Nous avons vu que le chapitre
XII revient sur le
passé, puis anticipe sur l'avenir, et
rattache au Messie et même à sa
naissance, le dessein de Dieu qui va être
manifesté au dernier jour. C'est ainsi,
qu'à mon avis, tandis qu'il est
évidemment question du Seigneur
Jésus-Christ dans l'enfant mâle, ce
n'est pourtant pas de sa naissance,
considérée simplement comme fait
historique, mais de sa naissance en tant que
liée avec le plan futur de Dieu que ce
chapitre traite.
Du moment où il est fait ainsi allusion
à Christ (c'est-à-dire à
Christ envisagé comme la tête, non de
l'Église, mais d'Israël, «paissant
les nations avec un sceptre de fer,» et
prenant en main le
gouvernement du monde, Satan intervient en personne
pour faire une opposition ouverte.
Il serait inutile de chercher à appliquer la
chose à un autre, c'est bien là ce à quoi nous aurions pu nous
attendre, car Dieu lui-même a
déclaré dans le jardin d'Eden qu'il
mettrait inimitié entre le serpent et la
femme, et entre sa semence et la semence de la
femme. C'est là ce qui avait
été révélé au
commencement, et c'est ce que nous voyons
s'accomplir à la fin.
Sans qu'il soit fait mention de son humiliation, le
fils mâle est enlevé vers Dieu et vers
son trône. Il est donc clair que ce n'est pas
précisément l'historique de la vie du
Seigneur que nous avons ici, mais que des faits
pareils sont ainsi rappelés, -savoir: les
deux faits si importants de sa naissance et de son
enlèvement vers Dieu et vers son trône
-dans le but de présenter des liens qui
rattachent à ce que Dieu veut accomplir
prochainement avec Israël. Tout ce que Dieu a
opéré pour l'Église entre ces
deux événements se trouve
complètement omis, si ce n'est en tant que
l'Église est envisagée comme comprise
dans les destinées du fils mâle,
lequel est maintenant caché auprès de
Dieu quoique devant encore régner.
Absolument comme ce qui est dit de Christ dans
l'Ancien-Testament est appliqué à
l'Église ou au chrétien dans le
Nouveau. Mais quelque vrai et béni que cela
soit, nous ne pouvons réellement en faire
qu'un usage
indirect.
C'est donc le Messie que avons ici rapport avec le
plan futur de Dieu à l'égard
d'Israël.
Venait ensuite la vision d'une bataille
livrée dans le ciel, Ce n'est pas le
Seigneur Jésus-Christ, mais bien une
puissance angélique, que nous voyons
employée de Dieu pour combattre contre les
anges rebelles, Satan et son armée, et le
vaincre. A partir de ce moment, Satan perd son
pouvoir en haut, c'est-à-dire la portion la
plus importante de son pouvoir, la plus
sérieuse en elle-même, la plus
déshonorante pour Dieu, et la plus
redoutable pour le peuple de Dieu -sa puissance
dans les lieux célestes à laquelle il
est fait allusion en Eph.VI,
et dans d'autres
passages.
En conséquence, lorsque Satan perd sa place,
il y a de la joie dans le ciel; une voix s'y fait
entendre, disant: «Maintenant est venu le
salut, la puissance, le royaume de Dieu et le
pouvoir de son Christ.»
Cependant pour ce qui est de la terre, le royaume
n'y est pas immédiatement établi;
Satan a perdu sa place dans les cieux. le Seigneur,
dans l'Évangile, fait allusion à
cette chute de Satan. J'attire l'attention du
lecteur sur ce passage parce que plusieurs en ont
conclu que depuis longtemps Satan avait
été chassé des cieux. ce
passage se trouve en Luc
X, lorsque les disciples
reviennent au Seigneur pleins de joie
parce que les démons qui
étaient assujettis. Le Seigneur leur
répond qu'il contemplait «Satan tombant
du ciel comme un éclair.» Quelqu'un
pourrait opposer ces paroles de l'Évangile
à celle qui décrivent comme encore
future la chute de Satan dans l'Apocalypse. Mais ce
serait là, évidement une fausse
interprétation des Écritures.
Il nous faut toujours demeurer convaincu que la
Bible s'accorde avec elle-même: Il y à
ignorance ou incrédulité lorsqu'on
présente un passage de la Parole de Dieu
comme étant en contradiction avec un autre.
Il doit être évident, je crois, pour
un esprit impartial que la chute de Satan dans la
prophétie est un événement
futur qui précède de trois ans et
demi (de quelque manière qu'il faille les comprendre) la
destruction de la bête et
l'enchaînement de Satan.
C'est donc une chute qui, au moment, du temps de
St-Jean, était encore future. Il fallait que
la conséquence immédiate fut une
affreuse persécution contre la femme et sa
semence. Nous avons de plus présenté
diverses considérations qui, à notre
avis, démontrent clairement que les morts
dont nous venons de parler sont
précédés de
l'enlèvement de l'Église. Nos
lecteurs doivent se rappeler que c'est la
conclusion que j'ai tirée
uniformément de tous les premiers chapitres,
IV-XI; de sorte que la chute de Satan dont il
est question se trouve être un
élément postérieur
à celui de
l'enlèvement au ciel des saints
glorifiés.
Qu'est-ce donc que le Seigneur Jésus-Christ
peut avoir en vue lorsqu'il dit: «Je
contemplais Satan tombant du ciel comme un
éclair?» En voyant et en entendant ce
que les disciples ont opéré en son
nom dans leur service, la vision de la catastrophe
de Satan se présent à ses yeux,
et toutes les conséquences de sa
victoire sur l'ennemi sont anticipées dans
les premiers gages qui viennent d'en être
donnés.
Le Seigneur Jésus envisage la crise finale
et la chute de l'adversaire, lorsque les disciples
lui rapportent les merveilleux échantillons
(si je puis m'exprimer ainsi) qu'ils ont
reçus «des puissances du
siècle à venir.»
C'était le premier grand coup porté
par des hommes à la puissance de Satan,
c'est pourquoi, dès le commencement de la
chose, Jésus en entrevoit la fin, et ainsi
dans une sorte de vision contemplative, il voit
l'ennemi précipité du faîte le
plus élevé de son
usurpation.
Ce n'est pas là une chose rare dans les
Écritures. Dans un autre évangile,
lorsque les Grecs montent à la fête
désirant voir Jésus, que dit-Il?
«L'heure est venue pour que le Fils de l'homme
soit glorifié.»
Il allait rencontrer la croix et la mort, et
cependant il déclare que l'heure
était venue pour qu'il fût
glorifié. Comment cela? Si vous prenez ce
passage dans un sens purement
littéral, vous en perdez,
ce me semble, toute la force. Jésus voit
dans les Grecs qui se trouvaient devant lui le
rassemblement des Gentils; et il savait
parfaitement bien que ce n'étaient que sa
croix et sa gloire dans les cieux qui les
attireraient. De sorte qu'il embrasse d'un seul
regard toute la scène qui est placée
devant lui, car il devait encore accomplir la
rédemption et monter en haut. Mais à
cause de ce faible gage qu'il vient de recevoir, il
rattache tout à sa glorification et en parle
comme d'une chose actuelle.
Ailleurs lorsque Judas fut sorti et que le Seigneur
Jésus-Christ répéta des
paroles à peu près semblables c'est,
je présume, d'après le même
principe
(Jean
VIII. 31).
En Apoc.
V. 13, nous avons vu quelque
chose d'analogue. Un mouvement sensible se produit
dans la vision qui affecte l'univers entier,
lorsque l'Agneau prend le livre scellé des
sept sceaux. Ce ne sont pas seulement les
créatures vivantes qui se prosternent, les
anciens qui entonnent un nouveau cantique et les
myriades d'anges qui font entendre une puissante
voix de louanges; mais un choeur est formé
par la création tout entière.
«Et j'entendis toute créature qui est
dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, et
les choses qui sont sur la mer et toutes les choses
qui sont en eux, disant: A celui qui est assis sur
le trône et à l'Agneau, louange,
honneur, gloire et force aux siècles des siècles!»
C'est comme si l'on eût fait sonner une note
qui ne devait cesser de vibrer que lorsque les
bouts les plus reculés de la création
auront été remplis de la gloire de
Dieu et de l'Agneau.
Mais c'est le temps de la pleine
bénédiction qui est ici
anticipé; ces accents
répétés d'adoration et de joie
sont produits par le fait que l'Agneau vient de
recevoir le livre de l'héritage.
Après cela a lieu l'ouverture des sceaux, ce
qui n'est que le prélude des jugements
derniers, jugements qui doivent toujours redoubler
d'intensité jusqu'à ce que Christ
Lui-même vienne exécuter la
colère
(Apoc.
XIX); et c'est après
tout cela seulement qu'apparaît la gloire et
que peuvent être réalisées ces
anticipations
(chap.
XXI et XXII).
Pourtant dès le
premier anneau de cette chaîne
d'événements, la fin en est
saluée. C'est là la pensée de
Christ, de même que dans le X
me de Luc. Le Seigneur ne fait pas
allusion à la chute de Satan comme à
un fait déjà accompli, mais à
travers ce qui se présente réellement
à lui, il envisage sa future et plus
complète humiliation qui nous est
dépeinte ici. Cette chute de Satan
elle-même n'est nullement la dernière
preuve de la puissance de Dieu contre l'ennemi.
Jusque-là pour ainsi dire, aucune atteinte
n'a été portée à Satan,
sauf pour la foi. Il est vrai que dans la croix de
Christ il a été jugé en
principe
(Jean
XII, 31), mais de fait il n'a
pas encoreété
renversé de son trôné sur le
monde.
Sans nul doute, l'oeuvre de Dieu, en vertu de
laquelle il doit être chassé du ciel,
a été achevée à la
croix, de sorte que pour que la chose s'effectue,
ce n'est plus qu'une question de temps et de la
volonté de Dieu. D'abord, Satan perd la
portion céleste de la puissance qu'il a
usurpée. Ensuite, il descend sur la terre en
grande fureur, sachant qu'il a peu de temps. Cela
nous amène au chap.
XIII où nous avons le
détail des actions de Satan ici-bas, savoir
sur la mer et sur la terre, la mer, comme nous
l'avons déjà dit, étant le
symbole de ce qui est sans gouvernement
établi, et la terre représentant
cette partie du monde qui jouit d'un ordre reconnu.
Les deux choses réunies composent le monde
comme un tout, ou une sphère donnée du
monde, quelle que soit sa
condition.
Le prophète (1) est-il dit, se
tenait sur le
sable
de la mer. Plus loin, au chap.
XVII, il est transporté
par l'Esprit dans le désert, et plus tard
encore,
(chap.
XXI) sur une
grandeet haute montagne. Ici,
comme partout ailleurs, la situation est en rapport
avec le sujet présenté. «Je me
tins sur le sablé de la mer.»
La raison est évidente; Jean va voir une
grande bête monter de la mer et, par
conséquent il prend dans la vision une place
qui convient. «Et je vis monter de la
mer une bête». Il faut vous rappeler que
ces visions sont comme un grand panorama qui passe
sous les yeux du prophète. La signification
des symboles employés est ce que nous avons
à découvrir par l'enseignement du
Saint-Esprit.
La mer nous présente une foule de peuples
dans un état de confusion, des peuples dans
une agitation semblable à celle des vagues
de l'Océan. En un mot, la mer nous montre
les hommes dans une condition
révolutionnaire. Et c'est de cette anarchie
et de cette confusion que surgit une puissance
impériale. Cette puissance est
appelée «la Bête».
La même chose nous apparaît en Daniel
VII, mais avec cette
différence, que le prophète juif voit
quatre bêtes sortir successivement de la mer,
et non pas une seulement, comme c'est le cas au
commencement du Chap.
XIII de l'Apocalypse.
La première bête était comme un
lion, la seconde comme un ours, la troisième
comme un léopard, et la quatrième
toute différente des autres. Et avant que
l'interprétation fût
donnée,voici comme le Fils de l'homme venant
sur les nuées des cieux,
en contraste avec ces puissances qui sortent de la
mer agitée. C'est un royaume dont l'origine
est céleste et un royaume qui doit exercer
la puissance de Dieu sur la terre dans la personne
du Seigneur comme Fils de l'homme; ainsi
l'autorité ne demeurera pas entre les mains
de ces bêtes féroces. Le fait que ces
bêtes s'élèvent de la mer sur
laquelle, viennent de se lever les quatre vents des
cieux, symbolise probablement le bouleversement des
peuples qui précéda la formation des
quatre grands empires.
Il est intéressant de remarquer que la
fondation de ces états, qui plus tard
appartinrent à la puissance
impériale, eut lieu à peu près
au même temps. Ils surgirent de
l'obscurité et du chaos politique presque
simultanément; Dieu dans sa
souveraineté, donna successivement puissance
à chacun: d'abord, aux Babyloniens; puis,
aux Médo-Perses; ensuite, aux Grecs ou
Macédoniens, et en dernier lieu aux
Romains.
Jean ne voit qu'une bête monter de la mer. La
mer, symbole de l'état agité des
nations, existe dans la vision de l'Apôtre et
il en voit aussi sortir la quatrième et
dernière bête du prophète
Daniel. Les trois premières bêtes
avaient eu leur temps et elles avaient disparu; la
quatrième ou l'empire romain avait suivi et
était alors revêtue de toute la
puissance, car précisément à
cette époque c'était par
l'autorité de cette bête romaine que
Jean se trouvait
relégué dans l'île de
Patmos.
Il paraîtrait que ce que Jean voit ici c'est
le dernier effort de la puissance de la bête,
précédant sa destruction; maïs
ce qui doit se passer entre sa première
apparition comme empire et sa réapparition
n'est pas relaté ici.
D'après la description qui nous est faite,
nous ne pouvons douter qu'il soit question de
l'empire romain. Il nous est parlé d'une
bête «qui avait dix cornes et septs
têtes, et sur ses cornes, dix
diadèmes». Les mêmes choses qui
nous sont rapportées de Satan
(chap
XII, 3) alors qu'il est
envisagé comme possédant la puissance
du monde: «Je te donnerai toute cette
autorité et la gloire de ces royaumes car
elle m'a été donnée et je la
donne à qui je veux»
(Luc
IV, 6.) maintenant il en fait
don ici à la bête romaine.
Satan était évidemment un usurpateur,
mais il est de fait le prince de ce monde et comme
tel, il a sept têtes et dix cornes. dans son
caractère de Satan, il ne se présente
pas ouvertement aux hommes: il lui faut un agent ou
un représentant; il se déguise et
agit par le moyen d'un autre en se choisissant un
instrument parmi les hommes.
Dieu avait aussi trouvé bon d'agir d'une
manière semblable pour accomplir ses
précieux desseins de grâce. Satan le
fait également; terrible
contrefaçon en malice de la bonté de
Dieu en Christ!
L'agent duquel dont il est parlé et dont le
diable se sert pour accomplir son oeuvre est
l'empire romain dans sa dernière phase.
L'ennemi profita de la convoitise de l'homme pour
la puissance, car dans ce monde, c'est la
convoitise qui est l'objet de l'ambition.
Ici nous avons un grand pouvoir impérial qui
dans l'origine avait été reconnu de
Dieu. En tant que sortant seulement de la mer, Dieu
aurait pu encore le reconnaître, mais du
moment qu'il est dit s'élever de
l'abîme, sa source n'est plus aucunement
providentielle, mais expressément de
l'ennemi.
Outre ces sept têtes et ses dix cornes, il y
a sur ces dernières dix couronnes. Qu'il me
soit permis d'ajouter ici, que les cornes doivent,
je n'en doute pas, être citées avant
les têtes, avant «dix cornes et septs
têtes, et sur ses cornes dix diadèmes,
et sur ses têtes dix noms de
blasphème»
(vers.
1.)
Ce n'est pas que nous attachions une importance
exagérée à un tel ordre, mais
nous croyons seulement qu'il est toujours bon de
demeurer dans le vrai; leurs deux membres de phrase
qui terminent ce verset sont d'accord pour mettre
les cornes en premier lieu; peut-être est-ce
parce que la bête est envisagée ici
comme exerçant de fait la puissance tandis
que Satan ne la possède que virtuellement.
C'est leblasphème, et non
pas simplement le paganisme, qui caractérise
ses têtes.
«Et la bête que je vis était
semblable à un léopard.»
C'était là la principale ressemblance
de son corps, et cela a trait à l'empire
macédonien que sa rapidité dans les
conquêtes rendit si remarquable.
«Ses pieds étaient comme les pieds d'un
ours,» - allusion à la domination
perse; attestant une grande ténacité
de prise,
«et sa bouche était comme la bouche
d'un lion,» - image de sa voracité,
comme dans la royauté et toute la
carrière de Nébucadnetsar.
C'est ainsi que l'empire romain, dans sa
dernière phase du moins, doit réunir
les différents caractères des
monarchies précédentes. Et telle a
bien été effectivement la politique
habituelle des Romains. Ils ne cherchaient pas
à détruire les principes qu'ils
découvraient chez les différentes
nations qu'ils soumettaient; ils essayaient
plutôt d'introduire dans leur propre
système les principes qui avaient pu
contribuer à la puissance des nations qu'ils
s'étaient assujetties. Ils n'imposaient
point leurs coutumes aux autres, mais cultivaient
tout ce qu'ils jugeaient avantageux, et le
tournaient à leur propre profit. De
même ici, cette bête réunit les
caractères de puissance qui avaient
donné de l'importance aux
précédentes monarchies
impériales.
Il se trouve pourtant une différence
notableentre
celle-ci et
les autres et cela dans l'origine de son
existence.
«Le dragon lui donna sa puissance et son
trône et un grand pouvoir»
(vers.
2).
Cette distinction importante est subséquente
à la chute de Satan auquel il faut un moyen,
ou un intermédiaire, pour agir d'une
manière universelle sur les hommes et au
centre de la civilisation et de l'activité
du monde durant le court espace de temps, pendant
lequel il lui est permis de faire sa volonté
sur la terre. Et à cause de cela il donne
à la bête romaine, qui tenait
déjà de la providence de Dieu
l'autorité impériale, sa propre
puissance de dragon.
Jusque là une telle chose ne s'était
pas vue sur la terre, du moins dans son sens absolu
-l'union de l'autorité impériale et
de toute l'énergie satanique. Mais le
prophète voit encore autre chose en rapport
avec cet événement:
«Et je vis l'une de ses têtes comme
blessée à mort et sa plaie mortelle
fut guérie et toute la terre était
dans l'admiration de la bête»
(vers.
3).
Je suis porté à croire que cette
tête blessée était la forme
impériale de gouvernement
(comp.,chap:
XVII. 10), les têtes,
qui étaient, comme nous l'avons vu, en
rapport avec le dragon
(chap.
XII. 3.) aussi bien qu'avec la
bête, représentant les diverses formes
de puissance qui put existé successivement.
Une d'entr'elles devait être
blessée à mort,
mais au même moment elle
devait être vivifiée par un
ministère satanique. Tout le monde est dans
l'étonnement, et cela n'est point
étrange. La réapparition de l'empire
romain, avec une splendeur de beaucoup
supérieure à celle dont il brilla
jadis, surprendra excessivement l'univers
entier.
Et maintenant si nous jetons un regard sur Daniel,
nous y trouvons un fait remarquable en rapport avec
l'état de division de cet empire à la
fin, et en rapport aussi avec les divisions qu'il
subit après avoir cessé d'exister
comme empire. La statue du IIme
chap. de Daniel a des pieds
«en partie de fer, en partie de terre».
Par conséquent il y a de la faiblesse.
Le métal représente
l'élément romain original dans sa
force, tandis que la terre est un
élément étranger qui cause de
la faiblesse en cherchant à se
mélanger au fer.
«Mais ce que tu as vu le fer mêlé
avec la terre de potier, c'est qu'ils se
mêleront par semence humaine, mais ils ne se
joindront point l'un avec l'autre ainsi que le fer
ne peut point se mêler avec la terre»
(v.
43).
Cela explique exactement l'état de choses
existant dans l'Europe occidentale. L'histoire de
cette partie du monde a été
complètement changée par les
invasions des Barbares au cinquième
siècle environ après
Jésus-Christ. Il fut un temps où un
pouvoir vaste et solidement établi -le
pouvoir defer de Rome
-exerçait une domination universelle et
incontestée.
Mais à l'époque dont nous venons de
parler, des multitudes de hordes barbares,
arrivées à la fois du nord et de
l'est, fondirent sur l'empire et l'assaillirent
presque sur tous les points: il tomba. Mais,
quelque puissants que fussent ces barbares, ils ne
purent établir que de petits royaumes
séparés; et depuis, aucune main n'a
été capable de rassembler ces
fragments épars pour les unir solidement de
nouveau. Il n'y a pourtant pas eu manque de
volonté: au contraire, toutes sortes de
moyens ont été essayés;
parfois l'épée, d'autres fois la
politique, ou bien des mariages entre ces
différentes nations; mais tous ces efforts
ont été faits en vain, et ainsi les
choses sont demeurées sous l'arrangement
providentiel de Dieu.
Il n'y a pas eu reconstitution de l'unité,
de sorte que l'expression dominante et favorite de
la politique a été et sera encore
«l'équilibre
du pouvoir»; ce qui signifie
réellement qu'une distance respectueuse est
gardée entre les membres épars de ce
qui fut jadis un corps. Des jalousies
réciproques et un esprit
d'indépendance chez tous ont toujours fait
efficacement obstacle à leur réunion.
La tendance ordinaire a toujours été
d'arrêter ou de prévenir la
prépondérance d'une nation sur les
autres par la formation de petits états
entre les états plus
puissants. Mais quoique cette blessure
semblât être mortelle, elle fut
pourtant guérie:
«et je vis l'une de ses têtes comme
blessée à mort et sa plaie mortelle
fut guérie».
C'est-à-dire, qu'à l'époque
dont parle la vision, l'empire romain doit de
nouveau être consolidé, mais non pas
comme précédemment sous la bonne main
de Dieu qui contrôlait tout, quelles que
fussent les voies de certains empereurs; mais tout
est abandonné alors à la
volonté de la Bête comme instrument
immédiat de Satan.
Satan ne peut accuser plus longtemps les saints
devant Dieu, mais il est à l'oeuvre sur la
terre pour faire blasphémer ouvertement
contre Lui. Et cela se produit d'abord au moyen de
l'influence politique. L'empire romain est
réorganisé, la puissance
impériale ravivée, et au-dessus se
trouve une tête qui rassemble tout sous son
contrôle; de sorte que le monde entier est
dans l'admiration de la Bête à
laquelle le dragon a remis sa puissance, son
trône et son autorité. Mais nous
voyons plus que cela dans le verset suivant; il
nous apprend ceci, c'est qu' «ils rendirent
hommage au dragon parce qu'il avait donné
pouvoir à la Bête, disant: qui est
semblable à la Bête et qui peut
combattre contre elle?»
(vers
4.)
Combien l'homme est inconstant et léger! Un
état d'anarchie avait
mûrement précédé,
et la bête en surgissant devient un
objet d'étonnement et
d'adoration pour l'homme fatigué de
l'agitation et des luttes antérieures.
Quelque chose d'analogue s'est produit dans un pays
voisin (2).
Les
hommes y étaient tout brisés et
bouleversés par une révolution
qu'aucune borne ne retenait et qui, par
conséquent, remplissait les esprits
d'anxiété et d'angoisse. Qu'en
résulta-t-il? Une main puissante s'empara
des rênes avec un despotisme militaire, une
puissance quasi-impériale. Ce qui s'est
opéré ainsi sur une petite
échelle parce qu'il ne s'agissait que d'une
nation, se produira bientôt dans toutes les
parties occidentales de l'Europe. Et ainsi les
hommes ne dirigeront plus les choses
eux-mêmes, mais un chef vigoureux prendra en
main le gouvernement; ce ne sera pas simplement la
main d'un homme, mais plutôt la puissance du
dragon.
Dieu lui permettra de faire sa propre
volonté, et pour un peu de temps il
déploiera au plus haut degré toute
son énergie dans le mal. Ainsi, à
côté des gouvernements distincts, et
des chefs qui régneront sur leurs pays
respectifs, il y aura unité impériale
sous un grand chef qui disposera, lui, de la
puissance des autres et sera souverain sur tous.
Alors seront réalisés les
désirs et les rêves de l'homme qui
n'ont été jusqu'ici que de vaines
chimères.
Il existe dans une des premières
épîtres un passage sur lequel je
voudrais faire une courte remarque; ce passage est
en rapport avec ce qui a empêché et
empêche encore le développement de ce
mal et de bien d'autres aussi. Il se trouva en 2
Thess. II. 6. 7.
«Et maintenant, vous savez ce qui retient pour
qu'il soit révélé en son
propre temps. Car le mystère
d'iniquité se met déjà en
train seulement celui qui retient maintenant le
fera jusqu'à ce qu'il soit loin. Et alors
sera révélé
l'inique.»
Dieu place un empêchement ou une entrave au
développement de l'iniquité du monde.
Et j'ai la pensée que le Saint-Esprit
habitant dans l'Église, est ce dont il est
fait mention dans ces mots: «Celui qui retient
maintenant». Toutefois après
l'enlèvement de l'Église, Dieu aura
encore un témoignage ici-bas, quoique d'un
caractère différent, et Satan sera
encore, pour un temps, du moins, retenu dans une
certaine dépendance. Cette entrave mise
à l'action de l'Ennemi sera maintenue par
l'opération du Saint-Esprit d'une
manière providentielle. Lorsque cette
dispensation de Dieu prendra fin, le Saint- Esprit
ne retiendra plus et ne sera plus vu comme les sept
esprits de Dieu envoyés sur toute la terre,
c'est-à-dire que la puissance que le
Saint-Esprit exerce maintenant, non pas
seulement dans l'Église, mais aussi sur le
monde, ne se déploiera plus alors pour
tenir Satan en échec.
«Celui qui retient maintenant le fera
jusqu'à ce qu'il soit loin.»
On ignore généralement ce dont on est
redevable à une telle entrave mise à
l'activité de Satan. Mais le temps viendra
où il ne sera plus sous aucune contrainte,
et il agira alors sur la terre selon tous ses
désirs. Un personnage sera, par lui,
placé comme chef, et les hommes seront
charmés d'une telle puissance
d'énergie exercée, ainsi, sans
conscience envers Dieu, -charmés de la
tranquillité relative qui résultera
du fait qu'il y aura quelqu'un élevé
en dignité et autorité souveraine sur
tous.
En un mot ils auront, sous plusieurs rapports, ce
qui convient à l'orgueil et à
l'idolâtrie du coeur. Les hommes comme les
enfants, sont toujours mécontents de leurs
plans et même de leurs succès. De
plus, ayant rejeté l'amour de la
vérité, ils sont tout prêts
à se laisser prendre par les embûches
que Satan place devant eux. De sorte
qu'après avoir passé à travers
un orage de révolutions, ils seront tout
joyeux de se prosterner pour adorer la bête
et le dragon qui a remis son autorité et sa
puissance à la bête. Mais en outre, le
caractère du culte rendu à la
bête différera de celui de
l'idolâtrie ordinaire. On ne l'adorera pas en
rendant également hommage à beaucoup
d'autres dieux et d'autres seigneurs comme
autrefois les païens, mais il y aura rejet
absolu de tout dieu au-dessus de
celui qu'ils adoreront comme tel sur la terre.
Cette misérable créature qui est
l'habitation de Satan sera l'objet de l'adoration
à laquelle le dragon participera
aussi.
«Et il lui fut donné une bouche qui
proférait de grandes choses et des
blasphèmes; et le pouvoir d'agir
quarante-deux mois lui fut donné.»
Personne, je suppose, ne met en doute le rapport
qui existe entre ceci et le VII
me chap. de Daniel. C'est le
même langage qu'on entend, et il s'applique
à la même époque. Si
nous examinons ce chapitre, nous
découvrons que les pensées que je
viens d'exposer y sont confirmées. Il est
dit en Dan.
VII. 7., que la
quatrième bête différait, quant
à la puissance, de toutes celles qui
l'avaient précédée. «Elle
avait dix cornes. Je considérais ces
cornes et voici une autre petite corne»
(v.
8).
Il n'y a rien de cela dans l'Apocalypse; la petite
corne n'y est pas mentionnée comme telle.
Mais ce n'est pas tout. Devant le prophète
«trois des premières cornes furent
arrachées par elle», et elle prend
possession du terrain de trois, de sorte que
des dix n'en reste plus que sept.
«Il y avait en cette corne des yeux semblables
aux yeux d'un homme» -symbole de
l'intelligence «et une bouche qui disait de
grandes choses», c'est-à-dire des
paroles pleines d'orgueil et de
blasphème contre Dieu
(comp.
le vers.
25).
C'est là ce qui amène le jugement de
Dieu: non pas assurément le jugement du
grand trône blanc où comparaissent les
morts, mais bien le jugement des vivants et du
monde habitable. C'est pourquoi il est écrit
au verset
11. «Je regardais
à cause de la voix des grandes paroles que
cette corne proférait; je regardais donc
jusqu'à ce que la bête fut tuée
et que son corps fut détruit et donné
pour être brûlé au
feu.»
Maintenant remarquez que la différence qui
existe entre la prophétie de Daniel et celle
de Jean, c'est que, ce que le premier dit de la
petite corne, le second le dit de la bête
(comparez Apoc.
XIII 5. 6.
avec Dan.
VII. 8 et 25).
En voici la raison, Jean nous
parle du caractère ou du principe, tandis
que Daniel fournit le détail des faits
historiques.
Dix rois devaient surgir de l'empire romain, mais
trois d'entr'eux devaient disparaître devant
la force ou la fraude d'un nouveau, la petite corne
-puissance obscure à son origine mais qui
arrivait à la possession de trois royaumes
et devenait alors réellement la directrice
de tous les autres. Dans l'Apocalypse, où il
est supposé naturellement que les traits qui
ont été fournis par Daniel sont
déjà connus, le Saint-Esprit ne
revient pas sur les faits historiques et il parle
de l'empereur et de l'empire comme n'étant
qu'un.
Je suis tenu de reconnaître «les
puissances établies», mais lorsque
Satan donne son autorité à la
bête l'affaire est tout autre. Nous ne devons
aucune déférence à Satan. De
fait, c'est lui qui conduit la bête dans
toutes les horribles profondeurs du
péché. Car la bête «ouvrit
sa bouche en blasphèmes contre Dieu pour
blasphémer son nom et son habitation et ceux
qui habitent au ciel.»
(vers.
6.) L'empire romain est, si je
puis employer une telle figure, comme le chariot
dans lequel se promène ce cavalier
furieux.
Mais, jetons encore un coup d'oeil sur Dan.
VII. «J'avais
regardé comme cette corne faisait la guerre
contre les saints et les surmontait
(ver.
21)..... Il proférera
des paroles contre le Souverain et détruira
les saints du Souverain et pensera de pouvoir
changer les temps et la loi; et ils seront
livrés en sa main jusqu'à un temps et
des temps et une moitié de temps.»
C'est la même période de quarante-deux
mois dont il est question en Apoc. XIII: -«un
temps» signifiant une année, «des
temps» deux années, et «la
moitié d'un temps» une demi-
année. Je n'ai pas le moindre doute que la
puissance appelée par Daniel «la petite
corne» soit celle qui nous apparaît dans
notre chapitre comme la Bête. Là, elle
a le nom de «corne» parce que Daniel nous
présente la succession progressive de
l'histoire et ajoute le côté
spécial juif, la circonstance
que les temps et les lois sont livrés en sa
main; tandis qu'ici, nous apparaissant comme
possédant toute la puissance et
l'autorité du système
impérial, elle est appelée «la
Bête».
«Elle ouvrit sa bouche en blasphèmes
contre Dieu pour blasphémer son nom et son
habitation et ceux qui habitent au ciel.»
C'était là le grand but de Satan dont
la bête n'est que l'organe. C'est du ciel
qu'il a été précipité,
et le Dieu des cieux et ceux aussi qui y sont en
relation avec lui deviennent
particulièrement odieux à Satan et
à son orgueilleux représentant.
«Ceux qui habitent dans les cieux» leur
sont insupportables. Aujourd'hui même rien ne
bouleverse autant le monde que cela. Ce n'est pas
qu'il déteste toujours la
piété lorsqu'elle se rapporte aux
choses d'ici-bas; par exemple, dans une certaine
mesure, l'homme apprécie l'amour car il peut
y trouver son propre avantage. Mais du moment
où il s'agit d'une piété qui
ne s'occupe pas des choses de la terre -non pas
simplement qui rejette les choses mauvaises car
cela encore pourrait être compris, mais qui
rejette les meilleures oeuvres de l'homme naturel
lorsqu'il s'efforce d'être religieux et
d'honorer Dieu à sa manière, je le
répète, rien n'excite autant que cela
la haine des hommes, déjà maintenant,
et à combien plus forte raison dans le jour
à venir.
Car lorsque Satan aura perdu sa
puissance et sa place dans les cieux et qu'il
ne pourra plus agir que sur la terre, la
pensée d'un état de
bénédiction dans les lieux
célestes lui sera insupportable, il
cherchera à persuader les hommes que la
Bête est Dieu, et il prendra, je
suppose, avantages des prophéties de
l'Écriture pour leur faire croire que le
temps de la bénédiction est
arrivé, que de nouveau Dieu habite sur la
terre et qu'il ne reste plus qu'à jouir des
délices qui s'y trouvent et de ces
temps où Dieu a promis de disperser ses
ennemis.
Satan cherchera a reporter la date de ces
événements à sa propre
époque, et cela en -mettant Dieu
complètement en dehors, sachant pourtant ce
qui est prêt à arriver et quels sont
tes tourments qui l'attendent quand ce jour
sera là.
Il s'efforcera de tirer profit des promesses
mêmes de Dieu, pour abuser les hommes au
point de leur faire croire que ces temps
d'iniquité, sans pareils, sont les jours du
règne des cieux sur la terre.
Les temps décrits dans les chapitres que
nous étudions sont ceux durant lesquels la
conscience sera complètement
cautérisée quant à Dieu; et ce
qui se passa sur une petite échelle dans
l'histoire de Pharaon se vérifiera alors
dans toute la chrétienté qui sera
abandonnée à un endurcissement dont
la fin sera la destruction.
C'est là précisément ce que
l'Esprit nous
enseigne (2
Thess. II. 11. 12) devoir se
passer lorsque Dieu, irrité contre
ce monde à cause de son rejet de la
vérité, permettra que l'homme
conjointement avec Satan se lance dans tout le
débordement du mal. «Et à cause
de cela Dieu leur enverra une énergie
d'erreur pour croire au mensonge, afin que tous
ceux-là soient jugés qui n'ont pas
cru à la vérité mais qui ont
pris plaisir à l'injustice.»
Je suis fermement convaincu que non
seulement Dieu sera juste en agissant ainsi, mais,
qu'en outre, la justice de ses voies sera
pleinement reconnue de toute âme soumise
à sa Parole.
Nous avons donc ici les moyens que Satan emploie
pour l'accomplissement de ses desseins. Il a
donné sa vaste puissance à la
bête et il veut ensuite qu'elle devienne un
objet d'adoration.
«Et il lui fut donné de faire la guerre
aux saints et de les vaincre. Et il lui fut
donné pouvoir sur toute tribu et peuple et
langue et nation. Et tous ceux qui habitent sur la
terre dont le nom n'a pas été
écrit, dès la fondation du monde, au
livre de vie de l'Agneau immolé lui
rendront hommage
(vers.
7,8).
Ici nous trouvons la même distinction
à laquelle j'ai déjà fait
allusion. «Tous ceux qui habitent sur la
terre» forment une catégorie pire que
les tribus, peuples, langues et nations, parce que
ce sont ceux qui ayant complètement
abandonnéle ciel et les
espérances célestes, se sont
pleinement livrés à l'énergie
d'erreur du dernier jour.
Pour ce qui regarde «toute tribu et peuple et
langue et nation,» autorité a
été donnée à la
bête sur eux; mais «ceux qui habitent
sur la terre» sont soumis entièrement
à la bête et à son influence
maligne.
«Tous ceux qui habitent sur la terre lui
rendront hommage.» Cela n'a pas
été dit des autres, mais quant
à ceux-ci ils se sont totalement
livrés à la puissance satanique.
Certaines traductions présentent ainsi le
passage suivant: «Tous ceux qui habitent sur
la terre dont les noms ne sont point écrits
au livre de vie de l'Agneau
immolé dès la fondation du
monde», et quelques personnes en ont
conclu que l'Agneau avait été
immolé dès la fondation du monde,
rapportant cela au conseil de Dieu comme en I
Pierre I. 19, 20. Mais la
pensée de Dieu n'est nullement
celle-là.
L'interprétation véritable ou
plutôt la lecture exacte de ce passage doit
être celle-ci, «dont le nom n'a pas
été écrit, dès la
fondation du monde, au livre de l'Agneau
immolé»: car en comparant ce verset
avec le
huitième du chap. XVII de
l'Apoc., nous trouvons que l'Esprit a omis
quelques mots dont l'absence rend parfaitement
clair le reste du verset, nous montrant ainsi avec
quel membre de phrase le rapport doit être
établi. «Ceux qui
habitent sur la terre dont le nom
n'est pas écrit, dès la fondation du
monde, au livre de vie.»
Le Saint-Esprit ne répète pas
«l'Agneau immolé» mais Il place
les mots de «dès la fondation du
monde» immédiatement après ceux
de «écrits au livre de vie». Le
langage de Pierre, etc.
(1
Pierre I. 20), où il parle
du Seigneur Jésus comme d'un agneau sans
défaut et sans tache «préconnu
dès avant la fondation du monde,» a une
tout autre
portée.
Après cela viennent de solennelles paroles
d'avertissement sur lesquelles je ne compte pas
m'arrêter longtemps: «si quelqu'un a des
oreilles, qu'il écoute! Si quelqu'un
mène en captivité, il ira en
captivité; si quelqu'un tue avec
l'épée il faut qu'il soit tué
par l'épée. C'est ici la patience et
la foi des saints»
(vers.
9, 10).
La maxime qui vient d'être posée est
vraie pour tous, pour la bête même. Si
elle a conduit en captivité elle aussi y
sera envoyée, ou plutôt il lui
arrivera quelque chose de pire. Si elle a mis
à mort au moyen de l'épée,
elle aussi sera tuée par
l'épée. Mais ces paroles sont
placées là pour enseigner aux saints
quelle doit être leur conduite dans des
circonstances où ils pourraient
naturellement (en voyant la
méchanceté de la bête unie au
dragon) se croire autorisés à lui
opposer résistance. Et c'est là, je
crois, la raison pour laquelle cela
est dit, afin que
nul saint
ne soit tenté d'oublier sa place ou la
suprématie de Dieu et son jugement
assuré.
Leur affaire n'est pas de s'armer pour leur propre
défense. S'ils agissaient ainsi, quel en
serait le résultat? Dieu, dans ce cas
même, quel que soit le caractère de
ceux qui ont agi ainsi, quel que soit même
celui de la bête. Dieu, dis-je, maintiendrait
ses principes. Chacun recevra selon ce qu'il a
voulu infliger. C'est là, la loi du
gouvernement rémunérateur de
Dieu.
L'Apôtre Paul en Eph.
VI ne se fait pas scrupule de
tenir le même langage que la loi, quand il
s'agit de l'honneur dû aux parents:
«Honore ton père et ta mère...
afin que bien te soit et que tu jouisses de longue
vie sur la terre.»
Sûrement son intention n'est pas de proposer
aux chrétiens comme récompense de
devoirs accomplis envers des parents, une longue
vie sur la terre. Mais c'était un principe
posé par Dieu, et l'Apôtre y faisant
allusion veut seulement montrer que, même
sous la loi, une bénédiction
particulière se rattachait à
l'accomplissement de cet ordre. C'était le
premier commandement avec promesse. De même
ici, l'Esprit de Dieu pose un principe
général, vrai en tout temps et
applicable également aux ennemis et aux
amis. «Si
quelqu'un,» etc. -n'importe qui. Un
chrétien quelconque est dans une position
fausse lorsqu'il occupe une place de
puissance dans ce monde. Ce qui
rend la chose d'autant plus remarquable dans notre
passage, c'est que les saints dont il est question
sont Juifs et qu'eux, plus que tout autres,
pourraient se croire autorisés à
résister de tout leur pouvoir. Entendant la
bête prononcer d'affreux blasphèmes,
et se voyant de sa part les objets de cruelles
persécutions, ils auraient pu dire:
«Sûrement nous sommes autorisés
à nous lever pour la défense de notre
religion et de nos vies.» -«Non,»
dit le Seigneur, «si quelqu'un a des oreilles
qu'Il écoute..... Si quelqu'un tue avec
l'épée il faut qu'il soit tué
par l'épée.»
Si Dieu laisse la bête agir pour un peu de
temps selon sa propre volonté, à quoi
sommes-nous appelés? «C'est ici la
patience et la foi des saints» -foi quant
à Dieu, et patience pour ce qui regarde
l'ennemi: et ainsi il sera rendu d'autant plus
évident que Dieu intervient en faveur de
ceux qui ont souffert pour son nom. Et si cet
état de foi et de patience convient aux
saints juifs dont la vocation est terrestre,
combien plus doit-il nous appartenir à nous
qui en avons une céleste. (Conf. Mat.
XXVI. 52.)
Notre grande affaire, après notre jouissance
de Christ et l'appréciation de son amour,
devrait être de cultiver ce qui est selon sa
volonté, de manière à rendre
un témoignage vrai de ce qu'Il
est et de ce qu'il a fait pour
nous.
Nous ne sommes pas du monde, et du moment où
nous nous rejetons sur les ressources de la nature,
ou sur notre puissance, notre influence ou notre
autorité personnelle, nous quittons le
terrain chrétien. Quant à nos
rapports de famille, il est parfaitement bien
d'agir selon notre place d'autorité; et même la
bénédiction de Dieu ne peut reposer
sur ceux qui ne se maintienne pas dans les
relations dans lesquelles Dieu les a placés,
soit comme père ou comme enfant, comme mari
ou comme femme. Les affections, quelle que soit
leur importance, ne sont pas l'unique chose
à considérer. Dieu veut être
respecté par une soumission à l'ordre
qu'Il établit et sanctionne. Ce sont
là des choses qui ne sont pas
changées ou dérangées par
notre position céleste; bien au contraire,
elle nous donne plutôt l'occasion de
manifester que nous possédons en Christ une
nouvelle puissance pour chaque relation
légitime.
Mais, agir comme ayant nos intérêts
dans ce monde, est une chose tout autre et qui ne
regarde nullement le chrétien dont l'affaire
est plutôt de passer légèrement
là-dessus comme ayant la connaissance que sa
portion est avec Dieu dans le ciel. Le Seigneur
Jésus-Christ va venir pour juger le monde
que Dieu tient comme coupable du sang de son Fils
et mûrissant maintenant pour le jugement. Si
nous gardions habituellement
cette vérité devant nos âmes,
nous serions préservés de bien des
choses par lesquelles nous déshonorons le
Seigneur comme
chrétiens.
Que le Seigneur veuille se servir de tout ce que
nous apprenons pour le bien de nos âmes, afin
que nous soyons complètement
séparés de tout ce qui doit prendre
fin d'une manière aussi épouvantable.
La conduite extérieure ne suffit pas.
L'Église est considérée comme
ayant la pensée de Christ, et nous sommes
responsables envers Dieu de nous garder de ces
pièges et de ces moyens que Satan met
secrètement en exercice maintenant afin de
faire éclater ensuite tout ce mal. Il agit
envers nous avec beaucoup plus de subtilité
qu'envers le monde. Puissions-nous ne jamais
oublier ce que Dieu est pour nous, et cela à
cause de ce que nécessite sa gloire. C'est
maintenant que nous possédons la meilleure
occasion d'être fidèles pour Christ.
Ce serait en vain que nous regarderions aux autres,
nous figurant que la chose nous serait plus facile
dans leurs circonstances.
Dieu est suffisant pour les difficultés de
notre position actuelle, et Il ne manque pas de
donner la force lorsqu'on s'attend à Lui. La
seule raison pour laquelle nous grossissons la
difficulté de nos circonstances, c'est parce
que notre oeil n'est pas simple envers Christ.
Lorsque nous le voyons en toutes
choses,le danger, les
difficultés, la tentation, tout
disparaît.
L'apparition de la seconde bête
diffère grandement de l'apparition de celle
que nous avons déjà
étudiée. La première
était vue sortant de la mer, mais voici ce
que nous lisons de celle qui se présente
à nous dans le verset
11: «Et je vis une autre
bête monter de la terre.»
Nous avons eu occasion de remarquer constamment en
parcourant te livre de l'Apocalypse que
la terre
est le symbole de ce qui, politiquement, se trouve
dans un ordre établi et reconnu -c'est
proprement la scène du témoignage et
des voies de Dieu aussi bien que d'un gouvernement
humain établi. Elle peut abuser de ses
privilèges; comme aussi elle peut tomber
dans un état effrayant de
ténèbres morales, car c'est justement
là où quelque
bénédiction est confiée que se
trouve le danger de la corruption et de
l'apostasie.
La mer est, au contraire, cette partie du monde qui
est dans un état révolutionnaire ou
de désorganisation. Si nous examinons la
chose au point de vue chronologique, nous pourrons
en conclure ainsi que l'apparition de la seconde
bête est subséquente à celle de
la première. Lorsque le monstre à
sept têtes paraît, tout se trouve dans
un état d'agitation; mais lorsque nous
voyons venir la seconde bête, les choses sont
arrangées et consolidées d'une
certaine
façon.
Aussi, est-ce maintenant de la terre qu'il est
question; il ne s'agit plus des eaux, scène
tourmentée de tous les vents. Le personnage
annoncé comme montant de la terre n'est pas
un simple particulier. C'est un pouvoir politique,
oppresseur, qui agit sans conscience envers Dieu
-une Bête
(3).
Il se peut,
et je ne doute pas qu'il en soit ainsi, qu'un
individu particulier exerce la puissance, comme
cela a été le cas avec la
première bête; mais l'expression,
«la bête», n'implique pas
l'idée d'un individu comme tel, mais bien
celle d'une puissance impériale
environnée parfois de satellites qui
lui sont assujettis. Il est évident, en
outre, que cette bête est d'un
caractère très extraordinaire, car ce
qui la signale c'est une ressemblance ou
plutôt une imitation du Seigneur
Jésus-Christ.
«Elle avait deux cornes semblables à un
agneau.»
Le Seigneur ainsi que nous avons dû le
remarquer en lisant l'Apocalypse est souvent
désigné comme «l'Agneau».
Assis sur le trône de Dieu
endécrit comme la grande
victime sympathisant puissamment avec les
souffrances du peuple de Dieu, il nous est
montré comme «un Agneau». Mais
lorsque les saints sortent ici-bas de la position
d'étrangers et de rejetés, qui
constitue leur lot propre, le Seigneur Jésus
cesse aussi d'être symbolisé de cette
manière. Il semble honteux de les avouer,
aussi se tient-il à distance et le
voyons-nous comme un ange et non plus comme un
agneau.
La chose si extraordinaire dans ce passage c'est
que la bête prétend ressembler
à Christ. Elle possède deux cornes
semblables à un agneau; c'est-à-dire
qu'elle a une certaine prétention de
ressembler à Christ dans son pouvoir
officiel. Si une corne est quelquefois
employée comme le symbole d'un roi, elle
peut aussi signifier simplement la puissance. C'est
là le cas lorsqu'il est dit de David
«la corne de son oint» etc.; mais une
telle signification est beaucoup plus
évidente encore lorsque nous regardons au
Seigneur Jésus-Christ présenté
dans ce livre comme ayant sept cornes et sept
yeux.
Assurément il ne peut être question de
sept rois; de sorte que, suivant le contexte, les
cornes peuvent signifier des rois ou simplement la
puissance. En rapport avec la
précédente bête il nous est dit
qu'elles représentent des rois; mais en elles-mêmes
elles n'ont pas nécessairement ce sens, et
il semble qu'ici elles
n'impliquent pas autre chose que la puissance. Il
ne s'agit pas d'une perfection de puissance comme
dans le cas de l'agneau mais seulement d'une
prétention à la chose; il y avait deux
cornes.
L'Esprit de Dieu se plaît à nous
montrer au XVIIme
chapitre de ce livre que les
dix cornes de la première bête sont
dix rois
(chap.
XVII. 12). Jusqu'ici tout est
donc clair quant à cette seconde bête.
C'est une puissance qui s'élève
lorsque tout est extérieurement en ordre et
bien organisé; par conséquent elle
apparaît plus tard que la première
bête. Mais il y a plus encore: elle s'arroge
le pouvoir de Christ car elle a deux cornes
semblables à un agneau. Toutefois son
langage la trahit &emdash; elle parle comme un
dragon.
C'est de l'abondance du coeur que la bouche
parle.
Quelle que soit son apparence extérieure,
lorsqu'elle exprime les sentiments de son coeur sa
voix est celle d'un dragon. A la
précédente bête le dragon avait
donné sa puissance et son autorité,
mais ici il y a une ressemblance plus intime avec
le dragon; sa voix en est l'expression. C'est la
grande et active puissance du mal au dernier temps,
et c'est là la différence qui existe
entre ces deux bêtes.
La première fait grande parade; elle enlace
les habitants de ce monde par son
déploiement de puissance et de gloire.
La seconde bête est de beaucoup la plus
énergique des deux; c'est celle
qui prend le plus
la place
de Christ &emdash; c'est un faux Christ ou
plutôt l'Antichrist, l'expression même
de Satan dans son opposition la plus directe
à Christ.
Lorsque Satan a été vu au chap.
XII attendant la naissance de
l'enfant mâle pour le dévorer
aussitôt, il ne nous est pas
présenté comme le serpent mais bien
comme le dragon. Et ici pour l'accomplissement de
ses derniers desseins Satan fait parler la
bête comme un
dragon.
Mais il peut être à la fois utile et
intéressant de considérer
quelques-uns des passages de l'Écriture qui
font allusion à cette seconde bête,
car souvent elle est l'objet d'une extrême
confusion, et cela n'est point surprenant car ces
bêtes sont si étroitement liées
ensemble au dernier jour qu'il est difficile de
décider laquelle des deux est
l'Antichrist.
(1) II faut que le lecteur sache
que c'est ici la
leçon la plus contestée du livre.
Dans le grec, la différence n'est que d'une
lettre de plus ou de moins; mais dans un cas c'est
de Jean qu'il s'agit, dans l'autre du Dragon.
Les autorités, (manuscrits, versions,
éditeurs et commentateurs,) sont
partagées. Si on compare notre texte avec Apoc.
X, 5-10, cela suffira
peut-être pour montrer qu'il n'y a pas
d'inconvenance interne à assigner à
Jean une telle position. Il faut se rappeler Dan.
X, 4, 5; XII,
5. D'un autre
côté, si on doit lire «il se
tint», je ne vois pas que cela attribue
à Satan un pouvoir de providence, chose
à laquelle il y aurait fort à
objecter.
(2). Il faut se rappeler que ces
remarques ont
été écrites en
Angleterre.
(3) M. Elliot voit dans la Bête à
deux
cornes semblables à l'agneau le clergé
papiste, le clergé séculier et
le clergé régulier unis sous le pape
comme patriarche de l'occident, et qui le
soutiennent dans son caractère plus
orgueilleux de vicaire de Christ, ou
d'Anti-Christ.
A son avis le passage de Matth.
VII. 15 exclut presque toute
possibilité d'erreur dans cette
manière d'interpréter le symbole
du corps clérical anti-chrétien. Mais
l'expression, une «Bête»
n'applique-t-elle pas toujours dans le langage
figuré de la prophétie, une
corporation
politique ou un pouvoir civil, et jamais
nulle part, une classe sacerdotale quelque
organisée qu'elle soit? Devrait-on laisser
de coté un pareil élément, en
interprétant ce chapitre?
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