Le nouveau bateau le « Deccan » que nous avons pris à
Colombo (Ceylan) est loin d'être aussi agréable que celui que nous y
avons laissé.
Nous y serons heureux quand même. Quelle
bénédiction que d'être pleinement satisfait en tout lieu et en toute
circonstance ! Dieu soit loué de ce qu'il nous donne de l'être.
Quoi qu'il advienne, nous pourrons toujours tout
envisager avec calme. Nous ne voudrions pas retourner en arrière, ni
être d'un seul jour plus près de vous et de la maison. Tout est si
bien pour nous ! Nous avons lieu d'être les gens les plus
reconnaissants du monde. Comptez cela non seulement pour de la joie,
mais pour une joie parfaite, et unissons chaque jour nos voix pour
louer Celui qui nous trouve dignes de la posséder.
À PENANG, notre bateau a été inondé de Chinois.
Le pont de nos secondes classes en est couvert. Je
m'échappe un moment pour vous l'annoncer. Ce sont tous des passagers
de pont. On dit qu'à SINGAPORE nous en aurons un
plus grand nombre. Notre petit pont en sera littéralement couvert. Je
ne vois pas où ils pourront se coucher la nuit, et encore moins
comment ils pourront se mouvoir le jour. Ce sont de vrais Chinois,
avec la tête rasée, la longue queue de cheveux et la peau jaune, tous
si étranges ! Ils causent beaucoup entre eux ils paraissent doux
et aimables et nous regardent en souriant. Nous désirons tout d'abord
les aimer. Nous avons été pris, a l'improviste, leur arrivée a été si
soudaine !
Après, dîner, je montais tranquillement sur le
pont, comptant m'y installer pour écrire, si toutefois la chaleur me
le permettait, quand je me trouve en face de quarante Chinois, hommes,
femmes, enfants, avec leurs bagages : lits, pipes, malles,
paquets ; il y en avait partout ! Telle fut ma première
rencontre avec le peuple de mon adoption.
Après, les avoir considérés pendant quelques
minutes, agitée par des sentiments divers, je m'éloignai, et,
m'appuyant sur la balustrade du bateau, je demandai à Dieu que son
amour se répandit dans mon coeur maintenant
Je me retournai et je vis près de moi une de ces pauvres
créatures me regardant attentivement avec une figure épanouie. Je
compris alors que c'était un privilège de pouvoir venir vers les
Chinois se faire « tout à eux » et à n'importe quel prix
« en gagner quelques-uns. » Priez pour que nous entrions
pleinement dans l'esprit de notre Maître dont le coeur est ému de
compassion envers ceux qui sont fatigués et chargés, quelque peu
attrayants qu'ils puissent être.
Nous sommes dans le détroit de Malacca. Les eaux
tranquilles de l'étroit canal sont animées par un chassé-croisé
incessant de barques indigènes à la forme bizarre,
aux agrès pittoresques, et de petits canots dirigés, par de joyeux
garçons, prodiges d'agilité et de courages.
Nous voyons au nord l'île de Singapore, et à notre
droite, se trouvent de charmantes petites îles gracieuses, inondées de
lumière, ravissantes avec leur verdure toujours fraîche, et semblables
à de magnifiques émeraudes se baignant dans une mer d'argent, Ça et
là, sur les rives, ou au sommet des collines, au-dessus des grands
palmiers, on aperçoit le toit rouge de jolies, petites maisons ;
mais la plupart du temps ces sites enchanteurs, ne contiennent que des
bois et des jungles silencieuses.
Les forêts tropicales qui entourent Singapore et qui même
s'étendent dans la ville, sont magnifiques avec leur végétation si
riche et si colorée, leur sol rouge et leurs palmiers aux cimes
empanachées s'agitant sous le ciel bleu.
Ailleurs la mer entre dans les terres et forme des
lagunes au milieu des forêts. On aperçoit alors maint village bâti sur
pilotis.
Le sifflet du bateau se fait entendre. Nous,
repartons. J'écrirai de nouveau après le thé...
... Le sifflet s'est vainement fait entendre, la
machine a fait d'inutiles efforts ; nous n'avons pas pu repartir.
La marée s'était retirée trop loin, le bateau était enfoncé dans la
boue. Rien de plus drôle que l'air déconfit du capitaine et des autres
officiers obligés de reconnaître que nous ne pouvons nous remettre en
marche que demain matin à la marée montante.
La pendule marquait environ sept heures, quand
Mary, M. Pigott et moi descendîmes à terre malgré l'obscurité.
Tout était silencieux et plein de mystère dans
cette nuit noire au milieu de la jungle. Nous tenant solidement
attachés les uns aux autres, nous nous engageâmes sur la route qui
conduit à Singapore à travers les bois.
À peine étions-nous, au milieu de la jungle, que la
lune se leva éclairant notre sentier. Je laissai aller mes compagnons
vu avant et restai seule un moment dans le silence
de la forêt. C'était saisissant. Je distinguais comme le bourdonnement
de cette vie tropicale débordante que nous avions déjà observée ;
et par de là les plus hauts palmiers et les nuages flottants, avec
quel bonheur je contemplais les étoiles de Dieu !
Faire une course en jinriksha ! le pouvions-nous,
l'osions-nous ? Quel véhicule étrange ! Nous avions déjà
beaucoup vu de ces voitures tirées et maintenues en équilibre par un
Chinois. Allions-nous maintenant nous mettre à la merci d'un être sur
lequel nous ne pourrions avoir aucune action, à qui nous ne pourrions
faire entendre un seul mot, ne sachant rien de la langue du
pays ? Mais, le chemin est long, la nouveauté attrayante, :
« Mary, si tu veux, allons ! » Et nous montâmes.
Représentez-vous, une voiture d'enfants, perchée
sur deux roues hautes et légères et précédée de deux bras longs et
minces se rejoignant en un demi-cercle. Le véhicule est traîné par un
coolie vêtu d'un costume des moins embarrassants et est éclairé la
nuit par deux lampes placées de chaque côté. C'est là la belle voiture
chinoise, celle qui prévaut partout où le Chinois est en majorité.
Les bras de notre jinriksha furent abaissés
jusqu'à ce que l'extrémité en touchât le sol. Nous y prîmes
place ; et notre Chinois levant subitement les bras de dessus le
sol, nous lança en arrière sans la moindre cérémonie. Il partit alors
d'un pas si précipité que, malgré toutes ses représentations, M.
Pigott eut grand-peine à lui tenir pied.
Comme nous avons ri, cramponnées l'une à l'autre sur notre
siège étroit !
Tout nous paraissait si étrange ! la figure
épanouit, de celui qui nous conduisait, ses habits bleus flottants,
son grand chapeau de paille tout plat et sa queue de cheveux, non pas
gracieusement agitée, mais bien serrée sous, son large chapeau. Nous
pouvions à peine croire que c'était réellement nous qui roulions sur
cette route entre deux forêts de bananiers, et de palmiers, à la lueur
de la lune et des étoiles.
Un peu plus loin nous rencontrâmes une autre jinriksha
que M. Pigott se hâta de prendre pour son propre usage ; alors,
rien n'entravant plus notremarche, nous nous
dirigeâmes grand train vers les rues brillamment éclairées de
Singapore. Une fois là, il fallut aller plus doucement : nous
circulâmes au milieu de la foule affairée et des merveilles de cette
ville étonnante. De jour cette cité doit être curieuse, mais à cette
heure, à la lueur effacée et mystérieuse de mille lanternes, elle
paraît plus étrange encore. Vu l'heure avancée, nous n'allâmes pas au
delà du quartier chinois, qui est immense, puisqu'il compte cent mille
habitants.
Il nous parut bien intéressant d'examiner ces
multitudes d'hommes (on ne voyait point de femmes) à pied, en jinriksha
ou dans de grandes voitures, découvertes, traînées par de vigoureux
petits poneys.
La majorité des coolies ne portent presque pas de
vêtements. Leur peau est légèrement brune comme celle des Arabes,
d'Aden, mais leur type est loin d'avoir les proportions gracieuses de
ces fils du désert. Ils sont plutôt petits, carrés, fortement membrés.
Les Chinois que j'ai vus jusqu'à présent avaient l'air inculte et
grossier, comparés aux Hindous et aux belles races malaises.
Cependant leur visage était souvent intelligent,
leurs yeux, brillants et expressifs. Voyez maintenant Ceux qui
remplissent presque toutes les jinrikshas dont les rues sont
encombrées. Leur extérieur est distingué, je pense que ce sont des
gentlemans. Ils sont habillés de soie aux pâles couleurs ; leur
longue queue, entrelacée de cordons rouges ou bleus, est terminée par
de superbes, glands. Ils causent d'une façon animée. Leur physionomie
ne peut manquer d'intéresser le voyageur.
Nos coeurs sont attirés vers le peuple de notre
adoption et nous pensons au moment où nous les aimerons comme nous ne
pouvons le faire encore.
Hier, à bord, je fus témoin d'une scène
intéressante. En entrant au salon, je remarquai un groupe de Chinois
debout, absorbés par la lecture d'une brochure.
M'approchant sans être vue, je découvris que cette
brochure n'était autre chose qu'un évangile de Marc que M. Pigott leur
avait donné. L'un d'entre eux, un vieillard à cheveux blancs, lisait à
haute voix, suivant chaque mot du doigt, taudis que les autres, tout
près de lui, écoutaient avec une profonde attention.
Comme j'aurais voulu faire l'esquisse de ces
figures ! Leur expression mêlée d'intérêt,
d'étonnement et de crainte, était très remarquable. Au premier moment,
les Chinois éprouvent toujours quelque crainte à la pensée des
mauvaises influences que peut avoir la nouvelle doctrine. J'observai
quelque temps ceux que j'avais devant moi, et je priai de tout mon
coeur pour que la lumière d'En haut brillât sur eux.
Il faut que je vous raconte nos premiers achats à la mode
chinoise.
Ayant besoin d'un de ces paillassons réfrigérants
dont ou se sert comme de couche et qu'on ne fabrique qu'à Singapore,
nous donnâmes l'ordre à notre coolie de nous conduire où nous
pourrions en faire l'emplette. Il nous fit parcourir des rues
étranges, devant de longues rangées de boutiques dont les devantures,
grandes ouvertes étaient surmontées de lanternes, chinoises avec de
gros caractères rouges servant de réclame. Il s'arrêta enfin devant un
sombre petit magasin où plusieurs chinois étaient installés. Nous
descendîmes avec précaution de nos jinrikshas, et nous nous dirigeâmes
vers, le marchand assis sur son comptoir, les jambes repliées, sous
lui et la mine réjouie. Heureusement il comprenait le dialecte
mandarin, le seul à notre usage. Avec force sourires affables, il
étala sa marchandise et il fit complaisamment ressortir toutes les
qualités. Les voisins et les amis se rassemblèrent du dedans et du
dehors pour assister à cet assaut de paroles et en attendre l'issue.
Il était curieux de voir l'intérêt que ces gens pouvaient mettre à
cette opération.
Ici M. Pigott est très habile. Avec la meilleure
humeur, il raillait le commerçant sur son désir de s'enrichir trop
vite, et faisait rire tout le monde aux éclats. Le boutiquier,
toujours perché sur son comptoir, dans, une position que vous ne
pouvez vous figurer (je crois, vraiment qu'il se balançait sur un
orteil), le boutiquier, dis-je, de l'air le plus innocent, réclamait
toujours le prix extravagant qu'il nous avait fait tout d'abord. La
patience néanmoins gagna la bataille ; après beaucoup de
haussements d'épaules, desourires et de gestes
presque désespérés, notre homme consentit au prix offert par M.
Pigott.
Ensuite, désirant acheter quelques photographies
pour vous les envoyer, nous tâchâmes de faire comprendre notre désir à
notre coolie ; aussi le bonhomme arrêta-t-il bientôt notre
jinriksha devant un escalier sombre et mystérieux. Tout en nous
demandant où il pouvait bien conduire, nous le gravîmes et nous nous
trouvâmes dans un magnifique atelier de portraitiste indigène. Le
maître était là, tout entouré des merveilles de son art. Six ou Sept
Chinois ses élèves assurément, s'y trouvaient. Nous apercevant que
l'apparition de deux jeunes dames anglaise, accompagnées d'un
gentleman les plongeait dans l'étonnement le plus profond, nous
battîmes en retraite au plus tôt. Au bas de l'escalier nous entendions
encore les exclamations de surprise .....
Nous reprîmes le chemin du port, encore éclairés
par la lune, et nous, arrivâmes sains et saufs sur
notre bon Deccan toujours retenu dans la boue.
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Jeudi 11, Mars.
Nous partons ! Cette fois c'est la réalité ! Il est
environ six heures. Une brise matinale souffle délicieusement. Comme
la nature paraît ravissante et fraîche au lever du soleil ! Les
hautes falaises rouges des îles voisines, couronnées de palmiers, se
mirent dans les eaux où de petits esquifs indigènes glissent çà et là
avec leurs longues voiles pointues, leurs toits d'herbes et leurs
personnages aux costumes éclatants. Le tout est enveloppé des brumes
légères de cette radieuse matinée. Vus à travers ce voile, les fiers
vaisseaux de la flotte britannique à l'ancre en ce moment dans la baie
de Singapore, n'en paraissent que plus imposants. Bien loin vers
l'est, un de ces bâtiments semble surgir du lieu même où le soleil se
lève. Sa mâture se détache, noire comme la nuit, sur l'horizon
embrasé.
Nous glissons si rapidement entre les petites
vagues vertes que nous l'atteignons tandis que j'écris encore. Le
voilà à notre gauche ; puis, loin derrière nous. Maintenant les
rayons glorieux du soleil l'inondent. Quelle transformation !
Plus de teintes sombres, mais une blancheur éclatante qui le rend
semblable à un bel oiseau aux larges ailes d'argent, porté sur la
brise du matin.
N'est-ce pas ainsi que la glorieuse lumière de Dieu
produit la transformation de notre coeur dans la mesure où nous
l'acceptons et la réfléchissons ?
« Dans ta lumière nous verrons la
lumière. »
Oh ! priez pour que nous marchions toujours
joyeuses dans la lumière de Dieu !
Par un magnifique coucher de soleil, nous entrons dans le canal
qui sépare la province de Canton d'un groupe de ravissantes petites
îles qui se trouvent devant nous et à notre droite, et dont Hong-Kong
(1) est la principale.
Elles forment autour de nous un vaste amphithéâtre
de hautes collines qui s'inclinent rapidement vers la mer, et dont les
cimes paraissent toutes rouges dans le brouillard du soir. Derrière,
au nord, les montagnes du continent se détachent hardiment sur le
ciel. Les eaux du canal sont animées par de nombreuses embarcations
chinoises, de curieuses jonques, larges, massives, les voiles carguées
pour la plupart. Quelques-unes, cependant, voguent avec une rapidité
merveilleuse.
Que ces collines en terrasse sont jolies ! Et
ces constructions européennes avec leur toit en belvédère !
Presque tous les passagers de première classe
quittent le « Deccan » à Hong-Kong pour prendre d'autres
bateaux. L'un de ces voyageurs est venu nous faire ses adieux. Nous en
avons profité pour l'engager encore à croître dans la connaissance du
Seigneur. Là dessus, me serrant la main, il me dit avec
solennité, : « Je vous remercie de ce que vous m'avez montré
cette « Lumière de la vie. » - « Montrer cette
Lumière » quelle vocation bénie !
Plusieurs de nos compagnons de route ont paru
profondément intéressés par les paroles que le Seigneur nous a rendus
capables de leur dire. Bien des fois j'ai été surprise et touchée de
leur reconnaissance et de leur empressement à rechercher des
entretiens avec nous. Priez que Dieu bénisse notre travail et lui
fasse porter des fruits permanents.
Nous voici en vue de Victoria, une jolie ville,
située sur les rochers, et ombragée d'une verdure luxuriante. Nombre
de Chinois montés sur leurs petites chaloupes à vapeur, s'approchent
de notre bateau pendant que nous nous dirigeons vers le quai.
Quelques-uns sont pleins de gaîté, cela nous encourage. Ils diffèrent
absolument des pauvres coolies que nous avions à bord de Penang à
Singapore. Ils sont vraiment attrayants. Voyez par exemple celui qui
s'approche de nous. Il est grand, bien droit, propre, très bien
habillé ; avec goût, je vous prie de le croire ; ses
vêtements sont de soie grise, Ses bas sont blancs et sa chaussure est
de satin noir magnifiquement brodé. Pour le moment, il nous paraît
être un Chinois joyeux, intelligent, capable et actif, un délicieux
Chinois. Il ne peut pas être un fumeur d'opium, comme beaucoup de ceux
qui voyageaient avec nous, j'en suis sûre.
Mais voici que nous longeons déjà la jetée ...
Maintenant nous voilà à l'ancre, le long du quai en bois. Les grandes
portes qui séparent ce quai de la ville sont encore fermées, et une
foule de Chinois en attend l'ouverture avec impatience. Oh !
quelle scène : On ouvre les portes ; et, semblables à un
torrent, ils se précipitent, envahissent la jetée et grimpent de tous
côtés sur notre bateau. Si vous aviez pu les voir ! les uns
criant, hurlant, saisissant les bagages, emportant les malles,
déchargeant la cargaison, les autres vendant leurs rafraîchissements
et leurs bibelots ! Quelle foule ! vrais, vrais Chinois,
ceux-ci, et de toutes les sortes. En voici un corpulent, majestueux,
vêtu d'un splendide costume du bleu le plus vif, et chaussé de
souliers vert de mer ! Ce doit être un personnage officiel. Il a
l'air si digne, si important !
La plupart de nos envahisseurs sont des coolies,
c'est dire qu'ils sont peu embarrassés par leur costume. Le seul
vêtement qu'ils possèdent semble être en calicot
bleu-gris, souvent lavé et raccommodé. Leurs queues sont, pour la
circonstance, toutes relevées et nouées, quelquefois empaquetées de la
façon la plus comique.
Nous entrons sous une grande véranda où Mme Chalmers et ses
deux filles nous reçoivent avec beaucoup de cordialité. Elles nous
introduisent dans un beau salon dont les fenêtres dominent la baie, et
elles nous offrent à goûter.
Le Dr. Chalmers nous entretient longuement de
l'activité missionnaire en Chine. Lui-même est dans ce pays depuis
1852. Il nous parle des progrès de l'oeuvre dans Hong-Kong même,
surtout de ceux de la Société Missionnaire de Londres, dont il est un
des plus anciens, agents. La Société possède dans la grande et belle
ville de Victoria trois maisons européennes bâties dans un vaste
enclos sur la colline. Une dame anglaise, Miss Roc, seconde M.
Chalmers dans son travail ; elle occupe une de ces habitations
avec M. et Mme Bonfield. Le docteur n'a pas d'autres compagnons
d'oeuvre. À ma grande joie, M. Bonfield connaît parfaitement East-End
(2) et notre institut d'Harley
House.
Le docteur Chalmers et Miss Roe ont la surveillance
de dix-neuf écoles chinoises dans la ville et dans le reste de l'île.
Ces écoles sont soutenues par le gouvernement, qui accorde une
gratification aux enfants dès qu'ils sont arrivés à un certain degré
d'instruction. Les instituteurs sont tous chrétiens, et la Bible est
régulièrement enseignée. Cinq de ces écoles sont également des
stations missionnaires; leurs instituteurs combinent l'oeuvre de
l'évangélisation avec leurs autres devoirs. Un service a lieu à la fin
de chaque journée. Les convertis de toutes ces stations et d'autres
encore se réunissent dans une église centrale, et sont maintenant au
nombre de deux cent soixante et dix.
Outre la Société Missionnaire de Londres, trois
sociétés ont aussi des agents à Hong-Kong : La Société
Missionnaire de l'Église Anglicane à laquelle se rattache une école
importante dirigée par deux darnes anglaises, sous les auspices de la
Société d'Éducation française ; et deux sociétés de missions
allemandes, celle de Berlin et celle de Bâle.
Après le goûter chez le Dr, Chalmers, nous allâmes
voir M. Austin de la Société Missionnaire de l'Église Anglicane ;
malheureusement il était absent.
L'évêque Burdon est à la tête de l'oeuvre pour le
Sud de la Chine. Il réside également à Hong-Kong, au collège, près de
la cathédrale. Nous regrettâmes de ne pouvoir aller chez lui ;
mais nous eûmes la joie de faire une visite à M. et à Mme Bender, de
la Mission de Bâle, qui sont des plus aimables. Voici vingt-cinq ans
qu'ils travaillent en Chine. La province de Canton est un des centres
d'opérations de cette excellente Société qui possède, en Chine, quinze
missionnaires, trente-huit églises avec mille neuf cent soixante
membres, et de nombreuses écoles. Le quartier-général de l'oeuvre est
à Victoria. M. Roise, collègue de M. Bender, en est le secrétaire. M.
et Mme Bender ont laissé leurs six enfants chez eux en Allemagne. Je
fus heureuse d'apprendre qu'ils partaient le mois prochain pour les
rejoindre, avant obtenu un congé d'un an.
Le soir, après avoir pris à la hâte un repas à
bord, nous nous rendîmes au « Home des Marins » où
l'évangéliste M. Goldsmith avait convoqué une réunion de tempérance.
Nous trouvâmes là une heureuse assemblée de soixante à quatre-vingts
robustes marins, assis dans une salle brillante et confortable, et
chantant avec entrain les hymnes de Sankey. Il faisait bon voir leur
air attentif et intelligent, ainsi que le cordial intérêt qu'ils
portaient à tout ce qui leur était dit. C'était tout à fait comme dans
notre chère salle de Bremley à Londres.
Je ne pus m'empêcher de leur dire que, depuis mon
départ d'Angleterre, je ne m'étais jamais sentie autant chez moi qu'en
ce moment au milieu d'eux ; et quand je leur demandai si
quelques-uns ne venaient pas de l'Est de Londres, plusieurs mains
calleuses et brunes se levèrent pour me dire que oui.
À la première réunion en succéda une seconde où
beaucoup restèrent pour prier. Cinq d'entre eux parurent tout
particulièrement touchés.
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