LE SERMON SUR LE MONT
HOREB
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« Et Dieu lui dit:
« Sors, tiens-toi sur la montagne devant
l’Éternel. » Et voici que
l’Éternel passait. Un vent fort et
violent déchirait les montagnes et brisait
les rochers devant l’Éternel, mais
l’Éternel n’était pas dans
ce vent. Après le vent, il y eut un
tremblement de terre, mais l’Éternel
n’était pas dans ce tremblement.
Après le tremblement, un feu; mais
l’Éternel n’était pas dans
ce feu; et après le feu, un son doux et
subtil. Aussitôt qu’Élie
l’eut entendu, il s’enveloppa le visage
de son manteau; il sortit et se tint à
l’entrée de la cave; et voici
qu’une voix lui parla et lui dit;
« Que fais-tu ici
Élie? » (I Rois XIX: 11-13)
Il y a, sans doute,
infiniment plus dans ce qu'Élie vit et
entendit dans la caverne, que je ne pourrais vous
dire ce soir. Je n'essaiera même pas
d'extraire du texte, le sermon merveilleux et si
pratique qui fut prêché au
prophète sur le flanc du mont Horeb. Je ne
retiendrai, maintenant, qu'une partie du passage:
« la voix douce et subtile »
(1), qui me fait
entendre quatre messages distincts.
I. ET TOUT D'ABORD LE PREMIER, POUR LE
PROPHÈTE.
Il est probable que,
dans la pensée d'Élie, une
manifestation de la puissance divine devait
infailliblement ramener le peuple d'Israël
vers Dieu.
S'il pouvait
être prouvé, de façon
indiscutable, que Baal n'était pas Dieu, que
Jéhovah, seul, l'était, alors,
pensait-il, le peuple serait convaincu et
reviendrait à l'Alliance jurée au
Dieu vivant et vrai. Mais il ne tarde pas à
découvrir son erreur. Bien que le feu de
l'Éternel fût descendu du ciel et
qu'il eût consumé son sacrifice et
jusqu'aux pierres de l'autel et l'eau de la
tranchée à l'entour, bien que le
peuple eût crié: « c'est
l'Éternel qui est Dieu, c'est
l'Éternel qui est Dieu »;
cependant, les idoles dressées dans les
hauts lieux et les bocages n'avaient pas
été abandonnées; Israël
adorait encore le dieu-soleil, et ignorait Celui
qui avait créé le
soleil.
Il semble aussi
qu'Élie ait pensé qu'une
manifestation de la sévérité
divine était nécessaire pour ramener
Israël à la fidélité
jurée à Jéhovah. Aussi fit-il
saisir tous les prophètes de Baal, qu'il fit
mettre à mort au torrent de Kison. Sans
doute, le prophète souffrit-il de devoir
être l'exécuteur de la justice; mais
un saint zèle l'animait; chaque coup
frappé contre les prêtres
idolâtres n'était-il pas porté
pour l'honneur et la gloire de l'Éternel?
Cependant cette extrême
sévérité n'a pas les
résultats espérés; tout au
contraire; et l'un d'eux c'est d'éveiller le
courroux de Jésabel qui jure de faire mourir
Élie. Peut-être s'attendait-il
à ce que Dieu fît aussi tomber sur le
peuple quelque sévère jugement?
Cependant quel autre châtiment envoyer sur un
peuple qui souffrait déjà de
sécheresse et de famine depuis trois ans! Et
cela ne les avait pas détournés de
leur idolâtrie!...
Mais Dieu
révèle à Élie que ce ne
sont pas là ses méthodes. Sans doute,
Il peut se servir du vent, du tremblement de terre,
du feu, mais ce ne sont pas là ses meilleurs
instruments. Ce n'est pas d'eux qu'Il se sert pour
l'accomplissement de ses oeuvres les plus
puissantes mais de la voix douce et subtile.
L'Éternel dit donc à Élie:
« Il faut avec ce peuple rebelle d'autres
méthodes que celles que tu as
employées, ou que j'ai employées par
ton moyen. Ils ont vu ma puissance, et que je
domine sur les forces de la Nature; ils savent que
je puis frapper et punir; mais leur coeur n'a pas
été touché. Pour l'atteindre,
il faut recourir à d'autres
procédés. »
Peut-être avez-vous remarqué que
durant les années qui suivirent, le
ministère d'Élie se modifia. Sans
doute, il reste un ministère de flamme quand
même; et comme le Baptiste, Élie ne
cesse de prêcher la repentance. Cependant son
service est tempéré de douceur et il
semble s'occuper surtout de la préparation
des jeunes, d'écoles pour les fils des
prophètes; car ceux-ci reconnaissent
Élisée comme leur maître,
dès qu'Élie est enlevé au
ciel.
Il fallait essayer de la voix douce et subtile.
Selon toute apparence les châtiments
étaient restés inutiles, les coeurs
n'avaient pas été gagnés. Les
hommes épouvantés ne s'étaient
pas convertis. Sous l'empire de la terreur ils
avaient durant quelque temps délaissé
l'idolâtrie, mais pour y retourner peu
après, comme la truie à sa fange.
Satan, délogé momentanément,
était revenu en force et avait assuré
ses positions. Il fallait employer les
méthodes de douceur, de persuasion; elles
étaient plus efficace. Tel fut, je pense, le
message que comprit Élie.
II. Si je discerne
bien la portée de la voix douce et subtile
ILS S'Y TROUVE AUSSI UN MESSAGE POUR TOUS LES
SERVITEURS DE DIEU. A nous tous qui prêchons
la Parole, ou qui essayons de l'enseigner de
quelque autre manière, Dieu semble dire:
« Ne mettez pas votre confiance dans les
grandes manifestations de puissance, mais bien
plutôt dans l'influence douce et subtile du
Saint-Esprit, vraie rosée céleste, et
dans la pluie bienfaisante de l'Évangile.
Annoncez la Parole de Dieu aux fils et aux filles
des hommes. »
Les prédicateurs ont souvent l'ambition de
faire de grandes choses. Nous nous imaginons
volontiers que si nous pouvions prêcher comme
le fit Jonathan Edwards, prononçant son
fameux sermon sur le sort des pécheurs
impénitents, lequel sermon frappa de terreur
les auditeurs à ce point qu'ils sentaient
les bancs même trembler sous eux, et que
certains hommes se dressèrent dans leur
effroi pour se cramponner aux piliers de
l'édifice, il nous semble, dis-je, que si
nous prêchons ainsi, nous ferions de grandes
choses, et qu'il vaudrait la peine d'annoncer la
Parole. Ou bien, nous nous laissons aller à
souhaiter l'éloquence d'un Whitfield
s'adressant à 20.000 âmes, en plein
air, à Kennington... Ou bien encore, nous
basons les plus hautes espérances sur
quelques sermons qui occupent une place
privilégiée dans notre estime;
celui-ci, à cause de sa superbe
péroraison qui fait songer au bouquet d'un
feu d'artifice, un jour de fête;
celui-là, à cause de
l'éloquence qui y est
déployée. Si nous avons la sagesse de
rester indifférent à ces choses, nous
nous sommes attaché, peut-être,
à quelque morceau de dialectique si
puissant, si serré que, nous semble-t-il,
aucune barrière, aucune difficulté ne
devraient subsister, et que nos auditeurs devraient
être nécessairement
convaincus.
Or, si nous sommes
depuis quelque temps dans le ministère; et
si le Seigneur nous a donné quelque
discernement spirituel, nous devons savoir à
quel point une telle attente, de semblables
espérances sont peu fondées.
Peut-être qu'avec ce genre de
prédication, un grand souffle passera sur
l'auditoire, mais l'Éternel ne sera pas dans
le vent, ou il se produira comme un tremblement de
terre, et les gens s'effondreront sous l'empire de
la terreur, mais le Seigneur ne sera pas dans le
tremblement de terre; la chaire serait comme
illuminée des lueurs blafardes du jugement,
mais Dieu ne sera pas dans ce feu. Sans doute, nous
devons enseigner la crainte de l'Éternel;
mais comme l'Apôtre Paul, et parce que
justement nous connaissons la crainte qu'il faut
avoir de l'Éternel, nous essaierons de
persuader les hommes. La persuasion doit être
la note dominante de la prédication,
justement parce que la Vérité est
chose terrible. Nous ne devons pas cacher les
menaces contenues dans les Écritures; le
Seigneur Jésus bien que parfaitement doux et
parfaitement bon, a prononcé des paroles
effrayantes sur la Colère à venir: le
ver qui ne meurt pas, le feu qui ne s'éteint
point. Toutefois, ce n'est pas en faisant vivre les
cordes de la crainte et de la terreur, en
évoquant le jugement à venir que nous
pouvons espérer des résultats
durables (2).
L'auditeur peut s'habituer aux
sentiments de crainte et ceux-ci s'émousser;
il peut pleurer jusqu'à ce qu'il ne lui
reste plus de larmes, et plus tard, prendre en
pitié ce qu'il nommera un accès de
faiblesse.
Mais la prédication de Jésus-Christ
et Jésus-Christ crucifié ne perdra
jamais sa puissance. Vous pouvez « redire
l'histoire de l'amour de Jésus »,
jamais elle ne résonnera dans le coeur comme
une vaine répétition si avec un
esprit de bonté, un coeur brûlant
d'amour vous dites à ceux qui vous
écoutent: « Voici l'Agneau de Dieu
qui ôte le péché du
monde ». Point d'excitation, point de
grandes émotions dans l'auditoire, mais
l'Éternel sera là. Il est toujours
présent lorsque cette prédication
retentit. Si Jésus est prêché,
les pécheurs doivent être
sauvés. Toutefois, même s'il n'en est
pas ainsi, bien que nous prêchions
Jésus avec fidélité et amour,
nous sommes la bonne odeur de Christ pour Dieu,
à l'égard de ceux qui
périssent et de ceux qui sont
sauvés... Le ministère qui sauve les
âmes est celui de « la voix douce
et subtile » proclamant la Grâce
rédemptrice, et l'amour du Seigneur
s'offrant au sacrifice. L'âme qui cherche ne
s'y trompe pas; elle reconnaît aussitôt
les accents divins et elle répond à
l'appel céleste. Tel est le message de
« la voix douce et subtile »
pour le prédicateur de la Parole.
III. Mais je
discerne aussi un MESSAGE POUR TOUTE
L'ÉGLISE.
L'Éternel n'était ni dans le vent, ni
dans le feu, ni dans le tremblement de terre.
Apprenons de ceci à ne pas souhaiter que les
jugements de Dieu tombent sur notre nation ou sur
le monde, dans la pensée que ceci
hâterait l'établissement de son
règne... Nous sommes attristé souvent
que sa cause ne triomphe pas plus rapidement; que
les Missions parmi les païens ou au sein de
notre peuple n'aient pas plus de succès. Et
nous souvenant de ce qui se passait lorsque
l'épidémie de choléra
dévastait Londres, et que les coeurs
étaient si accessibles à
l'Évangile, nous avons presque
souhaité quelque nouveau jugement qui
briserait la dureté des habitants de cette
ville de péché, et de la nation.
Gardons-nous de souhaiter la guerre, des
épidémies ou quelque autre
jugement... Mais comme les chrétiens de la
primitive Église, plaçons notre
confiance dans l'Esprit de Dieu qui agissait alors
au moyen d'instruments fidèles, lesquels
prêchaient l'Évangile après en
avoir expérimenté la puissance dans
leurs coeurs et dans leurs vies.
Il se dégage
encore une leçon pour l'Église, de
cette voix douce et subtile. Des paroles que dit
l'Éternel au prophète, il ressort
qu'une oeuvre s'accomplissait en Israël,
oeuvre ignorée d'Élie. Sept mille
personnes n'avaient pas fléchi les genoux
devant Baal, ni baisé son image. Il est non
moins certain que des milliers existent qui sont
fidèles au Seigneur, bien que nous ne les
connaissions pas... Comment ces sept mille
avaient-ils été gagnés
à l'Éternel? Assurément pas
par le miracle du Carmel. Et peut-être pas
davantage par les trois années de famine.
Comment donc s'étaient-ils
séparés du reste de la nation?
Comment avaient-ils résisté au grand
courant d'idolâtrie? Nous discernons ici
l'action secrète de l'Esprit de Dieu sur les
coeurs; peut-être aussi l'enseignement de
mères fidèles, ou la sainte influence
d'hommes et de femmes craignant Dieu. Leurs
contemporains constatant qu'ils possédaient
quelque chose de plus que les autres, avaient
appris d'eux le secret. Tous ces concours avaient
rangé ces sept mille sous la bannière
de Jéhovah, en un temps
d'apostasie.
Mes bien-aimés frères, soyons
assurés qu'il en va de même
aujourd'hui, et je veux vous en apporter la
consolante assurance. Si nous observons la
chrétienté de ce siècle, nous
n'y voyons pas de progrès sensibles, mais
nous pouvons croire à l'action
secrète de la Grâce dans les coeurs et
les vies de ceux qui nous entourent; même si
nous ne la discernons pas...
Je crois en la
puissance de la voix douce et subtile; Dieu veuille
qu'elle ne soit jamais rattachée dans la
pensée chrétienne, à la
présence ou à la puissance de
certains orateurs. Je crains que nos amis
américains, ne tombent en cette erreur; car
lorsque leurs grands prédicateurs
s'absentent, ils ferment les lieux de culte! Comme
si Dieu était aussi parti pour la compagne
ou le bord de la mer, parce que M. X., ou M. Y., y
sont partis! Mes amis ne placez jamais une telle
confiance en aucun de nous; ne croyez pas que Die
ne puisse faire aussi bien son oeuvre sans tel ou
tel instrument. Ne pensez pas non plus que le
pasteur doive venir à vous avec un discours
châtié, et l'éloquence ou la
musique des mots. Personnellement je hais l'un et
l'autre, tout art et toute éloquence qui ne
viennent pas du coeur. Quel tort les beaux sermons
et les élégants discours n'ont-ils
pas fait à la cause divine! Sachons parler
le langage du coeur; que nos coeurs
s'épanchent par nos lèvres, comme le
puissant fleuve qui sort d'une source jamais tarie.
Voilà l'éloquence qui peut utilement
supplier les pécheurs de se détourner
de leurs péchés, pour aller au Dieu
vivant.
Ce que je veux mettre
en lumière, c'est que l'Église ne
doit pas s'appuyer sur les voix qui portent au loin
comme le son des cloches, non plus que sur les
discours qui sont une musique. Appuyons-nous
uniquement sur l'Évangile... et je voudrais
que vous tous qui servez ainsi le Seigneur, croyiez
que sa bénédiction repose sur votre
service... je voudrais que l'Église soit
bien convaincue que ses plus grandes victoires ont
été remportées par ceux qui,
au point de vue humain, n'avaient pas la
compétence nécessaire, et qu'elle
peut encore s'attendre aux plus grands
résultats en se servant des moyens
ordinaires, des personnes ordinaires, s'adonnant
à leurs travaux ordinaires, de façon
ordinaire, au nom de Dieu; ouvriers placés
toutefois sous l'influence sainte et bénie
de l'Esprit divin, duquel procède toute
puissance véritable.
IV. Et voici ma
conclusion avec le quatrième point: Je crois
que nous avons ici UN MESSAGE POUR LES
PÉCHEURS.
Dans le tableau que
décrit l'auteur inspiré, bien des
choses retiennent notre attention. Un vent puissant
et violent déchire les montagnes et met les
rochers en pièces; le prophète sent
la terre s'ébranler et trembler sous ses
pieds; et le tremblement de terre précipite
les collines qui comblent les vallées; les
forêts qui s'étendaient sur les pentes
prennent feu; mais aucun des spectacles de cette
nature déchaînée, ne
révèlent Dieu au coeur de son
serviteur. C'est seulement lorsque la voix douce et
subtile se fait entendre que s'établit le
contact entre la créature et le
Créateur. Il en va de même pour les
âmes qui cherchent. Dieu n'est pas dans les
terreurs qui les assaillent; mais l'humaine nature
est là, et souvent aussi Satan. Ces terreurs
n'ont rien à voir avec le salut; ainsi donc
ne les recherchez pas, ne les désirez pas.
Et c'est une grande bonté de Dieu qu'Il
daigne souvent convertir par une voie plus unie,
plus facile que celle-là. Je sais que
certains sont amenés à Lui par le
chemin de la terreur. Qu'ils bénissent Dieu
d'avoir été amenés à
Lui de quelque manière que ce soit; et
qu'ils soient reconnaissants de n'avoir pas
été laissés dans leurs
péchés et dans la mort. Toutefois si
Dieu se sert de la douceur pour amener à Lui
d'autres âmes, pourquoi le
regretteraient-elles? Pourquoi ne seraient-elles
pas heureuses sans arrière-pensée, et
doublement reconnaissantes d'être
sauvées sans avoir à souffrir ce que
d'autres ont souffert! Mes bien-aimés
frères ne désirez pas faire ces
expériences si Dieu vous les épargne;
de peur de provoquer son déplaisir et que
peut-être Il ne vous châtie. En
n'acceptant pas le salut purement et simplement,
vous refusez de faire ce qu'Il vous ordonne, qui
est de croire en son Fils Jésus; et vous
voulez éprouver ces terreurs dont vous
souhaiteriez d'être affranchis si vous les
connaissiez.
Et si quelqu'un de mes
auditeurs a passé par ces terribles
expériences, je le supplierai de ne pas
s'imaginer qu'elles sont un indice de salut, et
qu'il est sauvé parce qu'il sait ce que
c'est que de désespérer de
soi-même. Quelle espérance sans
fondement que celle-là! Se croire
sauvé parce qu'on se sait perdu! Et qu'il
serait absurde de se croire en santé parce
qu'on se sait malade; et de se croire riche parce
qu'on connaît sa pauvreté! Certains
remords apparentés à la repentance ne
relèvent pas de la Grâce. Il y a un
sentiment du péché qui émane
de la conscience de l'homme, et n'est pas le fruit
de l'oeuvre du Saint-Esprit, parce que la
conscience n'a pas encore été
illuminée par l'Esprit de Dieu. Peu de
choses sont plus terribles à supporter que
celle-là! Une conscience
réveillée lorsqu'on est encore
incrédule. Cependant plusieurs passent par
cette effroyable route, et quelques-uns même
s'imaginent être sauvés parce qu'ils
en ont connu les alarmes et les tortures. Si
quelqu'un ici connaît les souffrances dont je
parle, qu'il ne s'imagine pas être
sauvé par elles.
Quand la voix douce et
subtile se fera entendre pour vous, savez-vous
comment cela se fera? Probablement de la même
façon que pour Élie; elle s'adressera
à vous; de sorte que vous commencerez
à saisir la portée des
vérités que vous aviez entendues
jusqu'ici sans les comprendre. La voix dira:
« Que fais-tu ici
Élie? » La vérité
commencera à agir en vous, et vous vous
appliquerez alors les sermons entendus au lieu de
les appliquer au prochain. La Bible aussi vous
parlera un langage direct, et par les
vérités qu'elle contient, Dieu vous
parlera.
D'abord, la voix douce
et subtile ne vous apportera pas plus de confort
qu'elle n'en a apporté à Élie.
Elle pénétrera en vous, mettant en
évidence votre caractère et votre
conduite. Vous verrez sous un autre jour votre
passé, et vous serez attristé. Elle
mettra aussi en évidence le présent
avec ses péchés et vous serez couvert
de confusion. Puis les années sans Dieu et
vécues dans la vanité se
présenteront à votre pensée.
La voix douce et subtile vous fera comprendre
à quelle distance vous êtes de Dieu et
les changements qui doivent s'opérer avant
que vous puissiez être mis parmi Ses enfants.
Le futur vous apparaîtra aussi, et il vous
semblera plein de menaces, aussi longtemps que vous
ne serez pas converti.
Peut-être
qu'alors, la voix douce et subtile vous
communiquera quelque espérance. Très
probablement, vous ne ressentirez rien
d'extraordinaire, votre vie et ce qui vous arrive,
restera très ordinaire; mais de façon
ou d'autre, il s'y mêlera un sentiment de
malaise, et vous ne pourrez vous en
débarrasser. Influence bénie qui
poursuit le péché et l'atteint.
Quelle est douce l'amertume qui, désormais,
détourne l'âme pécheresse du
monde où elle se complaisait, et où
maintenant elle ne trouve plus que
dégoût! Quelle est douce l'influence
qui amène l'âme à soupirer
après Christ. Je prie Dieu qu'Il vous fasse
connaître ce malaise, qui conduit à la
faim et à la soif de Christ. Je connais
certaines âmes qu'en ont souffert au point de
ne pouvoir presque penser à rien d'autre. Le
travail quotidien s'accomplissait mais au milieu
des soupirs; les repas semblaient insipides, sans
intérêt; le sommeil ne leur donnait
aucun repos, parce que toute la tristesse qui les
saisissait à nouveau au réveil, avait
pesé sur eux durant les heures de la nuit.
Toutes choses et eux-mêmes leur semblaient
insupportables, parce qu'ils n'avaient pas
trouvé Dieu. C'est ici l'oeuvre de la voix
douce et subtile.
Lorsque l'âme
est parvenue à ce stage elle lui fait
généralement entendre le langage de
la Grâce qui sauve; de l'Amour qui s'est
livré à la mort pour sauver; du
Sauveur des pécheurs, immolé pour
l'homme en détresse, pour vous, et vous avez
le sentiment d'une influence douce, persuasive qui
vous conduit vers Jésus et vers les
Écritures, et vous fait souhaiter que Christ
soit votre Sauveur. Cette influence fermera les
issues qui conduisent à la mort, si vous
cherchiez à y retourner, et elle suscitera,
en vous, un soupir toujours plus intense vers
Jésus, jusqu'à ce qu'enfin vous
regardiez à Lui pour avoir la
vie...
Vous trouvez-vous en quelque endroit où vous
ne pouvez vous joindre à l'assemblée
des fidèles, où la Parole n'est pas
prêchée, ou bien est annoncée
de façon qui ne nourrit pas? La voix douce
et subtile vous instruira. Lisez-vous les
Écritures? Elle fera que celles-ci auront
une puissance telle sur votre âme qu'aucune
voix d'homme ne peut lui être
comparée. Car en définitive, c'est
ici la voix de Jésus, c'est celle de l'Amour
éternel. C'est la voix qui prononça
sur la Croix, le « Tout est
accompli! » C'est celle qui invite avec
tant de douceur: « Venez à Moi
vous tous qui êtes travaillés et
chargés et Je vous donnerai le
repos. » C'est celle qui plaide en notre
faveur dans le ciel et dit:
« Père, mon désir est que
là où je suis, ceux que tu m'as
donnés y soient aussi avec moi, afin qu'ils
puissent voir ma
gloire... »
Chers amis n'écoutez jamais d'autre voix que
celle du Seigneur, et n'attendez pas d'autre
révélation que celle des saintes
Écritures. Vous avez non seulement
Moïse et les Prophètes, mais aussi
Jésus et les Apôtres,
écoutez-les! Que la voix douce et subtile
vous révèle la vérité.
Ne cherchez pas d'autre message. C'est ici le Guide
suffisant avec l'illumination du Saint-Esprit. Et
si vous êtes sauvés, je vous demande
d'obéir parfaitement jusqu'à un seul
iota et un seul trait de lettre. Ne changez pas,
n'amputez pas les commandements de Dieu; ne les
oubliez pas; mais suivez l'Agneau quelque part
qu'Il aille. Où que vous discerniez
l'empreinte de ses pieds meurtris, percés,
placez aussi les vôtres. Faites comme Il a
fait. Soyez ce qu'Il a été; et
bientôt, vous serez où Il est. Que le
Saint-Esprit, que la voix douce et subtile agisse
en vous et soit avec vous, jusqu'à ce que,
sans voiles, vous voyiez le Seigneur face à
face. Amen!
(1) Le mot hébreu
« qol » que la Bible
française traduit
« son » au verset 12, et
« voix » au verset 13, est
traduit ici et là par voix, dans la Bible
anglaise. Ceci pour expliquer la façon
dont s'exprime Spurgeon.
(2) A ce propos, voici quelques lignes de M.
Saillens dans l'introduction qu'il
écrivit pour le livre de son fils. Il y
fait allusion à une prédication de
Spurgeon:
« Nous entendons encore, dit-il, cette
voix toujours si pure, si cristalline,
restée jeune en dépit d'une
vieillesse précoce, nous l'entendons
comme au jour, où, pour la
première fois, elle prit à nos
oreilles des accents déchirants et
terribles. L'orateur parlait de
préférence de l'amour de Dieu, de
la Grâce infinie qui n'est offerte
à tous les hommes. Mais ce jour-là
Spurgeon parla du jugement prochain, auquel nul
impie n'échappera. Et tout à coup
quittant le ton tranquille et l'air souriant qui
lui étaient habituels, il leva les bras
au ciel, et se portant avec rapidité aux
deux extrémités de la vaste
tribune, il s'écria: « Oh sirs,
the wrath to come, the wrath to
come! » (Oh Messieurs! la
colère à venir, la colère
à venir!) Il y avait dans ce cri tant de
douleur et d'angoisse, on y sentait une si
profonde conviction des réalités
tragiques exprimées, un si ardent
désir d'arracher ses auditeurs à
leur sécurité trompeuse, qu'un
frisson secoua l'auditoire. Ce cri du pasteur
alarmé pour les brebis en péril,
nous fit comprendre mieux que beaucoup de
commentaires, le sens profond de cette parole si
paradoxale de l'Apocalypse: La colère de
l'Agneau.
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