Je m'étendrai un peu sur les
détails des jugements de Dieu, tels qu'ils
sont contenus au chap.
XVI. C'est un douloureux et
humiliant sujet, quand nous pensons que telle est
la fin annoncée d'avance des progrès
tant vantés de l'homme.
J'essaierai donc de jeter un coup-d'oeil sur ces
sept plaies. «Et j'ouïs une grande voix
(venant) du temple, qui disait aux sept anges:
Allez et versez sur la terre les sept coupes
de la colère de Dieu.»
(Vers.
1).
L'effusion de la colère n'est plus
restreinte maintenant à la troisième
ou à la quatrième partie de la terre;
mais au contraire, la scène tout
entière est livrée au jugement. Il
n'y à pas seulement un surcroît de
sévérité, mais tout ce qui a
possédé la lumière de Dieu et
joui largement des privilèges
extérieurs, est en complète apostasie
et abandonné à sa colère.
«Et le premier s'en alla et versa sa coupe sur
la terre; et un ulcère mauvais et malin vint
sur les hommes qui avaient la
marque de la bête, et sur
ceux qui rendaient hommage à son image. Le
second ange versa sa coupe sur la
mer».
Les quatre premières coupes ressemblent aux
trompettes en ceci, que les unes et les autres
tombent sur la terre et sur la mer, sur les fleuves
et sur les fontaines des eaux, et finalement sur le
soleil. Il peut se rencontrer certaines
différences: par exemple, dans la
quatrième trompette, ce fut seulement la
troisième partie du soleil qui fut
frappée. Ici, il est dit simplement:
«Le soleil». Néanmoins, il s'agit
de la même sphère. De plus, je pense
que les objets de ces plaies, la terre, la mer,
etc., ne doivent pas.être pris au sens
littéral seulement. Le langage est
symbolique. Ce n'est pas que j'éprouve, dans
mon esprit, la moindre difficulté à
croire que Dieu ne puisse exécuter ces
choses d'une manière littérale, si
telle était sa volonté. Il a ainsi
fait avant ce jour. Il a changé en sang les
eaux de l'Égypte, rempli de
ténèbres un royaume et
infligé des plaies semblables à
celles que nous avons ici: de sorte qu'il n'y a pas
de difficulté à concevoir que la
même chose se renouvelle. Mais la seule
question est de savoir si c'est là ce que
nous devons recueillir du chapitre qui est devant
nous. Je pense que non, et je croîs que Dieu
fait ici allusion à des plaies qui autrefois
furent littérales dans le pays d'Egypte,
mais qui ne sont
rappelées maintenant qu'avec une
portée symbolique, comme exprimant certains
jugements de Dieu.
Premièrement, ce sont les parties stables et
organisées du monde qui sont frappées
comme d'une maladie ulcéreuse là
où les hommes portaient les stigmates de
leur assujettissement au pouvoir civil apostat et
à son idolâtrie.
Ensuite, il y a un jugement sur la mer, c
est-à-dire sur les régions
extérieures où la profession de la
vie est tout-à-fait éteinte.
La troisième division,
représentée par des fleuves,
désigne, ce me semble, des peuples
formés en états séparés
ou nationalités, comme des eaux qui coulent
dans des canaux distincts sous une influence locale
particulière.
Et les fontaines désigneraient plutôt
les sources de la prospérité d'une
nation. Tous les principes actifs revêtent le
caractère de la mort.
Le troisième jugement s'applique à de
moindres détails que les
précédents.
Le quatrième a lieu sur la suprême
autorité
publique.
Aux versets
5-7 nous avons un ou deux
mots, qui, changés ou lus convenablement,
ajoutent à la force et à la
clarté complètes du passage: «Tu
es juste, toi qui es et qui étais»
etc.
J'ai fait remarquer (au chap. XI) que les termes:
«et qui seras» étaient ici
absolument sans portée, et que l'expression
«Le Saint» est celle qu'appuient les
meilleurs témoignages. C'est l'expression
même qui se rencontre au
quatrième verset du chap.
XV - l'expression la moins
usitée pour rendre le mot
«saint».
Avant que ces coupes soient répandues, Dieu
est célébré selon sa
miséricordieuse sainteté. «Tu es
juste». Cela était évident, car
Dieu versait sa colère sur les hommes dans
leur iniquité précisément
parce qu'il était juste. Mais il y a plus
que cela: - «Qui es et qui étais, le
Saint». Avant que les coupes fussent
répandues, et encore maintenant qu'elles
sont en voie de l'être, cela demeure vrai.
L'ange des eaux atteste la bonté de Dieu,
même pendant qu'Il juge ainsi - acte qui
aurait pu paraître en contradiction avec
cette bonté. Lui aussi, d'en bas,
répond au cantique d'en haut. Si les saints
qui se tiennent en repos sur la mer de verre,
célèbrent Dieu comme étant
miséricordieux dans sa sainteté,
l'ange confirme leur
témoignage.
«Car ils ont versé le sang des saints
et des prophètes. Tu leur as donné du
sang à boire; ils sont dignes».
(Verset
6, vers,
ang.)
Il s'agit d'une juste rétribution; ils sont
dignes dans un sens effrayant. «Et
j'entendis» (non pas «un autre du
côté de l'autel», mais)
«j'entendis l'autel
disant».
(Vers.
7.) Parler de «l'autel
disant» paraît chose extraordinaire, et
nul doute que les autres mots furent ajoutés
parce qu'on trouvait cette forme si étrange.
Mais il n'y a là rien de
contraire à l'usage
prophétique, si l'on considère cette
forme au point de vue symbolique.
Personne ne voudrait intentionnellement introduire
une difficulté dans l'Écriture; mais
il n'est que trop commun de chercher à
écarter de la Parole ce que l'on ne comprend
pas, afin de le mettre en accord avec la
façon de penser ordinaire. De plus, vous
avez ailleurs ce qui nous prépare à
la familiarité de cette forme.
Au chap.
IX, 13, il est dit: «Et
j'entendis une voix (sortant) des quatre cornes de
l'autel d'or qui est devant Dieu». Ici,
(chap.
XVI) la figure va plus loin:
la voix est déclarée être celle
de l'autel lui-même. Pour moi, ce fait
confirme ce que nous avons eu plusieurs fois
occasion de remarquer - à savoir, combien
les hommes sont impropres à se mêler
de retoucher l'Écriture, malgré leur
disposition à le faire. Voici pourquoi
l'expression, «J'entendis
l'autel
disant», possède une grande force.
Dans une portion précédente du livre,
on voyait sous l'autel les âmes de ceux qui
avaient été
«égorgés pour la Parole de Dieu
et pour le témoignage qu'ils avaient
maintenu.» Ici maintenant, cet autel qui avait
été témoin de l'effusion de
leur sang est dit crier à Dieu et
reconnaître que ses jugements sont
véritables et justes. Dans le premier livre
de la Bible il est parlé de la terre comme
criant à Dieu au sujet du sang d'Abel:
à combien plus forte
raison l'autel ne devait-il pas crier au sujet du
sang des saints martyrs pour Dieu?
Selon moi, cette forme est d'une convenance toute
particulière. S'il se fût agi
simplement d'un ange, cela n'eût
été qu'un lien relativement distant;
car un ange, bien que servant en faveur de ceux qui
sont héritiers du salut, n'entre pas aussi
directement dans leurs souffrances: tout au plus
peut-on dire qu'il éprouve une sympathie
immédiate pour eux. Mais Dieu a
non-seulement vu les os de ses saints
dispersés sur les froides montagnes, comme
s'expriment les poètes; il considère,
de plus, ses saints comme autant d'holocaustes
s'élevant devant Lui, et dont le sang, ou
plutôt l'autel qui en est témoin, crie
d'indignation et demande la colère.
Le Seigneur peut paraître assoupi pour un
temps; mais quand Il se lèvera comme
quelqu'un qui se réveille, Il vengera
sûrement leur sang de ceux qui habitent sur
la terre. Et maintenant ce temps-là est
proche. La grande Babylone n'était pas
encore venue en mémoire devant Dieu,
quoiqu'elle fût dès le commencement la
corruptrice particulière de la
vérité et qu'elle se fût
enivrée du sang des saints. Mais cependant
l'autel ne peut pas se tenir en repos, et le
Seigneur écoute. Car le Dieu qui recueille
les soupirs de la création répondra
sûrement au cri de l'autel concernant ses
égorgés.
«Et le quatrième ange versa sa coupe
sur le soleil; et le pouvoir fut donné
à celui-ci de brûler les hommes parle
feu».
(Vers.
8).
C'est un jugement sur le soleil, type du
gouvernement suprême; de sorte que ce qui
aurait dû être l'instrument de la
lumière et du bien-être, le grand
luminaire destiné à dominer sur le
jour, devient maintenant l'instrument pour
brûler les hommes par le feu. L'effet de sa
tyrannie est insupportable. «Et les hommes
furent brûlés par de grandes chaleurs,
et ils blasphémèrent le nom de Dieu
qui a pouvoir sur ces plaies, et ils ne se
repentirent pas pour lui donner gloire».
(Vers.
9.)
«Et le cinquième versa sa coupe sur le
trône de la bête», etc.,
(vers.
10).
Nous entrons maintenant dans une catégorie
de jugements quelque peu différents; car les
trois dernières coupes diffèrent des
quatre premières, tout comme les trois
dernières trompettes différaient de
caractère avec les autres: et il en est de
même pour ce qui regarde les sceaux. Il est
évident que la cinquième, la
sixième et la septième coupes sont
distinctes des quatre
précédentes.
Le jugement tombe sur le trône de la
bête et sur son royaume, non sur la
bête elle-même, laquelle, apparemment,
n'est pas atteinte par ces coupes. Elle est
réservée pour le
jugement que le Seigneur Jésus
Lui-même exercera à sa venue, et sera
détruite par Son apparition. Ici le coup est
seulement frappé contre le siège de
son autorité; et de même qu'autrefois
le roi Pharaon fut endurci, pareillement ici les
hommes blasphèment contre le Dieu du ciel et
ne se repentent pas pour leurs oeuvres
(vers.
11). Lorsque Dieu se
manifestera comme le Dieu de la terre, une telle
repentance ne sera pas
possible.
«Et le sixième versa sa coupe sur le
grand fleuve Euphrate; et l'eau de ce fleuve tarit,
afin que la voie des rois qui viennent du soleil
levant fût préparée».
(Vers.
12).
L'Euphrate était la grande limite orientale
de l'empire romain, la limite reconnue
jusqu'à laquelle les Romains avaient
étendu leurs conquêtes. De sorte que
le dessèchement du fleuve semblerait
signifier que ce côté-ci de l'empire
serait laissé ouvert comme un passage par
lequel les puissances de l'Orient viendraient se
mélanger avec celles de l'Occident, ou bien
les assaillir.
Un des effets de cette coupe serait donc le
déplacement de la barrière orientale,
fait par lequel la voie des rois qui proviennent du
soleil levant serait ainsi préparée,
probablement pour les grandes luttes finales.
Mais il y a plus que cela. «Je vis sortir de
la bouche du dragon, et de la bouche de la
Bête et de la bouche du faux prophète,
trois esprits immondes comme des
grenouilles»
(vers.
13).
Ceci précède juste la fin. Ces
esprits murmurateurs procédaient de la
bouche des trois pouvoirs que nous avons vus au chap.
XIII: du dragon, l'ennemi
déclaré de Christ; de la Bête,
l'empire Romain rétabli; et du faux
prophète, la Bête au caractère
ecclésiastique, qui avait deux cornes
semblables à un agneau, imitant la puissance
de Christ, mais ici présentée
seulement sous le masque trompeur de la
religion.
«Car ce sont des esprits de démons
faisant des miracles, qui s'en vont vers les rois
de toute la terre habitable pour les assembler pour
le combat de ce grand jour du Dieu
tout-puissant.»
Cette déclaration confirme ce que je viens
d'avancer au sujet de l'Euphrate. C'est une
collision générale des rois de tout
le monde habitable. Ce ne sont pas seulement les
puissances occidentales, mais aussi les orientales. C'est le grand
jour.
Mais nous arrivons maintenant à une
parenthèse importante. Comme cela avait
déjà eu lieu sous le sixième
sceau et sous la sixième trompette, de
même ici nous avons une interruption:
«Voici, je viens comme un larron. Bienheureux
est celui qui veille, et qui garde ses
vêtements, afin de ne pas marcher nu et qu'on
ne voie pas sa honte.»
(Vers.
15.)
C'est le Seigneur qui vient, mais qui, alors, vient
eu jugement pour surprendre la terre; et c'est la
raison pourquoi une
semblablefigure est
employée. Le larron vient d'une
manière inattendue et importune: et bien
plus repoussante sera pourtant encore la venue du
Seigneur pour la terre. Mais il y aura des saints
pour lesquels elle sera bienvenue, et à qui
son apparition apportera la délivrance par
le jugement de leurs ennemis. Et il est enjoint
à ces saints-là de veiller de
près dans la vie de chaque jour.
«Voici, je viens comme un larron.» Ce
n'est pas ainsi que le Seigneur se présente
à nous, sauf en ce qu Il nous dit comment il
apparaîtra au monde ou à la masse
professante qui y est plongée.
Lorsque c'est à nous qu'il parle de son
arrivée, Il dit: «Je viens
bientôt, tiens ferme ce que tu as afin que
personne ne prenne ta couronne.» Aurait-on
besoin de dire de combien cette parole est plus
précieuse? Venir comme un larron,
présente l'idée de la surprise. Pour
nous, il viendra comme un Seigneur plein de
grâce, qui aime que nous trouvions le repos
de nos affections et notre gloire en Lui et avec
Lui: telles sont notre portion et notre
espérance propres. Ici, il ne s'agit pas
d'un enlèvement au ciel, mais d'une
délivrance juive par le moyen du
jugement.
Puis, après la fermeture de la
parenthèse, il est dit: «Et il les
assembla au lieu appelé en hébreu:
Armageddon.»
(Vers.
Ang.) Il pourrait paraître singulier
qu'il soit dit: «Il
les assembla»;car au 14e
verset ce sont les esprits de
méchanceté, ou esprits de
démons qui sont sortis pour
assembler les rois de la terre.
En voici la raison. Dans le langage que le
Saint-Esprit emploie ici, le terme peut signifier
également
«il
assembla» ou
«ils
assemblèrent.» Il y a certains cas
où, dans ce langage, il est difficile
d'établir si c'est par le pronom singulier
ou par le pluriel qu'il faut rendre l'original, et
celui-ci en est un.
Le terme «démons» est-de telle
nature que le verbe dont il est sujet peut
être, ou singulier ou pluriel. Ici le sujet
n'est pas exprimé: il est donc laissé
jusqu'à un certain point au choix du
lecteur: tout dépend du sens du contexte. Si
on traduit: «Il assembla», on a dans sa
pensée le Dieu tout-puissant qui pourrait
être dit faire une telle chose par
l'intervention de ces esprits immondes. Si on se
décide pour: «ils
assemblèrent», cela signifierait
simplement que les esprits de démons avaient
atteint le but pour lequel ils étaient
envoyés.
Au verset
14, ils se mettent à
l'oeuvre pour assembler les rois, et au verset
16 les rois sont
assemblés. Le lieu de rassemblement qui est
mentionné ici, appelé en
Hébreu Armageddon, présente,
pense-je, une allusion à Juges
V, 19. «Les
rois sont venus; ils ont combattu; les rois
de Canaan ont alors combattu à Tahanac, des
eaux de Méguiddo.»
Ce n'est pas
que Méguiddo
fût un lieu de grande étendue ou de
grande renommée. Dieu regarde au principe
impliqué dans ce qui se passe là.
Israël était dans une pauvre condition.
Il y avait une prophétesse dont
l'Éternel se servait pour leur donner du
courage; et lorsqu'ils étaient
encouragés par elle, ils remportaient une
grande victoire sur leurs ennemis. Le même
lieu est mentionné en 2
Chron. XXXV, 22, où
Josias reçut sa blessure mortelle en
combattant contre le roi d'Egypte. Mais je doute
que ce soit à cet incident que l'Esprit de
Dieu fasse ici allusion. Car au temps des Juges
à Méguiddo se rattachait un souvenir
de joie et de triomphe pour Israël.
Au temps de Josias, c'était un lieu de
tristesse: tout Juda et Jérusalem menaient
deuil sur Josias. Ce fut le deuil d'Hadadrimmon
dans la plaine de Méguiddo»
(Zach.
XII, 11) qui, historiquement
parlant, fit écrire le livre des
Lamentations. Pour cette raison donc, je crois que
Armageddon (c'est-à-dire la montagne de
Méguiddo), se rapporte ici, non pas à
la douleur de Juda en 2
Chroniques, mais au rassemblement
et à la défaite des rois Gentils
mentionnés dans le livre des Juges:
car ici, c'est le Seigneur
qui renverse les nations.
Il avait été déclaré
Roi des nations en Apoc.
XV. C'est pourquoi, trouver
ici une allusion à un temps où le
pieux monarque Juif fut, mis à mort par un
Gentil, serait chose peu
appropriée; tandis qu'en
y voyant un rapprochement avec le jour
où Israël avait été
conduit à la victoire, même par une
femme, nous sommes bien naturellement amenés
à la scène décrite ici, dans
laquelle les rois du monde entier sont
assemblés, mais seulement pour une
destruction plus
terrible.
Quelques mots suffiront au sujet de la
dernière coupe. «Et le septième
versa sa coupe dans l'air: et il sortit du temple
du ciel une grande voix qui procédait du
trône, disant: C'est fait.»
(Vers.
17.)
Ce jugement-ci est plus pénétrant et
affecte plus les hommes et leur respiration de vie
qu'aucun de ceux que nous avons vus
précédemment. Il a lieu sur l'air si
indispensable à l'existence de l'homme. Au
point de vue symbolique, c'est un jugement qui
frappe quelque chose d'essentiel à la vie et
au bien-être des hommes, comme ce que nous
respirons. Tout est terminé pour ce qui
concerne la colère de Dieu répandue
par le moyen des
coupes.
«Et il se fit des éclairs, et des voix
et des tonnerres, et il se fit un grand tremblement
de terre, un tel tremblement, si grand, qu'il n'y
en eut jamais de semblable depuis que les hommes
sont sur la terre. Et la grande ville fut
divisée en trois parties, et les villes des
nations tombèrent.»
Il s'opère une convulsion profonde et sans
exemple dans les associations civiles, ne
renversant pas seulement ce qui
est appelé «la grande ville»
(ou tout ce qui avait été
établi dans la limite de l'empire
Romain), mais encore les villes des nations.
Cette dernière parole signifie que tout ce
que les nations avaient édifié au
point de vue politique, en dehors de Rome, est
frappé de ruine. Et ce qui plus est, la
grande Babylone - cette contre-façon de
l'Épouse, ce système de mal religieux
jusqu'à présent entouré d'un
si grand succès, la mère des
prostituées et des abominations de la terre,
Babylone la grande, vint en mémoire devant
Dieu, pour recevoir de Lui la coupe du vin de la
fureur de sa colère. Ce dernier terme,
Babylone la grande, a plutôt trait au
caractère moral, à
l'idolâtrie.
«Et toute île s'enfuit, et les montagnes
ne furent pas trouvées. Et une grande
grêle, du poids d'un talent, descend du ciel
sur les hommes, et les hommes
blasphémèrent Dieu», etc.
(Vers.
20, 21.)
Il n'est pas nécessaire que je
m'étende d'une façon
particulière sur l'explication offerte par
les principaux défenseurs de
l'interprétation historique.
M. E. appliquait le tourbillon de grêle
à quelque terrible châtiment de la
France, le royaume le plus au nord des pays
papistes, cela d'une manière bien analogue
à ce qu'il s'était imaginé des
précédents jugements, ainsi qu'il le
disait, de la septième trompette. Et cette
opinion est encore celle qui est établie
dans le texte des Horae Apoc.,
vol. IV, p. 23. Mais, dans une note, il fait
remarquer que plusieurs commentateurs
préfèrent l'appliquer à la
puissance Russe. «En revoyant mon ouvrage,
dit-il, et en comparant cette prophétie avec
celle
d'Ézéchiel
XXXVIII, XXXIX,
qui semble indiquer la Russie
comme prenant part à la grande lutte
prémilléniale, ainsi que cela sera
exposé à la fin de mon prochain
chapitre, - je ne puis pencher vers la même
vue.
Je remarque que la grande grêle est dite ici
tomber après,
non avant,
la division de la ville en trois parties.»
Ayant déjà émis ma
manière de voir sur le cas similaire de Apoc.
XI. 19, et montré
l'erreur qu'il y a à faire rapporter ce
verset à la septième trompette - ce
qui constitue la prétention de ces
écrivains, - il me suffira de remarquer que
le parallèle avec Ézéchiel est
particulièrement malheureux, parce que, dans
ce prophète, la scène se passe en
Palestine, et non pas dans l'empire papiste, ou
l'occident; que l'issue n'est pas en un
fléau infligé aux autres, et comme
conséquence, Dieu blasphémé,
mais dans la complète déroute du
prince de Rosch, de Mésec et de Tubal avec
sa nombreuse multitude, et Dieu sanctifié
par cela même. «Et j'entrerai en
jugement avec lui par la mortalité, et par
le sang, et je ferai pleuvoir sur lui, et sur ses
troupes, et sur les grands peuples qui sont avec
lui des torrents d'eau, de
pierres de grêle, du feu et du
soufre.»
Ainsi, c'est Dieu qui frappe de grosses pierres de
grêle la Russie envahissante, et non pas elle
qui frappe les autres. «Je me glorifierai, et
je me sanctifierai (ce n'est donc pas les hommes
blasphémant Dieu à cause du
fléau de la grêle) et je serai connu
en la présence de plusieurs nations; et
elles sauront que je suis
l'Éternel.»
En vérité, le lecteur n'a simplement
qu'à examiner le contexte du prophète
juif pour avoir raison de l'absurdité qu'il
y a à mettre cette scène en connexion
avec le tourbillon de grêle de la
septième coupe. Car les Juifs, savoir
Israël envisagé dans son ensemble, sont
supposés être à ce
temps-là restaurés et unis dans leur
propre terre, lorsque Gog l'envahit par soif de
conquête. Il n'y a nulle raison de penser que
tel soit le cas sous les coupes. M. E. non plus
n'en juge pas ainsi, si je comprends bien ses
remarques sur le premier
«Alléluia» entonné, au chap.
XIX, et qu'il considère
comme indiquant la conversion des Juifs
après la catastrophe finale de Babylone,
lorsque la dernière coupe a
été versée et a marqué
le temps de sa
destruction.
Avant que Dieu établisse son dessein en
puissance, vous voyez un accomplissement moral
à l'oeuvre, soit dans son peuple soit dans
le monde. Ainsi, par exemple, si Dieu doit produire
une séparation de son peuple par
le jugement, et c'est ce que
nous avons au chap,
XV, je ne doute pas que
dès maintenant son peuple ne soit
gracieusement mis à part par l'Esprit de
Dieu. Si, de l'autre côté, le coeur
des hommes doit être frappé d'une
énergie d'erreur, de sorte que même
les «jugements de Dieu» ne feront
qu'aggraver le mal selon toute apparence, quelque
chose d'analogue s'opère de nos
jours. N'est-ce pas un signe effrayant, que
des chrétiens, en face de paroles telles que
celles-ci, puissent attendre quelque
amélioration réelle des choses dans
l'état où elles sont actuellement?
Ici nous avons la véritable scène
finale dévoilée par le Seigneur,
après tous les efforts et toutes les
vanteries des hommes. Les parties de la terre les
plus favorisées, son centre moral et
civilisé, seront remplies d'apostasie, et
c'est là
que la colère de Dieu doit se
compléter. Ceci doit avoir lieu avant que le
Seigneur Jésus vienne en gloire pour
établir son royaume, car c'est à Lui
en personne que la Bête aura affaire. Sous
les coupes c'est Dieu qui châtie dans sa
colère. Mais quel en est l'effet? Les hommes
blasphèment Dieu. Au lieu de se repentir ils
vont en empirant à chaque
pas.
C'est une terrible chose que de voir ce mal se
répandre moralement sur le monde; mais, de
son côté, le Seigneur aussi met
à part pour Lui-même par la foi et
l'amour. Puissions-nous retenir
ferme la grâce! Nous en aurons besoin. C'est
le seul lieu, non-seulement de privilège,
mais de sécurité.
Que penserions-nous de l'homme qui voudrait
n'aller qu'aussi loin qu'il juge pouvoir le faire
pour n'être pas perdu? d'un homme qui sent le
besoin d'être sauvé, mais qui, en
même temps, voudrait pratiquer le
péché autant que son opinion le lui
permettrait avec la possibilité
d'échapper à la fin? Mais comme le
Seigneur met à part au moyen de l'affection
individuelle pour sa Personne là où
il y a de la foi; ainsi voyons-nous l'inverse
là où la foi fait défaut. Dieu
livre les hommes à une énergie
d'erreur, et tout ce qu'il opère par la voie
des jugements ne fait que les endurcir. C'est
là ce qui a lieu maintenant d'une
manière préparatoire: les hommes
s'abandonnent à leurs propres mensonges et y
fixent leur choix. La pleine, la pure
vérité est désagréable
et redoutée. En sorte que, quoique l'Esprit
de Dieu s'applique à présenter
à son peuple la vérité dans
toute sa simplicité, les hommes se rassurent
obstinément par l'idée
chimérique qu'après tout,
l'état des choses n'est pas tellement
mauvais, que, s'il est des choses à
regretter, on pourra bientôt y
remédier. Car aujourd'hui il y a tant de
moyens de secourir les pauvres, il y a de si
délicieux rapprochements entre les riches et
eux - des alliances si pleines d'espérance,
qui sollicitent les hommes
à s'unir et à se joindre les uns
aux autres, malgré leurs petites
dissidences, en, vue de ce grand objet - le
progrès social, l'amélioration de la
chrétienté, et la
régénération du monde!
Mais tout cela est fondé sur la
misérable erreur qui ignore et qui nie que,
c'est sur la Chrétienté que la
colère de Dieu doit être accomplie et
versée. Il est impossible que des
Chrétiens qui réalisent la
vérité que de tels jugements sont
proches, se prêtent à un
système qui implique directement le
contraire. Prenons, par exemple, un condamné
qui est conduit à l'échafaud: que
penserait-on d'un chrétien qui, sachant
cela, occuperait le temps du criminel en
expériences chimiques ou par un discours sur
la mécanique? Combien moins encore pourra
ainsi agir celui
qui sent
cette solennelle vérité, que le monde
gît bien réellement sous la sentence
de condamnation que déclare la Parole de
Dieu. Christ seul est la puissance de Dieu pour
mettre toutes choses en ordre. Quand Il viendra, et
seulement alors, le courant du mal sera
refoulé et Satan lié: mais même
les jugements divins ne sauraient à part de
Christ produire un tel
résultat.
Puissions-nous être vigilants, cherchant
toujours à lier Christ avec notre
témoignage! Telle est la grande
portée pratique de tout ceci pour le moment
actuel. Nous pouvons quelquefois empêcher la
bénédiction en
présentant la
vérité, mais non pas en Christ, si je
puis m'exprimer de la sorte. Mais il faudrait que
le coeur s'égarât d'une bien triste
manière pour la repousser ainsi
présentée.
Veuille le Seigneur que nous gardions ces choses
devant nos âmes: nous séparer
complètement de tout ce qui est du monde, et
conserver dans la joie cette position de victoire,
nos coeurs entonnant le cantique dont l'Agneau est
le sujet, comme Il nous donne seul le pouvoir de le
chanter!
Puissions-nous ne jamais penser au monde que comme
à une scène jugée,
ayant conscience de la terrible colère
à laquelle il ne peut pas échapper!
Cela ne nous fera pas douter de la puissance de
Christ pour délivrer les individus; mais
cela nous préservera d'être
indifférents soit au mal qui est dans le
monde, soit au jugement divin qui l'attend.
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |