Nous sommes arrivés maintenant
à une division nouvelle du livre.
Les trois derniers chapitres
(XII,
XIII,
XIV)
en forment à eux seuls
une portion très importante: ils nous
présentent le tableau des voies finales de
Dieu et des dernières machinations de Satan,
pour autant qu'il s'agit de la dispensation
actuelle; et même avant que les voies de Dieu
et les plans de l'ennemi s'y déroulent, ils
nous révèlent la source cachée
des unes et des autres.
Nous avons vu dans le chap. XII
la naissance du fils mâle
victorieux, et Satan et ses anges
précipités du ciel; ensuite, les deux
grands partis avec leurs chefs respectifs sont en
présence sur la scène et comme face
à face, pour ainsi dire. Mais quels que
puissent être les instruments de la puissance
de Satan ici-bas comme le chap. XIII
nous les montre, et quelles que
soient les voies de Dieu dans l'exercice de sa
grâce ou de ses jugements dans le chap. XIV,
tout découle de ce fils
mâle, l'objet de la terreur et de la haine de
Satan.
Maintenant nous en venons à un sujet
nouveau. Il avait été fait mention au chap.
XII, vers. 1, d'un grand
prodige ou signe. Il est dit ici: «Et je vis
dans le ciel un autre signe,
grand et merveilleux, sept anges ayant sept plaies,
les dernières; car en elles, la
colère de Dieu est
consommée.»
Nous reprenons une fois de plus le fil des
événements historiques. Vous pouvez
vous rappeler que sous la dernière trompette
a été prononcée cette parole:
«Les nations se sont irritées, et ta
colère est venue.» Or, je pense que ce
qui doit naturellement frapper tout le monde, c'est
qu'ici la colère de Dieu est venue, et que
les nations ne sont pas seulement irritées,
mais blasphèment au dernier point.
Aussi, chaque nouveau coup que Dieu frappe, au lieu
d'amener l'homme à quelque sentiment
d'humiliation, ne fait-il qu'accroître son
inimitié contre le Seigneur. La
septième trompette nous a conduits d'une
manière générale
jusqu'à la fin, et ici ce sont quelques
détails, mais non pas tous, qui nous sont
présentés. Ce n'est que plus bas que
nous trouvons plus particulièrement deux des
sujets décrits sous les coupes: le chap.
XVII traite de Babylone et de
la Bête dans leurs rapports mutuels; le chap,
XVIII, de la destruction de
Babylone, et le chap.
XIX, du jugement de la
Bête.
Il est donc une autre remarque que je dois aussi
ajouter. Tous ces événements nous
sont aussi présentés ensemble dans le chap.
XIV. Nous avons eu là
ce que je puis appeler l'action religieuse de Dieu:
Dieu en agissant avec l'homme sur la terre comme
responsable de l'usage où
de l'abus qu'il a fait de la lumière de la
révélation, et comme, placé
sous la responsabilité de reconnaître
et d'adorer Dieu seul.
Ces coupes prennent plutôt l'histoire civile
extérieure ou la condition
séculière de l'homme, quoique la
même chose puisse en certains cas avoir en
même temps une portée religieuse et
une portée séculière. Telle
est, par exemple, Babylone: elle est
évidemment la grande chose corrompue et
corruptrice en matière de religion; mais
cela n'empêche pas Babylone d'avoir une large
part aux affaires du monde. Et de fait, c'est
là un des maux qui constituent Babylone
-l'introduction des choses du monde, même
dans les choses spirituelles, et la confusion qui
en résulte et qui est odieuse à Dieu
et pleine de séduction pour les hommes. De
là vient que nous trouvons Babylone dans le chap.
XIV aussi bien que dans le chap.
XVI.
Le chap.
XIV nous donne un sommaire des
voies de Dieu à la fin du siècle
relativement aux choses religieuses, qu'elles
soient d'un aspect brillant ou d'un aspect sombre:
grâce, témoignage et jugement.
Il nous est ainsi extrêmement utile pour
ranger les derniers événements dans
l'ordre dans lequel ils se passent.
La chute de Babylone, par exemple, est la
troisième chose dans la série des
événements du chap.
XIV.
D'abord, il y a le résidu complet des Juifs
pieux sous la souffrance -résidu saint,
associé par grâce
avec l'Agneau, c'est-à-dire, sur la montagne
de Sion.
Vient ensuite le témoignage de
l'évangile éternel à la terre
et à toutes les nations, et,
troisièmement, la chute de Babylone.
Mais d'un autre côté, dans la
série des coupes, la chute de Babylone est
la dernière des sept.
Nous en concluons que les jugements
représentés par les six
premières coupes doivent
précéder la chute de Babylone:
c'est-à-dire, que les six premières
coupes peuvent être successivement
accomplies, tandis que le résidu juif se
forme, et que l'évangile éternel est
publié parmi les Gentils. La dernière
coupe implique la chute de Babylone, qui correspond
au troisième anneau, et est elle-même
cet anneau de la chaîne des
événements énoncés dans
le chap.
XIV. Cela est important
à remarquer pour prévenir toute
confusion. L'avertissement touchant le culte de la
bête, la déclaration relative au
bonheur de ceux qui meurent au Seigneur, la
moisson, et la vendange de la terre, sont tout
autant de faits évidemment
postérieurs à la chute de
Babylone.
Le tableau général et régulier
des voies de Dieu, tant en miséricorde qu'en
jugement, ayant donc passé d'abord sous nos
yeux, nous apprenons maintenant par le chap.
XVI une partie de ces voies,
les détails de quelques-unes desquelles se
rattachent au vers.
8 du chap. XIV, et
peut-être s'accomplissent
simultanément avec ce qui
précède ce verset. Il ne faut donc
pas supposer que les coupes sont
postérieures au chap.
XIV; il est possible que les
premières ont lieu pendant que le
résidu dont il est parlé est en voie
de formation, et que le témoignage sort vers
les Gentils. Il se pourrait aussi qu'elles
s'accomplissent rapidement après ces choses
et avant la chute de Babylone. Mais, certainement,
la dernière coupe renferme la chute de
Babylone, et cette chute précède
d'une manière non moins évidente les
événements solennels qui suivent
l'annonce qui en est faite dans la dernière
partie du chap.
XIV.
Mais à présent, considérons la
scène qui sert d'introduction aux coupes.
«Et je vis comme une mer de verre,
mêlée de feu.»
C'est là un type emprunté du temple,
quoique avec certains changements. Le tabernacle
avait la cuve d'airain, et le temple sa mer de
fonte -vaisseau plus grand, mais de même
nature, dans lequel les sacrificateurs avaient
coutume de laver leurs pieds et leurs mains
lorsqu'ils entraient pour faire le service de
l'Éternel. Ici c'est une mer de verre, et en
conséquence, elle ne sert point à la
purification. Ce n'était pas une mer d'eau,
mais elle était solide. Le fait qu'elle est
de verre indique un état de pureté
ferme et permanente. Ce n'était point ce qui
sert à purifier, mais ''image d'une
pureté que rien ne peut souiller. Les
saints dont il s'agit ne se
trouvent plus dans des circonstances à avoir
besoin d'être purifiés par le lavage
d'eau par la parole. Cet état de choses
n'était plus.
Maintenant c'était «une mer
mêlée de feu»; ce qui montrait
clairement par quelles circonstances avaient
passé ceux qui étaient en rapport
avec cette mer. Ils avaient éprouvé
l'ardente tribulation, ils avaient glorifié
Dieu dans les flammes. Cela évidemment n'a
pas trait à l'église. «Vous
aurez de l'affliction dans le monde», est une
parole vraie de nous. Mais ce que nous avons ici
est relatif à une tribulation
spéciale
-«la
tribulation», dont l'Écriture fait
mention fréquemment. «Je vis comme une
mer, de verre mêlée de feu, et ceux
qui avaient remporté la victoire sur la
Bête et sur son image» (ils sont donc
évidemment contemporains de la Bête),
et sur le nombre de son nom, se tenant sur la mer
de verre, et ayant des harpes de Dieu.»
Ainsi la circonstance signalée ici, c'est,
non pas qu'ils se lavent dans la mer, mais qu'ils
se tiennent sur elle. Les circonstances terrestres
par lesquelles ils ont passé leur donnent
leur caractère, mais la scène de la
lutte est désormais passée. L'Esprit
de Dieu signale par anticipation tout ce qui
caractérise ceux qui avaient
été persécutés par la
bête, mais qui sont considérés
comme l'ayant vaincue. C'étaient des
personnes qui déjà avaient
été purifiées; elles en
avaient fini avec toute la scène
présente, et en étaient tout à
fait dehors. Elles se tenaient sur la mer de verre.
Et non-seulement cela, mais elles avaient «des
harpes de Dieu,»: c'est-à-dire, que
leur occupation consiste dans la joie parfaite et
la parfaite louange --le contraste de tout ce
à travers quoi elles avaient
passé.
Je désire faire, remarquer ici, quoique ce,
ne soit pas d'une grande importance, que les éditions ordinaires
ont dans le verset
deuxième de ce
chapitre une petite clause qui doit être
laissée de côté. Ce verset s'y
trouve ainsi conçu: «Et ceux qui
avaient vaincu la bête, et son image, et sa
marque, et le nombre de son nom.» Or, la
clause; «et sa marque» n'a
absolument rien à faire ici. La même
chose se présente chap.
XIII, 17,
(éditions
ordinaires): «Et personne ne pouvait
rien vendre, que celui qui avait la marque ou le
nom de la bête, ou le nombre de
nom.»
Ici encore la vérité est que le petit
mot «ou», inséré là
devant la clause «le nom de la
bête;», doit être
supprimé.
La différence dans le sens est que «la
marque» serait, soit le nom de la bête,
soit le nombre de son nom. Il n'y a pas une
troisième chose distincte de ces deux, comme
le ferait supposer le texte ordinaire. La.
Bête avait deux manière de marquer ses
partisans; dans l'une, elle les marquait par son
nom, et dans par le nombre de son nom: mais
celan'aurait pas de sens que de
dire, «la marque, ou le nom de la Bête,
ou le nombre de son nom.»
Le nombre constituait sa marque, quoique ce ne
fût pas la seule; il y avait en outre son nom
-celle qui était, je suppose, plus intime et
plus personnelle que l'autre. C'étaient donc
ceux qui avaient remporté la victoire sur la
Bête, et sur son image, et sur le nombre de
son nom. Dans la Bible anglaise, le mot «et
sur le nombre» est même imprimé
en italique, ce qui ne fait qu'ajouter à la
confusion avec les mots «sur sa
marque».
Je n'y fais allusion que pour montrer que
l'introduction par l'homme dans l'Écriture
même d'un tout petit mot comme «ou»
en altère le sens. Dans la langue dont
l'Esprit se sert, la différence n'est que
d'une seule lettre; mais vous ne sauriez introduire
même une lettre dans la parole de Dieu sans
porter atteinte dans cette mesure à sa
beauté et à sa perfection. Il se peut
que, par la bonté de Dieu, ses enfants ne
reçoivent que peu de mal de taches
pareilles, mais c'est en partie, parce qu'ils n'en
sont pas assez occupés: s'ils devaient en
déduire un système, ils tomberaient
en certains cas dans des erreurs sérieuses.
Mais heureusement (c'est ainsi que Dieu les
garantit miséricordieusement), ils ne
reçoivent pas la fausse doctrine; ils ne
savent pas ce qu'elle signifie, et en
conséquence ils la laissent. Mais
évidemment, l'intention
de Dieu n'est pas qu'on
échappe à l'erreur simplement par la
raison qu'on ne la comprend pas.
Lorsque les siens sont préservés du
mal de cette manière, c'est un effet
miséricordieux du gouvernement suprême
de sa main plutôt que de l'intelligence de la
direction de l'Esprit.
Le Livre de l'Apocalypse a souffert plus qu'aucun
autre de la négligence de l'homme, et comme
c'est de son contenu que nous sommes occupés
et qu'il est si désirable pour les enfants
de Dieu d'avoir de saines pensées
relativement à sa parole, j'ai pensé
qu'il valait mieux faire cette remarque, quelque
peu importante, qu'elle puisse paraître. Je
me souviens avoir été moi-même
dans un grand embarras pour découvrir la
différence entre la marque de la bête,
et son nom et son nombre. Mais ayant examiné
la question de plus près, je trouvai qu'il
n'y avait réellement rien à
décider. Un petit renard était
entré et avait gâté la vigne.
En un mot, la marque n'était pas une chose
différente du nom ou de son nombre, mais
bien un terme général qui
s'appliquait également à l'un et
à l'autre -le nom exprimant probablement une
soumission intime et plus entière à
la Bête, que le nombre de son
nom.
Ceux qui avaient remporté la victoire sur la
Bête, n'étaient pas ses
créatures ou ses esclaves; ils
étaient les serviteurs de Dieu. On les voit
ici conscients de leur
victoire, en dehors de
la
scène de leurs combats, ayant les harpes de
Dieu. Et ils chantent: c'est la louange
intelligente. «Ils, chantent le
cantique de Moïse, esclave de Dieu, et le
cantique de l'Agneau.»
Leur louange a un double caractère tout
à fait différent du cantique des
anciens. Elle est très bénie, mais,
ce n'est pas la même chose.
Le chant des anciens avait beaucoup plus de
profondeur. Il n'est point fait mention de
ces saints comme sacrificateurs, bien moins
encore comme chefs de la sacrificature
céleste; ils ne portent pas non plus les
emblèmes de la dignité royale. Ils
chantent le cantique de Moïse.
C'étaient de véritables saints, mais
incontestablement d'un caractère juif. Ils
chantent aussi le cantique de l'Agneau. S'ils
n'avaient à aucun degré la
connaissance du Sauveur, ils ne sauraient
être des saints.
Mais en même temps ils chantent le cantique
de Moïse. Ils ne seront pas exactement dans la
position chrétienne dont nous jouissons
aujourd'hui. Ils se trouveront au milieu des
circonstances de l'épreuve, quand
l'Église aura passé de la
scène d'ici-bas dans le ciel. Mais il y aura
encore pourtant des saints qui souffriront pour le
Seigneur même jusqu'à la.mort, car la
bête a le pouvoir de tuer, et cela
peut-être afin qu'ils aient la victoire sur
elle par leur propre sang. aussi bien que par le
sang de l'Agneau
(1).
En conséquence, ils apparaissant ici dans un
état parfait de repos, comme autrefois
Israël chantant en triomphe de l'autre
côté de la Mer-Rouge à la
quelle il semble qu'il est fait allusion, comme
évidemment les plaies du chapitre
suivant en contiennent une à celles dont fut
frappée
l'Égypte.
«Ils chantent le cantique de Moïse,
esclave de Dieu, et le cantique de l'Agneau,
disant: Grandes et merveilleuses sont tes oeuvres,
Seigneur Dieu tout-puissant! justes et
véritables sont tes voies, roi des
nations»
(vers:
3).
Maintenant- si nous ouvrons le Ps.
CIII, vers; 7, nous trouvons que
le Saint-Esprit fait ressortir en première
ligne ces deux choses -les voies de Jéhovah
et ses exploits. «Il a fait connaître
ses voies à Moïse, et ses exploits aux
enfants d'Israël.»
Les voies profondes, cachées, de
l'Éternel qui furent connues de Moïse,
sont distinguées des actes publics qui
furent opérés aux yeux de tout
Israël. Ici, les saints dont il est question
ne prennent pas d'abord pour sujet les voies de
Dieu, mais les oeuvres qu'il a accomplies:
«Grandes et merveilleuses sont tes oeuvres,
Seigneur, Dieu tout-puissant.» Et ils
s'élèvent ensuite à la
célébration de ses voies:
«justes et véritables sont tes voies,
roi des nations».
C'est bien ainsi qu'il faut lire ce verset, car
l'expression, Roi des saints, que contiennent les
éditions ordinaires, est chose
entièrement inconnue
à quelque portion que ce soit de la Bible.
Mais l'expression, Roi des nations, est authentique
et très vraie. C'est une allusion à Jérémie
X, 6: «Tu
es grand, et ton nom est grand en force. Qui ne te
craindrait, Roi des nations?»
Et précisément, pour faire voir
comment cela est d'accord avec l'enseignement
général de l'Écriture, je
ferai remarquer que, quoique Christ soit Roi, bien
plus Roi des rois et Seigneur des seigneurs, et
quoique ce soit notre bonheur de reconnaître
cela (car les chrétiens sont certainement
les seules personnes aujourd'hui qui reconnaissent
comme il faut que le Seigneur Jésus-Christ
est Roi), ce n'est pas moins une chose remarquable
que le Saint-Esprit évite de l'appeler Roi
en rapport avec l'Église.
L'Écriture qui l'appelle fréquemment
Roi, ne lui donne jamais ce titre dans sa relation avec
nous.
Naturellement le but de la parole de Dieu n'est pas
d'affaiblir notre soumission à Christ. Tout
ce qui tend à l'affaiblir ne procède
pas de l'Esprit, mais de Satan. Mais n'est-il pas
évident que la relation de roi à
peuple n'est pas aussi étroite, aussi
intime, n'embrasse pas aussi pleinement toute chose
dans son autorité, et n'implique pas non
plus autant d'affection que la relation
d'Époux à épouse, ou de
Tête à corps? Et telle est la relation
dans laquelle l'Écriture envisage
l'Église. Il y a la soumission la plus
profonde et la plus constante,
mais c'est celle des membres à leur
Tête, de l'épouse,à
l'Époux. C'est ainsi que l'Église est
soumise à Christ.
Il est vrai que nous sommes transportés dans
le royaume du Fils bien-aimé de Dieu, mais
dans quelle capacité? Il nous a fait rois
dans son royaume. Voici dans quels termes le
premier chapitre de cette même
prophétie nous représente chantant:
«A lui qui nous aime, et qui nous a
lavés de nos péchés dans son
sang, et.nous a faits un royaume de sacrificateurs
pour son Dieu et Père.» Quoiqu'il soit
donc parfaitement certain que nous sommes dans le
royaume, nous n'y sommes pas pourtant comme sujets,
tout en étant assurément sujets. Nous
reconnaissons joyeusement comme notre Seigneur,
Christ, dont la grâce nous a faits rois avec
lui, et non pas simplement comme un peuple tenu
sous lui à distance. Cela ne diminue en
aucune manière la responsabilité sous
laquelle nous sommes de lui obéir, pas plus
que cela ne lui ôte de sa gloire. Cela nous
met à même de nous montrer
obéissants en vertu d'un principe plus ferme
et de motifs plus élevés; ce n'est
pas la faiblesse de la chair sous la loi, mais le
coeur purifié par la foi et fortifié
par la grâce. Christ nous remplit du
sentiment de la gloire dont nous sommes
cohéritiers avec lui. Il nous
élève par l'espérance jusqu'au
trône, mais l'effet en est que, même
dans le ciel, nous nous
prosternerons et nous jetterons nos couronnes
devant lui. Il aime que notre obéissante
prenne, pour ainsi dire, la forme de
l'adoration.
Nous voyons par là comment le Seigneur
maintint intactes ces deux choses. D'un
côté, il prend son plaisir à ce
que nous sachions et que nous considérions
que le Seigneur Jésus est toujours
immensément au-dessus de nous; mais ensuite,
d'un autre côté, Christ nous a
placés, dès à présent
par les gages de l'Esprit, et bientôt par une
possession effective, sur des trônes afin de
faire voir que ce n'est pas simplement comme
serviteurs, ni comme peuple, que nous sommes
sujets, mais comme ceux que son parfait et divin
amour a associés avec lui-même; car
nous sommes un avec lui.
Il veut nous placer sur des trônes autour de
lui --sur son propre trône; mais même
dans cette position la soumission à Christ
ne saurait jamais disparaître: il n'y aura
jamais autre chose, soit dans le royaume soit dans
l'état éternel. Où que ce soit
que vous regardiez, jamais l'Église ne
saurait oublier ce dont elle est redevable à
son Seigneur, à son Époux, au point
de désirer qu'il en fût autrement. Ce
serait abuser de sa grâce, le
dépouiller de sa gloire; et l'Église
ressentirait vivement cela. Si les anciens,
dès qu'ils le voient seulement prendre le
livre, se prosternent devant
l'Agneau et rendent culte, à combien plus
forte raison, la pensée de quelque
indignité qui lui serait faite
exciterait-elle leurs sentiments les plus vifs
d'horreur et d'indignation. L'Église peut
être aimée, et est aimée de
Christ: mais prétendre d'une manière
quelconque à une égalité de
position avec lui, serait manifester cet esprit de
l'antichrist, «duquel nous avons ouï dire
qu'il vient, et déjà maintenant il
est dans le
monde.»
«Justes et véritables sont les voies,
roi des nations.»
Si je comprends bien, la raison pour laquelle les
«nations» sont introduites ici, c'est que
ces coupes allaient être versées
très particulièrement sur les
Gentils. Sous les trompettes, et dans les chap.
XII-XIV les Juifs, ou au moins
le résidu juif, nous sont apparus comme
étant d'une façon spéciale
l'objet de la miséricorde de Dieu selon
l'alliance. La phrase même
(chap.
XI), «l'arche de son
alliance» se rattache à cette nation,
car c'est avec elle que l'alliance avait
été faite. C'est pourquoi nous avons
vu aussi que, dans le chapitre suivant
(chap.
XII), la femme
représentait Israël. Ensuite nous avons
eu le résidu juif fidèle
(chap.
XIV). Mais à
présent ces saints célèbrent
les voies justes de Dieu envers les Gentils ou
nations. Il est Roi des nations -et non pas
seulement des Juifs. Les relations juives
apparaissent dans les deux cas, mais ce sont
des visions distinctes,
introduites par un signe très
différent.
«Seigneur, qui ne te craindra, et qui ne
glorifiera ton nom? Car tu es saint, toi seul; car
toutes les nations viendront et se prosterneront
devant toi, parce que tes jugements ont
été manifestés»
Le terme employé ici pour «saint»,
n'est pas le terme ordinairement en usage. C'est
celui dont l'Écriture se sert là
où elle parle des gratuités de David,
et dont le terme correspondant en Hébreu est
fréquemment employé dans les
Psaumes.
L'une et l'autre de ces langues ont en effet deux
mots pour exprimer l'idée de
sainteté. Il y a le terme ordinaire pour
«saint», qui se trouve, par exemple, en Apoc.
IV, «Saint, saint, saint
Seigneur Dieu tout-puissant.» Il implique,
toujours la séparation du mal -une
séparation absolue.
La sainteté dont il est parlé ici
(ch.
XV), implique la
miséricorde -ce qui est extrêmement
doux.
Il va être question des coupes, et la
première pensée serait aussitôt
«Quelle chose terrible! la colère de
Dieu va s'accomplir.» Mais qu'est-ce Dieu dont
la colère va se consommer? C'est Celui dont
la sainteté est pleine de
miséricorde: «Tu es saint, toi
seul.» C'est la sainteté de
miséricorde. «Car toutes les nations
viendront et se prosterneront devant toi; parce que
tes jugements ont été
manifestés.» Leur regard perce à
travers les jugements, et ils voient
la fin du Seigneur, et la fin
est toujours que «l'Éternel est
pitoyable et abondant en
grâce.»
De sorte que, quoiqu'il en soit de cette
tempête de jugement qui va éclater,
ils contemplent la fin depuis le commencement, et
en conséquence, célèbrent la
sainteté de Celui qui, dans le jugement, se
souvient d'avoir compassion. Sans aucun doute, il
faut que la colère ait cours et Dieu devra
la consommer, parce que sa première effusion
ne fera qu'endurcir encore davantage les hommes.
Mais vous remarquerez qu'il ne s'agit pas ici de
Christ; il n'y a rien ici qui rappelle la
colère de l'Agneau, pas même dans la
pensée des hommes: c'est la colère de
Dieu.
Dans le chap.
XIV, celui qui fait la moisson
est le Fils de l'Homme; mais ici Dieu agit
conformément à sa propre
pensée, avant que Christ vienne du ciel pour
exécuter la colère. Cela prouve avec
évidence que les coupes finissent avant que
commencent les derniers jugements du chap.
XIV, parce que la fin du
chapitre nous montre le Fils de l'Homme venant
lui-même exécuter le
jugement.
Ils peuvent donc dire, en regardant en haut:
«Seigneur, qui ne te craindra?... Car tu es
saint, toi seul; car toutes les nations viendront
et se prosterneront devant toi, parce que tes
jugements ont été
manifestés.»
(vers.
4)
Autre vérité importante: car, comme
nous le lisons en Ésaïe
XXVI, aussi
longtemps que Dieu agit en
grâce, que fait l'homme? Il en prend avantage
et refuse d'apprendre, la justice. Mais le temps
vient où le Seigneur lèvera son bras
en jugement; et quel effet en
résultera-t-il? «Lorsque tes jugements
sont en la terre, les habitants de la terre
habitable apprennent la justice.» Il en est de
même ici: «Toutes les nations viendront
et se prosterneront devant toi, parce que tes
jugements ont été
manifestés.» Tel sera en
définitive le
résultat.
Le prophète regarde de nouveau, «et le
temple (2) du
tabernacle du témoignage dans le ciel fut
ouvert»
(vers.
5).
Remarquez la différence. Au vers.
19 du chap. XI (qui introduit
la scène des chap.
XII-XIV antérieurement
aux coupes), le temple fut ouvert dans le ciel, et
on y vit l'arche de l'alliance de Dieu, tandis
qu'ici on ne voit pas d'arche. Là elle
était le gage de la fidélité
assurée de Dieu -de l'immutabilité de
ses conseils à l'égard de son peuple
d'Israël: mais ici c'est de ses ennemis qu'il
est question, plutôt que de son peuple, et il
n'y a rien que le tabernacle du témoignage,
qui est inauguré, pour ainsi dire, par des
jugements sur les hommes de la terre: il s'ouvre
pour l'effusion de la colère, et non pour le
triomphe de l'évangile, c'est le
témoignage judiciaire de Dieu, sur
la> condition de l'homme.
L'homme est coupable: que pouvait-il donc en
résulter? «Les sept anges sortirent du
temple.» Et, chose terrible à dire, ils
sortirent du lieu où maintenant on ne voyait
point d'arche. A quoi donc pouvait-on s'attendre,
sinon à la colère, et à une
colère d'autant plus redoutable qu'elle
procède du sanctuaire?
Ils «sortiront du temple ayant les sept
plaies.» C'était là
désormais tout ce que Dieu pouvait faire
pour l'homme. «Vêtus d'un lin pur et
éclatant et ceints sur leurs poitrines de
ceintures d'or. Et l'un des quatre animaux -les
principaux agents qui président à
l'exécution des jugements de Dieu dans
l'ordre de la providence -«donna aux sept
anges sept coupes d'or.»
Le mot coupe
est
emprunté des vases qui servaient à
répandre des aspersions devant le Seigneur.
Hélas! il ne s'agit pas maintenant de
sacrifices par aspersion, mais de colère
descendant de Dieu: «Sept coupes d'or pleines
de la colère de Dieu qui est vivant aux
siècles des siècles. Et le
temple fut rempli de la fumée qui
procédait de la gloire de Dieu et de sa
puissance, et personne ne pouvait entrer dans le
temple jusqu'à ce que les sept plaies des
sept anges fussent consommées.»
Ainsi, il n'y avait plus possibilité
maintenant de rendre culte à Dieu ou
d'intercéder. C'eût été
vainement qu'on aurait essayé d'entrer dans
le temple, la fumée du feu de la
colère le remplissant, la
fumée qui prouvait que le
feu était là: de sorte qu'il
n'était possible à personne d'entrer,
pas même à un sacrificateur. Nul ne
pouvait approcher maintenant: la colère, la
fumée du jugement remplissait le temple.
Absolument comme à Sinaï, où la
fumée est représentée comme
montant de la montagne semblable à la
fumée d'une fournaise; ou encore, comme dans
le Psaume
XVIII: «Une fumée
montait de ses narines, et de sa bouche sortait un
feu dévorant.» De même dans notre
chapitre: c'est l'image de la majesté de
Dieu offensée, contre le
péché; il n'y avait rien dans tout ce
que Dieu contemplait ici-bas qui fît appel
à sa miséricorde en faveur des
hommes. Le temps de l'intercession était
passé. En conséquence, les jugements
ont leur cours, et la colère de Dieu est
consommée
(vers.
6-8).
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