre, le type et un des annonciateurs du Messie.

Il entrait certainement dans le plan de Dieu qu'Israël devînt une monarchie. Au temps de Samuel, le peuple s'était trop hâté de demander un roi, il le réclamait pour des motifs de peu de valeur. Il semble que Saül ait été la réponse provisoire de Dieu à cette demande anticipée. Dieu, en rejetant Saül et sa race, agit en souverain qui a déjà discerné ailleurs celui qui donnera naissance à la postérité royale authentique d'Israël. C'est un jeune homme, le huitième fils d'Isaï le Béthléémite, David, dont le nom signifie « le bien-aimé ». « L'Éternel ne considère pas ce que l'homme considère ; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au coeur » (1 Sam. XVI, 7). Qu'avait donc distingué Dieu en ce jeune homme pour le faire oindre par Samuel ? Une intelligence ouverte, un courage à toute épreuve, un impérieux besoin de protéger les faibles, le tressaillement génial du poète et du musicien, une singulière capacité d'éprouver l'amertume du péché, un profond besoin de pardon et de purification, pour Dieu un transport d'amour qui va jusqu'au don de soi. Malgré ses fautes, le jeune berger béthléémite méritera le titre glorieux « d'homme selon le coeur de Dieu ».

Devenu roi, David voudrait que son Dieu habitât une maison de pierre. Nathan lui annonce que ce n'est pas lui mais son fils qui bâtira cette maison, et ce fils, dans la bouche du prophète, devient le type d'un descendant futur dont le règne ne cessera jamais. « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi » (2 Sam. VII, 16). Dès lors s'est implantée dans le coeur de David, comme dans la conscience israélite, la certitude que le Messie sortirait de la famille davidique.

Le prophète Esaïe a confirmé d'une manière éclatante la déclaration de Nathan : « Un rameau naîtra du tronc d'Isaï, un rejeton croîtra de ses racines » (XI, 1). Quand bien même il ne restera de la race royale qu'un tronc coupé, que des racines invisibles, il en renaîtra une nouvelle plante et l'Esprit de l'Éternel reposera sur elle. Le peuple juif était si certain de cette filiation davidique qu'au jour de l'entrée de Jésus à Jérusalem, les enfants chantaient : « Hosanna au fils de David ! » L'aveugle Bartimée s'écriait : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Et Jésus parlant du Messie aux pharisiens, leur posa cette question embarrassante : « Si David a appelé le Messie son Seigneur, comment est-il son fils ? » (Matth. XXII, 45.)

En même temps que l'ancêtre, David est aussi le type du Messie. C'est-à-dire que sa mentalité et sa manière d'agir comportent de nombreuses analogies avec celles du Messie à venir.

Aucun conquérant israélite n'a égalé David. Après s'être emparé de Jérusalem, la forteresse des Jébusiens, le jeune souverain a battu les Philistins, ces ennemis héréditaires des Juifs. Il s'est emparé d'une partie de leur territoire. Tous les petits peuples environnants, Moabites, Édomites, Syriens sont tombés totalement ou partiellement sous sa domination. Mais si David l'emportait par la force des armes, il gagnait les coeurs par sa douceur, par sa justice, par sa piété. Dans l'armée, des représentants de toutes les nations vaincues se montraient parmi ses soldats les plus dévoués. N'est-ce pas extraordinaire de constater que Ittaï de Gath, avec ses six cents hommes, un Philistin de la même ville que le géant Goliath, se déclare si attaché à David, qu'il refuse de le quitter au jour de la révolte d'Absalon ? (2 Sam. XV.) - Tel aussi le Messie qui brisera un jour toutes les résistances et en particulier « les nations avec un sceptre de fer », mais qui gagne les coeurs droits par le rayonnement de sa beauté.

David a laissé le souvenir extrêmement populaire d'un berger idéal. Il est celui qui défend son troupeau avec un courage téméraire. Il court après l'ours, lui arrache l'agneau dérobé ; il déchire la gueule du lion ; il paît ses brebis avec une fidélité qui s'accompagne de poésie et de musique durant les belles nuits étoilées. Tel fut le petit berger dans les campagnes de Béthléem, tel fut aussi le roi, le berger d'Israël, un vrai pasteur de peuple, qui défendait le faible, qui savait pardonner. Il aimait ses brebis israélites, il les conduisait « dans les bons pâturages et le long des eaux tranquilles » de la loi de Dieu, et par ses psaumes il apprenait à son peuple à chanter les hauts faits et la gloire de son Dieu. Il n'est pas étonnant d'entendre Ezéchiel faire cette promesse aux exilés de Babylone, séduits par les faux prophètes et les mauvais prêtres : « J'établirai sur mes brebis un seul pasteur qui les fera paître, mon serviteur David ; il les fera paître, il sera leur pasteur » (Ezéchiel XXXIV, 25). Rien ne pouvait plus réjouir le peuple d'Israël dans ses membres croyants que l'espoir de voir revivre le règne d'un David. Il suffit de rappeler combien cette prophétie s'est accomplie à la lettre quand Jésus, en opposition aux larrons et aux mercenaires, a « compassion de cette multitude sans bergers « et s'affirme, lui, le bon Berger. » Le bon Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jean X, 11). Nul doute, en parlant de la sorte, que Jésus n'ait voulu faire allusion à la prophétie d'Ezéchiel répétée et commentée par les docteurs de la loi.

Enfin David, prophète en même temps que roi, contemple et annonce avec respect la venue de ce fils lointain dont il n'est lui-même que le précurseur. Il en parle dans quelques-uns de ses psaumes avec une lucidité étonnante, en même temps qu'avec adoration. Il sent obscurément mais fortement que si ce fils descend naturellement de sa race, il est encore davantage et surnaturellement de la race divine. Au Ps. II on trouve ces mots caractéristiques : « L'Éternel m'a dit : « Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui » ! Les nations lui sont données en héritage, il exerce sur elles une autorité toute-puissante qui va jusqu'à la possibilité de les détruire. Ce n'est rien moins que la question de « l'empire universel » qui se pose ici ; question qui a hanté l'esprit de tous les monarques mais que David voit se réaliser dans l'avenir de la façon messianique. Tous sont invités à « baiser le Fils » pendant qu'il en est temps et à courber la tête sous son sceptre, par une soumission volontaire.

Au Ps. CX, après avoir de nouveau considéré ce Fils comme le Vainqueur, il le contemple revêtu d'une dignité nouvelle dans la prophétie : celle du sacrificateur. On sait combien, en Israël, la charge sacerdotale était distincte du pouvoir royal. Malheur au souverain sacrilège qui usurpait une fonction à laquelle il n'avait pas droit ! On se souvient de la malédiction prononcée par Samuel sur Saül qui, à Guilgal, en l'absence de l'homme de Dieu, offrit l'holocauste.... « Tu as agi en insensé, s'écrie le prophète.... maintenant ton règne ne durera point » (1 Sam. XIII, 13). Et le roi Ozias ne fut-il pas frappé de lèpre pour avoir offert le parfum dans le lieu saint ? (2 Chron. XXVI, 16 et sq). Or David voit dans l'avenir un monarque revêtu du double pouvoir sacerdotal et royal. Il portera le sceptre et en même temps les « ornements sacrés » (Ps. CX, 3). Il fera la conquête du monde, mais il fera aussi l'expiation du péché, non selon le rite légal, mais comme Melchisédec qui servait Dieu en roi et en sacrificateur dans la liberté glorieuse de la communion directe avec Lui (v. 4). Cette nouvelle pensée prophétique du sacrificateur royal se retrouve dans Zacharie VI, 13 : « Il (germe) sera prêtre sur son trône ! » Et les sujets de ce roi-prêtre constitueront une « sainte milice née comme une rosée du sein de l'aurore » (v. 3). « Elle représentera un peuple innombrable, formé dans le silence, par le travail secret de l'action divine et apparaîtra tout à coup dans sa fraîcheur et sa pureté, au matin d'un jour nouveau. »

David fut ainsi le prophète privilégié par excellence. Non seulement il a contemplé le Messie, mais il a su qu'il en était l'ancêtre et comme le précurseur.
Et pourquoi cet homme fut-il distingué par Dieu de la sorte ? Pourquoi devint-il comme Abraham, un initiateur, un de ces piliers sur lesquels repose, à travers l'histoire, le plan de Dieu, malgré le sang versé, malgré ses crimes ? Parce qu'il sentait son péché, parce qu'il avait besoin du pardon et parce qu'il aimait Dieu avec passion. Les défauts n'auraient pas tardé à prendre le dessus sur les qualités, le tempérament sur le caractère s'il n'avait pas fait partie de cette race d'êtres humains privilégiés entre tous qui expérimentent « combien heureux est l'homme dont la transgression est remise et dont le péché est couvert. »

Au lieu de porter son attention sur les traits spirituels du nouveau David, sur sa sainteté, sur son attitude de vrai berger, le peuple juif matérialisa la promesse dans une pensée d'ambition et de grandeur charnelles. Il ne rêva plus qu'un Messie-conquérant, chassant les ennemis de la Palestine et réunissant sous son sceptre une monarchie universelle dans laquelle Israël recueillerait le tribut de tous les peuples et imposerait sa loi par la force. Aussi, quand Jésus parut, « doux et humble de coeur », ceint d'une royauté purement spirituelle, habile à se soustraire aux manifestations tumultueuses, exigeant des siens le renoncement et l'humilité, les classes dirigeantes, dont les ambitions étaient déçues, ne voulurent pas reconnaître en lui l'objet de la prophétie. Elles ne pouvaient entrevoir deux venues du même Messie, la première en chair et en humilité, la seconde en gloire et en puissance, dont les fidèles, les apôtres, reçurent plus tard la révélation spéciale.

Seule a reconnu Jésus, et le reconnaît encore, cette jeune milice formée dans la foi à l'école de Dieu qui veille et qui prie et que le Messie glorieux accueillera à sa rencontre, quand il viendra sur la terre fonder son règne de paix.

Soyons de ceux qui grandissent en humilité, en fidélité sous la houlette du bon Pasteur de nos âmes, et dont les espoirs eux-mêmes sont purifiés de toute pensée d'orgueil.



La vraie Sagesse.

 L'Éternel m'a possédée comme prémices de ses voies, Comme première de ses oeuvres, dès les temps anciens. J'ai été établie dès les temps éternels. Prov. VIII, 22, 23.

Quand il traça les fondements de la terre,
J'étais à ses côtés, son ouvrière ;
J'étais toute allégresse, jour après jour,
M'égayant devant lui sans cesse,
M'égayant sur le sol fertile de sa terre,
Trouvant ma joie dans les fils des hommes.
Prov. VIII, 29-31.
 
Qui est monté aux cieux et en est descendu ?
Qui a recueilli le vent dans ses mains ?
Qui a serré l'eau dans son vêtement ?
Qui a fixé toutes les extrémités de la terre ?
Quel est son nom et le nom de son fils, si tu le sais ?
Prov. XXX, 4.
 
L'homme psychique (naturel) ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu....
L'homme pneumatique (spirituel) au contraire juge de tout.
Car qui a connu la pensée du Seigneur pour l'instruire ? Or nous, nous avons la pensée de Christ. 1 Cor. II, 14-16.

Au temps héroïque de David, des supplications instantes à l'Éternel, un souffle de foi qui transporte. des montagnes, des ordres de marche et des bruits de bataille, puis au retour, après la victoire, des cantiques de délivrance.

Au temps de Salomon, derrière des frontières assurées, au milieu de la tranquillité de temps prospères, les sages ont le loisir de réfléchir, de peser, d'écrire à tête reposée. Ils cherchent et démêlent les causes profondes des faits et gestes des hommes. Ils exposent le sens de la vie et sans ignorer la révélation de la Loi et des Prophètes, en suivant le filon de « la Sagesse », ils remontent à la cause première. C'est l'école de philosophie et de sagesse des Juifs.

Cette sagesse juive revêt deux caractères qui la distinguent nettement de celle des autres nations.
Elle est animée d'une saine morale. La sagesse juive a pour but de former à l'intégrité le coeur et la conscience de l'Israélite. Elle fait des « justes » au sens plein de l'Ancien Testament.

Écoute, mon fils, et reçois mes paroles,
Les années de ta vie en seront multipliées ;
C'est la voie de la sagesse que je te montre ;
Je te fais marcher dans les sentiers de la droiture ;
.... Ne marchez pas dans la voie des méchants ;
.... Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante,
Qui va grandissant jusqu'au plein jour.
Mon fils, sois attentif à mes paroles,
.... Éloigne de toi la fourberie des lèvres !
Détourne ton pied du mal !

Alors que toutes les morales païennes finissaient toujours, à travers leurs élucubrations par favoriser, les sens, qui mettra jamais en garde le jeune homme, par des paroles plus sages que celles des Proverbes contre les séductions de l'impudicité ?

Et voici une femme vint au-devant de lui,
Avec la mise d'une courtisane et un coeur astucieux.....
Elle le séduisit par son éloquence ;
Elle l'entraîna par ses paroles doucereuses.
Il se mit tout à coup à la suivre,
Comme le boeuf qui va à la boucherie,
Comme un homme garrotté qui va au châtiment de l'insensé,
Jusqu'à ce qu'une flèche lui transperce le foie ;
Comme l'oiseau qui se précipite vers le filet,
Sans savoir qu'il y va de sa vie.
Prov. VII, 21-23.

D'autre part où trouve-t-on un plus bel éloge de la femme vaillante que dans les paroles de Lemuel :

Le coeur de son mari s'assure en elle ;
Elle lui fait du bien et non du mal.
Elle travaille d'une main joyeuse.
Elle ouvre ses mains aux malheureux
Et les tend à l'indigent.
Elle ouvre sa bouche avec sagesse
Et une instruction aimable est sur ses lèvres.
Prov. XXXI, 10-27.

Cette sagesse avec sa saine morale n'exclut pas l'observation fine. Qui n'a goûté cette sentence :

Des pommes d'or dans un vase d'argent ciselé,
Telles sont des paroles dites à propos.
Prov. XXV, 11.

Cette description en un simple distique d'un paysan madré qui trafique au marché, n'est-elle pas prise sur le vif ?

Mauvais, mauvais ! dit l'acquéreur,
Puis, s'en allant, il se félicite.
Prov. XX, 14.

Tout en décrivant la vie du monde avec bon sens, cette sagesse n'oublie jamais les réalités spirituelles.

Le sentier de la vie, celui du sage, mène en haut
Afin qu'il se détourne du sépulcre, en bas !
Prov. XV, 24.

Parfois, dans ses instructions, la morale juive s'élève jusqu'aux confins de l'Évangile :

Si ton ennemi a faim donne-lui à manger,
S'il a soif donne-lui à boire !
Ne dis pas : Je rendrai le mal !
Attends-toi à l'Éternel et il te délivrera.
Prov. XXV, 21. Prov. XX, 22.

Le second caractère de la sagesse juive c'est qu'elle est restée tout imprégnée de foi en Dieu. Elle s'est renfermée avec modestie dans les lignes de la révélation patriarcale et mosaïque. Elle n'a pas inventé de systèmes tirés de son propre fond. Elle n'a pas échafaudé des théories pour expliquer l'origine et la conservation du monde. Elle n'a pas cru sage de s'élever au-dessus des sources de connaissances révélées ; elle n'a pas non plus combiné les éléments de sa révélation avec des documents païens, comme bien vite l'ont fait les chrétiens hérétiques du second siècle. « Le sage Israélite, dit Oehler, s'en tient à ce que Dieu lui a révélé. Il cherche à agrandir le cercle de ses connaissances, mais sans jamais perdre de vue le double fanal de la loi et de la prophétie. » Il croit au surnaturel, aux interventions de Dieu, quand même il est un « sage ». Il n'imagine pas de tout juger au seul critère de sa raison. Il confesse son ignorance ; il est humble :

Car je suis plus ignorant que personne
Et je n'ai pas l'intelligence d'un homme ;
Et je n'ai pas appris la sagesse
De manière à posséder la connaissance du Très-Saint.
Prov. XXX, 2, 3.

On peut rappeler à ce propos la parole de Socrate quand il affirmait n'être sage qu'à proportion qu'il savait ne rien savoir. Mais précisément cette humilité de la sagesse juive en face de la Révélation, si elle l'a rendue pauvre en systèmes transcendants, l'a enrichie en connaissance vraie de Dieu. Écoutez Job (2) :

Mais la sagesse d'où vient-elle ?
Où est le lieu de l'intelligence ?
Elle est voilée aux yeux de tout vivant,
Elle est cachée aux oiseaux des cieux.
Le lieu de destruction et la mort disent :
Nous en avons entendu parler.
C'est Dieu qui en discerne le chemin,
C'est lui qui connaît son lieu ;
Car lui regarde jusqu'aux bouts de la terre :
Il voit tout ce qui se passe sous les cieux.
Quand il réglait le poids du vent,
Qu'il fixait la mesure des eaux,
Quand il donnait à la pluie ses lois,
Qu'il traçait la route aux éclairs,
Alors il vit la sagesse et la manifesta ;
Il l'établit et même il la sonda.
Il dit à l'homme : La crainte du Seigneur, c'est là la sagesse ;
S'écarter du mal, c'est là l'intelligence.
Job. XXVIII, 20-28.

Les pieux Israélites qui, sans se perdre dans les débauches de l'imagination et de la pensée, mettaient la sagesse en belle et bonne monnaie populaire, qui tiraient de Dieu leurs connaissances et lui rapportaient ensuite le résultat de leurs efforts, ont reçu en récompense d'une telle attitude une part de révélation messianique. Pour eux s'est réalisée à l'avance la déclaration du Seigneur Jésus : « Si vous demeurez dans ma Parole, vous connaîtrez la vérité » (Jean VIII, 32).

Les sages dont nous parlons ont été amenés par intuition à représenter la sagesse comme une personne. C'est une disposition propre à la tournure d'esprit orientale, sans doute, mais qui, fécondée d'Esprit, amènera les sages juifs jusqu'à identifier cette personne avec la divinité elle-même dont elle se fait porte-parole. Cette personnification reprend, avertit, menace, et se sert pour s'exprimer, de l'autorité divine.

La sagesse crie bien haut dans les rues ;
Sur les places elle fait entendre sa voix.
En plein carrefour elle appelle.
Prov. I, 20, 21.

 
Puisque, quand j'appelais, vous avez refusé d'entendre
Moi aussi dans vos malheurs, je rirai ;
Je me moquerai, quand viendra sur vous l'épouvante ;
Puisqu'ils ont dédaigné toutes mes remontrances
Ils se repaîtront du fruit de leur conduite.
Prov. I, 24-31.

Par contre elle fait, revêtue de la même autorité, les plus rassurantes promesses à celui qui tire profit de son enseignement :

Mais celui qui m'écoute habitera en sûreté ;
Il sera tranquille, à l'abri des épouvantes du malheur.
Prov. I, 33.

Continuant sur cette voie, le collège des sages est amené peu à peu et en divers passages à attribuer à la sagesse une existence personnelle. La sagesse n'apparaît plus seulement comme une qualité de Dieu, sous laquelle Dieu se serait momentanément personnifié tout entier, mais comme une intelligence distincte de Lui.

Elle collaborait avec Dieu et posait les fondements du monde, elle était « l'Ouvrière » de Dieu, travaillant dans la joie, se réjouissant surtout de voir apparaître les hommes. Elle existait antérieurement à toutes les oeuvres de Dieu ; elle était en Dieu de toute éternité et dans les paroles d'Agur, de cet Agur qui s'écrie dans son humilité : « Je n'ai pas reçu en partage la science des saints » (Prov. XXX, 3), on rencontre cette expression étonnante à propos de Dieu : « Quel est son nom et le nom de son fils, si tu le sais ? » Ainsi ce courant israélite, différent de celui des prêtres et des prophètes, a eu lui aussi part en son organe, qui est celui de la pensée, à la révélation du Messie qui s'affirmera « la Vérité » en même temps que la vie. Ces hommes ont reçu dans leur cerveau quelque chose de l'inspiration qui animait le coeur des prophètes et sur l'écran de leur raison s'est dessinée la figure de la seconde personne divine.

Cette constatation nous fait penser à la distinction remarquable de précision que Paul fait dans la 1re épître aux Corinthiens entre la sagesse humaine et la sagesse divine. L'homme simplement psychique, réduit à ses seules capacités, à sa raison, à son imagination, nous le savons par toutes les philosophies païennes, par toutes les hérésies étranges, par tous les dérèglements de l'esprit dans lesquels l'humanité a versé et verse encore aujourd'hui, devient parfois la proie d'une sorte de vertige d'erreur auquel le monde des ténèbres n'est pas étranger. Le mensonge a prise sur l'esprit naturel et s'impose avec la puissance de la logique. Tandis que pour Paul, l'homme qui monte au degré pneumatique, dont l'esprit, la pensée sont vivifiés par la communion avec Dieu, qui consent à rester bridé mais aussi gardé par les lignes de la Révélation, ne s'égare plus dans de vains raisonnements, aboutit forcément à Christ et possède la pensée de Dieu. La révélation messianique s'impose à la raison, à la pensée droite et fidèle comme au coeur et à la conscience en une logique merveilleuse. L'équilibre et l'harmonie s'établissent entre les facultés ; il n'y a plus divorce entre la conscience et la raison. Christ entre aussi dans la pensée de l'homme pour la sanctifier et lui apprend à raisonner Juste dans les lignes du vrai.
Quelle richesse pour le règne de Dieu qu'un homme dont la raison, l'intelligence sont converties. Non pas annihilées mais ressuscitées en nouveauté de vie et dont le cerveau travaille, selon les lois naturelles psycho-physiques sans doute, mais aussi dans la sainte discipline des lois du monde spirituel. Il me semble qu'un savant dont la conscience est éclairée de la lumière éternelle, dont le coeur bat pour le Roi, dont l'intelligence purifiée, agrandie par l'Esprit sonde les mystères de la science pour la gloire de Celui qui a donné le monde à l'homme et l'homme au monde, il me semble que ce savant-là serait l'être humain porté au maximum de perfection accessible ici-bas. Demandons à Dieu qu'il suscite de tels hommes à notre jeunesse studieuse, à notre société en désarroi qui en a aujourd'hui plus que jamais un impérieux besoin !


1) On a dit à ce propos que l'adoration remplissait les deux tiers de leur vie et l'activité seulement un tiers.

2) Le livre de Job sort comme les Proverbes de ce milieu de sages juifs qui entouraient Salomon.
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