Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Simplicité.

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L'Évangile est d'une admirable simplicité. « Crois, nous dit-il, et tu vivras ! Crois au Seigneur Jésus-Christ ! Envisage-le comme ton Sauveur ! Confie-toi en lui, qui a porté tes péchés, qui te donne une vie Immortelle ! Regarde à lui, place-le devant tes yeux comme un divin modèle ! Écoute sa voix et le suis ! Remets-toi chaque jour à son école en toutes choses ! » Voilà tout ce que l'Évangile te demande.

Que cela est simple, n'est-il pas vrai ? Oui, cela est simple, et même trop pour nous. Cette simplicité nous est suspecte. N'est-il pas incroyable que ce qu'il y a de plus grandiose au monde et de plus enviable, la béatitude et la gloire à venir soient réservées à la foi. Il nous semble, dans notre courte vue, que Dieu devrait exiger de nous, pour nous accorder de tels biens, quelque énorme effort, une oeuvre difficile entre toutes... Nous nous refusons à penser que les plus hautes grâces puissent être le prix d'un simple mouvement de foi.

Vous connaissez sans aucun doute, lecteur, l'histoire d'un capitaine syrien dont le nom est enseigné dans nos écoles du dimanche. Il s'appelait Naaman. Il vint au prophète Élisée pour trouver la guérison de sa lèpre. Le prophète lui fit dire, sans se donner la peine de le recevoir, de se plonger sept fois dans les eaux du Jourdain. Quoi ! Rien que cela. Naaman prit mal le message. Il s'en alla plein de colère, tournant le dos au Jourdain. Il s'était attendu à ce que l'homme de Dieu viendrait à lui, à ce qu'il murmurerait quelques paroles magiques, étendrait sa main sur ses plaies pour agir par une sorte de magnétisme, à ce qu'il accomplirait des signes mystérieux. Et tout ce qu'on lui demande, c'est de se plonger dans le Jourdain ! « Folie ! à ce compte-là n'eût-il pas mieux valu se plonger dans la l'Amana, le fleuve de Damas, dont l'eau est plus limpide, ce qui d'ailleurs eût évité un voyage ? »

Heureusement pour lui, le personnage avait des gens qui ne méprisaient pas au même degré les moyens simples, qui le persuadèrent de descendre de son grand cheval, c'est-à-dire de renoncer à ses prétentions, et de se plonger dans le Jourdain, Et ainsi Naaman fut guéri. Toutefois il eût voulu avoir quelque chose de plus difficile à accomplir. Il demeure qu'il avait été d'abord scandalisé de l'absence de tout appareil solennel, de toute cérémonie, de toutes formes et de toute formule dans son cas.

Les hommes sont ainsi faits. Le simple les déconcerte ou les irrite. Lorsque j'étais enfant, j'ai entendu plus d'une fois mon père, qui était médecin, engager ses malades à user des médicaments naturels que Dieu a mis à la portée de chacun : air, eau, lumière et soleil. Bien peu se contentaient de cette ordonnance. Dans la règle, à l'ouïe de ce propos, ils prenaient un visage déçu. Et ils se hâtaient de dire : « Mais, monsieur le docteur, l'ordonnance ? » « Mais je viens de vous la donner, » telle était la réponse. Que faisaient nos bonnes gens ? Ils allaient naturellement consulter un autre docteur, lequel leur écrivait une ordonnance coûtant cher. Et les voilà ravis. Une ordonnance tracée en termes énigmatiques, une ordonnance ensuite de laquelle le pharmacien leur présentait un mystérieux flacon, songez-y, quel réconfort ! Devant la petite bouteille leur imagination se mettait en campagne. Ils se demandaient si le breuvage qu'ils allaient avaler n'était pas composé du suc d'une plante ayant crû dans un autre hémisphère... Et cette pensée leur plaisait. Mais leur prescrire de l'air, du soleil, l'usage de l'eau, quelle plaisanterie !

L'Eglise catholique romaine a su fort bien utiliser notre faible pour ce qui est difficile, compliqué. Les offices catholiques sont remplis d'actes symboliques, dont un laïque à peine sur mille comprend la signification. On y prie en latin, on y chante en latin, la fumée de l'encens s'élève en tournoyant, les prêtres changent de costumes et d'attitude. À quoi tout cela sert-il ? À rien. Mais dans ces rites multipliés gît pour le vulgaire le charme. Le catholicisme a d'ailleurs soin de demander aux fidèles eux-mêmes toute une série d'oeuvres nullement aisées à accomplir, si l'on n'en veut omettre aucune : agenouillements, signes de croix, aspersions, pèlerinages, processions, baisers des reliques, etc, etc. Ah ! que le catholicisme connaît bien notre coeur !

Et beaucoup de protestants suivent d'un oeil envieux ce cérémonial. En comparaison, le thème évangélique : « Crois, et tu vivras ! » leur parait singulièrement maigre. Aussi s'efforce-t-on en pays protestant, ici et là, de rendre un peu plus étoffé le moyen de salut offert par l'Évangile. Une fraction de l'Eglise anglicane cherche à naturaliser les rites de l'Eglise romaine. Ailleurs on a tellement caché sous des déductions théologiques et dogmatiques la simple parole évangélique qu'un pauvre homme n'y comprend goutte. Le suprême, à l'heure présente, est de coudre à l'Évangile une couverture faite de socialisme. On espère attirer les masses en leur promettant tous les biens temporels. Ces promesses se formulent aux dépens des classes riches. Qu'importe, réplique-t-on ! Il faudrait pourtant savoir si l'on pourra tenir tout ce que l'on promet.

Oh ! si nous parvenions à croire, à croire tout simplement au pur Évangile ! Bien peu d'entre ceux qui prennent le titre d'évangéliques ont cette foi. Ils ne veulent pas admettre que le salut soit de croire en Jésus, ou, pour employer une autre expression, qu'il suffise de donner son coeur au Sauveur. Et pourtant l'histoire de l'Eglise est là, pour prouver que la vie découle de la foi. Les compassions de Dieu en Christ sont la grande raison de la durée de l'humanité. Il n'est rien de plus haut que cette miséricorde, il ne sera jamais rien de plus élevé. Toutes les espérances de l'humanité, toutes vos espérances individuelles ont pour condition de leur réalisation les compassions de Dieu en Christ. Enlevez-les, tout devient sombre sur votre route. Embrassez-les d'un coeur confiant, la lumière et la grandeur, la beauté et la bonté vont descendre en vous.

Il y a dix-huit siècles, dans la prison de Philippes, pendant une nuit où un tremblement de terre avait jeté partout l'effroi, Paul criait à son geôlier : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et toute ta maison. » Ce mot renferme à toujours le secret de la véritable force. Quiconque voudra se conformer à cette parole saura par expérience que la foi fait toutes choses nouvelles. D'abord dans l'esprit, dans les sentiments et les dispositions de celui qui croit et ensuite dans la vie extérieure. Du point de vue de la foi, on considère tout autrement que ne le font la plupart et les hommes et les choses ; on apprend à tout supporter. On accepte paisiblement ce qui auparavant vous aurait mis hors de vous. Voici une famille qui a l'esprit de Christ, elle démontre à chacun, par son union et la paix dont elle jouit, que la piété est utile à toutes choses, qu'elle a les promesses de la vie présente. Une famille chrétienne vous fait vraiment toucher du doigt ces vérités.

Les hommes ressemblent à cet ingénieur qui avait tracé sur le papier un superbe plan de canalisation avec réservoirs, tuyaux, bouches à eau, et qui avait oublié de s'enquérir d'une source. Enquérez-vous d'abord de la source de la force et de la vie. Découvrez-la. Captez-la. Et après vous pourrez songer à introduire l'eau dans les canaux, pour la conduire dans les différentes branches de votre activité. Mais n'oubliez pas la source, l'importante source qui est une simple foi au simple Évangile.



Un bienheureux secret.

Au fond de chaque coeur d'homme se trouve un sanctuaire caché, consacré et saint. Il est si caché qu'aucun oeil étranger ne l'aperçoit. Le microscope du naturaliste n'y a jamais pénétré et la sonde du plus habile chirurgien ne l'a jamais rencontré. Pourtant cette retraite austère existe au fond de notre âme. Quiconque se connaît sait ce qu'est la conscience.

Dans ce sanctuaire intime, voilé aux regards du dehors, retentit à chaque instant la question : « Quelle est ta position vis-à-vis de Dieu, de Celui qui a créé le monde, qui t'a créé ? Comment te considère cet Être dont dépend ton existence, de minute en minute, de seconde en seconde, ton avenir éternel ? T'est-il ou non favorable ? » Et la question angoissante se résout dans cet ardent soupir : « Oh, s'il était possible que cet Être si grand m'aimât ! Si je pouvais participer à sa vie et à son amour ! En ce cas, mais seulement alors, je me consolerais de toutes mes tristesses, je perdrais sans murmurer les affections humaines qui doivent me laisser un jour ou que je laisserai.
La perspective de me séparer de ce qui m'est cher me jette actuellement dans le désespoir. Mais si je me savais sûrement aimé de Dieu, je sentirais qu'en perdant tout je ne perdrai rien, que je regagnerai tout ce que j'ai perdu, et par dessus la vie éternelle.

La réponse à la question des questions : « Dieu m'est-il favorable ou défavorable ? », elle nous est donnée par l'Évangile. Écoutez Jésus-Christ : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean III, 16.) Dans le psaume 42e, le chantre sacré s'est écrié :

Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu
Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant
Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu (Ps. XLII, 2, 3.).

Quelle impression de bonheur n'aurait pas éprouvée le psalmiste, si une voix céleste était venue lui glisser dans l'oreille le passage transcrit tout à l'heure - « Dieu a tant aimé le monde... » Si vous avez jamais, comme le poète sacré, soupiré des lieux profonds, vous imaginerez son ravissement.

Il y a trente ans j'étais devant le lit de mort d'un jeune garçon de 10 ans. Malgré la défense de ses parents, il avait grimpé sur un noyer pour y dénicher des corneilles. Il était tombé et s'était brisé l'épine dorsale. Maintenant il était étendu sur sa couche, les yeux fermés, poussant de sourds gémissements, torturé par la douleur. Ses parents, en le voyant rapporter terriblement puni de sa faute, n'avaient pas craint de l'accabler de reproches. Je pris une autre voie. Et de mon accent le plus tendre je dis au petit villageois que je savais ombrageux, facilement effarouché « Mon cher enfant, je n'ai qu'une chose à te répéter C'est que Dieu t'a aimé, qu'il t'aime et t'aimera pour l'éternité. »

Là-dessus, mon pauvre Pierre, ouvrit de grands yeux interrogateurs et demanda : « Est-ce bien vrai ? Mais j'ai été désobéissant... » - « Si tu le regrettes de tout ton coeur, continuai-je, Dieu t'a pardonné, et tes parents te pardonnent aussi. » - Alors il se tourna avec une expression de bonheur vers sa mère et murmura : « Je mourrai volontiers, puisque Dieu m'aime. » Il souffrit en silence pendant plusieurs heures, se bornant à redire de temps en temps d'un ton pénétré : « Dieu m'aime. » Et il mourut en paix. Il avait saisi avec une foi toute simple le simple Évangile ; il avait reçu le royaume des cieux comme un petit enfant.

Si le mourant avait été un illustre philosophe au lieu d'être un petit paysan, je ne lui aurais pas parlé autrement. Le message de l'amour de Dieu inonde de joie le savant comme l'ignorant, et jusque dans les profondeurs de l'être, à condition que le savant ait gardé le sens du simple et du vrai.

La bonne nouvelle de l'Évangile, c'est que Dieu nous a aimés. La croix, le tombeau vide de Joseph d'Arimathée sont les manifestations de la réalité de cet amour. Et quand quelqu'un posséderait tous les secrets de la science, toute la connaissance de la nature, s'il ne possède pas la bonne nouvelle de l'amour de Dieu en Christ, il est pauvre, il s'agite dans une sombre nuit.

Lecteur, êtes-vous un prolétaire ? Êtes-vous un grand de ce monde ? Je l'ignore. Quoi qu'il en soit, demandez au Saint-Esprit de vous pénétrer de cette bienheureuse réalité : Dieu m'a aimé ! Ne vous laissez pas arrêter par votre indignité, votre manque de sainteté. Là où brille le soleil, il fait bientôt sentir son influence.



Jésus, mon assurance.

Une dame m'adressait naguère une lettre dont j'extrais les lignes suivantes - « Une gaie société de jeunes messieurs et de jeunes dames était réunie dans le salon de ma tante. J'en faisais partie. Nous nous amusions très convenablement, attendu que nous n'aurions pas voulu offenser Dieu. Nous avions chanté des airs patriotiques. On en vint aux énigmes. Finalement deux messieurs récitèrent des poésies de Goethe. Alors un vieux monsieur, qui se tenait dans son coin, se leva soudain, laissant son journal ou son livre, ou la méditation dans laquelle il était absorbé, je ne sais... Il s'avança avec un visage sévère au milieu de notre cercle et prononça ces paroles : « Vanité, pure vanité que vos chants, vos énigmes et vos poésies. Pour moi je ne veux savoir autre chose que ceci : « Jésus est mon assurance ! » Il sembla qu'un coup de tonnerre eût retenti au milieu de notre cercle scandalisé. Nous ne pouvions contenir notre indignation intérieure contre ce fanatique. Et cependant personne ne trouva un mot à lui répondre. Et maintenant je vous prie, mon cher pasteur Funcke, de me dire ce que vous pensez d'une telle sortie. »

Tel était le contenu de la lettre de cette jeune dame, qui signait d'un nom aristocratique, de la meilleure noblesse. J'aurais dû lui répondre aussitôt, comme j'en ai l'habitude. Étais-je malade ou avais-je un voyage à faire ? Je ne me souviens pas. Je tardai à répondre et la réponse me revint avec ces mots de la poste : « Partie, domicile inconnu. »

Je me demande pourquoi je ne jetai pas cette réponse au feu. Le fait est que je viens de la retrouver dans un vieux portefeuille. Ma conviction est que rien n'arrive par hasard. Je crois donc devoir communiquer cette réponse à mes lecteurs ; il se peut que par ce moyen elle arrive aux mains de celle à qui elle était destinée :

« Ma chère Mademoiselle !

Quoique j'aie à vous remercier de votre confiance, je suis obligé de commencer par une impolitesse.
Je ne doute point que le vieux monsieur, dont vous m'entretenez, n'ait dit ce que vous lui faites dire. Je suppose toutefois qu'il avait débuté par une entrée en matière un peu différente ou qu'il a ajouté quelque chose à sa déclaration. Il ne faut jamais détacher une phrase de celles qui l'expliquent.

J'admettrai toutefois que le vieux monsieur s'est borné à ce que vous lui faites dire. En ce cas je ne saurais me ranger de son côté. Notre Père Céleste ne s'est pas limité à ce don des dons qui est Jésus-Christ. Il a enrichi notre vie terrestre de biens de toutes sortes.

L'Évangile n'a rien de commun avec ceux qui ont le culte de l'idéal monacal, condamnable même quand l'éloquence et l'art s'emploient à nous le vanter. Les personnes qui travestissent l'enseignement de Jésus de façon à faire de celui-ci l'ennemi de toutes les joies de la vie présente, nuisent grandement au christianisme. Le Seigneur Jésus ne veut point apparaître comme un épouvantail au milieu de nos récréations, de nos distractions et même de nos fêtes. Tout est pur pour ceux qui sont purs, qui savent user avec actions de grâces. Souvenez-vous du mot : « Toutes choses sont à vous » Il est sans doute une limite dans nos jouissances. Il faut s'arrêter à l'endroit où elles nous séparent de Christ, où elles diminuent notre communion intérieure avec lui.

Bénis soient les rayons de soleil qui viennent de temps en temps illuminer ce triste monde ! Béni soit celui dont les gais propos ont réussi à dérider un visage contracté par la douleur ! Béni soit celui qui a un jour transformé les larmes de l'affliction en larmes de joie ! À jamais béni soit l'homme qui, selon l'expression de Newton, sait de l'immense gerbe de nos chagrins retirer quelques épis, pour les joindre à la petite gerbe de nos bonheurs. Béni soit celui qui sèche les pleurs d'un gamin, en lui rendant le sou qu'il a perdu !

J'appellerai bonnes toutes les récréations qui nous procurent de saines joies. Chantez, vous tous qui avez une belle voix, mais que celui qui chante faux chante également. Il vaut toujours mieux chanter faux que de ne pas chanter du tout. Et la voix défectueuse deviendra juste dans le ciel ! Le poète, qui a composé une pièce de vers destinés à voler de bouche en bouche, est sans contredit un bienfaiteur de l'humanité. Quiconque a le don de l'humour a également reçu un talent de Dieu et doit le faire valoir. Ce que je viens de dire s'applique à tous les artistes. À eux de nous élever au-dessus de la médiocrité de l'existence de tous les jours. Je range parmi nos bienfaiteurs le jardinier qui charme nos regards par l'éclat des fleurs qu'il cultive. La Bible ne dit-elle pas que le vin réjouit le coeur de l'homme ? Ne nous parle-t-elle pas des cantiques des anges et des rachetés ? Ne nous montre-t-elle pas dans le ciel un lieu où la musique, l'art par conséquent a sa place ?

J'irai plus loin : je dirai que nous honorons Dieu en nous livrant à des joies saines, infiniment mieux qu'en prenant un visage sombre.
Dieu a créé le beau et l'aimable en ce monde pour que nous en usions. Mais..., voici le terrible mais ! Mais nous abusons de la façon la plus grave de ces biens quand nous allons leur demander la vie.

Drummond a dit : « À la Bible appartient le monopole des consolations. » Et il arrive malheureusement dans chaque existence d'homme une heure où le monde entier, avec tous ses biens, ne vous apporte aucune consolation. Vous avez traversé l'une de ces heures, si jamais vous avez crié de toute votre âme à Dieu en lui demandant grâce, si jamais vous avez vu en face de vous avec angoisse la mort, si jamais vous avez soutenu des luttes pénibles et prolongées, si jamais le souvenir de vos péchés vous a troublée profondément, si la question du salut d'une âme chère s'est présentée parfois à vous avec force, si dans un moment qui ne s'oublie point vous avez senti le prix inestimable de votre réconciliation avec Dieu.

En de telles circonstances le monde n'a plus rien à offrir. Ce sera le temps de recourir au mot de votre « fanatique » : « Jésus, mon assurance ! » Dans les sombres jours de l'existence, la main seule de Jésus peut nous relever.

Voici donc mon conseil : Souriez de l'étroitesse d'esprit du « fanatique » lequel n'a pas compris qu'il est un temps pour chanter, rire et réciter des vers. Jouissez, dans la saison de la vie où vous êtes, des biens de ce monde. Mais placez au-dessus de tous les biens que la terre vous offre, le bien suprême de la confiance en Jésus. Alors vous comprendrez que la parole du sage : « Tout est vanité, » a son heure de vérité, et vous ne craindrez plus ni de voir sonner cette heure redoutable ni de rencontrer la mort.

Je suis, Mademoiselle, votre bien dévoué, etc. »



Les grands esprits et Jésus-Christ.

« Tous les grands esprits exercent une action prolongée dans l'histoire de l'humanité. Toutefois nul d'entre eux n'est entré aussi profondément dans le mouvement de l'histoire et n'y a eu une influence aussi bienfaisante que Jésus de Nazareth. » Je lisais récemment ces mots dans un journal américain. Je me permets de les examiner à la loupe, car nombre d'hommes et de femmes s'expriment ainsi aujourd'hui à l'égard de Jésus-Christ. Cette parole est certainement respectueuse, et c'est respectueusement que nous allons la scruter.

La première affirmation qu'elle contient est juste. Il est certain que les grands esprits exercent une action prolongée sur l'humanité. L'impulsion donnée par exemple par Alexandre le Grand se perpétue encore aujourd'hui, bien que le grand Macédonien ait vécu il y a plus de deux mille ans. Le sculpteur athénien Praxitèle, disparu de la scène de ce monde dans le siècle d'Alexandre, inspire encore nos artistes à Rome, à Berlin, à Paris et à Londres, qu'ils s'en rendent compte ou qu'ils l'ignorent. Les lois promulguées par l'empereur Justinien, il y a 1400 ans, marquent aujourd'hui de leur empreinte, bonne ou mauvaise, en quelques points les législations modernes.

Arrivons au présent. Il viendra peut-être prochainement un temps où la machine à vapeur vieillie sera reléguée dans les musées d'antiquités. Cependant le nom de l'inventeur de cette machine ne perdra jamais son lustre. L'électricité aura beau remplacer la vapeur, il reste que celui qui le premier a mis la vapeur au service de l'humanité, a frayé la voie à de nouvelles découvertes qui ne passeront point.

Le noble médecin anglais Simpson était tourmenté à la pensée des souffrances causées par les opérations chirurgicales. Il n'eut point de repos jusqu'à ce qu'il eût trouvé dans le chloroforme un moyen de suspendre la sensibilité. Il est sans doute un des grands bienfaiteurs de l'humanité, et l'on parlera de lui avec reconnaissance même dans 4000 ans. Nota bene : à supposer que l'humanité vive encore dans 4000 ans ! Peut-être toutefois dans quelques années le chloroforme sera-t-il délaissé par les chirurgiens à cause des dangers qu'offre son emploi ; peut-être aura-t-il cédé la place à d'autres anesthésiques complètement inoffensifs. Néanmoins le nom de Simpson sera toujours respecté parce que l'homme qui le porta à soulagé d'infinies souffrances. J'arrête cette énumération, qu'il serait aisé de prolonger indéfiniment.

Ne diminuons point la grandeur du génie humain. Mais faisons une remarque : L'oeuvre de tous ces grands esprits est une oeuvre terrestre, améliorant la position de l'homme on lui ouvrant ici-bas de nouveaux horizons. Et seul l'incrédule ou l'impie se laissera entraîner à soutenir que les personnages dont nous avons parlé ont résolu la grande question : Comment nous approcher de Dieu ? Celle-ci n'est pas une question de bonheur terrestre, une question de plus ou de moins, et relative à des jouissances temporelles. C'est la question d'être ou de ne pas être. Il s'agit ici de la vie qui seule est véritable. N'appelez pas vie dans le sens élevé de ce mot notre vie naturelle, fût-elle ennoblie par l'art ou par la science. Car la vie naturelle de l'homme, qui se distingue de l'animal par la supériorité de ses facultés, est comme celle de l'animal soumise à la loi terrible de la vanité.

Est-il au monde une puissance capable de neutraliser le pouvoir de cette terrible loi de vanité ; est-il une source à laquelle nous puissions puiser une éternelle vie ; est-il pour les pauvres mortels, pour les pauvres pécheurs que nous sommes un chemin menant à la communion de Dieu ? La réponse à ces demandes a nom Jésus. Jésus est l'unique réponse aux questions que nous venons de poser. Connaissez-vous Jésus, vous connaissez quelqu'un qui n'a pas prononcé de belles paroles sur la tolérance et l'humanité, quelqu'un qui ne s'est pas exprimé avec éloquence sur la paternité de Dieu, mais le héros qui a comblé l'abîme béant de notre culpabilité et de la mort, par lequel nous étions séparés de Dieu, le héros qui nous a ouvert l'accès de la présence de Dieu. Depuis Jésus une étoile consolatrice brille au firmament sur la tête des hommes. « Celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous, » nous dit l'Évangile (Jean Ill, 31.). Christ est donc au-dessus de tous. Il n'est point le chef du groupe des grands esprits. Pas un d'eux n'a ajouté le plus petit rayon à l'éclat de l'étoile consolatrice. Je ne leur en fais pas le moindre reproche. Nul ne donne au delà de ce qu'il a. Et les plus grands esprits dans le passé, les plus grands dans le présent, les plus grands dans l'avenir vous diront que leur plus belle heure a été celle où ils ont connu Jésus comme la source de la lumière éternelle, comme le Sauveur dans la vie et dans la mort.

C'est donc tenir un langage frivole, involontairement frivole je le veux bien, que de placer Jésus dans le groupe des grands esprits, même de le mettre à leur tête. La vraie place de Jésus est par delà les grandeurs passagères de la terre. Hésitez-vous à la lui accorder ? Vous montrez que Jésus n'est pas pour vous ce qu'il est dans nos évangiles. Quiconque nie la divinité du Fils de l'homme nie son oeuvre de salut, se prive de la force et de la joie dont le soleil de justice est la source.

Assurément le soleil n'en brillera pas moins au firmament. Mais l'on peut fermer les yeux à ses rayons. J'ai ouï dire que d'un petit morceau d'or de la grosseur d'une noix on arrive, en l'étendant au laminoir, en l'allongeant indéfiniment, à tirer un fil capable d'entourer la terre. Est-ce vrai ? Ne l'est-ce pas ? Je dis qu'en tous cas le fil sera si ténu, si faible qu'il se rompra au contact de l'aile d'une mouche. Eh bien, le petit enfant de l'étable de Bethléem, tout petit qu'il soit, contient en lui une puissance capable d'unir le ciel et la terre. Toute lumière a été projetée par Jésus. C'est ce qu'a voulu dire le Cortège par son magistral tableau de La Sainte Nuit.

Je vais encore parler d'un lit de mort. Je me tenais auprès de lui il n'y a pas longtemps. J'assistais un croyant. Les parents étaient là et laissaient couler leurs larmes. Le mourant éleva une dernière fois ses yeux en haut ; il éleva une dernière fois la voix et dit : « Ne pleurez pas, le ciel est ouvert ! » Là-dessus il s'endormit du dernier sommeil. Sans nul doute ce chrétien fournissait aux siens, par cet adieu, la meilleure des consolations, une consolation qu'il avait savourée lui-même, une consolation capable de soutenir les survivants à l'heure où ils le suivraient.

Croyez-vous que ce mourant eût trouvé dans le commerce des grands esprits de l'humanité la même espérance ? C'est grâce à Jésus que le ciel est ouvert. Jésus seul pouvait nous en donner la certitude. Et celui qui voit le ciel ouvert sur sa tête voit aussi une douce clarté baigner cette terre. C'est donc singulièrement diminuer Jésus que de l'élever au rang des grands esprits. Le placer un peu au-dessus de Socrate et de Confucius, c'est confesser clairement qu'on ne sait pas qui il est. « Celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous. » Il est proprement l'Incomparable. Un prophète n'a-t-il pas dit : « On l'appellera Admirable (Es. IX, 5.). »

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