Les trois derniers versets que nous venons de
considérer, forment une sorte de
parenthèse dans le chapitre, quelque chose
d'analogue à ce que nous avons vu dans le chap.
XII. Là, en effet,
après nous avoir décrit la guerre
qu'il y avait eue dans le ciel, et le fait qui en
avait été le résultat, comment
Satan en avait été
précipité, l'Esprit
prophétique reprend, dans le verset
13, l'histoire à
laquelle il avait été fait allusion
auparavant
(vers.
6). Ici nous trouvons quelque
chose de semblable, car le septième
verset continue l'histoire qui avait été
déjà commencée
précisément à la fin du troisième,
où nous
avions eu l'emprisonnement de Satan dans
l'abîme, et ainsi la répression pour
un temps du pouvoir qu'il a de séduire les
nations en révolte contre Dieu. Il est
ajouté, qu'après cela il faut qu'il
soit délié pour un peu
de temps.
Le verset
7 nous présente par
anticipation le récit de sa mise en
liberté et des effets qu'elle produira.
«Et quand les mille ans seront accomplis,
Satan sera délié de sa prison; et il
sortira pour séduire les nations qui sont
aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour
les assembler pour le combat; et leur nombre est
comme le sable de la mer»
(vers.
8).
Les versets
4-6 forment donc
évidemment une parenthèse, -
importante sans doute, mais toutefois une
parenthèse, et ne font point partie de
l'histoire régulière que nous avons
ici. Il se peut qu'une des raisons pour lesquelles
nous la trouvons à cette place, c'est de
faire voir que durant cette même
période où Satan est lié, il y
a le côté béni - non pas
seulement le mal réprimé, mais Christ
et ses saints régnant au-dessus de la terre.
Il n'est jamais dit que nous régnerons sur
la terre.
En Apoc.
V. 10, j'ai déjà
montré que la version ordinaire de ce verset
qui comporte cette idée, est un peu
inexacte, et que le véritable objet de la
pensée du Saint-Esprit est, non pas le lieu
où les saints de Dieu habiteront alors, mais
plutôt la sphère de leur règne.
«Ils régneront sur (au-dessus de) la
terre».
Ce changement a de l'importance, non pas tant comme
fait isolé, mais parce qu'il se rattache
à tout le plan de la vérité,
et que c'est une partie de ce plan que les saints
célestes ne doivent jamais se trouver mêlés
avec ceux qui sont sur la terre.
La promesse de la première place dans la
bénédiction terrestre appartient
à Israël, et, en conséquence,
cela ferait une confusion extrême, si les
saints célestes, les saints
glorifiés, se trouvaient mêlés
avec les hommes encore dans leurs corps naturels
dans ce monde. De fait, une des plus fortes
objections que bien des chrétiens font au
règne de Christ sur la terre, a pour base
l'idée que la doctrine de l'avènement
pré-millénial de Christ suppose que
les saints glorifiés doivent être
mêlés avec les personnes qui seront
alors en vie ici-bas. Mais c'est là une
grande erreur.
L'Église aura sa gloire propre; mais il y
aura, d'ailleurs, deux ordres ou sphères de
bénédiction, et l'une d'un
caractère plus élevé que
l'autre. Toutes les choses qui sont dans les cieux
seront réunies sous l'autorité de
Christ; mais en outre, dans le même temps,
toutes les choses qui sont sur la terre seront sous
le même gouvernement. Tel est le
caractère spécial du
millénium. Il y aura en haut la portion
céleste, et la portion terrestre en bas,
réunies ensemble, mais non pas confondues.
C'est ce qui est nettement enseigné en Éph.
I. 10, où
l'apôtre dit que Dieu nous a fait
connaître «le mystère de sa
volonté selon son bon plaisir, lequel il
s'est proposé en lui-même pour
l'administration de la plénitude des temps
(savoir), de réunir en un
toutes choses dans le Christ, tant les choses qui
sont dans les cieux, que celles qui sont sur la
terre en lui». Je n'ignore pas qu'il en est
qui pensent qu'il s'agit là de la
dispensation évangélique actuelle.
Mais c'est sans fondement. L'Église n'est
pas un rassemblement de toutes les nations, mais,
au contraire, un corps élu tiré
d'entre elles toutes. Elle n'a jamais
été ni ne sera jamais un
rassemblement en un de toutes les nations, de tous
les peuples, de toutes les tribus, et de toutes les
langues. De plus, c'est d'un rassemblement de
toutes choses que parle ce verset. Il existe un
rassemblement ensemble des enfants de Dieu, car
Christ est mort pour rassembler en un les enfants
de Dieu dispersés; mais ici il est question
de choses et non de personnes. Quand sera
arrivé le moment où l'administration
glorieuse dont l'apôtre parle doit être
introduite, toutes choses seront placées
sous l'autorité de Christ. En droit, Christ
a bien toutes choses sous son autorité
maintenant, mais il n'en est pas encore ainsi comme
fait réalisé et manifesté.
Daniel ne dit pas que tout doit être mis sous
l'autorité du Fils de l'Homme, et le
Saint-Esprit ne révèle pas non plus
dans l'Ancien Testament ce secret de la
volonté de Dieu: il y est parlé de la
grandeur du royaume sous tous les cieux. Mais le
Nouveau Testament nous en dit davantage: il
nous apprend que, dans le
même moment où toutes les choses qui
sont sur la terre seront mises sous le gouvernement
de Christ, toutes les choses qui sont dans les
cieux y seront mises aussi. Et ce ne sera pas
simplement par sa providence, comme c'est le cas
aujourd'hui, que Christ gouvernera, mais
personnellement et d'une manière
directe.
Naturellement le Seigneur est au-dessus de Satan,
le Dieu et le prince du monde actuel. Il agit
maintenant par sa providence, et, en outre, il a
pleinement et personnellement droit à toute
gloire, céleste et terrestre. Mais le temps,
où il veut faire valoir son droit, et
prendre en mains le gouvernement de toutes choses,
est encore à venir. S'il l'avait aujourd'hui
d'une manière immédiate, toute
méchanceté serait
réprimée, personne ne
pécherait sans être frappé du
jugement; et on ne verrait pas non plus le juste
souffrir, ni le méchant prospérer.
Tout cela prouve que, dans le sens plein et
réel du mot, le Seigneur Jésus Christ
ne règne pas encore, quelque
véritable que soit son règne pour la
foi. Voyez, par exemple, au Psaume
XCVII: «L'Éternel
règne». On cite cette parole comme si
elle s'appliquait au temps où le
Saint-Esprit la faisait écrire, ou du moins
au temps actuel. Mais celles qui suivent
réfutent cette manière de voir, parce
que lorsque l'Éternel régnera dans le
sens que l'entend le Psaume, la
terre se réjouira, etc.
Tandis que nous savons parfaitement par Rom.
VIII, pour ne pas parler de
l'expérience de tous les jours, que la terre
gémit dans la misère, et que toute la
création soupire et est en travail
jusqu'à maintenant, ce qui est tout le
contraire de se réjouir. Mais quand les
Psaumes recevront leur plein accomplissement, toute
la création sera délivrée et
tressaillira d'allégresse sous le
règne de Jéhovah. Certes, la foi a
raison de dire que l'Éternel règne
aujourd'hui; mais Il n'exerce pas encore sur la
terre son pouvoir royal. Quand Il commencera
à le faire, tous les adversaires devront
être renversés, et par
conséquent il devra y avoir le jugement.
La Bête et le faux prophète furent mis
de côté, ainsi que nous voyons chap.
XIX. et alors vient le
règne. Et quoique tous ne doivent pas
être convertis, il ne sera pas
toléré de péché
manifeste. Il se peut que ce ne soit qu'une
«obéissance feinte» qui sera
rendue par une portion considérable de ceux
qui se trouveront sur la terre, mais ce n'en sera
pas moins encore, sous quelque rapport, de
l'obéissance, même de la part des
«enfants de l'étranger». Tel est
le vrai caractère du règne
millénial. Ce sera un temps, non pas
où il n'y aura pas de mal, mais où le
mal sera supprimé par la présence du
Seigneur; où la gloire céleste sera
en relation immédiate
avec la terre délivrée et joyeuse;
où le peuple terrestre sera restauré
dans son pays propre, converti, et confessant
Ce bien-aimé qu'avaient crucifié
leurs pères, car ces mêmes
circonstances auxquelles je fais allusion sont
décrites, au moins pour ce qui concerne la
terre, en Zach
XII-XIV. Dans le dernier
chapitre, l'Éternel est «roi sur toute
la terre: en ce jour-là il n'y aura qu'un
seul Éternel, et son nom ne sera
qu'un». Voilà précisément
le millénium.
Toutes les nations montent pour confesser
l'Éternel: si quelqu'une d'elles s'y refuse,
elle sera châtiée. L'Esprit de Dieu
signale d'une façon particulière le
châtiment dont seront frappés les
nations qui ne monteront point pour
célébrer la fête des
tabernacles: la pluie leur sera retenue. En
Égypte, où on ne se ressentirait pas
d'une privation pareille, la terre ayant d'autres
sources de fertilité, la punition sera d'une
autre nature, ce sera, «la plaie dont
l'Éternel frappera les nations»,
etc.
La prophétie nous montre donc clairement la
gloire terrestre sous le règne de Christ. Éph.
I ne nous a pas
montré simplement la gloire céleste,
mais la réunion sous Christ de toutes
choses, tant des choses qui sont dans les cieux que
de celles qui sont sur la terre. Non pas qu'elles
doivent être mises toutes au même
niveau, mais elles feront toutes partie d'un seul
et même système,
comme ayant un seul et
même chef au-dessus de tout, à savoir
Christ.
Mais l'Église n'est pas comprise dans aucune
de ces deux catégories de choses. Nous ne
sommes confondus ni avec l'une ni avec l'autre: au
contraire, il est fait mention de nous comme ayant
obtenu en Christ un héritage sur toutes
choses. L'Église ne doit pas être
seulement un peuple glorieux sur lequel Christ doit
régner. Nous sommes héritiers de
Dieu, et cohéritiers de Christ - non pas
simplement héritiers sous Christ, mais avec
Lui - conformément au type si remarquable
qui en fut donné dès le commencement
de l'histoire de l'homme, où, tandis qu'Adam
avait la gloire d'être chef sur ce bas monde,
sa femme participe à l'empire, en vertu de
son union avec Lui. L'Église est
l'Ève spirituelle du Seigneur Jésus,
l'épouse du dernier Adam. Ceci peut
expliquer un peu la force des expressions
d'Éph.
I. 10, 23,
et nous montre l'importance du
jour que nous contemplons en Apoc.
XX. Car «les mille
ans» correspondent à cette même
période où l'administration sera dans
les mains du Seigneur Jésus, où Il
sera exalté et manifesté comme Chef
sur toutes choses, et où l'Église
participera à tout avec lui.
Une autre remarque que je voudrais ajouter, c'est
que le Nouveau Testament seul nous donne la
période du règne, et en
précise la durée
comme devant être de mille ans. Presque toute
la prophétie s'y rapporte, mais ce n'est
qu'ici que nous apprenons quelles limites lui sont
assignées, et dans quelle relation il doit
être avec l'état éternel qui
lui succède.
Dans un sens, Christ régnera, et les saints
aussi, aux siècles des siècles. La
chose est positivement ainsi enseignée,
indépendamment du temps, par exemple en Rom.
V. 17, où il est dit:
«Ceux qui... régneront en vie par un
seul, Jésus Christ».
Cette parole ne se rapporte pas
particulièrement au règne
millénial, qui n'est qu'une partie du
privilège de régner en vie par le
Christ Jésus. Notre vie en Christ
étant une vie éternelle implique,
selon moi, que, dans un certain sens aussi
important que réel, il y aura une
manière de régner glorieusement avec
Christ, qui durera éternellement. Mais, d'un
autre côté, lorsqu'il s'agit d'un
royaume donné à Christ, que Christ
remet avant la fin à Dieu le Père, ce
règne spécial pour un temps
limité a aussi une portée pour les
saints célestes.
Naturellement la gloire proprement divine de Christ
est distincte de ces gloires-là et ne
saurait être communiquée à
personne. Mais Dieu a parlé d'une
récompense spéciale - la
récompense des souffrances endurées
pour Christ: «Si nous souffrons, nous
régnerons aussi avec lui»; «Si, du
moins, nous souffrons avec lui,
afin que nous soyons aussi glorifiés avec
lui».
Tout cela a trait au règne millénial.
Christ sera alors publiquement exalté dans
le monde, au lieu même où Il fut
méprisé et rejeté: et les
saints seront publiquement exaltés avec
Christ sur la scène même de leur
opprobre et de leur souffrance, où ils
avaient suivi Christ d'un pas bien faible et bien
chancelant, sans doute, mais où ils
s'étaient tenus attachés au nom de
Jésus malgré la persécution et
l'opprobre. Mais outre ces récompenses
spéciales, il y a la gloire, la
félicité, et la joie qui ne passeront
jamais.
Le millénium sera un temps où bien
des âmes seront amenées à la
connaissance du Seigneur. Ce sera la grande moisson
de la bénédiction: le temps
célébré avec tant de
ravissement dans les Psaumes et les
Prophètes, où la connaissance de
l'Éternel couvrira la terre comme les eaux
couvrent le fond de la mer; ce qui n'implique pas
nécessairement que tous ceux qui
connaîtront la gloire de Jéhovah,
connaîtront sa
grâce, et seront convertis. Toutefois,
beaucoup seront amenés au Seigneur. Mais il
sera aussi donné en ce même temps une
vraie et réelle connaissance de Dieu, car le
Saint-Esprit sera répandu d'en haut d'une
manière spéciale dont le jour de la
Pentecôte ne fut, comparativement, que comme
la pluie de la première
saison, tandis que ce sera alors
comme la pluie de la dernière. La
Pentecôte fut la figure anticipée de
la plénitude de bénédiction
à venir - plus grande au moins en
étendue, - qui sera réalisée
dans le millénium.
Or, les saints de «ce jour-là» ne
connaîtront jamais la souffrance comme un
privilège - ne sauront jamais ce que c'est
que de suivre Christ dans l'opprobre, et
qu'être rejeté avec Lui. En
conséquence, ils ne régneront pas
dans le royaume.
Tous les saints, à partir du commencement et
jusqu'au millénium, auront souffert plus ou
moins avec Christ. Mais l'Église ayant connu
prééminement la communion de ses
souffrances, aura une gloire toute spéciale:
tandis que les saints qui seront amenés
à la connaissance du Seigneur après
que le millénium aura commencé, et
qui n'auront jamais connu les souffrances de
Christ, ne participeront pas au royaume. Les saints
antérieurs au millénium auront place
et part dans l'économie de la gloire, et ils
seront changés parce que la corruption ne
peut jamais hériter de
l'incorruptibilité. Aussi, quand ils sont
introduits là où Dieu fait toutes
choses nouvelles, portent-ils, sans qu'il puisse
exister à cet égard le moindre doute,
la ressemblance de Christ, par la raison qu'ils
font partie du dernier Adam; et comme ils sont en
connexion avec Christ, et qu'ils ont sa
vie, cette vie aura toute son
efficace tant à l'égard du corps
qu'à l'égard de l'âme: ils
seront changés en sa ressemblance.
Il est vrai que pour ce qui concerne les saints de
la période milléniale, nous n'avons
pas de déclaration positive sur le moment
où ce changement aura lieu. Toutefois, nous
pouvons, ce me semble, déduire de principes
généraux, que ce sera dans
l'intervalle qui s'écoule après que
le millénium a pris fin, et avant que les
nouveaux cieux et la terre nouvelle apparaissent
avec leurs bienheureux habitants. Mais ce silence
de l'Écriture a donné lieu à
ce que quelques-uns se soient laissés
entraînés à l'idée
étrange que les saints de la période
milléniale resteront dans leur corps
naturel, prenant et donnant en mariage durant toute
l'éternité! Une pareille idée
ne trouve aucune espèce de fondement dans la
parole de Dieu. On l'a déduite de
l'idée qu'il fallait toujours
interpréter l'expression «aux
siècles des siècles»
«à toujours»
«éternellement» dans les versions
françaises comme si elle devait,
nécessairement et dans tous les cas,
signifier l'éternité. Or, dans
quelques passages, elle a en effet cette
signification, mais elle ne l'a pas dans d'autres.
Supposé que Dieu parle d'un état de
choses terrestre, et qu'il emploie l'expression
«régner aux siècles des
siècles», comme c'est le cas en Dan.
VII et Luc
I, on ne
saurait la prendre d'une
manière absolue.
La portée des mots doit être
limitée par le sujet dont Dieu parle. C'est
ainsi que, dans les choses humaines, si un homme
achète une maison «pour toujours»,
cela ne veut pas dire qu'il l'achète pour
toute l'éternité, mais pour tout le
temps que le monde existera sous sa forme actuelle:
son droit subsiste aussi longtemps que la terre
elle-même, en tant que laissée entre
les mains de l'homme. C'est dans le même sens
que Dieu se sert de l'expression «aux
siècles des siècles» (à
toujours, éternellement) en parlant des
choses de la terre et de son peuple terrestre.
Seulement, le cas est beaucoup plus fort que dans
les transactions humaines ordinaires, car une
révolution peut laisser de côté
et même détruire tous les actes
d'acquisition pareils, tandis que le royaume de
Christ devant lequel toute autorité
contraire doit s'incliner et disparaître, est
ce qui garantit à Israël, etc.,
l'accomplissement de toutes les promesses de
Dieu.
L'expression «régner sur la maison de
Jacob» ne peut donc qu'être
modifiée par cette idée-ci - aussi
longtemps que la maison de Jacob existe comme
telle. Mais quand c'est en rapport avec les
nouveaux cieux et la terre nouvelle, et dans sa
pleine signification, que cette expression est
employée, Israël n'est plus
trouvé dans son existence
nationale terrestre: de
semblables distinctions s'évanouissent quand
les hommes sont ressuscités d'entre les
morts ou changés.
S'agit-il de vie éternelle, ou
d'éternelle punition, il nous faut prendre
l'expression dans son sens le plus étendu,
parce que les choses ne se rapportent pas à
la terre: elles appartiennent à
l'état de résurrection.
S'agit-il, au contraire, de choses terrestres, elle
doit être prise dans son sens restreint. Mais
s'applique-t-elle aux choses en dehors de ce monde,
il faut la prendre absolument dans toute son
étendue. Or, en Dan.
VII: 27, il est dit que
«le royaume sous tous les cieux» (vers.
angl.), qui est donné au peuple des
saints du Souverain, est un royaume éternel.
C'est là, je pense, la même
période que celle qui est appelée ici
les mille ans.
Dans le Nouveau Testament, le Saint-Esprit nous
donne le développement complet de toutes les
voies de Dieu, et nous fait voir que ce qui peut
avoir semblé aux saints de l'Ancien
Testament être un état de choses
absolument éternel, est limité et
qualifié par des révélations
ultérieures qui nous y
révèlent deux stages, pour ainsi
dire, au lieu d'un. Ainsi, le royaume terrestre
dont il est parlé en Daniel doit être
«éternel» dans ce sens qu'il ne
sortira jamais de dessous la domination de Christ,
ne lui sera jamais retiré et donné
à un autre (comme les empires
précédents ont été
retirés à
leurs chefs respectifs), mais restera en ses mains,
et dans les mains des saints du Très-Haut,
aussi longtemps que Dieu aura un royaume
terrestre.
Lorsque l'état de choses terrestre prend
fin, et que le royaume est remis, le règne
de Christ se poursuit éternellement, quoique
d'une autre manière, car dans l'état
éternel il ne s'agira plus évidemment
du fait que tous les peuples, toutes les nations,
et toutes les langues doivent Le servir.
Ce chapitre passe rapidement sur l'état
millénial, pour ce qui concerne les hommes
qui seront alors sur la terre; et si on
désire considérer la partie terrestre
des mille ans, c'est à l'Ancien Testament
qu'il faut recourir. Là il en est
parlé constamment comme de «ce
jour-là» - le jour où les
Gentils seront introduits et bénis -
où le nom de Dieu sera exalté -
où tout train de guerre aura disparu; le
jour où le désert se réjouira
et fleurira comme le jardin d'Eden, et où
ceux dont l'Éternel aura payé la
rançon viendront en Sion avec chant de
triomphe et une joie éternelle sera sur leur
tête - où la douleur et le
gémissement s'enfuiront. Telles sont les
descriptions que le Saint-Esprit nous donne de la
bienheureuse période du royaume.
Plusieurs ont été disposés
à prendre dans un sens figuré ces
tableaux prophétiques du millénium:
mais il faut bien qu'ils admettent que ces images
peuvent être beaucoup plus pleinement
accomplies qu'ils ne le
supposent. En d'autres termes, je vois dans les
brillants récits que nous trouvons dans les
prophéties de l'Ancien Testament touchant le
millénium, des emblèmes d'une riche
et abondante bénédiction qui doit se
répandre réellement sur la terre.
Sans doute que ces figures peuvent avoir aussi une
signification spirituelle; mais tout en admettant
cela, nous ne voulons point enlever aux mots leur
sens simple et naturel.
Ainsi, par exemple, l'Écriture parle du loup
et de l'agneau et d'autres animaux qui aujourd'hui
se dévorent les uns les autres, comme vivant
alors paisiblement ensemble. Rien n'empêche
de faire une application figurée de ces
termes et de s'en servir pour décrire ce qui
sera moralement vrai des hommes - quoique, pour ce
qui me concerne, je ne croie pas que ce soit
là leur portée réelle. Car
pourquoi Dieu ne ramènerait-il pas les
créatures qu'il a faites et auxquelles il
porte beaucoup plus d'intérêt qu'on ne
le suppose, à une condition pour le moins
aussi bonne que celle dans laquelle elles furent
créées? Pourquoi Dieu ne
supprimerait-il pas toutes les tristes
conséquences que le péché a
amenées, physiquement aussi bien que
moralement?
Les effets du péché d'Adam se sont
étendus bien au-delà de sa propre
race: tout ce qui avait été
placé sous sa domination est tombé
dans le désordre et dans la ruine. Et
cette idée de
l'état de ruine où toutes choses se
trouvent, n'est pas simplement un fruit de
l'imagination, non plus que cette manière de
présenter la prophétie de l'Ancien
Testament. C'est la doctrine clairement et
positivement établie dans le chap.
VIII de l'Épître aux
Romains. Il est écrit là que
«la création a été
assujettie à la vanité, non de sa
volonté, mais à cause de celui qui
l'a assujettie».
Ce passage dit la chute de celui qui avait
été établi sur la
création: il tomba, et la création
qui avait été assujettie à
Adam, tomba en même temps que lui. C'est lui
qui l'assujettit à la vanité; la
misère et la mort entrèrent par lui.
Car il n'y a pas de raison pour supposer que la
mort eût plus régné sur la
création purement animale du monde adamique,
que sur l'homme, si le péché ne
fût pas entré. Je n'ignore pas que les
savants de ce monde parlent souvent de
débris fossiles qui prouveraient que des
animaux sont morts avant la création de
l'homme. Je n'entre pas dans de pareilles
recherches, mais je dirai seulement que sous Adam
il n'y avait pas le même état de
choses.
Supposé maintenant que les faits
signalés par les géologues, et les
inductions qu'ils en tirent, soient
véritables, comme l'Écriture garde un
silence absolu à l'égard des animaux
qui ont pu avoir été formée et
détruits sur la terre avant qu'Adam
eût été créé, je
désire faire de
même dans l'explication que j'essaie d'en
donner. Il est des questions qui n'ont aucune
importance morale,
et
dont en conséquence un chrétien n'a
pas à s'occuper. Mais j'ajoute que ces
théories, lors même qu'elles soient
vraies, ne sont pas le moins du monde en
contradiction avec l'Écriture; car il
n'existe pas le plus petit indice que
l'homme
ait été en rapport avec l'état
de choses antérieur à Adam, et
l'Écriture le passe sous silence, ayant
hâte, ce me semble, d'arriver à ce qui
se rattache immédiatement à lui.
Aussitôt que la race humaine se trouve sur la
terre, les voies morales de Dieu se
développent graduellement. Mais
bientôt l'homme tomba, et la création
fut dégradée par la chute de son
chef. La mort, pour ce qui est du monde adamique,
entra par la désobéissance d'Adam -
la mort directement quant aux hommes, et comme
conséquence, ses ravages s'étendirent
à toute la création animale
inférieure.
Quand le second Adam, exalté au-dessus des
cieux, viendra de nouveau, Il n'aura pas simplement
une domination comme celle que possédait le
premier Adam. Toutes les choses qui sont dans les
cieux et sur la terre seront soumises à son
glorieux pouvoir: pas un lieu, pas une
créature dans tout l'univers de Dieu, qui
n'éprouve les effets de cette puissance
glorieuse par laquelle Il peut
même s'assujettir toutes
choses.
Ainsi, si jadis l'homme tomba, introduisant le
péché, la mort et la misère,
et si tous les efforts de sa race pour
remédier au mal, au-dehors et au-dedans,
n'ont été que des palliatifs et non
une véritable cure, le Seigneur Jésus
sera le bon, le souverain, le tout-puissant
Médecin qui guérira tous les maux et
toutes les souffrances de la création. Et
Dieu aussi aura de la joie - sa propre joie - en
soulageant toute la misère amenée par
le péché, conformément
à son estimation de la valeur de son Fils.
Et si, jusques alors, tout n'a fait que remplir
pour l'homme la coupe de malheur, quel temps
béni ne sera-t-il pas celui où Dieu
reprendra l'histoire à l'inverse, et
où son propre Fils, tant
méprisé et rejeté jadis,
occupera le trône de sa double gloire, sa
gloire céleste, et sa gloire terrestre!
Ce temps où la méchanceté sera
supprimée, et la justice exaltée
à toujours, non pas simplement par la
puissance et la gloire, mais par Celui qui avait
d'abord porté en grâce le poids de
toutes les douleurs, et souffert sur la croix
toutes les conséquences de la malice,
conformément à la parfaite
sainteté de Dieu! Quelle douceur aussi dans
la pensée que Dieu fera voir là qu'il
n'y a pas un mal, pas une dégradation, pas
une angoisse, pour lesquels Il n'ait pas en son
Fils et par Lui une réponse
appropriée et glorieuse! Car
Il déploiera alors toute
sa puissance pour glorifier son Fils en
présence de toute chair, de ceux-là
même qui envoyèrent après Lui
ce message: «Nous ne voulons pas que celui-ci
règne sur nous».
Mais lorsque Ce Bien-Aimé reviendra
après avoir reçu le royaume, et qu'Il
régnera comme le Fils de l'Homme
ressuscité et exalté, toute la
création éprouvera les
réjouissants et bienheureux effets de la
suprématie et du gouvernement du
Seigneur.
Le Seigneur veut qu'Israël occupe sur la terre
une position élevée, et que, eux, qui
ont été si particulièrement
ses ennemis acharnés, ils entonnent le
cantique de louanges avec leur Messie que jadis ils
rejetèrent, mais qui, désormais, est
au milieu de l'assemblée. C'est alors qu'ils
reprendront le Psaume
C, le Psaume d'actions de
grâces, et inviteront tous les pays à
venir et à célébrer
l'Éternel, et même à entrer
dans ses parvis avec des louanges. Quel contraste
avec tout ce qui s'est passé jusqu'ici, et
se passe encore maintenant! Combien c'est
différent de la haine que les Juifs ont
toujours montrée pour quiconque voulait
porter le message de grâce aux Gentils! Quand
Paul, en effet, leur raconte comment le Seigneur
lui avait dit, pendant qu'il priait dans le temple
de Jérusalem: «Va, car je t'enverrai au
loin vers les nations» - ils
l'écoutèrent
jusqu'à ce mot; mais
c'était plus que leur coeur orgueilleux ne
pouvait supporter, aussi
élevèrent-ils leur voix, disant:
«Ôte de la terre un tel homme, car il ne
convient pas qu'il vive».
Mais combien la grâce aura changé et
élargi le coeur étroit de ceux
d'Israël, quand ils sortiront eux-mêmes
pour porter les invitations de la
miséricorde, aux Gentils qui les avaient
accablés d'outrages dans toutes leurs
fatigantes pérégrinations sur la
terre, et qui avaient foulé aux pieds
Jérusalem durant tous les temps que Dieu
leur avait assignés!
Les Juifs, comme Caïn, ont sur eux la marque
de l'Éternel, afin qu'ils ne
s'éteignent pas entièrement,
nonobstant le meurtre dont ils se sont rendus
coupables. Mais dans le dernier jour le Seigneur
leur donnera la repentance, et à partir de
là ils seront les hérauts convenables
et bénis de sa grâce jusque dans les
parties de la terre les plus lointaines.
Ce temps de bénédiction sous le
Messie est ce que nous trouvons si
fréquemment et avec tant de détails
dans les écritures de l'Ancien Testament.
Les Évangiles, aussi, s'ouvrent en nous
montrant les saints juifs nourrir des
espérances pareilles. Mais à mesure
que les choses se dessinent d'une manière
plus décidée dans le sens de la
réjection de Christ, il y rayonne une
nouvelle mesure de lumière, jusqu'à
ce qu'à la fin, la
rédemption étant accomplie, le
Saint-Esprit fut envoyé du ciel, et
manifesta pleinement la pensée de Dieu.
C'est alors que la distinction entre le royaume et
l'état éternel fut clairement
établie et mise dans tout son jour
(1
Cor. XV. 24-28). Il fut
montré que le règne terrestre de
Christ qui, d'après l'Ancien Testament,
aurait pu paraître d'une durée sans
limites, aura, en réalité, un terme
quand Il aura aboli toute principauté, et
toute autorité, et toute puissance.
Beaucoup de personnes croient que l'état de
choses que le millénium verra
réalisé, doit être amené
progressivement par la prédication de
l'Évangile et les autres moyens d'action
actuellement en oeuvre. Sans doute, ils comptent
que Dieu bénira cette activité dans
une mesure plus grande encore que ce n'est le cas
aujourd'hui, car il n'est pas de chrétien,
peut-être, qui voulût affirmer que les
apparences actuelles autorisent une attente
semblable. Mais on pense que s'il y avait un nombre
plus considérable de serviteurs de Dieu,
qu'il plût à Dieu de bénir en
tout lieu la Parole pour la conversion des
multitudes, et qu'un esprit d'amour, d'union, et de
dévouement prévalût davantage
parmi ceux qui aiment le nom de Christ, ce qui en
résulterait serait le règne de Christ
sur la terre.
Mais, voudrais-je demander,
comment savons-nous qu'il doit y
avoir un millénium?
Vous répondez: Par la parole de Dieu. Et de
quelle manière le millénium doit-il
être amené?
L'humilité devrait répondre: Il nous
faut aussi apprendre cela de la parole de Dieu.
Nous reconnaissons tous que la terre doit
être remplie de la connaissance de
l'Éternel comme les eaux couvrent le fond de
la mer. - De quelle manière cela doit-il
être effectué? C'est une chose
remarquable que dans le passage même
(Es.
XI. 9) où ces paroles se
trouvent, le Saint-Esprit donne à entendre
que le jugement doit précéder ce
temps de bénédiction (Voyez vers.
4). Nous y apprenons que la
connaissance de l'Éternel doit se
répandre de toute part et devenir
universelle à la suite de l'intervention par
laquelle Il aura frappé la terre par la
verge de sa bouche et aura fait mourir le
méchant par l'esprit de ses lèvres -
le passage même que l'apôtre Paul
applique à la destruction de l'Antichrist,
l'homme de péché en 2
Thess. II. 8. Le Seigneur le
consumera par le souffle de sa bouche et
l'anéantira par l'apparition de sa
venue.
Il est donc parfaitement vrai, et reconnu de tous,
qu'il doit y avoir un temps millénial de
bénédiction sur la terre; et voici la
réponse à la question concernant la
manière dont ce temps doit être
amené: la même portion de
l'Écriture qui nous révèle
ce changement béni, nous
déclare que c'est le Seigneur qui l'effectue
lui-même, en venant et frappant le
méchant; en d'autres termes, c'est par le
jugement qu'il est amené, et non point par
la prédication de l'évangile.
L'évangile est de toute importance pour
appeler les âmes de la terre au ciel; mais ce
n'est pas par lui que Dieu veut en agir avec le
monde et le remplir de bénédiction.
Il est le moyen par lequel se fait le rassemblement
de l'Église tirée du monde pour
Christ. Lorsque le jugement aura eu pleinement son
cours, le Seigneur enverra ses serviteurs. Le
Seigneur prononcera la parole, et grande sera la
compagnie de ceux qui la publieront. «La loi
sortira de Sion, et la parole de l'Éternel
sortira de Jérusalem».
La dispensation actuelle est une dispensation qui a
pour objet de rassembler, en séparation
d'avec le monde. L'Évangile doit bien
être prêché à tous, mais
ce n'est point dans la vaine espérance que
tous doivent jamais y croire. Aussi, le Seigneur,
en Marc
XVI, tout en ordonnant à
ses disciples d'aller par tout
le monde, et de prêcher l'Évangile
à toute
la
création, prend-il soin d'ajouter:
«Celui qui aura cru et qui aura
été baptisé sera sauvé!
et celui qui n'aura pas cru sera
condamné».
Il les prépare à ne compter pour leur
message que sur un accueil partiel et individuel.
De cette manière ils ne devaient pas se
sentir découragés
et abattus s'il ne se trouvait çà et
là que quelques personnes qui
reçussent la parole de vie. Peut-être
n'y aurait-il qu'un Denys, l'Aréopagite, et
une femme nommée Damaris, et d'autres avec
eux. Et qu'étaient ces quelques personnes
relativement aux multitudes qui entendirent
l'Apôtre sur la colline de Mars?
C'était un sujet de joie et d'actions de
grâce, d'apprendre que quelque âme
avait cru à la vie éternelle, car
c'est ainsi que Dieu préserve ses serviteurs
de l'abattement. Il est bon de savoir que tous ne
vont pas recevoir l'évangile, mais que Dieu
accomplit ses propres desseins. C'est pourquoi,
quand le Seigneur bénit la parole, et
réveille çà et là la
conscience d'un pauvre pécheur, il y a lieu
de se réjouir. Mais nous savons que pour ce
qui est du monde considéré comme un
tout, le mal croîtra et «les hommes
méchants et les imposteurs iront en
empirant, séduisant et étant
séduits».
Comment cela peut-il arriver, si la
bénédiction milléniale doit
être le résultat de l'oeuvre
d'évangélisation à laquelle
travaillent aujourd'hui les chrétiens? Mais
le Seigneur doit frapper la terre de la verge de sa
bouche et faire mourir le méchant par le
souffle de ses lèvres, qui est dit
être comme un torrent de soufre
(Es.
XXX:. 33)! Est-ce là
l'Évangile?
C'est tout le contraire, précisément
- une figure de jugement de destruction.
L'évangile délivre
de Topheth, mais ce jugement du Seigneur y
précipite d'une manière
irrévocable. C'est donc, évidemment,
un jugement qui procède de la main de Dieu
lui-même, et non point un jugement que
l'homme, et bien moins encore l'Église,
doive frapper. Ce n'est pas l'affaire de
l'Église de précipiter dans Topheth.
Nulle puissance, si ce n'est celle de Dieu, ne peut
livrer à l'enfer.
Mais il y a une autre chose qui caractérise
le millénium - Satan lié dans
l'abîme. L'Église peut-elle lier
Satan? Et quelqu'un affirmera-t-il que Satan peut
être absolument empêché de
séduire aujourd'hui le monde? Or,
jusqu'à ce qu'il soit lié, il ne
saurait y avoir de bénédiction
universelle pour le monde; et tout chrétien
est obligé de reconnaître que c'est
Dieu seul qui peut lier ou briser Satan. Il peut
bien pour le faire se servir d'un ange, ou
s'associer les saints, ainsi que nous lisons en Rom.
XVI. 20: «Le Dieu de paix
brisera bientôt Satan sous vos pieds»:
car l'Église est unie à Christ, et
sera alors réellement avec Lui, à
qui, comme la semence de la femme, il appartient de
briser la tête du serpent; mais la puissance
qui le fait est en Christ, et non dans
l'Église. Quand ce jour de jugement sera
venu, Christ renversera tous les adversaires ainsi
qu'il est dit. «Il frappera les nations, et
les gouvernera avec une verge de fer»
(Apoc.
XIX).
Nous ferons la même chose en vertu de notre
association avec Christ
(Apoc.
II); et dans le règne
de paix
(Apoc.
XX. 4, 6), nous Lui serons
encore associés. C'est par l'Église,
dans sa condition céleste, et non pas
pendant que nous sommes sur la terre, que Satan
sera ainsi brisé.
Mais il est parfaitement clair, d'un autre
côté, que le millénium n'est
pas exclusivement le règne des saints
glorifiés: la terre, comme telle, avec ses
habitants, sera introduite dans la
délivrance et la bénédiction.
Nous avons vu cela en Éph.
I. 10, où se
trouve la vraie clé du caractère de
cette période merveilleuse - l'union de la
gloire céleste et de la gloire terrestre
sous une seule et même Tête, en qui,
nous aussi, le corps, avons été faits
héritiers. Il y aura sur la terre les Juifs
et les Gentils bénis comme tels dans leurs
corps naturels, tandis que les saints
glorifiés seront les instruments de la
bénédiction pour la terre.
Maintenant, la terre est un séjour
misérable, et les hommes savent à
peine jusqu'à quel point ils sont devenus
des rebelles par le péché. Mais outre
cela, il y a un ennemi invisible, un sombre et
infatigable adversaire de Dieu et de l'homme, qui a
à ses ordres ses armées de mauvais
anges qu'il emploie comme instruments de sa
séduction. Tout cela passera; et ces
mêmes lieux qui sont
remplis maintenant de mauvais esprits, les lieux
célestes (non pas, naturellement, le lieu
où Dieu habite dans la gloire inaccessible,
mais les cieux inférieurs qui sont en
rapport avec la terre) seront une portion de
l'empire de l'Église dans la gloire, et les
saints célestes serviront de canaux et de
moyens de joie et de bénédiction pour
le monde, autant que les mauvais esprits sont
maintenant les principaux agents de toute sa
misère. Ils pourront bien, après le
millénium, sortir pour un peu de temps de
leur prison pour engager les nations
éloignées de la terre dans une
dernière conspiration contre le Seigneur,
mais ils ne recouvreront jamais leur premier
accès dans les lieux célestes
où leur influence était la plus
subtile et la plus dangereuse.
C'est alors que brillera pour le monde le jour de
la plus grande gloire. Il va sans dire que je ne
parle pas de la croix; car, entre toutes les
gloires qui seront jamais données à
Christ, aucune ne saurait être
comparée à la gloire si réelle
et si profonde de sa mort. C'est elle qui a, pour
ainsi dire, rendu possible à Dieu de
déployer sa miséricorde
conformément à son propre coeur; et,
en conséquence, parmi toutes les joies et
toutes les bénédictions
milléniales, il ne s'en trouvera pas une
seule qui ne découle de la croix de
Jésus. Et plus encore, car elle a des
conséquences éternelles, et non pas
pour le millénium
seulement.
Toutefois, quelle que soit son importance, et
quoiqu'il doive être un temps de
bénédiction merveilleux, le
siècle à venir, ou millénium,
sera encore imparfait; car il y aura encore sur la
terre des hommes dans leur corps naturel, et bon
nombre d'entre eux seront inconvertis.
Conformément à cela, ce même
chapitre nous montre qu'après l'expiration
des mille ans, «Satan sera délié
de sa prison, et sortira pour séduire les
nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog
et Magog, pour les assembler pour le combat; et
leur nombre est comme le sable de la mer»
(vers.
7, 8). Ce trait-là ne
se trouve point dans l'Ancien Testament; car comme
il ne donne pas à entendre que le
règne doive prendre fin, il ne nous
mentionne pas non plus la période où
Satan sera délié. Les termes, dans
lesquels le jugement qui tombe sur le
méchant est mentionné là,
pourraient s'entendre d'un seul coup qui terminera
l'affaire. Nous apprenons d'Ésaïe que
le lieu de la punition de l'armée superbe
(vers. angl. de ceux d'en haut) sera en haut, comme
les rois de la terre seront punis sur la terre. Il
est évident que par l'expression
«l'armée superbe» l'Esprit de Dieu
ne fait pas allusion aux grands de la terre (car il
la place en contraste avec les rois de la terre),
mais aux puissances de méchanceté qui
sont dans les lieux célestes (Comp. Éph.
VI.
12).
C'est exactement ce que nous trouvons, quoique avec
plus de détails, en Apoc.
XII, XIX,
XX.
Les rois de la terre
reçoivent leur châtiment sur la terre,
tandis que Satan et ses favoris, l'armée
superbe, souffrent en haut. Satan est
précipité sur la terre, et ses anges
sont précipités avec lui. Leur place
ne se trouve plus dans le ciel. Les détails
ne sont point donnés jusqu'à
l'Apocalypse. Ce jour verra le jugement de tous les
ennemis en haut ou en bas. Que tel soit le
caractère du jour millénial, n'exige
pas de preuve.
Dans le chapitre suivant
(Es.
XXV. 6), il est dit: «Et
l'Éternel des armées fera à tous
les peuples en cette montagne un banquet de
choses grasses, un banquet de vins purifiés
(un banquet, dis-je), de choses grasses et
moelleuses, et de vins sans aucune lie, bien
purifiés».
C'est un temps de bénédiction comme
on n'en a jamais connu auparavant. Et la
bénédiction n'est pas limitée,
comme c'est le cas maintenant à un certain
nombre de personnes recueillies d'une masse
considérable, mais «l'Éternel
des armées fera à tous les peuples en
cette montagne», etc. «Cette
montagne» signifie la Palestine, parce que
elle sera pour toute la terre le lieu où
l'Éternel sera exalté. Il va sans
dire que c'est dans un sens moral et non dans un
sens matériel qu'il faut prendre tout
ceci.
Remarquez ce que nous trouvons dans le verset
suivant. «Et Il
enlèvera en cette montagne l'enveloppe
redoublée qu'on voit sur tous les
peuples».
Le Seigneur détruira les
ténèbres qui sont aujourd'hui sur la
face de toutes les nations, «et la couverture
qui est étendue sur toutes les
nations». Mais cette ère sera aussi
caractérisée par la
résurrection. «Il engloutira la mort en
victoire», paroles par lesquelles le
Saint-Esprit fait évidemment allusion
à la première résurrection
mentionnée dans l'Apocalypse. Alors
seulement la victoire est complète (Comp. 1
Cor. XV). «Et le Seigneur
l'Éternel essuiera les larmes de dessus tout
visage, et il ôtera l'opprobre de son peuple
de dessus toute la terre; car l'Éternel a
parlé».
C'est le temps de la bénédiction pour
le peuple Juif. «Et l'on dira en ce
jour-là: Voici, c'est ici notre Dieu; nous
l'avons attendu, aussi nous sauvera-t-il».
Ici, ce sont bien incontestablement des personnes
sur la terre qui ont besoin d'être
sauvées. L'Église est sauvée
déjà, et nous n'attendons point la
venue de «ce jour-là» pour que
notre Dieu nous sauve. Ceux-là seront
sauvés au jour de sa gloire; nous sommes
sauvés, nous, au jour de la grâce.
«C'est ici l'Éternel; nous l'avons
attendu, nous nous égaierons et nous
réjouirons en son salut. Car la main de
l'Éternel reposera sur cette montagne, mais
Moab sera foulé sous lui
comme on foule la paille pour en faire du
fumier».
Nous avons là un des ennemis d'Israël
foulé, car ce doit être un jour de
jugement aussi bien que de
bénédiction. Dans le chapitre suivant
(XXVI)
il est écrit, «En
ce jour-là ce cantique sera chanté au
pays de Juda: Nous avons une ville forte»,
etc.
Et dans sa dernière partie à laquelle
je désire renvoyer le lecteur à cause
de son importance, Israël dit: «Nous
avons conçu, et nous avons été
en travail... nous ne saurions en aucune
manière délivrer le pays», etc.
«Tes morts vivront, même mon corps mort
vivra, ils se relèveront». «Tes
morts» c'est-à-dire, le peuple Juif qui
est regardé figurément comme
étant mort; absolument comme en
Ézéchiel où ils sont
représentés non seulement comme
morts, mais comme dans leurs sépulcres.
Mais, de même que le Seigneur fait passer son
vent sur ses ossements desséchés, de
telle sorte qu'ils vivent; de même ici,
«Tes morts vivront, même mon corps mort
vivra». Il n'est pas dit simplement Ton
corps mort, mais Mon
corps.
Je les reconnais - ils sont à Moi.
Jéhovah se les approprie. Il les
reconnaît pour siens, quelque morts qu'ils
aient pu être. On ne les aura plus dans cet
état; ils se relèveront.
«Réveillez-vous et vous
réjouissez avec chant de triomphe, vous
habitants de la poussière; car ta
rosée est comme la rosée des herbes,
et la terre jettera dehors les
trépassés. Va, mon peuple, entre dans
tes cabinets, et ferme la porte sur toi».
Ceci ne ressemble pas à l'Église. Les
saints célestes n'entrent point dans leurs
cabinets sur la terre, mais ils sont enlevés
pour être dans la maison du Père dans
le ciel. Mais ici il est question du peuple Juif.
L'Esprit prophétique s'occupe de les
consoler, et leur annonce qu'ils se
relèveront de leur état
dégradé, «car ta rosée
est comme la rosée des herbes».
«Va, mon peuple... cache-toi pour un petit
moment, jusqu'à ce que l'indignation soit
passée».
L'indignation dont Dieu a été
indigné si longtemps contre son peuple, se
changera désormais en indignation contre
leurs ennemis. L'Assyrien dont Dieu s'est servi
jadis comme d'une verge pour châtier
Israël, doit maintenant subir lui-même
sa sentence finale. «Car, voici,
l'Éternel s'en va sortir de son lieu pour
visiter l'iniquité des habitants de la terre
commise contre lui; alors la terre
découvrira le sang qu'elle aura reçu,
et ne couvrira plus ceux qu'on a mis à
mort».
Et toutefois, c'est bien ici évidemment le
temps où Dieu introduit le millénium,
et nullement celui où il est passé.
L'Éternel sort de son lieu pour punir les
habitants de la terre. Y a-t-il là quelque
chose qui ressemble à l'évangile,
puisque au lieu de proclamer la rémission de
leurs péchés,Il
vient pour les punir? certainement non.
De plus, «en ce jour-là,
l'Éternel punira de sa dure et grande et
forte épée le Léviathan, le
serpent tortu, le Léviathan, dis-je, serpent
tortu, et il tuera la baleine
(vers.
angl. le Dragon) qui est dans la
mer».
Sans aucun doute, il y a là une allusion
générale au méchant, Satan,
l'ancien serpent. Seulement, il n'est pas
envisagé ici comme quelqu'un qui occupait
une place en haut, mais comme défait et
rejeté ici-bas. Il n'est pas parlé de
lui d'une manière aussi
détaillée que dans l'Apocalypse, qui
nous donne la pleine lumière de Dieu sur ce
sujet et sur tous ses détails.
Une autre chose que nous apprenons de notre
chapitre
(Apoc.
XX) c'est qu'à la fin
du millénium, Dieu fera voir que le jour de
la gloire (les mille ans, qui forment une partie du
jour du Seigneur quand Satan est lié, et que
le Seigneur Jésus règne d'une
manière manifeste) ne convertira pas plus
les âmes par lui-même, que ne l'ont
fait le jour de la grâce et la publication de
l'évangile jusqu'aux
extrémités de la terre. Car si au
jour de la grâce, le salut d'une seule
âme exige la puissance immédiate de
Dieu, naturellement il ne faudra pas moins que la
même puissance ici-bas au jour de la gloire.
Tandis que le Seigneur sera là, le mal sera
tenu bas; il n'y aura pas de chef pour
guider l'homme dans son mal.
Mais du moment qu'il est permis à Satan de
sortir de son lieu et d'exercer sa puissance, on a
la preuve manifeste que le coeur de l'homme n'est
point changé. Il s'en va aux quatre coins de
la terre pour séduire les nations, et il les
rassemble pour leur ruine.
Ces nations sont appelées d'un nom
symbolique, qui est une sorte d'allusion aux
ennemis d'Israël mentionnés en Ézé.
XXXVIII. 3-9.
Mais ce ne sont pas les mêmes, et il faut les
en distinguer soigneusement, car, en
Ézéchiel, Gog est à la lettre
un individu - le prince des vastes territoires et
des peuples du nord-est, connus de nos jours comme
l'empire de Russie. Gog sera alors le chef de cette
contrée que l'Écriture appelle
«le pays de Magog». C'est là le
véritable sens des mots rendus dans nos
versions par «prince des chefs» et qui
doivent être traduits par «prince de
Rosh».
Mais à l'époque où les
Écritures furent traduites en Latin (version
qui eut une grande influence sur celles qui
suivirent), l'empire russe n'existait pas et ne
pouvait être connu sous ce nom, le nord de
l'Europe étant alors habité seulement
par des hordes errantes de barbares appelés
sarmates, scythes, etc. Ainsi, quand
Jérôme, qui corrigea la vieille
version latine, arriva au terme hébreu
«Rosch», il crut qu'il devait être
pris, non comme le nom d'un
peuple, mais comme un nom commun signifiant
«chef» ou «prince», juste comme
il en est arrivé des Francs, dont le nom,
outre qu'il est devenu celui de la contrée
qu'ils avaient conquise, signifiait aussi
«hommes libres».
De là vient probablement que dans nos
versions «Rosh été traduit par
Chef, ce que l'Hébreu pouvait
également bien supporter, si le contexte
n'exigeait pas un nom propre. C'est pour cela, je
suppose, que les traducteurs, ne connaissant pas de
meilleure manière de le rendre,
s'arrêtèrent à la vague
expression de «prince des chefs de
Méshec et de Tubal». Cependant, c'est
une chose bien connue que des personnes instruites
qui n'avaient pas de lumière sur la
prophétie, ou n'en avaient que partiellement
- que des savants qui examinaient ce sujet il y a
cent ans déjà, arrivaient à la
conclusion qu'il fallait entendre par là la
Russie. Mais ce qui est d'une importance beaucoup
plus grande, c'est que la version Grecque, ou celle
des Septante, qui a été faite deux
siècles avant l'ère
chrétienne, a laissé ce mot tel qu'il
est dans l'original, Rosh; ils ne savaient pas quel
lieu ou quelle race ce nom désignait, mais
voyant que Méshec et Tubal étaient
donnés comme des noms propres, ils
comprirent de la même manière le mot
précédent. Gog doit donc être
réellement «le prince de Rosh, de
Méshec et de Tubal»
qui seront tous trouvés
dans l'empire russe.
Ézéchiel fait voir alors que,
à l'époque où Dieu restaure
Israël et le plante dans son propre pays, la
Russie doit être le dernier grand ennemi qui
monte pour l'attaquer, et trouve sa propre ruine,
qui lui vient de la main de Dieu, sur les montagnes
d'Israël. Sa prophétie ne porte pas, je
pense, sur les événements actuels,
sauf en tant qu'ils sont un acheminement à
celui-là; bien moins encore doit-on la
confondre avec le rassemblement de Gog et de Magog
décrit dans les versets 8,
9 (Apoc. XX). Impossible que les
deux passages aient trait au même
événement. En effet, le
prophète Juif parle d'une vaste
confédération qui est
antérieure au millénium, ou du moins
a lieu dans ses tous premiers jours; tandis que
celle dont il s'agit dans l'Apocalypse ne se forme
qu'après que les mille ans sont
écoulés. Je pense qu'ici Gog et Magog
sont purement et simplement des expressions
symboliques qui ont, il est vrai, leur fondement
dans le prophète de Chébar, mais qui
en sont entièrement distinctes.
La prophétie d'Ézéchiel
reçoit son accomplissement lorsque
Israël est restauré (Voyez chap. XXXVI.
37). Gog, monte quand le
peuple habite dans ses villes sans murailles, et il
pense en faire pour cette raison aisément sa
proie. Mais l'Éternel intervient: Gog est
détruit, et Israël vit
et prospère paisiblement
dans son pays.
Ici
(Apoc.
XX), ce sont des symboles
empruntés aux circonstances de l'Ancien
Testament, mais appliquées à des
temps bien postérieurs. Le dernier ennemi
qu'Israël eut à combattre avant le
millénium était le véritable
Gog, Gog dans le sens littéral; la
dernière rébellion qui a lieu
après lui tire son nom de cet effort bien
mémorable des nations extérieures
à la Palestine. D'innombrables essaims de
peuples venus des quatre coins de la terre, sous la
conduite de Satan, répéteront (ce qui
ne sera plus jamais répété) ce
que le chef russe aura fait avant elles. Ils
monteront sur la largeur de la terre, et ils
environneront le camp des saints et la ville
bien-aimée. Il va sans dire que c'est du
peuple et de la ville terrestre qu'il s'agit, car
Israël sera alors un corps de saints, un
peuple saint, et Jérusalem sera la ville
bien-aimée, non pas de nom seulement, mais,
en réalité, alors, la ville du grand
Roi.
Ces nations montèrent et les
environnèrent, et Dieu sera forcé,
s'il m'est permis de parler de cette
manière, de les détruire pour
toujours. «Et du feu descendit du ciel de la
part de Dieu et les dévora»
(vers.
9).
Le feu est constamment la figure du jugement de
Dieu. C'est ainsi qu'ils périssent. Leur
chef n'est point atteint par ce jugement: un sort
pire lui est réservé. «Et le
diable qui les avait
séduits fut jeté dans l'étang
de feu et de soufre, où aussi sont la
Bête et le faux prophète; et ils
seront tourmentés jour et nuit aux
siècles des siècles».
Ceux qui le suivaient sont détruits par un
jugement divin sur la terre, mais le diable, qui
les avait entraînés par ses
impostures, est jeté dans l'étang de
feu et de soufre.
Mais il y a encore une autre scène - la plus
solennelle de beaucoup pour l'homme, et où
tout est réellement solennel. «Et je
vis un grand trône blanc, et celui qui est
assis dessus, de devant la face duquel la terre
s'enfuit et le ciel; et il ne fut point
trouvé de lieu pour eux»
(vers.
11).
Remarquez cela. Il est beaucoup de personnes qui
supposent que c'est là le temps de la venue
du Seigneur, et qui, en conséquence, placent
le millénium avant Sa venue. Mais cette
opinion ne peut soutenir la lumière de
l'Écriture. Sans recourir à des
preuves en dehors de ce chapitre, je voudrais
prendre une autre voie qui est courte et simple, et
à mon avis, parfaitement concluante sur
cette question. Quand le Seigneur Jésus
vient, il vient à la terre depuis le ciel.
Telle est généralement, autant que je
puis:le savoir, la foi de tous ceux qui ont sur ce
point des pensées précises. Or, ce
n'est point ce que nous trouvons ici; car le
Seigneur est assis sur un grand trône
blanc, et au lieu de sa venue du
ciel à la terre, c'est la disparition de la
terre et du ciel à la fois qui nous est
présentée.
Impossible qu'il s'agisse de la venue du
Seigneur à la terre, car il n'existe plus de
terre à laquelle il puisse venir. Tout le
système de la terre et du ciel, tels qu'ils
sont maintenant, aura disparu de la scène -
aura été, non pas anéanti,
mais détruit; car il y a une grande
différence entre ces deux idées.
Toutefois, la terre n'est plus trouvée
occupant sa place: elle a disparu. Le grand
trône blanc n'est dont point en aucune
façon sur la terre; car la terre et le ciel
se sont enfuis de devant la face de Celui qui est
assis sur le trône, et il ne fut point
trouvé de lieu pour eux. Ainsi que c'est
annoncé en 2
Pierre III, ils seront dissous, et
leurs éléments se fondront par
l'ardeur du feu.
Remarquez donc qu'au moment où Christ est vu
assis sur le grand trône blanc, la terre et
le ciel se sont enfuis. Quelle conséquence
devons-nous tirer de cela? Ou bien que le Seigneur
Jésus Christ doit être venu
auparavant, ou bien qu'Il ne viendra jamais sur la
terre; car ce ne serait nullement la même
chose que de supposer qu'il viendra seulement sur
la terre nouvelle après que
tout jugement, même celui
des méchants morts, sera passé. Or,
nous savons que «le Père ne juge
personne, mais il a donné tout jugement au
Fils» - «établi de Dieu juge des
vivants et des morts».
La foi générale des chrétiens
est qu'Il viendra sur cette terre-ci. Un jour qui
est encore futur, Ses pieds se tiendront debout sur
la Montagne des Oliviers qui est vis-à-vis
de Jérusalem du côté de
l'Orient, et qui, dès ce moment-là,
doit être non pas détruite, mais
fendue par le milieu en témoignage de cet
événement solennel. Toutes ces
circonstances ne sauraient s'appliquer à ce
que Saint Jean nomme les nouveaux cieux et la
nouvelle terre. Lorsque le grand trône blanc
apparaît, la terre n'est plus là; et,
par conséquent, il faut que la venue de
Christ à la terre ait eu lieu
antérieurement à cette
dernière scène du jugement. De fait,
aussi, nous avons eu déjà la
description de la venue du Seigneur dans le chap. XIX,
et celle de son règne
dans la première partie du chap.
XX. Ceci donne d'une
manière très précise le
caractère du grand trône blanc. Rien
de plus simple, si vous prenez les choses dans
l'ordre dans lequel Dieu les arrange. Mais l'homme
est toujours intraitable; et ainsi il efface la
venue de Christ du chap. XIX
où elle est
présentée, et l'imagine dans le chap. XX.
11, où elle n'est point,
ni ne saurait être.
Remarquez encore que le jugement du grand
trône blanc n'est pas un jugement
général, pas plus que la
résurrection mentionnée ici n'est une
résurrection générale. De
fait, l'idée d'une résurrection
commune aux justes et aux injustes est pure
imagination. Je tiens, que toute âme d'homme,
c'est-à-dire, de ceux qui sont morts, doit
se trouver dans l'une ou l'autre
résurrection. Mais l'Écriture nous
montre que la résurrection des justes est
une chose entièrement différente de
celle des injustes, et a lieu dans une tout autre
époque: elles n'ont rien de commun, si ce
n'est que, dans les deux cas, l'âme et le
corps doivent être réunis pour
toujours. Il n'existe pas de passage en faveur d'un
relèvement commun à tous. On en
allègue pourtant quelques-uns pour fournir
une apparence de preuve. Le Seigneur dit en Jean
V. 28: «L'heure vient en
laquelle tous ceux qui sont dans les
sépulcres entendront Sa voix; et ils
sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien,
en résurrection de vie; et ceux qui auront
mal fait en résurrection de jugement».
Mais ces paroles ne montrent pas qu'ils
ressusciteront dans le même temps.
L'heure vient en laquelle l'une et l'autre de ces
classes se relèveront; mais au lieu de dire
qu'ils doivent se relever tous dans une
résurrection commune, Christ s'attache
à faire voir que ceux qui ont
pratiqué le bien doivent
sortir de leurs sépulcres pour une
résurrection de vie, et ceux qui ont mal
fait pour une résurrection de jugement. Il y
a donc deux résurrections, et non une seule
résurrection commune à tous. Le
passage même qu'on cite à l'appui
d'une résurrection générale,
enseigne, de fait, le contraire. L'évangile
de Saint Jean montre qu'elles sont distinctes l'une
de l'autre quant à leur caractère
respectif; son Apocalypse montre qu'elles le sont
quant au temps où elles ont lieu.
O dira peut-être que ces paroles,
«l'heure vient», impliquent que tous
doivent être ressuscités à peu
près dans le même temps. Mais le mot
«heure» est employé dans
l'Écriture (et même partout ailleurs)
dans un sens très large. Il pourrait
comprendre mille ans, ou plus encore; de sorte que,
si l'une des deux résurrections avait lieu
au commencement, et l'autre à la fin du
millénium, ce pourrait encore être la
même «heure». «L'heure vient,
et elle est maintenant, que les morts entendront la
voix du Fils de Dieu, et l'ayant entendue ils
vivront»
(Jean
V. 25). Cela a trait à
l'oeuvre qui s'est poursuivie depuis que Christ
était sur la terre jusqu'au moment actuel.
«L'heure» comprend là près
de deux mille ans; et certainement ce n'est pas
trop d'en inférer que dans le verset
28 «l'heure»
pourrait embrasser, si c'était
nécessaire, une période aussi longue.
C'est à l'Écriture
qu'il appartient de décider.
Le même Jean, qui nous montre le
relèvement de toute chair hors de
sépulcre, divisé en deux
résurrections, en contraste l'une avec
l'autre, d'hommes caractérisés par
des qualités morales opposées, nous
montre avec non moins de clarté et de
certitude l'intervalle qui sépare ces deux
résurrections.
Le chapitre de l'Apocalypse que nous examinons
maintenant répond à cette question,
et prouve qu'il y aura entre les deux un intervalle
de mille ans au moins. Mais ce n'est pas tout. Ces
résurrections ne sont pas seulement
distinctes l'une de l'autre par le temps où
elles ont lieu, il y a encore dans leur nature une
différence profonde, fondamentale.
L'Évangile de Jean déclare que la
première est une résurrection de vie,
et la seconde une résurrection de jugement.
Dans la première sont les justes; tous ceux
qui sont jugés dans la seconde sont les
méchants. Nos traducteurs l'appellent la
résurrection de «condamnation»,
quoique le véritable sens du mot soit
«jugement». C'est le même terme qui
est employé auparavant dans un verset ou
deux
(vers.
22, 27).
«Le Père ne juge
personne, mais il a donné tout jugement au
Fils... Et lui a donné autorité aussi
de juger,
parce qu'il est Fils de l'homme». Et il est
nécessaire de se bien mettre dans l'esprit
que, si Christ donne sa vie
comme Fils de Dieu, il vient comme Fils de l'homme
pour exécuter le jugement dans son
royaume.
Il donne sa vie pour celui qui croit, et il
exécute le jugement sur l'incrédule.
Ainsi, il y a deux résurrections
correspondant à ces deux titres. Il y a la
résurrection de vie, ou la
résurrection du croyant: c'est l'application
à son corps de cette puissance de vie qu'il
possède déjà dans son
âme. Mais ceux qui ont repoussé
Christ, que leur est-il réservé? La
résurrection de jugement. Ils ont
méprisé Christ maintenant, impossible
qu'ils évitent alors la résurrection
de jugement.
Revenant à Apocalypse
XX, n'est-ce pas ce que
nous avons ici? D'abord nous y avons vu la
résurrection de vie, de «ceux qui ont
pratiqué le bien». «Bienheureux et
saint celui qui a part à la première
résurrection». Qu'a-t-il
été dit à leur sujet?
«Ils vécurent
et régnèrent
avec le Christ les mille ans». C'est une
résurrection de vie. Mais regardez aux
autres, aux méchants, «ceux qui ont mal
fait», «Le reste des morts ne
vécut pas jusqu'à
ce que les mille ans fussent
accomplis». Qu'avez-vous ici?
«Le reste des morts ne vécut pas jusqu'à
ce
que», etc. Ils ressuscitent donc.
«Et je vis les morts, petits et grands, se
tenant devant Dieu». Il n'y a là que
des morts - et de quelle manière
différente ils apparaissent devant
le trône!
«Et les livres furent ouverts; et un autre
livre fut ouvert, qui est celui de la vie: et les
morts furent jugés d'après les choses
qui étaient écrites dans les livres,
selon leurs oeuvres»
(vers.
12).
Or, je crois pleinement que toutes les oeuvres des
saints de Dieu seront examinées; ce qu'ils
auront fait dans le corps viendra en
évidence.
Nous recevrons louange ou blâme selon notre
fidélité ou notre
infidélité, quand le Seigneur
Jésus prendra place sur le siège du
jugement, que nous nous tiendrons devant Lui et que
nous serons manifestés.
C'est saint Paul qui nous dit cela
(Rom.
XIV. ; 2
Cor. V). Mais dans Saint Jean, le
but du Saint-Esprit est de placer les deux
résurrections en contraste l'une avec
l'autre. En conséquence, il n'est pas dit un
mot, dans le récit de la première
résurrection, de notre comparution devant
Christ afin que chacun reçoive les choses
accomplies dans le corps, soit bien soit mal; mais
nous y sommes représentés comme
jugeant les autres. Telle est la manière
dont est décrite la résurrection de
vie.
«Je vis des trônes; et ils
étaient assis dessus, et le jugement leur
fut donné».
Naturellement, ils rendent compte pour
eux-mêmes au Seigneur, et reçoivent en
conséquence; mais le Saint-Esprit a ses
raisons parfaitement sages pour ne faire ici aucune
allusion à cela. C'est une
résurrection de vie dans l'Évangile,
et c'est aussi une
résurrection de vie dans l'Apocalypse.
Mais lorsque vous en venez au reste des morts qui
n'ont pas pratiqué le bien, quand ils sont
ressuscités et qu'ils se tiennent debout
devant le trône, c'est tout le contraire
d'une résurrection de vie. Ils n'ont fait
que le mal, et quand le livre de vie est ouvert, il
ne doit s'y trouver aucun nom; car ce n'est point
une résurrection de vie mais une
résurrection de jugement. Ils doivent
être jugés selon leurs oeuvres
écrites dans ces autres livres, et leurs
oeuvres appellent à grands cris le jugement.
Leurs oeuvres sont toutes et toujours mauvaises;
ils sont jugés d'après elles, et quel
est le résultat?
Il pouvait y avoir de la différence entre
eux sous plusieurs rapports: il y avait des grands
et des petits, mais ils étaient pareils en
ceci - ils n'étaient point écrits
dans le livre de vie; et quiconque n'y était
pas trouvé écrit, était
jeté dans l'étang de feu.
Pas un mot touchant ceux qui y étaient
écrits. C'est la résurrection de ceux
qui n'avaient point de part dans ce livre, et ils
sont jetés dans l'étang de feu. C'est
comme si Dieu disait, les livres de leurs oeuvres
appellent le jugement: n'y a-t-il rien à
dire pour la défense de ces
misérables? En conséquence le livre
de vie est ouvert, mais ils ne s'y trouvent point:
la dernière espérance s'est
évanouie, «et si quelqu'un
n'était pas trouvé écrit dans
le livre, il était jeté dans
l'étang de feu»
(vers.
15). C'est la
résurrection de jugement, il n'y a là
ni vie ni miséricorde. Ceux qui avaient eu
part à la résurrection de vie,
étaient ressuscités longtemps
auparavant, et ne viennent jamais en jugement: il
est dit en effet
(Jean
V. 24) «Celui qui entend
ma parole, et croit en celui qui m'a envoyé,
a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement
(le même mot que dans les versets
22, 27,
29),
mais il est passé de la
mort à la vie».
Rien de plus certain que cette résurrection
est distincte de l'autre, qu'elle est d'un
caractère différent, et qu'elle en
est séparé par un long
intervalle.
La résurrection de vie avait eu lieu depuis
longtemps, et maintenant arrive la
résurrection de jugement.
«Et la mer rendit les morts qui étaient
en elle».
Les profondeurs que l'homme ne pouvait explorer
qu'imparfaitement, ne peuvent plus cacher ceux qui
y furent engloutis; et le monde invisible
lui-même, sur lequel il n'exerce aucun
contrôle, est aussi forcé de
lâcher ses misérables habitants:
«Et la mort et le hadès rendirent les
morts qui étaient en eux, et ils furent
jugés chacun selon ses oeuvres»
(vers.
13). Et leurs oeuvres les
condamnent. Le livre de vie ne renferme pas un mot
à leur sujet, et ils sont jetés dans
l'étang de feu. Ils sont relevés de
leur première mort pour être
jetés à toujours dans ce lieu de
tourment, d'où il est impossible
d'échapper.
L'autre passage de l'Écriture, d'une
extrême importance, souvent cité
à l'appui d'une résurrection
générale, est celui de Daniel. Qu'y
trouvons-nous? Il est écrit chap. XII.
1: «Or en ce
temps-là Micaël, ce grand chef, qui
tient ferme pour les enfants de ton peuple
(c'est-à-dire le peuple de Daniel, les
Juifs), tiendra ferme; et ce sera un temps de
détresse tel qu'il n'y en a point eu depuis
qu'il y a des nations jusqu'à ce
temps-là».
Évidemment, ce n'est point là le
millénium. «Et en ce temps-là,
ton peuple, c'est
à savoir, quiconque sera
trouvé écrit dans le livre,
échappera». Ce n'est pas là non
plus le temps où l'Église est
délivrée; car nous avons
été délivrés depuis
longtemps par la croix du Seigneur Jésus
Christ. Mais depuis la croix de Christ, le peuple
Juif n'a eu en partage que la misère: cette
croix était leur crime. N'avaient-ils pas
crié, «Que son sang soit sur nous et
sur nos enfants»?
Le temps de leur plus grande souffrance doit
précéder immédiatement l'heure
de leur délivrance
(Jér.
XXX. 7). Notre
délivrance, comme la leur, est accomplie au
moyen des souffrances d'un autre; mais ce n'est qu'après
que nous sommes délivrés que nous
sommes appelés à souffrir. Il en est
tout autrement pour les Juifs. Ils ont encore
à passer par une effroyable tribulation, la
pire de toutes celles qu'ils aient eue jamais
à traverser; mais
immédiatement
après arrive leur délivrance finale -
«En ce temps-là ton peuple
échappera», etc.
Ils n'échapperont pas seulement en tant que
peuple, mais ils seront sauvés en convertis
individuellement, selon le dessein de Dieu -
«Quiconque sera trouvé écrit
dans le livre». «Et plusieurs de ceux qui
dorment dans la poussière de la terre se
réveilleront, les uns pour la vie
éternelle, et les autres pour les opprobres
et pour l'infamie éternelle».
Voilà le verset qui a été
généralement appliqué à
la résurrection; mais je suis convaincu
qu'il ne s'applique point au relèvement du
corps. C'est une figure qui, à la
vérité, est prise de lui, et qui
suppose cette grande vérité connue;
mais c'est la même sorte d'expression, et
ayant trait à un sujet et à un but
analogues, que celle que j'ai fait remarquer en Ésaïe
XXVI. 19,
où Israël était
désigné comme «mon corps
mort», était invité, comme un
habitant de la poussière, à se
réveiller et à se réjouir avec
chant de triomphe. Il est dit de même ici:
«Plusieurs de ceux qui dorment dans la
poussière de la terre, se
réveilleront, les uns pour la vie
éternelle, et les autres pour les opprobres
et pour l'infamie éternelle».
Cela ne cadre avec aucun système
d'interprétation, s'il faut l'appliquer
littéralement à la
résurrection corporelle des bons et des
méchants dans le même moment. Vous
remarquerez que cela se passe
avant le millénium.
C'est évidemment antérieur au temps
de la délivrance et de la
bénédiction. Il y a un temps de
détresse, immédiatement après
lequel le peuple de Daniel est
délivré; et ceux qui auraient pu
être oubliés (dormant, pour ainsi
dire, parmi les Gentils), apparaissent de nouveau,
mais non pas tous pour la même
destinée, les uns pour les opprobres, et les
autres pour la vie éternelle (Comp. aussi, Es.
LXVI. 20, 24).
Cela ne répond point au dessein de ceux qui
citent ce passage; car leur idée est qu'il y
a d'abord le millénium, et ensuite la
résurrection des bons et des
méchants; tandis que la résurrection
dont il s'agit ici, littérale ou
figurée, précède le
millénium, et est suivie du temps de la plus
grande détresse qu'Israël ait jamais
connue. Aussi, ma conviction est-elle qu'elle se
rapporte aux Juifs. D'abord,
au
verset 1, ceux qui doivent
échapper sont mentionnés en rapport
avec la Palestine. Ensuite, il est annoncé
que plusieurs de ceux qui dorment dans la
poussière de la terre, sortiront de leur
dégradation, se réveilleront, les uns
pour la vie éternelle, etc. Parmi ces Juifs
qui doivent s'avancer hors de tous les lieux
où ils sont comme cachés, ensevelis
sur la terre, les uns se montreraient des rebelles,
et seraient traités en conséquence;
tandis que les autres apprendront que
l'Éternel a opéré en
leur faveur pour l'amour de son
nom.
Nous pouvons rapprocher cela
d'Ézé.
XXXVII où
les os secs représentent la maison
d'Israël. Il ne peut rester aucun doute dans
tout esprit sérieux relativement à ce
passage, le Seigneur lui-même l'ayant
interprété comme une figure de la
résurrection à venir d'Israël.
«Mon peuple, voici, je vais ouvrir vos
sépulcres, et je vous tirerai hors de vos
sépulcres». Et si en Daniel il est dit
que les uns doivent avoir la vie éternelle,
Ézéchiel déclare que
l'Éternel mettra son Esprit en eux. C'est
une restauration spirituelle, aussi bien qu'une
restauration nationale. Le passage de Daniel se
rapporte donc à une résurrection
figurée d'Israël, où
quelques-uns se réveilleront de leur mort
morale.
Nous pouvons maintenant revenir à Apoc.
XX avec une conviction plus
affermie que la doctrine d'une résurrection
générale est une erreur
complète, et que la parole de Dieu enseigne
une résurrection pour les justes et une
autre pour les injustes. Celle dont il est question
à la fin de notre chapitre, est uniquement
la résurrection des méchants morts;
c'est une résurrection de jugement. J'en
appelle à vous-mêmes: pouvez-vous
faire reposer sur vos oeuvres le salut de vos
âmes? J'admets que nos oeuvres seront
examinées et que nous recevrons
conformément à ce qu'elles auront
été; mais ce n'est
point la même chose que
d'être jugés selon nos oeuvres.
Dans le premier cas la personne est
acceptée, mais ses oeuvres sont
passées en revue pour la louange ou pour le
blâme; dans l'autre, la personne est
jugée selon des oeuvres complètement
mauvaises.
En effet, l'homme naturel, l'homme inconverti, n'a
pas de vie pour Dieu, il ne peut donc se trouver en
lui que de mauvaises oeuvres pour lesquelles il
doit être jugé. Il n'en est point
ainsi du croyant. Sans doute qu'il se trouve en lui
des oeuvres quelquefois bien
mélangées, et même pires
quelquefois; mais il a une position au-delà
de toutes ces oeuvres, quelque pénibles,
quelque tristes qu'elles soient. Il possède
la nouvelle nature que Dieu a donnée et
qu'il ne veut pas retirer. Ses oeuvres seront
examinées, et elles auront une influence
très grande sur la position que le Seigneur
lui assignera dans son royaume. Il ne s'agit jamais
de récompense, mais uniquement de la
grâce et de la puissance de Christ, dans
l'affaire du salut ou de la perdition. Quand vous
parlez de récompense, c'est une dette
à acquitter pour une oeuvre faite; mais
l'Écriture ne présente jamais le
salut comme une récompense des oeuvres. Il
est l'oeuvre de Christ - le fruit du travail et des
souffrances d'un autre, dans la jouissance duquel
Dieu nous place par un effet de son amour
souverain. Et lorsque nous nous
trouverons devant le tribunal de Christ, ce ne sera
point comme si notre comparution devait avoir pour
issue l'acquittement ou la condamnation: ce serait
nier notre justification et la valeur de Son oeuvre
propre.
Toutes nos voies seront manifestées à
la lumière de Dieu, et le Seigneur nous
mènera en triomphe à travers elles
toutes; mais Il ne passera pas sur une seule chose
qui aura été faite contre Lui. Et de
même qu'un chrétien peut aujourd'hui
faire devant Dieu l'examen de ses voies, passer
condamnation sur elles, et rendre grâces
à Dieu pour sa discipline fidèle, il
en sera de même, et d'une manière plus
brillante, plus bénie, et plus parfaite
encore, devant le tribunal de Christ.
Il ne sera pas question alors d'être
sauvé seulement, mais de justifier la gloire
et la bonté de Dieu. Et certes ce n'est pas
là une chose que nous ayons à
redouter: c'est ce dont nous aurons à rendre
grâces durant toute
l'éternité.
Après le bonheur d'adorer Dieu et de le
servir fidèlement par grâce, la
meilleure chose, même dès à
présent, n'est-elle pas, en effet, de nous
juger nous-mêmes? Nous n'aurons pas une
parole à dire pour notre défense,
mais le Seigneur aura beaucoup à dire en
notre faveur. Il manifestera tout ce que nous
aurons fait, et nous recevrons en
conséquence. Pour les choses mauvaises nous
souffrirons une perte, pour les
bonnes nous obtiendrons une
récompense. Mais ici, quelle
différence! Les morts qui se tiennent debout
devant le trône; ils n'ont pas de vie - rien
que des oeuvres mortes. Ils n'avaient point Christ,
que peuvent donc mériter leurs oeuvres? Ils
sont jetés dans l'étang de feu. La
Mort et le Hadès ne sont plus
désormais nécessaires; ils sont
personnifiés comme ennemis de Dieu et de
l'homme, et comme tels ils sont, dans la vision
(vers.
14), jetés aussi dans
l'étang de feu.
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