ÉPROUVEZ-VOUS
SERMON PRÊCHÉ A LA CHAUX-DE-FONDS
Le 4 Septembre 1870
G. BUREL-GIRARD, PASTEUR
1870.
Que chacun donc s'éprouve
soi-même.
1re épître aux Corinthiens
XI, 28
Oui, mes frères, le Seigneur est bon, et
sa miséricorde est toujours la
même.
Voici, tandis que la guerre couvre le sol de la
France d'horribles massacres, et que la voix du
sang de nos frères crie de la terre
jusqu'à Dieu, le Père des
miséricordes nous permet de nous
réunir en pleine paix, et, loin de la guerre
et des bruits de guerre, Il nous invite à
nous approcher de la table sainte. Tant il est vrai
que, selon la parole du Psalmiste,
« l'Éternel est
miséricordieux et clément, lent
à la colère et riche en amour.. Il ne
nous traite point suivant nos péchés,
et ne nous paie point le salaire de nos crimes..
Autant l'Orient est éloigné de
l'Occident, autant Il a mis loin de nous nos
iniquités. »
(Ps. 103, 8,
10,
12.)
O Dieu, tu es mon Dieu, et je te loue ; mon
Dieu, je t'exalte ! Louez l'Éternel,
car Il est bon, car sa grâce demeure à
jamais.
(Ps. 118, 1,
28.)
Nous sommes appelés, mes frères,
à prendre part à la communion. C'est
un grand bienfait, d'autant plus grand que les
circonstances où nous en jouissons sont plus
tristes.
Commençons par reconnaître que nous en
sommes totalement indignes. Mais si la grâce
est toujours la grâce, si les dons de notre
Père sont' immérités,
n'avons-nous rien à faire pour
répondre aux témoignages de l'amour
divin ?
O vous qui voulez vous rendre à l'invitation
du Sauveur, prenez à cœur la parole que
saint Paul adressait à son Église de
Corinthe. Je viens vous la remettre en
mémoire, en cherchant
à la développer devant vous.
Puissiez-vous faire de votre vie et de votre
cœur, de vos sentiments et de vos
pensées, un humble et sérieux
examen.
Venez, mais avec la pleine connaissance de ce qui
vous manque, et que cette table, qui est la tienne,
Seigneur, ne soit entourée que de tes
disciples, animés les uns envers les autres
d'une charité cordiale, désireux de
s'unir à Toi et décidés
à dire hautement, devant les hommes et
devant les anges, ce qu'ils ont trouvé en
Toi d'amour et de compassions.
Que chacun s'éprouve.
C'est ainsi que l'Apôtre résume tous
les devoirs du fidèle communiant.
Éprouver, c'est mettre à
l'épreuve.
Cette épreuve, appliquée à un
objet ou a un homme, doit constater que cet homme,
que cet objet répondent à l'usage que
l'on veut en faire.
L'orfèvre éprouve l'argent et
l'or ; il s'assure que ce métal est
sans alliage, et qu'il peut l'employer avec
confiance aux ouvrages les plus magnifiques ou les
plus délicats de son art.
Le chef de comptoir met à l'épreuve
celui qui vient lui faire ses offres de
service ; il l'observe, il le suit de l'oeil,
et il ne l'admet que s'il est certain de trouver en
lui un employé fidèle et capable.
Le chef de l'État met à la tête
des troupes le général dont il a
éprouvé l'intelligence, la bravoure
et le caractère. Il l'interroge, il le voit
à l'œuvre, il recueille les avis des
officiers et des soldats, et ce n'est
qu'après cela qu'il lui confère le
périlleux honneur de mener au feu son
armée.
Vous aussi, mon frère, avant de prendre part
à la sainte cène, vous avez a vous
éprouver, c'est-à-dire que vous devez
faire la revue de vous-même, pour vous
assurer que vous répondez à ce que le
Seigneur exige de quiconque veut s'approcher de la
communion.
Ces exigences vous sont connues, mais elles vous
paraîtront plus simples et
plus évidentes, si vous êtes bien
pénétré du sens de cette
cérémonie.
Ce sens est triple, et le voici:
1° En instituant la sainte cène,
Jésus voulait que ses disciples
conservassent vivant dans leur cœur le
souvenir de sa personne et de ses souffrances.
Faites ceci en mémoire de moi, leur
disait-il, semblable à un père de
famille, qui, avant de quitter les siens,
établirait dans sa maison une coutume
destinée a le rappeler constamment au
souvenir de ses orphelins.
La sainte cène est un repas
commémoratif, elle fait revivre dans
l'Église la mémoire de notre
Seigneur. Mais ce n'est pas Jésus seulement,
ce sont les douleurs de Jésus, c'est sa
mort, c'est son sang versé que la communion
nous rappelle.
La mort du Christ est autre chose que celle d'un
martyr, c'est un sacrifice, le sacrifice par
excellence, qui a fait disparaître tous les
autres, comme le soleil dans sa gloire efface les
premières lueurs qui annonçaient son
lever.
Chaque fois que je prends ce pain et que je le
romps, je dis : c'est ainsi que le corps de
mon Sauveur a été rompu.
Chaque fois que j'approche cette coupe de mes
lèvres, pour boire quelques gouttes du vin
qui y a été versé, je
dis : c'est ainsi que le sang de mon Sauveur a
été répandu.
J'annonce sa mort jusqu'à ce qu'il vienne,
(1 Cor. 11, 26.) et devant mes
frères, devant les anges qui sont ici,
(1 Cor. 11, 10) avec l'Église
de tous les temps et de tous les lieux, je
déclare que c'est sur ce sacrifice de
propitiation que mon salut repose ; que cette
mort est ma délivrance, et que ce que j'ai
de paix, de joie, d'espérance, d'amour, de
consolation ne me vient que de cette croix, de ce
Saint et de ce Juste dont la chair a
été meurtrie, et le sang
répandu pour moi.
Christ est mort pour mes péchés,
selon les Écritures.
(1 Cor. 15, 3.) Il a porté
mes maladies, et s'est chargé de mes
douleurs. Il a été percé pour
mes péchés, et brisé pour mes
crimes ; le châtiment qui me sauve est
tombé sur lui, et c'est par ses plaies que
je suis guéri.
(Es. 53, 4-5.)
2° Cette explication n'est pas
nouvelle ; c'est celle qu'ont toujours
donnée les Églises de la
Réformation, en particulier celles qui ont
subi l'influence de l'enseignement de Zwingli et du
génie de Calvin. Mais ces dernières
ont eu le tort de s'y arrêter trop et de ne
voir que des signes dans les
éléments de la sainte
cène.
Oui, la cène du Seigneur est un
mémorial, mais n'oublions pas que ce
mémorial est en même temps une
communion.
(1 Cor. 10, 16.)
Communion veut dire union avec ;
c'est l'union de quelqu'un avec ma personne, et de
ma personne avec quelqu'un.
Ce quelqu'un, qui donc est-il, si ce n'est
Toi, Seigneur Jésus, qui as dit :
« Celui qui demeure en moi, et en qui je
demeure, porte beaucoup de fruit, parce que sans
moi vous ne pouvez rien faire. »
(Ev. S. Jean 15, 5.)
Ce que le Seigneur nous donne dans la sainte
cène, c’est plus et mieux qu'une
idée ou qu'un souvenir ; c'est une
nourriture substantielle, c'est sa chair et son
sang,
(Ev. S. Jean 6, 53 sq.) selon ses
propres expressions, c'est sa personne
glorifiée, c'est Lui-même enfin.
Il ne suffit pas que Jésus-Christ soit pour
nous, il doit encore être en nous, car il
faut que nous soyons transformés à sa
ressemblance; que, dépouillés de
notre vieille nature, toute pétrie de
souillures et de convoitises, nous soyons
revêtus du nouvel homme qui est Christ, et
que chaque chrétien soit la photographie de
son Sauveur, un Christ, comme le dit avec
tant de vérité la langue allemande,
la plus profonde de toutes les langues des peuples
modernes.
Or, cette communication de lui-même à
moi, cette transfusion, osons le
dire, de sa personne dans ma personne, de sa vie
dans ma vie, de son être dans mon être,
c'est surtout par la sainte cène que le
Seigneur veut l'opérer. Les
éléments matériels ne changent
pas de nature, ainsi que le prétend
l'Église romaine, qui veut que le pain et le
vin soient changés, dans les mains du
prêtre, au corps et au sang de notre
Seigneur.
Le pain rompu est toujours du pain, le vin de la
sainte cène est toujours du vin, mais ce
fruit du froment et de la vigne, les plus simples
et les plus nobles de nos aliments journaliers,
Jésus, présent dans ce temple, comme
il l'est partout où l'on invoque son nom,
(Ev. S. Matth. 28, 20.) Jésus
les a consacrés pour nous communiquer par
leur moyen quelque chose de la plénitude de
sa vie divine.
(1)
Rien ne remplace la table du Seigneur, ni le
recueillement, ni la méditation des paroles
de Jésus-Christ, ni la pratique de ses
commandements, ni la prière, ni la foi,
quelque énergiques qu'elles puissent
être. Mais dans cette communion, dont la
table sainte est l'organe, c'est Jésus qui
s'approche de moi et qui s'unit à moi de la
manière la plus mystérieuse tout
ensemble et la plus réelle.
Ses pensées descendent dans les miennes pour
les renouveler ; son cœur fait
naître dans mon cœur les saintes
émotions de l'amour qui met sa joie dans le
sacrifice ; sa volonté imprime à
la mienne le sceau de sa justice et de sa
sainteté ; il n'est pas jusqu'à
ma chair même qui ne tressaille de joie, car
Jésus-Christ dépose en elle ces
germes de résurrection et de vie, qui
s'épanouiront plus tard dans le corps
glorieux, semblable au sien, dont je dois
être revêtu.
(Ev. S. Jean, 11, 26.
Phil. 3. 21.)
Ainsi, de foi, en foi, et d'une communion à
l'autre, se développe en moi cette vie
nouvelle « du corps, de l'âme
et de l'esprit » en
Dieu, qui n'est autre que la vie du Christ.
(1 Thess. 5, 23.) « Et nous
tous qui, le visage découvert, contemplons
comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés de gloire en gloire,
à son image, par l'Esprit du
Seigneur. »
(2 Cor. 3, 18.)
3° Enfin, mes frères,
Jésus-Christ n'a pas voulu que chaque
chrétien fût seul à prendre
part a la sainte cène.
C'est à ses disciples réunis
qu'il a rompu le pain et tendu la coupe.
Faites ceci, leur a-t-il dit, faites-le tous
ensemble, et non pas chacun pour soi, où il
le veut, et comme il l'entend.
La table du Seigneur n'est pas un marbre
solitaire ; c'est un rendez-vous de foi,
d'espérance et de charité.
(Act. 2, 42.)
Rien de plus varié que le spectacle que le
monde nous offre, et celui que nous
présentent les fidèles
eux-mêmes au milieu des occupations et des
agitations de la vie. Il y a l'homme vêtu de
bure et l'homme vêtu de drap neuf ; il y
a le pauvre et il y a le riche ; il y a le
manoeuvrier et il y a l'homme de cabinet ; il
y a l'ignorant et il y a le savant ; il y a
l'homme obscur et il y a l'homme illustre ; il
y a le faible en la foi et il y a l'homme
d'expérience.
Ici, toute différence s'est
évanouie.
En présence de « ces touchants
symboles, qui retracent du Christ le sanglant
sacrifice au souvenir de ses enfants, »
il n'y a plus ni jeune ni vieux, « ni
esclave, ni libre, ni Juif, ni Grec, ni homme, ni
femme, nous sommes un en
Jésus-Christ. »
(Gal. 3. 28.) La parole du
Maître retentit seule avec une force
nouvelle : « Vous êtes tous
frères. »
(Ev. S. Matth. 23, 8.)
Arrière les misérables
préjugés de la vanité.
Arrière les vieilles haines et les coupables
rancunes. Arrière tout désir
d'ambition personnelle. Arrière la froideur,
l'égoïsme et les faux airs de grandeur.
Arrière les jugements
téméraires et la médisance.
Arrière, arrière..., je ne vois
qu'une famille de frères et
de sœurs, enfants du même Père,
rachetés par le même Sauveur,
sanctifiés par le même Esprit, nourris
par la même Parole, consolés par la
même espérance, et héritiers de
la même gloire.
(Ephés. 4, 4 sq..)
Comme il y a un seul pain, nous qui sommes
plusieurs, nous sommes un seul corps, parce que
nous avons tous part au même pain.
(1 Cor. 10, 17.) Oui, le Maître
l'a dit, à cette table plus qu'ailleurs,
nous sommes tous frères.
J'avais besoin, mes frères, de vous rappeler
toutes ces choses, trop peu familières, nous
le craignons, aux fidèles de nos
Églises. Et maintenant je suis en mesure de
vous dire : Qui que vous soyez, descendez en
vous-mêmes.
Que chacun de vous s'éprouve
soi-même.
La sainte cène est un
mémorial, elle rappelle au croyant ce
que Jésus a fait pour lui.
Êtes-vous convaincu, mon cher auditeur, que
c'est pour vous que Jésus est
mort ?
Est-ce en Lui que vous mettez toute votre confiance
pour vous présenter devant Dieu ?
Avez-vous dépouillé, comme un
vêtement en lambeaux, toute prétention
de vous justifier par vos seuls efforts ?
Êtes-vous tranquille, non parce que vous
n'êtes pas pire qu'un autre, que vous n'avez
ni tué, ni volé, et que vous vous
abstenez de mentir tant que votre
intérêt bien entendu ne vous engage
pas à dissimuler, mais parce que vous avez
auprès du Père un avocat, un vivant
intercesseur, auquel vous avez remis votre
cause ?
(1re Ep. S. Jean. 2, 2.)
Je ne vous demande pas, remarquez-le, si vous
êtes au clair sur tous les points de la
doctrine chrétienne, si vous avez bien
compris l'unité d'amour qui existe entre le
Père et le Fils, entre le Fils et le
Père, si vous ne rencontrez dans les
Écritures aucun miracle, aucune parole,
aucune page, aucun livre qui vous étonne, si
aucune incertitude, si nul doute,
oiseau sinistre, ne traverse votre cœur ;
les disciples eux-mêmes étaient fort
ignorants et bien chancelants, quand Jésus
leur fit don de la sainte cène.
(Ev. S. Luc. 22, 38.
S. Matt. 26,43.
S. Jn, 16, 12.) Mais je
demande : Sentez-vous que vous avez besoin
d'un Sauveur, et que ce Libérateur ne
saurait être que Celui qui nous a
été fait, de la part de Dieu,
sagesse, justice, sanctification et
rédemption ?
(1 Cor. 1, 30.)
Voyez, jugez, sondez-vous ; que chacun
s'éprouve.
La sainte cène est une communion,
c'est le moyen dont Jésus se sert pour
s'unir à nous. Voulez-vous vraiment, mon
cher auditeur, vous unir à Christ ?
Luttez-vous contre vos défauts, contre les
travers de votre caractère ?
Surtout luttez-vous contre votre
péché favori ?
Le péché favori ! Ah !
c'est ici qu'il importe de redoubler d'attention.
Chacun de nous a son péché, qui
répond mieux qu'un autre aux mauvais
côtés de sa nature
dépravée, et d'où sortent,
comme les rameaux d'un même tronc ;
toutes les convoitises qu'il entretient. Pour l'un,
l'orgueil ; pour un autre, l'avarice ;
chez celui-ci, la colère ; chez
celui-là, la sensualité.
Et le vôtre ? ..... faites-vous la
guerre à cet ennemi, une guerre loyale, une
guerre à mort, celle d'Israël contre
les tribus dégénérées
de Canaan ? Je ne vous demande pas,
remarquez-le, si vous êtes bien avancé
déjà dans cette communion avec
Jésus-Christ, si vos pensées sont les
siennes, si votre cœur est rempli de l'amour
dont le sien était débordant, si
votre vie reproduit la sienne de tout point. Je ne
vous dis point : Êtes-vous parvenu
à cette hauteur où la vie propre est
étouffée, et où l'on ne trouve
plus dans le fidèle que la vie du
Christ ?
(Gal. 2, 20.)
Les disciples eux-mêmes n'avaient fait que
bien peu de pas dans la sanctification, quand
Jésus leur rompit le pain.
Mais je demande : Votre
cœur est-il droit devant Dieu ?
Éprouvez-vous le besoin d'être
revêtu d'une nouvelle nature, et avez-vous
compris que l'image à laquelle vous devez
être transformé, ne peut être
que celle de Jésus-Christ, toute de
pureté, de lumière et de
vérité ?
Voyez, jugez, sondez-vous,
éprouvez-vous ; que chacun
s'éprouve.
La sainte cène est une agape,
c'est-à-dire un repas d'amour fraternel.
Est-ce dans cet esprit que vous y venez ?
Si l'un de vous a quelque sujet de plainte contre
l'autre, vous souvient-il que « Dieu vous
a pardonné en Christ, »
(Ephes. 5, 32.) et vous sentez-vous
pressé d'en agir de même ?
Savez-vous pardonner sans
arrière-pensée ?
Vous abstenez-vous de tout mensonge, de toute
infidélité, de toute
médisance ?
Évitez-vous avec soin ces colères,
ces mouvements d'humeur, ces paroles amères,
qui pourraient faire couler des larmes dans les
yeux de votre père, de votre mère, de
votre mari, de votre femme, de votre enfant, de
votre frère, de votre sœur, de votre
ami ?
Êtes-vous jaloux de profiter de chaque
occasion qui vous est offerte de faire le
bien ? Savez-vous donner de votre superflu, et
prendre, s'il le faut, sur votre
nécessaire ?
Est-ce avec joie que vous versez sur les plaies de
votre prochain l'huile et le vin du
Samaritain ?
Je ne vous demande pas, remarquez-le, si votre vie
est un modèle d'amour et de
dévouement ; si vous êtes
parfait, - parfait en charité, - comme notre
Père qui est dans les Cieux est
parfait ?
Les disciples eux-mêmes, au soir du dernier
repas, étaient encore dominés par une
ambition aussi mesquine que jalouse.
(Ev. S. Luc. 22, 24.)
Mais je demande : Sentez-vous que la
charité vaut mieux que
l'égoïsme, et faites-vous la guerre
à votre égoïsme ?
Sentez-vous que la miséricorde
vaut mieux que le jugement, et
prenez-vous à tâche d'étouffer
tous les mouvements impitoyables qui se produisent
en vous ?
Sentez-vous que la parole d'amour vaut mieux que la
médisance, et vous appliquez-vous, selon la
parole du Psalmiste : « à
mettre un frein à vos
lèvres ? »
(Ps. 39, 2.)
En un mot, vous revêtez-vous, comme un
élu de Dieu, son saint et son
bien-aimé, d'entrailles de
miséricorde, de douceur et de
compassion ?
(Col. 3, 12.)
Vous êtes bien loin du sommet, je vous crois
sans peine, - la charité, c'est
l'éternité, - mais y
tendez-vous ?
Voyez, jugez, sondez-vous,
éprouvez-vous ; que chacun
s'éprouve.
Cet examen de vous-même, cette
épreuve, pour parler la langue de
saint Paul, est indispensable.
« Qu’ainsi, dit-il, et ainsi
seulement, il mange de ce pain et boive de cette
coupe. »
Mais l'épreuve dont nous parlons, j'ai
besoin de le dire, doit être toute
personnelle. À chacun de vous de la
pratiquer sur lui-même ; « que
chacun, poursuit l'Apôtre, s'éprouve
soi-même. »
Il en doit être ainsi, surtout dans
l'état actuel de nos Églises de
multitude ; car quel autre que vous-même
vous connaît assez pour prononcer le jugement
que nous réclamons ? Sont-ce vos
pasteurs ?
Il est vrai que le ministère que nous
exerçons au nom du Seigneur, nous en impose
l'obligation, et qui pourrait nier qu'il y ait eu
des cas où cette intervention, qui
n'était qu'un acte de
fidélité, a été
bénie ?
Un jour, il y a 174 ans de cela, un jeune homme
entre dans un des temples de Genève. Il se
joint a la foule qui s'approche de la table sainte.
Mais ce jeune homme a dès longtemps
quitté la voie de piété et de
chasteté que ses professeurs lui avaient
tracée. Il a servi pendant quatre ans dans
les troupes du duc de Savoie, et
mené, loin de son pays, cette vie facile et
insoumise qui s'apprend bien vite au milieu de la
licence des camps. Cependant, il s'avance dans
l'intention de communier.
Le pasteur le remarque : « Jeune
homme, lui dit-il, va comme ton cœur te
mène et selon le regard de tes yeux, mais
souviens-toi que pour toutes ces choses, Dieu te
fera venir en jugement. »
Le jeune homme hésite, il se recueille, -
son parti est pris.
Dans un de ces instants qui décident d'une
vie, parce que la conscience est atteinte dans ses
profondeurs, il a jeté un cri qui n'est
arrivé qu'a l'oreille de Dieu. Il s'est
dit : je veux changer.
Il était changé, et quand il retourna
à son banc, après avoir pris la
coupe, ce n'était plus le jeune homme
léger de naguère, c'était
Jacques Saurin, l'une des gloires du
protestantisme, et l'un des plus grands orateurs
religieux que l'Église de tous les
siècles ait jamais produits.
Ah ! certes, si nous savions que quelqu'un de
ceux qui vont s'approcher de la table du Seigneur,
y vient dans une intention coupable ; s'il y
venait un homme, une femme vivant dans le
désordre d'une manière ouverte, nous
aurions le droit, ce serait un devoir pour nous de
lui dire : n'approchez pas ; qu'avez-vous
de commun avec Jésus-Christ ?
Mais, ici même, que notre vue est
bornée !
Nous n'avons pas la prétention de
connaître chacun, hélas ! Qui
sait si la démarche que fait cette personne
n'est pas le signe d'un repentir qui
s'éveille en elle ?
Qui sait si, en la repoussant, je ne risque pas de
la désespérer ?
Autant de questions qui vous montrent que nous ne
sommes pas assez perspicaces pour juger
« des pensées et des intentions du
cœur, » et qu'entre la table sainte
et vous, il ne peut y avoir de place que pour
vous.
Est-ce l'Église que vous voudriez charger de
cet examen ?
C'est ce qui a eu lieu chez nous pendant
près de trois siècles. L'esprit
austère de la Réforme avait
institué dans chacune de
nos paroisses une discipline rigoureuse,
exercée par les consistoires, et qui
devait interdire pour un temps quiconque
s'était écarté de la saine
doctrine ou avait offensé les bonnes
mœurs. On ne peut nier que cette institution
n'ait rendu de grands services ; mais si j'en
crois le témoignage d'hommes graves et
consciencieux, il en a été de ceci
comme d'une foule d'autres choses : la
pratique est demeurée en deçà
de la théorie.
Aujourd'hui, l'Église n'a plus à son
usage qu'un moyen de discipline tout spirituel dans
cette portion de la liturgie qui ouvre le service
de la Sainte-Gène.
(2) Vous
connaissez cette page ; mais il y aura, je
crois, quelque avantage à la rappeler ici,
car il me semble que bien des personnes, et des
plus sincères, ne l'ont pas encore entendue
dans son véritable sens.
Laissons tomber, je le veux bien, la phrase qui
excommunie en particulier ceux qui ont
été exclus de la participation du
sacrement soit dans cette église soit dans
quelque autre. Elle se rapporte à un
état qui n'est plus le nôtre ;
oublions-la, et prenons le reste.
« Nous voyons, dit la liturgie,
qu'il n'y a que les vrais chrétiens qui
doivent y être admis. »
Il n'est personne ici, je m'assure, qui songe
à le contester, pourvu qu'il soit bien
entendu que ces vrais chrétiens ne sont pas
ceux qui déjà ont atteint le but,
mais ceux qui, selon la parole de saint Paul,
« font leurs efforts pour y
parvenir. »
(Phil. 3, 12.) Ainsi, suivant la
règle que nous en avons dans
l'Écriture, à l'exemple et
d'après les lettres des apôtres,
(1 Cor. 5, 4-5.) au nom et en
l'autorité de notre Seigneur
Jésus-Christ, qui ne vient « ni de
moi, ni des hommes, ni d'aucun
homme ; »
(Gal. 1, 1.) mais de ce
ministère de la parole que le Seigneur m'a
conféré dans sa miséricorde,
j'excommunie.
Arrêtons-nous, il en vaut
la peine. Quel rôle terrible ce mot a
joué !
Il fut un temps où ce seul mot, tombant tout
a coup sur un homme ou sur un pays, était
l'équivalent d'une sentence de mort.
Excommunier, c'est mettre en dehors de la
communion ; la communion dont il s'agit, c'est
l'assemblée des vrais fidèles ;
j'excommunie signifie donc, je déclare
indigne de se réclamer de l'Église de
Jésus-Christ, et par conséquent
indigne de s'approcher du saint sacrement.
Suit une longue énumération, dans
laquelle les péchés les plus
grossiers sont désignés sans ambages,
et qui a eu plus d'une fois, - nous l'avons
constaté, - le mérite de secouer des
consciences endormies, et d'éloigner de la
sainte cène des hommes qui l'auraient prise
sans sérieux.
Cette nomenclature vous semble
déplacée. Où trouver un homme,
vous écriez-vous, qui ne porte point en lui
le germe de plusieurs ou même de tous les
vices dénoncés par la
liturgie ?
Il est vrai, mais là n'est pas l'important.
Dieu ne vous demande pas de venir sans aucun
péché (vous ne le pouvez, et Il le
sait bien), mais ce qu'Il est en droit d'exiger,
c'est que vous sentiez vos fautes et que vous en
gémissiez. Aussi la liturgie ajoute-t-elle
expressément ces mots : pendant
qu'ils ne s'amendent point, c'est-à-dire
aussi longtemps qu'ils demeurent dans leur voie
mauvaise, montrant avec assez d'évidence, ce
me semble, que ce qui forme l'accès à
la table sainte, ce ne sont pas les fautes
passées, mais le refus actuel,
obstiné de les reconnaître.
Je sais bien ce qu'on va répondre :
« Votre liturgie, me dit-on, est une
lettre morte ; vous avez beau
répéter : je déclare
exclu quiconque est indigne de porter le nom de
chrétien, on ne vous croit pas. Ce ne sont
là que des mots sonores, vous n'avez aucun
moyen de les mettre à
exécution ; vous tirez trop haut, et
personne ne se trouve
atteint.
Moins que vous ne pensez, mon cher
contradicteur.
La liturgie est la voix de l'Église,
rendue par celle du pasteur. Le passage que je
viens de lire n'est donc pas l'affirmation d'un
livre, c'est la protestation de l'Église,
qui tient à honneur de mettre la table de
son Seigneur à l'abri des profanateurs, et
si, comme on peut le croire, ces derniers ont
diminué, c'est après Dieu, à
cette protestation répétée que
nous le devons.
Mais je veux croire que nous prêtons à
la liturgie une influence
exagérée : mes frères,
nous avons parlé ; si quelque loup
vient à se glisser parmi le troupeau, c'est
son affaire, et non plus la nôtre, il est
averti. Oui, j'ose le dire, c'est avec assurance
que nous pouvons répéter cette parole
que les anciens ont si souvent
prononcée : Je leur ai parlé, et
en leur parlant, j'ai sauvé mon
âme.
Il est un fait, souvent constaté, c'est que
le nombre des communiants n'est plus ce qu'il
était autrefois. Si ce fait à son
côté triste, il en est un autre qui
nous réjouit : il est passé, le
temps des communions pour la forme. Mais si
restreinte que soit aujourd'hui « la
petite famille » de ceux qui participent
à la sainte cène, tout communiant a
besoin de s'entendre dire, aussi bien que les
Corinthiens du temps de saint Paul ;
« Que chacun s'éprouve
soi-même. »
Car savez-vous, mes frères, à quoi
s'expose celui qui néglige cet examen de
lui-même ? Il s'expose à manger
de ce pain, à boire de cette coupe
indignement, c'est-à-dire avec des
dispositions contraires à celles que le
Seigneur réclame ; « or,
celui qui en mange et qui en boit indignement,
mange et boit sa condamnation ; parce qu'il ne
discerne pas le corps du Seigneur, »
(1 Cor. 11, 29.) ou, si vous voulez,
qu'il méprise, qu'il outrage le corps
glorifié du Seigneur, avec lequel le pain et
le vin de la sainte cène
devaient le mettre en communion. Manger et boire sa
condamnation !
(1 Cor. 11, 30.) Cela vous
surprend ?
Ignorez-vous donc que les meilleures choses
peuvent, dans tel cas donné, se changer en
leur contraire ?
Quoi de plus pur que l'air du printemps ? Avec
quelle avidité nous le respirons ! Mais
cet air est mortel pour le poitrinaire.
Quoi de plus excellent que le pain ?
« O Père, donne-nous aujourd'hui
notre pain quotidien. » Mais une
bouchée de pain peut déterminer chez
un homme malade la crise qui l'emportera.
Quoi de plus précieux que les
éléments de la sainte
cène ? O pain rompu, ô vin
versé dans les coupes, vous êtes
vraiment « un pain du ciel, »
une « source d'eau jaillissant pour la
vie éternelle. » Mais si le
respect, si l'amour, si l'humilité, si le
vrai repentir manquent au communiant, c'est son
jugement, sa condamnation, la maladie et la mort
qu'il y trouvera.
La maladie, la mort !
Écoutez encore saint Paul :
« C'est pour cela, »
s'écrie-t-il, avec un accent de profonde
tristesse, » que parmi vous il y a
beaucoup d'infirmes et de malades et qu'un
grand nombre sont morts. »
Les termes employés par l'apôtre, ne
sauraient s'entendre du corps, bien que des
théologiens fort pieux et très
autorisés l'aient pensé. Il se peut
faire, je ne le nie pas, que Dieu frappe dans leur
chair les profanateurs de sa table ; plus d'un
malade, repassant tous les détails de sa
vie, a dû se convaincre que sa
dernière communion n'était pas
étrangère aux souffrances qu'il
endurait. Toutefois, le Dieu de la nouvelle
alliance, le Dieu de patience et de consolation,
(Rom. 15, 5.) n'a pas coutume de
frapper immédiatement et d'une
manière visible celui qui fait de ses dons
un mauvais usage.
Il y a quelque chose de plus terrible que la
phtisie, que le marasme (atrophie progressive des organes,
aimaigrissement extrême), que tous ces
maux qui minent sourdement, et
causent d'autant plus de ravages qu'ils font moins
de bruit.
Il y a une mort plus terrible que celle qui vient
nous prendre au lit de la fièvre, et qui
tarit l'une après l'autre les sources de nos
forces vives ; c'est de sentir qu'au lieu
d'avancer, on suit un mouvement de recul, qu'on
reste stationnaire en sainteté, et que les
mauvaises habitudes gagnent toujours plus de
terrain ; c'est d'être forcé de
s'avouer que l'on dépérit et que
l'âme se meurt, lentement, tout doucement,
mais infailliblement.
Or, c'est précisément là ce
qui arrive au communiant infidèle : ce
n'est pas la paix qu'il trouve à la table
sainte, c'est une amère tristesse ; ce
n'est pas la force, c'est la
défaillance ; ce n'est pas une
nourriture, c'est un poison ; ce n'est pas la
vie, c'est la mort.
Pas n'est besoin d'aller bien loin pour en trouver
la preuve dans la piété si
languissante d'un grand nombre.
Ils ont communié, et ils ont
dépéri ;
ils communient et ils
dépérissent ;
ils communieront et ils
dépériront.
Et toujours en sera-t-il ainsi, jusqu'à ce
que revenant comme l'enfant prodigue, ainsi que lui
ils s'écrient :
« Père, j'ai péché,
je ne suis pas digne » de m'approcher de
ta table. C'est pour cela, oui, c'est pour cela que
parmi nous il y a beaucoup d'infirmes et de malades
et qu'un grand nombre sont morts. « Que
celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
(Ev. s. Matth. 13,
9.) »
Mais vous, qui vous êtes
éprouvés vous-mêmes, vous qui
pouvez répondre par un oui humble et
sincère aux trois ordres de questions que
nous vous avons posées, ô âmes
éprouvées, approchez avec une sainte
joie. Voici la fête de l'amour de Dieu ;
si ce n'est pas encore « le banquet des
noces de l'Agneau, » (
Apoc. 19, 1) c'est le repas de ses
fiançailles.
Cœurs brisés, venez, il y a ici du
baume pour toutes vos blessures.
Âmes affamées et
altérées, venez, « prenez,
mangez, car ceci est mon corps, ceci est mon
sang. »
Consciences troublées, venez, voici
l'assurance de votre pardon :
« Paix, paix, pour celui qui est
près et pour celui qui est loin, a dit mon
Dieu. »
Agneaux meurtris, brebis errantes, venez, le bon
Berger n'a jamais été si près
de vous.
O Dieu, mon Dieu, que tu es bon ! car celui
qui en mange et qui en boit dignement, mange et
boit la vie éternelle.
Mes frères, il me reste un poids sur le
cœur, et puisque je parle, laissez-moi tout
dire.
Je ne me suis adressé qu'aux
communiants ; mais il y a ici bien des
personnes, - des hommes surtout, - qui ont comme
désappris le chemin de la table sainte. Ils
viennent au culte, ils écoutent la
prédication ; leurs voix se
mêlent à nos actions de
grâces ; d'où vient - j'ai besoin
de vous le demander et de me décharger - que
vous pouvez demeurer si longtemps sans
éprouver le besoin de participer à la
sainte cène ?
Serait-ce que le sens de cette
cérémonie vous est obscur ? Je
me suis efforcé de vous l'éclaircir
de mon mieux.
Reprenez cette explication, vous ne la trouverez
hérissée ni de difficultés
épineuses ni de mystères
incompréhensibles.
Serait-ce que la sainte cène vous
paraît trop simple ?
Une table, une nappe, du pain, du vin, manger et
boire, qu'est-ce que cela ? Il vous faut
mieux.
Prenez garde, mon cher auditeur ; ce n'est pas
nous qui avons créé tout cela, - quoi
qu'en disent ceux qui nous accusent d'avoir
ajouté tant de choses à
l'Évangile de Jésus, - c'est
Jésus lui-même qui nous l'a
légué.
Ce repas d'amour est trop humble ? Je vous
plains d'être si grand que son
humilité vous offusque ! C'est le
signe que vous n'avez rien
compris encore à l'esprit de la nouvelle
alliance ; car le Dieu de l'Évangile
n'est pas le grand Solitaire qui reste assis sur
son trône, - libre à nous d'y monter,
si bon nous semble et comme nous le pourrons, -
c'est le Père de l'enfant prodigue qui
s'abaisse vers les misérables pour les
élever jusqu'à Lui.
Mais non, vos raisons sont plus
élevées : « Je fais
acte de foi, en venant au culte, dites-vous ;
je puis le faire sans hypocrisie ; quant
à la cène, c'est autre chose, je ne
sens en moi ni la foi, ni l'amour, ni
l'humilité qu'il faudrait ; je serais
un hypocrite, si j'y prenais part. »
Votre réponse est d'un homme sérieux,
mon frère, et je suis tout disposé
à la respecter. Cependant, considérez
bien que ce n'est pas à des parfaits que
Jésus-Christ adresse son invitation, mais
à des hommes qui s'acheminent vers la
perfection, et que le moindre germe de foi, d'amour
et d'humilité ne sera point
étouffé, pourvu que ce germe soit
vraiment un germe, je veux dire le point de
départ d'une croissance plus forte et plus
décidée.
Mais je crains bien que pour plusieurs de ceux qui
sont ici, toutes ces excuses ne soient que des
prétextes, et que votre refus de communier
ne soit, pour le bien nommer, qu'un refus de vous
convertir. Vous ne voulez pas communier ?
dites plutôt que vous n'avez pas besoin d'un
Sauveur.
Vous ne voulez pas communier ? dites
plutôt que vous ne voyez pas la
nécessité d'une transformation.
Vous ne voulez pas communier ? »
Dites plutôt que vous voulez vivre et mourir
dans votre égoïsme, dans votre
sécheresse de coeur, dans vos refus de
pardonner et d'aimer. Mais s'il en est ainsi, je
vous le déclare, vous n'êtes pas
prêt à mourir ; vous ne
n'êtes pas à paraître devant
Dieu, vous ne l'êtes pas à affronter
le regard du Juge et la lumière du Saint des
Saints. Songez-y bien, je vous en prie. Vous aussi,
jugez-vous, examinez-vous,
éprouvez-vous.
Où en êtes-vous ? Que chacun
s'éprouve soi-même.
Mes frères, nous marchons tous au-devant du
jour où « Dieu fera venir en
jugement tout ce que l'on aura fait, avec tout ce
qui est caché, soit bien, soit
mal. » Examen solennel, auprès
duquel toutes les épreuves que nous avons
passées dans l'enfance, et qui tant de fois
ont fait courir le frisson dans nos membres,
n'étaient que des jeux d'enfants.
Qui sont ceux qui trouveront grâce ?
Ceux-là, ceux-là seulement qui,
mettant en pratique la recommandation de
l'Apôtre, se seront éprouvés
eux-mêmes.
Malheur à qui néglige de le
faire !
Il se trouvera devant le tribunal, avec le lourd
bagage de ses péchés, de ses
misères et de ses souillures, et la sentence
qu'il entendra le surprendra d'autant plus qu'il
aura fermé les yeux plus
obstinément.
Soyez sages, oui, soyez-le. Plus le jugement que
vous aurez porté sur vous-mêmes sera
rigoureux, plus le jugement de Dieu sera empreint
de miséricorde.
Moins vous vous serez jugés, plus
l'arrêt suprême sera redoutable.
Ah ! veuille Dieu que, dans cette grande
journée, - la journée de
l'éternité, - vous soyez de ceux qui
n'auront pas craint de passer leur vie par le
crible, et que la vue de leurs défaillances
aura jetés « tout meurtris, mais
vainqueurs » dans les bras de l'amour
éternel.
« Si nous nous jugions
nous-mêmes, le Seigneur ne nous jugerait
point. »
Amen.
1) J'ignore si, selon l'expression favorite de
Luther. le corps du Seigneur est avec le
pain, sous le pain et dans le
pain ; Je sais seulement que mon Sauveur
veut se donner à moi, et cela me
suffit.
2) Une Église de professants ne saurait
s'en contenter ; mais cette discipline est
la seule possible dans une église de
multitude.
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(Source:
Google)
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