Le mot d'Antichrist ne se trouve que dans les épîtres de Jean, et
c'est là aussi que nous devons faire nos recherches pour connaître
toute la portée de ce nom. En l
Jean II c'est aux nouveaux-nés de famille de Dieu que le
Saint-Esprit écrit à ce sujet, car il n'est nullement vrai que les
jeunes enfants en Christ ne doivent connaître Christ que dans ses
rapports avec leur propre salut. Je suppose que le Saint-Esprit
s'adresse à eux pour
la raison que les embûches et les ruses de l'ennemi étaient tout
particulièrement dangereuses pour eux; car tout en nous
préservant du mal le Seigneur nous donne aussi
l'intelligence du danger qui nous menace.
La conduite chrétienne ne doit pas, ne peut pas être inintelligente
parce qu'il ne s'agit pas d'un aveugle conduisant un autre aveugle, ni
même d'un voyant guidant les pas d'un aveugle, mais bien de quelqu'un
qui y voit conduisant quelqu'un dont les yeux, aussi sont
éclairés.
Dieu donne aide et instruction; mais le Saint-Esprit prend un soin
tout particulier de prouver que ce n'est pas à leur ignorance mais à
leur connaissance de la vérité qu'il fait appel, «Jeunes enfants c'est
la dernière heure; et comme vous avez entendu que l'Antichrist vient,
maintenant aussi il y a plusieurs antichrists par quoi nous savons que
c'est la dernière heure.»
Nous apprenons là avec une entière certitude ce qui était à
l'oeuvre au temps de l'Apôtre Jean et ce qui n'a pas cessé de
s'accroître depuis, portant jusqu'à ce jour des fruits terribles
quoique la pleine récolte (c'est-à-dire l'Antichrist) ne soit pas
encore arrivée à maturité complète: «Maintenant aussi, il y a
plusieurs antichrists par quoi nous savons que c'est la dernière
heure.»
Voilà quelle est la preuve - les progrès et le large développement,
non pas du bien, comme pensent les hommes, mais du mal si profond de
l'Antichristianisme.»: «Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils
n'étaient pas des nôtres; car, s'ils eussent été des
nôtres, ils fussent demeurés avec nous, mais c'est afin qu'ils fussent
manifestés comme n'étant pas des nôtres.»
Quelle chose solennelle! Les personnes qui manifestent l'esprit de
l'Antichrist, sont précisément du nombre de celles qui, à une époque,
ont professé le nom de Christ. De fait, il ne pourrait y avoir
d'Antichrist s'il n'y avait eu préalablement une profession d'être de
Christ.
Il faut nécessairement qu'il y ait une vérité quelconque, car Satan ne
saurait inventer. Il peut imiter; il peut corrompre la vérité de Dieu
et en faire usage pour l'accomplissement de ses propres desseins; il
peut même lui faire prendre des formes de mal, de manière à donner à
ce qui n'est qu'erreur positive une apparence de vérité - «car, aucun
mensonge ne vient de la vérité.»
Ainsi donc, le grand Antichrist est encore à venir; mais déjà, à
l'époque dont il nous est parlé, il y avait plusieurs antichrists. Et
chose solennelle! ces personnes avaient toutes appartenu
extérieurement à la famille de Dieu; elles avaient pris la place
d'enfants quoique pourtant elles n'eussent jamais été réellement des
enfants. «Ils sont sortis du milieu de nous mais ils n'étaient pas des
nôtres.»
Puis le Saint-Esprit ajoute; «Qui est le menteur sinon celui qui nie
que Jésus est le Christ?» Mais il va plus loin. Nier que Jésus soit le
Christ c'est le premier caractère; mais il y a encore
de plus grandes abominations. «Celui-là est l'Antichrist qui nie le Père
et le Fils.»
Voilà donc deux états qui nous sont dépeints. Il y a d'abord le
reniement de Jésus comme Messie, dernier degré de cette infidélité qui
se manifeste chez tous les Juifs incrédules qui rejettent Christ
depuis les jours de St-Jean jusqu'à nos jours. Mais ce qu'il y a de
plus effrayant, c'est que ce mal se trouve en ceux qui ont autrefois
confessé Jésus comme le Christ.
Le conducteur de tout ce mal est appelé un menteur;
et plus encore: il n'est pas seulement un menteur mais aussi un
antichrist «qui nie le Père et le Fils». Jésus était le Messie, mais,
en outre, Il était la manifestation du Père.
Si je regarde au Messie, comme tel, je ne reconnais pas en lui le Père
d'une manière positive et parfaite. Ce que je puis discerner dans ce
titre c'est le royaume de Dieu et la puissance et la fidélité de ce
Dieu envers son peuple. Toutefois il existe quelque chose d'infiniment
plus précieux et béni que le royaume; car lorsque la pensée de
l'existence du Père apparaît, je ne m'élève pas seulement jusqu'à la
région de la puissance divine, j'atteins une sphère infiniment plus
sainte et plus élevée, celle des affections les plus intimes. Il est
évident que ce que nous connaissons de la présence de Dieu maintenant,
est quelque chose de beaucoup plus intime que la gloire qu'Il donnera
ou manifestera prochainement.
Cette gloire dira aux autres quels sont Ses sentiments à notre égard,
démontrant l'amour qu'Il a pour nous maintenant. Quant à nous, nous
n'avons pas besoin d'attendre le royaume pour le savoir, car par le
Saint-Esprit nous sommes déjà approchés de Dieu et nous le connaissons
de la manière la plus précieuse en laquelle Il puisse se révéler.
Sûrement lorsque nous serons dans le ciel nous aurons une connaissance
beaucoup plus pure de son amour, et une jouissance qui ne sera plus
interrompue par nos pensées charnelles ou par quelque influence
mondaine. Tout empêchement sera ôté - toutes les idoles auront disparu
- car un objet quelconque qui se place entre nous et Christ est
réellement une idole.
Nous serons en dehors et au-dessus de toutes ces choses lorsque nous
aurons été recueillis auprès du Seigneur. Mais, pour ce qui regarde
l'amour du Père, il est aussi vrai et aussi parfait actuellement qu'il
le sera jamais, et, par le Saint-Esprit, nous avons déjà le privilège
d'en jouir. Nous entrerons plus pleinement dans cet amour alors, mais
quant à l'amour lui-même il n'est en rien différent maintenant.
C'est donc le rejet du Seigneur Jésus, non pas seulement dans son
caractère de Messie mais dans sa gloire divine comme Fils, qui
introduit l'Antichrist. Tout l'amour du Père a
éclaté en Christ et le témoignage en a été rendu par le Saint-Esprit.
Cela comprend la révélation que Dieu a faite de lui-même tant dans
l'économie juive que dans l'économie chrétienne, et cela suppose aussi
que le Messie est venu et a été rejeté, mais qu'en outre Il a
manifesté toute sa gloire céleste et divine car son existence comme
Fils du Père ne se rapporte en rien à la terre.
Sa position éternelle de Fils est évidemment quelque chose qui
surpasse de beaucoup ses droits et son caractère messianiques. Il eût
été aussi entièrement le Fils du Père lors même qu'il n'y eût jamais
eu de terre, ni de dispensations providentielles. C'étaient là sa
relation et sa gloire éternelles: et c'est pour cela que le
Saint-Esprit nous parle du Père lorsqu'Il veut nous amener à toute la
plénitude de notre position et de notre bénédiction. «Béni soit le
Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ q«i nous a bénis de toute
bénédictions spirituelles.» Et où cela? - Est-ce ici? - Oh! du tout.
«Dans les lieux célestes en Christ selon qu'Il nous a élus en Lui
avant la fondation du monde.» De sorte que le siège de notre
bénédiction est complètement en dehors et au-dessus de la scène de
cette création inférieure. Et si un homme rejette entièrement cela et
le méprise reniant la gloire du Fils qu'il avait une fois confessée,
qu'est-il? Un antichrist. Ce qu'il fait sur une
petite échelle est précisément ce que l'Antichrist fera aussi,
seulement sur une plus grande.
Je cite les épîtres de Jean, parce que l'Antichrist y est mentionné,
non pas comme une bête,
ainsi que cela a lieu dans l'Apocalypse, mais comme étant la fin et le
chef de tous ceux qui, ayant une fois appartenu extérieurement à la
famille de Dieu, en sont plus tard sortis, abandonnant et niant même
la vérité bénie qu'ils avaient paru recevoir concernant le Père et le
Fils; «Celui-là est l'antichrist qui nie le Père et le Fils.»
D'un autre côté, nous lisons aussi: «Quiconque nie le Fils n'a pas non
plus le Père». Dieu tient toujours le plus grand compte de son Fils.
Si vous niez le Fils, tout est perdu; tandis que celui qui confesse le
Fils, a aussi le Père. Du moment que je possède le Fils de Dieu et que
mon coeur trouve ses délices en Lui, je connais le Père, «Celui qui
m'a vu a vu le Père.»
Ainsi, après avoir exhorté les chrétiens à laissser demeurer en eux ce
qu'ils avaient avaient entendu dès le commenrement afin de demeurer
dans le Fils et dans le Père, Jean termine son sujet ainsi: «Je vous
ai écrit ces choses» touchant ceux qui vous égarent.»
C'était un mal qui était à l'oeuvre dès le commencement. Quelle grâce
nous rencontrons même en cela! Puisque le mal existait et qu'il ne
pouvait qu'être manifesté une fois ou l'autre, Dieu permit qu'il
éclatât, de sorte qu'Il pût prononcer Lui-même une sentence contre la
chose.
Nous n'aurions jamais osé parler d'une manière aussi sévère de
personnes que nous aurions connues comme amis ou comme de soi-disant
frères. Les appeler menteurs? Que c'est affreux et peu charitable!
dirait le monde. Mais du moment que les hommes s'élèvent contre la
pleine révélation du Fils de Dieu, ou plutôt la nient, le Saint-Esprit
ne connaît pas de demi-mesures; et je crois que nous ne devrions pas
non plus en connaître. Si le coeur n'est pas préparé à agir de cette
manière, vous découvrirez que quelque autre mal en est la cause.
Partout où se trouvent l'amour de soi non brisé et une grande
préoccupation de ce qui nous touche nous-mêmes, nous verrons, en même
temps, qu'il est fait peu de cas du Seigneur Jésus-Christ. Vous ne
pouvez pas avoir, à la fois, deux objets d'affection opposés. Lorsque
le coeur est exclusivement consacré à Christ, Il
nous élève au-dessus des sentiments personnels; mais, lorsque nous
faisons grand cas de nous-mêmes, il n'y a que peu de dévouement pour
Christ et peu de jalousie pour la gloire de son Nom.
En 1 Jean IV,
l'Apôtre fait allusion à l'esprit de la chose: «Tout esprit qui ne
confesse pas Jésus-Christ venu en chair, n'est pas de Dieu, et ceci
est l'esprit de l'antichrist, duquel vous avez ouï
dire qu'il vient; et déjà maintenant il est dans le monde.»
Pourquoi le Saint-Esprit, introduit-il là ce sujet?
Beaucoup de faux prophètes sont sortis et agissent dans le monde,
avait-il été dit au premier verset du même chapitre; et je suis
convaincu qu'il en est de même aujourd'hui. Mais, c'est toujours
difficile d'affirmer un tel fait du temps où nous vivons. Nous le
discernons bien dans des époques antérieures, mais la grande
difficulté est de discerner le caractère de ce qui est à l'oeuvre
actuellement. Nous nous trouvons dans des circonstances toutes
semblables à celles dans lesquelles les saints étaient placés alors;
car aussi certainement que l'Esprit-Saint continue à agir, aussi
certainement Satan Lui oppose sa puissance subtile. «Tout esprit qui
ne confesse pas..... ceci est l'esprit de l'antichrist, duquel vous
avez ouï dire qu'il vient; et déjà maintenant il est dans le monde.»
Il ne s'agit pas encore de l'Antichrist comme pleinement développé,
mais de son esprit à l'oeuvre dans l'Église aussi positivement que
l'est le Saint-Esprit. L'ennemi ne commence pas par introduire ce mal
dans le monde profane, mais bien parmi ceux; qui ont porté le nom de
Christ, Il n'aurait pas été possible à Satan de forger une telle
rébellion contre Dieu chez d'autres; que chez ceux qui ont professé
croire la vérité et l'amour de Christ. Une allusion est faite à cela
dans la seconde épître de Jean, lorsqu'il est dit: «Plusieurs
séducteurs sont entrés dans le monde qui ne confessent pas
Jésus-Christ venu, en chair; celui-là est le séducteur et
l'antichrist.»
Il n'est plus seulement question de la justification par la foi ou par
la loi, mais il s'agît d'une chose encore plus sérieuse. C'est Satan,
non-seulement attaquant l'oeuvre de Christ et cherchant à amener des
personnes à y ajouter quelque chose afin de diminuer par là la gloire
du Seigneur, mais s'efforçant, en outre, de déprécier et de nier la
Personne même du Fils.
Quelque importante que soit pour nous l'oeuvre de Christ, ce n'est pas
elle mais sa Personne qui est le centre et la substance de toute
vérité et de toute gloire. En présence d'un tel sujet, je sens plutôt
le besoin de me prosterner pour adorer, que de me livrer à la
discussion.
La raison pour laquelle quelques personnes tiennent particulièrement à
l'oeuvre de Christ, c'est
parce qu'elles sentent, et cela justement, qu'elles ne peuvent être
sauvées sans cette oeuvre. Mais du moment où nous avons la paix de la
conscience, c'est la Personne de Christ qui devient le plus précieux
objet de nos coeurs. Il est les délices de Dieu; et ce qui Lui est
tout particulièrement précieux, doit aussi nous être infiniment cher;
car c'est là qu'est pour nous la bénédiction.
Sa Parole ne nous dit pas seulement que celui qui nie Jésus-Christ
venu en chair, mais que celui qui ne confesse pas Jésus-Christ venant
en chair est un séducteur et un antichrist.
Le Saint-Esprit devient, si j'ose m'exprimer ainsi, de plus en plus
hardi dans ses déclarations. Va-t-Il baisser de ton parce que Satan
semble gagner du terrain et qu'il devient de plus en plus audacieux
contre Christ? Et nous, pouvons-nous dire que nous ne devons pas être
aussi stricts maintenant, parce qu'il y a tant de mal et que l'Église
est en ruine? Oh! loin de là; lorsque le Saint-Esprit nous pourvoit de
la provision nécessaire pour les derniers temps, son langage est plus
énergique que jamais.
Voici ce qu'Il dit: (verset
10) «Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine,
ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas.»
Nous n'avons rien à lui dire. Non seulement il ne doit pas être reçu
dans l'Église, la demeure du Dieu vivant, mais encore il ne doit pas y
avoir pour lui d'entrée dans la maison d'un chrétien.
Il ne faut pas qu'il rencontre parmi les saints approbation ou appui;
car, l'habitation du chrétien doit être une forteresse pour le nom du
Seigneur et une reproduction de tout ce qu'Il aime et produit Lui-même
chez ceux qui l'avouent et l'honorent. L'apôtre n'est pas arrêté dans
son sujet par la pensée que c'est à la dame élue qu'il écrit;
c'est-à-dire à quelqu'un qui n'est appelé ni à enseigner ni à
gouverner, car lorsqu'il est question de Christ il
est inutile de prétexter comme motif de relâchement que c'est à une
femme qu'on s'adresse. Elle a besoin de Christ, elle doit tout à
Christ, et quoique ce soit une femme elle est tenue de Lui donner la
première place, de L'avoir pour premier objet de ses affections; c'est
pourquoi si un individu quelconque porte atteinte à Christ, peu
importe qui elle est ou ce qu'elle est, sa fidélité à Christ
réclame d'elle tout empressement et toute décision.
Cela devient aussitôt un mobile impérieux pour la foi et une
importante responsabilité pour l'âme. Qu'il s'agisse de personnes qui
ont l'esprit de l'antichrist ou bien du grand Antichrist lui-même, il
y a opposition à Christ; et cela décide tout pour un coeur sincère.
Dans l'Apocalypse, l'Antichrist est dépeint non pas simplement comme
un séducteur, mais comme une «Bête,» comme une puissance terrestre
possédant de fait des royaumes et un système impérial, plutôt que
comme ayant uniquement une influence spirituelle, maligne, ainsi que
c'est le cas dans les épîtres de Jean. Si nous consultons quelques uns
des prophètes juifs nous aurons à ce sujet quelques détails de plus.
Je fais particulièrement allusion à Daniel
XI. Vers la fin de ce chapitre (vers:
36.) voici ce que nous lisons: «Le roi donc fera selon sa
volonté et s'enorgueillira et s'élèvera par-dessus
tout dieu; il proférera des choses étranges contre le Dieu des dieux.»
Ce passage nous montre en Judée un personnage plein de lui-même et qui
s'élève entièrement. Cela est fort clair, car un peu plus bas il est
dit: «Il honorera dans son lieu le dieu Mahuzzim; il honorera dis-je,
avec de l'or et de l'argent et des pierres précieuses et des choses
désirables le dieu que ses pères n'ont point connu. Et il fera de
grands exploits dans les forteresses les plus fortes tenant le parti
du dieu inconnu..... - il les fera dominer sur plusieurs et leur
partagera le pays à prix d'argent.»
Or, il me semble que partout où le Saint-Esprit parle d'un pays en
l'appelant le pays c'est de
la terre d'Israël qu'il est question. Il en parle comme de la terre du
Seigneur. Cela est confirmé un verset ou deux plus loin (41),
«Il (le roi du Nord) entrera au pays de noblesse et plusieurs pays
seront ruinés». C'est ainsi qu'un grand antagoniste venant du Nord se
lèvera contre le roi (v.
40) «comme une tempête avec des chariots et des gens de cheval»
etc.
Il est donc évident que le pays de noblesse dont il est ici parlé est
celui que «le roi» a partagé entre ses favoris. En un mot, il est roi
dans le pays de Judée et il est dit expressément que l'époque, la
politique et tes conflits appartiennent au
temps de la fin. Alors «le roi du Midi
choquera avec lui (le roi de Judée) de ses cornes, et le roi de
l'Aquilon se lèvera, etc.»
S'il en est ainsi, plusieurs points sont rendus clairs par ces
versets. Tout premièrement un roi agissant selon sa volonté s'établit
dans la Palestine, et tandis que vous pouvez apercevoir en lui des
traits moraux qui établissent des rapports intimes entre lui et
«l'Antichrist» dépeint en Jean, il est envisagé ici comme une
puissance terrestre et rattaché par là à l'une des Bêtes de
l'Apocalypse. Mais il y a plus que cela, car il doit s'enorgueillir et
s'élever par-dessus tout dieu. C'est là un nouveau caractère.
Certains empereurs romains se faisaient rendre, durant leur vie et
même après leur mort, les honneurs divins, mais jamais aucun
d'entr'eux ne se plaça comme étant au-dessus de tout dieu. Mais «le
roi» s'élèvera au suprême degré, et cela dans un pays qui, d'une
manière toute spéciale, appartient au Seigneur et parmi un peuple que
Dieu avait appelé pour qu'il fui témoin contre toute idolâtrie; et cet
homme voudra pourtant en imposer une nouvelle, et des plus
audacieuses, en s'arrogeant la place du Très-Haut dans le pays et le
temple de Dieu; (comp. 2
Thess. II) car quelque corrompu qu'ait été Israël «en se
prostituant sous tout arbre vert» nous avons ici le spectacle inconnu
jusque-là d'un homme qui se donne pour le Dieu suprême.
Malgré cela, il a lui aussi un objet d'adoration car tout homme est
esclave de quelque chose à moins de posséder la seule élévation
réelle, chose qui n'appartient qu'à celui qui sait se prosterner
devant le vrai Dieu. Celui-là est réellement le plus élevé, qui sait
le plus s'abaisser devant Dieu. Car l'homme (en cela encore différent
de Dieu) ne peut se suffire à lui-même. Il faut, ou qu'il élève ses
yeux pour les arrêter sur le vrai Dieu, ou bien qu'il les abaisse sur
un faux dieu.
Le personnage même qui s'efforcera de s'assujettir toutes choses pour
devenir l'unique objet de culte se trouvera être asservi lui- même à
quelque chose. C'est ainsi que nous voyons (v.
37.) que, tandis qu'il ne se soucie point du Dieu de ses pères
(détail confirmant son origine juive) ni du désir des femmes - chose
qui a probablement trait à la naissance du Messie- ni d'aucun Dieu,
car il s'élèvera au-dessus de tout, l'Esprit Saint ne laisse pas de
nous montrer dans son caractère cette apparente contradiction (v.
38.), «Il honorera dans son lieu le dieu Mahuzzim.».(le dieu des
forces). Il veut que toutes les créatures l'honorent lui, mais il
honore lui-même ce faux-dieu «avec de l'or et de l'argent et des
pierres précieuses et des choses désirables». C'est là de qu'il fera
du dieu inconnu qu'il aura connu et dont il multipliera la gloire. «Et
au temps de la fin (vers angl.)
le roi du Midi choquera avec lui de ses cornes mais le roi de
l'Aquilon se lèvera contre lui et il entrera au pays de noblesse».
Il est ici clairement question de la Palestine. Le roi du Midi et
celui du Nord sont ainsi appelés à cause de leur position relative
avec la Judée. Le roi du Nord, annoncé comme arrivant avec une grande
force, n'est autre que l'Assyrien, duquel les prophètes parlent
habituellement; tandis que le roi du Midi occupera alors le trône
d'Egypte.
Ces deux puissances s'élèvent contre «le roi» qui, à mon avis, est
l'Antichrist de l'Écriture. Le Saint-Esprit ne décrit pas ici son
apparition, car il n'y avait nul besoin de dire qui il était; mais il
l'introduit d'une manière tout à fait brusque. Si nous examinons, en
effet, le verset
35, nous verrons qu'il y est question de gens
intelligents, allusion à ce qui se passa du temps des
Macchabées sous le règne d'un prince tristement célèbre,
Antiochus-Épiphane qui persécuta cruellement les Juifs d'entre
lesquels plusieurs se rendirent très remarquables. Il peut s'être mêlé
à leurs sentiments et à leurs actions des motifs charnels; mais,
quoiqu'il en soit, ils résistèrent énergiquement à tous les efforts
qui furent tentés pour leur faire abandonner Jéhovah pour le culte des
idoles. Quelques-uns tombèrent, mais ce fut, comme le dit le prophète,
afin que d'autres fussent rendus éprouvés, épuréset
«blanchis jusqu'au temps déterminé; car, cela est encore pour un
certain temps.»
C'est là que vient l'intervalle durant lequel le Saint-Esprit supprime
l'histoire passée d'Israël. II place d'abord devant nous les luttes
entre Antiochus et ses adversaires, suivies des exploits et des
souffrances de ceux qui sont intelligents en Israël. L'histoire de ce
peuple est alors interrompue, et nous sommes instantanément
transportés «au temps déterminé» ou, selon une version plus exacte,
«au temps de la fin.»
Entre ces deux points il y a une interruption dans l'histoire
d'Israël. Mais que nous est-il dit ensuite? «Le roi fera sa volonté.»
Le silence est gardé ici sur son origine ou ses progrès; il ne nous
est rien dit du lieu où il surgit; nous n'avons d'autres détails que
ces mots singuliers, «le roi», précisément comme si cela nous disait
assez de qui il est question. Ce n'est pas l'unique endroit de
l'Écriture où il est parlé du roi.
Si vous consultez la fin du XXXe
chap. d'Ésaïe, vous verrez que «le roi» y est introduit d'une
manière non moins extraordinaire. Je suppose que la raison en est, que
les Juifs, tout en attendant le Messie, attendaient aussi
l'Antichrist, ce grand prince qui devait fouler aux pieds ceux d'entre
eux qui avaient de la piété: la prophétie en parlait d'une manière
claire, et c'était ainsi compris par eux.
En Ésaïe
XXX, l'Esprit de Dieu fait mention de deux
ennemis d'Israël. Premièrement, au
verset 31: «Car, l'Assyrien qui frappait du bâton sera effrayé
par la voix de l'Éternel» C'est là le roi du Nord qui figure en Daniel
et qu'un prophète moins ancien a peut-être représenté sous le nom de
Sennachérib, l'Assyrien de son époque, mais qui évidemment n'est qu'un
type du grand ennemi s'élevant du Nord aux derniers jours.
Plus loin, noua lisons: «Et partout où passera le bâton que l'Éternel
aura fait reposer sur lui et par lequel il aura combattu dans les
batailles à bras élevés, on y entendra des tambours et des harpes.»
C'est ainsi qu'aux larmes et aux difficultés se mêlera aussi la joie:
«on entendra des tambours et des harpes.» «Car, Tophet est déjà
préparée, elle est aussi apprêtée pour le roi.» C'est là, je crois, la
force du passage: «elle est aussi apprêtée pour le roi.» Si ce que
nous venons de dire est exact, nous trouvons donc, dans la scène
finale, le jugement de Dieu fondant sur ces deux, grands ennemis
d'Israël - l'Assyrien, et «le roi» qui est introduit ici sans que rien
y prépare. La même chose nous apparaît dans le chap.
LVII de ce même prophète. Je tiens d'autant plus à citer ce
chapitre, qu'on pourrait prétexter que dans le XXXe,
«l'Assyrien.» et «le roi» sont identiques. Mais dans le LVIIe chap.,
il est absolument impossible de soutenir une pareille idée. Le
prophète vient de décrire l'iniquité criante du
peuple juif à la fin; et soudain, voici ce qu'il ajoute: (v.
9.) «Tu as voyagé vers le roi avec des onguents, etc.»
J'en conclus que «le roi» est réellement un ennemi spécial de Dieu,
qui n'attaque pas les Juifs du dehors, comme fera l'Assyrien, mais
s'arroge au sein de la nation le titre et la place de roi sur le
peuple de Dieu. Il était inutile de préciser de quel
roi il s'agissait, parce que l'idée d'un tel personnage était
familière à Israël, de sorte que le Saint-Esprit pouvait facilement
l'introduire sans un mot de préface. Le peuple savait que ce roi
terrible devait paraître - il avait la connaissance de ce grand et
dernier ennemi de Dieu. et des Juifs comme devant s'élever dans le
pays même. L'Assyrien est aussi un grand ennemi de Dieu et d'Israël;
mais non pas dans le pays, puisqu'il doit combattre contre «le roi»
qui y règne. Le dernier roi volontaire est l'objet des attaques du
dernier puissant Assyrien. Tous deux extraordinairement mauvais et
corrompus, ils ne s'accordent pourtant en aucune manière dans leurs
desseins impies. Ils s'entrechoquent constamment; aucune paix durable
ne peut être établie entre eux, comme nous l'enseigne d'une manière
précise le XIe
de Daniel. Le 14e verset de ce chapitre ne nous présente en
aucune manière la description du roi qui paraît alors être perdu de
vue pour faire place à l'orgueilleux roi d'Assyrie,
sur lequel nous avons alors quelques détails. Le Saint- Esprit se hâte
de nous donner la fin de la carrière de l'Assyrien, laissant de côté
celle du «roi».
Si nous ouvrons maintenant le Nouveau-Testament, nous découvrirons
quelques traits de plus touchant ce roi. Le second chapitre de la 2e
épître aux Thessaloniciens renferme les plus amples détails que
nous fournisse l'Apôtre Paul à ce sujet.
Voici ce que nous lisons au verset
3: «Que personne ne vous séduise en aucune manière; car ce
jour-là ne viendra pas que l'apostasie ne soit arrivée auparavant et
que l'homme de péché ne soit révélé, le fils de perdition.»
Il y a d'abord l'apostasie; puis, il y a l'homme de péché qui est une
chose différente et postérieure à l'apostasie. L'apostasie prépare le
chemin pour la révélation de l'homme de péché. La révolution
française, par exemple, répond plutôt à l'apostasie que le Romanisme
qui confesse des vérités toutes corrompues ou mal appliquées. II y
aura, sans nul doute, un développement plus terrible encore de
l'apostasie, quoique le romanisme en soit néanmoins une illustration.
Toutefois, il paraîtra quelque chose de pire encore que tout cela -
l'homme de péché. Mais qui est-il? Le Seigneur Jésus-Christ était
l'homme de justice: celui-ci est le contraire,
l'homme de péché, «le fils de perdition, lequel s'élève au-dessus de
tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération».
Les mêmes caractères moraux par lesquels Daniel dépeint «le roi», Nous
les retrouvons précisément dans cet homme de péché.
«De sorte que lui-même s'assiéra au temple de Dieu, se présentant
lui-même comme étant Dieu.»
Nouveau détail nous apprenant qu'il: est question de quelqu'un qui
habite Jérusalem, puisqu'il s'assied dans le «temple de Dieu», que je
ne vois pas de motifs de supposer être autre chose que le temple
littéral et bien connu de cette cité.
En même temps, si quelqu'un veut appliquer le principe de ce passage à
ceux qui dénaturant la position de l'Église, en font un instrument et
une sphère d'orgueilleuse élévation pour eux-mêmes actuellement, je
n'ai rien à objecter à une application pareille que je crois même
juste, - au moins en partie, seulement il me semble
que l'Esprit de Dieu a en vue un personnage qui veut s'approprier les
honneurs dus à Dieu seul.
«Ne vous souvenez-vous pas,» dit l'Apôtre, «que quand j'étais encore
auprès de vous je vous disais ces choses? Et maintenant vous savez ce
qui retient pour qu'il soit révélé en son propre temps. Car le
mystère d'iniquité se met déjà en train etc.»
Et c'est précisément ce que répète en d'autres termes l'Apôtre Jean:
«maintenant aussi il y a plusieurs antichrists»; de même dans le
passage qui nous occupe nous voyons que le mystère d'iniquité se
mettait déjà en train, seulement il y avait quelqu'un qui faisait
obstacle. «Celui qui retient maintenant le fera jusqu'à ce qu'il soit
loin.»
Je n'ai pas le moindre doute que cet obstacle ne soit la puissance du
Saint-Esprit non-seulement comme ayant son habitation dans l'Église,
mais aussi comme exerçant un contrôle sur le monde - comme les sept
esprits de Dieu envoyés sur toute la terre.
S'il ne s'agissait que du Saint-Esprit dans l'Église, du moment où
celle-ci aurait été enlevée l'homme de péché serait manifesté. Mais il
paraît que l'inique ne parviendra pas à son entier développement
aussitôt après l'enlèvement des saints. Il y aura un intervalle et un
court témoignage pour Dieu; mais lorsque ce témoignage aura disparu,
ou que plutôt il aura été violemment retranché,
l'homme de péché paraîtra dans son plein épanouissement. Et c'est, me
semble-t-il, le moment où le Saint-Esprit cesse de retenir. Il laisse
alors les hommes se montrer tels qu'ils sont et faire éclater toute
leur iniquité.
Le Saint-Esprit n'exerçant plus son contrôle sur la terre il est
permis à Satan, pendant une courte période, de mener à maturité ses
plans les plus exécrables. Voilà, je pense, le temps véritable, et le
caractère réel de ce temps où l'obstacle doit être ôté. Durant de
longues années, les chrétiens des premiers âges avaient coutume de
prier pour la continuation de l'empire romain, parce qu'ils
supposaient que l'empêchement résidait là, et que, du moment où cet
empire disparaîtrait, l'inique serait révélé. Et comme c'est
subséquemment à une existence et à une extinction antérieures de cet
empire qu'il doit surgir sous sa forme diabolique, il y avait dans
leur supposition une certaine mesure de vérité.
Mais l'empire romain s'est éteint depuis longtemps, et cependant
l'homme de péché dans son plein développement n'a pas été manifesté
encore; c'est la réapparition de l'empire, et non pas son extinction,
qui est l'époque critique; et elle dépend de la cessation de l'action
par laquelle le Saint-Esprit retient. Lorsque cette action prendra
fin, toute la méchanceté de l'homme et de Satan se donnera libre
carrière sans mesure et sans déguisement.
«Celui qui retient maintenant le fera jusqu'à ce qu'il soit loin. Et,
alors sera révélé l'inique, lequel le Seigneur Jésus consumera par le
souffle de sa bouche et anéantira par l'apparition de sa venue.»
Le chap. XIXe de l'Apocalypse dépeint cet anéantissement. Voici ce que
nous lisons au verset
20 après une description de la venue du Seigneur en jugement:
«La bête fut prise et le faux prophète qui était avec elle et qui
avait fait devant elle les miracles, etc..... Ils furent tous deux
jetés vifs dans l'étang de feu embrasé par le soufre.»
Ce sont, sans aucun doute, les mêmes systèmes ou les mêmes personnages
déjà caractérisés dans le XIIIe de l'Apocalypse comme les bêtes
s'élevant de la mer ou de la terre. Or, il est incontestable que l'une
de ces deux bêtes est l'Antichrist; mais il reste toujours à savoir
laquelle est cet homme de péché. Est-ce la grande puissance du monde -
cette bête qui monte de la mer? Ou bien est-ce l'autre bête si
énergique que nous voyons sortir de la terre, et qui imite Christ dans
sa puissance royale et dans sa sacrificature? Je suis porté à croire
que c'est la dernière (1), mais
j'avoue franchement qu'il ya des difficultés, et je
crois que c'est un point sur lequel il ne faut pas être affirmatif.
Ces bêtes sont si intimement associées dans leurs actions, dans le but
qu'elles se proposent, et aussi dans leur destinée que l'on n'est
point étonné de l'embarras que certaines personnes éprouvent à se
prononcer, non plus que de la différence de conclusion à laquelle
d'autres arrivent. Toutefois, plus j'étudie ce que dit saint Paul de
l'homme de péché, et ce que nous lisons touchant l'Antichrist dans les
épîtres de Jean, et plus je comprends qu'il doit s'agir de la bête qui
a le plus la prétention de rivaliser avec Christ et de s'opposer à
Lui, caractère que je trouve essentiellement dans la Bête qui surgit
de la terre.
Considérons maintenant à la lumière des passages que nous avons
examinés ce que nous fournit encore notre chapitre. Après la
description qui est faite de la bête au verset
11, nous avons quelques détails sur l'exercice de sa puissance.
«Elle exerce tout le pouvoir de la première bête devant elle.»
C'est une puissance énergique. En tous points nous voyons cette
seconde bête faire beaucoup plus de cas d'une influence et d'une
énergie positives, que de ce qui a de l'éclat, chose plus
particulièrement appréciée de la première bête. «Elle fait que la
terre et ceux qui habitent sur elle rendent hommage à la première bête
dont la plaie mortelle avait été guérie.» Remarquez
encore ici que ceux qui habitent sur la terre sont livrés à son
énergie d'erreur.
En voyant que la seconde bête travaille pour faire rendre hommage à la
première, quelques-uns ont supposé que 2
Thess, II, réfute l'idée que la seconde bête est le même
personnage que l'homme de péché, parce qu'il représente celui-ci comme
ne tolérant pas d'autre objet d'adoration que lui-même. Mais il est
évident que trois personnages se trouvent étroitement liés dans la
scène que nous avons sous les yeux, savoir, le dragon, la grande
puissance du monde ou première bête, et la puissance
politico-religieuse ou seconde bête. Il ressort d'Apoc.
XIII, 4, que le dragon est adoré aussi bien que la première
bête; de sorte que, quelle que soit la Bête, la première ou la
seconde, que l'on suppose être l'Antichrist et l'homme de péché, la
même difficulté demeure. Dans un cas comme dans l'autre l'adoration
est partagée. De fait, elles constituent l'Anti-Trinité, et trouvent
le lien qui les unit dans la puissance invisible de Satan.
La seconde bête est très importante. C'est réellement la puissance qui
agit dans la Terre-Sainte. La bête sortie de la mer a domination sur
l'Occident, et exerce en outre, au-delà, une puissante influence;
mais, ni Jérusalem, ni la Palestine ne font partie de sa sphère, sauf
en tant qu'elle y fait mettreà mort les témoins, et
que c'est là qu'elle tombe.
La seconde bête est le grand pouvoir connu dans la Terre-Sainte. «Et
elle fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le
feu du ciel sur la terre devant les hommes.» (vers.
13.)
Ce qui donne à ce miracle un si profond et si pénible intérêt, c'est
que c'était le signe spécial dont se servit Élie pour confondre les
faux prophètes de Bahal. Lorsque toute la question se posa entre Dieu
et Bahal, à quel fait capital eut-on recours pour la décider et rendre
manifeste les droits de Jéhovah contre le faux dieu? Ce fut celui- là
même que nous avons ici - le feu descendant du ciel. C'était un signe
avec lequel on avait été familiarisé en Israël, et auquel on pouvait
rattacher justement l'idée de l'approbation et de la puissance
directes de Dieu; car, plusieurs fois il avait fait descendre le feu
du ciel comme témoignage évident de son approbation.
Le feu était sorti de la part du Seigneur lorsque les sacrificateurs
furent consacrés; la même chose se reproduisit encore lors de la
construction et de la dédicace du temple par Salomon (2
Chron. VII, 1). «Et sitôt que Salomon eut achevé de faire sa
prière, le feu descendit des cieux et consuma l'holocauste et les
sacrifices, et la gloire de l'Éternel remplit le temple.» C'était,
vis-à- vis d'Israël, la manifestation puissante de la présence de
Jéhovah - présence qui remplissait la scène,
montrant ainsi que les sacrifices étaient acceptés.
Nous voyons donc, dans notre chapitre, que cet horrible contre-facteur
et antagoniste du Seigneur Jésus, se produit comme étant le Dieu
d'Israël aussi bien que le Christ. Le vrai Messie était le Dieu
d'Israël, et nous trouvons ici l'imitation de sa majesté, de ses
droits, et de sa puissance.
L'Antichrist doit aussi faire descendre du feu du ciel. Je ne veux pas
dire que ce soit réellement du ciel, mais plutôt que cela en a
l'apparence; aux yeux des hommes le feu venait du ciel. De même que
Satan a le pouvoir d'imiter, de même aussi cette puissance maligne qui
n'est que l'oeuvre de Satan se met à reproduire, du moins eu
apparence, ce qu'avait fait Elie. La même démonstration, fournie par
ce prophète en faveur de Jéhovah contre Bahal, se trouve donnée par
l'inique en son propre nom.
C'est une scène épouvantable et qui le devient davantage à nos yeux,
si nous la comparons avec 2
Thess. II, 9. Car, chose triste à dire, les mêmes paroles qui
sont employées pour nous parler des miracles du Seigneur Jésus en Actes
II, 22, sont appliquées dans les Thessaloniciens par le
Saint-Esprit à l'homme de péché. Voici ce que dit Pierre; «Jésus le
Nazaréen, homme approuvé de Dieu dans vous par les miracles, les
prodiges et les signes»; nous lisons ce qui suit dans
l'épître mentionnée plus haut: La venue de l'inique «est selon
l'opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges
de mensonge.»
Les signes distinctifs de Christ présentés aux hommes pour qu'ils
puissent reconnaître la vérité, sont imités par cet imposteur. Il
opère pour le mensonge des signes analogues, et les hommes sont
complètement séduits.
Le dégoût que les hommes éprouvent pour la chrétienté dans l'état
auquel elle est parvenue, est ce qui prépare le chemin à un tel
résultat. Je reconnais que c'est avec raison que l'on dit du mal de
l'état dans lequel est tombé le christianisme. Dès qu'il perd de vue
sa séparation céleste et partage les principes du monde, il en résulte
aussitôt la confusion. Les chrétiens ayant oublié que Satan est le
dieu de ce monde, ils se laissent complètement aveugler par lui quant
au caractère que l'Église de Dieu doit garder, et quant à ce qui est
dû ici-bas à Son Fils. Christ est ouvertement laissé de côté, et on
perd même la fidélité et la véracité que les hommes doivent exiger
dans les choses les plus ordinaires de la vie. Notre désir n'est pas
de dire du mal d'autrui; mais que Dieu nous préserve de ne pas nous
prononcer franchement contre une chose qui reste au-dessous de
l'honnêteté vulgaire que l'on apporte dans les affaires de cette vie.
Lorsque l'Église ou le chrétien individuellement cesse de juger, ou
s'il le condamne dans son coeur, tolère de fait, dans les choses les
plus saintes, ce que l'homme naturel même ne tolère point dans ses
relations comme homme et comme membre de la société, de sorte que le
monde lui-même peut voir que ce qui se revêt du nom de Christ est
complètement mauvais; lors, dis-je, qu'une pareille chose arrive,
est-ce possible que Dieu garde plus longtemps le silence? Le jugement,
certes, est imminent; mais pour nous quelle grâce que Dieu nous ait
donné une douce espérance et un continuel sujet de joie au lieu d'une
attente terrible de jugement! Notre portion est en dehors de la sphère
de ce monde; et il faut que le jugement ait lieu avant que le monde
puisse être pleinement béni. Mais si quelqu'un est uniquement occupé
du mal et du jugement qui lui est préparé, il manquera de puissance
pour faire le bien. Ce qui donne de la puissance, ce n'est pas la
manifestation de ce qui est mauvais, mais bien l'introduction de la
grâce et de la vérité pour agir sur les âmes; autrement on ne ferait
que sortir d'une forme du mal pour tomber dans une autre. La seule
sécurité véritable, c'est d'être près de Christ; et nous ne sommes
réellement utiles aux autres, qu'autant que nous les mettons en
contact avec Lui.
Comme nous venons de le voir, il sera donc permis au grand ennemi de
Dieu, defaire des prodiges en imitation de la
puissance de Christ et à l'appui de ses prétentions à être Jéhovah. Il
n'est point surprenant qu'il séduise ainsi ceux qui habitent sur la
terre. Et ce qui prépare rapidement le chemin et mûrit les hommes pour
tout cela, c'est que maintenant ils prêtent l'oreille à la voix de
Satan qui a détruit toute confiance dans les miracles de Christ et
dans les Écritures qui nous les rapportent. C'est ainsi que, lorsque
les hommes non-seulement repasseront dans leur esprit, mais auront
sous leurs propres yeux, le spectacle des choses horribles qui se sont
ou se seront accomplies dans la chrétienté, tout en demeurant pour
eux-mêmes étrangers à l'amour de la vérité, ils seront tout à fait à
la merci de Satan. C'est alors, quand les hommes ont cherché et trouvé
la satisfaction de leurs désirs, sans égard pour la conscience, et que
Dieu lui-même agissant en justice rétributive, envoie encore une
efficacité d'erreur pour qu'ils croient au mensonge (leur tenant, pour
ainsi dire ce langage: «Vous avez refusé de croire à la vérité qui
apportait le salut, ayez donc maintenant tout ce que vous aimez) c'est
alors, dis-je, que paraît ce personnage et que se produisent ces
miracles qui semblent venir du ciel. Quoi d'étonnant que les hommes se
prosternent et adorent la Bête et son image?
C'est Satan cela va sans dire, qui fait mouvoir tous les
personnages de cette scène; mais son esclave, la seconde Bête, «séduit
ceux qui habitent sur la terre à cause des miracles qu'il lui fut
donné de faire devant la bête disant à ceux qui habitent sur la terre
(2) de faire une image à la bête
qui a la plaie de l'épée et qui vit. Et il lui fut donné de donner la
respiration à l'image de la bête afin que l'image de la bête parlât et
qu'elle fît (3) quetous
ceux qui ne rendraient pas hommage à l'image de la bête
fussent mis à mort.» (vers.
14, 15).
Remarquez, en passant, que nous avons une nouvelle preuve que la
second bête s'élève après la réapparition de la première, car celle-là
fait «faire une image à la bête qui a la plaie de l'épée et qui vit»
«Et elle fait qu'à tous, petits et grands et riches et pauvres et
libres et esclaves, on leur donne une marque à la main droite ou au
front; et que personne ne peut ni acheter ni vendre, sinon celui qui a
la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom.» (vers.
16, 17).
Cette marque était, le sceau de l'assujettissement ou de l'esclavage à
la bête; «Ici est la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence compte
le nombre de la bête; car c'est un nombre d'homme et son nombre est
six, cent soixante-six.» (vers.
18).
Je ne prétends pas résoudre un tel problème. Il serait aisé de répéter
ce que d'autres ont pensé. Quelques-uns des premiers chrétiens,
notamment le pieux évêque de Lyon, St-Irénée, ont supposé que c'était
l'homme, latin. D'autres ont trouvé différents noms en. rapport avec
leur polémique ou leurs préjugés. Les catholiques romains ont
prétendu y voir, Luther, et les protestants le nom de plus d'un pape.
Mahomet dans les temps anciens, et de nos jours Napoléon, ont aussi
pour un temps occupé l'esprit, comme répondant à ce
nombre. Mais, je le demande, de semblables idées valent-elles mieux
que des chimères?
Sûrement ce n'est pas l'habitude de l'Esprit d'occuper le peuple de
Dieu en offrant à son imagination de vagues problèmes reposant sur des
lettres ou des chiffres énigmatiques. Ne pouvons-nous pas plutôt nous
contenter de la pensée que ce détail est réservé pour «les
intelligents» des derniers temps, et que, lorsque le moment sera venu,
la lumière requise sera pleinement accordée? Car il y a dans les voies
de Dieu une sorte d'économie, au moins quand il s'agit de détail et
d'application, de manière qu'il ne donne pas la force nécessaire pour
traverser une épreuve particulière jusqu'à ce qu'il l'ait dispensée;
il se peut aussi que le Seigneur se réserve d'accorder toute
l'instruction nécessaire à l'égard de ce nombre, lorsque paraîtra
l'individu qu'il représente.
L'application de la prophétie à l'individu auquel elle fait allusion,
sera alors l'affaire importante. Il me semble prématuré et inutile de
discuter une telle question avant que figurent les différents
personnages auxquels elle a trait. Alors les intelligents
comprendront la chose, et tout deviendra pour eux aussi clair que le
jour, tandis que les méchants seront dans une obscurité complète
(Voyez Dan.
XII).
Toutefois, déjà maintenant la vérité dans son
ensemble est parfaitement simple et évidente, Il y a cette seconde
«bête», la puissance active et énergique dans son opposition à Christ;
mais, lorsque viendra le jour des rétributions et que le jugement du
Seigneur pèsera sur elle, elle ne portera plus le nom de la bête, mais
bien celui de «faux- prophète», qui avait opéré des miracles (Apoc.
XIX, 20).
Supposant que la seconde bête soit l'Antichrist, je suis encore
disposé à trouver une contrefaçon de Christ dans ses efforts à faire
rendre hommage à la première bête. Le Seigneur Jésus-Christ parlait et
travaillait en vue de la gloire de Dieu le Père, tandis que Dieu le
Père Lui-même faisait de Christ l'objet spécial de ses délices et de
ses pensées. «Que tous les anges de Dieu lui rendent hommage» au
Fils); et ailleurs: «Que tous honorent le Fils comme ils honorent le
Père.»
Il en est de même de cette bête: elle aidera à exalter la grande
puissance du monde; mais avec tout cela, elle cherchera au moins
autant et même plus dans les choses spirituelles à s'exalter
elle-même. Elle a des cornes comme un agneau, c'est-à-dire qu'elle
prétend à la puissance de Christ; mais elle parle comme un dragon -
l'expression de sa pensée est satanique. Le fait que ce personnage est
un bête, prouve qu'il est revêtu de l'autorité temporelle, tout en
étant aussi désigné expressément comme un faux prophète. Ainsi, c'est
un antagoniste personnel de ce que Christ a été et
sera, plutôt que de ce qu'il est.
Le papisme - l'Anti-christianisme, si vous aimez mieux, est un
travestissement de la sacrificature de Christ, et périra avec tous
ceux qui participent à son péché dans la contradiction de Coré. Mais
ici, au moment où Christ, après avoir terminé son oeuvre céleste, va
revendiquer sa dignité royale terrestre, il y a quelqu'un qui s'oppose
et s'exalte lui-même dans la ville du grand roi. Car c'est la
Terre-Sainte qui est le siège de sa puissance et de ses séductions.
C'est, je crois, le personnage que le Seigneur Jésus place en
contraste avec Lui-même dans un passage que nous avons cité, en partie
et qui résume tout en peu de mots (Jean
V. 43). «Je suis venu au nom de mon Père et vous ne me recevez
pas; si un autre vient en son
propre nom, celui-là, vous le recevrez.»
Les Juifs ne voulurent pas Celui qui était envoyé du Père. Celui qui
était Son Envoyé et Son Serviteur tout en étant égal à Lui en honneur
et en puissance, est venu et a été rejeté. Mais il en est un qui doit
être reçu et qui flattera et élèvera l'homme dans son péché, car il ne
reconnaîtra aucune autorité supérieure à la sienne, et tel est l'écho
de la volonté de l'homme. Je ne doute pas qu'il soit question dans ce
passage de l'individu même que nous avons dans notre chapitre -
quelqu'un qui, en ce qui regarde la puissance territoriale et la
splendeur extérieure, peut avoir un supérieur, mais quiest
sans égal en puissance et en énergie spirituelles et sataniques.
Que le Seigneur nous accorde de renier toute impiété et toutes les
convoitises mondaines, non pas uniquement en vue de la colère à venir,
mais à cause de la conscience. Oh! puissions-nous réellement être
séparés pour Christ dans un esprit céleste. Qu'il serait vil de penser
qu'il sera temps de prendre garde quand le moment sera venu, et plus
vil encore, si possible, d'alléguer que l'Église de Dieu doit être
préalablement enlevée au ciel, et que, puisque tout ira bien
alors, nous pouvons bien maintenant nous laisser ailler quelque peu au
mal!
Rappelons-nous que déjà. comme le dit l'Apôtre, il y a plusieurs
antichrists par quoi nous savons que c'est la dernière heure. Si donc
vous composez actuellement avec l'esprit du monde, ou si vous jouez
avec les influences anti-chrétiennes qui se font déjà sentir de nos
jours, que feriez-vous en présence des effroyables persécutions et des
tentations de ce jour où l'homme de péché sera pleinement révélé? La
grâce de Dieu pourrait, il est vrai, me fortifier de manière à me
rendre capable de faire face à tous les dangers, et de repousser
toutes les séductions, plutôt que d'abjurer le vrai Dieu et le vrai
Christ pour en adorer de faux: mais n'est-il pas profondément solennel
et humiliant d'avoir communion avec un mal connu,
quels que soient, du reste, les motifs qui pourraient nous y conduire?
Et c'est là que je trouve la grande valeur, la valeur morale, la
valeur présente de la prophétie. J'aperçois la grande chute qui se
prépare pour la fin, et par la prophétie j'apprends à connaître le
courant qui y mène. C'est une rivière qui suit peut-être un
cours long et sinueux, et qui peut ne pas nous paraître bien
dangereuse; mais regardez un peu plus bas lorsque la Parole de Dieu
soulève le voile épais qui cache l'avenir, et voyez avec quelle
rapidité fatale tous ceux qui y naviguent sont engloutis dans une
entière destruction!
C'est ainsi que beaucoup de choses peuvent être étroitement liées avec
le monde, sans que j'aperçoive au début toute la profondeur du mal qui
doit en être l'inévitable résultat. Dieu, dans sa grâce, m'enseigne
par la prophétie quelle doit être la fin d'une chose dès son
commencement, de sorte que, si je n'y prends pas garde, je méprise
l'avertissement que me fournit son amour et par lequel Il veut me
faire «connaître ces choses avant qu'elles soient arrivées.»
Puissions-nous être gardés, non-seulement d'une sorte de mal, mais
bien du mal sous toutes ses formes, et, d'une manière particulière,
lorsqu'il mêle une apparence de christianisme avec une association au
monde. L'Apocalypse nous montre l'issue de cette puissance
blasphématoire si audacieuse, aussi bien que celle du mal spirituel le
plus actif et le plus subtil de la crise (4).
Les hommes seront enlacés par l'un ou l'autre de ces pièges -
l'audacieuse incrédulité, ou la corruption religieuse des derniers
jours; et quelque différentes que ces choses puissent paraître, on les
trouve à la fin unies entre elles de la manière la plus étroite, la
plus triste, et la plus fatale. Que le Seigneur nous donne d'avoir des
coeurs qui regardent à Christ et qui attendent sa venue! Il n'y a
plénitude de repos et de bénédiction qu'autant que notre oeil est
simple pour Lui.
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
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