Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XVII.

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 L'Esprit de Dieu nous a montré la destruction de Babylone sous la dernière coupe. Nous avons maintenant à apprendre, par le chapitre qui est devant nous, quel était le mal qui lui donnait un caractère tout spécial, ou ce qu'il y avait en elle qui excitait à un si haut degré la haine de Dieu; non pas seulement ce qu'était sa propre conduite, mais ce qu'il y avait dans sa connexion avec d'autres que Dieu ne pouvait supporter plus longtemps - pourquoi, enfin, il la met à part de tout le reste pour Sa vengeance. Et cela n'est pas une chose que nous puissions écarter de nous comme relativement étrangère ou distante, ainsi que pourraient l'être certaines autres choses dans l'Apocalypse. Car, bien qu'il puisse y avoir et que, je n'en doute pas, il doive y avoir un développement plus étendu de Babylone, cependant Dieu regarde à elle comme à un tout moral, comme à un système de corruption qui a été et qui est encore en oeuvre.
Au temps où il ne sera plus possible de différer le jugement, ce système pourra s'être particulièrement aggravé dans sa forme; mais le mal existe déjà et il est actif. Babylone n'est pas tant le piège d'un homme profane que le piège de celui qui, ayant une certaine idée de religion, cherche à la concilier avec le monde. C'est dans ce cas que cette influence corruptrice devient pour l'âme la source des plus grands dangers.

Maintenant, nous allons voir que le chapitre nous fournit, tout d'abord, la vision que l'apôtre Jean est appelé à contempler; nous y trouvons ensuite une certaine explication de cette vision.
La parole de l'ange commence plus particulièrement dans ce sens au septième verset, tandis que les six premiers sont remplis du récit de la vision.
Je voudrais faire encore une remarque avant d'aller plus loin. Dans un sens historique, ce chapitre ne nous porte pas en avant. C'est plutôt un regard en arrière que le Saint-Esprit jette sur le caractère, la conduite et les relations de cette Babylone qui déjà avait été montrée comme l'objet du jugement de Dieu. Ceci est digne de remarque, parce que, si on ne le voit pas, il y a inévitablement confusion dans nos pensées sur le livre.

Au chap. XIV, nous avons eu la chute de Babylone en connexion avec les oeuvres de méchanceté de Satan, et avec les dispensations de Dieu en bonté ou en puissance, y compris le jugement du Fils de l'homme à la fin. Or, il n'est pas de médiocre importance de connaître d'une manière précise la place qu'il faut s'attendre à voir cette intervention de Dieu occuper, et c'est ce que nous avons trouvé immédiatement après dans le même chapitre; car nous avons vu que dans les jugements providentiels de Dieu - et par là j'entends ceux qui sont exécutés par les anges et non par Christ directement - Babylone est réservée pour le dernier coup de Sa colère sous la septième coupe. C'est Dieu agissant - Dieu se servant encore des anges. Jusqu'ici le Seigneur Jésus se tient tranquille, si je puis m'exprimer ainsi; il n'agit pas encore personnellement en vengeance sur la terre.

En Apoc. XVII, le Saint-Esprit s'arrête pour entrer dans les détails de la cause morale de la terrible chute de Babylone. «Et l'un des sept anges qui avaient les sept coupes, vint, et me parla, disant: Viens ici, je te montrerai le jugement de la grande prostituée, qui est assise sur plusieurs eaux.» (Vers. 1.)
Elle est décrite ici comme une prostituée; non-seulement comme une femme, mais comme une femme licencieuse et corrompue. Et je présume que nulle personne sans prévention ne doutera que ce terme soit employé ici en rapport spécial avec la corruption religieuse. Un peu plus bas, au troisième verset, il est dit que Babylone est assise sur la bête; ici, elle est assise sur plusieurs eaux. Il y a dans le grec une légère différence.
«Assise sur plusieurs eaux», ne veut pas dire qu'elle était littéralement ou localement dessus, mais à côté. Ainsi, par exemple, vous pouvez dire que Londres est assis sur la Tamise. Or, l'homme de la plus médiocre intelligence ne supposerait pas que cela signifie que Londres soit effectivement situé et bâti sur le lit du fleuve, mais que la Tamise est le cours d'eau qui caractérise Londres. Pareillement ici, dans le même sens, vous avez la prostituée décrite comme étant assise sur ou près de plusieurs eaux.
L'explication de celles-ci est donnée au verset 15: «Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, et des foules, et des nations et des langues.»
La figure implique l'influence immensément étendue qu'exercé cette femme abandonnée. Mais il y a plus que cela. Au second verset il est dit: «avec laquelle les rois de la terre ont commis fornication; et ceux qui habitent sur la terre ont été enivrés du vin de sa prostitution.»
Il y a quelque chose de plus que le fait qu'elle est assise sur la masse des eaux; il y a un commerce de mauvaise nature soutenu avec les rois de la terre - le pouvoir par lequel, en séduisant, elle détourne les affections de la personne de Christ, qui est le seul objet digne de tout amour et de toute adoration. Dans la sphère où la lumière de Dieu a été manifestée, les chefs ou conducteurs sont entraînés par la corruptrice, et les peuples sont entièrement dépouillés, quant à tout discernement de la pensée de Dieu.

Rien ne saurait donc être plus clair que la portée générale de ces quelques versets.
D'abord c'est la vaste influence de Babylone qui nous est présentée sous la figure d'une femme assise au bord de plusieurs eaux.
Ensuite, nous avons les grands conducteurs de la Chrétienté, les rois de la terre, qui ont commis fornication avec elle.
Et enfin, les habitants de la terre rendus stupides par le vin de sa prostitution.

Il y a différents degrés de culpabilité, mais tous ils résultent d'un lien plus ou moins intime avec Babylone. «Et il me transporta en Esprit au désert.» (Vers. 3.)
En dépit de tout l'orgueil et de toute la gloire mondaine de Babylone, pour le saint de Dieu le désert est le seul lieu où l'Esprit le transporte pour la contempler. Dans le cas où Jean aurait été transporté par son propre esprit (si l'on ose ainsi parler), il eût été vraisemblablement conduit à chercher Babylone, non pas dans le désert, mais au mirage de quelque jardin du Seigneur. Mais il est conduit par l'Esprit du Seigneur au désert, et là il voit la prostituée assise sur une bête couleur d'écarlate: description plus spéciale et de plus sinistre importance, comme nous l'avons remarqué, que celle qui nous en est fournie à la fin du verset premier. Ceci nous montre la position effective de la femme. Elle possède la suprématie sur l'empire romain. Car on ne saurait légitimement mettre en question que la bête qui est ici placée devant nous, soit ce même empire Romain au sujet duquel nous avons, dans les chapitres précédents, entendu le récit de si terribles actions et d'un jugement de si triste présage.

C'est la bête qui est pleine de noms de blasphèmes, ainsi que nous avons vu ses têtes présentées au chap. XIII, 1. Babylone est une prostituée ou un système corrupteur; mais c'est à la bête qu'il appartient de blasphémer. C'est un mal plus ouvert et plus audacieux. La femme est plus séduisante dans sa manière de faire, et elle s'empare des affections. Mais le blasphème est l'expression d'un pouvoir qui ne craint ni Dieu ni les hommes. Quant à la femme, bien qu'assise sur la bête, heureuse d'être exaltée par elle et disposée à l'employer pour le service de ses propres desseins, elle représente pourtant d'une façon distincte le système religieux du monde.
Elle est «vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or et de pierres précieuses»: - symboles évidents de tout ce que le monde tient pour beau, pour grand et pour glorieux ici-bas. Mais elle a aussi «à la main une coupe d'or, pleine d'abominations, et les impuretés de sa prostitution.» (Vers. 4.)
Au mépris de toute sa brillante et pompeuse splendeur, comme le Saint-Esprit fait parallèlement ressortir ce qu'il y a de plus dégoûtant en elle! Je ne trouve pas de termes trop forts pour exprimer le sentiment qu'il a des choses vues dans la coupe. Elle est «pleine d'abominations, et de l'impureté de sa prostitution.»

Dans l'Écriture, le terme «abominations» indique constamment l'idolâtrie. C'est là le trait distinctif le plus grave en Babylone. Comme la bête était pleine de noms de blasphème, ainsi la coupe de la prostituée était pleine d'abominations. Mais outre l'idolâtrie, il y avait en elle cette influence corruptrice ici appelée l'impureté de sa prostitution. Ce sont deux choses distinctes. L'influence dépravatrice a pu exister sans les idoles, mais en Babylone les deux choses sont activement à l'oeuvre.

Dans les églises apocalyptiques, vous remarquerez que Pergame introduit la doctrine de Balaam, qui, entre autres choses, enseignait à commettre la fornication. Arrivés à Thyatire, nous voyons Jésabel qui impose l'idolâtrie par la force. Ici, en Babylone, les deux choses sont réunies. Les maux qui se glissèrent dans la Chrétienté, dès ces premiers jours de son existence, et qu'on discernait en Pergame et en Thyatire, apparaissent tous deux concentrés et sans déguisement dans la coupe de cette méchante femme. Ils bourgeonnaient alors; mais maintenant les voilà pleinement épanouis devant le prophète dans tout ce qu'ils ont de haïssable. Ils peuvent être parés de tout le faux lustre de ce monde, mais rien n'en saurait changer ni cacher le caractère réel devant Dieu. 

«Et il y avait sur son front un nom écrit: Mystère; Babylone la grande, la mère des prostituées et de«abominations de la terre.» (Vers. 5.)
Il y avait une grande prétention à là vérité, un chef-d'oeuvre de contrefaçon, de l'ennemi à l'endroit des voies révélées de Dieu. Il y avait eu le mystère de Christ et de l'Église; maintenant, il y a le mystère de cette anti-église, non pas le mystère de la foi et de la piété, mais celui de l'iniquité: Babylone la grande assise sur la bête, contraste effrayant de l'Église assujettie à Christ. Ici, elle gouverne là bête. La sainte cité, Jérusalem, descend du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu» - non pas «la grande cité» (1), mais la sainte cité, qui représente le véritable aspect sous lequel Dieu caractérise l'épouse, la femme de l'Agneau, l'Église glorifiée. Ce système religieux, au contraire, montait de la terre - pour ne rien dire de plus - attirait dans son impur embrassement les rois de la terre, et étendait au loin son influence maligne. Telle était Babylone, la mère des prostituées et des abominations de la terre. De quelque genre de mal que Satan se soit servi dans le but de détourner de Christ les affections, quels que soient les objets idolâtres qui ont usurpé la place de Christ, Babylone est la mère de tous. C'est Babylone qui a enfanté tous les systèmes mondains et toutes les idolâtries dont l'ennemi s'est servi pour entraîner les âmes entièrement loin du Seigneur.

Il est une autre chose mentionnée dans la vision, et plus extraordinaire encore pour l'esprit du prophète. Il ne pouvait pas mettre en doute le caractère religieux de cette femme, Babylone la grande; mais il la voit en même temps enivrée du sang des saints. Il pouvait bien comprendre qu'un système religieux se corrompît. Jérusalem elle-même était, hélas! devenue semblable à Sodome et à Gomorrhe, pour la culpabilité d'abord, et à peu près pour le jugement ensuite. Mais, que la femme fût enivrée du sang des saints, c'est ce qui saisit d'un grand étonnement l'esprit même de Jean.
Si mauvaise que soit la passion, ce n'est pas la plus mauvaise chose dont le coeur de l'homme est capable. C'est dans la tromperie de la fausse religion que Satan déploie directement sa puissance. Car la chose même que Dieu a donnée pour répandre la lumière et la bénédiction, pour gagner les coeurs et les amener en communion avec Lui-même, c'est la chose dont l'ennemi abuse pour faire de l'homme un homme pire que jamais - deux fois plus qu'auparavant fils de la géhenne.

Quelque étonnement que Jean ait éprouvé autrefois à entendre prononcer une telle sentence sur la bien-aimée mais coupable Jérusalem, il a à en éprouver ici un plus grand encore lorsqu'il apprend que cette femme, qui s'était mise à la place de l'Église, ne finirait pas seulement dans une même sanglante culpabilité, mais serait, de plus, enivrée du sang des martyrs mêmes de Christ. Voilà ce qui véritablement le saisissait de surprise (Vers 6).

Mais nous arrivons maintenant à l'explication que l'ange fournit sur la vision. C'est de sérieuse importance; car vous découvrirez ceci, que quand c'est Dieu qui interprète, Il ne nous démontre pas seulement ce qui réclamerait une solution, mais il nous donne une surabondance de vérité.

«Et l'ange me dit. Pourquoi es-tu étonné? Je te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, qui a sept têtes et dix cornes.» (Vers. 7.)
C'est ici, de fait, le sujet principal du chapitre: une description plus particulière de la femme et de ses rapports avec la bête, l'empire romain. Car il est bien manifeste et au-dessus de toute contestation, que la femme et la bête sont deux choses distinctes. Car si la bête est l'empire romain, ainsi que l'auront vu ceux qui m'ont suivi dans l'étude de ce livre, la femme ne saurait l'être. Elle peut être assise sur la bête; mais pour cette raison même elle ne saurait être une même chose avec elle. Et non-seulement la femme est distincte de la bête; mais, comme nous le verrons plus loin, la bête se tourne contre la femme et prend part à sa destruction.

Donc, de toute évidence, il est impossible de supposer que la femme et la bête soient une même chose. A la fin, elles se trouvent opposées l'une à l'autre d'une manière si violente, que l'une devient l'instrument de la destruction de l'autre. De sorte que la femme doit être nécessairement quelque pouvoir distinct de l'empire. Nous trouverons encore d'autres raisons qui confirment cette distinction entre elles.

«La bête que tu as vue, était et n'est pas, et va monter de l'abîme et aller à la destruction; et ceux qui habitent la terre, dont le nom n'est pas écrit dès la fondation du monde au livre de vie, s'étonneront en voyant la bête qui était et qui n'est plus et qui sera présente.» (Vers. 8.)
Je n'hésite pas à dire que c'est ainsi qu'il faut rendre la dernière partie du verset. Cela ne sera mis en question par nul de ceux qui sont suffisamment familiers avec le sujet pour se former une opinion. On peut différer dans l'explication du verset, mais on ne pourrait douter que telle soit la véritable manière de le rendre. Dans le premier cas, le texte reçu est presque en contradiction avec lui-même et n'offre point un sens juste.

Maintenant, considérons un peu ce qui est enseigné dans ce verset. Comme nous l'avons vu ci-devant, la bête est l'empire Romain. Mais nous apprenons ici que cet empire devait cesser d'être. Les contrées et les peuples qui le composaient, subsisteraient, eux; mais son unité impériale cesserait d'exister. Les parties fragmentaires seraient là, chaque nation ayant son gouvernement propre et indépendant; mais il n'y aurait pas de lien en faisant un corps. Telle est leur condition de nos jours, et telle elle a été depuis plus de mille ans. «La bête que tu as vue, était et n'est pas, et va monter de l'abîme.»
L'ange caractérise cet empire d'une façon dont nul autre ne l'a été, ni ne pouvait l'être. On le trouverait d'abord dans sa force, puis il devait cesser, et plus tard se relever. Mais il est un trait excessivement grave qui se rattache à la réapparition de l'empire, c'est d'avoir un caractère diabolique. Et comme il vient de Satan, ainsi il doit finir avec Satan: «il va à la destruction.»

Ces choses ne pourraient pas être dites dans le même sens ou avec la même rigueur de quelque autre empire que ce soit. Tous ceux qui ont jusqu'ici paru sur la terre, ont eu un moment auquel ils se sont formés, puis un moment où leur puissance a brillé dans toute sa splendeur, et enfin ils se sont éteints - subitement ou graduellement - pour ne jamais se relever. Je ne sache pas d'exemple du contraire. La destinée de cet, empire qui occupait une place si prééminente dans l'esprit de l'apôtre Jean est des plus particulières. Il existait au temps de Jean, qui lui a personnellement payé son tribut de souffrance; mais son cours devait prendre fin, et puis après une condition de non-existence, il devait «monter de l'abîme.» «Ceux qui habitent la terre..... s'étonnent, en voyant l'a bête qui était et qui n'est pas et qui sera présente.»
Lorsque cette bête-là apparaîtra dans sa dernière et satanique phase, les hommes seront entraînés par l'admiration excessive qu'ils auront pour elle.

«Ici est l'entendement qui a de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes où la femme est assise.» (Vers. 9.)
Ceci est un point matériel, mais bien simple. C'est un signe local qui a pour but d'indiquer à l'entendement qui a de la sagesse le lieu où la femme a son siège. Il n'y a pas l'ombre d'un doute qu'il ne se rapporte à Rome. Le terme «Babylone» avait été, il est vrai, employé pour la désigner, comme les termes Sodome et Égypte ont été figurativement appliqués à Jérusalem au chap. XI; mais la capitale de la Chaldée n'a rien à faire avec la ville d' Apoc. XVII. Celle-là avait depuis longtemps disparu comme ville impériale, tandis qu'au verset 18 il est dit de cette Babylone-ci qu'elle «a la royauté sur les rois de la terre.» Plus que  cela, la Babylone littérale des Chaldéens fut bâtie dans la plaine de Sinhar. cette femme, au contraire, est assise sur sept montagnes, et tout le monde sait que tel est le trait caractéristique bien connu de Rome.
En prose comme en poésie, si quelque ville, était décrite comme assise sur sept collines, chacun dirait: Ce doit être Rome.
Mais nous avons au verset suivant une explication additionnelle. «Il y a  «où sont aussi sept rois: cinq sont tombés, et l'un est; l'autre n'est pas encore venu, et quand il sera venu il faut qu'il demeure un peu de temps.» (Vers. 10.)
Ici, le Saint-Esprit, sans entrer dans aucun détail, fait allusion aux diverses formes de gouvernement qui se sont succédé dans cette fameuse ville de Rome. Il y avait eu sept têtes ou rois; ce n'étaient pas des rois contemporains: car, est-il dit, cinq sont tombés; l'un est, et l'autre n'est pas encore venu. Ceci implique une succession. Cinq différents modes de gouvernement avaient déjà passé. «L'un est»; c'est à savoir, la forme impériale subsistante aux jours où l'apôtre vivait - la ligne des César. Un autre des sept n'était pas encore venu, mais quand il serait venu, il demeurerait un peu de temps.

«Et la bête qui était et qui n'est pas, est, elle aussi, un huitième, et elle est d'entre les sept, et elle va à la destruction.». (Vers. 11.)
Il y a ce caractère particulier attribué ici à la bête, que dans un sens elle serait d'entre les sept; et dans un autre sens, elle formerait un huitième ou une bête extraordinaire. Ce serait, sous un certain rapport, une toute nouvelle forme de puissance, tandis que sous d'autres ce ne serait que la réapparition de ce qui avait existé auparavant.
La raison en est que la bête pourrait bien être, au commencement, semblable à tout autre empire. Elle pourrait providentiellement devoir son avènement aux révolutions humaines; car les hommes, quand ils ont essayé de la démocratie, sont bien vite prêts à se trouver las et désappointés; et alors quelque bras vigoureux prend avantage de la réaction, et il en résulte assez ordinairement un pouvoir despotique. Je ne doute pas que telle ne doive être l'histoire de l'Occident.
Cette huitième tête, bien que ce soit personnellement un gouverneur, est présentée comme la bête ou l'empire, parce qu'elle est moralement l'empire, dirigeant, comme tête suprême, toute son autorité. Elle est d'entre les sept, car il y aura continuation ou reprise de quelque précédente forme de pouvoir. Mais elle sera huitième, c'est-à-dire que quelque chose de si particulier se rattachera à elle qu'elle méritera un nom pour elle-même. Ce trait nouveau se rapporte peut-être à la puissance diabolique qui caractérise la bête dans son dernier état ou sa quasi-résurrection.

«Et les dix cornes que tu as vues, sont dix rois qui n'ont pas encore reçu de royaume, mais reçoivent pouvoir comme rois, une heure avec la bête. Ceux-ci ont une seule pensée, et ils donnent leur propre puissance et leur propre pouvoir à la bête.»
Nous ne devons pas supposer que l'expression «une heure» indique, mystiquement ou littéralement, cette courte division de temps, ainsi qu'un grand nombre ont essayé, mais en vain, de l'expliquer. La signification est, que ceux-ci sont des rois qui reçoivent pouvoir comme rois pour un seul et même temps avec la bête. En elle-même, dans un sens abstrait, cette expression peut signifier un certain nombre d'années, ou seulement une courte période de temps. La question ne porte pas sur ce que signifie «une heure.» Le terme implique que ces dix cornes n'auraient pas simplement leur période de pouvoir, mais qu'elles recevraient leur puissance royale pour un seul et même temps avec la bête. Cela est très-important pour la saine intelligence de ce verset. C'est ce qui renverse tous les systèmes prophétiques par lesquels on a essayé de prouver, que ce chapitre avait reçu son accomplissement dans le passé ou dans le présent. La manière de voir ordinaire sur ce chapitre, peut renfermer une certaine mesure de vérité; parce que - et ceci, je le crois pleinement - le livre de l'Apocalypse fut destiné à recevoir un accomplissement partiel dans tout le cours de la dispensation. Mais l'entier accomplissement n'a lieu qu'à la fin.

Les hordes barbares descendirent du Nord et de l'Est de l'Europe et de l'Asie vers le VIIIe siècle, et couvrirent l'empire Romain, fondant de toutes parts sur l'Europe et l'attaquant à l'intérieur aussi bien que sur ses flancs, - de sorte que l'empire, déjà trop étendu et croulant sous son propre poids, ne se trouva pas dans la possibilité de se soutenir contre ces assauts vigoureux et réitérés venant de tant de côtés différents. Par degrés, les Goths et les Vandales, etc., s'établirent dans les diverses parties de ce qui était autrefois uni. Ils furent les ennemis qui détruisirent l'empire.

Mais ce n'est pas là ce que notre chapitre nous montre. Il nous dit que ces rois reçoivent pouvoir, une heure, avec la bête. En supposant que les chefs barbares aient été exactement au nombre de dix, cela même ne répondrait pas à ce que nous avons ici; parce qu'il nous est dit que ces rois reçoivent pouvoir pour un seul et même temps avec la bête. Ceux-là ne reçurent pouvoir que quand la bête fut tuée, quand l'empire romain fut tombé. Ils détruisirent la bête d'abord, et ensuite s'érigèrent en royaumes indépendants.

Impossible de se débarrasser de ce simple fait, de ce fait certain que ces pouvoirs ne furent pas des royaumes dans l'empire aussi longtemps que l'empire dura. Ils ne reçurent pas pouvoir avec la bête; combien moins encore donnèrent-ils leur puissance et leur force à la bête. Car rien n'est plus certain que le fait que quand ils devinrent des royaumes, ce fut aux dépens de l'empire.
Lorsqu'il eut pris fin, ils en relevèrent les fragments brisés et les convertirent en royaumes séparés, comme la France, l'Espagne, etc.; mais l'empire, comme tel, était tombé.

La bête qui est ici décrite acquiert pouvoir comme empire, on même temps que ces rois reçoivent pouvoir comme rois. En d'autres termes, ce sont des pouvoirs contemporains, la bête et les cornes, et en aucune façon ce que nous trouvons dans l'histoire. Cette prophétie nous montre que l'empire est seulement formé comme tel au temps où ces dix rois reçoivent leur pouvoir final. Ils sont co-existants, et ils ont leur domination ensemble - chacun de ces royaumes travaillant à une commune fin sous l'autorité de la bête.
Ainsi, dans les faits du passé il y a eu tout d'abord une puissance, une et non-brisée, lorsque l'empire romain gouvernait le monde occidental (2) et ne tolérait pas en dedans de ses propres limites l'existence de différents royaumes indépendants. Il n'y avait alors rien de semblable à des rois d'Espagne, de France, d'Italie, C'était un pouvoir qui absorbait tout et qui n'eut jamais supporté que des royaumes ainsi séparés se groupassent autour de la Ville impériale. Mais le trait particulier au futur empire renaissant, c'est qu'il admettra différents rois.
 
Deux choses seront unies qui ne l'ont jamais été auparavant. D'abord il y a eu l'empire sans rois - du moins ça été le cas en Occident, et c'est de lui qu'il s'agit ici. Ensuite, il y a eu des rois sans l'empire. Et voici en quoi consistera le nouveau trait caractéristique:ce ne sera ni la bête sans les rois, ni les rois sans la bête; mais tous les deux en même temps, la bête et les rois, marchant ensemble. Voilà ce qui n'a jamais existé auparavant.

Le chapitre nous fournit donc une vue de l'empire romain tel qu'il doit être relevé par la puissance de Satan, et nous montre que cet empire est destiné a être marqué du sceau spécial de l'ennemi, Dieu Lui-même permettant qu'il fasse son chemin pour un peu de temps, et qu'il exécute toute méchanceté avant que la fin arrive: - absolument comme Satan entra dans Judas lorsque celui-ci fut prêt à trahir le Seigneur pour le prix d'un esclave. Il était avant cela sous l'influence de Satan; mais il est dit qu'alors Satan entra en lui. Lui, ou son souverain sacrificateur, était le fils de perdition, et c'est justement là le nom donné à la future puissance qui s'élèvera contre le Seigneur Jésus-Christ. Cet empire doit monter de l'abîme, et être revêtu d'un caractère et d'une énergie diaboliques; et quand il se lèvera, il y aura dix royaumes ou rois exerçant le pouvoir royal pendant une même période de temps avec la bête.

Le verset suivant (13) nous montre la politique qui leur est commune. «Ceux-ci ont une seule pensée et ils donnent leur propre puissance et leur propre pouvoir à la bête.»
Ils ne sont pas jaloux de la bête; leur grande pensée est de l'exalter et d'agrandir son pouvoir. Et qu'en résulte-t-il? Quel est l'usage qu'ils font de leur puissance combinée?

«Ceux- ci combattront contre l'Agneau; et l'Agneau les vaincra (car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois) et ceux qui sont avec lui, appelés et élus et fidèles.» (Vers. 14.)
Ainsi, il est évident, d'après ce passage, que les saints célestes auront déjà été enlevés auprès du Seigneur. Ce n'est pas à ce moment que le Seigneur les reçoit; ils sont avec Lui pendant le combat et avant que le combat commence. Et ceci est confirmé par le chap. XIX, 14: «Et les armées qui sont au ciel, le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur.» D'où est-ce qu'elles le suivaient? La scène est céleste. Christ vient attaquer sur la terre le grand adversaire que Satan emploie; mais ce sont, les cieux qui s'ouvrent et c'est, de là que viennent, non- seulement Christ, mais «ceux qui sont avec lui appelés et élus et fidèles.»

Cette description ne s'applique pas aux anges; car, si l'on peut dire des anges qu'ils sont «choisis» ou «élus», on ne peut pas dire qu'ils sont «appelés.» «Appelés» est un titre appliqué aux hommes seulement, et implique l'opération de la grâce. Les anges ne sont pas des «appelés», et, je pense, ne pourraient pas l'être; car, si un ange se trouvait dans une condition de mal, il ne pourrait pas en être délivré; et, s'il est dans un état de sainteté, il n'a pas besoin d'être «appelé.»
L'appel suppose toujours une position de laquelle les appelés sont tirés. Le croyant est amené d'une position de péché et de misère dans une position de salut et de bénédiction. Cela est vrai de l'homme seulement.
Il est la seule créature de Dieu qui soit appelée, par la grâce de Dieu, d'un état de ruine dans la bénédiction et la gloire de la rédemption. Et comme au chap. XVII, 14, il y a cette expression qui nous montre positivement qu'il est parlé des saints et non des anges; ainsi, au chap. XIX, 14, il nous est dit que les armées qui suivent l'Agneau venant du ciel, sont «vêtues de fin lin, blanc et pur.» Or, il est écrit dans ce même chapitre (vers. 8): «le fin lin, ce sont les justices des saints

On demandera: N'est-il pas dit des anges qu'ils sont vêtus de lin? Oui, cela est dit, mais ce n'est pas le même terme qui est employé. (Voir Apoc. XV, 6.) L'Esprit de Dieu emploie dans sa description une expression différente, et ne confond jamais les deux choses. Ce qui donc est plusieurs fois indiqué, c'est que les saints glorifiés sont dans le ciel - avec le Seigneur - avant que commence ce combat, et pas seulement avec le Seigneur en l'air.
Lorsque le Seigneur viendra, nous irons bien à sa rencontre en l'air; mais alors ce sera pour qu'Il nous prenne au ciel. Et lorsqu'il vient pour juger et faire la guerre, nous venons du ciel avec Lui.

Combien il s'écoulera de temps pendant que nous serons dans le ciel et avant que nous venions avec le Seigneur, c'est ce que nous ne savons point. Mais la venue du Seigneur pour les saints est un événement qui aura lieu un certain temps avant sa venue avec eux. Quand Il vient avec ses saints, c'est dans le but de juger la bête et ses adhérents. Alors l'Église viendra avec Lui, et aussi les saints de l'Ancien-Testament; car ils seront, je n'en doute pas, enlevés à la rencontre du Seigneur en même temps que nous.
«Ceux-ci combattront contre l'Agneau» - mais la victoire est sûre - «et l'Agneau les vaincra..... et ceux qui sont avec Lui, appelés et élus et fidèles.»

«Et il me dit: Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, et des foules, et des nations et des langues. Et les dix cornes que tu as vues et la bête, - celles-ci haïront la prostituée, et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu.» (Vers. 15, 16.)
Voici un autre verset de grande valeur pour l'intelligence du chapitre.
Dans notre texte reçu, il est dit: «les dix cornes que tu as vues sur la bête» (vers. ang.); il faut lire: «les dix cornes que tu as vues et la bête.»
L'importance du changement (et il a pour lui une autorité positive) consiste en ceci: quand on lit: «les dix cornes sur la bête», on pourrait s'imaginer que l'empire romain a disparu et que les dix cornes en ont pris la place. Ceci concorderait fort bien avec l'histoire du passé. Mais comme nous avons vu ci-devant que les dix cornes reçoivent le royaume pour un même temps avec la bête, pareillement ici l'Esprit de Dieu dit: «Les dix cornes que tu as vues et la bête.» Et quiconque compare ce passage avec le vers. 2, s'apercevra combien la manière de rendre ordinaire est erronée. «Les dix cornes que tu as vues et la bête, - celles-ci haïront la prostituée, et la rendront déserte et nue», etc. (3)

La révolution française du dernier siècle nous présente un petit spécimen de cela, accompli, non pas, cela va sans dire, par la Bête ou par les rois, mais par la volonté du peuple. Là, vous avez un peuple furieux s'élevant contre la femme, - la puissance ecclésiastique qui avait gouverné la terre étant complètement livrée à la rage de la multitude; et les hommes s'enrichissant à ses dépens.
Mais nous ne devons jamais réprimer un tort en nous rendant coupables d'un autre. Se comporter chrétiennement vis-à-vis du mal, nous élève toujours, par grâce, au-dessus de lui.
Des événements que l'on a vus sur une petite échelle, seront plus tard réalisés sur une grande. Des gens de bien - des hommes dignes d'honneur et sages à tous autres égards, ont non-seulement désiré de se débarrasser de Babylone; mais n'ont été que trop enclins à sanctionner tous les moyens d'atteindre ce résultat. Je ne dis point que les saints ne sont pas appelés à se réjouir de sa chute, mais ils ne doivent pas se mêler aux instruments de cette chute, ni caresser l'espoir mal fondé qu'alors et par ce moyen il y aura bénédiction.

Rome sera toujours la ville centrale de ce système corrompu. «La femme que tu as vue est la grande ville, qui a la royauté sur les rois de la terre.» (Vers. 18.)
Il y aura, sans doute, un plus grand développement de cela avant que la fin arrive; car celle qui est assise comme reine a donné, même en nos jours, la preuve qu'elle peut inventer de nouvelles doctrines et vanter de nouveaux miracles, développer le mal sans conscience et devant une bien faible protestation, bien plus, au milieu même des acclamations universelles. Et je présume, que ce qui est vrai de tous les autres cas, sera également vrai de Rome: savoir, que quand le jugement viendra sa coupe sera pleine. Il en fut ainsi de l'iniquité des Amorrhéens quand Dieu les jugea. Mais Dieu se servira des pouvoirs de la terre pour agir contre Babylone.
Sans nul doute, les rois seront satisfaits d'eux-mêmes pour s'être débarrassés d'une telle chose; mais alors il se peut que les instruments employés soient aussi mauvais que le mal lui-même. Et quelle sera l'issue?
Le millénium?
Tout le contraire; ils combattront contre l'Agneau. Ils ne se seront pas seulement débarrassés de Babylone; mais ils combineront leurs efforts contre Christ, et cela de la façon la plus directe et la plus sinistre. Quand ce jour-là viendra, l'homme, au lieu d'avoir reçu quelque amélioration en se tournant contre Babylone, donnera toute sa puissance à la bête; et si mauvaise que soit Babylone, il y a dans la bête une méchanceté plus ouverte. Rien sous le soleil n'est plus haïssable devant Dieu que la religion, là où elle est employée pour couvrir la corruption; et voilà Babylone.
Mais c'est à la bête et au faux prophète qu'il appartient de renier Dieu entièrement. Ainsi que nous lisons dans les Psaumes: «L'insensé a dit en son coeur: il n'y a point de Dieu.» Babylone n'est pas cet esprit volontaire et rebelle. C'est pourquoi nous voyons ces pouvoirs vengeurs aller combattre contre l'Agneau après avoir détruit Babylone, mangé sa chair et l'avoir brûlée au feu; enfin, après s'être enrichis à ses dépens. Ils se dresseront en opposition ouverte contre l'Oint de Dieu, l'Etre saint et céleste que les souffrances ont consommé.

«Car Dieu a mis dans leurs coeurs d'accomplir sa pensée, et d'accomplir une seule pensée, et de donner leur royaume à la bête jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies.» (Vers. 17.)
Qu'il est intéressant de remarquer que c'est l'homme qui accomplit ainsi les paroles de Dieu, quand sa seule pensée à lui est que, par haine envers Dieu, il efface de dessus la terre de toutes choses la plus corrompue!
Sans doute, Babylone l'aura mérité; mais les rois, sans savoir comment, ne font qu'une oeuvre servile pour Celui dont ils nient l'autorité. Ils auront eu en vain devant leurs yeux toutes les voies de Dieu sous la loi; ils auront eu, et seulement pour la mépriser, l'entière révélation en Christ de la grâce et de la sainteté fondée et manifestée en la croix de Jésus; ils auront entendu et rejeté le témoignage du dernier jour, l'évangile du royaume, qui sera porté par d'autres, et, je crois, par des témoins Juifs, après que l'Église aura été enlevée au ciel.

Toute prétention à constituer un nouveau témoignage pendant que l'Église est sur la terre, doit être nécessairement fausse. Mais quand l'Église s'en sera allée, Dieu reprendra ses relations avec son peuple d'Israël, et rendra un témoignage qui n'aura pas proprement pour but de chercher les âmes pour les mettre en relation avec Christ dans le ciel - ce qu'il fait aujourd'hui - mais d'envoyer au loin, à travers le monde habitable, pour être un témoignage à toutes les nations, l'heureuse nouvelle que le Roi de Dieu vient pour établir Son royaume; «et ensuite la fin.»

C'est la communion avec Christ comme Celui qui a souffert, qui nous délivre de l'esprit de la bête, l'esprit d'orgueilleuse indépendance. De quelle manière serons-nous victorieux avec l'Agneau? C'est en étant avec Lui: être avec Lui, c'est ce qui nous donne la victoire dès maintenant. Notre force, en tout ce qui se présente devant nous, consiste à demander:
Quel est le sentiment du Seigneur à cet égard?
Supposons que je sois invité à me rendre à quelque grand spectacle, à me joindre à quelque mouvement qui peut être fort attrayant pour la nature; - la question est: Le Seigneur sympathise-t-il avec cela? Est-il là? Et si cette manière de juger des choses s'applique à tous les autres cas, elle sera bien plus décisive encore en ce qui concerne les choses les plus saintes, comme, par exemple, le culte. Qu'est-ce que le Seigneur sanctionne et avec quoi sympathise-t-il? Qu'est-ce qui est le plus en harmonie avec Son coeur et Sa pensée? Qu'est-ce qui, en réalité, et avec intelligence et obéissance, Lui rend honneur? Telle est pour la foi la clé unique dans ce monde; elle ouvre bien des difficultés, et par la porte ouverte il y a pour nos pieds un sentier facile.

Le Seigneur veuille qu'aucun de nous ne mette de côté ces vérités solennelles! Négliger Son avertissement, c'est incliner d'autant vers l'état de choses dont nous venons de parler. Ce qui de nos jours pousse dans cette direction, c'est de ne point tenir compte des paroles de Dieu, quoique à la fin elles doivent se vérifier en nous à notre propre honte. Nous verrons alors combien peu nous avons connu la réelle soumission du coeur à Dieu; combien peu nous avons apprécié la grâce dans laquelle nous sommes, et combien peu nous nous sommes réjouis dans l'espérance de Sa gloire. Il sera prouvé que nous n'avons pas tenu à honneur d'obéir, et d'abandonner ce que peut-être nous aimions, ou ce que d'autres pouvaient aimer pour nous, là où il s'est agi de la volonté de Dieu. Car pour nous, c'est là ce qui devrait décider de tout, parce que nous sommes sanctifiés «pour l'obéissance de Jésus-Christ et l'aspersion de son sang», c'est-à-dire pour le même caractère d'obéissance qui distingua le Seigneur Jésus ici-bas. Il ne nous convient pas d'obéir seulement parce que nous le devons.
Ce n'est jamais ainsi que le Seigneur obéit, Si quelqu'un fait une chose, seulement parce qu'il sait qu'il sera puni pour ne l'avoir pas faite, cela montre clairement que son coeur n'y est pas, qu'il voudrait ne la point faire.
L'obéissance chrétienne, c'est le désir de faire une chose parce que telle est la volonté de Dieu, et le Saint-Esprit nous en communique la puissance en présentant Christ à nos affections. Souvenez- vous que c'est pour cela que nous sommes sanctifiés. Sauvés par le sang de l'aspersion, au lieu de l'avoir devant nous comme une menace de mort, ainsi qu'en Exode XXIV, nous sommes sanctifiés pour l'obéissance de Jésus-Christ.

Nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce, et conduits par l'Esprit de Dieu. Puissions-nous jouir de la puissance de Son Esprit et de la plénitude de Son salut! N'oublions pas toutefois que ce n'est pas pour nous-mêmes que nous sommes ainsi sauvés, mais pour obéir selon le modèle et la mesure de l'obéissance de Jésus.


(1) Le texte reçu en Apocalypse XXI, 10 est fautif.

(2) C'est-à-dire seulement la partie proprement romaine de l'empire, ainsi que cela découle de Dan. II. 34, 35, et du chap. VII - pour ne rien dire de Dan. XI; tous passages desquels il résulte clairement que le royaume partie de fer et partie de terre ne se rapporte pas à ce qui fut jadis, en dehors de l'Europe, sous la domination romaine, mais à la partie Occidentale qui n'appartint jamais à la Grèce, ni à la Perse, ni à Babylone. 

(3) C'est en vain que l'école Protestante s'efforce de concilier ce passage avec sa théorie, que la femme et la bête se rapportent à l'église ou à la ville de Rome et à la papauté. Ainsi, par exemple, on a récemment annoncé que la femme est la  Roma Dea, tant païenne que papale, la scène représente Rome elle-même sous ce dernier point de vue, et l'explication de l'ange impliquant aussi l'histoire préalable du paganisme.
En conséquence, on pense que, non couronnées, les dix cornes sont les pouvoirs Gothiques désolant Rome, et que, couronnées, ce sont les mêmes royaumes donnant leur puissance au pape.
Bien certainement, les barbares ont ravagé l'empire dans son ensemble - non pas la ville exclusivement - et de cet empire démembré ont formé leurs propres royaumes indépendants: ce qui revient à dire que la bête fut bien plus totalement endommagée et détruite que la femme. Ces hordes n'étaient pas non plus unies dans un commun sentiment de haine envers Rome. L'envie, la cupidité, la soif de conquête, caractérisent plus fidèlement les motifs de la horde particulière qui attaqua la ville.

Encore moins peut-on dire que, couronnés ou non, ces peuples donnèrent leur puissance au pape. Il serait plus vrai de dire qu'ils la tirèrent de lui, comme tête ecclésiastique et spirituelle. Pour ma part, j'admets en plein ce principe, que l'explication de l'ange nous fournit, non-seulement la clef de ce qui a été vu à l'origine, mais une vérité additionnelle.
Seulement, l'absurdité consiste, comme je l'ai fait voir, à présumer que ce nouveau renseignement est quelque chose qui concerne l'ancienne forme païenne de Rome. Il présente, au contraire, le futur aspect final, alors que la bête et les dix cornes auront une politique commune, d'abord pour assouvir leur haine et satisfaire leur cupidité sur la prostituée, - ensuite, pour rassembler leurs forces, de consentement unanime, en vue du combat final contre l'Agneau. La bête doit monter de l'abîme, et le Seigneur des seigneurs descend du trône de Dieu.
Le chapitre nous fournit le caractère et la description, point de dates. L'histoire est résumée au chap. XIX. - premièrement, par rapport au ciel, et en second lieu par rapport à la terre, les chap. XVII et XVIII présentant un épisode descriptif.
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