Le cas de Babylone démontre d'une
manière frappante, ce me semble, comment un
jugement qui est dit émaner de Dieu, peut en
même temps être exécuté
par les hommes. Au chap.
XVII nous avons vu que Dieu se
servira des dix cornes ou rois, dans les
états desquels la terre Romaine se trouvera
divisée à la fin de cette
dispensation, - et qu'il donnera une
prééminence particulière
à ce qui est appelé «la
bête», c'est à savoir, à
la puissance qui sert de lien à ces autres
parties autrement séparées et
distinctes. Le grand chef impérial et les
divers pouvoirs, distincts mais non plus
indépendants - vassaux de celui-là -
seront les instruments que Dieu emploiera pour
infliger ses jugements à Babylone.
Maintenant, au chap.
XVIII, il ne paraît pas
un mot de cela; et la différence entre les
deux portions est si évidente, et si grande
à première vue, que certaines
personnes ont avancé résolument que
le jugement du chap.
XVII était
antérieur à celui
du chap.
XVIII; que, dans le premier,
la destruction de Babylone est le fait simplement
de l'homme; mais que, dans celui-ci, son jugement
est postérieur et procède directement
de Dieu. Mais je ne voudrais pas fonder un
enseignement sur cette explication, concevant au
contraire que, dans le même jugement, vous
pouvez avoir le côté de Dieu et le
côté de l'homme, Dieu agissant
providentiellement, et les hommes - comme le moyen
qu'il emploie - frappant le coup.
S'il y a réellement une distinction à
faire, la «chute» vient avant la
destruction finale. Il résulte pour Babylone
de l'assaut des pouvoirs civils un avilissement
total de sa condition...
Ensuite, c'est un appel pressant de Dieu à
son peuple pour l'en faire sortir...
Puis enfin arrive la complète et
éternelle destruction de Babylone, de la
part de Dieu.
Si nous considérons Babylone dans l'Ancien
Testament, nous voyons précisément
que les prophètes ont parlé de sa
destruction comme du jour du Seigneur contre elle.
«C'est ici l'oeuvre du Seigneur
l'Éternel des armées, dans le pays
des Caldéens»
(Jérémie
L, 25; vers.
Ang.).
En même temps, il est tout à fait
certain que l'instrument par lequel Dieu a
amené la ruine de Babylone, est le
célèbre Cyrus, chef de l'armée
Médo-Perse.
C'est de la même manière qu'en Apoc.
XVII nous sont
présentés les vrais instruments
humains. L'influence de Babylone s'étendait
bien au-delà, mais les
dix cornes de la terre Romaine étaient les
pouvoirs qui, en quelque sorte, rayonnaient de son
centre même. Et c'est pour cela
peut-être que Dieu fait voir dans ce chapitre
que ces pouvoirs, qui semblaient si fortement
attachés à Babylone dans un abject
esclavage (le pouvoir impérial
lui-même n'ayant guère
été qu'une bête de somme pour
elle), sont destinés à faire
volte-face, à un certain moment
désigné de Dieu, et à assouvir
sur elle leur vengeance, leur dédain et leur
haine.
Ils ont des vues humaines, sans doute; mais ils
exécutent pour Dieu une oeuvre de juste
rétribution. Dieu leur aura mis au coeur de
s'accorder pour donner leur royaume à la
bête, jusqu'à ce que Ses paroles
soient accomplies.
Mais au chap.
XVIII les instruments humains
disparaissent, et lorsque cet autre ange descend du
ciel, il ne dit pas un mot de ceux dont Dieu
s'était servi, comme moyens, pour faire
tomber Babylone; ils sont omis, et c'est le
Seigneur Dieu qui la juge. Dieu aurait pu
détruire Babylone sans les dix rois tout
aussi aisément qu'avec eux; ils
n'étaient nécessaires en aucune
façon: mais il convenait au gouvernement que
Dieu exerce sur la terre d'employer les dix cornes
pour humilier Babylone à la fin,
puisqu'auparavant elle avait régné
sur les rois de la terre et commis fornication avec
eux. Ils pouvaient être,
eux, des hommes méchants
ayant de mauvais desseins: c'est pourquoi il est
nécessaire qu'il soit directement
montré aux saints que Dieu
Lui-même est contre Babylone.
Considérons un peu maintenant ce nouveau
point de vue, auquel nous ne trouvons plus sur la
scène que deux parties: Babylone sur la
terre, et Dieu dans le Ciel. Et le Seigneur Dieu se
prononce contre l'orgueilleuse et royale
cité qui fut la constante ennemie de Dieu et
de son peuple - qui fut l'instrument de Satan pour
séduire et entraîner ses victimes dans
une alliance de méchanceté et dans
l'idolâtrie. Tel est le caractère sous
lequel Babylone est ici envisagée. Et
néanmoins c'est cette Babylone qui
s'arrogeait la position et la fonction de faire
connaître Dieu. Car la grande ville n'est pas
une puissance athée; elle n'est pas, comme
la Babylone ancienne, un étranger de dehors,
et employé de Dieu, comme moyen, pour
infliger le châtiment à son peuple
d'Israël.
Dans ma pensée, la Babylone de l'Apocalypse
correspond aussi clairement que possible à
la Babylone de l'Ancien Testament; mais elle
s'applique aux sujets du Nouveau. Dans l'Ancien
Testament, la pensée de Dieu avait
essentiellement pour objet Son peuple et le pays:
et il y avait aussi une ville sur laquelle son oeil
se reposait avec une affection,
particulière, car il n'aimait pas seulement
le peuple, mais il
s'intéressait à ce qu'il avait
donné au peuple.
Mais cet état de choses a
complètement cessé depuis que le
Seigneur Jésus a été
crucifié. Depuis lors jusqu'à
maintenant, il n'a pas existé de lieu plus
saint qu'un autre. Celle qui avait
été la sainte ville se trouvait
être maintenant le champ même qui
était taché du sang du Seigneur
Jésus- Christ. Mais l'oeil de Dieu voyait
que, dans la suite des temps,
s'élèveraient une ville et un peuple
de professants qui prendraient avantage de la
révélation que Dieu avait
donnée, et formeraient de l'état de
corruption et de ruine du Christianisme un
système à eux, empruntant tout ce
qu'ils pourraient du Judaïsme et le
mélangeant avec le mal des Gentils pour
produire ainsi un système au plus haut
degré haïssable pour Dieu et
séduisant pour l'homme.
Je n'ai donc aucun doute que, dans ce chapitre,
c'est Rome qui est en particulier l'objet du
jugement de Dieu; non pas que Rome soit
exclusivement ce qui est compris dans Babylone,
mais parce que Rome en est le centre, parce que
c'est, de toutes les villes, la plus coupable aux
yeux de Dieu. Il ne s'agit pas de Rome sous sa
forme païenne, ni de Rome telle qu'elle est de
nos jours, encore qu'elle soit bien mauvaise et
croissant, je crois, en méchanceté.
Je crois que la Babylone de l'Apocalypse n'est pas
simplement ce système qui s'oppose
aujourd'hui au Christianisme,
mais la Babylone qui aura fait opposition au
dernier témoignage que Dieu enverra - le
témoignage de Dieu concernant son propre
royaume même qu'il est près
d'établir sur son peuple bien-aimé.
Car Dieu ne renonce jamais à ses desseins.
C'est une partie du caractère de Dieu de ne
se repentir jamais de ses dons et de son appel.
Là où il ne s'agit pas d'un dessein
de miséricorde, mais d'une menace, Dieu peut
fléchir, et il aime à le faire. Qu'il
le fasse, nous le savons par l'histoire de Ninive
(bien qu'un coup fut frappé plus tard et
qu'un coup doive être frappé dans
quelque temps futur). Il laissera les hommes dire
qu'il a changé de pensée là
où il s'agit de différer le
châtiment dû au péché;
mais, d'un autre côté, là
où il y a de la part de Dieu dessein de
bénir un peuple, il n'y renonce jamais. Cela
est digne de lui. Il est plein de
miséricorde. Il pourra permettre que la
prophétie envoyée contre Ninive par
son serviteur Jonas ait l'air d'avoir
été mise de côté; il ne
se préoccupe pas de ce que les hommes en
disent.
Il veut bien leur laisser croire que, par
grâce, il a changé de pensée et
que la sentence de destruction a été
détournée là où il y a
eu humiliation et repentance devant Dieu. Mais la
chose réjouissante que nous voyous est
celle-ci: - que lorsque la chute de l'homme, la
chute de l'Église et autres apostasies
pareilles paraissent avoir
compromis le dessein béni que Dieu tient en
réserve pour son peuple et pour sa propre
gloire, - tout ce qui est de Dieu ne fait que se
déployer avec plus d'éclat un autre
jour.
Considérons Babylone dans son histoire
passée et voyons comment ce nom était
approprié pour exprimer le mal
spécial qui devait surgir de la corruption
du Christianisme. C'est en Gen.
X qu'il est pour la
première fois fait mention de Babel.
Là, elle se trouve en connexion avec un
homme plein de volonté, qui avait d'abord
montré son adresse à l'endroit des
animaux, et qui commença bientôt
à tourner contre ses semblables toute
l'habileté et toute l'expérience
qu'il avait acquises dans une sphère moins
élevée.
Nimrod est le premier personnage avec lequel Babel
soit associée; c'est l'homme concentrant le
pouvoir en lui-même. Mais au chapitre suivant
(Gen.
XI), nous avons une autre
idée. Ce n'est plus seulement l'homme
s'exaltant lui-même et en exaltant d'autres
soumis à lui par la fraude ou par la force,
mais c'est un grand effort des hommes se
rassemblant entre eux pour bâtir quelque chose de
permanent, de fort et de haut - une tour dont le
sommet s'élève jusqu'aux cieux et qui
leur attire un nom sur la terre. Ici donc, nous
avons les deux pensées qui sont toujours
plus ou moins directement liées avec
Babylone. Elle peut se
présenter sous la forme individuelle d'un
homme qui s'exalte lui-même, ou bien sous la
forme collective d'hommes qui combinent quelque
grande entreprise; ou, enfin, elle peut être
un mélange de ces deux principes.
Et c'est ce que vous trouverez plus clairement
développé encore lorsque vus
arriverez à l'histoire de la nation Juive.
Dieu appela les Juifs comme peuple, et leur
conféra des privilèges et des
bénédictions particulières.
Ils tombèrent dans l'idolâtrie,
le péché de Babylone qui en
était la grande et primitive source; et
Babylone devient le principal instrument de
jugement pour le peuple de Dieu, et la scène
de la captivité de Juda. Là encore,
vous avez Nébucadnetsar, la tête d'or
de la statue, correspondant à Nimrod, et la
grande ville qu'il bâtit correspondant
à la tour de Babel - les deux idées
impliquées dans ce nom se trouvant ainsi
réunies comme en effet elles le furent
bientôt au commencement, car Babel fut le
commencement du royaume de Nimrod. Le coeur naturel
convoite pour l'homme une élévation
présente sur la terre, et une exaltation
revêtue d'une sanction religieuse, mais
tendant à un but d'idolâtrie.
Or, le Saint-Esprit, dans le Nouveau Testament,
relève le terme «Babylone», et
l'applique à la corruption qui devait se
développer dans la Chrétienté
professante. Lorsque Dieu sauve des âmes, il
ne leur permet pas de choisir
leur propre voie dans le monde; encore moins leur
permettrait-il de choisir leur propre voie dans
l'Église.
Celui qui comprend bien la place qui lui appartient
comme étant à Dieu, a sa
volonté brisée. Il a reçu le
privilège de traiter sa nature comme une
chose morte et mauvaise; non pas sur le pied d'un
esclave, qui travaille pour un salaire et parce
qu'il y est obligé, mais dans la
liberté d'un enfant de Dieu, de quelqu'un
qui a été béni de Dieu et qui
a à coeur les intérêts de son
Père. Or, ce n'est pas la volonté de
son Père que, dans le temps actuel, il se
mêle avec le monde ou qu'il s'y crée
une place.
De fait, dans la pensée de Dieu, le monde,
pour le Chrétien, est quelque chose de trop
inférieur, parce qu'il est pratiquement sous
la puissance de l'ennemi. Il vient un temps
où le monde sera placé sous
l'autorité des enfants de Dieu, alors qu'ils
jugeront le monde. Mais cela ne saurait avoir lieu
jusqu'à ce que Satan soit ôte, et que
le Christ soit publiquement exalté sur la
terre aussi bien que dans le Ciel.
Jusque-là, les saints sont appelés
à attendre dans la foi et dans la patience.
Et tel est l'argument sur lequel l'apôtre
insiste en I
Cor. VI. pour démontrer que
les frères en Christ ne devraient rien avoir
à faire à présent avec les
jugements de ce monde. Y porter leurs
différends était au-dessous de leur
dignité comme enfants de Dieu. C'est en vain
que l'on essaierait de
réformer le monde: une semblable idée
n'entra jamais dans l'esprit de l'apôtre. Car
la foi, en même temps qu'elle se
réjouit dans la délivrance des
pauvres pécheurs, considère le monde
au point de vue de Dieu, c'est-à-dire, comme
étant déjà jugé et
n'attendant plus que l'exécution de la
sentence à la venue du Christ.
Mais, si l'apôtre exhorte à la
soumission envers les autorités qui
existent, il ne dit jamais: Vous, frères,
qui occupez des postes d'honneur sur la terre, vous
devez continuer à y rester. Cela eût
été annuler le but de Dieu dont les
enfants ne sont pas du monde, de même que
Christ n'est pas du monde. Car aujourd'hui Dieu
n'entreprend pas de gouverner le monde, sauf par sa
providence secrète, bien entendu.
Lorsque le royaume de ce monde deviendra
effectivement Sien, il commencera par juger les
corrupteurs de la terre, et plus
particulièrement toute iniquité
commise sous le nom de Christ. Ce n'est pas ce que
Dieu fait maintenant: il met plutôt à
l'épreuve les âmes de ses saints, dans
un lieu de tentation où tout est contraire
à son nom. S'ils sont fidèles, ils
souffriront persécution; s'ils sont
infidèles, le monde pourra faire grand cas
d'eux; ils pourront en partager les aises et les
honneurs; mais Satan se servira assurément
d'eux pour faire demeurer les choses tranquilles -
car rien n'apporte au mal une
sanction éclatante, autant que l'homme de
bien qui se joint au monde et lui donne son
appui.
Souvenez-vous de Lot. Il siégeait à
la porte de Sodome, là où
s'administrait la justice. La position qu'il
occupait là, était aussi
déshonorante pour Dieu que misérable
pour lui-même. A la fin, il fallut l'en
arracher; mais avant même qu'il fût
emmené de Sodome, les plaines bien
arrosées du Jourdain avaient perdu leur
valeur à ses yeux. Son âme juste
s'affligeait des actions iniques des habitants, et
bientôt il devint l'objet de leurs
railleries:
«Celui-ci, disaient-ils, est venu parmi nous
pour y séjourner, et il a la
prétention de s'établir
juge!»
Ils voyaient l'inconséquence de sa position;
car les mondains sont prompts, en
général, à discerner les
manquements du croyant. Hélas! il est facile
de comprendre comment un homme peut être
pieux, en somme, et se trouver désormais
dans des circonstances où un Chrétien
ne devrait pas être et, dans la mesure de son
manquement, n'être pas un vrai témoin
pour Dieu. Que je considère le
Chrétien individuellement, ou bien
l'Église, je vois que le but de Dieu est
d'avoir, dans le monde, un témoignage
à sa propre gloire; d'avoir les siens, non
pas occupés à renverser le monde,
encore moins à rechercher les honneurs et
les richesses du monde, mais disposés, par
amour pour Christ, à renoncer à ce
qu'ils aiment le mieux, parce qu'ils
ne regardent pas aux choses
visibles, mais aux choses invisibles et
éternelles
Voilà où Dieu met son triomphe; et
c'est selon la mesure dans laquelle nous
réalisons cela, que nous sommes de vrais
témoins pour Dieu. De l'autre
côté; si nous cherchons à
gagner ou à retenir le monde avec
Christ, nous voilà engagés dans le
principe de Babylone.
Sans doute, les chap.
XVII et XVIII
de l'Apocalypse vont beaucoup
plus loin, et montrent qu'un vaste système
religieux corrompu est le sujet dont ils traitent.
Cela ressort clairement de la comparaison du chap.
XVII. 1, 2, 3, avec le chap.
XXI. 9, 10, 11. Au chap.
XVII, il est écrit:
«Et l'un des sept..... anges vint, et me
parla, disant: Viens ici, je te montrerai le
jugement (c. à. d. la sentence) de la grande
prostituée qui est assise sur plusieurs
eaux».
Mais ensuite, au chap.
XXI, 9, nous avons une autre
scène. «Et un des sept anges - vint, et
me parla, disant: «Viens, je te montrerai
l'épouse de l'Agneau, la femme.»
Or, il est évident que le Saint- Esprit
emploie la même forme de langage pour
introduire auprès de nous ces deux femmes,
dans le dessein, me semble-t-il, de nous faire
saisir le rapport qui existe entre elles. Le
même guide, un des sept anges qui avaient les
sept coupes, vient prendre Jean, et lui montre au
désert cette femme terrestre et corrompue;
plus tard, dans la scène
finale, il l'enlève sur
une montagne excessivement haute et lui montre une
femme céleste. Comme la femme céleste
est le symbole de l'Église céleste,
ainsi Babylone symbolise un corps religieux
corrompu. C'est celle qui prend la place de
l'Église et celle de témoin pour Dieu
sut la terre, en même temps, qu'elle soutient
toute sorte de commerce mauvais avec ceux qui sont
exaltés ici-bas.
Il y a d'abord, comme d'usage, ce qui est charnel
et terrestre, puis ce qui est spirituel et
céleste. Après que le faux
système de l'homme et de Satan a disparu, le
système véritable est
déployé dans la gloire de Dieu.
Or, bien que nous puissions nous attendre à
un développement ultérieur de
Babylone, comme opposée à Dieu dans
le témoignage final du royaume,
témoignage qui sera rendu devant toutes les
nations avant que vienne la fin, cependant je ne
pense pas qu'il y ait de difficulté à
discerner dès à présent
où se trouvent de la manière la plus
complète les traits de Babylone.
C'est un système religieux qui gouverne
nombre de rois; ce n'est pas un système qui
soit à la merci des gouvernements
séculiers. Cette dernière chose est
bien un péché, mais ce n'est pas le
mal dont il est parlé ici.
Babylone est un système de corruption
religieuse incomparablement plus
ténébreux, plus profond, plus
étendu - s'arrogeant exclusivement le nom
d'Église de Dieu,
s'établissant au-dessus des rois, intriguant
avec eux, mais en même temps maintenant sa
suprématie sur eux tous; abrutissant les
masses par le poison de ses excitantes
faussetés; se parant de toute la splendeur
que lui ont acquise ses prostitutions dans le
monde; source de la pire idolâtrie qui existe
sous le soleil; et enfin manifestant un esprit
sanguinaire de persécution contre les vrais
saints et témoins de Jésus, sous
l'effrayante prétention d'accomplir sa
volonté, d'agir sous son
autorité.
Il est un système qui prétend
à cette position, qui la prend comme
donnée de Dieu, et dont le siège et
le centre se trouvent au coeur même de ce qui
fut jadis l'empire Romain - un système
religieux qui affecte la domination universelle, et
qui, dans le but de la réaliser, ou bien
cherche à captiver par l'art de la
séduction, ou bien étouffe toute
opposition dans le sang de ses victimes, les
prétendus hérétiques.
«Par tes breuvages empoisonnés toutes
les nations ont été séduites.
Et en elle a été trouvé le
sang des prophètes et des saints, et de tous
ceux qui ont été immolés sur
la terre»
(Vers.
23, 24).
Pour toute personne non prévenue, qui lit
avec calme cette description de Babylone et se
demande quel est dans la Chrétienté
le corps professant où les idoles abondent
ainsi, où il y a tant d'autorité sur
les rois de la terre, le corps professant qui est
si indulgent pour les
méchants, si cruel pour les justes - pour
toute personne non prévenue, il est
impossible de ne pas voir et de ne pas
répondre
(1).
Quant aux Églises Grecque et Orientale,
quant, aux Églises établies
d'Angleterre, d'Écosse, et autres
Églises nationales réformées
elles sont plus ou moins dans un état de
complète subordination vis-à-vis du
gouvernement qui a affaire avec chacune d'elles. Il
peut y avoir, et je crois qu'il y a, du mal
à cela. Mais il est deux manières par
lesquelles un système religieux peut agir
contrairement à Christ: ou bien par un
coupable asservissement au monde, ou bien par une
suprématie sur lui plus coupable encore - en
un mot, en étant l'esclave du monde ou le
maître du monde. Dans le temps actuel, il n'y
a qu'un seul système religieux qui
prétende avoir les rois à ses pieds,
et ce système est l'Église de Rome,
qui, par conséquent, correspond à
Babylone. C'est une grandeerreur
que de croire que nous en avons fini avec elle, ou
que son jour est passé.
Rome peut encore obtenir un triomphe
passager. Ses émissaires sont
activement répandus sur la surface du monde,
et les fondements du Protestantisme sont
minés de toute part. Ceux qui s'attendent
à voir le Christianisme, dans l'état
actuel des choses, renverser ses adversaires sur la
terre, sont, selon moi, en grand danger de se
trouver déçus dans l'espoir
anti-scripturaire d'obtenir une Église aussi
grande ou plus grande dans le bien, que celle de
Rome ne l'est dans le mal. Car il surviendra encore
une lutte terrible, et Rome, dans ma
prévision, acquerra une influence
universelle et étouffera toute voix qui lui
sera contraire, excepté les soupirs des
quelques témoins dont il est ici
parlé, témoins qui meurent par elle,
ou bien qui sortent du milieu d'elle. Dieu les
entendra; mais pour ce qui est de tout
témoignage ouvert ou public à
Lui-même, il sera absorbé par
Babylone.
Et quant à la destruction de Babylone, ce
n'est pas par le moyen de l'évangile ou par
la force de la vérité qu'elle sera
effectuée, mais par la volonté et la
colère des hommes. Partout où le
Romanisme emporte la victoire,
l'incrédulité en est la
conséquence infaillible; aussi Babylone
prépare-t-elle toujours la voie au dernier
effort de la Bête contre l'Agneau, avant que
la fin arrive, la Bête
obtient tout à fait la
haute main, et Babylone devient sa pâture et
celle des dix cornes.
Est-ce là ce qui nous est
présenté ici? L'homme est
laissé de côté; il n'est pas
une seule fois fait allusion aux dix cornes dans le chapitre
XVIII, bien qu'il soit fait
allusion aux rois de la terre.
Voici la différence: dans «les rois de
la terre», sont compris, me semble-t-il, tous
ces gouvernants de la Chrétienté avec
lesquels Babylone avait vécu dans les termes
d'une coupable intimité, ou qui avaient
soutenu avec elle de mauvaises relations.
Les dix cornes sont les chefs de l'empire dans son
état final de division et les instruments
actifs de sa dévastation, comme cela nous
est déclaré au chapitre
XVII.
Les rois de la terre sont ceux qui mènent
deuil sur elle, et non ceux qui la brûlent.
Ici, au chapitre XVIII, son heure est venue, et
c'est le Seigneur Dieu qui la juge.
Remarquez bien quelle est ici la voix qui vient du
Ciel:
«Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que
vous ne participiez pas à ses
péchés, et que vous ne receviez pas
de ses plaies.»
(Vers.
4).
Recevoir de ses plaies n'est pas le motif divin
pour se séparer d'elle. Les hommes se
préoccuperaient passablement de ce
sujet-là; mais la grande chose que Dieu
attend de son peuple, c'est qu'ils ne participent
pas à ses péchés.
Je désire placer cette question devant
chaque Chrétien
individuellement: Jusqu'à
quel point avons-nous sympathie avec la
pensée de Dieu concernant Babylone et ses
péchés? Jusqu'à quel point
sentons-nous le mal qui est en elle et le
jugeons-nous?
Babylone n'a pas recherché le ciel, mais la
terre; elle n'a pas recherché les
souffrances de Christ et les gloires qui doivent
suivre, mais elle a aspiré à
s'asseoir en reine et à ne point voir de
deuil.
Babylone est satisfaite d'une exaltation mondaine.
Si vous marchez évitant toute chose
semblable, Babylone n'a pas d'attraits pour vous.
Et le danger actuel de chaque âme, par
rapport à Babylone, c'est d'en venir
graduellement à se soucier, comme
Chrétien, de ce que l'homme apprécie
sur la terre et de se l'accorder.
Dans ces dernières années, il s'est
opéré un grand changement dans les
pensées des Chrétiens, en ce qui
regarde la jouissance réelle de la
prospérité et du plaisir en ce monde.
Mais il y a dans tout cela un étonnant
danger; car quelle en est la pensée de fond?
L'élévation, le progrès,
l'exaltation de l'homme - l'homme montrant ce qu'il
peut faire et améliorer. Et l'on cherche
à rattacher à tout cela le nom et la
sanction de Christ! Hélas! c'est là
Babylone la grande
(Vers.
9-19). En elle nous voyons le
but auquel tend le désir du coeur, qui est
de jouir, tout en professant d'être à
Christ, de tout
ce qui est dans le monde: la
convoitise de la chair, la convoitise des yeux et:
l'orgueil de la vie.
Je ne m'étonne point qu'un homme inconverti
cherche à rendre le monde agréable:
c'est ce que Caïn a cherché; et
aujourd'hui il y a telle marche dont on peut dire
que c'est marcher dans la voie de Caïn. Il y a
ceux qui confectionnent toutes sortes d'instruments
de musique, et ceux qui travaillent sur airain et
sur fer. Il est vrai que ces choses ont pris
naissance à une époque bien primitive
du monde; mais toutefois ce n'est pas pour rien que
l'Esprit de Dieu nous déclare qu'elles se
trouvaient dans la famille de Caïn, et non
dans la famille de Seth. Tout fils d'homme est tenu
responsable devant Dieu, qu'il soit ou non
converti, de reconnaître sa position de
rejeté à cause de sa qualité
de pécheur: il n'a pas le droit
d'étouffer sa conscience dans les plaisirs
et la gloire du monde.
Mais si mauvais que cela soit, la chose que Dieu
hait le plus, et qu'il jugera publiquement de la
manière la plus terrible, même dans ce
monde, c'est de rattacher le nom de Christ à
la satisfaction des convoitises mondaines. N'est-ce
pas le désir même de beaucoup de
chrétiens d'endosser la grandeur et les
richesses du monde? Je ne doute pas qu'on ne
désire cordialement voir des âmes
converties, mais on aimerait les voir apporter avec
elles leur influence terrestre. Voilà
l'esprit de Babylone.
Ce que le Seigneur attend de nous, c'est que nous
accomplissions la volonté de Dieu, que nous
souffrions pour elle, et que nous la prenions
patiemment. Tout ce que le coeur de l'homme
convoite, sera trouvé enlacer la
volonté de l'homme. Il n'est pas une seule
place de distinction ou de gloire dans le monde,
qui n'oblige celui qui l'occupe à faire
l'abandon d'une bonne conscience envers Dieu. En
d'autres termes, vous ne pouvez à la fois
être membre du monde et agir
fidèlement comme membre de Christ. Si vous
estimez le monde et que vous désiriez le
suivre, vous présenterez toutes sortes
d'excuses et raisonnerez en faveur d'un compromis;
mais cela ne fera que montrer jusqu'à quel
point le levain de Babylone a affecté votre
âme.
Dieu rassemble les âmes autour de
Jésus - c'est-à-dire de Jésus
rejeté et monté au ciel. C'est
pourquoi l'Église est établie sur ces
deux vérités fondamentales. Elle a la
croix, et elle est unie à Christ dans ta
gloire céleste, par le Saint-Esprit
envoyé ici-bas. Or, la croix et la gloire
céleste ne peuvent se mélanger avec
le monde. Voilà la chose même qui met
mon coeur à l'épreuve. Si Christ est
mon objet, je n'aurai pas besoin du monde; je
porterai - peut-être faiblement- mais
toutefois je porterai mon regard en haut, vers le
ciel; et là je trouverai l'objet - l'unique
objet - par lequel Dieu veut me
fortifier, me donnant de vouloir souffrir dans la
conscience que j'ai Christ dans la gloire.
Là où l'Église cherche quelque
chose d'autre, l'estime et la gloire du monde, par
exemple, ou même l'amélioration de la
société, elle renie la gloire qui lui
est propre. Le papisme s'est mépris sur le
véritable caractère de
l'Église; il a suivi le système Juif
et pensé qu'on devait apporter de l'or, de
l'argent, des pierres précieuses et des
choses délicates pour honorer le Seigneur
(Voyez vers.
12-14). Mais Dieu est plus
sage que les hommes, et montre que toute cette
prétention à l'honorer n'est qu'une fausse apparence, et que ce qu'au
fond les hommes
recherchent, c'est de s'honorer eux-mêmes.
Ils recherchent ce qui offre de l'attrait et fait
d'eux-mêmes un objet d'attraction, en
même temps qu'ils cachent leur
véritable but sous le prétexte du nom
de Christ.
C'est là ce que Dieu jugera, et ce qui
infectera la Chrétienté tout
entière avant que ce jugement vienne.
Vous me demanderez peut-être comment cela
peut-il être possible, lorsqu'on voit se
former un si grand nombre de
sociétés, et une énergie si
active - tant religieuse que morale - se
déployer contre les diverses formes de mal
public par tout le monde. Ce n'est pas ce
que je vois, moi, que je vous déclare,
mais ce que montre la Parole de Dieu - la
prépondérance universelle, avant
qu'arrivé la fin d'un
système corrompu qui a évidemment son
centre à Rome, encore qu'il étende
plus loin son cercle, embrassant toutes les
institutions religieuses quelconques
(2)
qui, si
opposées au papisme qu'elles paraissent
aujourd'hui, ne lient pas les âmes avec le
ciel. Il n'y a pas de sécurité pour
aucun de ceux qui bâtissent sur la terre.
Les saints célestes seront retirés
avant que le jugement tombe sur Babylone. Ce n'est
pas à eux qu'il est fait allusion dans cette
parole: «Sortez du milieu d'elle, mon
peuple.» Cela est dit du peuple terrestre de
Dieu (3)
pour un
peu plus tard. Mais en même temps, ce
principe trouve sa pleine application; car
l'essence même de Babylone est l'union du
monde avec le nom de Christ.
«C'est pourquoi sortez du milieu d'eux et vous
en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez
pas à ce qui est impur, et je vous
recevrai».
Le seigneur ne tiendra point pour innocent celui
qui a la conscience de ce qui est dû à
Christ, et n'y marche pas. A quiconque est dans ce
cas je voudrais dire: Voilà où vous
enviendrez: vous cheminerez pour
un temps et serez troublé par la
vérité, car elle vous condamnera;
mais sous peu vous trouverez que vous en avez perdu
le goût, vous vous en fatiguerez et
même vous tournerez contre elle, et
dès lors vous serez moralement mûr
pour Babylone quand elle se présentera
devant vous. En ce qui me concerne personnellement,
la question pour Dieu est de savoir si je suis
coupable de l'esprit de Babylone. Si quelqu'un
marche dans sa voie, il participe à son
péché. Et qui s'oppose à la
vérité autant que ceux qui la
corrompent? Qui hait autant que ceux qui sont
condamnés d'eux- mêmes.
Il y a maintenant une grande oeuvre en train,
non-seulement pour dissoudre et détruire ce
qui est ancien, mais pour unir et amalgamer en vue
de diverses fins; et ainsi que cela s'est vu dans
la Babylone du commencement
(Gen.
XI), cette oeuvre sera
trouvée, dans le cours des temps, servir le
dessein de cette grande cité avant que le
Seigneur Dieu la juge pour toujours.
Je crois, sur le fondement de divers passages des
Écritures, qu'il y aura un mélange
étonnant du Christianisme avec le
Judaïsme: et ce dernier, jugé par la
nouvelle et pleine révélation qui est
donnée de Christ dans le Nouveau Testament,
ne vaut pas mieux que le paganisme
(Gal.
IV).
Nous savons avec quelle
tendresse le Saint-Esprit supportait la faiblesse,
les scrupules, l'attachement aux anciennes
habitudes religieuses chez des Chrétiens qui
avaient été Juifs auparavant
(Rom.
XIV); mais il en était
bien différemment quand des docteurs
cherchaient à imposer des ordonnances juives
aux convertis d'entre les Gentils.
Le même Esprit traitait un rite
emprunté par les Gentils aux Juifs, comme
étant
en principe la même chose que
l'ancienne idolâtrie païenne.
«Mais maintenant, ayant connu Dieu, ou
plutôt ayant été connus de
Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles
et misérables éléments
auxquels vous voulez encore derechef être
asservis? Vous observez des jours, et des
mois, et des temps et des années.»
Le papisme est aujourd'hui la plus saillante et la
plus haïssable illustration de cet amalgame;
mais des abominations plus grandes
apparaîtront encore. Le Sacrementalisme et le
Rationalisme, dans ces pays protestants comme dans
d'autres, se provoquent l'un l'autre à des
excès sans exemple. De plus, où
vit-on jamais une pareille indifférence
publique, recherchant du loisir pour le commerce
au-dehors et le développement social
au-dedans? On en verra le résultat dans les
dernières phases de Babylone et de la
Bête.
Dans le tableau qui est devant nous, nous avons les
lamentations des rois, des
marchands et de tous
ceux
qui avaient eu affaire avec le trafic impur de
Babylone. Le ciel, et spécialement les
saints (car c'est ainsi qu'on devrait lire), et les
apôtres et les prophètes sont
appelés à se réjouir du
jugement de Dieu. «Dieu a vengé votre
sang», ou, littéralement, jugé
votre jugement, «sur elle». Dans l'acte
et la parole de l'ange puissant, qui termine le
chapitre
(vers.
21, etc.), ce n'est pas
seulement la violence et la totalité de sa
ruine qui sont présentées, mais la
raison de cette ruine par rapport aux nations: -
«car par tes breuvages empoisonnés,
toutes les nations ont été
séduites.» Le dernier verset ajoute une
autre et terrible chose - Babylone ayant
hérité du sang que la coupable
Jérusalem a répandu. «Et en elle
a été trouvé le sang des
prophètes et des saints, et de tous ceux qui
ont été immolés sur la
terre.»
Plaise au Seigneur qu'au lieu de regarder seulement
le dehors et de nous occuper à condamner les
autres, nous prenions grand soin de
préserver nos propres âmes des
souillures de Babylone! Puissent nos affections
rester vraies envers Lui, qui seul peut
réellement nous garder des séductions
de l'ennemi! Nous sommes fiancés à
Christ.comme une vierge chaste. «Petits
enfants, gardez-vous des
idoles!»
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