Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIII.

suite

-------

Le mot d'Antichrist ne se trouve que dans les épîtres de Jean, et c'est là aussi que nous devons faire nos recherches pour connaître toute la portée de ce nom. En l Jean II c'est aux nouveaux-nés de  famille de Dieu que le Saint-Esprit écrit à ce sujet, car il n'est nullement vrai que les jeunes enfants en Christ ne doivent connaître Christ que dans ses rapports avec leur propre salut. Je suppose que le Saint-Esprit s'adresse à eux pour la raison que les embûches et les ruses de l'ennemi étaient tout particulièrement dangereuses pour eux; car tout en nous préservant du mal le Seigneur nous donne aussi l'intelligence du danger qui nous menace.

La conduite chrétienne ne doit pas, ne peut pas être inintelligente parce qu'il ne s'agit pas d'un aveugle conduisant un autre aveugle, ni même d'un voyant guidant les pas d'un aveugle, mais bien de quelqu'un qui y voit conduisant quelqu'un dont les yeux, aussi sont éclairés.
Dieu donne aide et instruction; mais le Saint-Esprit prend un soin tout particulier de prouver que ce n'est pas à leur ignorance mais à leur connaissance de la vérité qu'il fait appel, «Jeunes enfants c'est la dernière heure; et comme vous avez entendu que l'Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists par quoi nous savons que c'est la dernière heure.»
Nous apprenons là avec une entière certitude ce qui était à l'oeuvre au temps de l'Apôtre Jean et ce qui n'a pas cessé de s'accroître depuis, portant jusqu'à ce jour des fruits terribles quoique la pleine récolte (c'est-à-dire l'Antichrist) ne soit pas encore arrivée à maturité complète: «Maintenant aussi, il y a plusieurs antichrists par quoi nous savons que c'est la dernière heure.»

Voilà quelle est la preuve - les progrès et le large développement, non pas du bien, comme pensent les hommes, mais du mal si profond de l'Antichristianisme.»: «Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres; car, s'ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous, mais c'est afin qu'ils fussent manifestés comme n'étant pas des nôtres.»
Quelle chose solennelle! Les personnes qui manifestent l'esprit de l'Antichrist, sont précisément du nombre de celles qui, à une époque, ont professé le nom de Christ. De fait, il ne pourrait y avoir d'Antichrist s'il n'y avait eu préalablement une profession d'être de Christ.
Il faut nécessairement qu'il y ait une vérité quelconque, car Satan ne saurait inventer. Il peut imiter; il peut corrompre la vérité de Dieu et en faire usage pour l'accomplissement de ses propres desseins; il peut même lui faire prendre des formes de mal, de manière à donner à ce qui n'est qu'erreur positive une apparence de vérité - «car, aucun mensonge ne vient de la vérité.»

Ainsi donc, le grand Antichrist est encore à venir; mais déjà, à l'époque dont il nous est parlé, il y avait plusieurs antichrists. Et chose solennelle! ces personnes avaient toutes appartenu extérieurement à la famille de Dieu; elles avaient pris la place d'enfants quoique pourtant elles n'eussent jamais été réellement des enfants. «Ils sont sortis du milieu de nous mais ils n'étaient pas des nôtres.»
Puis le Saint-Esprit ajoute; «Qui est le menteur sinon celui qui nie que Jésus est le Christ?» Mais il va plus loin. Nier que Jésus soit le Christ c'est le premier caractère; mais il y a encore de plus grandes abominations. «Celui-là est l'Antichrist qui nie le Père et le Fils
Voilà donc deux états qui nous sont dépeints. Il y a d'abord le reniement de Jésus comme Messie, dernier degré de cette infidélité qui se manifeste chez tous les Juifs incrédules qui rejettent Christ depuis les jours de St-Jean jusqu'à nos jours. Mais ce qu'il y a de plus effrayant, c'est que ce mal se trouve en ceux qui ont autrefois confessé Jésus comme le Christ.
Le conducteur de tout ce mal est appelé un menteur; et plus encore: il n'est pas seulement un menteur mais aussi un antichrist «qui nie le Père et le Fils». Jésus était le Messie, mais, en outre, Il était la manifestation du Père.

Si je regarde au Messie, comme tel, je ne reconnais pas en lui le Père d'une manière positive et parfaite. Ce que je puis discerner dans ce titre c'est le royaume de Dieu et la puissance et la fidélité de ce Dieu envers son peuple. Toutefois il existe quelque chose d'infiniment plus précieux et béni que le royaume; car lorsque la pensée de l'existence du Père apparaît, je ne m'élève pas seulement jusqu'à la région de la puissance divine, j'atteins une sphère infiniment plus sainte et plus élevée, celle des affections les plus intimes. Il est évident que ce que nous connaissons de la présence de Dieu maintenant, est quelque chose de beaucoup plus intime que la gloire qu'Il donnera ou manifestera prochainement.
Cette gloire dira aux autres quels sont Ses sentiments à notre égard, démontrant l'amour qu'Il a pour nous maintenant. Quant à nous, nous n'avons pas besoin d'attendre le royaume pour le savoir, car par le Saint-Esprit nous sommes déjà approchés de Dieu et nous le connaissons de la manière la plus précieuse en laquelle Il puisse se révéler. Sûrement lorsque nous serons dans le ciel nous aurons une connaissance beaucoup plus pure de son amour, et une jouissance qui ne sera plus interrompue par nos pensées charnelles ou par quelque influence mondaine. Tout empêchement sera ôté - toutes les idoles auront disparu - car un objet quelconque qui se place entre nous et Christ est réellement une idole.
Nous serons en dehors et au-dessus de toutes ces choses lorsque nous aurons été recueillis auprès du Seigneur. Mais, pour ce qui regarde l'amour du Père, il est aussi vrai et aussi parfait actuellement qu'il le sera jamais, et, par le Saint-Esprit, nous avons déjà le privilège d'en jouir. Nous entrerons plus pleinement dans cet amour alors, mais quant à l'amour lui-même il n'est en rien différent maintenant.

C'est donc le rejet du Seigneur Jésus, non pas seulement dans son caractère de Messie mais dans sa gloire divine comme Fils, qui introduit l'Antichrist. Tout l'amour du Père a éclaté en Christ et le témoignage en a été rendu par le Saint-Esprit. Cela comprend la révélation que Dieu a faite de lui-même tant dans l'économie juive que dans l'économie chrétienne, et cela suppose aussi que le Messie est venu et a été rejeté, mais qu'en outre Il a manifesté toute sa gloire céleste et divine car son existence comme Fils du Père ne se rapporte en rien à la terre.
Sa position éternelle de Fils est évidemment quelque chose qui surpasse de beaucoup ses droits et son caractère messianiques. Il eût été aussi entièrement le Fils du Père lors même qu'il n'y eût jamais eu de terre, ni de dispensations providentielles. C'étaient là sa relation et sa gloire éternelles: et c'est pour cela que le Saint-Esprit nous parle du Père lorsqu'Il veut nous amener à toute la plénitude de notre position et de notre bénédiction. «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ q«i nous a bénis de toute bénédictions spirituelles.» Et où cela? - Est-ce ici? - Oh! du tout. «Dans les lieux célestes en Christ selon qu'Il nous a élus en Lui avant la fondation du monde.» De sorte que le siège de notre bénédiction est complètement en dehors et au-dessus de la scène de cette création inférieure. Et si un homme rejette entièrement cela et le méprise reniant la gloire du Fils qu'il avait une fois confessée, qu'est-il? Un antichrist. Ce qu'il fait sur une petite échelle est précisément ce que l'Antichrist fera aussi, seulement sur une plus grande.

Je cite les épîtres de Jean, parce que l'Antichrist y est mentionné, non pas comme une bête, ainsi que cela a lieu dans l'Apocalypse, mais comme étant la fin et le chef de tous ceux qui, ayant une fois appartenu extérieurement à la famille de Dieu, en sont plus tard sortis, abandonnant et niant même la vérité bénie qu'ils avaient paru recevoir concernant le Père et le Fils; «Celui-là est l'antichrist qui nie le Père et le Fils.»
D'un autre côté, nous lisons aussi: «Quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père». Dieu tient toujours le plus grand compte de son Fils. Si vous niez le Fils, tout est perdu; tandis que celui qui confesse le Fils, a aussi le Père. Du moment que je possède le Fils de Dieu et que mon coeur trouve ses délices en Lui, je connais le Père, «Celui qui m'a vu a vu le Père.»

Ainsi, après avoir exhorté les chrétiens à laissser demeurer en eux ce qu'ils avaient avaient entendu dès le commenrement afin de demeurer dans le Fils et dans le Père, Jean termine son sujet ainsi: «Je vous ai écrit ces choses» touchant ceux qui vous égarent.»
C'était un mal qui était à l'oeuvre dès le commencement. Quelle grâce nous rencontrons même en cela! Puisque le mal existait et qu'il ne pouvait qu'être manifesté une fois ou l'autre, Dieu permit qu'il éclatât, de sorte qu'Il pût prononcer Lui-même une sentence contre la chose.
Nous n'aurions jamais osé parler d'une manière aussi sévère de personnes que nous aurions connues comme amis ou comme de soi-disant frères. Les appeler menteurs? Que c'est affreux et peu charitable! dirait le monde. Mais du moment que les hommes s'élèvent contre la pleine révélation du Fils de Dieu, ou plutôt la nient, le Saint-Esprit ne connaît pas de demi-mesures; et je crois que nous ne devrions pas non plus en connaître. Si le coeur n'est pas préparé à agir de cette manière, vous découvrirez que quelque autre mal en est la cause. Partout où se trouvent l'amour de soi non brisé et une grande préoccupation de ce qui nous touche nous-mêmes, nous verrons, en même temps, qu'il est fait peu de cas du Seigneur Jésus-Christ. Vous ne pouvez pas avoir, à la fois, deux objets d'affection opposés. Lorsque le coeur est exclusivement consacré à Christ, Il nous élève au-dessus des sentiments personnels; mais, lorsque nous faisons grand cas de nous-mêmes, il n'y a que peu de dévouement pour Christ et peu de jalousie pour la gloire de son Nom.

En 1 Jean IV, l'Apôtre fait allusion à l'esprit de la chose: «Tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair, n'est pas de Dieu, et ceci est l'esprit de l'antichrist, duquel vous avez ouï dire qu'il vient; et déjà maintenant il est dans le monde.»
Pourquoi le Saint-Esprit, introduit-il là ce sujet?
Beaucoup de faux prophètes sont sortis et agissent dans le monde, avait-il été dit au premier verset du même chapitre; et je suis convaincu qu'il en est de même aujourd'hui. Mais, c'est toujours difficile d'affirmer un tel fait du temps où nous vivons. Nous le discernons bien dans des époques antérieures, mais la grande difficulté est de discerner le caractère de ce qui est à l'oeuvre actuellement. Nous nous trouvons dans des circonstances toutes semblables à celles dans lesquelles les saints étaient placés alors; car aussi certainement que l'Esprit-Saint continue à agir, aussi certainement Satan Lui oppose sa puissance subtile. «Tout esprit qui ne confesse pas..... ceci est l'esprit de l'antichrist, duquel vous avez ouï dire qu'il vient; et déjà maintenant il est dans le monde.»

Il ne s'agit pas encore de l'Antichrist comme pleinement développé, mais de son esprit à l'oeuvre dans l'Église aussi positivement que l'est le Saint-Esprit. L'ennemi ne commence pas par introduire ce mal dans le monde profane, mais bien parmi ceux; qui ont porté le nom de Christ, Il n'aurait pas été possible à Satan de forger une telle rébellion contre Dieu chez d'autres; que chez ceux qui ont professé croire la vérité et l'amour de Christ. Une allusion est faite à cela dans la seconde épître de Jean, lorsqu'il est dit: «Plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde qui ne confessent pas Jésus-Christ venu, en chair; celui-là est le séducteur et l'antichrist.»

Il n'est plus seulement question de la justification par la foi ou par la loi, mais il s'agît d'une chose encore plus sérieuse. C'est Satan, non-seulement attaquant l'oeuvre de Christ et cherchant à amener des personnes à y ajouter quelque chose afin de diminuer par là la gloire du Seigneur, mais s'efforçant, en outre, de déprécier et de nier la Personne même du Fils.
Quelque importante que soit pour nous l'oeuvre de Christ, ce n'est pas elle mais sa Personne qui est le centre et la substance de toute vérité et de toute gloire. En présence d'un tel sujet, je sens plutôt le besoin de me prosterner pour adorer, que de me livrer à la discussion.

La raison pour laquelle quelques personnes tiennent particulièrement à l'oeuvre de Christ, c'est parce qu'elles sentent, et cela justement, qu'elles ne peuvent être sauvées sans cette oeuvre. Mais du moment où nous avons la paix de la conscience, c'est la Personne de Christ qui devient le plus précieux objet de nos coeurs. Il est les délices de Dieu; et ce qui Lui est tout particulièrement précieux, doit aussi nous être infiniment cher; car c'est là qu'est pour nous la bénédiction.
Sa Parole ne nous dit pas seulement que celui qui nie Jésus-Christ venu en chair, mais que celui qui ne confesse pas Jésus-Christ venant en chair est un séducteur et un antichrist.

Le Saint-Esprit devient, si j'ose m'exprimer ainsi, de plus en plus hardi dans ses déclarations. Va-t-Il baisser de ton parce que Satan semble gagner du terrain et qu'il devient de plus en plus audacieux contre Christ? Et nous, pouvons-nous dire que nous ne devons pas être aussi stricts maintenant, parce qu'il y a tant de mal et que l'Église est en ruine? Oh! loin de là; lorsque le Saint-Esprit nous pourvoit de la provision nécessaire pour les derniers temps, son langage est plus énergique que jamais.
Voici ce qu'Il dit: (verset 10) «Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas.»
Nous n'avons rien à lui dire. Non seulement il ne doit pas être reçu dans l'Église, la demeure du Dieu vivant, mais encore il ne doit pas y avoir pour lui d'entrée dans la maison d'un chrétien. Il ne faut pas qu'il rencontre parmi les saints approbation ou appui; car, l'habitation du chrétien doit être une forteresse pour le nom du Seigneur et une reproduction de tout ce qu'Il aime et produit Lui-même chez ceux qui l'avouent et l'honorent. L'apôtre n'est pas arrêté dans son sujet par la pensée que c'est à la dame élue qu'il écrit; c'est-à-dire à quelqu'un qui n'est appelé ni à enseigner ni à gouverner, car lorsqu'il est question de Christ il est inutile de prétexter comme motif de relâchement que c'est à une femme qu'on s'adresse. Elle a besoin de Christ, elle doit tout à Christ, et quoique ce soit une femme elle est tenue de Lui donner la première place, de L'avoir pour premier objet de ses affections; c'est pourquoi si un individu quelconque porte atteinte à Christ, peu importe qui elle est ou ce qu'elle est, sa fidélité à Christ réclame d'elle tout empressement et toute décision.
Cela devient aussitôt un mobile impérieux pour la foi et une importante responsabilité pour l'âme. Qu'il s'agisse de personnes qui ont l'esprit de l'antichrist ou bien du grand Antichrist lui-même, il y a opposition à Christ; et cela décide tout pour un coeur sincère.

Dans l'Apocalypse, l'Antichrist est dépeint non pas simplement comme un séducteur, mais comme une «Bête,» comme une puissance terrestre possédant de fait des royaumes et un système impérial, plutôt que comme ayant uniquement une influence spirituelle, maligne, ainsi que c'est le cas dans les épîtres de Jean. Si nous consultons quelques uns des prophètes juifs nous aurons à ce sujet quelques détails de plus. Je fais particulièrement allusion à Daniel XI. Vers la fin de ce chapitre (vers: 36.) voici ce que nous lisons: «Le roi donc fera selon sa volonté et s'enorgueillira et s'élèvera par-dessus tout dieu; il proférera des choses étranges contre le Dieu des dieux.»
Ce passage nous montre en Judée un personnage plein de lui-même et qui s'élève entièrement. Cela est fort clair, car un peu plus bas il est dit: «Il honorera dans son lieu le dieu Mahuzzim; il honorera dis-je, avec de l'or et de l'argent et des pierres précieuses et des choses désirables le dieu que ses pères n'ont point connu. Et il fera de grands exploits dans les forteresses les plus fortes tenant le parti du dieu inconnu..... - il les fera dominer sur plusieurs et leur partagera le pays à prix d'argent.»
Or, il me semble que partout où le Saint-Esprit parle d'un pays en l'appelant le pays c'est de la terre d'Israël qu'il est question. Il en parle comme de la terre du Seigneur. Cela est confirmé un verset ou deux plus loin (41), «Il (le roi du Nord) entrera au pays de noblesse et plusieurs pays seront ruinés». C'est ainsi qu'un grand antagoniste venant du Nord se lèvera contre le roi (v. 40) «comme une tempête avec des chariots et des gens de cheval» etc.
Il est donc évident que le pays de noblesse dont il est ici parlé est celui que «le roi» a partagé entre ses favoris. En un mot, il est roi dans le pays de Judée et il est dit expressément que l'époque, la politique et tes conflits appartiennent au temps de la fin. Alors «le roi du Midi choquera avec lui (le roi de Judée) de ses cornes, et le roi de l'Aquilon se lèvera, etc.»

S'il en est ainsi, plusieurs points sont rendus clairs par ces versets. Tout premièrement un roi agissant selon sa volonté s'établit dans la Palestine, et tandis que vous pouvez apercevoir en lui des traits moraux qui établissent des rapports intimes entre lui et «l'Antichrist» dépeint en Jean, il est envisagé ici comme une puissance terrestre et rattaché par là à l'une des Bêtes de l'Apocalypse. Mais il y a plus que cela, car il doit s'enorgueillir et s'élever par-dessus tout dieu. C'est là un nouveau caractère.
Certains empereurs romains se faisaient rendre, durant leur vie et même après leur mort, les honneurs divins, mais jamais aucun d'entr'eux ne se plaça comme étant au-dessus de tout dieu. Mais «le roi» s'élèvera au suprême degré, et cela dans un pays qui, d'une manière toute spéciale, appartient au Seigneur et parmi un peuple que Dieu avait appelé pour qu'il fui témoin contre toute idolâtrie; et cet homme voudra pourtant en imposer une nouvelle, et des plus audacieuses, en s'arrogeant la place du Très-Haut dans le pays et le temple de Dieu; (comp. 2 Thess. II) car quelque corrompu qu'ait été Israël «en se prostituant sous tout arbre vert» nous avons ici le spectacle inconnu jusque-là d'un homme qui se donne pour le Dieu suprême.

Malgré cela, il a lui aussi un objet d'adoration car tout homme est esclave de quelque chose à moins de posséder la seule élévation réelle, chose qui n'appartient qu'à celui qui sait se prosterner devant le vrai Dieu. Celui-là est réellement le plus élevé, qui sait le plus s'abaisser devant Dieu. Car l'homme (en cela encore différent de Dieu) ne peut se suffire à lui-même. Il faut, ou qu'il élève ses yeux pour les arrêter sur le vrai Dieu, ou bien qu'il les abaisse sur un faux dieu.
Le personnage même qui s'efforcera de s'assujettir toutes choses pour devenir l'unique objet de culte se trouvera être asservi lui- même à quelque chose. C'est ainsi que nous voyons (v. 37.) que, tandis qu'il ne se soucie point du Dieu de ses pères (détail confirmant son origine juive) ni du désir des femmes - chose qui a probablement trait à la naissance du Messie- ni d'aucun Dieu, car il s'élèvera au-dessus de tout, l'Esprit Saint ne laisse pas de nous montrer dans son caractère cette apparente contradiction (v. 38.), «Il honorera dans son lieu le dieu Mahuzzim.».(le dieu des forces). Il veut que toutes les créatures l'honorent lui, mais il honore lui-même ce faux-dieu «avec de l'or et de l'argent et des pierres précieuses et des choses désirables». C'est là de qu'il fera du dieu inconnu qu'il aura connu et dont il multipliera la gloire. «Et au temps de la fin (vers angl.) le roi du Midi choquera avec lui de ses cornes mais le roi de l'Aquilon se lèvera contre lui et il entrera au pays de noblesse».

Il est ici clairement question de la Palestine. Le roi du Midi et celui du Nord sont ainsi appelés à cause de leur position relative avec la Judée. Le roi du Nord, annoncé comme arrivant avec une grande force, n'est autre que l'Assyrien, duquel les prophètes parlent habituellement; tandis que le roi du Midi occupera alors le trône d'Egypte.
Ces deux puissances s'élèvent contre «le roi» qui, à mon avis, est l'Antichrist de l'Écriture. Le Saint-Esprit ne décrit pas ici son apparition, car il n'y avait nul besoin de dire qui il était; mais il l'introduit d'une manière tout à fait brusque. Si nous examinons, en effet, le verset 35, nous verrons qu'il y est question de gens intelligents, allusion à ce qui se passa du temps des Macchabées sous le règne d'un prince tristement célèbre, Antiochus-Épiphane qui persécuta cruellement les Juifs d'entre lesquels plusieurs se rendirent très remarquables. Il peut s'être mêlé à leurs sentiments et à leurs actions des motifs charnels; mais, quoiqu'il en soit, ils résistèrent énergiquement à tous les efforts qui furent tentés pour leur faire abandonner Jéhovah pour le culte des idoles. Quelques-uns tombèrent, mais ce fut, comme le dit le prophète, afin que d'autres fussent rendus éprouvés, épuréset «blanchis jusqu'au temps déterminé; car, cela est encore pour un certain temps.»

C'est là que vient l'intervalle durant lequel le Saint-Esprit supprime l'histoire passée d'Israël. II place d'abord devant nous les luttes entre Antiochus et ses adversaires, suivies des exploits et des souffrances de ceux qui sont intelligents en Israël. L'histoire de ce peuple est alors interrompue, et nous sommes instantanément transportés «au temps déterminé» ou, selon une version plus exacte, «au temps de la fin.»
Entre ces deux points il y a une interruption dans l'histoire d'Israël. Mais que nous est-il dit ensuite? «Le roi fera sa volonté.» Le silence est gardé ici sur son origine ou ses progrès; il ne nous est rien dit du lieu où il surgit; nous n'avons d'autres détails que ces mots singuliers, «le roi», précisément comme si cela nous disait assez de qui il est question. Ce n'est pas l'unique endroit de l'Écriture où il est parlé du roi.
Si vous consultez la fin du XXXe chap. d'Ésaïe, vous verrez que «le roi» y est introduit d'une manière non moins extraordinaire. Je suppose que la raison en est, que les Juifs, tout en attendant le Messie, attendaient aussi l'Antichrist, ce grand prince qui devait fouler aux pieds ceux d'entre eux qui avaient de la piété: la prophétie en parlait d'une manière claire, et c'était ainsi compris par eux.
En Ésaïe XXX, l'Esprit de Dieu fait mention de deux ennemis d'Israël. Premièrement, au verset 31: «Car, l'Assyrien qui frappait du bâton sera effrayé par la voix de l'Éternel» C'est là le roi du Nord qui figure en Daniel et qu'un prophète moins ancien a peut-être représenté sous le nom de Sennachérib, l'Assyrien de son époque, mais qui évidemment n'est qu'un type du grand ennemi s'élevant du Nord aux derniers jours.
Plus loin, noua lisons: «Et partout où passera le bâton que l'Éternel aura fait reposer sur lui et par lequel il aura combattu dans les batailles à bras élevés, on y entendra des tambours et des harpes.»
C'est ainsi qu'aux larmes et aux difficultés se mêlera aussi la joie: «on entendra des tambours et des harpes.» «Car, Tophet est déjà préparée, elle est aussi apprêtée pour le roi.» C'est là, je crois, la force du passage: «elle est aussi apprêtée pour le roi.» Si ce que nous venons de dire est exact, nous trouvons donc, dans la scène finale, le jugement de Dieu fondant sur ces deux, grands ennemis d'Israël - l'Assyrien, et «le roi» qui est introduit ici sans que rien y prépare. La même chose nous apparaît dans le chap. LVII de ce même prophète. Je tiens d'autant plus à citer ce chapitre, qu'on pourrait prétexter que dans le XXXe, «l'Assyrien.» et «le roi» sont identiques. Mais dans le LVIIe chap., il est absolument impossible de soutenir une pareille idée. Le prophète vient de décrire l'iniquité criante du peuple juif à la fin; et soudain, voici ce qu'il ajoute: (v. 9.) «Tu as voyagé vers le roi avec des onguents, etc.»
J'en conclus que «le roi» est réellement un ennemi spécial de Dieu, qui n'attaque pas les Juifs du dehors, comme fera l'Assyrien, mais s'arroge au sein de la nation le titre et la place de roi sur le peuple de Dieu. Il était inutile de préciser de quel roi il s'agissait, parce que l'idée d'un tel personnage était familière à Israël, de sorte que le Saint-Esprit pouvait facilement l'introduire sans un mot de préface. Le peuple savait que ce roi terrible devait paraître - il avait la connaissance de ce grand et dernier ennemi de Dieu. et des Juifs comme devant s'élever dans le pays même. L'Assyrien est aussi un grand ennemi de Dieu et d'Israël; mais non pas dans le pays, puisqu'il doit combattre contre «le roi» qui y règne. Le dernier roi volontaire est l'objet des attaques du dernier puissant Assyrien. Tous deux extraordinairement mauvais et corrompus, ils ne s'accordent pourtant en aucune manière dans leurs desseins impies. Ils s'entrechoquent constamment; aucune paix durable ne peut être établie entre eux, comme nous l'enseigne d'une manière précise le XIe de Daniel. Le 14e verset de ce chapitre ne nous présente en aucune manière la description du roi qui paraît alors être perdu de vue pour faire place à l'orgueilleux roi d'Assyrie, sur lequel nous avons alors quelques détails. Le Saint- Esprit se hâte de nous donner la fin de la carrière de l'Assyrien, laissant de côté celle du «roi».

Si nous ouvrons maintenant le Nouveau-Testament, nous découvrirons quelques traits de plus touchant ce roi. Le second chapitre de la 2e épître aux Thessaloniciens renferme les plus amples détails que nous fournisse l'Apôtre Paul à ce sujet.
Voici ce que nous lisons au verset 3: «Que personne ne vous séduise en aucune manière; car ce jour-là ne viendra pas que l'apostasie ne soit arrivée auparavant et que l'homme de péché ne soit révélé, le fils de perdition.»
Il y a d'abord l'apostasie; puis, il y a l'homme de péché qui est une chose différente et postérieure à l'apostasie. L'apostasie prépare le chemin pour la révélation de l'homme de péché. La révolution française, par exemple, répond plutôt à l'apostasie que le Romanisme qui confesse des vérités toutes corrompues ou mal appliquées. II y aura, sans nul doute, un développement plus terrible encore de l'apostasie, quoique le romanisme en soit néanmoins une illustration. Toutefois, il paraîtra quelque chose de pire encore que tout cela - l'homme de péché. Mais qui est-il? Le Seigneur Jésus-Christ était l'homme de justice: celui-ci est le contraire, l'homme de péché, «le fils de perdition, lequel s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération».
Les mêmes caractères moraux par lesquels Daniel dépeint «le roi», Nous les retrouvons précisément dans cet homme de péché.
«De sorte que lui-même s'assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu.»
Nouveau détail nous apprenant qu'il: est question de quelqu'un qui habite Jérusalem, puisqu'il s'assied dans le «temple de Dieu», que je ne vois pas de motifs de supposer être autre chose que le temple littéral et bien connu de cette cité.

En même temps, si quelqu'un veut appliquer le principe de ce passage à ceux qui dénaturant la position de l'Église, en font un instrument et une sphère d'orgueilleuse élévation pour eux-mêmes actuellement, je n'ai rien à objecter à une application pareille que je crois même juste, - au moins en partie, seulement il me semble que l'Esprit de Dieu a en vue un personnage qui veut s'approprier les honneurs dus à Dieu seul.
«Ne vous souvenez-vous pas,» dit l'Apôtre, «que quand j'étais encore auprès de vous je vous disais ces choses? Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu'il soit révélé en son propre temps. Car le mystère d'iniquité se met déjà en train etc.»
Et c'est précisément ce que répète en d'autres termes l'Apôtre Jean: «maintenant aussi il y a plusieurs antichrists»; de même dans le passage qui nous occupe nous voyons que le mystère d'iniquité se mettait déjà en train, seulement il y avait quelqu'un qui faisait obstacle. «Celui qui retient maintenant le fera jusqu'à ce qu'il soit loin.»
Je n'ai pas le moindre doute que cet obstacle ne soit la puissance du Saint-Esprit non-seulement comme ayant son habitation dans l'Église, mais aussi comme exerçant un contrôle sur le monde - comme les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre.
S'il ne s'agissait que du Saint-Esprit dans l'Église, du moment où celle-ci aurait été enlevée l'homme de péché serait manifesté. Mais il paraît que l'inique ne parviendra pas à son entier développement aussitôt après l'enlèvement des saints. Il y aura un intervalle et un court témoignage pour Dieu; mais lorsque ce témoignage aura disparu, ou que plutôt il aura été violemment retranché, l'homme de péché paraîtra dans son plein épanouissement. Et c'est, me semble-t-il, le moment où le Saint-Esprit cesse de retenir. Il laisse alors les hommes se montrer tels qu'ils sont et faire éclater toute leur iniquité.

Le Saint-Esprit n'exerçant plus son contrôle sur la terre il est permis à Satan, pendant une courte période, de mener à maturité ses plans les plus exécrables. Voilà, je pense, le temps véritable, et le caractère réel de ce temps où l'obstacle doit être ôté. Durant de longues années, les chrétiens des premiers âges avaient coutume de prier pour la continuation de l'empire romain, parce qu'ils supposaient que l'empêchement résidait là, et que, du moment où cet empire disparaîtrait, l'inique serait révélé. Et comme c'est subséquemment à une existence et à une extinction antérieures de cet empire qu'il doit surgir sous sa forme diabolique, il y avait dans leur supposition une certaine mesure de vérité.
Mais l'empire romain s'est éteint depuis longtemps, et cependant l'homme de péché dans son plein développement n'a pas été manifesté encore; c'est la réapparition de l'empire, et non pas son extinction, qui est l'époque critique; et elle dépend de la cessation de l'action par laquelle le Saint-Esprit retient. Lorsque cette action prendra fin, toute la méchanceté de l'homme et de Satan se donnera libre carrière sans mesure et sans déguisement.
«Celui qui retient maintenant le fera jusqu'à ce qu'il soit loin. Et, alors sera révélé l'inique, lequel le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et anéantira par l'apparition de sa venue.»
Le chap. XIXe de l'Apocalypse dépeint cet anéantissement. Voici ce que nous lisons au verset 20 après une description de la venue du Seigneur en jugement: «La bête fut prise et le faux prophète qui était avec elle et qui avait fait devant elle les miracles, etc..... Ils furent tous deux jetés vifs dans l'étang de feu embrasé par le soufre.»
Ce sont, sans aucun doute, les mêmes systèmes ou les mêmes personnages déjà caractérisés dans le XIIIe de l'Apocalypse comme les bêtes s'élevant de la mer ou de la terre. Or, il est incontestable que l'une de ces deux bêtes est l'Antichrist; mais il reste toujours à savoir laquelle est cet homme de péché. Est-ce la grande puissance du monde - cette bête qui monte de la mer? Ou bien est-ce l'autre bête si énergique que nous voyons sortir de la terre, et qui imite Christ dans sa puissance royale et dans sa sacrificature? Je suis porté à croire que c'est la dernière (1), mais j'avoue franchement qu'il ya des difficultés, et je crois que c'est un point sur lequel il ne faut pas être affirmatif. Ces bêtes sont si intimement associées dans leurs actions, dans le but qu'elles se proposent, et aussi dans leur destinée que l'on n'est point étonné de l'embarras que certaines personnes éprouvent à se prononcer, non plus que de la différence de conclusion à laquelle d'autres arrivent. Toutefois, plus j'étudie ce que dit saint Paul de l'homme de péché, et ce que nous lisons touchant l'Antichrist dans les épîtres de Jean, et plus je comprends qu'il doit s'agir de la bête qui a le plus la prétention de rivaliser avec Christ et de s'opposer à Lui, caractère que je trouve essentiellement dans la Bête qui surgit de la terre.

Considérons maintenant à la lumière des passages que nous avons examinés ce que nous fournit encore notre chapitre. Après la description qui est faite de la bête au verset 11, nous avons quelques détails sur l'exercice de sa puissance.  «Elle exerce tout le pouvoir de la première bête devant elle.»
C'est une puissance énergique. En tous points nous voyons cette seconde bête faire beaucoup plus de cas d'une influence et d'une énergie positives, que de ce qui a de l'éclat, chose plus particulièrement appréciée de la première bête. «Elle fait que la terre et ceux qui habitent sur elle rendent hommage à la première bête dont la plaie mortelle avait été guérie.» Remarquez encore ici que ceux qui habitent sur la terre sont livrés à son énergie d'erreur.

En voyant que la seconde bête travaille pour faire rendre hommage à la première, quelques-uns ont supposé que 2 Thess, II, réfute l'idée que la seconde bête est le même personnage que l'homme de péché, parce qu'il représente celui-ci comme ne tolérant pas d'autre objet d'adoration que lui-même. Mais il est évident que trois personnages se trouvent étroitement liés dans la scène que nous avons sous les yeux, savoir, le dragon, la grande puissance du monde ou première bête, et la puissance politico-religieuse ou seconde bête. Il ressort d'Apoc. XIII, 4, que le dragon est adoré aussi bien que la première bête; de sorte que, quelle que soit la Bête, la première ou la seconde, que l'on suppose être l'Antichrist et l'homme de péché, la même difficulté demeure. Dans un cas comme dans l'autre l'adoration est partagée. De fait, elles constituent l'Anti-Trinité, et trouvent le lien qui les unit dans la puissance invisible de Satan.

La seconde bête est très importante. C'est réellement la puissance qui agit dans la Terre-Sainte. La bête sortie de la mer a domination sur l'Occident, et exerce en outre, au-delà, une puissante influence; mais, ni Jérusalem, ni la Palestine ne font partie de sa sphère, sauf en tant qu'elle y fait mettreà mort les témoins, et que c'est là qu'elle tombe.

La seconde bête est le grand pouvoir connu dans la Terre-Sainte. «Et elle fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes.» (vers. 13.)
Ce qui donne à ce miracle un si profond et si pénible intérêt, c'est que c'était le signe spécial dont se servit Élie pour confondre les faux prophètes de Bahal. Lorsque toute la question se posa entre Dieu et Bahal, à quel fait capital eut-on recours pour la décider et rendre manifeste les droits de Jéhovah contre le faux dieu? Ce fut celui- là même que nous avons ici - le feu descendant du ciel. C'était un signe avec lequel on avait été familiarisé en Israël, et auquel on pouvait rattacher justement l'idée de l'approbation et de la puissance directes de Dieu; car, plusieurs fois il avait fait descendre le feu du ciel comme témoignage évident de son approbation.
Le feu était sorti de la part du Seigneur lorsque les sacrificateurs furent consacrés; la même chose se reproduisit encore lors de la construction et de la dédicace du temple par Salomon (2 Chron. VII, 1). «Et sitôt que Salomon eut achevé de faire sa prière, le feu descendit des cieux et consuma l'holocauste et les sacrifices, et la gloire de l'Éternel remplit le temple.» C'était, vis-à- vis d'Israël, la manifestation puissante de la présence de Jéhovah - présence qui remplissait la scène, montrant ainsi que les sacrifices étaient acceptés.

Nous voyons donc, dans notre chapitre, que cet horrible contre-facteur et antagoniste du Seigneur Jésus, se produit comme étant le Dieu d'Israël aussi bien que le Christ. Le vrai Messie était le Dieu d'Israël, et nous trouvons ici l'imitation de sa majesté, de ses droits, et de sa puissance.
L'Antichrist doit aussi faire descendre du feu du ciel. Je ne veux pas dire que ce soit réellement du ciel, mais plutôt que cela en a l'apparence; aux yeux des hommes le feu venait du ciel. De même que Satan a le pouvoir d'imiter, de même aussi cette puissance maligne qui n'est que l'oeuvre de Satan se met à reproduire, du moins eu apparence, ce qu'avait fait Elie. La même démonstration, fournie par ce prophète en faveur de Jéhovah contre Bahal, se trouve donnée par l'inique en son propre nom.
C'est une scène épouvantable et qui le devient davantage à nos yeux, si nous la comparons avec 2 Thess. II, 9. Car, chose triste à dire, les mêmes paroles qui sont employées pour nous parler des miracles du Seigneur Jésus en Actes II, 22, sont appliquées dans les Thessaloniciens par le Saint-Esprit à l'homme de péché. Voici ce que dit Pierre; «Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu dans vous par les miracles, les prodiges et les signes»; nous lisons ce qui suit dans l'épître mentionnée plus haut: La venue de l'inique «est selon l'opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge.»
Les signes distinctifs de Christ présentés aux hommes pour qu'ils puissent reconnaître la vérité, sont imités par cet imposteur. Il opère pour le mensonge des signes analogues, et les hommes sont complètement séduits.

Le dégoût que les hommes éprouvent pour la chrétienté dans l'état auquel elle est parvenue, est ce qui prépare le chemin à un tel résultat. Je reconnais que c'est avec raison que l'on dit du mal de l'état dans lequel est tombé le christianisme. Dès qu'il perd de vue sa séparation céleste et partage les principes du monde, il en résulte aussitôt la confusion. Les chrétiens ayant oublié que Satan est le dieu de ce monde, ils se laissent complètement aveugler par lui quant au caractère que l'Église de Dieu doit garder, et quant à ce qui est dû ici-bas à Son Fils. Christ est ouvertement laissé de côté, et on perd même la fidélité et la véracité que les hommes doivent exiger dans les choses les plus ordinaires de la vie. Notre désir n'est pas de dire du mal d'autrui; mais que Dieu nous préserve de ne pas nous prononcer franchement contre une chose qui reste au-dessous de l'honnêteté vulgaire que l'on apporte dans les affaires de cette vie.

Lorsque l'Église ou le chrétien individuellement cesse de juger, ou s'il le condamne dans son coeur, tolère de fait, dans les choses les plus saintes, ce que l'homme naturel même ne tolère point dans ses relations comme homme et comme membre de la société, de sorte que le monde lui-même peut voir que ce qui se revêt du nom de Christ est complètement mauvais; lors, dis-je, qu'une pareille chose arrive, est-ce possible que Dieu garde plus longtemps le silence? Le jugement, certes, est imminent; mais pour nous quelle grâce que Dieu nous ait donné une douce espérance et un continuel sujet de joie au lieu d'une attente terrible de jugement! Notre portion est en dehors de la sphère de ce monde; et il faut que le jugement ait lieu avant que le monde puisse être pleinement béni. Mais si quelqu'un est uniquement occupé du mal et du jugement qui lui est préparé, il manquera de puissance pour faire le bien. Ce qui donne de la puissance, ce n'est pas la manifestation de ce qui est mauvais, mais bien l'introduction de la grâce et de la vérité pour agir sur les âmes; autrement on ne ferait que sortir d'une forme du mal pour tomber dans une autre. La seule sécurité véritable, c'est d'être près de Christ; et nous ne sommes réellement utiles aux autres, qu'autant que nous les mettons en contact avec Lui.

Comme nous venons de le voir, il sera donc permis au grand ennemi de Dieu, defaire des prodiges en imitation de la puissance de Christ et à l'appui de ses prétentions à être Jéhovah. Il n'est point surprenant qu'il séduise ainsi ceux qui habitent sur la terre. Et ce qui prépare rapidement le chemin et mûrit les hommes pour tout cela, c'est que maintenant ils prêtent l'oreille à la voix de Satan qui a détruit toute confiance dans les miracles de Christ et dans les Écritures qui nous les rapportent. C'est ainsi que, lorsque les hommes non-seulement repasseront dans leur esprit, mais auront sous leurs propres yeux, le spectacle des choses horribles qui se sont ou se seront accomplies dans la chrétienté, tout en demeurant pour eux-mêmes étrangers à l'amour de la vérité, ils seront tout à fait à la merci de Satan. C'est alors, quand les hommes ont cherché et trouvé la satisfaction de leurs désirs, sans égard pour la conscience, et que Dieu lui-même agissant en justice rétributive, envoie encore une efficacité d'erreur pour qu'ils croient au mensonge (leur tenant, pour ainsi dire ce langage: «Vous avez refusé de croire à la vérité qui apportait le salut, ayez donc maintenant tout ce que vous aimez) c'est alors, dis-je, que paraît ce personnage et que se produisent ces miracles qui semblent venir du ciel. Quoi d'étonnant que les hommes se prosternent et adorent la Bête et son image?

C'est Satan cela va sans dire, qui fait mouvoir tous les personnages de cette scène; mais son esclave, la seconde Bête, «séduit ceux qui habitent sur la terre à cause des miracles qu'il lui fut donné de faire devant la bête disant à ceux qui habitent sur la terre (2) de faire une image à la bête qui a la plaie de l'épée et qui vit. Et il lui fut donné de donner la respiration à l'image de la bête afin que l'image de la bête parlât et qu'elle fît (3) quetous ceux qui ne rendraient  pas hommage à l'image de la bête fussent mis à mort.» (vers. 14, 15).

Remarquez, en passant, que nous avons une nouvelle preuve que la second bête s'élève après la réapparition de la première, car celle-là fait «faire une image à la bête qui a la plaie de l'épée et qui vit» «Et elle fait qu'à tous, petits et grands et riches et pauvres et libres et esclaves, on leur donne une marque à la main droite ou au front; et que personne ne peut ni acheter ni vendre, sinon celui qui a la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom.» (vers. 16, 17).

Cette marque était, le sceau de l'assujettissement ou de l'esclavage à la bête; «Ici est la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence compte le nombre de la bête; car c'est un nombre d'homme et son nombre est six, cent soixante-six.» (vers. 18).

Je ne prétends pas résoudre un tel problème. Il serait aisé de répéter ce que d'autres ont pensé. Quelques-uns des premiers chrétiens, notamment le pieux évêque de Lyon, St-Irénée, ont supposé que c'était l'homme, latin. D'autres ont trouvé différents noms en. rapport avec leur polémique ou leurs préjugés. Les catholiques romains ont prétendu y voir, Luther, et les protestants le nom de plus d'un pape. Mahomet dans les temps anciens, et de nos jours Napoléon, ont aussi pour un temps occupé l'esprit, comme répondant à ce nombre. Mais, je le demande, de semblables idées valent-elles mieux que des chimères?

Sûrement ce n'est pas l'habitude de l'Esprit d'occuper le peuple de Dieu en offrant à son imagination de vagues problèmes reposant sur des lettres ou des chiffres énigmatiques. Ne pouvons-nous pas plutôt nous contenter de la pensée que ce détail est réservé pour «les intelligents» des derniers temps, et que, lorsque le moment sera venu, la lumière requise sera pleinement accordée? Car il y a dans les voies de Dieu une sorte d'économie, au moins quand il s'agit de détail et d'application, de manière qu'il ne donne pas la force nécessaire pour traverser une épreuve particulière jusqu'à ce qu'il l'ait dispensée; il se peut aussi que le Seigneur se réserve d'accorder toute l'instruction nécessaire à l'égard de ce nombre, lorsque paraîtra l'individu qu'il représente.

L'application de la prophétie à l'individu auquel elle fait allusion, sera alors l'affaire importante. Il me semble prématuré et inutile de discuter une telle question avant que figurent les différents personnages auxquels elle a trait. Alors les intelligents comprendront la chose, et tout deviendra pour eux aussi clair que le jour, tandis que les méchants seront dans une obscurité complète (Voyez Dan. XII).
Toutefois, déjà maintenant la vérité dans son ensemble est parfaitement simple et évidente, Il y a cette seconde «bête», la puissance active et énergique dans son opposition à Christ; mais, lorsque viendra le jour des rétributions et que le jugement du Seigneur pèsera sur elle, elle ne portera plus le nom de la bête, mais bien celui de «faux- prophète», qui avait opéré des miracles (Apoc. XIX, 20).
Supposant que la seconde bête soit l'Antichrist, je suis encore disposé à trouver une contrefaçon de Christ dans ses efforts à faire rendre hommage à la première bête. Le Seigneur Jésus-Christ parlait et travaillait en vue de la gloire de Dieu le Père, tandis que Dieu le Père Lui-même faisait de Christ l'objet spécial de ses délices et de ses pensées. «Que tous les anges de Dieu lui rendent hommage» au Fils); et ailleurs: «Que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père.»
Il en est de même de cette bête: elle aidera à exalter la grande puissance du monde; mais avec tout cela, elle cherchera au moins autant et même plus dans les choses spirituelles à s'exalter elle-même. Elle a des cornes comme un agneau, c'est-à-dire qu'elle prétend à la puissance de Christ; mais elle parle comme un dragon - l'expression de sa pensée est satanique. Le fait que ce personnage est un bête, prouve qu'il est revêtu de l'autorité temporelle, tout en étant aussi désigné expressément comme un faux prophète. Ainsi, c'est un antagoniste personnel de ce que Christ a été et sera, plutôt que de ce qu'il est.

Le papisme - l'Anti-christianisme, si vous aimez mieux, est un travestissement de la sacrificature de Christ, et périra avec tous ceux qui participent à son péché dans la contradiction de Coré. Mais ici, au moment où Christ, après avoir terminé son oeuvre céleste, va revendiquer sa dignité royale terrestre, il y a quelqu'un qui s'oppose et s'exalte lui-même dans la ville du grand roi. Car c'est la Terre-Sainte qui est le siège de sa puissance et de ses séductions. C'est, je crois, le personnage que le Seigneur Jésus place en contraste avec Lui-même dans un passage que nous avons cité, en partie et qui résume tout en peu de mots (Jean V. 43). «Je suis venu au nom de mon Père et vous ne me recevez pas; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez.»
Les Juifs ne voulurent pas Celui qui était envoyé du Père. Celui qui était Son Envoyé et Son Serviteur tout en étant égal à Lui en honneur et en puissance, est venu et a été rejeté. Mais il en est un qui doit être reçu et qui flattera et élèvera l'homme dans son péché, car il ne reconnaîtra aucune autorité supérieure à la sienne, et tel est l'écho de la volonté de l'homme. Je ne doute pas qu'il soit question dans ce passage de l'individu même que nous avons dans notre chapitre - quelqu'un qui, en ce qui regarde la puissance territoriale et la splendeur extérieure, peut avoir un supérieur, mais quiest sans égal en puissance et en énergie spirituelles et sataniques.

Que le Seigneur nous accorde de renier toute impiété et toutes les convoitises mondaines, non pas uniquement en vue de la colère à venir, mais à cause de la conscience. Oh! puissions-nous réellement être séparés pour Christ dans un esprit céleste. Qu'il serait vil de penser qu'il sera temps de prendre garde quand le moment sera venu, et plus vil encore, si possible, d'alléguer que l'Église de Dieu doit être préalablement enlevée au ciel, et que, puisque tout ira bien alors, nous pouvons bien maintenant nous laisser ailler quelque peu au mal!
Rappelons-nous que déjà. comme le dit l'Apôtre, il y a plusieurs antichrists par quoi nous savons que c'est la dernière heure. Si donc vous composez actuellement avec l'esprit du monde, ou si vous jouez avec les influences anti-chrétiennes qui se font déjà sentir de nos jours, que feriez-vous en présence des effroyables persécutions et des tentations de ce jour où l'homme de péché sera pleinement révélé? La grâce de Dieu pourrait, il est vrai, me fortifier de manière à me rendre capable de faire face à tous les dangers, et de repousser toutes les séductions, plutôt que d'abjurer le vrai Dieu et le vrai Christ pour en adorer de faux: mais n'est-il pas profondément solennel et humiliant d'avoir communion avec un mal connu, quels que soient, du reste, les motifs qui pourraient nous y conduire?

Et c'est là que je trouve la grande valeur, la valeur morale, la valeur présente de la prophétie. J'aperçois la grande chute qui se prépare pour la fin, et par la prophétie j'apprends à connaître le courant qui y mène.  C'est une rivière qui suit peut-être un cours long et sinueux, et qui peut ne pas nous paraître bien dangereuse; mais regardez un peu plus bas lorsque la Parole de Dieu soulève le voile épais qui cache l'avenir, et voyez avec quelle rapidité fatale tous ceux qui y naviguent sont engloutis dans une entière destruction!
C'est ainsi que beaucoup de choses peuvent être étroitement liées avec le monde, sans que j'aperçoive au début toute la profondeur du mal qui doit en être l'inévitable résultat. Dieu, dans sa grâce, m'enseigne par la prophétie quelle doit être la fin d'une chose dès son commencement, de sorte que, si je n'y prends pas garde, je méprise l'avertissement que me fournit son amour et par lequel Il veut me faire «connaître ces choses avant qu'elles soient arrivées.»

Puissions-nous être gardés, non-seulement d'une sorte de mal, mais bien du mal sous toutes ses formes, et, d'une manière particulière, lorsqu'il mêle une apparence de christianisme avec une association au monde. L'Apocalypse nous montre l'issue de cette puissance blasphématoire si audacieuse, aussi bien que celle du mal spirituel le plus actif et le plus subtil de la crise (4). Les hommes seront enlacés par l'un ou l'autre de ces pièges - l'audacieuse incrédulité, ou la corruption religieuse des derniers jours; et quelque différentes que ces choses puissent paraître, on les trouve à la fin unies entre elles de la manière la plus étroite, la plus triste, et la plus fatale. Que le Seigneur nous donne d'avoir des coeurs qui regardent à Christ et qui attendent sa venue! Il n'y a plénitude de repos et de bénédiction qu'autant que notre oeil est simple pour Lui.

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa


(1) C'est aussi ce que pensait Hippolyte de Rome, qui fut martyr sous Maximin ou Décius, et que Photius dit avoir été disciple d'Irénée. Il semblerait, d'après Jérôme, qu'il écrivit positivement sur l'Apocalypse, outre son court traité encore existant sur notre sauveur J.-C. et sur l'Antichrist. Voici comment il parle de la seconde Bête, dans ce dernier traité (par. 49): la bête qui monte de la terre exprime la royauté future de l'antichrist.

(2) le ne suis pas en état d'affirmer que «l'abomination de la désolation» dont notre Seigneur parle en Math. XXIV par allusion à Daniel XII, 11, est la même chose que «l'image» que nous avons ici. Il est absurde de supposer que notre Seigneur fit allusion à l'acte par lequel Antiochus-Épiphane souilla le temple (Dan. XI, 31). Cela était passé depuis longtemps; tandis qu'il donne un avertissement à l'égard d'une autre abomination encore future et finale.
On peut remarquer en conséquence que la phrase donnée par l'évangéliste répond exactement (non pas à Dan. XI, 31, mais) à ch. XII, 11, dans les Septante.
En Dan. VIII, 13, il s'agit d'une, chose tout autre, «le crime qui cause la désolation»; et en Dan. IX, 27, quoiqu'il y ait un lien de connexion, il faut lire, je pense, «à cause de l'aile (c'est-à-dire la protection) des abominations, il y aura un désolateur», - déclaration entièrement distincte lors même qu'on accorderait qu'il s'agit de la même époque.
Cela signifie que l'Antichrist établit l'idolâtrie dans le temple, fait à cause duquel il apparaît un désolateur dans la personne du grand ennemi d Israël, le roi du Nord. La tentative d'appliquer ce passage aux Romains sous Titus, ou au Pape, est complètement illusoire. La première de ces deux applications est due probablement à l'erreur par laquelle on confond Math. XXIV, 15, etc., avec Luc, XXI, 21. Ce n'est que Luc qui introduit le sujet du siège et de la captivité dont les Romains furent les instruments, comme il traite seul des temps des Gentils. D'un autre côté, Mathieu, également inspiré de Dieu, laisse de côté celle partie du grand discours prophétique de notre Seigneur, et s'arrête longuement sur la crise finale, en réponse à la question des disciples quant à la fin du siècle, crise finale qu'en conséquence Luc omet entièrement. 

(3) II est possible que le sens soit «afin que l'image de la Bête parlât et agît; afin que tous ceux» etc. S'il en est ainsi, ce passage attribue à l'image de la Bête les mêmes choses qui caractérisent la Bête dans le verset 5

(4) II n'est pas surprenant que ceux qui sont fort occupés des choses présentes éprouvent le sentiment de l'étonnement le plus profond et de la plus profonde horreur, non pas à la vue de l'Antichrist, tel que les futuristes le dépeignent, mais à la vue du Papisme tel qu'il a été et qu'il est, reconnaissant une si grande mesure de la vérité révélée et en même temps détruisant l'efficacité de la rédemption et de toute relation immédiate avec Dieu, pour ne rien dire de sa hideuse idolâtrie et de sa persécution systématique de ceux qui ne se sont point inclinés devant elle, qu'ils fussent ou non de vrais chrétiens.
Mais plus de pareilles considérations font ressortir sa subtile hypocrisie, et plus aussi semblent-elles prouver que le romanisme correspond au mystère d'iniquité. Naturellement, son action dans les jours apostoliques n'était qu'un germe de ce qui se développa plus tard, jusqu'à ce que ce mystère aboutit à cette effroyable corruption que les écrivains protestants ont, dans un fidèle service, dévoilée et flétrie avec une vigueur et un zèle incontestables. De là vient que ce que nous trouvons en Apoc. XVII, c'est la femme corrompue (non pas la bête vorace) dont le nom est «Mystère, Babylone la grande, la mère des prostitués et des abominations de la terre.» Et remarquez le, c'est la vue de la femme qui causa le profond étonnement de Jean. Toutefois, «l'apostasie,» comme je lis dans l'Écriture, implique la négation publique de la vérité chrétienne, et non le maintien orthodoxe a tout prix des faits essentiels de l'Évangile, que nous voyons dans le romanisme; d'un autre côte, le fait que l'homme de péché doit s'asseoir et être l'objet du culte dans le temple de Dieu implique un défi à Jéhovah, sous la fausse attente d'Israël, qui a trait dans l'avenir à une autre forme plus audacieuse de la puissance de Satan.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant