Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XVI.

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 Je m'étendrai un peu sur les détails des jugements de Dieu, tels qu'ils sont contenus au chap. XVI. C'est un douloureux et humiliant sujet, quand nous pensons que telle est la fin annoncée d'avance des progrès tant vantés de l'homme.
J'essaierai donc de jeter un coup-d'oeil sur ces sept plaies. «Et j'ouïs une grande voix (venant) du temple, qui disait aux sept anges: Allez et versez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu.» (Vers. 1).

L'effusion de la colère n'est plus restreinte maintenant à la troisième ou à la quatrième partie de la terre; mais au contraire, la scène tout entière est livrée au jugement. Il n'y à pas seulement un surcroît de sévérité, mais tout ce qui a possédé la lumière de Dieu et joui largement des privilèges extérieurs, est en complète apostasie et abandonné à sa colère.
«Et le premier s'en alla et versa sa coupe sur la terre; et un ulcère mauvais et malin vint sur les hommes qui avaient la marque de la bête, et sur ceux qui rendaient hommage à son image. Le second ange versa sa coupe sur la mer».
Les quatre premières coupes ressemblent aux trompettes en ceci, que les unes et les autres tombent sur la terre et sur la mer, sur les fleuves et sur les fontaines des eaux, et finalement sur le soleil. Il peut se rencontrer certaines différences: par exemple, dans la quatrième trompette, ce fut seulement la troisième partie du soleil qui fut frappée. Ici, il est dit simplement: «Le soleil». Néanmoins, il s'agit de la même sphère. De plus, je pense que les objets de ces plaies, la terre, la mer, etc., ne doivent pas.être pris au sens littéral seulement. Le langage est symbolique. Ce n'est pas que j'éprouve, dans mon esprit, la moindre difficulté à croire que Dieu ne puisse exécuter ces choses d'une manière littérale, si telle était sa volonté. Il a ainsi fait avant ce jour. Il a changé en sang les eaux de l'Égypte, rempli de ténèbres un royaume et infligé des plaies semblables à celles que nous avons ici: de sorte qu'il n'y a pas de difficulté à concevoir que la même chose se renouvelle. Mais la seule question est de savoir si c'est là ce que nous devons recueillir du chapitre qui est devant nous. Je pense que non, et je croîs que Dieu fait ici allusion à des plaies qui autrefois furent littérales dans le pays d'Egypte, mais qui ne sont rappelées maintenant qu'avec une portée symbolique, comme exprimant certains jugements de Dieu.

Premièrement, ce sont les parties stables et organisées du monde qui sont frappées comme d'une maladie ulcéreuse là où les hommes portaient les stigmates de leur assujettissement au pouvoir civil apostat et à son idolâtrie.
Ensuite, il y a un jugement sur la mer, c est-à-dire sur les régions extérieures où la profession de la vie est tout-à-fait éteinte.
La troisième division, représentée par des fleuves, désigne, ce me semble, des peuples formés en états séparés ou nationalités, comme des eaux qui coulent dans des canaux distincts sous une influence locale particulière.
Et les fontaines désigneraient plutôt les sources de la prospérité d'une nation. Tous les principes actifs revêtent le caractère de la mort.
Le troisième jugement s'applique à de moindres détails que les précédents.
Le quatrième a lieu sur la suprême autorité publique.

Aux versets 5-7 nous avons un ou deux mots, qui, changés ou lus convenablement, ajoutent à la force et à la clarté complètes du passage: «Tu es juste, toi qui es et qui étais» etc.
J'ai fait remarquer (au chap. XI) que les termes: «et qui seras» étaient ici absolument sans portée, et que l'expression «Le Saint» est celle qu'appuient les meilleurs témoignages. C'est l'expression même qui se rencontre au quatrième verset du chap. XV - l'expression la moins usitée pour rendre le mot «saint».
Avant que ces coupes soient répandues, Dieu est célébré selon sa miséricordieuse sainteté. «Tu es juste». Cela était évident, car Dieu versait sa colère sur les hommes dans leur iniquité précisément parce qu'il était juste. Mais il y a plus que cela: - «Qui es et qui étais, le Saint». Avant que les coupes fussent répandues, et encore maintenant qu'elles sont en voie de l'être, cela demeure vrai. L'ange des eaux atteste la bonté de Dieu, même pendant qu'Il juge ainsi - acte qui aurait pu paraître en contradiction avec cette bonté. Lui aussi, d'en bas, répond au cantique d'en haut. Si les saints qui se tiennent en repos sur la mer de verre, célèbrent Dieu comme étant miséricordieux dans sa sainteté, l'ange confirme leur témoignage.

«Car ils ont versé le sang des saints et des prophètes. Tu leur as donné du sang à boire; ils sont dignes». (Verset 6, vers, ang.)
Il s'agit d'une juste rétribution; ils sont dignes dans un sens effrayant. «Et j'entendis» (non pas «un autre du côté de l'autel», mais) «j'entendis l'autel disant». (Vers. 7.) Parler de «l'autel disant» paraît chose extraordinaire, et nul doute que les autres mots furent ajoutés parce qu'on trouvait cette forme si étrange. Mais il n'y a là rien de contraire à l'usage prophétique, si l'on considère cette forme au point de vue symbolique.
Personne ne voudrait intentionnellement introduire une difficulté dans l'Écriture; mais il n'est que trop commun de chercher à écarter de la Parole ce que l'on ne comprend pas, afin de le mettre en accord avec la façon de penser ordinaire. De plus, vous avez ailleurs ce qui nous prépare à la familiarité de cette forme.
Au chap. IX, 13, il est dit: «Et j'entendis une voix (sortant) des quatre cornes de l'autel d'or qui est devant Dieu». Ici, (chap. XVI) la figure va plus loin: la voix est déclarée être celle de l'autel lui-même. Pour moi, ce fait confirme ce que nous avons eu plusieurs fois occasion de remarquer - à savoir, combien les hommes sont impropres à se mêler de retoucher l'Écriture, malgré leur disposition à le faire. Voici pourquoi l'expression, «J'entendis l'autel disant», possède une grande force.

Dans une portion précédente du livre, on voyait sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été «égorgés pour la Parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils avaient maintenu.» Ici maintenant, cet autel qui avait été témoin de l'effusion de leur sang est dit crier à Dieu et reconnaître que ses jugements sont véritables et justes. Dans le premier livre de la Bible il est parlé de la terre comme criant à Dieu au sujet du sang d'Abel: à combien plus forte raison l'autel ne devait-il pas crier au sujet du sang des saints martyrs pour Dieu?
Selon moi, cette forme est d'une convenance toute particulière. S'il se fût agi simplement d'un ange, cela n'eût été qu'un lien relativement distant; car un ange, bien que servant en faveur de ceux qui sont héritiers du salut, n'entre pas aussi directement dans leurs souffrances: tout au plus peut-on dire qu'il éprouve une sympathie immédiate pour eux. Mais Dieu a non-seulement vu les os de ses saints dispersés sur les froides montagnes, comme s'expriment les poètes; il considère, de plus, ses saints comme autant d'holocaustes s'élevant devant Lui, et dont le sang, ou plutôt l'autel qui en est témoin, crie d'indignation et demande la colère.
Le Seigneur peut paraître assoupi pour un temps; mais quand Il se lèvera comme quelqu'un qui se réveille, Il vengera sûrement leur sang de ceux qui habitent sur la terre. Et maintenant ce temps-là est proche. La grande Babylone n'était pas encore venue en mémoire devant Dieu, quoiqu'elle fût dès le commencement la corruptrice particulière de la vérité et qu'elle se fût enivrée du sang des saints. Mais cependant l'autel ne peut pas se tenir en repos, et le Seigneur écoute. Car le Dieu qui recueille les soupirs de la création répondra sûrement au cri de l'autel concernant ses égorgés.

«Et le quatrième ange versa sa coupe sur le soleil; et le pouvoir fut donné à celui-ci de brûler les hommes parle feu». (Vers. 8).
C'est un jugement sur le soleil, type du gouvernement suprême; de sorte que ce qui aurait dû être l'instrument de la lumière et du bien-être, le grand luminaire destiné à dominer sur le jour, devient maintenant l'instrument pour brûler les hommes par le feu. L'effet de sa tyrannie est insupportable. «Et les hommes furent brûlés par de grandes chaleurs, et ils blasphémèrent le nom de Dieu qui a pouvoir sur ces plaies, et ils ne se repentirent pas pour lui donner gloire». (Vers. 9.)

«Et le cinquième versa sa coupe sur le trône de la bête», etc., (vers. 10).
Nous entrons maintenant dans une catégorie de jugements quelque peu différents; car les trois dernières coupes diffèrent des quatre premières, tout comme les trois dernières trompettes différaient de caractère avec les autres: et il en est de même pour ce qui regarde les sceaux. Il est évident que la cinquième, la sixième et la septième coupes sont distinctes des quatre précédentes.

Le jugement tombe sur le trône de la bête et sur son royaume, non sur la bête elle-même, laquelle, apparemment, n'est pas atteinte par ces coupes. Elle est réservée pour le jugement que le Seigneur Jésus Lui-même exercera à sa venue, et sera détruite par Son apparition. Ici le coup est seulement frappé contre le siège de son autorité; et de même qu'autrefois le roi Pharaon fut endurci, pareillement ici les hommes blasphèment contre le Dieu du ciel et ne se repentent pas pour leurs oeuvres (vers. 11). Lorsque Dieu se manifestera comme le Dieu de la terre, une telle repentance ne sera pas possible.

«Et le sixième versa sa coupe sur le grand fleuve Euphrate; et l'eau de ce fleuve tarit, afin que la voie des rois qui viennent du soleil levant fût préparée». (Vers. 12).
L'Euphrate était la grande limite orientale de l'empire romain, la limite reconnue jusqu'à laquelle les Romains avaient étendu leurs conquêtes. De sorte que le dessèchement du fleuve semblerait signifier que ce côté-ci de l'empire serait laissé ouvert comme un passage par lequel les puissances de l'Orient viendraient se mélanger avec celles de l'Occident, ou bien les assaillir.
Un des effets de cette coupe serait donc le déplacement de la barrière orientale, fait par lequel la voie des rois qui proviennent du soleil levant serait ainsi préparée, probablement pour les grandes luttes finales.
Mais il y a plus que cela. «Je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la Bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes comme des grenouilles» (vers. 13).
Ceci précède juste la fin. Ces esprits murmurateurs procédaient de la bouche des trois pouvoirs que nous avons vus au chap. XIII: du dragon, l'ennemi déclaré de Christ; de la Bête, l'empire Romain rétabli; et du faux prophète, la Bête au caractère ecclésiastique, qui avait deux cornes semblables à un agneau, imitant la puissance de Christ, mais ici présentée seulement sous le masque trompeur de la religion.
«Car ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s'en vont vers les rois de toute la terre habitable pour les assembler pour le combat de ce grand jour du Dieu tout-puissant.»
Cette déclaration confirme ce que je viens d'avancer au sujet de l'Euphrate. C'est une collision générale des rois de tout le monde habitable. Ce ne sont pas seulement les puissances occidentales, mais aussi les orientales. C'est le grand jour.
Mais nous arrivons maintenant à une parenthèse importante. Comme cela avait déjà eu lieu sous le sixième sceau et sous la sixième trompette, de même ici nous avons une interruption:
 
«Voici, je viens comme un larron. Bienheureux est celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin de ne pas marcher nu et qu'on ne voie pas sa honte.» (Vers. 15.)
C'est le Seigneur qui vient, mais qui, alors, vient eu jugement pour surprendre la terre; et c'est la raison pourquoi une semblablefigure est employée. Le larron vient d'une manière inattendue et importune: et bien plus repoussante sera pourtant encore la venue du Seigneur pour la terre. Mais il y aura des saints pour lesquels elle sera bienvenue, et à qui son apparition apportera la délivrance par le jugement de leurs ennemis. Et il est enjoint à ces saints-là de veiller de près dans la vie de chaque jour.
«Voici, je viens comme un larron.» Ce n'est pas ainsi que le Seigneur se présente à nous, sauf en ce qu Il nous dit comment il apparaîtra au monde ou à la masse professante qui y est plongée.
Lorsque c'est à nous qu'il parle de son arrivée, Il dit: «Je viens bientôt, tiens ferme ce que tu as afin que personne ne prenne ta couronne.» Aurait-on besoin de dire de combien cette parole est plus précieuse? Venir comme un larron, présente l'idée de la surprise. Pour nous, il viendra comme un Seigneur plein de grâce, qui aime que nous trouvions le repos de nos affections et notre gloire en Lui et avec Lui: telles sont notre portion et notre espérance propres. Ici, il ne s'agit pas d'un enlèvement au ciel, mais d'une délivrance juive par le moyen du jugement.

Puis, après la fermeture de la parenthèse, il est dit: «Et il les assembla au lieu appelé en hébreu: Armageddon.» (Vers. Ang.) Il pourrait paraître singulier qu'il soit dit: «Il les assembla»;car au 14e verset ce sont les esprits de méchanceté, ou esprits de démons qui sont sortis pour assembler les rois de la terre.
En voici la raison. Dans le langage que le Saint-Esprit emploie ici, le terme peut signifier également «il assembla» ou  «ils assemblèrent.» Il y a certains cas où, dans ce langage, il est difficile d'établir si c'est par le pronom singulier ou par le pluriel qu'il faut rendre l'original, et celui-ci en est un.
Le terme «démons» est-de telle nature que le verbe dont il est sujet peut être, ou singulier ou pluriel. Ici le sujet n'est pas exprimé: il est donc laissé jusqu'à un certain point au choix du lecteur: tout dépend du sens du contexte. Si on traduit: «Il assembla», on a dans sa pensée le Dieu tout-puissant qui pourrait être dit faire une telle chose par l'intervention de ces esprits immondes. Si on se décide pour: «ils assemblèrent», cela signifierait simplement que les esprits de démons avaient atteint le but pour lequel ils étaient envoyés.
Au verset 14, ils se mettent à l'oeuvre pour assembler les rois, et au verset 16 les rois sont assemblés. Le lieu de rassemblement qui est mentionné ici, appelé en Hébreu Armageddon, présente, pense-je, une allusion à Juges V, 19. «Les rois sont venus; ils ont combattu; les rois de Canaan ont alors combattu à Tahanac, des eaux de Méguiddo.»

Ce n'est pas que Méguiddo fût un lieu de grande étendue ou de grande renommée. Dieu regarde au principe impliqué dans ce qui se passe là. Israël était dans une pauvre condition. Il y avait une prophétesse dont l'Éternel se servait pour leur donner du courage; et lorsqu'ils étaient encouragés par elle, ils remportaient une grande victoire sur leurs ennemis. Le même lieu est mentionné en 2 Chron. XXXV, 22, où  Josias reçut sa blessure mortelle en combattant contre le roi d'Egypte. Mais je doute que ce soit à cet incident que l'Esprit de Dieu fasse ici allusion. Car au temps des Juges à Méguiddo se rattachait un souvenir de joie et de triomphe pour Israël.
Au temps de Josias, c'était un lieu de tristesse: tout Juda et Jérusalem menaient deuil sur Josias. Ce fut le deuil d'Hadadrimmon dans la plaine de Méguiddo» (Zach. XII, 11) qui, historiquement parlant, fit écrire le livre des Lamentations. Pour cette raison donc, je crois que Armageddon (c'est-à-dire la montagne de Méguiddo), se rapporte ici, non pas à la douleur de Juda en 2 Chroniques, mais au rassemblement et à la défaite des rois Gentils mentionnés dans le livre des Juges: car ici, c'est le Seigneur qui renverse les nations.
Il avait été déclaré Roi des nations en Apoc. XV. C'est pourquoi, trouver ici une allusion à un temps où le pieux monarque Juif fut, mis à mort par un Gentil, serait chose peu appropriée; tandis qu'en y voyant un rapprochement avec le jour où Israël avait été conduit à la victoire, même par une femme, nous sommes bien naturellement amenés à la scène décrite ici, dans laquelle les rois du monde entier sont assemblés, mais seulement pour une destruction plus terrible.

Quelques mots suffiront au sujet de la dernière coupe. «Et le septième versa sa coupe dans l'air: et il sortit du temple du ciel une grande voix qui procédait du trône, disant: C'est fait.» (Vers. 17.)
Ce jugement-ci est plus pénétrant et affecte plus les hommes et leur respiration de vie qu'aucun de ceux que nous avons vus précédemment. Il a lieu sur l'air si indispensable à l'existence de l'homme. Au point de vue symbolique, c'est un jugement qui frappe quelque chose d'essentiel à la vie et au bien-être des hommes, comme ce que nous respirons. Tout est terminé pour ce qui concerne la colère de Dieu répandue par le moyen des coupes.

«Et il se fit des éclairs, et des voix et des tonnerres, et il se fit un grand tremblement de terre, un tel tremblement, si grand, qu'il n'y en eut jamais de semblable depuis que les hommes sont sur la terre. Et la grande ville fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent.»
Il s'opère une convulsion profonde et sans exemple dans les associations civiles, ne renversant pas seulement ce qui est appelé «la grande ville» (ou tout ce qui avait été établi dans la limite de l'empire Romain), mais encore les villes des nations.
Cette dernière parole signifie que tout ce que les nations avaient édifié au point de vue politique, en dehors de Rome, est frappé de ruine. Et ce qui plus est, la grande Babylone - cette contre-façon de l'Épouse, ce système de mal religieux jusqu'à présent entouré d'un si grand succès, la mère des prostituées et des abominations de la terre, Babylone la grande, vint en mémoire devant Dieu, pour recevoir de Lui la coupe du vin de la fureur de sa colère. Ce dernier terme, Babylone la grande, a plutôt trait au caractère moral, à l'idolâtrie.

«Et toute île s'enfuit, et les montagnes ne furent pas trouvées. Et une grande grêle, du poids d'un talent, descend du ciel sur les hommes, et les hommes blasphémèrent Dieu», etc. (Vers. 20, 21.)
Il n'est pas nécessaire que je m'étende d'une façon particulière sur l'explication offerte par les principaux défenseurs de l'interprétation historique.
M. E. appliquait le tourbillon de grêle à quelque terrible châtiment de la France, le royaume le plus au nord des pays papistes, cela d'une manière bien analogue à ce qu'il s'était imaginé des précédents jugements, ainsi qu'il le disait, de la septième trompette. Et cette opinion est encore celle qui est établie dans le texte des Horae Apoc., vol. IV, p. 23. Mais, dans une note, il fait remarquer que plusieurs commentateurs préfèrent l'appliquer à la puissance Russe. «En revoyant mon ouvrage, dit-il, et en comparant cette prophétie avec celle d'Ézéchiel XXXVIII, XXXIX, qui semble indiquer la Russie comme prenant part à la grande lutte prémilléniale, ainsi que cela sera exposé à la fin de mon prochain chapitre, - je ne puis pencher vers la même vue.

Je remarque que la grande grêle est dite ici tomber après, non avant, la division de la ville en trois parties.» Ayant déjà émis ma manière de voir sur le cas similaire de Apoc. XI. 19, et montré l'erreur qu'il y a à faire rapporter ce verset à la septième trompette - ce qui constitue la prétention de ces écrivains, - il me suffira de remarquer que le parallèle avec Ézéchiel est particulièrement malheureux, parce que, dans ce prophète, la scène se passe en Palestine, et non pas dans l'empire papiste, ou l'occident; que l'issue n'est pas en un fléau infligé aux autres, et comme conséquence, Dieu blasphémé, mais dans la complète déroute du prince de Rosch, de Mésec et de Tubal avec sa nombreuse multitude, et Dieu sanctifié par cela même. «Et j'entrerai en jugement avec lui par la mortalité, et par le sang, et je ferai pleuvoir sur lui, et sur ses troupes, et sur les grands peuples qui sont avec lui des torrents d'eau, de pierres de grêle, du feu et du soufre.»

Ainsi, c'est Dieu qui frappe de grosses pierres de grêle la Russie envahissante, et non pas elle qui frappe les autres. «Je me glorifierai, et je me sanctifierai (ce n'est donc pas les hommes blasphémant Dieu à cause du fléau de la grêle) et je serai connu en la présence de plusieurs nations; et elles sauront que je suis l'Éternel.»
En vérité, le lecteur n'a simplement qu'à examiner le contexte du prophète juif pour avoir raison de l'absurdité qu'il y a à mettre cette scène en connexion avec le tourbillon de grêle de la septième coupe. Car les Juifs, savoir Israël envisagé dans son ensemble, sont supposés être à ce temps-là restaurés et unis dans leur propre terre, lorsque Gog l'envahit par soif de conquête. Il n'y a nulle raison de penser que tel soit le cas sous les coupes. M. E. non plus n'en juge pas ainsi, si je comprends bien ses remarques sur le premier «Alléluia» entonné, au chap. XIX, et qu'il considère comme indiquant la conversion des Juifs après la catastrophe finale de Babylone, lorsque la dernière coupe a été versée et a marqué le temps de sa destruction.

Avant que Dieu établisse son dessein en puissance, vous voyez un accomplissement moral à l'oeuvre, soit dans son peuple soit dans le monde. Ainsi, par exemple, si Dieu doit produire une séparation de son peuple par le jugement, et c'est ce que nous avons au chap, XV, je ne doute pas que dès maintenant son peuple ne soit gracieusement mis à part par l'Esprit de Dieu. Si, de l'autre côté, le coeur des hommes doit être frappé d'une énergie d'erreur, de sorte que même les «jugements de Dieu» ne feront qu'aggraver le mal selon toute apparence, quelque chose d'analogue s'opère de nos jours. N'est-ce pas un signe effrayant, que des chrétiens, en face de paroles telles que celles-ci, puissent attendre quelque amélioration réelle des choses dans l'état où elles sont actuellement? Ici nous avons la véritable scène finale dévoilée par le Seigneur, après tous les efforts et toutes les vanteries des hommes. Les parties de la terre les plus favorisées, son centre moral et civilisé, seront remplies d'apostasie, et c'est là que la colère de Dieu doit se compléter. Ceci doit avoir lieu avant que le Seigneur Jésus vienne en gloire pour établir son royaume, car c'est à Lui en personne que la Bête aura affaire. Sous les coupes c'est Dieu qui châtie dans sa colère. Mais quel en est l'effet? Les hommes blasphèment Dieu. Au lieu de se repentir ils vont en empirant à chaque pas.

C'est une terrible chose que de voir ce mal se répandre moralement sur le monde; mais, de son côté, le Seigneur aussi met à part pour Lui-même par la foi et l'amour. Puissions-nous retenir ferme la grâce! Nous en aurons besoin. C'est le seul lieu, non-seulement de privilège, mais de sécurité.
Que penserions-nous de l'homme qui voudrait n'aller qu'aussi loin qu'il juge pouvoir le faire pour n'être pas perdu? d'un homme qui sent le besoin d'être sauvé, mais qui, en même temps, voudrait pratiquer le péché autant que son opinion le lui permettrait avec la possibilité d'échapper à la fin? Mais comme le Seigneur met à part au moyen de l'affection individuelle pour sa Personne là où il y a  de la foi; ainsi voyons-nous l'inverse là où la foi fait défaut. Dieu livre les hommes à une énergie d'erreur, et tout ce qu'il opère par la voie des jugements ne fait que les endurcir. C'est là ce qui a lieu maintenant d'une manière préparatoire: les hommes s'abandonnent à leurs propres mensonges et y fixent leur choix. La pleine, la pure vérité est désagréable et redoutée. En sorte que, quoique l'Esprit de Dieu s'applique à présenter à son peuple la vérité dans toute sa simplicité, les hommes se rassurent obstinément par l'idée chimérique qu'après tout, l'état des choses n'est pas tellement mauvais, que, s'il est des choses à regretter, on pourra bientôt y remédier. Car aujourd'hui il y a tant de moyens de secourir les pauvres, il y a de si délicieux rapprochements entre les riches et eux - des alliances si pleines d'espérance, qui sollicitent les hommes à s'unir et à se joindre les uns aux autres, malgré leurs petites dissidences, en, vue de ce grand objet - le progrès social, l'amélioration de la chrétienté, et la régénération du monde!

Mais tout cela est fondé sur la misérable erreur qui ignore et qui nie que, c'est sur la Chrétienté que la colère de Dieu doit être accomplie et versée. Il est impossible que des Chrétiens qui réalisent la vérité que de tels jugements sont proches, se prêtent à un système qui implique directement le contraire. Prenons, par exemple, un condamné qui est conduit à l'échafaud: que penserait-on d'un chrétien qui, sachant cela, occuperait le temps du criminel en expériences chimiques ou par un discours sur la mécanique? Combien moins encore pourra ainsi agir celui qui sent cette solennelle vérité, que le monde gît bien réellement sous la sentence de condamnation que déclare la Parole de Dieu. Christ seul est la puissance de Dieu pour mettre toutes choses en ordre. Quand Il viendra, et seulement alors, le courant du mal sera refoulé et Satan lié: mais même les jugements divins ne sauraient à part de Christ produire un tel résultat.

Puissions-nous être vigilants, cherchant toujours à lier Christ avec notre témoignage! Telle est la grande portée pratique de tout ceci pour le moment actuel. Nous pouvons quelquefois empêcher la bénédiction en présentant la vérité, mais non pas en Christ, si je puis m'exprimer de la sorte. Mais il faudrait que le coeur s'égarât d'une bien triste manière pour la repousser ainsi présentée.
Veuille le Seigneur que nous gardions ces choses devant nos âmes: nous séparer complètement de tout ce qui est du monde, et conserver dans la joie cette position de victoire, nos coeurs entonnant le cantique dont l'Agneau est le sujet, comme Il nous donne seul le pouvoir de le chanter!
Puissions-nous ne jamais penser au monde que comme à une scène jugée, ayant conscience de la terrible colère à laquelle il ne peut pas échapper! Cela ne nous fera pas douter de la puissance de Christ pour délivrer les individus; mais cela nous préservera d'être indifférents soit au mal qui est dans le monde, soit au jugement divin qui l'attend.

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