Voici
j'envoie un Ange
devant toi pour te garder dans le chemin et te
faire entrer dans le lieu que je t'ai
préparé. Prends garde à lui et
obéis à ma voix. Ne lui
résiste pas, car il ne vous pardonnerait pas
votre rébellion, parce que mon nom est en
lui. Mais si tu obéis fidèlement
à sa voix et que tu fasses tout ce que je
dis, je serai un ennemi pour tes ennemis et un
adversaire pour tes adversaires, Car mon Ange
montera devant toi et te fera entrer dans le pays
des Amoréens. Exode
XXIII, 20-23.
Ils buvaient du
rocher
spirituel qui les suivait, or ce rocher
était Christ. 1
Cor. X, 4.
Dieu se sert de tous les éléments,
de la tempête, de la foudre, des tremblements
de terre, des sécheresses, des inondations,
pour parler à la conscience de l'homme.
« Il fait des vents ses ministres et des
flammes de feu ses messagers »
(Ps.
CIV, 4). Mais l'Écriture
nous révèle que très souvent
Dieu emploie les anges pour porter ses messages ou
accomplir ses volontés.
Il faut distinguer entre les
anges ; parmi eux il existe une
hiérarchie. Mentionnons d'abord la masse
anonyme de ceux que l'auteur des Hébreux
appelle « les myriades qui forment le
choeur des anges »
(XII,
22), et qui environnent le
trône du Seigneur. « Leur nombre
était des myriades de myriades, des
milliers de milliers »
(Apoc.
V, 11). Au milieu de cette
armée, il en est auxquels sont donnés
les noms de
« séraphins » et de
« chérubins ». Les
séraphins ne sont cités que dans Esaïe
VI, 2 et 6. Ils entourent
l'Éternel et célèbrent ses
louanges ; ils ont la forme humaine et six
ailes ; de deux ils couvrent leur face, de
deux ils couvrent leurs pieds, de deux ils volent
(1).
Comme
très probablement leur nom signifie
« les brûlants », ou a
émis l'hypothèse qu'ils sont les
représentants de la sainteté divine
et que leur office est de consumer le
péché afin que grâce puisse
être faite au pécheur. D'autres voient
plutôt en eux des êtres dont le nom
semblable au mot arabe
« sherif » signifierait
« chef ».
Les chérubins sont nommés
dans la Genèse
(III,
23) comme gardiens de l'arbre
de vie et armés d'une épée
tournoyante. Ce sont deux chérubins en or
massif qui étendent leurs ailes sur le
couvercle du propitiatoire de l'arche de
l'alliance. Ezéchiel
I, 5 et X,
1, en parle comme d'êtres
vivants qui portent le trône de
l'Éternel et qui avec leurs figures d'homme,
de lion, de taureau et d'aigle représentent
probablement les forces de la création,
Généralement les séraphins et
les chérubins demeurent tout proche de
Dieu.
Se détachant de la foule des
anges, deux d'entre eux sont connus par leur nom,
ce sont les archanges Micaël et Gabriel. Le
nom du premier signifie « qui est comme
Dieu », il paraît être le
représentant du peuple
juif devant Dieu ; tandis que Gabriel signifie
« le héros de Dieu ».
« Si Micaël, dit M. F. Godet,
prépare l'oeuvre finale du Messie comme juge
du monde, Gabriel est l'évangéliste
céleste ; il prélude à
l'oeuvre du Messie en temps que Sauveur du
monde. »
Si les anges déchus sont pour les
hommes des séducteurs, les anges élus
se montrent au contraire pour leurs frères
humains des auxiliaires. Ils sont à l'oeuvre
avec Dieu dans tous les moments capitaux de la vie
du monde. Ils se sont réjouis lors de la
création
(Job
XXXVIII, 7). Ils ont eu une part
d'activité à la promulgation de la
loi
(Gal.
III, 19). Qui ne se souvient de
l'intervention des anges à la naissance,
à la résurrection, à
l'ascension de Jésus et de celle qui leur
est dévolue au retour du Seigneur. Ils
accompagneront celui-ci « sur les
nuées du ciel »
(Matth.
XXV, 31). Ils seront les
moissonneurs de l'ivraie et du bon grain
(Matth.
XIII, 37, 41,
50).
L'Apocalypse donne aux anges un
rôle considérable dans la destruction
de l'univers.
Les anges remplissent aussi à
l'égard des hommes les fonctions de
gardiens : « Gardez-vous de
mépriser un seul de ces petits, je vous dis
que leurs anges voient continuellement la face de
mon Père qui est dans les cieux »
(Matth.
XVIII, 10). Les anges se
réjouissent de la conversion d'un
pécheur
(Luc
XV, 10). Ils se penchent sur le
mystère du salut, désireux
« d'y plonger leur regard jusqu'au
fond »
(1
Pierre I, 12). Par une sorte
d'aberration, les Colossiens, récemment
sortis du paganisme, étaient tentés
de rendre un culte aux anges
(Col.
II,
18).
Ceux-ci ont dû s'en voiler la face
de tristesse. Dérober au Maître,
à Dieu, ne fût-ce qu'une parcelle de
sa gloire, c'est à leurs yeux un effroyable
blasphème. Leur joie, c'est de glorifier
Dieu. Jean voulut se prosterner devant l'ange qui
lui déroulait les tableaux de la fin. Saisi
d'un saint émoi, l'envoyé
céleste s'écria :
« Garde-toi de le faire, je suis ton
compagnon de service et celui de ceux qui gardent
les paroles de ce livre. Adore Dieu !
(XIX,
10 et XXII,
9.)
Quand il est question dans l'Ancien
Testament de l'ange de l'Éternel qui va, qui
vient, apportant au peuple juif le concours de ses
activités diverses, il s'agit parfois d'un
ange quelconque, momentanément revêtu
d'une fonction spéciale, et qui agit alors
en messager direct de l'Éternel. D'autres
fois cette dignité est
réservée à Micaël, le
représentant attitré d'Israël.
Il est certains passages dans lesquels l'ange de
l'Éternel s'identifie avec Jéhova
lui-même. À Moïse, près du
buisson ardent : « L'Ange de
l'Éternel apparut dans une flamme de
feu »
(Ex.
III, 2) et c'était Dieu
en personne puisqu'il dit : « Je
suis le Dieu de ton père.... je suis celui
qui suis »
(Exode
III, 6, 14).
Il est d'autres passages encore
dans lesquels cet Ange tout en étant Dieu
n'est cependant pas Jéhova lui-même et
à ce point de vue, le premier passage de
notre texte est caractéristique. C'est
Jéhova qui parle au peuple et qui lui
dit : « J'envoie un messager devant
toi.... obéis à sa voix, ne lui
résiste pas. »
Cet être n'est pas Jéhova,
autrement Dieu dirait :
« Obéis à ma voix, ne me
résiste pas. » Et pourtant cet
être qui n'est pas Dieu n'est
pas non plus un ange ordinaire,
ni même l'archange Micaël ; il
partage avec Dieu certains attributs comme la
sainteté : « il ne pourrait
pardonner une rébellion définitive,
« le nom de Jéhova est en
lui ». « Si tu obéis
fidèlement à sa voix et que tu fasses
tout et que je dis.... » Ce dernier
passage en particulier montre que la voix de l'Ange
et la parole de Dieu se confondent. Ce que dira
l'Ange sera parole de Dieu. Il y a identité
d'essence, mais différence de rang, puisque
c'est Jéhova qui l'envoie. N'est-ce pas ici
une première divulgation de Celui que Jean
décrira dans son prologue en disant :
« La Parole était avec Dieu et
cette Parole était
Dieu » ?
On comprend que la théologie
juive ait été extrêmement
embarrassée par cette personnalité
mystérieuse dont il est question dans maint
passage. Jacob bénit les fils de Joseph en
disant : « Que le Dieu devant la
face duquel mes pieds ont marché.... que
l'Ange qui m'a délivré de tout mal
bénisse ces enfants ! »
(Genèse
XLVIII, 15). Ainsi
Jacob différencie Dieu et l'Ange et pourtant
il envisage ce dernier comme faisant partie de la
divinité. « Dans toutes leurs
angoisses, Il a été en angoisse et
l'Ange de sa face les a sauvés »
(Esaïe
LXIII, 9), claire
allusion à Exode
XXXIII, 14 où Dieu
répond à Moïse non pas selon nos
traductions : « Je marcherai
moi-même avec toi.... mais « Ma
face ira.... » C'est comme si Dieu
promettait de détacher de lui
« l'Ange de sa face » pour
servir de conducteur à son peuple. Cette
personnalité nouvelle se retrouve : Mal.
III, 1.... « Et
l'Ange de l'alliance que vous désirez, voici
il vient, dit
l'Éternel. » Les rabbins juifs se
cassaient la tête pour trouver une
explication acceptable de ces passages. Nous,
membres de la nouvelle alliance, disciples de
Jésus-Christ, nous ne sommes point
embarrassés par cette apparition
étrange. C'est la seconde personne divine,
le Fils, qui à l'oeuvre avec le Père,
travaillait à créer dans le peuple
juif le seul milieu humain capable de le recevoir,
de le comprendre et de le suivre lors de son
incarnation.
Quelle merveilleuse sagesse dans le plan
de Dieu ! Révéler clairement une
seconde personne divine à Israël
c'était courir le risque de compromettre
l'adoration d'un seul Dieu, le monothéisme,
dans ce peuple qui avait tant de peine à
s'abstenir du polythéisme ;
c'était faire courir l'imagination plus loin
que ne le comportait le degré de salut
réalisable à cette
époque-là. Dieu est trop admirable
pédagogue pour anticiper et accorder
à l'homme une révélation qui
ne soit pas proportionnée à ses
besoins. Comme aussi certains de ses propres
attributs, Dieu les a voilés, tels son amour
si compatissant, sa paternité
plénière, pour former un peuple par
la justice et par la loi. D'autre part, cacher
complètement l'existence et l'action du
Fils, c'était priver l'apparition de
Jésus de racines suffisantes dans le
passé. Il fallait que le Christ pût se
montrer aux regards de la foi,
révélé déjà en
partie, dans l'ancienne alliance pour emporter la
conviction de ses auditeurs juifs. Sur la route
d'Emmaüs, Jésus se découvrit aux
deux disciples aussi bien dans Moïse que dans
les prophètes. Aux apôtres
réunis dans la chambre haute, il
ouvrit l'esprit afin qu'ils
comprissent les Écritures. N'a-t-il pas
alors expliqué le mystère de sagesse
renfermé dans l'activité
voilée de l'Ange de l'Éternel ?
N'a-t-il pas démontré son
identité avec cet être divin, qui
conduisait et sauvait les Israélites dans le
désert, de la même manière
qu'à la synagogue de Nazareth, il montrait,
avec une clarté parfaite, l'accomplissement
de la prophétie
d'Esaïe
LXI à cet instant
même devant les yeux de ceux qui ne les
fermaient pas volontairement à la
lumière de Dieu.
Il est très probable que c'est
l'écho de cette révélation,
accordée par Jésus lui-même
à la jeune Église, que Paul nous
transmet dans le second passage de notre texte
« .... et ce Rocher était
Christ ». La colonne, faite de
nuée pendant le jour, de flamme durant la
nuit, qui conduisait Israël, était un
signe extérieur de la présence de
l'Ange de l'Éternel qui marchait devant le
peuple
(Ex.
XIV, 19). Mais cet envoyé
divin se multipliait ; non seulement il
était source de lumière, guide
sûr, mais aussi l'auteur caché de
l'eau miraculeuse qui désaltéra le
peuple à deux reprises.
Pour le dire en passant et pour
éviter de mettre au compte de l'apôtre
une absurdité, il faut bien comprendre qu'en
affirmant que « ce Rocher était
Christ », Paul ne s'est nullement
approprié la fable rabbinique d'après
laquelle un rocher matériel aurait
roulé à travers le désert
à côté des Israélites,
de manière à leur fournir l'eau
nécessaire. Les deux rochers dont l'eau a
coulé étaient là au moment
où les Israélites sont arrivés
près d'eux et ils y sont
restés quand le peuple
partit. Paul a voulu exprimer cette magnifique
pensée que, derrière ces rochers
matériels et immobiles, il y en avait un
invisible et mobile qui était le
véritable pourvoyeur de l'eau, le Christ
lui-même.
Combien, dès lors, la
scène de la fête des Tabernacles que
Jean raconte au chapitre VII,
37-39 de son évangile
devient compréhensible. Pendant la
fête, on commémorait par des actes
symboliques la traversée du désert.
Le grand jour de la solennité, le
souverain-sacrificateur, à la tête du
cortège, descendait à la source de
Siloé, y remplissait d'eau une cruche d'or
et la rapportait dans le parvis au milieu des cris
de joie de la multitude et au son des instruments
de musique. C'est à ce moment précis
que Jésus dit : « Si
quelqu'un a soif qu'il vienne à moi et qu'il
boive et des fleuves d'eau vive découleront
de son sein. » Personne ne comprit que
là, dans le parvis du temple, se tenait
l'auteur même des bienfaits dont on
célébrait le souvenir ; celui
qui, après avoir été au
désert la source de l'eau salutaire,
était devenu maintenant la véritable
source des eaux vivifiantes du pardon et de la
grâce de Dieu.
Après cela, ne peut-on pas dire
que Christ a été pour Israël au
désert l'auteur de la manne, lui qui devait
se nommer plus tard « le vrai pain du
ciel ».
Et si le serpent d'airain,
élevé sur la perche, a
été regardé par Jésus
comme un type de sa propre personne
élevée sur la croix, ne peut-on pas
envisager que Christ lui-même a
été, derrière le serpent
d'airain, la force qui
guérissait ?
En une certaine mesure on peut affirmer
que Jésus-Christ était en
réalité déjà
« tout » pour Israël, son
guide, son breuvage, son pain, sa
guérison.
N'est-il pas aujourd'hui notre tout
à nous ? Nous avons essayé de
nous abreuver ailleurs qu'à lui,
qu'avons-nous trouvé ? Des fontaines
crevassées, ou de l'eau amère. Nous
avons bu à la source empoisonnée des
plaisirs ; nous avons cherché à
nous désaltérer à la sagesse
humaine et nous avons eu plus soif qu'auparavant.
Nous nous sommes nourris de la cendre de notre
propre justice et nous avons eu faim. Nous nous
sommes tenu lieu de lumière et de guide et
nous nous sommes égarés dans nos
raisonnements, dans notre courte science, nous
avons pris des résolutions sans lui et
embrouillé l'écheveau de notre vie.
Maintenant il est notre colonne de nuée et
nous savons où nous allons, « le
nom de Dieu est en lui » et il nous
conduit au pays de la promesse. Maintenant nous
buvons de l'eau du rocher, nous aimons sa parole et
nous réclamons son Saint-Esprit. Nous
mangeons son corps, nous buvons son sang et notre
âme est rassasiée. Nous avons
regardé à Celui qui a
été élevé sur la croix
et notre coeur a été guéri.
Maintenant nous chantons :
- Jésus mon Roi, mon Maître,
- N'es-tu pas tout pour moi
- La source de mon être,
- Le rocher de ma foi,
- Le soleil qui m'éclaire,
- Le ciel qui me sourit,
- L'eau qui me désaltère,
- Le pain qui me nourrit ?
Je
t'ai pris
au
pâturage, derrière les brebis pour que
tu fusses chef de mon peuple d'Israël....
Quand tes jours seront accomplis et que tu iras
auprès de tes pères,
j'élèverai ta postérité
après toi, l'un de tes fils, et j'affermirai
son règne.... Je l'établirai roi pour
toujours dans ma maison et dans mon royaume et son
trône sera pour toujours affermi. 1
Chron. XVII, 7-14 ; 2
Sam. VII, 12-16.
J'établirai sur
mes brebis un seul pasteur qui les fera
paître, mon serviteur David ; il les
fera paître, il sera leur pasteur ; moi
l'Éternel, je serai leur Dieu et mon
serviteur David sera prince au milieu
d'elles. Ezéch.
XXXIV, 23.
L'Éternel m'a
dit : Tu es mon fils ! je t'ai
engendré aujourd'hui. Demande-moi et je te
donnerai les nations pour héritage. Tu les
briseras avec un sceptre de
fer.
Ps. II, 7-9.
Tu es
sacrificateur
à toujours. Ps.
CX, 4.
On est frappé en lisant l'Écriture
de voir le rôle considérable que joue
David dans l'histoire du Messie.
Si le nom de David est resté si
populaire en Israël, ce n'est pas seulement en
souvenir des actions héroïques que le
fils d'Isaï accomplit avant et après
son élévation au trône, ou
à cause du renom qu'Israël acquit sous
son sceptre, ou encore des psaumes que le
berger-roi composa et qui sont d'entre les plus
beaux cantiques sortis du coeur d'un poète
pieux.
Ces diverses causes ont contribué
pour leur part à donner de l'éclat au
petit souverain juif, David ; mais ce qui
l'auréole d'une beauté toute
particulière aux yeux des Juifs, comme aux
nôtres, c'est son rôle messianique dans
la prophétie. Le Messie promis devait
être un nouveau David. Jésus-Christ a
revendiqué cette filiation ; il s'est
laissé appeler « fils de
David » et maintenant, rentré
auprès du Père, dans les lieux
célestes, un de ses titres de gloire c'est
d'être « le rejeton et la
postérité de David »
(Apoc.
XXII, 16.)
Nous distinguerons successivement en
David l'ancêtre, le type et un des
annonciateurs du Messie.
Il entrait certainement dans le plan de
Dieu qu'Israël devînt une monarchie. Au
temps de Samuel, le peuple s'était trop
hâté de demander un roi, il le
réclamait pour des motifs de peu de valeur.
Il semble que Saül ait été la
réponse provisoire de Dieu à cette
demande anticipée. Dieu, en rejetant
Saül et sa race, agit en souverain qui a
déjà discerné ailleurs celui
qui donnera naissance à la
postérité royale authentique
d'Israël. C'est un jeune homme, le
huitième fils d'Isaï le
Béthléémite, David, dont le
nom signifie « le
bien-aimé ».
« L'Éternel ne considère
pas ce que l'homme considère ; l'homme
regarde à ce qui frappe les yeux, mais
l'Éternel regarde au coeur »
(1
Sam. XVI, 7). Qu'avait donc
distingué Dieu en ce jeune homme pour le
faire oindre par Samuel ? Une intelligence
ouverte, un courage à toute épreuve,
un impérieux besoin de protéger les
faibles, le tressaillement génial du
poète et du musicien, une singulière
capacité d'éprouver l'amertume du
péché, un profond besoin de pardon et
de purification, pour Dieu un transport d'amour qui
va jusqu'au don de soi. Malgré ses fautes,
le jeune berger béthléémite
méritera le titre glorieux
« d'homme selon le coeur de
Dieu ».
Devenu roi, David voudrait que son Dieu
habitât une maison de pierre. Nathan lui
annonce que ce n'est pas lui mais son fils qui
bâtira cette maison, et ce fils, dans la
bouche du prophète, devient le type d'un
descendant futur dont le règne ne cessera
jamais. « Ta maison et ton règne
seront pour toujours assurés, ton
trône sera pour toujours affermi »
(2 Sam.
VII, 16). Dès lors
s'est implantée dans le coeur de David,
comme dans la conscience israélite, la
certitude que le Messie sortirait de la famille
davidique.
Le prophète Esaïe a
confirmé d'une manière
éclatante la déclaration de
Nathan : « Un rameau naîtra du
tronc d'Isaï, un rejeton croîtra de ses
racines »
(XI,
1). Quand bien même il ne
restera de la race royale qu'un tronc coupé,
que des racines invisibles, il en renaîtra
une nouvelle plante et l'Esprit de l'Éternel
reposera sur elle. Le peuple juif était si
certain de cette filiation davidique qu'au jour de
l'entrée de Jésus à
Jérusalem, les enfants chantaient :
« Hosanna au fils de
David ! » L'aveugle Bartimée
s'écriait : « Fils de David,
aie pitié de moi ! » Et
Jésus parlant du Messie aux pharisiens, leur
posa cette question embarrassante :
« Si David a appelé le Messie son
Seigneur, comment est-il son
fils ? »
(Matth.
XXII, 45.)
En même temps que l'ancêtre,
David est aussi le type du Messie.
C'est-à-dire que sa mentalité et sa
manière d'agir comportent de nombreuses
analogies avec celles du Messie à
venir.
Aucun conquérant israélite
n'a égalé David. Après
s'être emparé de Jérusalem, la
forteresse des Jébusiens,
le jeune souverain a battu les Philistins, ces
ennemis héréditaires des Juifs. Il
s'est emparé d'une partie de leur
territoire. Tous les petits peuples environnants,
Moabites, Édomites, Syriens sont
tombés totalement ou partiellement sous sa
domination. Mais si David l'emportait par la force
des armes, il gagnait les coeurs par sa douceur,
par sa justice, par sa piété. Dans
l'armée, des représentants de toutes
les nations vaincues se montraient parmi ses
soldats les plus dévoués. N'est-ce
pas extraordinaire de constater que Ittaï de
Gath, avec ses six cents hommes, un Philistin de la
même ville que le géant Goliath, se
déclare si attaché à David,
qu'il refuse de le quitter au jour de la
révolte d'Absalon ?
(2
Sam. XV.) - Tel aussi le Messie
qui brisera un jour toutes les résistances
et en particulier « les nations avec un
sceptre de fer », mais qui gagne les
coeurs droits par le rayonnement de sa
beauté.
David a laissé le souvenir
extrêmement populaire d'un berger
idéal. Il est celui qui défend son
troupeau avec un courage téméraire.
Il court après l'ours, lui arrache l'agneau
dérobé ; il déchire la
gueule du lion ; il paît ses brebis avec
une fidélité qui s'accompagne de
poésie et de musique durant les belles nuits
étoilées. Tel fut le petit berger
dans les campagnes de Béthléem, tel
fut aussi le roi, le berger d'Israël, un vrai
pasteur de peuple, qui défendait le faible,
qui savait pardonner. Il aimait ses brebis
israélites, il les conduisait
« dans les bons pâturages et le
long des eaux tranquilles » de la loi de
Dieu, et par ses psaumes il apprenait à son
peuple à chanter les hauts
faits et la gloire de son Dieu. Il n'est pas
étonnant d'entendre Ezéchiel faire
cette promesse aux exilés de Babylone,
séduits par les faux prophètes et les
mauvais prêtres :
« J'établirai sur mes brebis un
seul pasteur qui les fera paître, mon
serviteur David ; il les fera paître, il
sera leur pasteur »
(Ezéchiel
XXXIV, 25). Rien ne
pouvait plus réjouir le peuple d'Israël
dans ses membres croyants que l'espoir de voir
revivre le règne d'un David. Il suffit de
rappeler combien cette prophétie s'est
accomplie à la lettre quand Jésus, en
opposition aux larrons et aux mercenaires, a
« compassion de cette multitude sans
bergers « et s'affirme, lui, le bon
Berger. » Le bon Berger donne sa vie pour
ses brebis »
(Jean
X, 11). Nul doute, en parlant
de la sorte, que Jésus n'ait voulu faire
allusion à la prophétie
d'Ezéchiel répétée et
commentée par les docteurs de la
loi.
Enfin David, prophète en
même temps que roi, contemple et annonce avec
respect la venue de ce fils lointain dont il n'est
lui-même que le précurseur. Il en
parle dans quelques-uns de ses psaumes avec une
lucidité étonnante, en même
temps qu'avec adoration. Il sent obscurément
mais fortement que si ce fils descend naturellement
de sa race, il est encore davantage et
surnaturellement de la race divine. Au Ps.
II on trouve ces mots
caractéristiques :
« L'Éternel m'a dit :
« Tu es mon Fils, je t'ai engendré
aujourd'hui » ! Les nations lui sont
données en héritage, il exerce sur
elles une autorité toute-puissante qui va
jusqu'à la possibilité de les
détruire. Ce n'est rien moins que la
question de « l'empire
universel » qui se pose
ici ; question qui a hanté l'esprit de
tous les monarques mais que David voit se
réaliser dans l'avenir de la façon
messianique. Tous sont invités à
« baiser le Fils » pendant
qu'il en est temps et à courber la
tête sous son sceptre, par une soumission
volontaire.
Au Ps.
CX, après avoir de
nouveau considéré ce Fils comme le
Vainqueur, il le contemple revêtu d'une
dignité nouvelle dans la
prophétie : celle du sacrificateur. On
sait combien, en Israël, la charge sacerdotale
était distincte du pouvoir royal. Malheur au
souverain sacrilège qui usurpait une
fonction à laquelle il n'avait pas
droit ! On se souvient de la
malédiction prononcée par Samuel sur
Saül qui, à Guilgal, en l'absence de
l'homme de Dieu, offrit l'holocauste....
« Tu as agi en insensé,
s'écrie le prophète.... maintenant
ton règne ne durera point »
(1
Sam. XIII, 13). Et le roi Ozias ne
fut-il pas frappé de lèpre pour avoir
offert le parfum dans le lieu saint ?
(2
Chron. XXVI, 16 et sq). Or David
voit dans l'avenir un monarque revêtu du
double pouvoir sacerdotal et royal. Il portera le
sceptre et en même temps les
« ornements sacrés »
(Ps.
CX, 3). Il fera la
conquête du monde, mais il fera aussi
l'expiation du péché, non selon le
rite légal, mais comme Melchisédec
qui servait Dieu en roi et en sacrificateur dans la
liberté glorieuse de la communion directe
avec Lui
(v.
4). Cette nouvelle pensée
prophétique du sacrificateur royal se
retrouve dans Zacharie
VI, 13 :
« Il (germe) sera prêtre sur son
trône ! » Et les sujets de ce
roi-prêtre constitueront une
« sainte milice
née comme une rosée
du sein de l'aurore »
(v.
3). « Elle
représentera un peuple innombrable,
formé dans le silence, par le travail secret
de l'action divine et apparaîtra tout
à coup dans sa fraîcheur et sa
pureté, au matin d'un jour
nouveau. »
David fut ainsi le prophète
privilégié par excellence. Non
seulement il a contemplé le Messie, mais il
a su qu'il en était l'ancêtre et comme
le précurseur.
Et pourquoi cet homme fut-il
distingué par Dieu de la sorte ?
Pourquoi devint-il comme Abraham, un initiateur, un
de ces piliers sur lesquels repose, à
travers l'histoire, le plan de Dieu, malgré
le sang versé, malgré ses
crimes ? Parce qu'il sentait son
péché, parce qu'il avait besoin du
pardon et parce qu'il aimait Dieu avec passion. Les
défauts n'auraient pas tardé à
prendre le dessus sur les qualités, le
tempérament sur le caractère s'il
n'avait pas fait partie de cette race d'êtres
humains privilégiés entre tous qui
expérimentent « combien heureux
est l'homme dont la transgression est remise et
dont le péché est
couvert. »
Au lieu de porter son attention sur les
traits spirituels du nouveau David, sur sa
sainteté, sur son attitude de vrai berger,
le peuple juif matérialisa la promesse dans
une pensée d'ambition et de grandeur
charnelles. Il ne rêva plus qu'un
Messie-conquérant, chassant les ennemis de
la Palestine et réunissant sous son sceptre
une monarchie universelle dans laquelle Israël
recueillerait le tribut de tous les peuples et
imposerait sa loi par la force. Aussi,
quand Jésus parut,
« doux et humble de coeur »,
ceint d'une royauté purement spirituelle,
habile à se soustraire aux manifestations
tumultueuses, exigeant des siens le renoncement et
l'humilité, les classes dirigeantes, dont
les ambitions étaient déçues,
ne voulurent pas reconnaître en lui l'objet
de la prophétie. Elles ne pouvaient
entrevoir deux venues du même Messie, la
première en chair et en humilité, la
seconde en gloire et en puissance, dont les
fidèles, les apôtres, reçurent
plus tard la révélation
spéciale.
Seule a reconnu Jésus, et le
reconnaît encore, cette jeune milice
formée dans la foi à l'école
de Dieu qui veille et qui prie et que le Messie
glorieux accueillera à sa rencontre, quand
il viendra sur la terre fonder son règne de
paix.
Soyons de ceux qui grandissent en
humilité, en fidélité sous la
houlette du bon Pasteur de nos âmes, et dont
les espoirs eux-mêmes sont purifiés de
toute pensée d'orgueil.
L'Éternel m'a possédée comme prémices de ses voies, Comme première de ses oeuvres, dès les temps anciens. J'ai été établie dès les temps éternels. Prov. VIII, 22, 23.
Au temps héroïque de David, des
supplications instantes à l'Éternel,
un souffle de foi qui transporte. des montagnes,
des ordres de marche et des bruits de bataille,
puis au retour, après la victoire, des
cantiques de délivrance.
Au temps de Salomon, derrière des
frontières assurées, au milieu de la
tranquillité de temps prospères, les
sages ont le loisir de réfléchir, de
peser, d'écrire à tête
reposée. Ils cherchent et
démêlent les causes profondes des
faits et gestes des hommes. Ils exposent le sens de
la vie et sans ignorer la révélation
de la Loi et des Prophètes, en suivant le
filon de « la Sagesse », ils
remontent à la cause première. C'est
l'école de philosophie et de sagesse des
Juifs.
Cette sagesse juive revêt deux
caractères qui la distinguent nettement de
celle des autres nations.
Elle est animée d'une saine
morale. La sagesse juive a pour but de former
à l'intégrité le coeur et la
conscience de l'Israélite. Elle fait des
« justes » au sens plein de
l'Ancien Testament.
- Écoute, mon fils, et reçois mes paroles,
- Les années de ta vie en seront multipliées ;
- C'est la voie de la sagesse que je te montre ;
- Je te fais marcher dans les sentiers de la droiture ;
- .... Ne marchez pas dans la voie des méchants ;
- .... Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante,
- Qui va grandissant jusqu'au plein jour.
- Mon fils, sois attentif à mes paroles,
- .... Éloigne de toi la fourberie des lèvres !
- Détourne ton pied du mal !
Alors que toutes les morales païennes finissaient toujours, à travers leurs élucubrations par favoriser, les sens, qui mettra jamais en garde le jeune homme, par des paroles plus sages que celles des Proverbes contre les séductions de l'impudicité ?
- Et voici une femme vint au-devant de lui,
- Avec la mise d'une courtisane et un coeur astucieux.....
- Elle le séduisit par son éloquence ;
- Elle l'entraîna par ses paroles doucereuses.
- Il se mit tout à coup à la suivre,
- Comme le boeuf qui va à la boucherie,
- Comme un homme garrotté qui va au châtiment de l'insensé,
- Jusqu'à ce qu'une flèche lui transperce le foie ;
- Comme l'oiseau qui se précipite vers le filet,
- Sans savoir qu'il y va de sa vie.
- Prov. VII, 21-23.
D'autre part où trouve-t-on un plus bel éloge de la femme vaillante que dans les paroles de Lemuel :
- Le coeur de son mari s'assure en elle ;
- Elle lui fait du bien et non du mal.
- Elle travaille d'une main joyeuse.
- Elle ouvre ses mains aux malheureux
- Et les tend à l'indigent.
- Elle ouvre sa bouche avec sagesse
- Et une instruction aimable est sur ses lèvres.
- Prov. XXXI, 10-27.
Cette sagesse avec sa saine morale n'exclut pas l'observation fine. Qui n'a goûté cette sentence :
- Des pommes d'or dans un vase d'argent ciselé,
- Telles sont des paroles dites à propos.
- Prov. XXV, 11.
Cette description en un simple distique d'un paysan madré qui trafique au marché, n'est-elle pas prise sur le vif ?
- Mauvais, mauvais ! dit l'acquéreur,
- Puis, s'en allant, il se félicite.
- Prov. XX, 14.
Tout en décrivant la vie du monde avec bon sens, cette sagesse n'oublie jamais les réalités spirituelles.
- Le sentier de la vie, celui du sage, mène en haut
- Afin qu'il se détourne du sépulcre, en bas !
- Prov. XV, 24.
Parfois, dans ses instructions, la morale juive s'élève jusqu'aux confins de l'Évangile :
- Si ton ennemi a faim donne-lui à manger,
- S'il a soif donne-lui à boire !
- Ne dis pas : Je rendrai le mal !
- Attends-toi à l'Éternel et il te délivrera.
- Prov. XXV, 21. Prov. XX, 22.
Le second caractère de la sagesse juive c'est qu'elle est restée tout imprégnée de foi en Dieu. Elle s'est renfermée avec modestie dans les lignes de la révélation patriarcale et mosaïque. Elle n'a pas inventé de systèmes tirés de son propre fond. Elle n'a pas échafaudé des théories pour expliquer l'origine et la conservation du monde. Elle n'a pas cru sage de s'élever au-dessus des sources de connaissances révélées ; elle n'a pas non plus combiné les éléments de sa révélation avec des documents païens, comme bien vite l'ont fait les chrétiens hérétiques du second siècle. « Le sage Israélite, dit Oehler, s'en tient à ce que Dieu lui a révélé. Il cherche à agrandir le cercle de ses connaissances, mais sans jamais perdre de vue le double fanal de la loi et de la prophétie. » Il croit au surnaturel, aux interventions de Dieu, quand même il est un « sage ». Il n'imagine pas de tout juger au seul critère de sa raison. Il confesse son ignorance ; il est humble :
- Car je suis plus ignorant que personne
- Et je n'ai pas l'intelligence d'un homme ;
- Et je n'ai pas appris la sagesse
- De manière à posséder la connaissance du Très-Saint.
- Prov. XXX, 2, 3.
On peut rappeler à ce propos la parole de Socrate quand il affirmait n'être sage qu'à proportion qu'il savait ne rien savoir. Mais précisément cette humilité de la sagesse juive en face de la Révélation, si elle l'a rendue pauvre en systèmes transcendants, l'a enrichie en connaissance vraie de Dieu. Écoutez Job (2) :
- Mais la sagesse d'où vient-elle ?
- Où est le lieu de l'intelligence ?
- Elle est voilée aux yeux de tout vivant,
- Elle est cachée aux oiseaux des cieux.
- Le lieu de destruction et la mort disent :
- Nous en avons entendu parler.
- C'est Dieu qui en discerne le chemin,
- C'est lui qui connaît son lieu ;
- Car lui regarde jusqu'aux bouts de la terre :
- Il voit tout ce qui se passe sous les cieux.
- Quand il réglait le poids du vent,
- Qu'il fixait la mesure des eaux,
- Quand il donnait à la pluie ses lois,
- Qu'il traçait la route aux éclairs,
- Alors il vit la sagesse et la manifesta ;
- Il l'établit et même il la sonda.
- Il dit à l'homme : La crainte du Seigneur, c'est là la sagesse ;
- S'écarter du mal, c'est là l'intelligence.
- Job. XXVIII, 20-28.
Les pieux Israélites qui, sans se perdre
dans les débauches de l'imagination et de la
pensée, mettaient la sagesse en belle et
bonne monnaie populaire, qui tiraient de Dieu leurs
connaissances et lui rapportaient ensuite le
résultat de leurs efforts, ont reçu
en récompense d'une telle attitude une part
de révélation messianique. Pour eux
s'est réalisée à l'avance la
déclaration du Seigneur Jésus :
« Si vous demeurez dans ma Parole, vous
connaîtrez la
vérité »
(Jean
VIII, 32).
Les sages dont nous parlons ont
été amenés par intuition
à représenter la sagesse comme une
personne. C'est une disposition propre à la
tournure d'esprit orientale, sans doute, mais qui,
fécondée d'Esprit, amènera les
sages juifs jusqu'à identifier cette
personne avec la divinité elle-même
dont elle se fait porte-parole. Cette
personnification reprend, avertit, menace, et se
sert pour s'exprimer, de l'autorité divine.
- La sagesse crie bien haut dans les rues ;
- Sur les places elle fait entendre sa voix.
- En plein carrefour elle appelle.
- Prov. I, 20, 21.
- Puisque, quand j'appelais, vous avez refusé d'entendre
- Moi aussi dans vos malheurs, je rirai ;
- Je me moquerai, quand viendra sur vous l'épouvante ;
- Puisqu'ils ont dédaigné toutes mes remontrances
- Ils se repaîtront du fruit de leur conduite.
- Prov. I, 24-31.
Par contre elle fait, revêtue de la même autorité, les plus rassurantes promesses à celui qui tire profit de son enseignement :
- Mais celui qui m'écoute habitera en sûreté ;
- Il sera tranquille, à l'abri des épouvantes du malheur.
- Prov. I, 33.
Continuant sur cette voie, le collège des
sages est amené peu à peu et en
divers passages à attribuer à la
sagesse une existence personnelle. La sagesse
n'apparaît plus seulement comme une
qualité de Dieu, sous laquelle Dieu se
serait momentanément personnifié tout
entier, mais comme une intelligence distincte de
Lui.
Elle collaborait avec Dieu et posait les
fondements du monde, elle était
« l'Ouvrière » de Dieu,
travaillant dans la joie, se réjouissant
surtout de voir apparaître les hommes. Elle
existait antérieurement à toutes les
oeuvres de Dieu ; elle était en Dieu de
toute éternité et dans les paroles
d'Agur, de cet Agur qui s'écrie dans son
humilité : « Je n'ai pas
reçu en partage la science des
saints »
(Prov.
XXX, 3), on rencontre cette
expression étonnante à propos de
Dieu : « Quel est son nom et le nom
de son fils, si tu le sais ? » Ainsi
ce courant israélite, différent de
celui des prêtres et des prophètes, a
eu lui aussi part en son organe, qui est celui de
la pensée, à la
révélation du Messie
qui s'affirmera « la
Vérité » en même
temps que la vie. Ces hommes ont reçu dans
leur cerveau quelque chose de l'inspiration qui
animait le coeur des prophètes et sur
l'écran de leur raison s'est dessinée
la figure de la seconde personne divine.
Cette constatation nous fait penser
à la distinction remarquable de
précision que Paul fait dans la 1re
épître aux Corinthiens entre la
sagesse humaine et la sagesse divine. L'homme
simplement psychique, réduit à ses
seules capacités, à sa raison,
à son imagination, nous le savons par toutes
les philosophies païennes, par toutes les
hérésies étranges, par tous
les dérèglements de l'esprit dans
lesquels l'humanité a versé et verse
encore aujourd'hui, devient parfois la proie d'une
sorte de vertige d'erreur auquel le monde des
ténèbres n'est pas étranger.
Le mensonge a prise sur l'esprit naturel et
s'impose avec la puissance de la logique. Tandis
que pour Paul, l'homme qui monte au degré
pneumatique, dont l'esprit, la pensée sont
vivifiés par la communion avec Dieu, qui
consent à rester bridé mais aussi
gardé par les lignes de la
Révélation, ne s'égare plus
dans de vains raisonnements, aboutit
forcément à Christ et possède
la pensée de Dieu. La
révélation messianique s'impose
à la raison, à la pensée
droite et fidèle comme au coeur et à
la conscience en une logique merveilleuse.
L'équilibre et l'harmonie
s'établissent entre les
facultés ; il n'y a plus divorce entre
la conscience et la raison. Christ entre aussi dans
la pensée de l'homme pour la sanctifier et
lui apprend à raisonner Juste dans les
lignes du vrai.
Quelle richesse pour le règne de
Dieu qu'un homme dont la raison, l'intelligence
sont converties. Non pas annihilées mais
ressuscitées en nouveauté de vie et
dont le cerveau travaille, selon les lois
naturelles psycho-physiques sans doute, mais aussi
dans la sainte discipline des lois du monde
spirituel. Il me semble qu'un savant dont la
conscience est éclairée de la
lumière éternelle, dont le coeur bat
pour le Roi, dont l'intelligence purifiée,
agrandie par l'Esprit sonde les mystères de
la science pour la gloire de Celui qui a
donné le monde à l'homme et l'homme
au monde, il me semble que ce savant-là
serait l'être humain porté au maximum
de perfection accessible ici-bas. Demandons
à Dieu qu'il suscite de tels hommes à
notre jeunesse studieuse, à notre
société en désarroi qui en a
aujourd'hui plus que jamais un impérieux
besoin !
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