Les trois premiers versets de ce
chapitre sont étroitement liés
avec le chapitre précédent. Nous
avons vu là, en effet, le jugement de la
Bête et du faux prophète, ainsi que de
leurs adhérents; et nous trouvons ici ce que
Dieu trouve convenable d'infliger, pour le moment,
à celui qui est réellement
l'âme, le chef invisible de tout ce mal - le
diable.
Il y a cependant cette différence que ce
n'est pas Christ qui agit dans le cas de Satan.
C'est l'éclat de sa venue qui à
détruit la Bête et le faux
prophète: ils furent pris et furent tous
deux jetés vifs dans le lac de feu. C'est ce
que nous apprenons encore par le chap.
XX, v. 10, quand est venu le
tour de Satan d'y être jeté aussi: il
est précipité dans ce même lac
où se trouvaient déjà la
Bête et le faux prophète, et où
ils seront tourmentés aux siècles des
siècles. Mais pour le moment, l'heure de ce
dernier et terrible jugement de Satan n'avait pas
encore sonné; l'épreuve que Dieu fait
du monde n'était pas terminée, et
c'est là,
peut-être, la raison pour
laquelle Dieu n'intervenait pas par Christ
personnellement, mais par le moyen d'un ange.
Avant que Christ inflige à Satan le dernier
coup, le coup qui l'écrase, un ange est
employé pour restreindre son pouvoir et sa
liberté durant une certaine période;
et c'est ce que nous trouvons ici: Satan est
lié pour mille ans. Plusieurs se sont
prévalus du langage figuré de ce
chapitre pour soulever des difficultés
à son égard, comme aussi relativement
à tout le reste du livre. Mais il ne saurait
y avoir d'objection moins raisonnable qu'un pareil
motif, car le langage figuré ou symbolique
est employé dans l'Écriture depuis le
premier livre jusqu'au dernier; de sorte que,
si vous négligez une portion de la parole de
Dieu pour cette raison, vous êtes en danger
de la négliger tout
entière.
L'usage du symbole y est le cas le plus ordinaire.
Prenez le langage dont Dieu se servit
lui-même en Éden, les paroles que le
Saint- Esprit employa pour la consolation et le
salut des âmes dès le jour où
l'homme fut constitué en état de
chute par le péché. Même en ce
moment là, nous voyons le langage
de Dieu revêtir, à un haut
degré, la forme métaphorique.
Mais si une âme éprouvait des
besoins, et avait le désir, par
grâce, de comprendre Dieu,.il
y avait toujours une voie sûre. Dieu
attendait patiemment, il enseignait et conduisait
ses enfants. Sans doute il y
avait place pour leur accroissement, mais il y
avait aussi place pour l'incrédulité,
et le méchant coeur de l'homme pouvait
découvrir aisément des
difficultés auxquelles il se heurterait.
Mais la foi trouve toujours le moyen de comprendre
Dieu. Non qu'il n'y ait des choses dures pour des
êtres tels que nous sommes; mais la foi
poursuit son sentier étroite travers les
obstacles et les dangers, parce que Dieu a dit,
«ils seront tous enseignés de
Dieu.»
Toutefois, le langage, dans lequel il plut à
Dieu de donner le jugement de l'ennemi et
défaire pressentir un Rédempteur, est
d'une nature si figurée qu'un Juif
incrédule tel que Joseph a pu en
dénaturer le sens, et l'appliquer simplement
à l'horreur naturelle que les hommes
éprouvent pour les serpents, et à
leur penchant à s'en débarrasser
partout où ils en trouvent. Une pareille
idée ne provenait que de l'inintelligence de
la pensée de Dieu et du fait que l'historien
Juif ignorait l'Écriture et la puissance de
Dieu. Et souvenez-vous que je n'emploie pas ici le
mot «ignorant», eu égard à
quelque manque de savoir humain, pas plus que ne le
fait l'Écriture lorsqu'elle dit de certaines
gens qu'ils sont «ignorants et mal
affermis.» Ils pouvaient être aussi
sages que Platon et aussi savants qu'Aristote, mais
ils n'étaient pas instruits dans la
volonté de Dieu et la connaissance de sa
pensée. Or, voilà
la science que nous devrions apprécier et
cultiver - une science qui ne peut jamais
s'apprendre dans les écoles de ce monde.
Bien au contraire: si quelqu'un cherche le savoir
humain comme moyen de comprendre les choses de
Dieu, il s'égare certainement, parce que
cette science en elle-même ne procède
jamais du Saint-Esprit. Sans doute, celui qui l'a
acquise peut en faire usage pour Dieu. Mais la
grande différence, c'est que l'homme de Dieu
doit se servir de la science et de tout ce qui est
de l'homme comme de choses à son service,
tandis que l'esprit de l'homme, comme tel, fait de
la science son maître et en devient
l'esclave.
De là le danger que toutes ces choses ne
deviennent que des obstacles réels,
même pour le chrétien, sauf pour
autant qu'il est conduit par l'Esprit de Dieu. La
seule voie possible pour arriver à
l'intelligence de la parole de Dieu, c'est la
soumission au Saint-Esprit; et la pierre de touche,
c'est Christ, parce que le but de l'Esprit est de
le glorifier. C'est pour cela que la croissance
dans les choses de Dieu ne peut jamais être
séparée de l'état moral de
l'âme. Il est vrai qu'un homme qui a beaucoup
avancé dans la connaissance, peut tomber
dans un mauvais état d'âme: mais, en
général, une saine connaissance des
choses de Dieu et une sage application de la
vérité, une application selon la
grâce, découlent de la communion avec
Dieu.
J'ai fait ces quelques remarques ne doutant pas que
beaucoup de mes lecteurs n'en reconnaissent la
justesse par leur propre expérience; mais
elles apprendront peut-être à
quelques-uns pourquoi leurs progrès dans les
choses de Dieu sont si petits et si lents. Le
véritable moyen d'en accomplir de plus
grands, c'est de chercher la gloire de Christ.
Là où un homme a son coeur
appliqué à cela, il faut qu'il
apprenne, sans doute; mais tout est ouvert et plein
de clarté devant lui, parce qu'il se trouve
dans le courant du Saint-Esprit, dont l'office est
de prendre les choses de Jésus, et de nous
les montrer. «Quand il sera venu... Il me
glorifiera: car il prendra du mien et vous le
montrera.»
En effet, c'est Christ, et non pas l'homme, qui est
le but et la fin de l'Esprit.
Prenez le tout premier livre de la Bible, la
Genèse, dans lequel tous s'accorderont
à reconnaître un parfait modèle
de simplicité - car c'est en effet le livre
le plus simple, trésor de
vérité profonde, qui ait jamais
été écrit. Eh bien! que
trouvons-nous dans ce livre où Dieu nous
plaçait comme à son école
enfantine? N'est-ce pas le langage figuré
qu'il nous présente presque dans toutes ses
pages? De sorte que, si je dois mettre de
coté les écritures à cause de
l'emploi qu'elles font du langage symbolique, il
faut que je mette de coté la Bible tout
entière, de la Genèse à
l'Apocalypse.
La révélation de la semence de la
Femme qui devait briser la tête du serpent
était la chose même d'où
dépendait le salut: la vérité
bénie dont la foi s'est saisie dans tous les
temps. La foi d'Abel, par exemple, qui trouvait son
expression dans le sacrifice qu'il offrit,
était fondée sur cette parole. Il
croit que le Seigneur Jésus (quoiqu'il ne
pût connaître ce nom) viendrait, qu'il
serait brisé afin d'amener la destruction du
serpent - en un mot, qu'il aurait à
souffrir, que son talon serait brisé,
quoiqu'on définitive il dût
écraser celui de qui lui serait venue cette
souffrance.
Cela montre que la foi est une chose tout-
à-fait distincte de la capacité
d'expliquer les figures d'un passage, dont le sens
général et la certitude peuvent
être vus clairement. C'est tellement vrai
que, même aujourd'hui, si vous demandiez
à un chrétien de donner l'explication
de tous les détails de ce verset - ce qu'il
faut entendre par la semence de la femme et celle
du serpent, l'inimitié qu'il doit y avoir
entre elles, la tête et le talon
brisés - quoiqu'il soit parfaitement certain
qu'il y est question de Christ, et qu'il en
comprenne la signification générale,
il trouverait pourtant beaucoup de
difficulté à expliquer ce que chaque
chose signifie. Mais c'est ici la
bénédiction de la parole de Dieu, que
ce n'est pas en ayant des vues claires, des
pensées distinctes sur
des points obscurs qu'on est sauvé, mais que
Dieu dirige les regards de toutes les âmes
sauvées sur l'objet, convenable: leur coeur
se repose sur un Christ qui a souffert pour elles
et qui a complètement détruit le
destructeur. Il se peut qu'elles ne soient pas
capables d'exposer clairement leurs pensées
aux autres; mais la foi de celui qui est
enseigné, connaît la
vérité, peut-être aussi bien
que celui qui l'enseigne, quoique ce dernier puisse
seul la développer avec une clarté de
nature à convaincre. Nous voyons par
là que lorsque Dieu emploie ces figures, la
pensée générale est
suffisamment claire: tandis que les expliquer en
des paroles pourrait offrir d'insurmontables
difficultés à une âme qui
n'éprouve aucune incertitude quant à
leur sens général.
Ici un ange descend du ciel. Dans la vision
prophétique, cet ange a la clef de
l'abîme et une grande chaîne en sa main
(vers.
1.)
On le voit saisir «le dragon, le serpent
ancien qui est le diable et Satan», l'ennemi
bien connu de Dieu et de l'homme; suit alors
l'usage fait de la clef et de la chaîne, la
clef servant à l'enfermer et la chaîne
à le lier solidement. Évidemment ce
sont des figures, mais elles sont familières
à l'esprit le plus simple. Il n'est
personne, quelque ignorant qu'il puisse être
à l'égard de certaines choses qui
puisse se méprendre sur leur
signification.
L'Esprit de Dieu se sert des choses les plus
communes de la vie de chaque jour pour
décrire un acte de jugement qui va
bientôt s'accomplir dans les voies de la
providence de Dieu. Dieu a l'intention de
réprimer Satan, et ne veut pas lui laisser
la liberté de ses mouvements pour
séduire le monde comme il fait aujourd'hui;
mais ce ne sera que pour un peu de temps
(vers.
2, 3). Satan n'est pas
jeté tout de suite dans le lac de feu, mais
est prisonnier dans le puits de l'abîme,
expression qui désigne le lieu ordinairement
sous le contrôle de Satan, mais qui sera
alors celui de sa détention. (Comp. chap.
IX, XI.
et XVII.)
C'est une chose certaine d'après la parole
de Dieu que Satan n'est pas encore lié, et
qu'au contraire il va çà et là
aujourd'hui, cherchant à séduire et
à détruire les âmes. Le Nouveau
Testament suppose toujours cela. Il ressort avec
une parfaite clarté de tous ses
enseignements et de toutes ses exhortations que
Satan est un ennemi encore libre, et très
actif dans sa rébellion contre Dieu, dans la
propagation du mensonge parmi les hommes, et
à causer partout la ruine et la mort: mais
cette action aura un terme, lorsque la terre sera
délivrée de ses artifices pour un
certain temps. C'est là tout ce que j'ai
à déduire du passage qui nous occupe.
Je ne vais point examiner si les mille ans doivent
être entendus dans le sens
littéral ou dans le sens
mystique, car ce n'est là qu'une question de
détail et de degré.
Mais il est incontestable que la période
dont il s'agit a un commencement et une fin, et
aussi qu'elle ne saurait avoir commencé
encore, par la raison que Satan n'est point
lié.
Les épîtres du Nouveau Testament
supposent partout que Satan poursuit la
réalisations de ses desseins, fait
obstacle à l'oeuvre de Dieu, qu'il faut lui
résister et qu'il rôde autour des
chrétiens comme un lion rugissant cherchant
qui il pourra dévorer. De sorte qu'il y aura
un changement immense, quand le temps de sa
répression sera venu, et Dieu conduira les
siens par d'autres parties de sa parole qui
n'auraient pas d'application au passé ni au
présent.
Sous plusieurs rapports, les saints de cette
période seront dans un état
entièrement différent. En ce
jour-là, Christ régnera sur la terre
qu'il aura sous son autorité directe; et
très assurément il résultera
de ce fait un changement incalculable. En outre,
Satan sera lié, et la discipline au moyen de
la parole de Dieu ne sera pas nécessaire aux
saints d'alors, comme elle l'est à ceux qui
ont à faire face aux assauts de Satan et
à ses accusations. Dieu en agira avec eux
selon la condition dans laquelle ils se trouveront
placés et aux besoins de laquelle sa parole
pourvoit.
Laissez-moi répéter que c'est surtout
l'influence des
préventions avec lesquelles on aborde le
livre de l'Apocalypse qui le fait paraître si
difficile. On se dit qu'une foule d'hommes pieux et
instruits se sont trompés dans
l'interprétation qu'ils en ont
donnée, et qu'il n'y a pas moyen pour les
simples de l'étudier avec profit. Mais une
telle pensée est déshonorante pour
Dieu, car il a donné ce livre pour
être compris par son peuple en
général, et l'a parfaitement
recommandé à ses serviteurs.
Prévoyant même la déception
dans laquelle on tomberait de toute part
relativement à sa prétendue
obscurité, il a fait des promesses
spéciales de bénédiction
à ceux qui liraient, entendraient,
garderaient les choses qui y sont écrites.
Mais pourquoi le Diable a-t-il pour but de
détourner les gens de la lecture de ce
livre? Pourquoi est-ce que, dans ce qui porte le
nom d'églises chrétiennes, se lisent
toutes les autres parties de la Bible, tandis qu'on
y jette à peine un coup-d'oeil au livre de
l'Apocalypse!
Les Apocryphes eux-mêmes sont lus par
quelques-unes de ces églises, tandis qu'on
ne fait usage ça et là que de
quelques fragments des «véritables
paroles de Dieu!» La raison en est qu'il n'y a
pas, dans la Bible, de livre que Satan redoute
davantage, et cela à juste titre.
L'Apocalypse annonce, en effet, d'abord son
humiliation certaine par le pouvoir
angélique, et ensuite sa destruction
subséquente. Les autres portions de
l'Écriture présentent les
succès partiels qu'il obtient pour un temps;
mais celle-ci appuie. sur sa ruine, aussi
doit-il la redouter.
D'un autre côté, si nous apprenons ici
comment Dieu renverse Satan, nous y trouvons aussi
pleinement révélée la
solennelle hauteur à laquelle sa puissance
s'élève avant la fin, car c'est un
principe du gouvernement divin que le mal ne soit
jamais jugé jusqu'à ce qu'il ait
rejeté toute la patience de Dieu,
abusé de sa bonté, et soit
devenu, tout-à-fait intolérable.
Si les chrétiens avaient compris qu'en
les amenant à négliger ce livre,
Satan avait pour but de leur cacher ses ruses, son
pouvoir et sa ruine, ils auraient pu se mieux tenir
sur leurs gardes. Mais c'est là la
dernière chose qu'on
veuille soupçonner, car alors on
se trouve immédiatement sur le
terrain où l'Esprit de Dieu veut
amener; tandis que, si on regarde ce
livre comme tellement obscur qu'on n'en
saurait tirer aucune lumière pour la
pratique, on demeure exposé dans cette
mesure aux séductions de l'ennemi quoique
Dieu soit fidèle, qui ne permettra pas
qu'on soit tenté au-delà de ce que
l'on peut.
Le verset qui suit nous présente une autre
chose: la portion des bienheureux. Que fera
Christ, que feront ceux qui seront avec lui
maintenant que la victoire est gagnée?
«Et je vis des trônes, et ils
étaient assis dessus,et
le jugement leur fut donné.»
(vers.
4).
Les deux personnages qui étaient à la
tête du mal dans le monde, dans l'ordre civil
et dans l'ordre ecclésiastique, avaient
été sommairement jugés; puis
la source secrète de tout avait
été mise de côté
«jusqu'à ce que les mille ans fussent
accomplis.»
Mais maintenant, le Seigneur Jésus a pris le
royaume du monde. Toutefois, la pensée du
Saint-Esprit n'est pas tant de nous montrer ici le
règne de Christ; parce que c'était
là une vérité avec laquelle on
était bien familiarisé, qui se
rencontre partout dans l'Écriture, et qui
était bien connue aux saints de l'Ancien
Testament. En effet, ils attendaient si
habituellement le Messie, et l'attente, de son
royaume était si générale et
si puissante, même dans la masse inconvertie
d'Israël, que Satan en prit avantage pour
amener le peuple à refuser la grâce de
Christ venant en humiliation.
Naturellement, le fait qu'il règne est bien
impliqué par le passage comme le pivot
central de la bénédiction; mais ce
sont ceux qui appartiennent à Christ, ou au
moins ceux qui ont souffert pour Lui, qu'il met
spécialement en évidence avec la plus
grande clarté.
Ce peut donc être la raison pourquoi la
prééminence est donnée ici
à ceux qui règnent avec Christ. Dieu
s'intéressait profondément à
ses saints: Ils étaient sous une
terrible épreuve et une
rude tentation, et il veut faire voir que s'ils
avaient souffert, ils devaient aussi régner
avec Lui. C'est pour cela, à ce qu'il me
semble, qu'il n'est pas dit ici: Je vis un grand
trône, mais bien «Je vis des
trônes.»
(1)
C'est ainsi que le Seigneur Jésus-Christ
avait dit lui-même aux disciples «II y a
plusieurs demeures dans la maison de mon
Père.» Il ne parle pas d'une seule
demeure qu'il y avait là pour lui
particulièrement; mais ses paroles sont:
«Il y a plusieurs
demeures dans la maison de mon Père: s'il en
était autrement, je vous l'eusse dit; je
vais vous préparer une place.»
N'est-ce pas dans le même esprit que le
prophète eut la vision de ces trônes?
Et ils n'étaient point inoccupés:
«Je vis des trônes; et ils
étaient assis dessus, et le jugement leur
fut donné.» Ils se trouvaient dans
l'exercice du jugement. Évidemment,
c'est un accomplissement de la
déclaration qui se lit en 1
Cor. VI. Là, s'adressant
aux Corinthiens, l'apôtre leur dit: «Ne
savez-vous pas que les saints jugeront le monde?
Ici ils nous apparaissent jugeant le monde. Mais il
y a plus. Le Seigneur avait dit aux douze
apôtres: «Vous serez assis sur douze
trônes, jugeant les 12 tribus
d'Israël.
Bien des personnes pensent que cela ne sera
accompli que dans le ciel. Mais dans le ciel il ne
saurait exister un pareil état de choses.
Les douze tribus ne sont point en haut: elles
n'existent comme telles que sur la terre. C'est
ici-bas qu'on les trouvera comme un objet de
gouvernement; et c'est dans ce sens que parlent les
prophètes.
Qu'est-ce que les saints auront à juger dans
le ciel?
Quand les glorifiés seront là, il n'y
aura point d'hommes à juger en haut - tous y
seront bénis. Ils se trouveront en dehors de
la scène du jugement. Il est donc
parfaitement clair que la scène
décrite ici ne peut s'appliquer au ciel, et
qu'elle suppose la terre comme la sphère du
jugement. Ceux dont il s'agit règnent
au-dessus de la terre. Je dis: «au-dessus de
la terre» car il n'y a pas de raison pour
croire que ce monde sera la demeure des saints de
Dieu ressuscités. Il se peut qu'ils le
visitent de temps en temps, comme nous savons
que le Seigneur le fera; mais la terre ne sera pas
leur demeure propre.
Aujourd'hui même, notre
bénédiction est dans les lieux
célestes en Christ; évidemment il en
sera beaucoup plus ainsi, lorsque nous serons
glorifiés; notre bénédiction
est céleste: dans sa source, son
caractère, et sa sphère. Mais pendant
que nous jouirons ainsi de la
bénédiction dans les lieux
célestes, la terre sera la province
inférieure et sujette - pleine
d'intérêt et de gloire pour Dieu, mais
un domaine comparativement inférieur.
Absolument comme un homme d'un rang
élevé, qui possède un apanage,
peut y avoir une grande résidence de
famille; mais cela ne l'empêche point d'avoir
ses propriétés extérieures
pour lesquelles il doit laisser sa maison afin de
les visiter. Ainsi en serait-il plus tard. La
gloire d'en haut sera le repos et le centre des
saints célestes; mais à
côté de cela, ils jugeront la terre.
En conséquence, nous lisons ici: «Je
vis des trônes, et ils étaient assis
dessus, et le jugement leur fut
donné.» C'étaient ceux que Dieu
avaient destinés à être les
assesseurs du Seigneur dans le jugement ou le
gouvernement.
Mais ce n'était pas tout! «Et (je vis)
les âmes de ceux qui avaient
été décapités pour le
témoignage de Jésus et pour la parole
de Dieu.»
Remarquez, ces mots»
«les
âmes de ceux.» etc. Il en est
plusieurs qui, en accordant, pour la plupart, que
cette vision, représente un jugement
exercé par les saints
célestes sur les hommes se trouvant sur la
terre, prennent les «âmes» dont il
est parlé ici comme signifiant des
personnes, conformément à
l'usagé ordinaire de l'Écriture. Mais
je ne crois pas que ce soit là la
véritable explication.
Pourquoi ne pas prendre ici le: mot
«âmes» comme désignant ceux
qui se trouvaient dans l'état où
l'âme est séparée du corps? De
cette manière l'apôtre Jean vit dans
la vision:
- premièrement, des trônes avec
des personnes qui y étaient assises;
- secondement, un certain nombre d'âmes non
revêtues de leurs corps, les âmes de
ceux qui avaient été
décapités pour le témoignage
de Jésus et pour la parole de Dieu; et
en outre,
- troisièmement, une classe composée
de ceux «qui n'avaient pas rendu hommage
à la bête, ni à son image, et
qui n'avaient pas reçu la marque sur leur
front et sur leur main.»
S'il eût entendu parler de personnes dans la
condition ordinaire, il eût dit: Je vis les
âmes qui avaient été
décapitées pour le témoignage
de Jésus, etc., et non pas, «Je vis les
âmes de ceux qui avaient été
décapités.»
Précisément comme il a
été dit de Jacob, «Toutes les
âmes qui vinrent avec Jacob en
Égypte.... ces âmes furent en tout
soixante-six.» Gen.
XLVI, 26; vers. angl.
(Comparez Apoc.
VI, 9.)
Ici donc, Jean eut devant lui dans
la vision des hommes qui
étaient déjà
ressuscités des morts et assis sur des
trônes. «Je vis des trônes, et ils
étaient assis dessus.».
La désignation de cette classe semble avoir
à dessein une forme, générale,
et implique «les armées»
décrites antérieurement.
(chap.
XIX, 14). Ceux qui suivaient
le Seigneur quand il venait du ciel pour combattre,
sont maintenant ses compagnons dans son
gouvernement de la terre.
Ensuite, il vit la compagnie de ceux «qui
avaient été décapités
pour le témoignage de Jésus et pour
la parole de Dieu.» Ceux-là
n'étaient pas encore ressuscités des
morts, mais se trouvaient encore dans la condition
d'esprits séparés de leurs corps.
Mais il y avait une troisième classe - les
personnes qui n'avaient pas rendu hommage à
la Bête, et ne s'étaient pas non plus
soumises à ses prétentions, sous
aucune forme ni à aucun degré. Les
deux dernières étaient des classes
distinctes, mais, en rapport l'une avec l'autre, de
personnes qui, lorsqu'elles apparurent d'abord,
étaient dans la condition d'âmes
séparées de leurs corps. «Et ils
vécurent et régnèrent avec le
Christ les mille ans:» c'est-à-dire
qu'elles furent réunies à leurs
corps, car c'est naturellement ce que signifie
l'expression «ils vécurent.»
On aurait pu penser qu'ils avaient perdu leur
bénédiction, ou au moins le
privilège de régner avec Christ
pendant les mille ans. Il y
avait des trônes, et des personnes dans leurs
corps ressuscités qui les occupaient
déjà.
Qu'allait-il donc advenir de ceux qui,
après la translation des premiers au ciel,
avaient été décapités
pour le témoignage de Jésus, et pour
la parole de Dieu, et qui ne furent
ressuscité des morts que longtemps
après?
Quelle portion devaient-ils avoir, et non-seulement
eux, mais aussi cette classe qui, à une
époque encore plus récente, refusa de
rendre hommage à la Bête ou de
recevoir sa marque? «Ils
vécurent.» Ils apparaissent maintenant,
juste avant le règne, réunis à
leurs corps; et, ensemble avec ceux qui avaient
été ressuscités
antérieurement, et qu'on avait vus assis sur
des trônes, ils régnèrent avec
Christ mille ans.
(2)
Voilà donc un jour brillant et d'un riche
intérêt jeté sur l'Apocalypse.
Il s'y trouve, en effet, des passages sur lesquels
ce verset répand de la lumière;
pendant qu'à leur tour, ils en renvoient sur
un verset qui resté inintelligible,
tant qu'on ne voit pas ces distinctions.
Considérons encore un peu plus les
différentes classes dont il est question
ici:
«Je vis des trônes et ils étaient
assis dessus»
Évidemment, ces premiers objets sont
introduits d'une manière
tout-à-fait brusque. Il ne nous est dit ni
d'où' ils venaient, ni qui ils
étaient; probablement par la raison que le
Saint-Esprit tient pour certain que nous en
avons assez appris sur leur compte par les portions
précédentes du livre. Juste un peu
auparavant, ils étaient sortis du ciel
ouvert. ( chap.
XIX ). Lorsque le
Seigneur Jésus, monté sur le cheval
blanc, en sortait en guerrier,
les armées qui étaient là le
suivaient, sur des chevaux blancs,vêtues de
fin lin, blanc et pur. J'ai déjà
essayé de prouver que c'étaient
là les saints qui avaient été
enlevés au ciel à une époque
antérieure, et qui, de temps à autre,
nous ont apparu comme s'y trouvant depuis le
commencement du chap.
IV. On les a vus alors, et
mainte-fois dans la suite, sous le, symbole des
vingt-quatre anciens couronnés. On
contestera difficilement que ces anciens
représentent les saints célestes.
Je ne prétends pas décider s'il faut,
ou non voir en eux l'Église exclusivement.
Très vraisemblablement ils comprennent
l'Église à la fois et les saints de
l'Ancien Testament; mais une chose au moins est
très claire, c'est qu'il s'agit des saints
célestes. Ils suivent Christ lorsqu'il vient
du ciel, pour faite la guerre avec la Bête,
etc; et maintenant que Christ prend son trône
- qu'il n'apparaît pas simplement sur un
cheval blanc s'avançant pour vaincre et
subjuguer, mais prend le trône pour
régner triomphalement-- on les voit aussi
sur des trônes avec Lui. «Je vis des
trônes, et ils étaient assis dessus,
et le jugement leur fut donné.
Tous les croyants savent que, dans un sens ou dans
un autre, Christ doit s'asseoir sur son trône
et juger; mais il peut y en avoir qui pensent que
ce serait pour les chrétiens une position
fort élevée que d'être assis
avec lui sur des trônes;
tandis que d'autres, qui ont
quintessencié et réduit en vapeur,
pour ainsi dire, l'enseignement positif des
passages de l'Écriture qui traitent des
espérances des saints et de l'avenir du
monde, estiment qu'ils seront simplement à
une vague distance du ciel, jouissant du bonheur
éternel avec Christ, mais n'ayant avec la
terre aucune espèce de rapport.
Pour moi, je ne crois point que le gouvernement de
ce monde soit, en aucune manière la portion
la plus haute de la gloire des saints; mais il
constituera un élément important de
la gloire de Christ, et pour cette même
raison ne sera pas sûrement au-dessous de la
dignité de l'Église. Nul ne peut
négliger ou nier, cette vérité
sans préjudice pour son âme; et
lorsqu'on la voit et qu'on la tient comme il faut,
son influence sur la conduite pratique n'est pas
peu considérable: car si je dois juger le
monde alors, Dieu ne veut pas que je me
mêle avec le monde maintenant.
C'est là précisément le motif
que l'apôtre Paul faisait valoir
auprès des croyants de Corinthe, quand les
blâmait d'avoir recours aux tribunaux des
hommes. Une pareille démarche, était
au-dessous de la vocation chrétienne. Il va
sans dire qu'en parlant ainsi je n'entends en
aucune manière mépriser
les autorités qui existent. Un
chrétien doit leur montrer du respect en
tout temps et en toutes
choses.
II peut supporter d'être dans le monde
l'homme de la plus humble condition, car il est le
plus élevé: son exaltation est d'une
meilleure espèce et brillera de son
éclat le plus vif quand ce monde aura
été réduit à
rien.Quelle merveilleuse chose que nous soyons
déjà revêtus de l'onction
royale avant que le jour de la gloire ait
commencé à poindre! pareils à
David qui fut sacré roi de longues
années avant qu'il fût
réellement élevé au royaume,
l'huile sainte, l'onction royale, était sur
lui, dans le temps même où le roi
Saül le pourchassait dans les montagnes.
C'est ainsi que dans un sens plus
élevé encore nous sommes oints du
Saint-Esprit non seulement pour que nous soyons
rendus capables d'entrer, dans les choses de Dieu,
mais pour que nous soyons faits rois et
sacrificateurs pour Dieu. La conséquence en
est que Dieu n'attend pas seulement que nous lui
rendions culte dès à
présent comme sacrificateurs, mais que nous
gardions dans toutes les circonstances le sentiment
de notre dignité comme ses rois.
(Comp.
1 Pier. I, 5, 9) Que le monde
raille et nous traite de fanatiques, il a fait bien
plus à l'égard de Dieu
lui-même. Hélas! les mauvaises
compagnies corrompent les bonnes moeurs, et
les chrétiens eux-mêmes se sont
détournés, quant à ce point de
la vérité qui est selon la
piété. Ils ont cherché
à avoir, en même temps
le monde et Christ.
On peut objecter que c'est là tout
au plus une espérance si exclusivement
relative à l'avenir qu'elle ne saurait avoir
d'application actuelle. Mais l'Esprit de Dieu
s'adresse à nous
comme possédant ce trésor dès
à
présent, comme ayant, en
principe, tout ce que Christ va bientôt
déployer en nous dans son royaume. C'est ce
qui fait que nous sommes sous la
responsabilité de marcher maintenant dans la
foi à cette vérité. Il en a
été ainsi dans le sens le plus
élevé du Seigneur Jésus
Christ. Il savait qu'il était roi; et
lorsque Satan vint et lui montra tous les royaumes
du monde et leur gloire, offrant de les lui donner
s'Il voulait se prosterner et lui rendre hommage,
le Seigneur rejeta tout absolument. Mais Satan a
répété, pour ainsi dire,
l'offre à l'Église; et, à la
longue, celle-ci l'a acceptée.
En recherchant la gloire du monde, elle a
cherché à être honorée
là où Satan est le prince. Comment un
chrétien peut-il lire sa Bible et ne pas
reconnaître la vérité de cela?
Que fit le Seigneur Jésus quand les hommes
voulurent le faire roi? Il se retira loin d'eux.
Devant Pilate, Il admit qu'il était roi,
mais il ajouta: «Mon royaume n'est pas de ce
monde..... Maintenant, mon royaume n'est pas
d'ici». Bientôt il en sera. «Le
royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ
est venu». Et quand il passera entre ses
mains, le règne des
chrétiens commencera. C'est sa
volonté que ceux qui lui appartiennent
participent avec lui au royaume.
En conséquence, la foi attend cela; et en
attendant, nous sommes mis présentement
à l'épreuve, «comme n'ayant
rien, et toutefois possédant toutes
choses».
Il semblera à plusieurs que réclamer
aujourd'hui un aussi glorieux privilège,
n'est que de la présomption. Mais il n'en
est point ainsi. C'est de la foi, et elle a pour
fruit une séparation toujours plus grande
d'avec le monde. Le principe est la chose
importante: car si un homme cherche à
obtenir, ne serait-ce que la chose la plus simple
de ce monde, qui soit pour lui un objet de
désir - une distinction quelque
insignifiante qu'elle soit, il y a là trace
de l'oeuvre de l'ennemi.
Dieu attend de tous ses saints une sainte
séparation d'avec le monde: ils ne sont pas
du monde, de même que Christ n'en est pas. -
Seulement, que cela se réalise en chacun
selon la mesure de sa spiritualité et de son
intelligence. Aussi, quand un chrétien
commence sa marche de foi, Dieu ne lui dit-il pas
tout d'un coup: Il faut que tu quittes ceci, que tu
renonces à cela; Il laisse lieu à
l'exercice de la grâce et aux progrès
dans la vérité. Le jour que le salut
entra dans la maison de Zachée, le Seigneur
ne lui dit pas un mot de son odieuse position dans
le monde, comme
Juif collecteur
d'impôts pour les Romains.
Il ne nous est pas dit non plus que, du moment de
sa conversion, Corneille dût quitter sa place
de centenier de la cohorte italique: établir
et imposer des règles d'une façon
pareille, c'eût été
détruire tout ce qu'il y a de
précieux et de béni dans les voies de
Dieu.
L'Église n'est point gouvernée par un
code de formes et de pratiques. Elle est conduite
par la puissance du Saint-Esprit
conformément à la Parole. Il en est
d'elle comme d'un enfant aux jours de ses tendres
années, il parle comme un enfant, comprend
comme un enfant, et pense comme un enfant.
Qui désirerait trouver chez les petits
enfants le langage et les manières des
adultes? Il en est de même des petits enfants
de l'ordre spirituel. Le Seigneur n'attend pas
qu'ils marchent comme des hommes et des
pères en Christ: Il laisse lieu à
leur accroissement dans la grâce. Or, si un
homme est dans un état d'âme mauvais,
il se prévaut de la grâce et dit: Y
a-t-il du mal en ceci? y a-t-il quelque
commandement pour cela? Quelquefois une personne
s'abstient d'actes mauvais, dans la pensée
que si elle y persiste, elle est en danger
d'être perdue.
Mais ce qui a du prix aux yeux de Dieu, c'est qu'on
obéisse avec simplicité, d'une
obéissance cordiale, qu'on fasse la
volonté de Dieu parce que c'est sa
volonté, parce que c'est un plaisir de faire
sa volonté, et que cela
le glorifie. Il nous sauve par sa grâce, et
nous sauve de manière à ne pas voir
une seule tache en nous. Et maintenant il nous dit:
Si je vous ai sauvés et vous ai
établis devant moi dans une telle certitude
et une telle perfection de
bénédiction, ce que j'attends de vous
c'est votre coeur, sa confiance dans mon amour et
ma sagesse, son culte et son obéissance.
Mais Dieu nous donne aussi la connaissance du
royaume qui vient et auquel nous devons participer
avec Christ notre Seigneur. Il est bon de se
souvenir que le Saint-Esprit n'effectue point le
royaume, et que ce n'est pas lui, mais le Seigneur
Jésus seul, qui est le roi. La
présence de Christ est donc essentielle au
royaume, au moins pour ce qui est de sa pleine
manifestation. Si Christ n'était pas
là personnellement, ce serait un royaume
sans roi; et, en conséquence, il est dit:
«Ils vécurent et
régnèrent avec
Christ mille ans».
Christ était lui-même présent,
et c'est lui qui est le centre de toute gloire, de
toute bénédiction, et de toute joie.
Le chap.
XIX nous avait montré
Christ et eux sortant du ciel en vue du jugement,
et là-dessus, au chap.
XX nous voyons le royaume
établi en paix sur la terre.
Ce qui précède peut servir de
réponse à la première
question, qui a pour objet de savoir qui sont ceux
que Jean vit tout d'abord assis
sur des trônes, et naturellement dans des
corps ressuscités. Ce sont les saints
célestes, comprenant l'Église, s'ils
ne sont pas l'Église exclusivement.
La question suivante est celle-ci: Qui sont ceux
dont les âmes ne furent pas d'abord vues
réunies à leurs corps?
La réponse est facile. Si les chap.
IV; V,
de l'Apoc. nous présentent
les saints glorifiés sous le symbole des
vingt-quatre anciens, et correspondant à
ceux que notre verset mentionne d'abord, le chap.
VI. nous introduit dans une
scène tout autre. Il nous apprend que,
postérieurement à la scène
décrite dans les deux chapitres
précédents, il y aura des saints
appelés à souffrir et dont Jean vit
alors les âmes sous l'autel. Ils avaient
été égorgés pour la
parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils
avaient maintenu, et ils crient à Dieu, lui
demandant de juger et de venger leur sang de ceux
qui habitent sur la terre.
Qui sont ces saints qui font appel à la
vengeance de Dieu?
On peut répondre de la manière la
plus positive, qu'à coup sûr
l'Église ne se trouve point dans leur
nombre. Comment pourrait-elle y être, en
effet, puisqu'elle a déjà
été enlevée au ciel? De plus,
l'Église est-elle jamais
présentée dans l'Écriture
comme appelant Dieu à juger et à
venger le sang des saints répandu sur la
terre? Ce serait en complète contradiction
avec le dessein de Dieu dans
l'Église, et aussi dans le chrétien
individuellement.
Nous sommes l'épître de Christ, et
expressément appelés à
manifester la gloire de Dieu en Christ, et sa
grâce envers le monde depuis la croix. Et de
même que Dieu a permis que les hommes missent
à mort son propre Fils, et que, bien loin de
juger ce crime, il en a pris seulement occasion de
montrer encore plus sa grâce, de même
l'Église est appelée à
souffrir, et s'il le faut, à se laisser
mettre à mort pour le nom de Christ, sans
songer à faire appel à la vengeance,
ou même la désirer un seul
instant.
Voyez-en un exemple signalé dans la personne
d'Étienne. Il était traité
bien cruellement: on le jeta hors de la ville, et
on le lapida. Mais il se met à genoux, et
crie: «Seigneur, ne leur impute point ce
péché». Et c'est d'une voix
éclatante qu'il intercéda de la
sorte, car ce n'était pas une chose que son
coeur ne sentait pas vivement; et le Saint-Esprit
désirait que ceux qui étaient autour
de lui connussent le désir de son coeur
à leur sujet, coupables qu'ils
étaient de son sang.
Était-ce là un appel à la
vengeance de Dieu?
Tout le contraire, précisément; et il
en a toujours été ainsi. Voyez les
apôtres Pierre et Jean: après avoir
été battus, ils se retirèrent
de devant le Sanhédrin, se
réjouissant d'avoir été
estimés dignes de souffrir des opprobres
pour le nom de Jésus.
Ouvrez encore la première
épître de
Pierre qu'y trouvez-vous, sinon ce
principe:
«Si, en faisant bien, vous souffrez, et que
vous l'enduriez, cela est digne de louange devant
Dieu, car vous avez été
appelés à
cela», etc.
Le monde ne pourrait pas subsister un jour sur une
pareille base; il tomberait en pièces si le
mal ne devait pas être puni, et si ceux qui
font bien et souffrent injustement ne devaient
simplement que rendre grâces. Mais ces
exhortations n'étaient pas destinées
au monde; et c'est là qu'on fait si
fréquemment erreur.
On oublie que l'Église était
appelée à rendre témoignage du
ciel, - à être l'expression de la
pensée et de la grâce de Christ, tout
en marchant sur la terre. C'est là notre seule
chose, notre affaire ici-bas. Il va sans
dire que cela ne fait pas obstacle à ce que
nous nous proposions ce qui est honnête
devant tous les hommes: il est bon que le
chrétien le fasse; mais qu'il prenne bien
garde comment il le fait. Notre conduite dans les
circonstances les plus ordinaires de la vie devrait
être un témoignage à ce fait
capital, que nous ne sommes pas du monde; que nous
ne cherchons pas à être honorés
et considérés dans le monde, mais
à glorifier Christ dans le ciel; et qu'au
lieu d'avoir pour but de coopérer à
la réalisation des plans de l'homme, et
d'être un ornement dans le monde, notre
mission est de lui
révéler Christ et
de faire sa volonté durant le peu de temps
que nous sommes ici.
Mais revenons au sujet qui nous occupe. Nous avons
vu que, quoique les anciens assis sur des
trônes soient dans le ciel
(Apoc.
IV; 4), il se trouve plus tard
des saints sur la terre, de nouveaux témoins
qui sont appelés à souffrir
jusqu'à la mort pour la parole de Dieu et le
témoignage de Jésus; mais qui, au
moment où ils meurent, crient à Dieu
de venger leur sang sur leurs ennemis.
Et ce n'est pas mauvais de leur part; quoiqu'une
pareille pensée nous soit
complètement étrangère, parce
que telle n'est pas la volonté de Dieu
à notre égard. Mais lorsque Dieu,
après avoir achevé de former
l'Église et l'avoir prise dans le ciel, se
sera suscité de nouveaux témoins sur
la terre, il commencera à en agir
lui-même en jugement avec le monde; et, en
conséquence, lorsque ces saints martyrs
crieront à Dieu contre leurs adversaires,
ils seront en pleine communion avec lui.
Or, c'est ce que la foi cherche toujours - la
communion avec Dieu dans ce qu'il fait ou va faire
réellement. Aujourd'hui Dieu n'intervient
pas pour juger le monde, aussi ses saints ne
doivent-ils pas lui demander, comme le font
ceux-là, d'exercer le jugement et la
vengeance. Aujourd'hui il supporte avec une
patience parfaite la méchanceté du
monde, et pour cette raison un chrétien doit
plutôt demander à
Dieu de faire tourner sa patience au salut des
âmes. Mais quand le moment où doit
s'accomplir la vision
d'Apoc.
VI, sera arrivé, Dieu
fera tomber jugement sur jugement; et ceux qui en
ce jour-là seront témoins pour Dieu,
lui demanderont de juger, et le lui demanderont
justement.
Ce sont les Psaumes, en général si
mal compris et si mal appliqués maintenant,
mais parfaitement appropriés aux
circonstances d'alors, qui leur fourniront le
langage prophétiquement
préparé de Dieu pour l'expression de
leurs besoins les plus pressants, de leur
désir et de leurs affections les plus
intimes.
Il y aura donc, après l'enlèvement de
l'Église, un état de choses bien
différent de celui d'aujourd'hui. Dieu
commencera alors d'agir en juge, et ceux qui seront
réellement convertis, et auront
sincèrement à coeur la gloire de
Dieu, seront dans de grandes ténèbres
comparativement à l'Église. Mais leur
pieux témoignage n'en sera pas moins
insupportable aux pouvoirs du monde, qui verseront
leur sang comme de l'eau. Les martyrs crieront
à Dieu en vue du jugement, et il les
entendra. Voyez aux versets
9, 10, 11 du chap. VI:
«Et lorsqu'il ouvrit le cinquième
sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux
qui avaient été égorgés
pour la parole de Dieu et pour le témoignage
qu'ils avaient maintenu».
Remarquez comment cela concorde
avec les deux classes mentionnées chap.
XX: 4.
«Je vis les âmes de ceux qui avaient
été décapités pour le
témoignage de Jésus et pour la parole
de Dieu».
Considérez en effet la réponse qui
leur fut faite. Elles crient: «Jusques
à quand, ô Maître Souverain,
saint et véritable» etc. «Et il
leur fut donné une robe blanche; et il leur
fut dit qu'ils se reposassent encore un peu de
temps jusqu'à ce que leurs compagnons de
servitude et leurs frères qui
devaient être mis à mort comme
eux, fussent accomplis».
Lorsque ceux qui passèrent les premiers par
la souffrance après l'enlèvement de
l'Église, eurent été
appelés et mis à mort, il leur fut
parlé d'une autre classe de saints qui
devaient être tués
postérieurement comme ils l'avaient
été eux-mêmes, avant que le
plein jugement s'exécute. C'est là
exactement ce que nous trouvons ici.
Il y a d'abord ceux qui sont assis sur des
trônes, investis du pouvoir royal de juger;
ensuite ceux qui avaient été
décapités pour le témoignage
de Jésus et pour la parole de Dieu; et, en
troisième lieu, leurs frères, qui,
comme il avait été
déclaré au chap.
VI, avaient encore à
être complétés. Ces derniers
quand la Bête produisit son idolâtrie,
etc., et qu'il s'agit d'être mis à
mort ou de l'adorer, refusèrent nettement:
ils furent fidèles jusqu'à la mort.
Eh bien! ils sont ici.
«Je vis..... et ceux qui n'avaient pas rendu
hommage rendu hommage à
la Bête ni à son image, et qui
n'avaient pas reçu la marque sur leur front
et sur leur main».
De sorte que l'Apocalypse nous fournit pleinement
la réponse au sujet de ces trois
classes.
- Les vingt-quatre anciens correspondent à
ceux qui sont assis sur des trônes;
- la deuxième classe, les âmes de ceux
qui avaient été
décapités pour le témoignage
de Jésus, etc., nous est apparue au chap.
VI;
- et la dernière partie du livre nous
présente leurs frères qui devaient
être mis à mort comme ils l'avaient
été eux-mêmes, et en vue
desquels il leur avait été dit
d'attendre.
En Apoc.
XIII. 7 nous lisons qu'il fut
donné à la Bête de faire la
guerre aux saints, et de les vaincre. Il y a plus
encore.
La dernière moitié du même
chapitre contient une autre partie du tableau et
nous fait voir là comment ces saints ont
été caractérisés en Apoc.
XX comme ceux qui n'avaient
pas rendu hommage à la Bête ni
à son image, et n'avaient pas non plus
reçu sa marque sur leur front et sur leur
main. Au vers.
14, il est dit que la seconde
Bête (chap. XIII) séduit «ceux
qui habitent sur la terre à cause des
miracles qu'il lui fut donné de faire devant
la Bête, disant à ceux qui habitent
sur la terre de faire une image à la
Bête qui a la plaie de l'épée
et qui vit. Et il lui fut donné de donner la
respiration à l'image de la Bête, afin
que l'image de la Bête parlât, et
qu'elle fît que tous ceux
qui ne rendraient pas hommage à l'image de
la Bête fussent mis à mort».
Ceci, très évidemment, appartient
à la dernière ou troisième
classe. Mais voyez encore chap.
XV. 2. «Je vis comme une
mer de verre, mêlée de feu, et ceux
qui avaient remporté la victoire sur la
Bête, et sur son image, et sur le nombre de
son nom, se tenant sur la mer de verre, et ayant
des harpes de Dieu».
L'Apocalypse répond donc pleinement à
la question: Qui sont donc ces saints?
Elle nous présente d'abord les saints
ressuscités, qui avaient été
enlevés au ciel, et qui en sortent avec
Christ. C'est la raison pour laquelle ils sont vus
séparés des deux autres classes. Ils
apparaissent assis tout d'abord sur des
trônes, parce qu'ils sont déjà
changés à la ressemblance du corps
glorieux de Christ.
Quant aux autres, on ne les voit jusqu'à ce
moment, que comme des âmes, et naturellement
non glorifiés. L'Écriture parle de
corps glorifiés, mais jamais d'âmes
glorifiées. L'âme du croyant est avec
Christ après la mort; mais il faut qu'elle
soit réunie avec le corps, avant qu'il
puisse en être question comme se trouvant
dans une condition glorifiée. Le seul
état parfait, c'est lorsque nous porterons
l'image du céleste; lorsque nous serons
ressuscités ou changés à la
ressemblance de Christ.
Si nous regardons à 1
Cor. XV, nous
verrons cela parfaitement clair.
Il y est dit: «Le premier homme est de la
terre - poussière; le second homme est le
Seigneur (venu) du ciel. Tel qu'est celui qui est
poussière, tels aussi sont ceux qui sont
poussière; et tel est le céleste,
tels aussi les célestes. Et comme nous avons
porté l'image de celui qui est
poussière, nous porterons aussi l'image du
céleste. Or, je dis ceci, frères,
c'est que la chair et le sang ne peuvent pas
hériter du royaume de Dieu, et que la
corruption n'hérite pas non plus de
l'incorruptibilité. Voici, je vous dis, un
mystère: Nous ne nous endormirons pas tous,
mais nous serons tous changés..... et les
morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous
serons changés. Car il faut que ce
corruptible«, non pas simplement
dépouille la corruption, mais
«revête l'incorruptibilité»,
«et que ce mortel», non pas simplement
laisse tomber cette enveloppe mortelle, comme on
dit, mais «revête
l'immortalité» - évidemment
l'état glorifié - alors la
parole qui est écrite s'accomplira, La mort
a été engloutie en
victoire».
Or, ce n'est point quand un chrétien meurt
et déloge pour être avec Christ, que
la mort est engloutie en victoire, mais c'est
lorsque Christ vient et que les morts sont
ressuscités et les vivants changés.
Ce qui s'est fait jadis pour Hénoc et pour
Élie d'une manière individuelle, se
fera sur une grande
échelle à la venue de Christ. Alors
tous les saints vivants seront changés, et
s'en iront pour être avec le Seigneur, sans
passer par la mort. Ce sont ceux-là,
ressuscités ou changés, qui, ayant
été enlevés au ciel, en
reviendront avec Christ, et qui sont vus assis sur
des trônes.
Mais qu'advient-il de ces saints de la terre, qui
sont appelés après que les saints
précédents ont été pris
pour aller à la rencontre du Seigneur?
L'Apocalypse nous montre leurs souffrances pour la
justice et leur mort. Que deviennent-ils
après? Déjà l'Église
avait été ressuscitée et
glorifiée, et ces martyrs sont mis à
mort avant que le règne de Christ
commence.
Eux, qui ont souffert, ne doivent-ils donc pas
régner? Doivent-ils perdre leurs
bénédictions parce qu'ils ont
résisté jusqu'au sang en combattant
contre le péché?
Jamais cela ne pouvait être. «Je vis les
âmes de ceux qui avaient été
décapités..... et ils vécurent
et régnèrent avec Christ les
mille ans». Ils sont eux aussi
ressuscités des morts, ils rejoignent les
autres déjà glorifiés, et tous
règnent ensemble avec Christ dans «le
royaume».
Je pense, mais je ne donne ceci que comme une
opinion, que c'est à ce moment-là ou
à peu près que leur
résurrection a lieu. La Bête et le
faux prophète ont été
renversés; Satan a été
jeté dans l'abîme, et le règne
millénial de Christ et de ses saints
ressuscités est
maintenant sur le point de commencer. Le Seigneur
attend pour ainsi dire le tout dernier moment. Il
ne veut pas qu'une âme de ses saints martyrs
ne jouisse pas de cette récompense qui est
leur récompense spéciale.
La Bête avait persécuté
jusqu'à la fin, et Dieu diffère
jusqu'à ce moment-là, afin que
quiconque a souffert avec Christ, soit compris dans
le privilège d'être glorifié
avec Lui. Si le récit de la
résurrection avait été
donné lorsque les saints ressuscités
antérieurement eurent été
transportés au ciel (c'est-à-dire
avant Apoc.
IV), il aurait pu y avoir
doute et anxiété relativement au sort
de ceux qui devaient souffrir après
l'enlèvement de l'Église; et il est
facile de comprendre pourquoi c'est ici que nous le
trouvons.
Dieu avait particulièrement pour but de
consoler ceux qui devaient souffrir et mourir pour
Christ à une époque plus
avancée, et de leur faire voir qu'ils ne
seraient pas oubliés par Lui. Ils
ressuscitent maintenant pour rejoindre les saints
déjà ressuscités; «et ils
vécurent et régnèrent avec le
Christ les mille ans». Dieu ajourne leur
résurrection jusqu'au moment où va
commencer le règne de Christ, et alors ceux
qui, dans l'intervalle, avaient souffert pour Lui,
sont ressuscités. «Et le reste des
morts ne vécut pas jusqu'à ce que les
mille ans fussent accomplis. C'est la
première résurrection».
«Le reste des morts», -
quels morts
étaient-ce?
Le commencement du verset
4 comprend, à mon
avis, non seulement l'Église, mais aussi les
saints de l'Ancien Testament; c'est-à-dire,
tous les saints célestes enlevés pour
être avec Christ, quand il viendra pour les
prendre à Lui dans l'air.
Puis, nous avons eu la première compagnie de
ceux qui ont souffert avant que la Bête
eût atteint le faîte de sa puissance,
et enfin la dernière compagnie de ceux qui
furent mis à mort parce qu'ils
refusèrent de lui rendre hommage.
C'étaient là les trois classes de
saints maintenant également en vie et
régnant avec Christ. Il faut donc que
l'expression «le reste des morts»
désigne les méchants morts, car la
première résurrection comprenait tous
les justes morts, et correspond, de fait, à
ce que notre Seigneur a appelé «la
résurrection des justes»
(Luc
XIV. 14), sauf qu'elle comporte
plus de détails si elle ne comprend pas plus
de personnes.
Ainsi donc, il y a une résurrection qui
appartient spécialement aux justes, sans que
les passages qui en traitent disent un mot des
injustes. Il y a aussi une résurrection des
injustes; et lorsque l'apôtre Paul parle, Actes
XXIV, devant Félix, il
rend témoignage de sa foi à la
résurrection, tant des justes que des
injustes. Mais quand le Seigneur Jésus
Christ cherche à élever la conscience
de ses disciples à ce qui est bon et a du
prix devant Dieu, c'est à la
résurrection des justes seuls qu'il fait
allusion.
Mais ce n'est pas tout. Aux jours du
ministère du Seigneur ici-bas il se trouvait
aussi des gens qui tâchaient de tourner en
ridicule la doctrine de la résurrection.
Aussi lisons-nous que, dans une autre occasion, des
Sadducéens vinrent à Lui, tirant une
difficulté à l'égard de cette
doctrine du fait d'une femme supposée avoir
successivement épousé sept
frères, tous morts l'un après
l'autre, la femme, à son tour, étant
morte aussi après eux tous. En la
résurrection, demandaient-ils, duquel des
sept serait-elle donc la femme?
Le Seigneur fait voir sur-le-champ que la
difficulté soulevée provenait de
l'ignorance de l'Écriture et de la puissance
de Dieu. En la résurrection on ne donnera ni
ne sera donné en mariage, mais on sera comme
les anges (c'est-à-dire comme eux sous ce
rapport, car les saints ressuscités jugeront
les anges; mais semblables quant à ceci,
qu'il n'y aura pas de distinction de sexe - ni de
mariage non plus.) «Et aussi ils ne peuvent
plus mourir». Mais il ajoute: «Ceux qui
seront estimés dignes d'avoir part à
ce siècle-là et à la
résurrection d'entre les morts»,
etc.
Quelle manière de parler extraordinaire, si
tous étaient ressuscités en
même temps! «Ceux qui seront
estimés dignes
d'avoir part à ce
siècle-là». Pesez bien la force
de cette proposition. La résurrection des
saints a lieu en un siècle qui
leur est particulier, et auquel
ceux qui en sont indignes n'ont point part.
«Ceux qui seront estimés dignes d'avoir
part à ce siècle-là (les
autres morts ne sont ressuscités
qu'après lui) et à la
résurrection d'entre les morts».
La résurrection de Christ ne fut pas
simplement une résurrection des morts, mais
d'entre
les morts. Il les laissa tranquilles dans leurs
tombeaux. Quelques-uns des saints qui
étaient morts, ressuscitèrent, il est
vrai, avec Lui, ou plutôt sortirent avec lui
de leurs sépulcres après sa
résurrection; mais la grande masse des morts
ne fut affectée en rien à cet
égard par la résurrection de Christ.
Il en est de même, en principe, de la
résurrection des saints: ce doit être
une résurrection d'entre
les morts.
Le reste des morts doit ressusciter à une
époque: mais ceux qui en seront
estimés dignes, auront part à ce
siècle-là, et à la
résurrection d'entre les morts. Ils ne
mourront plus jamais. Dieu pouvait-il montrer d'une
manière plus forte que par ce langage, que
la résurrection de ses saints serait
distincte de celle des autres hommes et la
précéderait?
Comparez aussi le langage de Saint Paul, en Phil.
III. 11: «Si, en quelque
manière que ce soit, je puis parvenir
à la résurrection d'entre les
morts». Sans doute que les versions ordinaires
disent «à la résurrection des
morts», mais je n'hésite pas à
dire que c'est une erreur
complète. Le véritable et unique sens
du verset, d'après les autorités les
meilleures, est, «Si, en quelque
manière que ce soit, je puis arriver
à la résurrection
d'entre
les morts», celle qui me tirera du milieu des
morts.
Il peut sembler à quelques-uns que ce n'est
là qu'un petit changement; mais si nous
tenons à connaître la pensée de
Dieu, cela fait une grande différence: Car,
si c'est bien «la résurrection d'entre
les morts» qu'il faut lire, cela implique que
pendant que les autres morts restent dans leurs
sépulcres, il y a une résurrection
qui n'est point commune à tous les hommes
bons et méchants, mais est seulement le
partage des bien-aimés de Dieu.
L'Apôtre estimait cette résurrection
si brillante et si heureuse qu'il dit en effet: Je
ne me mets pas en peine des tribulations et des
souffrances que je puis rencontrer sur le chemin -
pourvu seulement que je me trouve là; c'est
ce que j'attends et ce que je désire,
coûte que coûte. Car en disant,
«Si en quelque manière que ce
soit», il n'entendait pas exprimer l'ombre
d'un doute quant au fait qu'il aurait part à
la première résurrection; mais
plutôt, qu'il attachait au prix une valeur
telle, qu'il ne pensait pas aux souffrances du
chemin qui menait au but.
Maintenant, reportons sur l'Apocalypse la
lumière qui jaillit de ce passage.
L'expression «le reste des morts» fait
allusion aux méchants
morts. On avait sous les yeux la
résurrection de tous les saints
délogés jusqu'à la
manifestation du royaume. «Mais», ajoute
le prophète», «le reste des morts
ne vécut pas jusqu'à ce que les mille
ans fussent accomplis»
(vers.
5).
Ce passage n'offre réellement aucune
difficulté; mais les gens ont leurs
pensées, leurs opinions à eux, et ils
ne peuvent faire accorder l'Écriture avec
elles. Tandis que tout est aussi clair que
possible, si on s'en tient à ce que
déclare le Saint-Esprit.
«C'est là la première
résurrection. Bienheureux et saint celui qui
a part à la première
résurrection»
(vers.
6). Quelle admirable harmonie
entre cette parole et ce que le Seigneur avait dit
aux Sadducéens, «Ceux qui seront
estimés dignes d'avoir part à ce
siècle-là et à la
résurrection d'entre les morts»! Et
aussi avec Saint Paul: «Si, en quelque
manière que ce soit, je puis parvenir
à la résurrection d'entre les
morts».
«La seconde mort n'a point de pouvoir sur
eux».
Remarquez une fois de plus, la force des paroles du
Seigneur dans l'Évangile: «Car aussi
ils ne peuvent pas mourir». Quant à
ceux qui sont laissés dans les
sépulcres pour n'être
ressuscités qu'après les mille ans,
ils sont destinés à mourir d'une
autre mort bien misérable - la seconde mort.
C'est de cette mort-là que
doivent mourir tous ceux qui
n'auront pas eu part à la première
résurrection. Leur mort sera la seconde mort
- l'extinction de toute espérance de
bénédiction, quand tout le reste est
béni dans le ciel et sur la terre, la
demeure à jamais sous la colère de
Dieu. Ils sont jetés dans l'étang de
feu. Mais pour ceux qui ont part à la
première résurrection, «ils
seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils
régneront avec lui mile ans»; et plus
tard ils régneront par lui dans la vie aux
siècles des siècles.
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