Du moment que Dieu commence à agir ouvertement à l'égard de la terre,
Israël entre naturellement en première ligne, puis viennent les
Gentils en connexion avec lui. (Deut.
XXXII, 8, 9).
Nous avons eu les douze tribus dans la dispersion, et un nombre
déterminé d'entre elles, scellé; mais ce sont la Judée et Jérusalem
qui forment surtout le premier plan du tableau que nous voyons ici:
«Lève-toi,» est-il dit au prophète, «et mesure le temple de Dieu, et
l'autel, et ceux qui y adorent.»
Ici, l'autel correspond clairement, je pense, à l'autel d'airain; car
l'autel d'or était compris dans le temple. «Ceux qui adorent» sont des
personnes que caractérise une position de proximité avec Dieu. L'autel
est l'expression d'un accès véritable auprès de Dieu, et ces personnes
ont été approchées de Lui. C'était le lieu de l'holocauste qui
marquait l'acceptation de l'individu. Or, ceci nous montre que Dieu
reconnaît ici un certain nombre d'entre le peuple sur la terre, comme
capable de s'approcher de Lui. «Mesure le temple» etc. indique et
détermine, je suppose, la portion que Dieu s'appropriait pour
Lui-même. (Vers.
1.)
«Et jette dehors la cour qui est en dehors du temple, et ne la mesure
point, car elle a été donnée aux nations, et ils fouleront aux pieds
la sainte cité quarante-deux mois.» (Vers.
2.)
Les Juifs sont reconnus de Dieu jusqu'à une certaine mesure; et, comme
conséquence, il est parlé de leur ville comme de la sainte cité, et
des Gentils comme de ceux qui la souillaient et la
souillaient aux pieds.
Mais il est important, avant d'aller plus loin, de rechercher s'il est
fait allusion en d'autres portions de l'Écriture, à cette période
dénommée ici, période de «quarante-deux mois.»
On ne contestera pas qu'il y soit référé en Daniel, le livre de
l'Ancien-Testament, qui correspond le plus à l'Apocalypse du Nouveau.
Là, nous trouvons mentionnée une période de trois ans et demi, appelée
dans un langage mystique: «Un temps, des temps et la moitié d'un
temps.»
Voyons Dan.
VII. Là, nous trouvons les puissances Gentiles représentées par
des bêtes sauvages, qui ont partiellement quelque ressemblance dans la
nature. Il y a un lion, un ours, et un léopard portant quatre ailes
pour exprimer la rapidité de conquêtes qu'on verrait dans la puissance
représentée par cette bête; et tout le monde sait que dans
l'antiquité, jamais empire ne s'étendit par de rapides conquêtes comme
l'empire grec sous Alexandre; et plus que cela, il s'enracina
profondément, de telle sorte qu'à ce jour même on en voit des restes
qui, loin d'apparaître comme exhumés, pour ainsi dire, se montrent par
des effets vivants. La quatrième bête était d'un caractère composé,
différente de tout ce qui a été vu auparavant. Elle avait dix cornes
sur sa tête; et après ces dix au milieu d'elles - le prophète vit
une autre petite corne qui montait. Cette dernière prend la place de
trois autres, et devient le grand objet dont l'Esprit de Dieu est
occupé; non pas, sans doute, parce que quelque chose de bon s'y
rattache, mais à cause de sa mortelle hostilité contre Dieu et contre
son peuple.
Daniel voit plus particulièrement cette forme sous son caractère
politique, et l'Apocalypse la présente plutôt sous son caractère
politico-religieux. C'est avec ce quatrième empire, la bête romaine,
et en relation avec les Juifs, qu'est donnée la période de «un temps,
des temps et la moitié d'un temps.»
Ce n'est pas, semble-t-il, par une légère aberration d'esprit qu'on se
refuse à appliquer ces passages à la Judée pour les appliquer à Rome.
Mais la cause en est manifeste. Les hommes se sont tellement occupés
de controverse entre le protestantisme et le papisme, qu'ils ont
naturellement cherché à découvrir dans l'Écriture quelque chose
touchant le pape; et voyant qu'il s'y trouvait un personnage plus
méchant que tous les autres, (l'Antichrist), ils en ont conclu que
l'Antichrist et le pape étaient un seul et même individu. Or, il est
vrai que l'un et l'autre font jusqu'à un certain point des choses
pareilles. Mais en examinant les Écritures, vous trouvez que
l'Antichrist prend place en Judée et en rapport avec le peuple Juif,
comme il n'est jamais arrivé aupape de le faire. Je
ne dis pas que le pape ne puisse pas agir ainsi; mais il est
impossible d'appliquer pleinement et exclusivement,au pape comme tel
ce qui est dit de l'Antichrist.
Il est un système à venir d'iniquité, et à la tête de ce système un
personnage à venir, qui s'élèvera contre Christ dans sa gloire et ses
droits juifs, et unira le pouvoir politique à la prétention
religieuse, et cela dans la ville du grand Roi. Il y a beaucoup
d'antichrists, il est vrai, et l'on peut avec raison regarder le pape
comme l'un d'eux, mais non pas comme l'Antichrist qui doit venir.
Celui-ci est réservé pour le temps qui précédera immédiatement
l'apparition du ciel du Seigneur Jésus-Christ. Il essaiera
personnellement de contrefaire le Seigneur Jésus et de s'opposer à
Lui, et il sera personnellement renversé par Lui. On devrait être
préparé à cet événement; mais on s'imagine, au contraire, que le pape
est le dernier antichrist, et qu'il va tellement en décrépissant,
qu'il est bien près de descendre dans la tombe. Mais la Bible enseigne
clairement que le développement le plus affreux de l'iniquité est
encore à venir, et que, lorsqu'il arrivera, il n'entraînera pas
seulement les pays papistes, mais aussi les pays protestants, et les
Juifs eux-mêmes dans ses fatales déceptions.
En Dan.
VII, il est dit de la petite corne qu'elle
proférera de grandes paroles contre le Souverain, «et détruira les
saints du Souverain et pensera de pouvoir changer les temps et la loi;
et ils seront livrés en sa main jusqu'à un temps, des temps et une
moitié de temps.»
Or, il me paraît parfaitement clair que «les temps et la loi» dont il
est question ici, sont ceux avec lesquels le prophète Daniel était
familier. Les temps étaient liés aux fêtes d'Israël, et les lois
(Pluriel - Vers, ang.) avec
l'ordre ou le rite juif.
Les «saints du Souverain» sont ceux que connaissait le prophète, et
auxquels il portait intérêt; tout comme au chap.
XII, ce sont les enfants du peuple auquel appartenait Daniel,
qui sont compris dans l'expression: «Les enfants de ton peuple.» Ceci
montre qu'il y aura un ennemi particulier du peuple de Dieu en Judée,
lequel s'élèvera en ce jour-là. Il se mêle des Juifs au moment où ils
commencent à être jusqu'à un certain point reconnus de Dieu.
Ce pouvoir inique détruit les saints du Souverain et pense changer les
temps et les lois, lesquels seront livrés en sa main.
Ce ne sont pas les saints qui sont livrés entre ses mains, car Dieu ne
les abandonne jamais à l'ennemi. Il pourra permettre qu'ils soient
tourmentés pour un temps, mais II ne les abandonnera jamais.
Ce sont les temps et les lois qui sont ainsi mis à sa disposition pour
un temps, parce que la nation n'est pleinement
reconnue que quand le Messie vient, et jusque-là il s'agit seulement
d'une reconnaissance partielle de leur culte. Les temps et les lois
lui sont donc abandonnés pour «un temps, et des temps et une moitié de
temps.» Il s'agit de la même période dans les quarante-deux mois, qui
donnent exactement le même laps de temps, si l'on admet que «un temps»
signifie une année.
En Daniel,
chap. IX, vous avez une autre désignation de temps, les fameuses
soixante-dix semaines. «Et après ces soixante-dix semaines, le Messie
sera retranché et n'aura rien.» (Vers.
26. - Vrai sens de l'original) c'est-à-dire qu'après
soixante-neuf des soixante-dix semaines, le Messie est retranché.
Alors, pour cause de ce retranchement, une interruption a lieu.
Toutes les semaines ne sont pas écoulées. Il eu reste une - la
dernière - à accomplir, laquelle est tenue séparée, comme un anneau
arraché à la chaîne qui précède. Vous remarquerez qu'après la mort du
Messie le conducteur, il est fait allusion à un autre conducteur
encore à venir, lequel est évidemment un conducteur ennemi, un
conducteur de la nation romaine, La grande méprise dans laquelle
plusieurs sont tombés, c'est que ce conducteur était Titus, qui vint
et prit la ville de Jérusalem: mais il n'en est point ainsi. Le verset
n'établit pas que le conducteur détruirait, etc.;
mais «le peuple du conducteur qui viendra détruira la ville et le
sanctuaire,» et c'est ce qu'ils ont fait.
Les Romains vinrent sous ce général. Mais lorsqu'il est dit: «Le
peuple du conducteur qui viendra,» cela me donne clairement à entendre
qu'un certain grand conducteur viendrait après, un conducteur en
rapport avec l'empire romain. Son peuple devait venir le premier, ce
qu'il a fait sous Titus: plus tard, le conducteur lui-même vient, ce
que je crois être encore futur. Car remarquez bien que la destruction
passée de la ville et du sanctuaire, n'est
pas du tout comprise dans le cours des soixante-dix semaines.
Elle a lieu dans l'intervalle qui sépare la soixante-neuvième de la
soixante-dixième semaine. Il y a eu, pour ainsi dire, une chaîne de
soixante-neuf semaines donnée jusqu'à la mort de Christ; elle fut
rompue alors. Il y avait un anneau important, la soixante-dixième
semaine. Que devient cet anneau?
Le dernier verset le reprend, et il en ressort assez clairement que
cette soixante-dixième semaine a affaire, non point avec Christ, mais
avec l'Antichrist, qui sera manifestement en rapport avec l'empire
romain, et aussi avec les Juifs.
Observez que, au 26ème
verset, après les soixante-deux semaines ajoutées aux sept qui les
précèdent, c'est-à-dire après que le Messie est retranché,
il n'est plus fait mention des semaines. Dans ce qui vient ensuite
nous n'avons pas de date, jusqu'à ce que nous arrivions au vers.
27; preuve que ce qui survient n'est pas compté comme faisant
partie de la suite continue des semaines.
«Et la fin en sera avec débordement, et les désolations sont
déterminées jusqu'à la fin de la guerre.» La ville et le sanctuaire
ont été depuis longtemps détruits; mais les désolations durent
«jusqu'à la fin,» et elles se poursuivent encore.
Jusqu'à ces derniers temps, de tous les peuples de la terre, un Juif
avait le plus de difficulté à entrer dans le pays. Il survient un
changement dans les dispositions des nations envers Israël; cela je
l'admets. Les Gentils en partie semblent oublier que le Juif est sous
un jugement spécial de Dieu. Sans doute ce n'est pas une excuse pour
traiter ce peuple avec dureté, mais c'est une raison grave pour
laquelle les hommes ne devraient pas se mêler politiquement de lui.
Pour le Juif, se mêler ainsi avec les Gentils est une sorte
d'apostasie; et pour les Gentils, c'est mépriser le jugement de Dieu
et l'attirer éventuellement sur eux. On découvrira que Dieu ne peut
pas sanctionner une semblable union. Je crois que lorsque les Gentils
auront abandonné toute idée de particularité concernant les Juifs, la
main de Dieu confondra leurs desseins, et qu'Il
interviendra pour manifester son peuple distinctement et séparément de
tous les autres, par le jugement d'abord et par la bénédiction
ensuite.
Lorsque tout semblera tranquille et en prospérité, Dieu annulera ce
que l'homme croit faire, car Il n'a pas rejeté Israël à toujours. Les
Juifs peuvent avoir abandonné Dieu et s'être amalgamés avec les
Gentils, mais Dieu n'oublie jamais qu'Il a choisi les pères et qu'Il a
fait des promesses pour les enfants. Il est vrai que les Juifs ont
pris la responsabilité d'être son peuple et ont misérablement manqué à
remplir leur obligation; mais Dieu ne faillira pas à accomplir son
dessein.
Lorsque les mariniers gentils avaient Jonas dans leur navire, Dieu
résolut de l'en faire sortir, et s'ils ne l'eussent pas jeté dans la
mer, Dieu aurait brisé leur navire pour en tirer son prophète et
l'avoir à Lui-même et à son oeuvre. Ainsi en sera-t-il au jour qui
approche rapidement. En examinant Ésaïe
XVIII, nous voyons qu'il doit y avoir une restauration partielle
d'Israël par le pouvoir gentil, principalement au moyen d'une certaine
puissance maritime «qui envoie par mer des ambassadeurs, etc.» Ils
pourront ramener une partie des Juifs dans leur terre, mais les Juifs
seront encore en état de rébellion et «d'incrédulité. Lorsque tout
paraît florissant, soudain il survient une ruine de
la part de Dieu: et, qui plus est, Dieu permettra que l'ancienne
inimitié des Gentils contre les Juifs, se réveille, ainsi qu'il est
écrit: «Les oiseaux de proie seront sur eux tout le long de l'été, et
toutes les bêtes du pays y passeront leur hiver,» - c'est-à-dire que
toute sorte d'impitoyable haine leur sera montrée.
Ils sont le corps mort, et là où est le corps mort, là se rassemblent
les aigles. Les Gentils qui auront d'abord paru si bienveillants à
leur égard s'en éloigneront de nouveau et s'uniront une fois encore
dans le but de les écraser. Et quelle sera la fin de tout cela? Les
Gentils étant revenus à leur vieille haine contre les Juifs, Dieu
épousera la cause de son peuple. Dieu s'abstient tandis que l'homme
s'en mêle; mais lorsqu'une immense armée monte contre Israël, en ce
temps-là même sera présentée à l'Éternel des armées l'offrande d'un
peuple dispersé et pillé, et de la part d'une nation terrible dès son
origine. (Vers, ang.) Dieu se
fera présent à Lui-même si je puis ainsi parler, de son Israël si
longtemps dispersé et persécuté.
Ce qui précède fera voir combien il est naturel que nous ayons dans
l'Apocalypse une réorganisation de la constitution et du culte juifs
après l'enlèvement de l'Église au ciel et avant l'apparition de
Christ.
Nous y voyons un petit résidu, au milieu de la masse
qui devait être livrée aux Gentils. Pendant quarante-deux mois la
sainte cité sera foulée aux pieds. Le Seigneur permet qu'une certaine
période aille s'écoulant pour ce qui regarde «les plusieurs;» mais Il
mesure pour Lui-même le temple et l'autel, et ceux qui y adorent. Il
se pourrait que ce résidu fût égorgé, mais toutefois Il l'apprécie.
A l'époque où une partie des Juifs sont ainsi dans leur propre terre,
mais à laquelle Israël comme ensemble n'est pas encore entièrement
ramené par Dieu, à cette époque viendra le conducteur Romain prédit,
lequel «confirmera (non pas l'alliance,
mais) une alliance avec les plusieurs pour une semaine.»
Je sais que quelques-uns appliquent ceci à Christ; mais le Seigneur
n'a jamais traité d'alliance pour une semaine ou sept ans. Il est
impossible d'appliquer légitimement ces mots à une alliance que le
Seigneur ait jamais établie, bien moins encore à une alliance établie
après sa mort. «L'alliance éternelle» est évidemment le contraste et
non l'accomplissement de cette alliance établie pour une semaine.
Plusieurs interprètent ainsi le passage de Dan. IX,
27; mais ceux qui le font, oublient qu'au verset précédent,
Christ a été vu comme «retranché.»
«Au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice et l'oblation;
puis, à cause de la protection des abominations, il y aura un
désolateur, etc.»
Ici nous avons des événements subséquents d'une nature tout-à-fait
différente. On demandera: «Quand et comment devons-nous supposer
qu'aura lieu cette cessation du sacrifice et de l'oblation? Qui, et
d'où, est ce personnage qui les fait cesser? Le Messie, le
conducteur», et le «conducteur qui viendra,» sont-ils la même personne
ou sont-ils deux personnes différentes?
Par rapport au Messie, l'histoire se clôt au verset
26. «Le peuple» de ce conducteur qui viendra, était l'ennemi
d'Israël, sujet d'une puissance contraire, et non pas le peuple du
Messie. Au verset
27 le conducteur, dont l'arrivée est annoncée par le verset
26, est venu lui-même; et c'est lui qui confirme une alliance
avec «les plusieurs,» ou la masse des Juifs, pour une semaine; mais à
la moitié de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l'oblation, et
à cause de la protection des abominations, etc.
Le langage peut sembler quelque peu obscur, mais ce qui est bien
clair, c'est qu'il doit se trouver après la mort de Christ un certain
conducteur - un Prince Romain - dont le peuple vint d'abord causer une
désolation depuis longtemps accomplie; après quoi, lui-même
survient enfin. Au moment où il paraît sur la scène, commence la
dernière semaine de Daniel. Cette interruption entre la soixante-
neuvième et la soixante-dixième semaines semblera
peut-être étrange, et l'on demandera peut-être: Comment se pourrait-il
qu'il y eût une semblable lacune? Mais le fait n'est pas sans
précédent.
En principe, la même chose se présente en Luc
IV, lorsque le Seigneur lit dans le prophète Ésaïe. La portion
lue est la description de son ministère personnel, en Ésaïe
LXI, 1, 2. «L'Esprit du Seigneur est sur moi... Il m'a envoyé
pour guérir ceux qui ont le coeur froissé... pour publier l'an
agréable du Seigneur.» «Et il ploya le livre.»
Il n'acheva pas le passage. Pourquoi? Parce que, si l'on peut ainsi
répondre avec révérence, le reste, c'est- à-dire «le jour de la
vengeance de notre Dieu,» était l'affaire de la prophétie. Proclamer
l'an agréable du Seigneur, est ce que Christ a fait à sa première
venue; mais ce temps-là n'était pas le jour de la vengeance du
Seigneur; -- de telle sorte que le Christianisme tout entier et la
vocation de l'Église ont pris place entre l'an agréable du Seigneur et
le jour de la vengeance. Lorsque Christ vint en humiliation et en
amour, c'était l'an agréable du Seigneur: c'est pourquoi il ploya le
livre; mais le jour de la vengeance est différé jusqu'à ce que le
Seigneur revienne en gloire.
Il en est de même en Daniel: les soixante-neuf semaines courent
jusqu'à ce que le Messie soit retranché, puis nous avons
une lacune évidente. La destruction de Jérusalem n'est pas comprise
dans le cours des soixante-neuf semaines, et avec non moins d'évidence
ne saurait être placée dans le cours de la soixante-dixième. Car, si
vous entendez que la dernière semaine commence à la mort du Messie,
elle vous donnerait sept ans seulement, au lieu que Jérusalem ne fut
prise que quarante ans après la mort de Christ (1).
La soixante-dixième semaine n'a rien à faire avec ce siège, et, de
fait, les guerres et les désolations eurent lieu avant que nous
arrivions à la soixante-dixième semaine, qui n'est citée qu'au dernier
verset.
Dans le dernier ou 27me
verset, il y aune alliance confirmée. Est-ce que Titus ou tout
autre prince romain confirma jamais une alliance avec les Juifs pour
une semaine? Et de plus, il est dit: «A la moitié de la semaine il
fera cesser le sacrifice et l'oblation.»
Cela montre qu'il y aura un renouvellement de service religieux dans
Jérusalem au dernier jour. Le sacrifice et l'oblation auront été
rétablis, et ce conducteur, malgré l'alliance traitée avec eux, met
fin à tout. Et puis, après? Les abominations, c'est-à-dire
l'idolâtrie, sont publiquement établies et protégées. Elles seront
introduites jusque dans le sanctuaire même, ce qui ne fut pas le cas
lors de la destruction de Jérusalem. Il y eut alors beaucoup
d'effroyable méchanceté, toute sorte d'autres crimes et d'excès, mais
pas d'idolâtrie. Ici, au contraire, il est insinué que l'idolâtrie
sera ouvertement tolérée jusque dans le temple. Cela ne répond pas à
la prise de la ville par Titus, ni à la mort du Seigneur Jésus-Christ;
car à ce temps-là l'esprit immonde de l'idolâtrie avait quitté la
nation, qui, depuis l'époque de la captivité babylonienne, - à en
excepter la profanation d'Antiochus, - s'était gardée pure de telles
abominations, et, en ce sens, se trouvait «vide, balayée et ornée.»
Mais nous savons que l'esprit immonde doit revenir en plus grande
force que jamais. (Matt.
XII, 45). La chrétienté et le judaïsme contribueront, chacun de
son côté, à produire la dernière forme du mal - l'antichristianisme.
Vous vous rappelez que les Pharisiens accusaient le Seigneur,
lorsqu'il était sur la terre, de faire ses miracles par la puissance
de Satan et la signification de la parabole qui
leur est ici présentée, est réellement l'histoire d'Israël lui-même.
Le vieil esprit immonde s'en était allé; le peuple ou ses conducteurs
étaient remplis de zèle pour leurs ordonnances. Et que dit le
Seigneur? que le vieil esprit immonde, depuis longtemps parti,
reviendrait. Et quand il reviendra, il prendra avec lui sept autres
esprits plus méchants que lui-même. Les Juifs tomberont dans
l'idolâtrie en s'unissant avec l'antichristianisme, et leur dernier
état sera pire que le premier. Comparez aussi Esa.
LXV, LXVI.
Mais revenons à l'Apocalypse. Nous avons constaté en Israël cet état
de choses, savoir: la nation partiellement reconnue de la part de
Dieu, et le culte s'exerçant, bien que la profession extérieure soit
livrée à l'oppression des Gentils. Et remarquez que le Seigneur dit:
«Et je donnerai puissance à mes deux témoins, et ils prophétiseront
mille deux cent soixante jours, revêtus de sacs». (Vers.
3). Que le Seigneur fasse mention d'eux par le nombre de jours
qu'ils passent ici-bas plutôt que par un nombre de quarante-deux mois,
- semble indiquer la valeur qu'Il attache à leur témoignage. Il
l'apprécie, pour ainsi dire, autant qu'Il le peut. Il n'en donne pas
la somme, comme lorsqu'Il parle de la bête (Chap.
XIII, 5). Avec une tendre sollicitude, Il parle du temps par les
jours, comme s'il les comptait tous un par un.
«Ils prophétiseront mille deux cent et soixante jours, revêtus de
sacs» - un témoignage rendu dans la tribulation. Ce n'est pas le
christianisme, ni l'état de choses qui subsistera après l'apparition
du Messie en gloire; mais c'est un temps de transition entre
l'enlèvement de l'Église et sa venue du ciel avec le Seigneur
Jésus-Christ- le temps où l'homme aura ramené Israël dans sa terre,
alors que la masse du peuple sera complètement impropre à entrer en
relation avec Dieu. Il y a un petit résidu de croyants, il y a un
culte, il y a enfin un témoignage prophétique, mais un témoignage
prophétique évidemment juif dans son caractère.
En Zacharie, bien qu'il soit fait mention de deux oliviers, il n'y a
pourtant qu'un chandelier (Zach.
IV, 11); ici, il y a deux chandeliers parce qu'il y a deux témoins,
qui prophétisent touchant la manifestation de la gloire terrestre sans
toutefois l'introduire personnellement. Ce qui signifie que ce n'est
pas l'ordre régulier de Dieu, mais une preuve que ses yeux sont en
bien sur son peuple, avant que soit manifestée la plénitude de la
bénédiction.
«Et si quelqu'un veut leur nuire, le feu sort de leur bouche et dévore
leurs ennemis; et si quelqu'un veut leur nuire il faut qu'il soit
ainsi mis à mort» (vers.
5).
Voilà ce qui montre que ce n'était pas un
témoignage proprement chrétien, ni les fruits qui y répondent
pratiquement. C'était la chose même que le Fils ne voulut pas faire
lorsqu'il était sur la terre (excepté, naturellement, dans le sens
figuré de Luc
XII, 49) et au sujet de laquelle il censura fortement Jacques et
Jean, qui la désiraient (Luc
IX, 54, 55). Ici, au contraire, le feu sort de la bouche des
témoins, et dévore leurs ennemis - A chose parfaitement juste quand
Dieu va prendre le caractère de Juge sur la terre. Mais ce n'est pas
maintenant que le Seigneur prend ce caractère. Il sauve les pécheurs,
ou autrement déploie la plénitude de la grâce; et aussi longtemps
qu'il agit ainsi, Il ne peut demander que son peuple soit le
dépositaire d'une puissance terrestre. C'est pourquoi les miracles de
ses serviteurs, durant ce temps de la manifestation de sa grâce, n'ont
pas un caractère de destruction. Le Seigneur pourrait agir aujourd'hui
- dans un cas de péché - comme Il agit envers les saints de Corinthe:
je ne vois pas pourquoi Il ne pourrait pas ainsi agir en tout temps. -
Mais ce serait une chose étrangère au christianisme et contraire à
tout ce qu'il respire, qu'un saint, parce qu'il aurait subi de la part
d'un autre une méchante opposition, désirât à celui-ci la mort ou
quelque malheur. Le christianisme fait voir que la victoire que la
grâce nous fait remporter, c'est de montrer de
l'amour et de la bonté à son ennemi. Ce peut être là amasser des
charbons de feu sur sa tête; mais telle est la manière de faire du
Seigneur: surmonter le mal par le bien.
Cependant, c'est le Seigneur qui sanctionne ici la puissance de
destruction qui accompagne le témoignage de ces témoins juifs; car il
dit: «Je donnerai puissance à mes deux témoins... Et si quelqu'un veut
leur nuire, il faut qu'il soit ainsi mis à mort.»
Voilà ce qu'Il entendait qu'ils fissent - et ce qui, évidemment, était
fait selon la pensée de Dieu. Cela indique une condition différente de
celle du chrétien, qui est appelé à souffrir sans résister. Il s'agit
de la fin du siècle, alors que le Christianisme aura fait son oeuvre,
et que le Seigneur recommencera d'agir envers les Juifs. De plus, le
ministère et les miracles de ces témoins sont de la même nature que le
ministère et les miracles accomplis par Moïse et par Elie. C'est ainsi
qu'ils ont «pouvoir sur les eaux pour les changer en sang et pour
frapper la terre de toutes sortes de plaies,» comme au temps de Moïse;
et qu'ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu'il ne pleuve pas
durant les jours de leur prophétie, «comme au temps d'Élie. (Vers.
6.)
Et effectivement, ce que l'on verra dans ces temps coïncide en
plusieurs manières avec ce que l'on a vu aux temps
de Moïse et d'Élie. Il y avait alors de l'idolâtrie en Israël, et
un témoignage remarquable de la part d'Élie contre elle. Dieu Lui-même
châtiait son peuple - les cieux au-dessus d'eux étaient comme de
l'airain. Ainsi en arrivera-t-il de nouveau.
Celui qui, dans ce temps-là, tiendra en main les destinées d'Israël
sera un apostat qui admettra et imposera l'idolâtrie. En outre, Israël
sera trouvé assujetti à l'autorité gentile, comme il l'était aux jours
de Moïse: - néanmoins, il y aura un petit résidu mis à part pour Dieu.
Mais quoique ces deux témoins soient gardés pendant un certain temps
par des miracles, toutefois dès que les jours sont achevés, il ne leur
reste, pour ainsi dire, plus du tout de puissance. La bête qui monte
de l'abîme leur fait la guerre, et ils sont tués comme d'autres
hommes. «Et leurs corps seront étendus sur la grande place de la
ville, qui est appelée spirituellement Sodome et Égypte, où aussi leur
Seigneur a été crucifié». (Verset
8).
Il est de toute évidence que cette ville est Jérusalem. Plusieurs
pensent que c'est Rome, parce que, comme je l'ai dit ci-devant, les
protestants sont absorbés et influencés par leur controverse avec le
papisme. Lorsqu'il est question des droits de Dieu sur la terre, Il
attache autant d'intérêt que possible à son peuple d'Israël. Mais
pourquoi l'Écriture est-elle si brève au sujet du
papisme? Parce que Dieu ne reconnaît jamais son église pour un peuple
terrestre. La politique, les aspirations, les intérêts de ce monde
font assez bien l'affaire de ceux qui n'ont de portion qu'en la terre
et se passent fort bien d'intrus. Mais rivaliser avec les pots de
terre est au-dessous de ceux qui sont nés du ciel.
Nous voici maintenant, dans ce chapitre, à Jérusalem, le centre des
dispensations et du témoignage de Dieu, et de l'opposition qui monte
de l'abîme. Le grand adversaire du peuple d'Israël y est clairement
nommé pour la première fois dans l'Apocalypse: «la
Bête», absolument comme si vous aviez déjà connaissance de
toute son histoire. C'est une remarquable puissance, qui ne monte pas
simplement de la mer, comme au chap.
XIII, mais qui, comme au chap.
XVII, est dite «monter de l'abîme».
Cet empire ne monte pas de la terre, symbole d'un gouvernement stable,
comme la seconde bête du chap.
XIII, 11; ni seulement de la mer, qui figure une condition
révolutionnaire incertaine. Dans ce passage est ajouté ce trait
caractéristique vraiment extraordinaire et effrayant, qu'elle monte de
l'abîme.
Satan a directement à faire avec ce dernier état. Les hommes ont de
temps à autre caressé le projet de former un vaste empire universel.
Charlemagne en fit l'essai, mais il échoua. Il ne
posséda jamais l'ancien empire romain. Et plusieurs se rappellent un
autre personnage qui eut la même chose au coeur, mais qui, lui aussi,
échoua et mourut dans un triste exil. Mais le moment se hâte où ce
plan même sera réalisé.
Dans les autres empires, il y a toujours eu un gouvernement suprême de
la providence de Dieu. Dieu était par-dessus tous, réclamant de son
peuple soumission envers les autorités qui existent, quels que soient
les éléments dont elles sont formées. Le chrétien ne doit pas se mêler
de ce qui les regarde, mais il doit les reconnaître et leur payer
tribut. Mais il est un empire qui va être formé et qui sera aussi
complètement sous le pouvoir immédiat de Satan, que tous les autres
empires ont été sous la providence immédiate de Dieu; et Dieu retirera
les soins et le frein sous lesquels Il a jusqu'ici gardé les royaumes
du monde, et permettra que tout mûrisse pour un chef soumis à Satan.
C'est donc bien justement que cet empire est dit monter de l'abîme.
Cela s'accorde avec ce que nous avons en Daniel. Le personnage qui se
mêlera des affaires des Juifs d'une façon particulière (chap.
VII, 25; IX,
27) est la Bête romaine, le conducteur de ce même empire qu'en
son dernier état Dieu ne reconnaît plus. Lorsque Jésus naquit, le
quatrième empire ou l'empire romain, existait, et
Dieu prit avantage de ses décrets pour introduire l'héritier de David
à Bethléem.
C'est cette même «Bête» qui était là. En Apocalypse
XVII, il est écrit: «La Bête qui était et n'est pas, et va
monter de l'abîme.» (Vers.
8.)
Faites attention à ce trait important que Daniel ne donne pas et que
Jean fournit. Celui-ci expose trois conditions successives de l'empire
romain.
Cet empire existait au temps de Jean - puis il devait cesser d'exister
- et, en dernier lieu, monter de l'abîme, une influence satanique
toute particulière se rattachant à sa condition finale.
La Bête qui «n'est pas» décrit exactement l'état actuel de
non-existence de l'empire. Les Goths et les Vandales se sont jetés sur
lui et l'ont amené à sa ruine. Depuis lors, les hommes n'ont pas été
capables de le réorganiser, parce que Dieu avait une autre pensée.
Dieu a déclaré dans sa Parole qu'il serait réorganisé, non par
l'homme, mais par la puissance de Satan. La source de son existence
viendra d'en-bas. Combien tout cela n'est-il pas remarquable! Nous
avons eu le déclin et la chute de l'empire romain; mais il est une
chose qu'aucun historien ne pouvait signaler, que la prophétie seule
signale et pouvait signaler, savoir: la
restauration de l'empire romain. Puissions-nous la voir,
cette chose, non point comme étant sur la terre,
mais comme regardant du ciel à la terre.
Je crois que ceux qui, aujourd'hui, rejettent l'Évangile, seront
entraînés, s'ils vivent encore, dans les terribles déceptions de ce
jour-là. Ils recevront la marque de la Bête à leur front ou à leur
main droite: ils adoreront son image - et il est écrit par Dieu que
ceux qui le feront, seront tourmentés dans le feu éternel.
Le monde pourra s'imaginer, à cause du surcroît de grandeur, de
prospérité et de luxe qui existera alors ou préalablement, que le
millénium est arrivé; mais ce sera le millénium de Satan. Tel est le
sort réservé à ces pays-ci; car c'est une partie du juste jugement de
Dieu que là ou l'Évangile aura été prêché et où le monde, en fait peu
de cas jusqu'à tolérer l'idolâtrie dans un but politique, Dieu retire
la lumière et y envoie une énergie d'erreur.
Et c'est alors que Satan produira l'homme de péché. Tout cela est
d'une importance pratique immense.
On peut demander: «A quoi bon pour nous de savoir cela, si, comme
chrétiens, nous devons être enlevés auparavant?» Parler ainsi, c'est
dédaigner ce qu'il a plu à Dieu de nous révéler. Lorsque Dieu lui
annonça d'avance la destruction de Sodome, Abraham ne dit pas: «En
quoi cela me regarde-t-il?» Dieu aime que nos coeurs débordent en
louange et en gratitude à cause de sa grâce et de son amour
pour nos âmes; mais Il nous fait part aussi de la triste destinée qui
attend le monde et il réveille l'esprit d'intercession pour les saints
infidèles qui peuvent s'y trouver mêlés.
Je ferai cette remarque quant aux deux témoins, qu'il n'y a pas
absolument nécessité de les considérer comme étant deux personnes; il
se pourrait qu'ils fussent deux cent ou plus. Ils sont présentés comme
deux témoins (que ce soit littéralement ou non), parce que c'est un
principe divin que «par la bouche de deux ou de trois témoins toute
parole sera établie.»
Dieu offrait un témoignage suffisant. «Ceux- ci» soutenaient les
droits de Christ relativement à la terre, ils soutenaient qu'Il était
«le Seigneur de la terre,» et c'est ce qui excitait l'ennemi. La
«bête» ne se serait peut- être pas autant souciée d'eux s'ils eussent
dit: «le Seigneur du ciel», mais ils réclamaient la terre, non pour
eux-mêmes, mais pour Lui, et c'est ce que les hommes ne supporteront
pas.
L'incrédulité aime de jouir actuellement, et tout ce qui y met
obstacle et produit du malaise dans la conscience, est haï et mal
venu. Aussi, lorsque le témoignage est achevé et que les témoins sont
renversés, ce n'est pas seulement la bête, mais les deux grandes
catégories de l'espèce humaine qui sont affectées de leur chute, «Et
ceux d'entre les peuples et les tribus et les langues et les nations
voient leurs corps morts durant trois jours et
demi, et ils ne permettent point que leurs corps morts soient mis dans
les sépulcres. Et ceux qui habitent sur la terre se réjouissent... et
s'enverront etc. (vers.
9. 10).
Ce n'est pas là la première ni la seule fois que nous trouvons cette
distinction établie entre «les peuples, et tribus, et langues, et
nations», et «ceux qui habitent sur la terre.» Cette dernière
expression ne désigne pas seulement des hommes sur la terre, elle a
une portée morale et désigne ceux qui ont essentiellement leurs
pensées aux choses de la terre, ceux qui par le coeur et par la vie,
ne s'élèvent pas au-dessus de la terre.
Les corps morts des témoins sont étendus sur la grande place de la
ville, et ceux d'entre les peuples et tribus et nations les y voient
trois jours et demi, et ne permettent pas qu'ils soient mis dans des
sépulcres. Voilà qui était assez mauvais, comme exprimant là malice de
l'homme contre ceux qui rendaient témoignage pour Dieu. Mais «ceux qui
habitent sur la terre, vont beaucoup plus loin; car de leur part il y
a des réjouissances positives; ils s'égaient et s'envoient des
présents les uns aux autres. Et pourquoi tout cela? «Parce que ces
deux prophètes,» est-il écrit, «tourmentaient ceux qui habitent sur la
terre.»
La distinction que j'établis ici n'est pas purement imaginaire, ou
fondée sur un seul passage. Vous trouverez la même chose en
plusieurs autres. Ainsi, chap.
XIV, 6, où l'on voit l'inverse de ce que nous avons ici, il est
dit: «Et je vis un autre ange volant par le milieu du ciel, ayant
l'évangile éternel, afin de l'annoncer à ceux qui habitent sur la
terre et à toute nation et tribu et langue et peuple.»
Dans notre passage, nous avons premièrement la masse des peuples
Gentils qui manifestent leur méchanceté envers les deux témoins en ne
permettant pas que leurs corps morts soient ensevelis. Mais il y a une
réjouissance spéciale de la part de ceux qui demeurent sur la terre,
ou qui ont leurs pensées aux choses de la terre.
Au chapitre
XIV, au contraire, Dieu envoie un message solennel, l'évangile
éternel. Et par qui commence-t-il? Par les plus mauvais, «ceux qui
demeurent sur la terre» tous kathêmenous
littéralement «qui sont assis,» ce qui me semble plus fort que tous katoikountas-;
puis
ensuite le message s'étend aux hommes en général. Et après examen vous
trouverez la même distinction confirmée par d'autres passages. En
d'autres termes, «demeurer sur la terre» n'est pas seulement une vague
description de la position extérieure des hommes, c'est aussi
l'expression d'une condition morale.
Mais revenons à notre sujet - Dieu intervient. «Et après les trois
jours et demi, l'esprit de vie venant de Dieu entra en eux;
et ils se tinrent sur leurs pieds et une grande crainte s'empara de
ceux qui les voyaient. Et ils (2) ouïrent
une grande voix qui venait du ciel leur disant: Montez ici. Et ils
montèrent au ciel dans la nuée, et leurs ennemis les virent.» (Vers.
11-12)
Ce n'est pas simplement «dans une nuée,» comme le porte le texte reçu,
mais dans la nuée.» Je pense qu'il s'agit de la nuée que l'on voit au
commencement du chap. X,
enveloppant l'ange puissant. Ce fut la nuée - emblème spécial et connu
de la présence de Jéhovah - qui reçut les témoins, et démontra ainsi
que leur Seigneur, le Seigneur du ciel aussi bien que de la terre,
était pour eux. Ils montèrent au ciel à la face même de leurs ennemis.
«Et à cette heure-là, il se fit un grand tremblement de terre, et la
deuxième partie de la ville tomba et sept mille noms d'hommes furent
tués dans le tremblement de terre, et les autres furent épouvantés et
donnèrent gloire au Dieu du ciel.»
Avant d'aller plus loin, je dirai un mot sur la distinction
remarquable qui se rencontre en ce verset même. Les témoins rendaient
témoignage au Seigneurde la terre; mais ceux qui
furent épouvantés en voyant de quelle manière la cause de ses
serviteurs martyrs était vengée, donnèrent gloire au Dieu du ciel.
Dans ce jour-là, il sera plus facile aux hommes de reconnaître Dieu en
haut d'une façon vague, que de le reconnaître Seigneur de la terre,
s'occupant Lui-même de ce que les hommes font ici-bas. En
reconnaissant Dieu de la première manière, on peut ne le voir que
comme un Dieu à distance; quoique, dans ce sens plus élevé je puisse
le connaître comme Celui qui est descendu ici-bas afin de me donner
une part avec Lui en haut. Ainsi donc, Dieu dans le ciel est ou
extrêmement près des siens, où à grande distance pour ceux qui ne sont
travaillés que par cette terreur passagère.
L'homme du monde peut bien supporter la pensée d'un Dieu éloigné de
lui; et c'est précisément ce que nous avons ici. Les hommes étaient
alarmés par les choses qui approchaient. Mais le témoignage n'était
pas reçu, il n'y avait pas de conversion. C'est devant le Seigneur de
la terre que les hommes auraient dû fléchir. Ils donnent gloire au
Seigneur du ciel: mais c'est trop tard, ils sont tués dans le
tremblement de terre: «sept mille noms d'hommes,» comme on doit le
rendre littéralement.
Avant tout nous avons vu le résidu au milieu des Juifs au dernier
jour, occupé à rendre culte à Dieu.
Après cela, nous avons les témoins qui sont loin de présenter de la
part de Dieu ce qu'Il manifeste aujourd'hui, mais qui soutiennent ses
droits par rapport à l'avenir, comme l'implique naturellement la
prophétie.
Ici, je puis faire une autre remarque. Il se rencontre dans
l'Apocalypse une expression qui a été souvent mal comprise: «Le
témoignage de Jésus est l'esprit de prophétie.» Cette expression ne
veut pas dire que toute la prophétie se rapporte au Seigneur Jésus-
Christ (ce qui pourtant est vrai dans un certain sens), mais que le
témoignage de Jésus contenu dans ce livre, -ce dont Jésus témoigne
dans ce livre - est l'esprit de prophétie. C'est le Saint-Esprit comme
il nous est montré tout le long du livre; non pas amenant les âmes en
communion actuelle avec le Seigneur Jésus-Christ dans le ciel, mais
communiquant ce qu'il doit faire bientôt. Eux, les témoins,
soutenaient les droits de Christ par rapport à la terre. Quoi que les
hommes en pussent dire, c'est au Seigneur que la terre appartenait, et
Il viendrait bientôt ratifier leur témoignage.
La fin du chapitre renferme une troisième chose. Outre une position
sacerdotale, et puis un témoignage prophétique, il y a la venue du
royaume.
La trompette sonne. Et maintenant il ne s'agit plus, comme dans le cas
des témoins, d'une proclamation environnée de
puissance miraculeuse; cela avait pris fin: leur sang avait scellé
leur oeuvre. Mais s'il semble que la Bête a joué une partie facile en
les mettant à mort, Dieu dirige l'attention vers un autre point: «Le
septième ange sonna de la trompette, et il y eut dans le ciel de
grandes voix» etc.
Voilà la proclamation d'un royaume, qui toutefois n'est pas
entendue sur la terre, mais dans le ciel; et aussitôt que cette
proclamation a eu lieu, ceux qui ont la pensée de Christ, «les
vingt-quatre anciens qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes,
tombèrent sur leurs faces et rendirent hommage à Dieu.»
Je désire ajouter un mot sur ce verset
15. La manière dont on l'a rendu, l'a beaucoup affaibli dans sa
forme.» «Les royaumes de ce monde sont devenus les royaumes de notre
Seigneur et de son Christ.» (vers.
ang.). En voici la véritable force: «Le royaume du monde de
notre Seigneur et de son Christ est venu.» A mon avis, cette forme
donne au verset une signification bien différente et un poids bien
plus grand. C'est le royaume du
monde; et pourquoi? Parce que ce livre, dès le commencement,
nous a fait voir qu'il y avait un royaume d'un ordre tout à fait
différent. Au chap.
I, Jean parlait de lui comme d'un «frère qui participe avec vous
à l'affliction, au règne et
à la patience de
Jésus-Christ.» Ainsi, là existe le royaume (ou règne) de Christ, et
pourtant il est caractérisé ou du moins accompagné d'affliction et de
patience. Mais ici, l'ange introduit le royaume du Seigneur et de son
Christ, par rapport à ce monde.
Ci- devant, il s'agissait d'un royaume connu seulement de la foi et
réclamant de la patience - d'une chose que, par conséquent, le monde
ne voudrait pas croire. Parlez-lui d'un royaume dont les sujets
souffrent, et où Christ permet qu'ils souffrent au lieu de faire
valoir ses droits! Et c'est là, exactement, ce par quoi les enfants de
Dieu ont été appelés à passer depuis ce jour jusqu'à présent.
Mais permettez-moi de dire que ceci montre l'extrême erreur dans
laquelle sont nombre de personnes pieuses qui pensent qu'il est tout à
fait juste de se servir de la puissance terrestre en cherchant à
établir la cause de Christ. Pour ne considérer que le Puritanisme,
sans parler du Romanisme, ses partisans ont complètement oublié que le
royaume de Christ est actuellement un royaume de patience et non
d'autorité. Ils se sont figurés que parce que leur cause était juste,
au moins à ce qu'ils croyaient, il ne convenait pas qu'ils
souffrissent; au lieu que la chose même sur laquelle Dieu insiste, est
que, parce que le monde a tort et que ses enfants ont raison, il leur
faut par conséquent souffrir. De là, Pierre rend ce témoignage: «Si en
faisant bien vous souffrez, et que vous l'enduriez,
cela est digne de louange devant Dieu.»
Là. vous avez évidemment la grande conséquence morale du royaume de
Christ dans les choses pratiques: un chrétien fidèle n'est pas
«souffleté» parce qu'il fait mal, mais parce qu'il fait bien. Et
pourtant il y a, même parmi le peuple de Dieu, quelque chose comme
être souffleté, pour avoir mal marché. (Quelle fut l'épreuve de Lot?
Et quelle fut l'épreuve d'Abraham? Celle-ci avait pour but de prouver
qu'Abraham était fidèle; mais celle de Lot provenait de ce qu'il était
infidèle.
Ce n'est pas qu'Abraham ait toujours été fidèle envers Dieu; mais chez
lui l'infidélité était l'exception, au lieu que je crains bien qu'elle
ne fut trop souvent la règle chez le pauvre Lot. Lot était sans doute,
plus heureux dans ses circonstances extérieures. Il était à la porte
de la ville, nous est-il rapporté, siégeant là où il n'aurait pas dû,
bien que ce soit là où la chair aime à se trouver. Nous ne devons pas
supposer pourtant qu'il fut entraîné dans l'impiété du corps politique
au milieu duquel il demeurait. Sans nul doute il pouvait fort bien
leur faire des reproches à l'égard du mal qu'ils commettaient, mais
pour autant qu'il s'agissait de Dieu, il occupait une placé de
déshonneur, tout en ne participant pas au péché ouvert, si l'on ne
pense qu'à sa conduite morale. Par la miséricorde de Dieu il fut
délivré, mais il le fut ignominieusement. Ses
beaux-fils restèrent derrière; sa femme fut faite un monument durable
de sa folie et de son péché.
C'est un autre genre d'affliction qu'Abraham expérimenta, l'affliction
d'un homme qui connaissait Dieu et qui était sorti à sa parole. Nous
voyons des manquements en Abraham, comme, par exemple, en Gen.
XII et XX.
Mais cependant quoiqu'il y eut de faux pas, Abraham fut, si nous
considérons l'esprit de sa marche dans son ensemble, un homme béni de
Dieu au plus haut point, et un modèle de foi pour tous, ainsi que Dieu
le place devant nous en Héb.
XI et ailleurs.
Il connut l'épreuve, parce qu'il fut fidèle à Dieu et à son appel, Lot
connut l'épreuve, parce qu'il voulut saisir quelque jouissance
présente, une place dans le monde. Et quelle fut l'issue? Un
ébranlement frappe le monde, et Lot en est atteint: tout ce en quoi il
avait placé ses affections est balayé, et ne lui est rendu que par le
secours opportun d'Abraham pour être perdu à tout jamais lorsque le
jugement vient fondre sur Sodome.
En dernier lieu, une sombre tache de honte reste empreinte sur cet
homme, et il lui faut apprendre amèrement qu'une voie mondaine est
pour le croyant une voie où la peine et les désappointements sont
fréquents, une voie qui, si elle assure une affliction présente quand
on y persévère, laisse également derrière elle la semence de la misère
et les fruits de la honte. Si nous sommes
véritablement des enfants de Dieu, il nous faut passer par l'un ou par
l'autre de ces genres de souffrances: ou par la souffrance qui vient
sur le monde, si nous sommes infidèles à Dieu; ou par les souffrances
de Christ, si nous confessons son nom.
Ainsi donc, le septième ange donne le signal de la fin de cette
mystérieuse forme du royaume. Les voix célestes proclament que le
royaume de ce monde est devenu celui du Seigneur et de son Christ. Au
lieu d'avoir un royaume ouvert seulement à la foi, et que nul
n'apprécie sinon le croyant - un royaume dont la portion terrestre est
dans la tribulation et l'attente du Seigneur, seule place que puisse
maintenant prendre l'espérance - au lieu de cela, nous avons un
changement complet.
Dieu ne permettra pas que le monde soit plus longtemps le camp, le
lieu de parade et de plaisir de Satan. Et lorsque sonne la septième
trompette, il est annoncé que ce royaume du monde de notre Seigneur
est venu. Si l'on objecte que le Seigneur Lui-même déclare, en Jean
XVIII, que son royaume n'est pas de ce monde, je répondrai que
ceci dépasse la vérité. Ce monde n'est jamais la source
du royaume de Christ, mais n'est-il pas destiné à en être la sphère?
Le monde n'était pas son royaume alors, mais cela prouve-t-il qu'il ne
doive pas être son royaume en quelque temps à venir
où il combattra avec ses serviteurs, mais d'une manière bien
différente de celle d'aujourd'hui?
Ici, vous avez cette parole positive de Dieu, que le royaume du monde
de notre Seigneur et de son Christ est venu. La souveraineté sur
l'univers est transférée au Seigneur Jésus: «Et il régnera aux siècles
des siècles.» Sans doute il faut prendre la phrase «aux siècles des
siècles» en connexion avec le sujet tout entier. Lorsqu'il est
question de l'éternité, il faut la prendre dans son extension pleine
et illimitée; mais ici elle ne peut que signifier: «à toujours», dans
le sens de: aussi longtemps que durera le monde. Et je sens, bien que
ce ne soit pas la plus brillante pensée dont nos âmes puissent jouir
par rapport à l'avenir, que le fait que le Seigneur Jésus doit prendre
possession du monde, communique un grand repos au coeur au milieu de
la confusion actuelle.
Cela élève au-dessus de l'esprit du présent; parce que si je sais que
la place de l'Église n'est pas ici-bas, mais que je suis maintenant
dans le règne et la patience
de Jésus-Christ, je n'aurai pas besoin d'honneur ou d'autorité dans ce
monde. Une bien meilleure place nous est destinée dans le ciel, et les
saints qui se trouveront sur la terre lorsque le Seigneur apparaîtra
et que nous apparaîtrons avec Lui en gloire, seront dans une position
de sujets.
Mais quelle est la position de ceux qui sont dans le règne et la
patience du Christ Jésus? Nous ne serons pas simplement des sujets de
Christ lorsqu'il viendra ainsi, mais des rois, régnant avec Lui.
Dès maintenant même, ceux qui sont rejetés pour Christ, sont des rois
rejetés. Ils ne chantent pas seulement: «A lui qui nous aime,» mais
encore: «qui nous a faits rois et sacrificateurs pour son Dieu et
Père.»
Le Seigneur possédera un royaume approprié à la terre, mais les Juifs
ne sont pas destinés à être rois. Ils occuperont sur la terre une
place très-honorée; mais lors même que la nation sera convertie à
Dieu, ils ne jouiront pas de cette proximité qui appartient à toute
âme, juive ou gentile, qui croit en Christ maintenant.
Notre portion peut paraître à l'incrédulité une portion éprouvante, et
en effet elle est éprouvante pour le temps présent. Mais le Seigneur
Jésus a le premier foulé le sentier et connu la souffrance comme nul
autre ne le pouvait. Il l'a traversée tout entière, et quand Il
viendra prendre le royaume, Il assignera une place à chacun de ceux
qui auront souffert pour Lui. Ils seront comme les compagnons intimes
de David lorsqu'il parvint au trône. Il y a David dans la caverne
d'Hadullam, et David pourchassé dans les montagnes par Saül; mais dans
toutes ces circonstances, c'était la foi de David,
comme moyen, qui avait allumé la flamme dans leurs coeurs, ils avaient
saisi le ton de l'âme de David; et, bien qu'il leur fallût endurer la
tribulation pour un temps, et qu'il se trouvât beaucoup de fous dans
le genre de Nabal qui accusait David d'être un serviteur débandé
d'avec son maître, cependant David, tout susceptible qu'il était et
prompt à ceindre son épée à la cuisse, accepte la parole même d'un
vase plus faible, et prend une meilleure place, celle de la grâce - la
place où le bien se pratique, où l'on peut souffrir pour le bien et
endurer patiemment la souffrance. (1
Sam. XXV).
Et bientôt après vient le trône. Et puis ensuite?
Les pauvres persécutés qui avaient connu le sentier de la souffrance,
et qui avaient partagé les tribulations de David au jour de son rejet,
allaient maintenant partager ses honneurs. Où était Jonathan en ce
jour-là? Il est vrai que son coeur s'était attaché à David, mais sa
foi ne fut pas en état de supporter l'épreuve. Et quelle en fut la
conséquence? Il tomba en la montagne de Guilboah avec son misérable
père; et celui dont le coeur aurait volontiers donné la première place
à David, et qui s'était déjà dépouillé pour l'amour de David,
maintenant tombe avec le monde avec lequel il était extérieurement
resté jusqu'à la fin. C'est ainsi que, quelle que soit notre affection
pour Christ, si nous restons dans une fausse
position mondaine, ce ne sera jamais à notre honneur dans le jour de
Christ, auquel ceux qui souffrent régneront avec Lui. Puissions- nous
attendre ce royaume avec des coeurs exercés par la vérité!
On trouve beaucoup de personnes qui n'aiment pas a entendre parler du
royaume de Christ, faisant profession de préférer quelque chose qui
touche davantage aux besoins immédiats de l'âme. Mais Dieu ne
saurait-il pas ce qui nous fait besoin? Ce dont nous avons le plus
besoin, c'est d'avoir confiance, non pas en nous-mêmes, mais au Dieu
vivant. Tout en donnant toujours la première et la dernière place à la
croix de Christ, puissions-nous ne pas oublier que son royaume vient!
Si la croix est le seul fondement du repos pour le pécheur, c'est le
royaume qui réjouit et encourage le chrétien dans son sentier de foi
et de patience. Ceux qui suivaient David dans ses souffrances, étaient
bien, où qu'ils allassent, séparés de tout le monde d'alentour. Ils
étaient rassemblés de toutes les conditions et de tous les pays; mais
entourer David et participer aux pensées et aux desseins de Dieu
envers lui, voilà ce qui les soutenait. Bien que Dieu ait oint le
Seigneur Jésus-Christ pour cela même, Il n'a cependant pas encore pris
possession du royaume dans le sens de ce «royaume
du monde» dont j'ai parlé.
Rejeté et crucifié, Il est monté en haut, et nous l'attendons tout en
souffrant patiemment. Mais le jour approche rapidement, où ce ne sera
plus la tribulation et la patience, mais la puissance et la gloire.
Toutes choses seront assujetties à Christ, et il régnera aux siècles
des siècles.
Lorsque cette nouvelle est annoncée dans le ciel, les vingt-quatre
anciens se lèvent de leurs trônes. (Vers.
16.)
Quelle douceur dans cet acte! Auparavant, lorsque la gloire était
attribuée à Dieu, ou lorsque l'Agneau paraissait sur la scène, ils se
jetaient sur leurs faces devant Lui. Ils étaient prêts pour tout ce
qui exaltait la Divinité! S'il s'agit du Créateur (chap.
IV), ils se prosternent devant Celui qui est assis sur le trône;
ou s'il s'agit de l'Agneau, immolé quand il est sur le point de
dévoiler les secrets de l'avenir (chap.
V), ils tombent sur leurs faces devant Lui et le proclament
digne.
De même ici la dernière trompette sonne, «le royaume du monde de notre
Seigneur et de son Christ» est annoncé, et incontinent les
vingt-quatre anciens tombent sur leurs faces et rendent grâces de ce
qu'il a pris sa grande puissance et est entré dans son règne.
Mais ce fait, il est vrai, n'a pas lieu sans beaucoup de douleur pour
les hommes coupables, car il faut que l'épée du jugement nettoie le
chemin afin que le sceptre de la justice ait libre
cours. «Les nations se sont irritées, et ta colère est venue, etc.»
Mais ils savent bien que s'il faut que l'homme tombe avec fracas, il
sera toutefois exalté de la seule manière qui soit vraie et durable
dans le royaume de notre Seigneur et de son Oint. Et, en conséquence,
ils rendent grâces au Seigneur Dieu Tout-Puissant «qui es, et qui
étais (et qui viens)» vers.
17.
Je demande la permission d'omettre la dernière partie: «et qui viens»
- non pas d'après une conjecture (parce que conjecturer sur
l'Écriture, c'est de la présomption), mais en vertu de ce que
maintiennent les meilleures autorités critiques touchant la Parole de
Dieu. Le dernier membre: «et qui viens» a été introduit dans le but de
faire concorder la phrase avec d'autres passages où elle se trouve
contenue.
Vous pouvez vous rappeler que dans le chapitre
premier, la salutation est ainsi conçue: «Grâce et paix vous
soient de la part de Celui qui est, qui était, et qui vient.»
Chacune de ces trois parties est de Dieu. Elles affirment qu'il est
Jéhovah, Celui qui est, qui était et qui vient; en un mot, ces trois
titres sont la traduction en grec du nom de Jéhovah - nom qui
signifie: Celui qui est toujours le même.
La même chose est répétée chap.
I, 8; - seulement, là, ce n'est pas la salutation de Jean aux
Églises, mais la parole directe de Dieu Lui-même:
«Moi, je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, qui est, et
qui était et qui vient, le Tout-Puissant» - paroles qui désignent
l'invariable continuité de son Être.
Au chap.
IV se trouve une petite différence avec l'ordre donné dans les
passages précédents, et cela tout-à-fait à propos. «Saint, saint,
saint, Seigneur Dieu Tout-Puissant, qui étais, qui es et qui viens.»
Ici ce n'est pas: «qui es et qui étais,» mais «qui étais et qui es.»
Ce changement peut paraître sans importance, mais il a bien sa
signification. Au chap.
I, l'emphase repose sur les mots «qui est,»
parce que Dieu se présente comme Celui qui exista de toute éternité.
L'expression: «qui était» semble venir la première au chap.
IV, parce que les animaux (qui avaient été les instruments des
jugements de Dieu dans les dispensations passées, comme ils le seront
dans les futures,) regardent au passé, et, par conséquent, n'appuient
pas sur le «qui es» mais commencent par ce que Dieu a été dans tous
les temps antérieurs.
En premier lieu, ils se trouvent au jardin d'Eden; ensuite ils forment
une sorte de représentation judiciaire de la puissance de Dieu dans le
tabernacle et dans le temple; puis, finalement, on les voit en action
à l'époque où Jérusalem fut balayée et où le jugement de Dieu tombe
sur Israël.
En conséquence, dans le passage qui nous occupe, ces animaux, qui
avaient été les témoins des voies de Dieu dans tout le passé,
commencent par déclarer que Dieu «était»
pour démontrer la perfection de son Être, telle, si l'on peut ainsi
dire, qu'elle avait été déployée historiquement.
Au chap.
XI il y a omission des mots: «et qui viens,» parce que c'est la
venue du royaume du monde de notre Seigneur qui est ici célébrée, de
sorte qu'il n'est pas besoin d'y ajouter quelque chose: Avant qu'il
entrât dans son règne, ces paroles étaient bien appropriées; mais ici,
elles conviendraient difficilement.
Comme j'ai trouvé que les meilleures autorités rejettent ces mots, il
est parfaitement légitime de montrer comment la meilleure traduction
est en harmonie avec la vérité de Dieu dans le passage même. La
signification générale du verset suivant (18)
est claire. «Les nations se sont irritées, et ta colère est venue, et
le temps des morts pour être jugés, etc.,» - toutes choses qui
devaient recevoir exécution ci-après. C'est en quelque sorte une vue
qui embrasse tout ce qui aurait lieu à partir du commencement du
royaume, alors que les divers genres de corruption seront jugés, et
durant le millénium, jusqu'à «la fin,» où tout jugement se terminera.
Les trois grandes pensées de ce chapitre sont donc, ainsi que nous
l'avons vu, le culte sacerdotal (vers.
1); puis un témoignage prophétique (vers.
3-14); et enfin, le royaume annoncé dans le ciel comme venu (vers.
15). Le Seigneur veuille que nos coeurs, amenés dans la
jouissance de tels privilèges, soient avec Christ, non-seulement à
cause de la bénédiction, mais pour l'amour de Lui-même. Christ vaut
mieux que toutes les bénédictions qui viennent de Lui; et nous ne
jouirons jamais de ce qu'il donne, que dans la proportion où nous
jouirons de Lui-même.
Vers.
19. Je crois que l'ouverture du temple dans le ciel marque une
nouvelle partie du livre, et que, par conséquent, ce fait est moins en
rapport avec ce qui précède qu'avec ce qui suit; car il est clair que
les >versets précédents (15
à 18) ont rendu la voix de la dernière trompette, et annoncé les
conséquences du fait que Dieu prend sa grande puissance et entre dans
son règne - non pas le gouvernement de l'homme seulement, mais la
puissance de Dieu se manifestant d'une façon entièrement nouvelle. Il
a fourni des exemples de sa puissance, mais pas en rapport avec
Christ, au temps où Il combattait avec son peuple et renversait les
Cananéens. Mais lorsque cette puissance s'exerçait au milieu d'un
Israël coupable et en chute, et n'ayant pas son Messie, souvent Il lui
fallait agir contre le peuple lui-même et non contre ses ennemis
seulement, parce que Dieu ne peut jamais traiter
alliance avec le péché. Mais maintenant, au temps de la dernière
trompette, c'est le royaume de Dieu et de son Christ qui est venu.
Or, voilà ce qu'attendent la terre et le Seigneur Lui- même, car Il
attend «jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour son marche-pied.»
Alors la scène tout entière sera changée ici- bas. Il viendra pour
exécuter une colère aussi terrible que sa patience aura été divine, et
l'effet en sera que «lorsque tes jugements sont en la terre, les
habitants de la terre habitable apprendront la justice.» Il y aura la
présence du Seigneur Jésus et l'absence de Satan; il y aura,
non-seulement l'exécution de la colère sur les vivants, mais aussi le
jugement des morts à la fin. Et ces choses paraissent devoir être
rangées sous la même trompette.
Tout est anticipé, du commencement à la fin du royaume, toutes les
grandes manifestations de la gloire divine dans l'exercice de la
puissance et sur les vivants et sur les morts. Et là se termine,
évidemment, ce sujet, car le temple de Dieu ouvert dans le ciel (vers.
19) introduit une autre vision, entièrement différente, qui n'a
pas particulièrement rapport avec l'action de Dieu dans son royaume:
d'abord et avant tout, c'est le temple qui paraît devant nous.
FIN DU PREMIER VOLUME.
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