Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA VIE ÉTERNELLE OPPOSÉE À LA BRIÈVETÉ DE CETTE VIE.

Jean le Cointe

Pasteur de l'Église de Genève et Bibliothécaire.

 1815
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Sur ces paroles de l'Épître aux Hébreux, Chap. XIII. v. 14 :

Nous n'avons point ici-bas de cité permanente ; mais nous cherchons celle qui est à venir.


Ces paroles, M. F., sont une description courte, mais frappante de la vie humaine ; elles nous montrent que l'Être Suprême ne nous a pas placés dans ce monde, comme dans une demeure permanente, pour y fixer notre séjour ; que nous ne sommes que des voyageurs, qui marchent vers l'éternité ; que le temps nous entraîne avec lui sur ses ailes rapides ; et que nous serons bientôt parvenus au terme de notre course !

Tel est le sort de la Nature humaine, sort inévitable ; cette vérité si claire, si universellement reconnue, n'a pas besoin, ce semble, de nous être répétée, la plus légère réflexion suffit pour la faire naître en nous ; mais hélas ! quoique bien convaincus de cette vérité, nous négligeons de nous en occuper, nous la repoussons, parce qu'elle écrase notre faiblesse et nous prouve notre néant ! Nous vivons dans une sécurité trompeuse, comme si la mort qui promène sa faux invisible sur tout ce qui nous environne, devait nous respecter et ne nous plonger jamais dans son ténébreux empire !

Nous commençons aujourd'hui, M.F., une nouvelle année, sanctifions-en les prémices, en fixant nos méditations sur la brièveté de notre vie, et en développant les conséquences morales qui découlent de cette vérité ! O Dieu ! enseigne-nous à tellement compter nos jours, que nous en ayons un coeur de sagesse ; Amen.

BRIÈVETÉ DE LA VIE.

Dès que nous sommes capables de porter un coup d'oeil de réflexion sur ce qui nous environne, dès que nous considérons notre nature, notre état sur la terre, nous voyons que sortis de la poudre, nous nous hâtons d'y rentrer ; nul ne peut être exempt de cette loi ; elle nous assujettit tous, semblable à l'herbe des champs, l'homme s'élève et périt, et s'il n'est pas retranché par un coup violent qui le frappe, il tombe et se détruit de lui-même ; étrangers et voyageurs comme ceux qui nous ont précédés, nous paraissons, pour disparaître !

Et n'est-ce pas là, M. F., ce que nous rappellent sans cesse le spectacle, les scènes variées de la nature ? La nuit succède au jour, les saisons se renouvellent, et leur succession nous avertit de la rapidité avec laquelle s'enfuit le temps, et s'envole notre vie ! Le jour baisse, diminue, s'éteint dans les ténèbres, ainsi l'homme naît, s'élève et meurt ! Les saisons diverses semblent précipiter leur cours, pour accomplir leurs périodes. L'existence de l'homme n'a-t-elle pas aussi ses saisons, dont le cours est promptement terminé ? Qu'elles s'échappent rapidement ces années du printemps de la vie ! Hélas ! la fleur de la jeunesse passe bientôt et s'évanouit ! Bientôt disparaissent la force et la vigueur de l'âge mûr ! et si notre existence se prolonge encore jusques à la vieillesse, qui est l'hiver de la vie, nos infirmités nous plongent dans le sépulcre ; ainsi nos jours et nos années sont emportées comme par un tourbillon, ou par une ravine d'eau ; nous sommes entraînés dans cet océan immense et sans fond, d'où personne n'est jamais ressorti !

L'Écriture Sainte nous présente sous divers emblèmes la fragilité et la brièveté de la vie ; elle la compare à un vent léger qui souffle et ne revient plus, à une parole qui s'échappe et s'oublie, à une vapeur qui s'élève et s'évanouit ; elle nous dit que nos jours disparaissent comme la trace d'un vaisseau sur les ondes, que la mort fond sur nous avec la rapidité de l'aigle qui se lance sur sa proie et la saisit, que l'homme est comme l'herbe qui fleurit le matin et se fane, on la coupe et elle est séchée !
Et une expérience journalière, ne nous prouve-t-elle pas qu'il n'y a point d'exagération dans tous ces emblèmes ; la mort par ses surprises semble se jouer de nous ; elle nous frappe, nous immole, ses coups sont toujours prompts et imprévus ! Les flots de la race humaine comme ceux de la mer, se pressent, se poussent et disparaissent pour faire place à d'autres d'une aussi courte durée !
Déduisons les conséquences qui résultent de cette vérité : nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous attendons celle qui est à venir.

CONSÉQUENCES.

1.° Qu'elles seraient sombres et mélancoliques ces réflexions sur la brièveté de la vie, si l'homme une fois couché dans la tombe, ne devait plus renaître ! Mais la brièveté même de cette vie nous donne lieu d'espérer et de croire, que nous vivrons au-delà du tombeau ! En effet, M. F., pourrions-nous penser que l'homme n'aurait pas été destiné par son Créateur, à parvenir à cette perfection de sagesse, de vertu, de félicité, dont sa nature est susceptible ? Pourrions-nous penser, qu'après avoir fait les premiers pas, et quelques faibles progrès dans la carrière des connaissances, nous devons nous arrêter, sans aller plus loin ? ou qu'après avoir commencé à orner notre âme par la sagesse, à l'ennoblir par la vertu, lorsque nous sommes plus dignes de vivre, nous périssons sans retour ?

Quoi ! nous aurions été placés un instant sur le théâtre sublime de la nature, pour y jouer un rôle si court ; et de quelque manière que nous l'aurions rempli, soit en nous attachant à la vertu, soit en nous livrant au vice, la toile se baisserait et ne se lèverait plus ! Serait-ce le but pour lequel Dieu nous a appelé du néant à l'être ? Serait-ce là toute notre destinée ? Ah ! nous ressemblons donc à ces animaux, à ces insectes, que le soleil du matin voit éclore, et qui terminent avec lui leur carrière ; comme eux nous nous tourmentons pour néant, dans le jour si court de la vie ! Non ce n'est point là notre destination ; toutes les créatures inférieures à l'homme, parviennent ici-bas au plus haut degré de perfection qu'admettent leurs facultés ; elles reçoivent ici-bas leur plein et entier accroissement, et leur vie fut-elle encore prolongée, elles persévéreraient toujours dans le même état. Oh ! que la nature de l'homme est différente ! formée pour croître sans cesse en sagesse, pour faire des progrès continuels vers la perfection, notre âme ne peut y parvenir, et gémit sur les obstacles qui l'arrêtent ; l'homme le plus sage, le plus vertueux, reste toujours à une distance immense, de cette sagesse et de cette vertu, à laquelle il aspire ; son entendement, son esprit demeure toujours ici-bas dans une sorte d'enfance, si l'on compare ce qu'il acquiert, à ce qu'il veut acquérir ; il ne voit que confusément, et au travers d'un verre obscur. L'auteur de notre être, dont la sagesse ne fait rien en vain, nous aurait-il donné des facultés si étendues, si vastes, pour un temps si limité, pour un but si frivole ?

Ah ! nous sommes bien plutôt assurés, que cette sagesse qui brille avec tant d'éclat dans toutes ses oeuvres, ne se manifestera pas moins envers l'homme ; envers l'homme, la plus excellente, la plus noble de ses créatures, puisqu'il l'a formé à son image, et dont l'existence est une énigme, si elle se termine ici-bas ! Oui ta sagesse, ô mon Dieu ! me prouve, que quand je meurs, je ne cesse pas d'exister ; que la mort ne fait que me placer dans un autre état ; que cette vie n'est qu'une préparation pour une autre vie ; que je ne reçois sur la terre, que le commencement de mon existence, pour être ensuite transporté dans un séjour plus heureux ; dans un séjour de perfection, de connaissances, que mon coeur m'annonce, et que mon âme cherche avec transport ! .. Nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.

2.° Elle détruirait en second lieu cette considération de la fragilité et de la brièveté de la vie, tout attachement trop vif pour les biens terrestres et périssables ! Ce monde n'est pas notre demeure, nous ne sommes ici-bas que des étrangers, des voyageurs, nous n'avons point de cité permanente ! Un voyageur oublie-t-il sa patrie, se laisse-t-il séduire par les plaisirs et les agréments des lieux qu'il parcourt, et dans lesquels il ne doit séjourner que peu de temps !
Ainsi, M. F., quelque grands que puissent être les avantages, quelque vifs que puissent être les plaisirs que nous trouvons sur le chemin qui nous conduit à l'Éternité, nous ne devons point permettre qu'ils nous éloignent du but sublime où nous devons tendre ; ils ne doivent faire sur nous d'autre impression que celle que produit sur un homme fait la vue des jouets de son enfance !

Comment en effet, M. C. F., la considération de notre courte durée ne détruirait-elle pas dans votre coeur la séduction des objets sensibles, quand vous considérerez avec quelle rapidité votre vie se précipite vers le tombeau ? Combien ses plaisirs, ses avantages, ses jouissances, tout ce que le monde appelle bonheur, combien tous ces objets perdront dans votre esprit de leur valeur imaginaire, combien ils baisseront dans votre estime ! Ne serait-ce pas une folie de vous attacher à ces objets, dont un jour, aujourd'hui peut-être, vous serez obligés de vous séparer pour jamais ! Pourquoi vous fatiguer, vous agiter, dans la recherche toujours pénible et toujours incertaine de ces avantages, qui vous échappent souvent au moment même où vous venez de les acquérir ! Pourquoi cette insatiable cupidité qui ajoute encore à vos domaines, qui réunit maisons à maisons, qui entasse sans cesse et sans cesse accumule, comme si votre existence ici-bas était immortelle ? Ah ! vous oubliez ce grand principe, ce principe que tout vous rappelle, vous n'avez point ici-bas de cité permanente, vous n'avez rien apporté dans ce monde, vous ne sauriez en rien emporter ! Et vos biens à qui seront-ils ?

Sans doute c'est l'oubli de la mort qui vous fait employer votre vie, tous vos moments à la poursuite des biens terrestres ! Ah ! si dans le silence de la réflexion vous vous disiez quelquefois à vous-mêmes : Hélas ! Vanité des vanités, tout est vanité, je me promène parmi ce qui n'a que l'apparence, après des années de peines et de travaux, je n'ai qu'un instant pour la jouissance, et chaque jour est un pas que je fais vers l'éternité, où les richesses ne me suivront point, où elles me seront inutiles, à moins que je ne les aie fait servir sur la terre à des oeuvres de charité et de bénéficence (bienveillance) !

Oui, homme ambitieux, toi qui es dévoré de la soif des honneurs, qui ne soupires qu'après un poste élevé, après cette vaine fumée que l'on appelle dignité, grandeur ; homme ambitieux, descends dans la demeure souterraine de la mort, va réfléchir sur les tombeaux, vas-y méditer sur le but que tu te proposes, vois ces ossements épars, cette poussière insensible, et que leur langage muet t'instruise, bientôt tu augmenteras le nombre de ces victimes de la mortalité, bientôt tu paieras ce tribut à la nature ; la même terre te couvrira, et le tombeau gardera sa proie ! Homme voluptueux, tu te livres avec ardeur aux plaisirs, tu les recherches, tu les poursuis, bientôt tes yeux fermés à la lumière ne verront plus la douce clarté du jour, et que te restera-t-il de tout ce que tu auras fait ?

Ah ! si nous pensions, M. F., à l'incertitude de notre vie, à la promptitude avec laquelle la mort peut nous saisir, nous ne mettrions pas un si haut prix aux richesses, aux plaisirs, aux honneurs ; ces réflexions produiraient en nous une sorte d'indifférence pour eux, nous nous en séparerions sans angoisse, sans amertume, lorsque le moment serait venu de leur dire un éternel adieu, et nous ferions servir le temps qui nous est accordé à atteindre le grand but pour lequel le Créateur nous a donné la vie, à nous procurer les biens éternels ! Oui ! si les promesses sublimes de la religion, si cette félicité qu'elle nous annonce et nous assure, était le grand objet de nos méditations, nous n'estimerions les biens d'ici-bas qu'autant qu'ils nous serviraient à saisir ceux de cette cité qui est permanente ; nous ne permettrions plus à nos âmes de s'attacher comme nos corps à la poudre ; nos affections, nos désirs s'élèveraient au-dessus de tous les objets, qu'emporte avec elle la révolution des années, et qui sont soumis à l'empire de la destruction ; nos affections, nos désirs s'élanceraient d'avance, comme nos âmes s'élanceront après la mort, de la terre vers le Ciel, et du temps vers l'Éternité !

3.° Cette brièveté de notre vie est un motif à la patience dans nos afflictions diverses. Puisque nous ne sommes ici-bas qu'étrangers et voyageurs, nous devons nous attendre à des privations, à des malheurs ordinaires dans un voyage. Mais lorsque nous nous trouvons dans ces fâcheuses circonstances, n'est-il pas doux de penser que notre pèlerinage est de courte durée ; que les obstacles que nous rencontrons, que les peines que nous sommes appelés à supporter, quelque rigoureuse que soit la saison, quelque terribles que soient les orages qui grondent sur notre tête ; que ces peines, dis-je, seront bientôt évanouies ; et qu'au-delà de la vallée ténébreuse du tombeau, nous arriverons dans une région où règne un calme parfait, une constante sérénité ; où les maux ne se feront plus sentir ; où les tempêtes ne s'élèveront plus ; où les orages ne gronderont jamais ! Comment succomberions-nous à l'affliction puisque nous en voyons le terme, puisque nous pouvons dans l'angoisse même de la douleur, porter nos regards sur ces demeures de paix où toutes nos larmes seront essuyées, où nous saisirons un bonheur parfait et durable !

Ah ! si nous étions nés, M. F., pour ne mourir jamais ! si nous étions condamnés à vivre toujours dans ce monde, bon Dieu ! quel poids serait ajouté à nos misères, elles seraient sans remède et sans fin ! mais heureusement la vie doit finir, et nos misères avec elle ; les souffrances du temps présent produiront pour nous le poids d'une gloire infiniment excellente, le Ciel est notre patrie, cette vie un passage à une meilleure, tous nos maux seront oubliés, auront disparu ! Et qu'importe après tout, qu'importe, si le bonheur ne nous accompagne pas dans le temps, nous devons en jouir pendant l'éternité !

4°. Enfin, M. F., si le temps de notre séjour dans ce monde est de courte durée, en comparaison de celui du monde à venir, que notre attention se fixe habituellement sur cette vie heureuse qui bientôt commencera, pour ne finir jamais ! Si nous n'avons point ici-bas de cité permanente, cherchons celle qui est à venir, rappelons-nous que nous ne sommes ici que pour un moment, que nous ne sommes point citoyens de la Terre ! qu'au-delà du tombeau nous trouverons une seconde demeure ; qu'au-delà du tombeau est un pays de repos et de bonheur, que chaque année qui finit sa révolution, chaque instant qui s'écoule, nous nous en approchons de plus près.

Dans ce jour, M.F., (cette réflexion est bien naturelle) dans ce jour se termine une année de votre vie, c'est donc une année de moins que vous avez à vivre, vous êtes d'un pas plus près de la mort et de l'éternité !
Avec quelle vigilance, quelle circonspection vous devez employer le temps qui vous reste encore ! Ah ! que cette réflexion si commune, mais importante et toujours éloignée de vos esprits, s'y grave en traits ineffaçables !

Oui, M. F., c'est le seul voeu que dans cette solennité formera pour vous mon coeur : Je dis à l'Être Suprême dans l'abondance de mes sentiments ; Dieu tout bon, Père tendre des hommes ! Que ce jour soit pour chacun de nous le commencement d'une obéissance sincère à tes volontés, d'une soumission parfaite à tes lois ! Accorde-nous cette sagesse qui vient d'en haut, qui est douce, paisible, et pleine de bons fruits, et qu'au renouvellement de chaque année, si ta bonté veut encore les multiplier, notre conscience nous rende ce témoignage, que nous avons fait des progrès dans la sainteté, que nous nous sommes avancés vers la perfection, à mesure que nous avançons vers le terme de notre course ! Et lorsque la décadence de notre nature nous avertira de notre fin prochaine, lorsque le voile de la mort couvrira nos paupières défaillantes, puisse une voix intérieure répéter à chacun de nous : Cela va bien, bon et fidèle serviteur, tu as combattu le bon combat, tu as gardé la foi, le Seigneur vient, il va paraître, et te transporter dans ces demeures célestes et permanentes, dans cette cité du Dieu vivant, où tous les prix de la vertu t'attendent ! Amen !


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