Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XX.

suite

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Les trois derniers versets que nous venons de considérer, forment une sorte de parenthèse dans le chapitre, quelque chose d'analogue à ce que nous avons vu dans le chap. XII. Là, en effet, après nous avoir décrit la guerre qu'il y avait eue dans le ciel, et le fait qui en avait été le résultat, comment Satan en avait été précipité, l'Esprit prophétique reprend, dans le verset 13, l'histoire à laquelle il avait été fait allusion auparavant (vers. 6). Ici nous trouvons quelque chose de semblable, car le septième verset continue l'histoire qui avait été déjà commencée précisément à la fin du troisième, où nous avions eu l'emprisonnement de Satan dans l'abîme, et ainsi la répression pour un temps du pouvoir qu'il a de séduire les nations en révolte contre Dieu. Il est ajouté, qu'après cela il faut qu'il soit délié pour un peu de temps.

Le verset 7 nous présente par anticipation le récit de sa mise en liberté et des effets qu'elle produira. «Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison; et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat; et leur nombre est comme le sable de la mer» (vers. 8).
Les versets 4-6 forment donc évidemment une parenthèse, - importante sans doute, mais toutefois une parenthèse, et ne font point partie de l'histoire régulière que nous avons ici. Il se peut qu'une des raisons pour lesquelles nous la trouvons à cette place, c'est de faire voir que durant cette même période où Satan est lié, il y a le côté béni - non pas seulement le mal réprimé, mais Christ et ses saints régnant au-dessus de la terre. Il n'est jamais dit que nous régnerons sur la terre.
En Apoc. V. 10, j'ai déjà montré que la version ordinaire de ce verset qui comporte cette idée, est un peu inexacte, et que le véritable objet de la pensée du Saint-Esprit est, non pas le lieu où les saints de Dieu habiteront alors, mais plutôt la sphère de leur règne. «Ils régneront sur (au-dessus de) la terre».
Ce changement a de l'importance, non pas tant comme fait isolé, mais parce qu'il se rattache à tout le plan de la vérité, et que c'est une partie de ce plan que les saints célestes ne doivent jamais se trouver mêlés avec ceux qui sont sur la terre.

La promesse de la première place dans la bénédiction terrestre appartient à Israël, et, en conséquence, cela ferait une confusion extrême, si les saints célestes, les saints glorifiés, se trouvaient mêlés avec les hommes encore dans leurs corps naturels dans ce monde. De fait, une des plus fortes objections que bien des chrétiens font au règne de Christ sur la terre, a pour base l'idée que la doctrine de l'avènement pré-millénial de Christ suppose que les saints glorifiés doivent être mêlés avec les personnes qui seront alors en vie ici-bas. Mais c'est là une grande erreur.
L'Église aura sa gloire propre; mais il y aura, d'ailleurs, deux ordres ou sphères de bénédiction, et l'une d'un caractère plus élevé que l'autre. Toutes les choses qui sont dans les cieux seront réunies sous l'autorité de Christ; mais en outre, dans le même temps, toutes les choses qui sont sur la terre seront sous le même gouvernement. Tel est le caractère spécial du millénium. Il y aura en haut la portion céleste, et la portion terrestre en bas, réunies ensemble, mais non pas confondues. C'est ce qui est nettement enseigné en Éph. I. 10, où l'apôtre dit que Dieu nous a fait connaître «le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, lequel il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps (savoir), de réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux, que celles qui sont sur la terre en lui». Je n'ignore pas qu'il en est qui pensent qu'il s'agit là de la dispensation évangélique actuelle. Mais c'est sans fondement. L'Église n'est pas un rassemblement de toutes les nations, mais, au contraire, un corps élu tiré d'entre elles toutes. Elle n'a jamais été ni ne sera jamais un rassemblement en un de toutes les nations, de tous les peuples, de toutes les tribus, et de toutes les langues. De plus, c'est d'un rassemblement de toutes choses que parle ce verset. Il existe un rassemblement ensemble des enfants de Dieu, car Christ est mort pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés; mais ici il est question de choses et non de personnes. Quand sera arrivé le moment où l'administration glorieuse dont l'apôtre parle doit être introduite, toutes choses seront placées sous l'autorité de Christ. En droit, Christ a bien toutes choses sous son autorité maintenant, mais il n'en est pas encore ainsi comme fait réalisé et manifesté.

Daniel ne dit pas que tout doit être mis sous l'autorité du Fils de l'Homme, et le Saint-Esprit ne révèle pas non plus dans l'Ancien Testament ce secret de la volonté de Dieu: il y est parlé de la grandeur du royaume sous tous les cieux. Mais le Nouveau Testament nous en dit davantage: il nous apprend que, dans le même moment où toutes les choses qui sont sur la terre seront mises sous le gouvernement de Christ, toutes les choses qui sont dans les cieux y seront mises aussi. Et ce ne sera pas simplement par sa providence, comme c'est le cas aujourd'hui, que Christ gouvernera, mais personnellement et d'une manière directe.

Naturellement le Seigneur est au-dessus de Satan, le Dieu et le prince du monde actuel. Il agit maintenant par sa providence, et, en outre, il a pleinement et personnellement droit à toute gloire, céleste et terrestre. Mais le temps, où il veut faire valoir son droit, et prendre en mains le gouvernement de toutes choses, est encore à venir. S'il l'avait aujourd'hui d'une manière immédiate, toute méchanceté serait réprimée, personne ne pécherait sans être frappé du jugement; et on ne verrait pas non plus le juste souffrir, ni le méchant prospérer. Tout cela prouve que, dans le sens plein et réel du mot, le Seigneur Jésus Christ ne règne pas encore, quelque véritable que soit son règne pour la foi. Voyez, par exemple, au Psaume XCVII: «L'Éternel règne». On cite cette parole comme si elle s'appliquait au temps où le Saint-Esprit la faisait écrire, ou du moins au temps actuel. Mais celles qui suivent réfutent cette manière de voir, parce que lorsque l'Éternel régnera dans le sens que l'entend le Psaume, la terre se réjouira, etc.

Tandis que nous savons parfaitement par Rom. VIII, pour ne pas parler de l'expérience de tous les jours, que la terre gémit dans la misère, et que toute la création soupire et est en travail jusqu'à maintenant, ce qui est tout le contraire de se réjouir. Mais quand les Psaumes recevront leur plein accomplissement, toute la création sera délivrée et tressaillira d'allégresse sous le règne de Jéhovah. Certes, la foi a raison de dire que l'Éternel règne aujourd'hui; mais Il n'exerce pas encore sur la terre son pouvoir royal. Quand Il commencera à le faire, tous les adversaires devront être renversés, et par conséquent il devra y avoir le jugement.
La Bête et le faux prophète furent mis de côté, ainsi que nous voyons chap. XIX. et alors vient le règne. Et quoique tous ne doivent pas être convertis, il ne sera pas toléré de péché manifeste. Il se peut que ce ne soit qu'une «obéissance feinte» qui sera rendue par une portion considérable de ceux qui se trouveront sur la terre, mais ce n'en sera pas moins encore, sous quelque rapport, de l'obéissance, même de la part des «enfants de l'étranger». Tel est le vrai caractère du règne millénial. Ce sera un temps, non pas où il n'y aura pas de mal, mais où le mal sera supprimé par la présence du Seigneur; où la gloire céleste sera en relation immédiate avec la terre délivrée et joyeuse; où le peuple terrestre sera restauré dans son pays propre, converti, et confessant

Ce bien-aimé qu'avaient crucifié leurs pères, car ces mêmes circonstances auxquelles je fais allusion sont décrites, au moins pour ce qui concerne la terre, en Zach XII-XIV. Dans le dernier chapitre, l'Éternel est «roi sur toute la terre: en ce jour-là il n'y aura qu'un seul Éternel, et son nom ne sera qu'un». Voilà précisément le millénium.
Toutes les nations montent pour confesser l'Éternel: si quelqu'une d'elles s'y refuse, elle sera châtiée. L'Esprit de Dieu signale d'une façon particulière le châtiment dont seront frappés les nations qui ne monteront point pour célébrer la fête des tabernacles: la pluie leur sera retenue. En Égypte, où on ne se ressentirait pas d'une privation pareille, la terre ayant d'autres sources de fertilité, la punition sera d'une autre nature, ce sera, «la plaie dont l'Éternel frappera les nations», etc.
La prophétie nous montre donc clairement la gloire terrestre sous le règne de Christ. Éph. I ne nous a pas montré simplement la gloire céleste, mais la réunion sous Christ de toutes choses, tant des choses qui sont dans les cieux que de celles qui sont sur la terre. Non pas qu'elles doivent être mises toutes au même niveau, mais elles feront toutes partie d'un seul et même système, comme ayant un seul et même chef au-dessus de tout, à savoir Christ.

Mais l'Église n'est pas comprise dans aucune de ces deux catégories de choses. Nous ne sommes confondus ni avec l'une ni avec l'autre: au contraire, il est fait mention de nous comme ayant obtenu en Christ un héritage sur toutes choses. L'Église ne doit pas être seulement un peuple glorieux sur lequel Christ doit régner. Nous sommes héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ - non pas simplement héritiers sous Christ, mais avec Lui - conformément au type si remarquable qui en fut donné dès le commencement de l'histoire de l'homme, où, tandis qu'Adam avait la gloire d'être chef sur ce bas monde, sa femme participe à l'empire, en vertu de son union avec Lui. L'Église est l'Ève spirituelle du Seigneur Jésus, l'épouse du dernier Adam. Ceci peut expliquer un peu la force des expressions d'Éph. I. 10, 23, et nous montre l'importance du jour que nous contemplons en Apoc. XX. Car «les mille ans» correspondent à cette même période où l'administration sera dans les mains du Seigneur Jésus, où Il sera exalté et manifesté comme Chef sur toutes choses, et où l'Église participera à tout avec lui.

Une autre remarque que je voudrais ajouter, c'est que le Nouveau Testament seul nous donne la période du règne, et en précise la durée comme devant être de mille ans. Presque toute la prophétie s'y rapporte, mais ce n'est qu'ici que nous apprenons quelles limites lui sont assignées, et dans quelle relation il doit être avec l'état éternel qui lui succède.

Dans un sens, Christ régnera, et les saints aussi, aux siècles des siècles. La chose est positivement ainsi enseignée, indépendamment du temps, par exemple en Rom. V. 17, où il est dit: «Ceux qui... régneront en vie par un seul, Jésus Christ».
Cette parole ne se rapporte pas particulièrement au règne millénial, qui n'est qu'une partie du privilège de régner en vie par le Christ Jésus. Notre vie en Christ étant une vie éternelle implique, selon moi, que, dans un certain sens aussi important que réel, il y aura une manière de régner glorieusement avec Christ, qui durera éternellement. Mais, d'un autre côté, lorsqu'il s'agit d'un royaume donné à Christ, que Christ remet avant la fin à Dieu le Père, ce règne spécial pour un temps limité a aussi une portée pour les saints célestes.
Naturellement la gloire proprement divine de Christ est distincte de ces gloires-là et ne saurait être communiquée à personne. Mais Dieu a parlé d'une récompense spéciale - la récompense des souffrances endurées pour Christ: «Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui»; «Si, du moins, nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui».
Tout cela a trait au règne millénial. Christ sera alors publiquement exalté dans le monde, au lieu même où Il fut méprisé et rejeté: et les saints seront publiquement exaltés avec Christ sur la scène même de leur opprobre et de leur souffrance, où ils avaient suivi Christ d'un pas bien faible et bien chancelant, sans doute, mais où ils s'étaient tenus attachés au nom de Jésus malgré la persécution et l'opprobre. Mais outre ces récompenses spéciales, il y a la gloire, la félicité, et la joie qui ne passeront jamais.

Le millénium sera un temps où bien des âmes seront amenées à la connaissance du Seigneur. Ce sera la grande moisson de la bénédiction: le temps célébré avec tant de ravissement dans les Psaumes et les Prophètes, où la connaissance de l'Éternel couvrira la terre comme les eaux couvrent le fond de la mer; ce qui n'implique pas nécessairement que tous ceux qui connaîtront la gloire de Jéhovah, connaîtront sa grâce, et seront convertis. Toutefois, beaucoup seront amenés au Seigneur. Mais il sera aussi donné en ce même temps une vraie et réelle connaissance de Dieu, car le Saint-Esprit sera répandu d'en haut d'une manière spéciale dont le jour de la Pentecôte ne fut, comparativement, que comme la pluie de la première saison, tandis que ce sera alors comme la pluie de la dernière. La Pentecôte fut la figure anticipée de la plénitude de bénédiction à venir - plus grande au moins en étendue, - qui sera réalisée dans le millénium.

Or, les saints de «ce jour-là» ne connaîtront jamais la souffrance comme un privilège - ne sauront jamais ce que c'est que de suivre Christ dans l'opprobre, et qu'être rejeté avec Lui. En conséquence, ils ne régneront pas dans le royaume.
Tous les saints, à partir du commencement et jusqu'au millénium, auront souffert plus ou moins avec Christ. Mais l'Église ayant connu prééminement la communion de ses souffrances, aura une gloire toute spéciale: tandis que les saints qui seront amenés à la connaissance du Seigneur après que le millénium aura commencé, et qui n'auront jamais connu les souffrances de Christ, ne participeront pas au royaume. Les saints antérieurs au millénium auront place et part dans l'économie de la gloire, et ils seront changés parce que la corruption ne peut jamais hériter de l'incorruptibilité. Aussi, quand ils sont introduits là où Dieu fait toutes choses nouvelles, portent-ils, sans qu'il puisse exister à cet égard le moindre doute, la ressemblance de Christ, par la raison qu'ils font partie du dernier Adam; et comme ils sont en connexion avec Christ, et qu'ils ont sa vie, cette vie aura toute son efficace tant à l'égard du corps qu'à l'égard de l'âme: ils seront changés en sa ressemblance.

Il est vrai que pour ce qui concerne les saints de la période milléniale, nous n'avons pas de déclaration positive sur le moment où ce changement aura lieu. Toutefois, nous pouvons, ce me semble, déduire de principes généraux, que ce sera dans l'intervalle qui s'écoule après que le millénium a pris fin, et avant que les nouveaux cieux et la terre nouvelle apparaissent avec leurs bienheureux habitants. Mais ce silence de l'Écriture a donné lieu à ce que quelques-uns se soient laissés entraînés à l'idée étrange que les saints de la période milléniale resteront dans leur corps naturel, prenant et donnant en mariage durant toute l'éternité! Une pareille idée ne trouve aucune espèce de fondement dans la parole de Dieu. On l'a déduite de l'idée qu'il fallait toujours interpréter l'expression «aux siècles des siècles» «à toujours» «éternellement» dans les versions françaises comme si elle devait, nécessairement et dans tous les cas, signifier l'éternité. Or, dans quelques passages, elle a en effet cette signification, mais elle ne l'a pas dans d'autres. Supposé que Dieu parle d'un état de choses terrestre, et qu'il emploie l'expression «régner aux siècles des siècles», comme c'est le cas en Dan. VII et Luc I, on ne saurait la prendre d'une manière absolue.
La portée des mots doit être limitée par le sujet dont Dieu parle. C'est ainsi que, dans les choses humaines, si un homme achète une maison «pour toujours», cela ne veut pas dire qu'il l'achète pour toute l'éternité, mais pour tout le temps que le monde existera sous sa forme actuelle: son droit subsiste aussi longtemps que la terre elle-même, en tant que laissée entre les mains de l'homme. C'est dans le même sens que Dieu se sert de l'expression «aux siècles des siècles» (à toujours, éternellement) en parlant des choses de la terre et de son peuple terrestre. Seulement, le cas est beaucoup plus fort que dans les transactions humaines ordinaires, car une révolution peut laisser de côté et même détruire tous les actes d'acquisition pareils, tandis que le royaume de Christ devant lequel toute autorité contraire doit s'incliner et disparaître, est ce qui garantit à Israël, etc., l'accomplissement de toutes les promesses de Dieu.

L'expression «régner sur la maison de Jacob» ne peut donc qu'être modifiée par cette idée-ci - aussi longtemps que la maison de Jacob existe comme telle. Mais quand c'est en rapport avec les nouveaux cieux et la terre nouvelle, et dans sa pleine signification, que cette expression est employée, Israël n'est plus trouvé dans son existence nationale  terrestre: de semblables distinctions s'évanouissent quand les hommes sont ressuscités d'entre les morts ou changés.

S'agit-il de vie éternelle, ou d'éternelle punition, il nous faut prendre l'expression dans son sens le plus étendu, parce que les choses ne se rapportent pas à la terre: elles appartiennent à l'état de résurrection.
S'agit-il, au contraire, de choses terrestres, elle doit être prise dans son sens restreint. Mais s'applique-t-elle aux choses en dehors de ce monde, il faut la prendre absolument dans toute son étendue. Or, en Dan. VII: 27, il est dit que «le royaume sous tous les cieux» (vers. angl.), qui est donné au peuple des saints du Souverain, est un royaume éternel. C'est là, je pense, la même période que celle qui est appelée ici les mille ans.
Dans le Nouveau Testament, le Saint-Esprit nous donne le développement complet de toutes les voies de Dieu, et nous fait voir que ce qui peut avoir semblé aux saints de l'Ancien Testament être un état de choses absolument éternel, est limité et qualifié par des révélations ultérieures qui nous y révèlent deux stages, pour ainsi dire, au lieu d'un. Ainsi, le royaume terrestre dont il est parlé en Daniel doit être «éternel» dans ce sens qu'il ne sortira jamais de dessous la domination de Christ, ne lui sera jamais retiré et donné à un autre (comme les empires précédents ont été retirés  à leurs chefs respectifs), mais restera en ses mains, et dans les mains des saints du Très-Haut, aussi longtemps que Dieu aura un royaume terrestre.
Lorsque l'état de choses terrestre prend fin, et que le royaume est remis, le règne de Christ se poursuit éternellement, quoique d'une autre manière, car dans l'état éternel il ne s'agira plus évidemment du fait que tous les peuples, toutes les nations, et toutes les langues doivent Le servir.

Ce chapitre passe rapidement sur l'état millénial, pour ce qui concerne les hommes qui seront alors sur la terre; et si on désire considérer la partie terrestre des mille ans, c'est à l'Ancien Testament qu'il faut recourir. Là il en est parlé constamment comme de «ce jour-là» - le jour où les Gentils seront introduits et bénis - où le nom de Dieu sera exalté - où tout train de guerre aura disparu; le jour où le désert se réjouira et fleurira comme le jardin d'Eden, et où ceux dont l'Éternel aura payé la rançon viendront en Sion avec chant de triomphe et une joie éternelle sera sur leur tête - où la douleur et le gémissement s'enfuiront. Telles sont les descriptions que le Saint-Esprit nous donne de la bienheureuse période du royaume.

Plusieurs ont été disposés à prendre dans un sens figuré ces tableaux prophétiques du millénium: mais il faut bien qu'ils admettent que ces images peuvent être beaucoup plus pleinement accomplies qu'ils ne le supposent. En d'autres termes, je vois dans les brillants récits que nous trouvons dans les prophéties de l'Ancien Testament touchant le millénium, des emblèmes d'une riche et abondante bénédiction qui doit se répandre réellement sur la terre. Sans doute que ces figures peuvent avoir aussi une signification spirituelle; mais tout en admettant cela, nous ne voulons point enlever aux mots leur sens simple et naturel.
Ainsi, par exemple, l'Écriture parle du loup et de l'agneau et d'autres animaux qui aujourd'hui se dévorent les uns les autres, comme vivant alors paisiblement ensemble. Rien n'empêche de faire une application figurée de ces termes et de s'en servir pour décrire ce qui sera moralement vrai des hommes - quoique, pour ce qui me concerne, je ne croie pas que ce soit là leur portée réelle. Car pourquoi Dieu ne ramènerait-il pas les créatures qu'il a faites et auxquelles il porte beaucoup plus d'intérêt qu'on ne le suppose, à une condition pour le moins aussi bonne que celle dans laquelle elles furent créées? Pourquoi Dieu ne supprimerait-il pas toutes les tristes conséquences que le péché a amenées, physiquement aussi bien que moralement?

Les effets du péché d'Adam se sont étendus bien au-delà de sa propre race: tout ce qui avait été placé sous sa domination est tombé dans le désordre et dans la ruine. Et cette idée de l'état de ruine où toutes choses se trouvent, n'est pas simplement un fruit de l'imagination, non plus que cette manière de présenter la prophétie de l'Ancien Testament. C'est la doctrine clairement et positivement établie dans le chap. VIII de l'Épître aux Romains. Il est écrit là que «la création a été assujettie à la vanité, non de sa volonté, mais à cause de celui qui l'a assujettie».
Ce passage dit la chute de celui qui avait été établi sur la création: il tomba, et la création qui avait été assujettie à Adam, tomba en même temps que lui. C'est lui qui l'assujettit à la vanité; la misère et la mort entrèrent par lui. Car il n'y a pas de raison pour supposer que la mort eût plus régné sur la création purement animale du monde adamique, que sur l'homme, si le péché ne fût pas entré. Je n'ignore pas que les savants de ce monde parlent souvent de débris fossiles qui prouveraient que des animaux sont morts avant la création de l'homme. Je n'entre pas dans de pareilles recherches, mais je dirai seulement que sous Adam il n'y avait pas le même état de choses.

Supposé maintenant que les faits signalés par les géologues, et les inductions qu'ils en tirent, soient véritables, comme l'Écriture garde un silence absolu à l'égard des animaux qui ont pu avoir été formée et détruits sur la terre avant qu'Adam eût été créé, je désire faire de même dans l'explication que j'essaie d'en donner. Il est des questions qui n'ont aucune importance morale, et dont en conséquence un chrétien n'a pas à s'occuper. Mais j'ajoute que ces théories, lors même qu'elles soient vraies, ne sont pas le moins du monde en contradiction avec l'Écriture; car il n'existe pas le plus petit indice que l'homme ait été en rapport avec l'état de choses antérieur à Adam, et l'Écriture le passe sous silence, ayant hâte, ce me semble, d'arriver à ce qui se rattache immédiatement à lui.
Aussitôt que la race humaine se trouve sur la terre, les voies morales de Dieu se développent graduellement. Mais bientôt l'homme tomba, et la création fut dégradée par la chute de son chef. La mort, pour ce qui est du monde adamique, entra par la désobéissance d'Adam - la mort directement quant aux hommes, et comme conséquence, ses ravages s'étendirent à toute la création animale inférieure.

Quand le second Adam, exalté au-dessus des cieux, viendra de nouveau, Il n'aura pas simplement une domination comme celle que possédait le premier Adam. Toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre seront soumises à son glorieux pouvoir: pas un lieu, pas une créature dans tout l'univers de Dieu, qui n'éprouve les effets de cette puissance glorieuse par laquelle Il peut même s'assujettir toutes choses.
Ainsi, si jadis l'homme tomba, introduisant le péché, la mort et la misère, et si tous les efforts de sa race pour remédier au mal, au-dehors et au-dedans, n'ont été que des palliatifs et non une véritable cure, le Seigneur Jésus sera le bon, le souverain, le tout-puissant Médecin qui guérira tous les maux et toutes les souffrances de la création. Et Dieu aussi aura de la joie - sa propre joie - en soulageant toute la misère amenée par le péché, conformément à son estimation de la valeur de son Fils. Et si, jusques alors, tout n'a fait que remplir pour l'homme la coupe de malheur, quel temps béni ne sera-t-il pas celui où Dieu reprendra l'histoire à l'inverse, et où son propre Fils, tant méprisé et rejeté jadis, occupera le trône de sa double gloire, sa gloire céleste, et sa gloire terrestre!
Ce temps où la méchanceté sera supprimée, et la justice exaltée à toujours, non pas simplement par la puissance et la gloire, mais par Celui qui avait d'abord porté en grâce le poids de toutes les douleurs, et souffert sur la croix toutes les conséquences de la malice, conformément à la parfaite sainteté de Dieu! Quelle douceur aussi dans la pensée que Dieu fera voir là qu'il n'y a pas un mal, pas une dégradation, pas une angoisse, pour lesquels Il n'ait pas en son Fils et par Lui une réponse appropriée et glorieuse! Car Il déploiera alors toute sa puissance pour glorifier son Fils en présence de toute chair, de ceux-là même qui envoyèrent après Lui ce message: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous».
Mais lorsque Ce Bien-Aimé reviendra après avoir reçu le royaume, et qu'Il régnera comme le Fils de l'Homme ressuscité et exalté, toute la création éprouvera les réjouissants et bienheureux effets de la suprématie et du gouvernement du Seigneur.

Le Seigneur veut qu'Israël occupe sur la terre une position élevée, et que, eux, qui ont été si particulièrement ses ennemis acharnés, ils entonnent le cantique de louanges avec leur Messie que jadis ils rejetèrent, mais qui, désormais, est au milieu de l'assemblée. C'est alors qu'ils reprendront le Psaume C, le Psaume d'actions de grâces, et inviteront tous les pays à venir et à célébrer l'Éternel, et même à entrer dans ses parvis avec des louanges. Quel contraste avec tout ce qui s'est passé jusqu'ici, et se passe encore maintenant! Combien c'est différent de la haine que les Juifs ont toujours montrée pour quiconque voulait porter le message de grâce aux Gentils! Quand Paul, en effet, leur raconte comment le Seigneur lui avait dit, pendant qu'il priait dans le temple de Jérusalem: «Va, car je t'enverrai au loin vers les nations» - ils l'écoutèrent jusqu'à ce mot; mais c'était plus que leur coeur orgueilleux ne pouvait supporter, aussi élevèrent-ils leur voix, disant: «Ôte de la terre un tel homme, car il ne convient pas qu'il vive».
Mais combien la grâce aura changé et élargi le coeur étroit de ceux d'Israël, quand ils sortiront eux-mêmes pour porter les invitations de la miséricorde, aux Gentils qui les avaient accablés d'outrages dans toutes leurs fatigantes pérégrinations sur la terre, et qui avaient foulé aux pieds Jérusalem durant tous les temps que Dieu leur avait assignés!

Les Juifs, comme Caïn, ont sur eux la marque de l'Éternel, afin qu'ils ne s'éteignent pas entièrement, nonobstant le meurtre dont ils se sont rendus coupables. Mais dans le dernier jour le Seigneur leur donnera la repentance, et à partir de là ils seront les hérauts convenables et bénis de sa grâce jusque dans les parties de la terre les plus lointaines.

Ce temps de bénédiction sous le Messie est ce que nous trouvons si fréquemment et avec tant de détails dans les écritures de l'Ancien Testament. Les Évangiles, aussi, s'ouvrent en nous montrant les saints juifs nourrir des espérances pareilles. Mais à mesure que les choses se dessinent d'une manière plus décidée dans le sens de la réjection de Christ, il y rayonne une nouvelle mesure de lumière, jusqu'à ce qu'à la fin, la rédemption étant accomplie, le Saint-Esprit fut envoyé du ciel, et manifesta pleinement la pensée de Dieu. C'est alors que la distinction entre le royaume et l'état éternel fut clairement établie et mise dans tout son jour (1 Cor. XV. 24-28). Il fut montré que le règne terrestre de Christ qui, d'après l'Ancien Testament, aurait pu paraître d'une durée sans limites, aura, en réalité, un terme quand Il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance.

Beaucoup de personnes croient que l'état de choses que le millénium verra réalisé, doit être amené progressivement par la prédication de l'Évangile et les autres moyens d'action actuellement en oeuvre. Sans doute, ils comptent que Dieu bénira cette activité dans une mesure plus grande encore que ce n'est le cas aujourd'hui, car il n'est pas de chrétien, peut-être, qui voulût affirmer que les apparences actuelles autorisent une attente semblable. Mais on pense que s'il y avait un nombre plus considérable de serviteurs de Dieu, qu'il plût à Dieu de bénir en tout lieu la Parole pour la conversion des multitudes, et qu'un esprit d'amour, d'union, et de dévouement prévalût davantage parmi ceux qui aiment le nom de Christ, ce qui en résulterait serait le règne de Christ sur la terre.

Mais, voudrais-je demander, comment savons-nous qu'il doit y avoir un millénium?
Vous répondez: Par la parole de Dieu. Et de quelle manière le millénium doit-il être amené?
L'humilité devrait répondre: Il nous faut aussi apprendre cela de la parole de Dieu. Nous reconnaissons tous que la terre doit être remplie de la connaissance de l'Éternel comme les eaux couvrent le fond de la mer. - De quelle manière cela doit-il être effectué? C'est une chose remarquable que dans le passage même (Es. XI. 9) où ces paroles se trouvent, le Saint-Esprit donne à entendre que le jugement doit précéder ce temps de bénédiction (Voyez vers. 4). Nous y apprenons que la connaissance de l'Éternel doit se répandre de toute part et devenir universelle à la suite de l'intervention par laquelle Il aura frappé la terre par la verge de sa bouche et aura fait mourir le méchant par l'esprit de ses lèvres - le passage même que l'apôtre Paul applique à la destruction de l'Antichrist, l'homme de péché en 2 Thess. II. 8. Le Seigneur le consumera par le souffle de sa bouche et l'anéantira par l'apparition de sa venue.

Il est donc parfaitement vrai, et reconnu de tous, qu'il doit y avoir un temps millénial de bénédiction sur la terre; et voici la réponse à la question concernant la manière dont ce temps doit être amené: la même portion de l'Écriture qui nous révèle ce changement béni, nous déclare que c'est le Seigneur qui l'effectue lui-même, en venant et frappant le méchant; en d'autres termes, c'est par le jugement qu'il est amené, et non point par la prédication de l'évangile.
L'évangile est de toute importance pour appeler les âmes de la terre au ciel; mais ce n'est pas par lui que Dieu veut en agir avec le monde et le remplir de bénédiction. Il est le moyen par lequel se fait le rassemblement de l'Église tirée du monde pour Christ. Lorsque le jugement aura eu pleinement son cours, le Seigneur enverra ses serviteurs. Le Seigneur prononcera la parole, et grande sera la compagnie de ceux qui la publieront. «La loi sortira de Sion, et la parole de l'Éternel sortira de Jérusalem».

La dispensation actuelle est une dispensation qui a pour objet de rassembler, en séparation d'avec le monde. L'Évangile doit bien être prêché à tous, mais ce n'est point dans la vaine espérance que tous doivent jamais y croire. Aussi, le Seigneur, en Marc XVI, tout en ordonnant à ses disciples d'aller par tout le monde, et de prêcher l'Évangile à toute la création, prend-il soin d'ajouter: «Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé! et celui qui n'aura pas cru sera condamné».
Il les prépare à ne compter pour leur message que sur un accueil partiel et individuel. De cette manière ils ne devaient pas se sentir découragés et abattus s'il ne se trouvait çà et là que quelques personnes qui reçussent la parole de vie. Peut-être n'y aurait-il qu'un Denys, l'Aréopagite, et une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux. Et qu'étaient ces quelques personnes relativement aux multitudes qui entendirent l'Apôtre sur la colline de Mars?
C'était un sujet de joie et d'actions de grâce, d'apprendre que quelque âme avait cru à la vie éternelle, car c'est ainsi que Dieu préserve ses serviteurs de l'abattement. Il est bon de savoir que tous ne vont pas recevoir l'évangile, mais que Dieu accomplit ses propres desseins. C'est pourquoi, quand le Seigneur bénit la parole, et réveille çà et là la conscience d'un pauvre pécheur, il y a lieu de se réjouir. Mais nous savons que pour ce qui est du monde considéré comme un tout, le mal croîtra et «les hommes méchants et les imposteurs iront en empirant, séduisant et étant séduits».
Comment cela peut-il arriver, si la bénédiction milléniale doit être le résultat de l'oeuvre d'évangélisation à laquelle travaillent aujourd'hui les chrétiens? Mais le Seigneur doit frapper la terre de la verge de sa bouche et faire mourir le méchant par le souffle de ses lèvres, qui est dit être comme un torrent de soufre (Es. XXX:. 33)! Est-ce là l'Évangile?
C'est tout le contraire, précisément - une figure de jugement de destruction. L'évangile délivre de Topheth, mais ce jugement du Seigneur y précipite d'une manière irrévocable. C'est donc, évidemment, un jugement qui procède de la main de Dieu lui-même, et non point un jugement que l'homme, et bien moins encore l'Église, doive frapper. Ce n'est pas l'affaire de l'Église de précipiter dans Topheth. Nulle puissance, si ce n'est celle de Dieu, ne peut livrer à l'enfer.

Mais il y a une autre chose qui caractérise le millénium - Satan lié dans l'abîme. L'Église peut-elle lier Satan? Et quelqu'un affirmera-t-il que Satan peut être absolument empêché de séduire aujourd'hui le monde? Or, jusqu'à ce qu'il soit lié, il ne saurait y avoir de bénédiction universelle pour le monde; et tout chrétien est obligé de reconnaître que c'est Dieu seul qui peut lier ou briser Satan. Il peut bien pour le faire se servir d'un ange, ou s'associer les saints, ainsi que nous lisons en Rom. XVI. 20: «Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds»: car l'Église est unie à Christ, et sera alors réellement avec Lui, à qui, comme la semence de la femme, il appartient de briser la tête du serpent; mais la puissance qui le fait est en Christ, et non dans l'Église. Quand ce jour de jugement sera venu, Christ renversera tous les adversaires ainsi qu'il est dit. «Il frappera les nations, et les gouvernera avec une verge de fer» (Apoc. XIX).
Nous ferons la même chose en vertu de notre association avec Christ (Apoc. II); et dans le règne de paix (Apoc. XX. 4, 6), nous Lui serons encore associés. C'est par l'Église, dans sa condition céleste, et non pas pendant que nous sommes sur la terre, que Satan sera ainsi brisé.

Mais il est parfaitement clair, d'un autre côté, que le millénium n'est pas exclusivement le règne des saints glorifiés: la terre, comme telle, avec ses habitants, sera introduite dans la délivrance et la bénédiction. Nous avons vu cela en Éph. I. 10, où se trouve la vraie clé du caractère de cette période merveilleuse - l'union de la gloire céleste et de la gloire terrestre sous une seule et même Tête, en qui, nous aussi, le corps, avons été faits héritiers. Il y aura sur la terre les Juifs et les Gentils bénis comme tels dans leurs corps naturels, tandis que les saints glorifiés seront les instruments de la bénédiction pour la terre.

Maintenant, la terre est un séjour misérable, et les hommes savent à peine jusqu'à quel point ils sont devenus des rebelles par le péché. Mais outre cela, il y a un ennemi invisible, un sombre et infatigable adversaire de Dieu et de l'homme, qui a à ses ordres ses armées de mauvais anges qu'il emploie comme instruments de sa séduction. Tout cela passera; et ces mêmes lieux qui sont remplis maintenant de mauvais esprits, les lieux célestes (non pas, naturellement, le lieu où Dieu habite dans la gloire inaccessible, mais les cieux inférieurs qui sont en rapport avec la terre) seront une portion de l'empire de l'Église dans la gloire, et les saints célestes serviront de canaux et de moyens de joie et de bénédiction pour le monde, autant que les mauvais esprits sont maintenant les principaux agents de toute sa misère. Ils pourront bien, après le millénium, sortir pour un peu de temps de leur prison pour engager les nations éloignées de la terre dans une dernière conspiration contre le Seigneur, mais ils ne recouvreront jamais leur premier accès dans les lieux célestes où leur influence était la plus subtile et la plus dangereuse.

C'est alors que brillera pour le monde le jour de la plus grande gloire. Il va sans dire que je ne parle pas de la croix; car, entre toutes les gloires qui seront jamais données à Christ, aucune ne saurait être comparée à la gloire si réelle et si profonde de sa mort. C'est elle qui a, pour ainsi dire, rendu possible à Dieu de déployer sa miséricorde conformément à son propre coeur; et, en conséquence, parmi toutes les joies et toutes les bénédictions milléniales, il ne s'en trouvera pas une seule qui ne découle de la croix de Jésus. Et plus encore, car elle a des conséquences éternelles, et non pas pour le millénium seulement.
Toutefois, quelle que soit son importance, et quoiqu'il doive être un temps de bénédiction merveilleux, le siècle à venir, ou millénium, sera encore imparfait; car il y aura encore sur la terre des hommes dans leur corps naturel, et bon nombre d'entre eux seront inconvertis.

Conformément à cela, ce même chapitre nous montre qu'après l'expiration des mille ans, «Satan sera délié de sa prison, et sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat; et leur nombre est comme le sable de la mer» (vers. 7, 8). Ce trait-là ne se trouve point dans l'Ancien Testament; car comme il ne donne pas à entendre que le règne doive prendre fin, il ne nous mentionne pas non plus la période où Satan sera délié. Les termes, dans lesquels le jugement qui tombe sur le méchant est mentionné là, pourraient s'entendre d'un seul coup qui terminera l'affaire. Nous apprenons d'Ésaïe que le lieu de la punition de l'armée superbe (vers. angl. de ceux d'en haut) sera en haut, comme les rois de la terre seront punis sur la terre. Il est évident que par l'expression «l'armée superbe» l'Esprit de Dieu ne fait pas allusion aux grands de la terre (car il la place en contraste avec les rois de la terre), mais aux puissances de méchanceté qui sont dans les lieux célestes (Comp. Éph. VI. 12).
C'est exactement ce que nous trouvons, quoique avec plus de détails, en Apoc. XII, XIX, XX. Les rois de la terre reçoivent leur châtiment sur la terre, tandis que Satan et ses favoris, l'armée superbe, souffrent en haut. Satan est précipité sur la terre, et ses anges sont précipités avec lui. Leur place ne se trouve plus dans le ciel. Les détails ne sont point donnés jusqu'à l'Apocalypse. Ce jour verra le jugement de tous les ennemis en haut ou en bas. Que tel soit le caractère du jour millénial, n'exige pas de preuve.

Dans le chapitre suivant (Es. XXV. 6), il est dit: «Et l'Éternel des armées fera à tous les peuples en cette montagne un banquet de choses grasses, un banquet de vins purifiés (un banquet, dis-je), de choses grasses et moelleuses, et de vins sans aucune lie, bien purifiés».
C'est un temps de bénédiction comme on n'en a jamais connu auparavant. Et la bénédiction n'est pas limitée, comme c'est le cas maintenant à un certain nombre de personnes recueillies d'une masse considérable, mais «l'Éternel des armées fera à tous les peuples en cette montagne», etc. «Cette montagne» signifie la Palestine, parce que elle sera pour toute la terre le lieu où l'Éternel sera exalté. Il va sans dire que c'est dans un sens moral et non dans un sens matériel qu'il faut prendre tout ceci.

Remarquez ce que nous trouvons dans le verset suivant. «Et Il enlèvera en cette montagne l'enveloppe redoublée qu'on voit sur tous les peuples».
Le Seigneur détruira les ténèbres qui sont aujourd'hui sur la face de toutes les nations, «et la couverture qui est étendue sur toutes les nations». Mais cette ère sera aussi caractérisée par la résurrection. «Il engloutira la mort en victoire», paroles par lesquelles le Saint-Esprit fait évidemment allusion à la première résurrection mentionnée dans l'Apocalypse. Alors seulement la victoire est complète (Comp. 1 Cor. XV). «Et le Seigneur l'Éternel essuiera les larmes de dessus tout visage, et il ôtera l'opprobre de son peuple de dessus toute la terre; car l'Éternel a parlé».
C'est le temps de la bénédiction pour le peuple Juif. «Et l'on dira en ce jour-là: Voici, c'est ici notre Dieu; nous l'avons attendu, aussi nous sauvera-t-il».
Ici, ce sont bien incontestablement des personnes sur la terre qui ont besoin d'être sauvées. L'Église est sauvée déjà, et nous n'attendons point la venue de «ce jour-là» pour que notre Dieu nous sauve. Ceux-là seront sauvés au jour de sa gloire; nous sommes sauvés, nous, au jour de la grâce. «C'est ici l'Éternel; nous l'avons attendu, nous nous égaierons et nous réjouirons en son salut. Car la main de l'Éternel reposera sur cette montagne, mais Moab sera foulé sous lui comme on foule la paille pour en faire du fumier».

Nous avons là un des ennemis d'Israël foulé, car ce doit être un jour de jugement aussi bien que de bénédiction. Dans le chapitre suivant (XXVI) il est écrit, «En ce jour-là ce cantique sera chanté au pays de Juda: Nous avons une ville forte», etc.
Et dans sa dernière partie à laquelle je désire renvoyer le lecteur à cause de son importance, Israël dit: «Nous avons conçu, et nous avons été en travail... nous ne saurions en aucune manière délivrer le pays», etc. «Tes morts vivront, même mon corps mort vivra, ils se relèveront». «Tes morts» c'est-à-dire, le peuple Juif qui est regardé figurément comme étant mort; absolument comme en Ézéchiel où ils sont représentés non seulement comme morts, mais comme dans leurs sépulcres. Mais, de même que le Seigneur fait passer son vent sur ses ossements desséchés, de telle sorte qu'ils vivent; de même ici, «Tes morts vivront, même mon corps mort vivra». Il n'est pas dit simplement Ton corps mort, mais Mon corps. Je les reconnais - ils sont à Moi. Jéhovah se les approprie. Il les reconnaît pour siens, quelque morts qu'ils aient pu être. On ne les aura plus dans cet état; ils se relèveront. «Réveillez-vous et vous réjouissez avec chant de triomphe, vous habitants de la poussière; car ta rosée est comme la rosée des herbes, et la terre jettera dehors les trépassés. Va, mon peuple, entre dans tes cabinets, et ferme la porte sur toi».

Ceci ne ressemble pas à l'Église. Les saints célestes n'entrent point dans leurs cabinets sur la terre, mais ils sont enlevés pour être dans la maison du Père dans le ciel. Mais ici il est question du peuple Juif. L'Esprit prophétique s'occupe de les consoler, et leur annonce qu'ils se relèveront de leur état dégradé, «car ta rosée est comme la rosée des herbes». «Va, mon peuple... cache-toi pour un petit moment, jusqu'à ce que l'indignation soit passée».
L'indignation dont Dieu a été indigné si longtemps contre son peuple, se changera désormais en indignation contre leurs ennemis. L'Assyrien dont Dieu s'est servi jadis comme d'une verge pour châtier Israël, doit maintenant subir lui-même sa sentence finale. «Car, voici, l'Éternel s'en va sortir de son lieu pour visiter l'iniquité des habitants de la terre commise contre lui; alors la terre découvrira le sang qu'elle aura reçu, et ne couvrira plus ceux qu'on a mis à mort».
Et toutefois, c'est bien ici évidemment le temps où Dieu introduit le millénium, et nullement celui où il est passé. L'Éternel sort de son lieu pour punir les habitants de la terre. Y a-t-il là quelque chose qui ressemble à l'évangile, puisque au lieu de proclamer la rémission de leurs péchés,Il vient pour les punir? certainement non.
De plus, «en ce jour-là, l'Éternel punira de sa dure et grande et forte épée le Léviathan, le serpent tortu, le Léviathan, dis-je, serpent tortu, et il tuera la baleine (vers. angl. le Dragon) qui est dans la mer».
Sans aucun doute, il y a là une allusion générale au méchant, Satan, l'ancien serpent. Seulement, il n'est pas envisagé ici comme quelqu'un qui occupait une place en haut, mais comme défait et rejeté ici-bas. Il n'est pas parlé de lui d'une manière aussi détaillée que dans l'Apocalypse, qui nous donne la pleine lumière de Dieu sur ce sujet et sur tous ses détails.

Une autre chose que nous apprenons de notre chapitre (Apoc. XX) c'est qu'à la fin du millénium, Dieu fera voir que le jour de la gloire (les mille ans, qui forment une partie du jour du Seigneur quand Satan est lié, et que le Seigneur Jésus règne d'une manière manifeste) ne convertira pas plus les âmes par lui-même, que ne l'ont fait le jour de la grâce et la publication de l'évangile jusqu'aux extrémités de la terre. Car si au jour de la grâce, le salut d'une seule âme exige la puissance immédiate de Dieu, naturellement il ne faudra pas moins que la même puissance ici-bas au jour de la gloire. Tandis que le Seigneur sera là, le mal sera tenu bas; il n'y aura pas de chef pour guider l'homme dans son mal. Mais du moment qu'il est permis à Satan de sortir de son lieu et d'exercer sa puissance, on a la preuve manifeste que le coeur de l'homme n'est point changé. Il s'en va aux quatre coins de la terre pour séduire les nations, et il les rassemble pour leur ruine.

Ces nations sont appelées d'un nom symbolique, qui est une sorte d'allusion aux ennemis d'Israël mentionnés en Ézé. XXXVIII. 3-9. Mais ce ne sont pas les mêmes, et il faut les en distinguer soigneusement, car, en Ézéchiel, Gog est à la lettre un individu - le prince des vastes territoires et des peuples du nord-est, connus de nos jours comme l'empire de Russie. Gog sera alors le chef de cette contrée que l'Écriture appelle «le pays de Magog». C'est là le véritable sens des mots rendus dans nos versions par «prince des chefs» et qui doivent être traduits par «prince de Rosh».
Mais à l'époque où les Écritures furent traduites en Latin (version qui eut une grande influence sur celles qui suivirent), l'empire russe n'existait pas et ne pouvait être connu sous ce nom, le nord de l'Europe étant alors habité seulement par des hordes errantes de barbares appelés sarmates, scythes, etc. Ainsi, quand Jérôme, qui corrigea la vieille version latine, arriva au terme hébreu «Rosch», il crut qu'il devait être pris, non comme le nom d'un peuple, mais comme un nom commun signifiant «chef» ou «prince», juste comme il en est arrivé des Francs, dont le nom, outre qu'il est devenu celui de la contrée qu'ils avaient conquise, signifiait aussi «hommes libres».

De là vient probablement que dans nos versions «Rosh été traduit par Chef, ce que l'Hébreu pouvait également bien supporter, si le contexte n'exigeait pas un nom propre. C'est pour cela, je suppose, que les traducteurs, ne connaissant pas de meilleure manière de le rendre, s'arrêtèrent à la vague expression de «prince des chefs de Méshec et de Tubal». Cependant, c'est une chose bien connue que des personnes instruites qui n'avaient pas de lumière sur la prophétie, ou n'en avaient que partiellement - que des savants qui examinaient ce sujet il y a cent ans déjà, arrivaient à la conclusion qu'il fallait entendre par là la Russie. Mais ce qui est d'une importance beaucoup plus grande, c'est que la version Grecque, ou celle des Septante, qui a été faite deux siècles avant l'ère chrétienne, a laissé ce mot tel qu'il est dans l'original, Rosh; ils ne savaient pas quel lieu ou quelle race ce nom désignait, mais voyant que Méshec et Tubal étaient donnés comme des noms propres, ils comprirent de la même manière le mot précédent. Gog doit donc être réellement «le prince de Rosh, de Méshec et de Tubal» qui seront tous trouvés dans l'empire russe.

Ézéchiel fait voir alors que, à l'époque où Dieu restaure Israël et le plante dans son propre pays, la Russie doit être le dernier grand ennemi qui monte pour l'attaquer, et trouve sa propre ruine, qui lui vient de la main de Dieu, sur les montagnes d'Israël. Sa prophétie ne porte pas, je pense, sur les événements actuels, sauf en tant qu'ils sont un acheminement à celui-là; bien moins encore doit-on la confondre avec le rassemblement de Gog et de Magog décrit dans les versets 8, 9 (Apoc. XX). Impossible que les deux passages aient trait au même événement. En effet, le prophète Juif parle d'une vaste confédération qui est antérieure au millénium, ou du moins a lieu dans ses tous premiers jours; tandis que celle dont il s'agit dans l'Apocalypse ne se forme qu'après que les mille ans sont écoulés. Je pense qu'ici Gog et Magog sont purement et simplement des expressions symboliques qui ont, il est vrai, leur fondement dans le prophète de Chébar, mais qui en sont entièrement distinctes.

La prophétie d'Ézéchiel reçoit son accomplissement lorsque Israël est restauré (Voyez chap. XXXVI. 37). Gog, monte quand le peuple habite dans ses villes sans murailles, et il pense en faire pour cette raison aisément sa proie. Mais l'Éternel intervient: Gog est détruit, et Israël vit et prospère paisiblement dans son pays.
Ici (Apoc. XX), ce sont des symboles empruntés aux circonstances de l'Ancien Testament, mais appliquées à des temps bien postérieurs. Le dernier ennemi qu'Israël eut à combattre avant le millénium était le véritable Gog, Gog dans le sens littéral; la dernière rébellion qui a lieu après lui tire son nom de cet effort bien mémorable des nations extérieures à la Palestine. D'innombrables essaims de peuples venus des quatre coins de la terre, sous la conduite de Satan, répéteront (ce qui ne sera plus jamais répété) ce que le chef russe aura fait avant elles. Ils monteront sur la largeur de la terre, et ils environneront le camp des saints et la ville bien-aimée. Il va sans dire que c'est du peuple et de la ville terrestre qu'il s'agit, car Israël sera alors un corps de saints, un peuple saint, et Jérusalem sera la ville bien-aimée, non pas de nom seulement, mais, en réalité, alors, la ville du grand Roi.
Ces nations montèrent et les environnèrent, et Dieu sera forcé, s'il m'est permis de parler de cette manière, de les détruire pour toujours. «Et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora» (vers. 9).
Le feu est constamment la figure du jugement de Dieu. C'est ainsi qu'ils périssent. Leur chef n'est point atteint par ce jugement: un sort pire lui est réservé. «Et le diable qui les avait séduits fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où aussi sont la Bête et le faux prophète; et ils seront tourmentés jour et nuit aux siècles des siècles».
Ceux qui le suivaient sont détruits par un jugement divin sur la terre, mais le diable, qui les avait entraînés par ses impostures, est jeté dans l'étang de feu et de soufre.

Mais il y a encore une autre scène - la plus solennelle de beaucoup pour l'homme, et où tout est réellement solennel. «Et je vis un grand trône blanc, et celui qui est assis dessus, de devant la face duquel la terre s'enfuit et le ciel; et il ne fut point trouvé de lieu pour eux» (vers. 11).
Remarquez cela. Il est beaucoup de personnes qui supposent que c'est là le temps de la venue du Seigneur, et qui, en conséquence, placent le millénium avant Sa venue. Mais cette opinion ne peut soutenir la lumière de l'Écriture. Sans recourir à des preuves en dehors de ce chapitre, je voudrais prendre une autre voie qui est courte et simple, et à mon avis, parfaitement concluante sur cette question. Quand le Seigneur Jésus vient, il vient à la terre depuis le ciel. Telle est généralement, autant que je puis:le savoir, la foi de tous ceux qui ont sur ce point des pensées précises. Or, ce n'est point ce que nous trouvons ici; car le Seigneur est assis sur un grand trône blanc, et au lieu de sa venue du ciel à la terre, c'est la disparition de la terre et du ciel à la fois qui nous est présentée.

 Impossible qu'il s'agisse de la venue du Seigneur à la terre, car il n'existe plus de terre à laquelle il puisse venir. Tout le système de la terre et du ciel, tels qu'ils sont maintenant, aura disparu de la scène - aura été, non pas anéanti, mais détruit; car il y a une grande différence entre ces deux idées. Toutefois, la terre n'est plus trouvée occupant sa place: elle a disparu. Le grand trône blanc n'est dont point en aucune façon sur la terre; car la terre et le ciel se sont enfuis de devant la face de Celui qui est assis sur le trône, et il ne fut point trouvé de lieu pour eux. Ainsi que c'est annoncé en 2 Pierre III, ils seront dissous, et leurs éléments se fondront par l'ardeur du feu.
Remarquez donc qu'au moment où Christ est vu assis sur le grand trône blanc, la terre et le ciel se sont enfuis. Quelle conséquence devons-nous tirer de cela? Ou bien que le Seigneur Jésus Christ doit être venu auparavant, ou bien qu'Il ne viendra jamais sur la terre; car ce ne serait nullement la même chose que de supposer qu'il viendra seulement sur la terre nouvelle après que tout jugement, même celui des méchants morts, sera passé. Or, nous savons que «le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils» - «établi de Dieu juge des vivants et des morts».

La foi générale des chrétiens est qu'Il viendra sur cette terre-ci. Un jour qui est encore futur, Ses pieds se tiendront debout sur la Montagne des Oliviers qui est vis-à-vis de Jérusalem du côté de l'Orient, et qui, dès ce moment-là, doit être non pas détruite, mais fendue par le milieu en témoignage de cet événement solennel. Toutes ces circonstances ne sauraient s'appliquer à ce que Saint Jean nomme les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Lorsque le grand trône blanc apparaît, la terre n'est plus là; et, par conséquent, il faut que la venue de Christ à la terre ait eu lieu antérieurement à cette dernière scène du jugement. De fait, aussi, nous avons eu déjà la description de la venue du Seigneur dans le chap. XIX, et celle de son règne dans la première partie du chap. XX. Ceci donne d'une manière très précise le caractère du grand trône blanc. Rien de plus simple, si vous prenez les choses dans l'ordre dans lequel Dieu les arrange. Mais l'homme est toujours intraitable; et ainsi il efface la venue de Christ du chap. XIX où elle est présentée, et l'imagine dans le chap. XX. 11, où elle n'est point, ni ne saurait être.


Remarquez encore que le jugement du grand trône blanc n'est pas un jugement général, pas plus que la résurrection mentionnée ici n'est une résurrection générale. De fait, l'idée d'une résurrection commune aux justes et aux injustes est pure imagination. Je tiens, que toute âme d'homme, c'est-à-dire, de ceux qui sont morts, doit se trouver dans l'une ou l'autre résurrection. Mais l'Écriture nous montre que la résurrection des justes est une chose entièrement différente de celle des injustes, et a lieu dans une tout autre époque: elles n'ont rien de commun, si ce n'est que, dans les deux cas, l'âme et le corps doivent être réunis pour toujours. Il n'existe pas de passage en faveur d'un relèvement commun à tous. On en allègue pourtant quelques-uns pour fournir une apparence de preuve. Le Seigneur dit en Jean V. 28: «L'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront Sa voix; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront mal fait en résurrection de jugement». Mais ces paroles ne montrent pas qu'ils ressusciteront dans le même temps.
L'heure vient en laquelle l'une et l'autre de ces classes se relèveront; mais au lieu de dire qu'ils doivent se relever tous dans une résurrection commune, Christ s'attache à faire voir que ceux qui ont pratiqué le bien doivent sortir de leurs sépulcres pour une résurrection de vie, et ceux qui ont mal fait pour une résurrection de jugement. Il y a donc deux résurrections, et non une seule résurrection commune à tous. Le passage même qu'on cite à l'appui d'une résurrection générale, enseigne, de fait, le contraire. L'évangile de Saint Jean montre qu'elles sont distinctes l'une de l'autre quant à leur caractère respectif; son Apocalypse montre qu'elles le sont quant au temps où elles ont lieu.

O dira peut-être que ces paroles, «l'heure vient», impliquent que tous doivent être ressuscités à peu près dans le même temps. Mais le mot «heure» est employé dans l'Écriture (et même partout ailleurs) dans un sens très large. Il pourrait comprendre mille ans, ou plus encore; de sorte que, si l'une des deux résurrections avait lieu au commencement, et l'autre à la fin du millénium, ce pourrait encore être la même «heure». «L'heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l'ayant entendue ils vivront» (Jean V. 25). Cela a trait à l'oeuvre qui s'est poursuivie depuis que Christ était sur la terre jusqu'au moment actuel. «L'heure» comprend là près de deux mille ans; et certainement ce n'est pas trop d'en inférer que dans le verset 28 «l'heure» pourrait embrasser, si c'était nécessaire, une période aussi longue. C'est à l'Écriture qu'il appartient de décider.

Le même Jean, qui nous montre le relèvement de toute chair hors de sépulcre, divisé en deux résurrections, en contraste l'une avec l'autre, d'hommes caractérisés par des qualités morales opposées, nous montre avec non moins de clarté et de certitude l'intervalle qui sépare ces deux résurrections.
Le chapitre de l'Apocalypse que nous examinons maintenant répond à cette question, et prouve qu'il y aura entre les deux un intervalle de mille ans au moins. Mais ce n'est pas tout. Ces résurrections ne sont pas seulement distinctes l'une de l'autre par le temps où elles ont lieu, il y a encore dans leur nature une différence profonde, fondamentale.

L'Évangile de Jean déclare que la première est une résurrection de vie, et la seconde une résurrection de jugement. Dans la première sont les justes; tous ceux qui sont jugés dans la seconde sont les méchants. Nos traducteurs l'appellent la résurrection de «condamnation», quoique le véritable sens du mot soit «jugement». C'est le même terme qui est employé auparavant dans un verset ou deux (vers. 22, 27). «Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils... Et lui a donné autorité aussi de juger, parce qu'il est Fils de l'homme». Et il est nécessaire de se bien mettre dans l'esprit que, si Christ donne sa vie comme Fils de Dieu, il vient comme Fils de l'homme pour exécuter le jugement dans son royaume.

Il donne sa vie pour celui qui croit, et il exécute le jugement sur l'incrédule. Ainsi, il y a deux résurrections correspondant à ces deux titres. Il y a la résurrection de vie, ou la résurrection du croyant: c'est l'application à son corps de cette puissance de vie qu'il possède déjà dans son âme. Mais ceux qui ont repoussé Christ, que leur est-il réservé? La résurrection de jugement. Ils ont méprisé Christ maintenant, impossible qu'ils évitent alors la résurrection de jugement.

Revenant à Apocalypse XX, n'est-ce pas ce que nous avons ici? D'abord nous y avons vu la résurrection de vie, de «ceux qui ont pratiqué le bien». «Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection». Qu'a-t-il été dit à leur sujet? «Ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans». C'est une résurrection de vie. Mais regardez aux autres, aux méchants, «ceux qui ont mal fait», «Le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis». Qu'avez-vous ici?
«Le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que», etc. Ils ressuscitent donc. «Et je vis les morts, petits et grands, se tenant devant Dieu». Il n'y a là que des morts - et de quelle manière différente ils apparaissent devant le trône!
«Et les livres furent ouverts; et un autre livre fut ouvert, qui est celui de la vie: et les morts furent jugés d'après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs oeuvres» (vers. 12).
Or, je crois pleinement que toutes les oeuvres des saints de Dieu seront examinées; ce qu'ils auront fait dans le corps viendra en évidence.
Nous recevrons louange ou blâme selon notre fidélité ou notre infidélité, quand le Seigneur Jésus prendra place sur le siège du jugement, que nous nous tiendrons devant Lui et que nous serons manifestés.
C'est saint Paul qui nous dit cela (Rom. XIV. ; 2 Cor. V). Mais dans Saint Jean, le but du Saint-Esprit est de placer les deux résurrections en contraste l'une avec l'autre. En conséquence, il n'est pas dit un mot, dans le récit de la première résurrection, de notre comparution devant Christ afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, soit bien soit mal; mais nous y sommes représentés comme jugeant les autres. Telle est la manière dont est décrite la résurrection de vie.

«Je vis des trônes; et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné».
Naturellement, ils rendent compte pour eux-mêmes au Seigneur, et reçoivent en conséquence; mais le Saint-Esprit a ses raisons parfaitement sages pour ne faire ici aucune allusion à cela. C'est une résurrection de vie dans l'Évangile, et c'est aussi une résurrection de vie dans l'Apocalypse.

Mais lorsque vous en venez au reste des morts qui n'ont pas pratiqué le bien, quand ils sont ressuscités et qu'ils se tiennent debout devant le trône, c'est tout le contraire d'une résurrection de vie. Ils n'ont fait que le mal, et quand le livre de vie est ouvert, il ne doit s'y trouver aucun nom; car ce n'est point une résurrection de vie mais une résurrection de jugement. Ils doivent être jugés selon leurs oeuvres écrites dans ces autres livres, et leurs oeuvres appellent à grands cris le jugement. Leurs oeuvres sont toutes et toujours mauvaises; ils sont jugés d'après elles, et quel est le résultat?
Il pouvait y avoir de la différence entre eux sous plusieurs rapports: il y avait des grands et des petits, mais ils étaient pareils en ceci - ils n'étaient point écrits dans le livre de vie; et quiconque n'y était pas trouvé écrit, était jeté dans l'étang de feu.
Pas un mot touchant ceux qui y étaient écrits. C'est la résurrection de ceux qui n'avaient point de part dans ce livre, et ils sont jetés dans l'étang de feu. C'est comme si Dieu disait, les livres de leurs oeuvres appellent le jugement: n'y a-t-il rien à dire pour la défense de ces misérables? En conséquence le livre de vie est ouvert, mais ils ne s'y trouvent point: la dernière espérance s'est évanouie, «et si quelqu'un n'était pas trouvé écrit dans le livre, il était jeté dans l'étang de feu» (vers. 15). C'est la résurrection de jugement, il n'y a là ni vie ni miséricorde. Ceux qui avaient eu part à la résurrection de vie, étaient ressuscités longtemps auparavant, et ne viennent jamais en jugement: il est dit en effet (Jean V. 24) «Celui qui entend ma parole, et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement (le même mot que dans les versets 22, 27, 29), mais il est passé de la mort à la vie».
Rien de plus certain que cette résurrection est distincte de l'autre, qu'elle est d'un caractère différent, et qu'elle en est séparé par un long intervalle.
La résurrection de vie avait eu lieu depuis longtemps, et maintenant arrive la résurrection de jugement.

«Et la mer rendit les morts qui étaient en elle».
Les profondeurs que l'homme ne pouvait explorer qu'imparfaitement, ne peuvent plus cacher ceux qui y furent engloutis; et le monde invisible lui-même, sur lequel il n'exerce aucun contrôle, est aussi forcé de lâcher ses misérables habitants: «Et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon ses oeuvres» (vers. 13). Et leurs oeuvres les condamnent. Le livre de vie ne renferme pas un mot à leur sujet, et ils sont jetés dans l'étang de feu. Ils sont relevés de leur première mort pour être jetés à toujours dans ce lieu de tourment, d'où il est impossible d'échapper.

L'autre passage de l'Écriture, d'une extrême importance, souvent cité à l'appui d'une résurrection générale, est celui de Daniel. Qu'y trouvons-nous? Il est écrit chap. XII. 1: «Or en ce temps-là Micaël, ce grand chef, qui tient ferme pour les enfants de ton peuple (c'est-à-dire le peuple de Daniel, les Juifs), tiendra ferme; et ce sera un temps de détresse tel qu'il n'y en a point eu depuis qu'il y a des nations jusqu'à ce temps-là».
Évidemment, ce n'est point là le millénium. «Et en ce temps-là, ton peuple, c'est à savoir, quiconque sera trouvé écrit dans le livre, échappera». Ce n'est pas là non plus le temps où l'Église est délivrée; car nous avons été délivrés depuis longtemps par la croix du Seigneur Jésus Christ. Mais depuis la croix de Christ, le peuple Juif n'a eu en partage que la misère: cette croix était leur crime. N'avaient-ils pas crié, «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants»?
Le temps de leur plus grande souffrance doit précéder immédiatement l'heure de leur délivrance (Jér. XXX. 7). Notre délivrance, comme la leur, est accomplie au moyen des souffrances d'un autre; mais ce n'est qu'après que nous sommes délivrés que nous sommes appelés à souffrir. Il en est tout autrement pour les Juifs. Ils ont encore à passer par une effroyable tribulation, la pire de toutes celles qu'ils aient eue jamais à traverser; mais immédiatement après arrive leur délivrance finale - «En ce temps-là ton peuple échappera», etc.

Ils n'échapperont pas seulement en tant que peuple, mais ils seront sauvés en convertis individuellement, selon le dessein de Dieu - «Quiconque sera trouvé écrit dans le livre». «Et plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l'infamie éternelle».
Voilà le verset qui a été généralement appliqué à la résurrection; mais je suis convaincu qu'il ne s'applique point au relèvement du corps. C'est une figure qui, à la vérité, est prise de lui, et qui suppose cette grande vérité connue; mais c'est la même sorte d'expression, et ayant trait à un sujet et à un but analogues, que celle que j'ai fait remarquer en Ésaïe XXVI. 19, où Israël était désigné comme «mon corps mort», était invité, comme un habitant de la poussière, à se réveiller et à se réjouir avec chant de triomphe. Il est dit de même ici: «Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre, se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l'infamie éternelle».
Cela ne cadre avec aucun système d'interprétation, s'il faut l'appliquer littéralement à la résurrection corporelle des bons et des méchants dans le même moment. Vous remarquerez que cela se passe avant le millénium.
C'est évidemment antérieur au temps de la délivrance et de la bénédiction. Il y a un temps de détresse, immédiatement après lequel le peuple de Daniel est délivré; et ceux qui auraient pu être oubliés (dormant, pour ainsi dire, parmi les Gentils), apparaissent de nouveau, mais non pas tous pour la même destinée, les uns pour les opprobres, et les autres pour la vie éternelle (Comp. aussi, Es. LXVI. 20, 24).

Cela ne répond point au dessein de ceux qui citent ce passage; car leur idée est qu'il y a d'abord le millénium, et ensuite la résurrection des bons et des méchants; tandis que la résurrection dont il s'agit ici, littérale ou figurée, précède le millénium, et est suivie du temps de la plus grande détresse qu'Israël ait jamais connue. Aussi, ma conviction est-elle qu'elle se rapporte aux Juifs. D'abord, au verset 1, ceux qui doivent échapper sont mentionnés en rapport avec la Palestine. Ensuite, il est annoncé que plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre, sortiront de leur dégradation, se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, etc. Parmi ces Juifs qui doivent s'avancer hors de tous les lieux où ils sont comme cachés, ensevelis sur la terre, les uns se montreraient des rebelles, et seraient traités en conséquence; tandis que les autres apprendront que l'Éternel a opéré en leur faveur pour l'amour de son nom.
Nous pouvons rapprocher cela d'Ézé. XXXVII où les os secs représentent la maison d'Israël. Il ne peut rester aucun doute dans tout esprit sérieux relativement à ce passage, le Seigneur lui-même l'ayant interprété comme une figure de la résurrection à venir d'Israël. «Mon peuple, voici, je vais ouvrir vos sépulcres, et je vous tirerai hors de vos sépulcres». Et si en Daniel il est dit que les uns doivent avoir la vie éternelle, Ézéchiel déclare que l'Éternel mettra son Esprit en eux. C'est une restauration spirituelle, aussi bien qu'une restauration nationale. Le passage de Daniel se rapporte donc à une résurrection figurée d'Israël, où quelques-uns se réveilleront de leur mort morale.

Nous pouvons maintenant revenir à Apoc. XX avec une conviction plus affermie que la doctrine d'une résurrection générale est une erreur complète, et que la parole de Dieu enseigne une résurrection pour les justes et une autre pour les injustes. Celle dont il est question à la fin de notre chapitre, est uniquement la résurrection des méchants morts; c'est une résurrection de jugement. J'en appelle à vous-mêmes: pouvez-vous faire reposer sur vos oeuvres le salut de vos âmes? J'admets que nos oeuvres seront examinées et que nous recevrons conformément à ce qu'elles auront été; mais ce n'est point la même chose que d'être jugés selon nos oeuvres.

Dans le premier cas la personne est acceptée, mais ses oeuvres sont passées en revue pour la louange ou pour le blâme; dans l'autre, la personne est jugée selon des oeuvres complètement mauvaises.
En effet, l'homme naturel, l'homme inconverti, n'a pas de vie pour Dieu, il ne peut donc se trouver en lui que de mauvaises oeuvres pour lesquelles il doit être jugé. Il n'en est point ainsi du croyant. Sans doute qu'il se trouve en lui des oeuvres quelquefois bien mélangées, et même pires quelquefois; mais il a une position au-delà de toutes ces oeuvres, quelque pénibles, quelque tristes qu'elles soient. Il possède la nouvelle nature que Dieu a donnée et qu'il ne veut pas retirer. Ses oeuvres seront examinées, et elles auront une influence très grande sur la position que le Seigneur lui assignera dans son royaume. Il ne s'agit jamais de récompense, mais uniquement de la grâce et de la puissance de Christ, dans l'affaire du salut ou de la perdition. Quand vous parlez de récompense, c'est une dette à acquitter pour une oeuvre faite; mais l'Écriture ne présente jamais le salut comme une récompense des oeuvres. Il est l'oeuvre de Christ - le fruit du travail et des souffrances d'un autre, dans la jouissance duquel Dieu nous place par un effet de son amour souverain. Et lorsque nous nous trouverons devant le tribunal de Christ, ce ne sera point comme si notre comparution devait avoir pour issue l'acquittement ou la condamnation: ce serait nier notre justification et la valeur de Son oeuvre propre.
Toutes nos voies seront manifestées à la lumière de Dieu, et le Seigneur nous mènera en triomphe à travers elles toutes; mais Il ne passera pas sur une seule chose qui aura été faite contre Lui. Et de même qu'un chrétien peut aujourd'hui faire devant Dieu l'examen de ses voies, passer condamnation sur elles, et rendre grâces à Dieu pour sa discipline fidèle, il en sera de même, et d'une manière plus brillante, plus bénie, et plus parfaite encore, devant le tribunal de Christ.
Il ne sera pas question alors d'être sauvé seulement, mais de justifier la gloire et la bonté de Dieu. Et certes ce n'est pas là une chose que nous ayons à redouter: c'est ce dont nous aurons à rendre grâces durant toute l'éternité.

Après le bonheur d'adorer Dieu et de le servir fidèlement par grâce, la meilleure chose, même dès à présent, n'est-elle pas, en effet, de nous juger nous-mêmes? Nous n'aurons pas une parole à dire pour notre défense, mais le Seigneur aura beaucoup à dire en notre faveur. Il manifestera tout ce que nous aurons fait, et nous recevrons en conséquence. Pour les choses mauvaises nous souffrirons une perte, pour les bonnes nous obtiendrons une récompense. Mais ici, quelle différence! Les morts qui se tiennent debout devant le trône; ils n'ont pas de vie - rien que des oeuvres mortes. Ils n'avaient point Christ, que peuvent donc mériter leurs oeuvres? Ils sont jetés dans l'étang de feu. La Mort et le Hadès ne sont plus désormais nécessaires; ils sont personnifiés comme ennemis de Dieu et de l'homme, et comme tels ils sont, dans la vision (vers. 14), jetés aussi dans l'étang de feu.

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