Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE X

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Quelques-uns se rappelleront une ressemblance déjà remarquée entre l'ordre des sceaux et l'ordre des trompettes. Lorsque nous arrivons au sixième, dans l'une et l'autre série, il y a une interruption de l'espèce la plus intéressante.
Nous avons vu qu'après le sixième sceau il y eut un épisode, non de jugement, mais de grâce - Dieu intervenant en faveur de l'homme, après la plus signalée des convulsions parmi les hommes et les choses sur la terre; et non-seulement cela, mais les puissances mêmes des cieux furent aussi ébranlées.
Puis nous avons vu Dieu nous montrant qu'au milieu du jugement, il n'oublie pas d'être miséricordieux; car il y a le scellement d'un nombre complet choisi dans les douze tribus d'Israël, et de plus, il y a la preuve claire et touchante que les pauvres Gentils ne sont pas oubliés.
Ainsi, quand le prophète regarde, il voit une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils étaient évidemment délivrés par la grande bonté de Dieu et sortaient de cette terrible tribulation qui est encore à venir. Or, au chap. IX, nous avons eu la sixième trompette, et, comme correspondant à ce que nous avons vu pour les sceaux, il y a une interruption entre elle et la septième, qui est annoncée seulement chap. XI, 15.

La vision décrite est d'un caractère bien marqué et, en considération des visions qui accompagnent les trompettes, bien extraordinaire. Un ange puissant qui paraît être le Seigneur lui-même descend du ciel. C'est ainsi que nous avons vu dans un précédent chapitre l'ange sacrificateur devant l'autel d'or, donnant efficace par des parfums aux prières des saints, lesquelles il offrait à Dieu. Et personne ne s'imaginera, je suppose, que Dieu confie ce service du sanctuaire céleste à une simple créature quelconque.
Dans l'Ancien Testament, Jéhovah a occasionnellement revêtu une forme angélique; et comme ce livre nous ramène en grande partie aux sujets dont traitent les Écritures juives, ce peut être là une des raisons pour lesquelles Christ prend ainsi la forme angélique. Comme avant que les trompettes sonnassent, l'ange qui donnait le signal général a été vu sous un caractère sacerdotal, c'est revêtu de puissance qu'il apparaît ici, préparant la voie du royaume. En conséquence, il est entouré de tout ce qui est de nature à faire ressortir sa majesté. «Et je vis un autre ange puissant, qui descendait du ciel, revêtu d'une nuée.»
La nuée, comme se le rappellera quiconque est familiarisé avec les idées et les termes scripturaires, était le signe bien connu de la présence de Jéhovah. Lorsque le sang de l'Agneau eut été répandu et qu'Israël fut conduit hors du pays de servitude, Dieu lui-même marchait devant eux comme l'ange de l'alliance, et la nuée en était la forme visible ou le témoignage (Exode XIII, 21; XXIII, 20, 23; XL, 36, 38; Nom.I).
L'ange que nous avons ici, présente bien des caractères qui semblent indiquer la présence même du Seigneur, revendiquant son droit à la possession du monde entier.
Vous pouvez vous souvenir d'un exemple remarquable dans le Nouveau-Testament lui-même, au temps où fut donnée en petit la préfiguration du royaume qui vient. Qu'est- ce donc qui rendait témoignage de la présence immédiate de Dieu? et qu'est-ce qui faisait trembler Pierre et Jean, tout habitués qu'ils étaient à la compagnie de Jésus et aux merveilleux effets de sa puissance?
«Ils eurent peur comme ils entraient dans la nuée,» parce que la nuée était le signe particulier et connu de la présence de Jéhovah. Ici donc, je crois que ce n'était pas une simple créature, mais le Créateur lui-même qui prenait la forme d'un ange. Cela pourrait bien aussi représenter le Seigneur se retirant, si l'on peut ainsi parler de tout ce qui eût été de nature à le lier manifestement et directement avec son peuple, et cela pour une raison fort solennelle.

Son peuple, pendant la durée des trompettes, est supposé avoir perdu - mais pas entièrement toutefois - sa séparation distinctive, et s'être plongé dans le monde; en sorte que Dieu, moralement, ne pouvait pas reconnaître d'une manière publique sa relation avec Israël.
En Héb. XI, il est dit de certains croyants que Dieu ne prit point à honte d'être appelé leur Dieu. Hélas! il est des saints dont Dieu aurait honte d'être appelé leur Dieu. Il n'en était pas ainsi des premiers patriarches, d'Abraham, d'Isaac et de Jacob: Dieu était leur Dieu. Il ne se nomme jamais Lui-même le Dieu de Lot. Cela donne sérieusement matière à penser, et nos coeurs doivent veiller contre quoi que ce soit qui pourrait rendre Dieu honteux de s'appeler notre Dieu. Il a été déjà fait allusion à ceci, quand nous avons remarqué que dans cette série, il n'est jamais parlé du Seigneur comme de l'Agneau, parce que le peuple de Dieu se sera mélangé à un si haut point avec les incrédules.

Lorsque ces jugements tomberont, les saints seront tristement plongés dans le monde, de telle façon qu'une grande partie des châtiments tombera à la fois sur eux et sur lui. Souvenez-vous aussi que le Seigneur nous fait connaître les chutes de son peuple afin que nous soyons avertis par elles. Qu'il est triste de se servir de la prophétie relative à l'infidélité, dans le but de justifier celle-ci, et d'attribuer à la providence de Dieu les effets de notre incrédulité!

Au temps des trompettes il y a un sinistre silence relativement au peuple de Dieu. Il y a tout juste, chap. IX, 4, une allusion au fait qu'ils sont exemptés du tourment qui frappe les apostats; mais c'est là le seul trait distinctif qui se rapporte à eux jusqu'à la parenthèse des chap. X et XI.
Si vous appliquez les sceaux et les trompettes à l'histoire passée du monde, la signification en est si claire que la plupart des chrétiens sérieux se sont accordés sur les points principaux.
Constantin introduisit le christianisme par la force des armes. La conséquence de ce fait fut l'immense renversement du paganisme, avec des témoignages indirects de miséricorde; et le septième sceau fut suivi d'un silence d'environ une demi-heure dans le ciel. Il n'y eut pas là d'attente illusoire. Dieu savait que, loin que le monde devînt réellement meilleur par cet étonnant changement, tout se terminerait par les effroyables conséquences de l'abus, de la corruption et du mépris de la grâce. Le vaste corps qui avait échangé l'idolâtrie contre la profession du christianisme mûrirait pour le jugement. Ici, le résultat immédiat est l'apparition de ces trompettes. Et puis que voyons-nous?
Dieu a honte de la chrétienté; le ciel est maintenant dans le silence et pourtant nous savons qu'il y a de la joie pour un pécheur qui vient à repentance.
La chrétienté est devenue, extérieurement au moins, un bourbier de formes. Et où est le rocher du salut? Hélas! une fois encore, il n'est rien estimé. C'est en connexion avec cela, me semble-t-il, qu'il n'est plus parlé du Seigneur Jésus dans son caractère de Fils de l'homme, et bien moins encore dans celui de l'Agneau. S'il apparaît ici, c'est sous une forme angélique. De même que précédemment, et afin qu'on le distinguât de tous les autres d'une façon particulière, il tenait l'encensoir devant l'autel d'or, ainsi que nous le voyons ici y revêtu d'une nuée» - le signe de la gloire de Jéhovah; «et l'arc-en-ciel sur sa tête,» c'est-à-dire le gage de l'alliance invariable de Dieu avec la création.

«Son visage était comme le soleil.» Le soleil est toujours le symbole de la gloire suprême en gouvernement, et le visage de cet ange est dit être semblable au soleil: Il en fut de même sur la sainte montagne (Math, XVII, 2), et lorsque Jean vit de nouveau son Seigneur à Patmos (Apoc. I, 16).
«Ses pieds comme des colonnes de feu (vers, angl.)» sembleraient indiquer que la solidité représentée par «la colonne» s'unit au complet et final jugement, si constamment figuré par le «feu.» Il pose son pied gauche sur la mer, qui représente les masses informes en dehors de cette partie du monde qui est favorisée d'un témoignage et d'un gouvernement divins, et sur laquelle il pose son pied droit.
En d'autres termes, c'est le droit universel du Seigneur sur les hommes, sur le monde. C'est une déclaration publique de son droit, non par rapport à l'Église, mais par rapport à la terre: pas encore son investiture comme Fils de l'homme, mais une action d'un caractère providentiel, qui implique la reprise d'un témoignage préparatoire à l'acte par lequel il va bientôt se saisir de la domination universelle.

Maintenant, il y a un pas de plus à faire. Ce n'est plus comme au chapitre V, Dieu assis sur son trône et tenant dans sa droite le livre scellé, puis l'agneau ouvrant le livre, comme Celui qui a vaincu pour le faire. Et comment a-t-il vaincu? Par la mort. Ce n'est pas par une force humaine que l'homme de Dieu est vainqueur. Les victoires qui brilleront avec le plus d'éclat, sont celles qui auront été jetées, pour ainsi dire, au moule de la mort du Seigneur Jésus. Dans le cas de l'homme si pauvre, si faible, il y a la vie d'abord, et la mort ensuite, parce que par nature nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés; mais dans le cas du Seigneur Jésus, il y a premièrement la mort, et ensuite la vie de résurrection. et tel est le modèle que doit réaliser la foi du chrétien.

Notre vie tout entière comme croyants, devrait s'exercer en conformité avec la croix même qui a opéré notre salut; car la croix est pour nous la puissance de Dieu tout le long du chemin (Gal. VI). C'est Dieu qui nous a donné de souffrir, après quoi vient pratiquement la puissance; mais celle-ci ne vient peut-être jamais qu'après que l'on a plus ou moins éprouvé la faiblesse et la souffrance (2 Cor. XII; XIII, 4).
Un homme ne saurait remporter de victoires chrétiennes, tant qu'il n'a pas pris place dans la nudité et l'abaissement devant Dieu. Il faut qu'il soit anéanti d'une manière ou d'une autre, et heureux sommes-nous, si nous sommes anéantis dans la présence de Christ; car si ce n'est là, il nous faudra être anéantis par devant nous-mêmes, si l'on peut ainsi dire, et peut-être par devant les autres. Toutefois, au chap. V, Christ ouvre le livre qui était inintelligible à toute pensée d'homme, et il nous montre, par le moyen des sceaux, certains jugements de Dieu qui sont si peu en dehors des événements providentiels ordinaires, que nous les aurions à peine tenus pour des jugements, si Dieu ne nous eût ainsi dévoilé leur véritable caractère. Mais l'Agneau déploie tout, et nous voyons Dieu à l'oeuvre pour introduire le royaume du premier-né et mettre l'Héritier en possession effective de l'héritage.

Dans le chapitre que nous étudions, il y a une différence. Ce n'est pas un livre scellé que nous avons, mais un livre ouvert: et c'est aussi, d'une façon emphatique, un petit livre. Il n'y a rien de mystérieux dans l'affaire. Il se fait ici un grand changement dans l'Apocalypse. Au lieu de consister comme ci-devant, en événements qui étaient l'oeuvre secrète de la main invisible de Dieu, c'est une manifestation de sa puissance et de son conseil à l'égard de son peuple.
Tout devient parfaitement clair. Ce ne sont plus des sauterelles emblématiques ayant un roi (cf. Prov. XXX, 27), ni d'étranges chevaux et cavaliers extrêmement nombreux, etc. C'est maintenant l'action ouverte, rapide et décisive de Dieu. Voilà ce qui constitue, je crois, la différence entre les deux livres. Le premier était dans la main de Dieu, et scellé, de sorte que nul ne pouvait l'ouvrir, excepté l'Être béni qui a tout souffert pour la gloire de Dieu. Ici, il s'agit d'un livre ouvert, que le prophète prend de la main de l'ange, et immédiatement après nous n'avons plus les figures secrètes ou énigmatiques des premières visions, mais le temple, la sainte cité, les nations la foulant aux pieds - tout cela comme preuve évidente que Dieu agit sur les Juifs.

Nous avons vu précédemment le sceau appliqué sur un certain nombre pris dans chaque tribu d'Israël, dispersé, je pense, dans le monde entier. Mais ici (ch. XI), nous arrivons à un cercle plus restreint, où les dispensations de Dieu sont concentrées sur Jérusalem, le sanctuaire, l'autel, les adorateurs, les deux témoins, etc., et où aussi elles sont si clairement exposées, qu'il n'y a pas.à se tromper sur ce que Dieu entend par elles.
La Bête, comme telle, paraît également ici, en opposition terrible et sans déguisement contre Dieu et ses serviteurs. Et évidemment le Seigneur Jésus montre que le temps approche auquel Il doit prendre toutes choses en main. Ce livre-ci est donc un livre ouvert, parce que tout ce qu'il contient est parfaitement simple; et c'est un très-petit livre, parce qu'il ne s'applique qu'à un temps fort court et à un cercle fort restreint.

«Et il cria à haute voix comme un lion qui rugit; et quand il cria, les sept tonnerres firent entendre leurs propres voix. Et quand les sept tonnerres eurent parlé, j'allais écrire, et j'entendis une voix du ciel, disant: scelle les choses que les sept tonnerres ont prononcées et ne les écris point» (vers. 3-4).
«Le lion rugira-t-il dans la forêt, s'il n'y a quelque proie? Le lionceau jettera-t-il son cri de son gîte, s'il n'a pris quelque chose?... Le cor sonnera-t-il par la ville, sans que le peuple en soit tout effrayé? ou y aura-t-il dans la ville quelque mal que l'Éternel n'ait fait? Car le Seigneur ne fera aucune chose qu'Il n'ait révélé son secret aux prophètes ses serviteurs. Le lion a rugi: qui ne craindra? Le Seigneur l'Éternel a parlé: qui ne prophétisera?» (Amos III).

Je ne puis considérer ce passage du prophète juif, que comme jetant du jour dans ses divers points, sur la vision que nous examinons. De plus, dans l'Ancien Testament, le tonnerre est toujours l'expression de l'autorité de Dieu en matière de jugement. Nous sommes appelés à écouter cette déclaration terrible des jugements de Dieu. Jean était sur le point d'écrire, mais une voix du ciel le lui défend. Il ne devait pas communiquer les détails de ce que Dieu allait maintenant faire. Mais l'ange «leva sa main droite vers le ciel et jura par Celui qui est vivant aux siècles des siècles, lequel a créé le ciel... qu'il n'y aurait plus de délai, mais qu'aux jours de la voix du septième ange, quand il sonnera de la trompette, le mystère de Dieu sera aussi terminé, comme il a été déclaré à ses esclaves les prophètes.» (vers. 5-7).

En général, on se fait une idée extrêmement vague de ces mots «qu'il n'y aurait plus de temps.» Beaucoup s'imaginent que cela signifie que le temps serait alors tout près de finir et l'éternité de commencer. Mais ce n'est pas du tout là le sens, et cet exemple montre combien il est important de chercher la lumière auprès de Dieu. Le sens est que Dieu ne laisserait pas davantage le temps couler, avant d'intervenir dans le cours de ce monde. Ce n'est pas que l'éternité dût tout-à-coup commencer, mais qu'il n'y aurait plus de laps de temps, avant les dernières sommations de Dieu au monde et l'introduction d'une dispensation nouvelle, dans laquelle il agira d'une manière ouverte avec les hommes sur la terre.

Depuis la réjection et l'ascension du Seigneur Jésus-Christ, les hommes - «ses concitoyens» - ont envoyé après lui une ambassade, disant, au moins dans leurs coeurs: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous.» Telle a été toujours la voix du monde depuis que Christ s'en est allé dans un pays éloigné. Le désir réel de l'homme est de se débarrasser de Christ, et, en général, l'homme croit qu'il en est débarrassé. Aussi n'est-ce pas étonnant qu'il n'aime pas à entendre parler de son retour en puissance et en gloire; car l'Écriture déclare expressément, que Christ doit juger l'homme, et l'homme n'aime pas à paraître devant son juge. De là vient qu'il éloigne autant que faire se peut, la pensée de la venue de Christ pour juger le péché et les pécheurs.

Le Seigneur donne à entendre ici, que sous peu, un terme sera mis au délai actuel. Tout le temps que Christ est loin, à la droite, il y a suspension de jugement. Mais Dieu sympathise profondément avec son peuple dans la souffrance qu'il endure pendant l'intervalle de la réjection de Christ, et maintenant il ne permettra plus qu'un pareil étatde choses se continue davantage - de sorte qu'il y a des signes et des témoignages évidents que le Seigneur vient pour agir contre ses ennemis.

L'ange puissant jure qu'il n'y aurait plus de nouveau délai - non pas avant l'éternité, mais avant le jour du Seigneur. L'espace ou délai, dont il est ici parlé, c'est le jour de l'homme, et quand celui-là finit, le jour du Seigneur commence, jour qui, dans l'Écriture, n'est jamais confondu avec l'éternité parce qu'il a une fin, tandis que, cela va sans dire, l'éternité ne peut jamais finir.
La force réelle de l'expression, considérée sous toutes ses faces, est donc «qu'il n'y aurait plus de délai.» Et remarquez les paroles du verset suivant: «Mais qu'aux jours de la voix du septième ange, quand il sonnera de la trompette, le mystère de Dieu sera aussi terminé,» etc.
Ceci contredirait d'emblée la pensée que l'éternité doit suivre immédiatement après. Au contraire, après ceci, vient en plein le millénium; après le millénium, une courte période, et ensuite l'éternité. Quelquefois les âmes sont empêchées d'entrer dans la vérité de Dieu, par un seul petit mot, et je crois que tel a été le cas pour ce passage. Souvent, lorsqu'un léger point est éclaire!, des monceaux de difficultés disparaissent.

Dieu mettra un terme au délai actuel: «le mystère de Dieu» sera alors terminé. Ceci me paraît signifier le secret par lequel il a permis à Satan d'avoir sa voie propre, et à l'homme aussi; c'est-à-dire, cette chose étonnante de voir prospérer le mal et fouler aux pieds le bien.
Dieu, sans doute, réprime le mal jusqu'à une certaine mesure, en partie par le moyen du gouvernement humain et en partie par ses propres dispensations providentielles. Et, en vérité, c'est une immense grâce qu'un tel frein soit posé à la malice de ce monde; car sans cela, qu'adviendrait-il là où, au milieu même de répressions providentielles de Dieu, la méchanceté est si souvent triomphante, et la piété si souvent jetée à terre?
Toutefois il y a une influence du mal qu'aucun gouvernement ne peut déraciner, et le bien qui existe est contrefait, en sorte qu'il n'y a que peu ou point d'influence. Voilà ce qui nous paraît si mystérieux, lorsque nous connaissons Dieu et savons combien Il hait le mal. Mais cela va bientôt finir. Dieu est près de porter la main contre tout ce qui est contraire à Lui-même, d'introduire tout ce qui a été promis dès le commencement et de mettre le sceau de son approbation sur tout ce qui aura été fait selon Lui. Et cela, Il va le faire par son Fils. Celui que l'homme a méprisé et rejeté, est celui-là même que Dieu enverra pour mettre fin à la confusion actuelle et ranger toutes choses dans un ordre resplendissant de sainteté et d'harmonie.

Il ne faut pas confondre «le mystère de Dieu,» avec le mystère de sa volonté (Eph. I, 9). Ce dernier est celui qui a toujours été près de son coeur, car il renferme non seulement la gloire de l'Église, mais celle de Christ. Il est «selon son bon plaisir, lequel il s'est proposé en Lui-même;» il n'y a personne qui l'ait suggéré. C'est le fait de sa propre volonté. Et quel est le mystère de sa volonté? «Qu'en l'administration de la plénitude des temps, il réunit en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre, en Lui.»
Toutes ces choses que Satan a maintenant dispersées, seront réunies en un, sous Christ. Alors la bonté et la vérité se rencontreront, la justice et la paix s'entrebaiseront. Ceci est vrai du croyant dès à présent, pour autant qu'il s'agit de sa réconciliation avec Dieu. Satan insinue bien ceci: Comment serait-ce vrai, en présence de tant de mal au dedans? C'est là une chose qui pénètre droit à la conscience de l'homme qui doute de Dieu, et même de celui qui craint Dieu, s'il regarde à lui-même. Quand je regarde à moi, de pareils doutes peuvent bien s'élever, mais jamais si je regarde à Christ. Christ seul a titre pour me donner du repos devant Dieu. Christ seul peut dissiper les vagues et les vents. Satan a dressé l'homme contre Dieu en toute manière, même contre la bonté qui procède de Lui; mais Dieu ne veut pas permettre  que cela dépasse une certaine limite.

Quoiqu'il soit permis à Satan, par son opposition, de traverser les plans de Dieu dans le temps actuel, cependant toutes les voies dans lesquelles Dieu a agi sur la terre depuis le commencement, sont destinées à triompher, et à triompher toutes ensembles à la fin (Osée II, 21-23).
Ainsi l'homme a été établi en Adam, le gouvernement a été mis entre les mains de Noé, l'appel de Dieu a été donné à Abraham, il y a eu la longue et patiente épreuve de la loi, et finalement, il y a la mission de son Fils et de son Esprit.
Toutes ces choses, pour ainsi dire, sont des courants émanés de Dieu et qui ont coulé à travers cette terre. Ils ont été corrompus ou repoussés par l'homme dès le commencement, et par la puissance de l'ennemi, les hommes abuseront de ces dispensations mêmes de Dieu, pour amener la conspiration la plus audacieuse et la plus fatale que le monde ait jamais vue - Satan et l'homme associés contre Dieu, qui permettra à tout ce mal de jaillir et alors y mettra fin par le jugement. C'est là la consommation du mystère.

Mais ce qui est appelé «le mystère de sa volonté,» n'est pas le sujet de la prophétie. Christ sera le chef de toute bénédiction et assemblera toutes choses en bénédiction réunie, sous sa propre primauté, toutes les choses que Satan se sera efforcé de gâter. Tout ce que Dieu créa originairement était simplement placé dans une condition d'innocence; mais ce que le Seigneur Jésus-Christ opérera à la fin, la réconciliation de toutes choses, sera ce à quoi Satan ne pourra pas porter atteinte. Toutes choses seront réunies en un, en Christ le Chef.

Laissez-moi encore établir un autre point. Dans ce mystère de la volonté de Dieu, nous ne sommes pas seulement appelés à être bénis sous Christ, mais afin de posséder en plein le caractère de la bénédiction, nous sommes bénis avec Lui; c'est ce que nous avons dans l'épître aux Éphésiens. Nous ne sommes pas une espèce d'héritage pour Christ, mais nous sommes cohéritiers avec Lui. Dans ce grand mystère de Dieu, en Christ, il y a deux pensées -  la primauté universelle de Christ, et l'union de l'Église avec Lui.
Pour nous, il n'y a rien de pareil à l'idée que nous devons être réunis en un sous la puissance de Christ; mais toutes les choses qui furent jamais, sont destinées à être réunies sous sa primauté, et, pensée merveilleuse! l'Église est appelée à partager toute cette gloire avec Lui.
Ce n'est pas ce qui appartient à Christ comme personne divine, mais ce qui lui revient comme prix de la rédemption, et cette oeuvre même lui donne le droit de conférer cette gloire à quiconque Dieu veut. L'Église est unie comme le corps, et l'épouse de Celui qui est Seigneur de tout. Elle est l'Eve du second Adam. En Ephés. V, Paul traite particulièrement la dernière partie de ce sujet. Christ doit se la présenter à Lui-même Église glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable. Le grand mystère, ici dévoilé, c'est la proximité, l'amour, l'intimité de la relation d'époux à épouse entre Christ et l'Église.

Dans l'épître aux Colossiens, vous avez la même chose rapportée (Col. II, 2): «Pour la connaissance du mystère de Dieu (et du Père et de Christ)» (vers. ang.). Ces derniers mots ont été insérés sans autorité, et quand on essaie de corriger l'Écriture, on ne fait que l'endommager. Il est parlé en Colossiens, chap. I, (vers. 26), d'un certain grand mystère.
Le terme mystère, signifie un secret; ce peut ne pas être un secret maintenant, mais ce mot indique que la chose en question en a été un. Où il y a quelque chose qu'on ne comprend pas, on est porté à dire: «c'est un mystère.» Mais dans l'Écriture ce terme désigne une vérité que Dieu a tenue cachée, mais qui ne l'est plus désormais; quelque chose que les saints ne connaissent pas comme hommes, ou comme Juifs, mais que Christ devait leur apprendre comme chrétiens.

Ici paraît un autre grand mystère: (vers. 27) «auquel Dieu a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations, c'est à savoir Christ en vous, l'espérance de la gloire.»
Si nous prenons la prédiction qui est faite de Christ dans l'Ancien Testament, c'est une erreur d'appeler cela un mystère, car elle était, certes, bien assez claire. Que proclamaient les prophètes Juifs? La venue d'un Messie qui devait régner sur eux, et qui associerait le salut avec son caractère de «grand Roi.» Ce qu'ils ne comprenaient pas, quoique révélé, c'était son humiliation et sa mort. Il a été pour eux une pierre d'achoppement. Mais le «mystère» est une expression qui n'est jamais appliquée à la mort et à la résurrection de Christ. Cela n'était pas du tout un secret,.mais c'est, au contraire, clairement prédit en Ésaïe LIII; Ps: XVI, XXII, LXIX, CVI et en beaucoup d'autres passages.

Le mystère était que, pendant le rejet de Christ par son peuple et pendant la durée de son exaltation dans le ciel, Dieu le ferait devenir la tête d'un corps céleste, choisi par sa grâce parmi tous-Juifs et Gentils. De cela il n'en est pas traité dans l'Ancien Testament. Il y avait certaines choses que nous pouvons maintenant montrer comme en étant des types; mais ces choses n'eussent jamais projeté la moindre lumière sur cette vérité, si le mystère n'avait pas été donné à connaître. Dans ce temps-là, il n'y avait rien, même comme prédiction, qui ressemblât à l'état de choses actuel de Juifs et Gentils, bénis ensembleen un seul corps; et voilà la raison pourquoi c'est appelé «le mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations.»
C'était un secret caché en Dieu, auquel les prophètes ne touchèrent pas. Lorsque les Juifs auront leur Messie, ce ne sera pas comme étant l'espérance de la gloire, mais comme étant celui-là même qui introduit la gloire.
Lorsque sera venu le temps de bénédiction qu'ils attendent, il n'y aura pas de doute à avoir là-dessus, car tout sera manifesté, tant pour les amis que pour les ennemis; ce ne sera pas davantage une espérance, mais la manifestation effective de la gloire au milieu d'eux. Mais maintenant Dieu opère parmi les Gentils une oeuvre d'un caractère spécial, tandis que les Juifs sont rejetés. Les Gentils ont Christ actuellement, non pas comme apportant la gloire visible sur la terre, ainsi que ce sera le cas bientôt parmi les Juifs; mais ils ont Christ en eux, l'espérance de la gloire toute prochaine, et cela dans le ciel.

Il est possible que le terme «le mystère de Dieu» soit employé dans notre chapitre, parce que c'est spécialement pendant le temps de non-intervention à l'égard du monde, que Dieu a produit ce merveilleux secret concernant Christ et l'Église. Ici, c'en est fait de ce temps-là. Toutefois ce mystère par lequel il est permis au mal de prospérer, cette passivité de Dieu par laquelle il n'empêche pas que le mal ait la haute main et que le bien soit foulé aux pieds, se continue pour un certain temps. Ceci prendra fin, comme Il en a déclaré la bonne nouvelle à ses esclaves les prophètes.

La voix parle de nouveau et dit: «Va, prends le petit livre ouvert qui est dans la main de l'ange» etc. (vers. 8).
En conséquence, Jean prend le livre, et après l'avoir dévoré, le trouve dans sa bouche doux comme du miel, mais lorsqu'il en sonde le contenu et en digère les résultats, combien il est amer au-dedans! Ainsi en est-il et en sera-t-il. Quand nous voyons comment Dieu accomplira toutes choses, nous devons être peinés en pensant à ce qui est réservé à l'homme, comme nous devons l'être, en effet, quand nous savons avec quelle persévérance il se rebelle contre Dieu, et méprise même la miséricorde dont il est l'objet.

Le Seigneur veuille que ce dont il s'est servi pour débarrasser notre position de tout principe terrestre et pour réveiller un juste gentiment de la parfaite dignité de la place qu'il nous a donnée, soit imprimé sur nos coeurs! Personne n'est dans une position d'aussi grande responsabilité que ceux qui sont occupés des choses célestes. Et ne supposons pas qu'une position quelconque ou même la vérité, puisse d'elle-même garder une âme: rien ne le peut, sinon l'Esprit de Dieu. Et jamais l'Esprit de Dieu ne gardera une âme, là où il n'y a pas de dépendance et où le moi n'est pas jugé. Il est venu pour glorifier Christ. Que le Seigneur nous accorde de veiller et de prier! Car, tandis que la vérité a pour but de séparer du monde, cependant où l'on en fait abus, et où elle n'est rien que cette connaissance qui enfle, on est préparé pour les plus mauvais résultats.

Il reste, comme à l'ordinaire, à ajouter quelques mots sur la mesure d'accomplissement que cette vision parenthétique a déjà reçue. Je ne suis pas disposé à mettre en doute qu'elle ait trait, dans son application générale, à cette merveilleuse et divine intervention: la Réformation.

L'empire d'Orient avait depuis quelque temps succombé à la furieuse attaque des Turcs. L'Occident n'était pas d'une ombre moins impénitent et moins imbu d'idolâtrie et d'imposture qu'auparavant, lorsque cette subite lumière d'en-haut parut sur l'Europe étonnée. Ce n'est pas que la grâce de Christ ait été profondément réalisée ou réfléchie dans la Réformation. Le témoignage de son principal conducteur, Luther, a plutôt ressemblé aux éclairs et aux tonnerres de Sinaï, et tenu trop souvent de la terre bien plus que du ciel. De fait, c'est ce caractère relativement terrestre qui fait que les fauteurs de l'école historique trouvent tant de coïncidences apparentes entre cette grande oeuvre et la vision qui est devant nous. C'est justement parce que Luther s'est si fortement rapproché, non de la ligne de ministère de Paul, mais du témoignage prophétique de Jésus, lequel doit être rendu par les témoins du dernier jour, qu'il y a tant de points communs entre le caractère de sa vie et la tendance de ses travaux, et les prédictions de ce que ces témoins doivent enseigner, faire et souffrir ci-après. L'idée de comparer cette vision avec la propagation de l'évangile et la formation de l'Église à la Pentecôte, est, je ne puis penser autrement, une erreur fort grossière.

De plus, est-il vrai qu'il n'y ait pas, dans la vision, un détail auquel la Réformation ne réponde exactement? Est-ce que le resplendissement du Soleil de justice implique une nouvelle publication de son évangile? Je ne doute pas que la pleine signification de la vision ne renferme un témoignage public à l'arrivée du «jour»; mais pour cette raison même, l'évangile de la grâce est exclu, ainsi que peut le voir toute personne spirituelle qui examine sans préjugé Malachie IV. Car l'essence de l'évangile est que par lui, Dieu justifie l'impie et sauve le perdu; au lieu que nous lisons: «c'est pour vous (le résidu pieux d'entre les Juifs), que se lèvera le soleil de justice, avec la santé dans ses rayons; vous sortirez et vous prendrez de l'embonpoint, comme de jeunes boeufs que l'on engraisse. Et vous foulerez les méchants, car ils seront comme de la cendre sous les plantes de vos pieds, au jour que je ferai mon oeuvre, a dit l'Éternel des armées. Souvenez-vous de la loi de Moïse, mon serviteur.» Il peut y avoir une certaine ressemblance entre ceci et les motifs et le but, les aspirations, la carrière, le cours des travaux, le genre d'action (pas l'issue toutefois) des Réformateurs les plus belliqueux; mais dans la proportion même de cette ressemblance, c'est l'opposé de l'évangile, ou de la conduite pratique qui en découle et lui est conforme.

En outre, la nuée rappelle la délivrance d'Israël, comme l'arc-en-ciel rappelle l'alliance établie avec la terre, lorsque le gouvernement fut institué; les colonnes de feu représentent la fermeté judiciaire, et la voix forte comme celle d'un lion qui rugit, c'est la frappante et terrible affirmation de ses droits, précédée de l'acte significatif par lequel il y comprend le monde entier, et suivie de l'expression complète de la puissance de Dieu.
Toutes ces choses, y compris le petit livre ouvert (lequel semblerait être la prophétie connue relativement à la cité et au temple), sont des figures qui s'accordent pleinement avec la prochaine reprise des relations du Seigneur avec Jérusalem et les Juifs, et le monde en général; mais pas une seule de ces figures, dans tout ce qu'elles impliquent, ne me paraît ressembler à l'évangile de la grâce de Dieu. Le ciel et l'Église sont entièrement laissés en dehors de la vision; il est question d'un peuple terrestre, et partant, de rois et de nations; c'est la reprise, non pas de l'évangélisation, bien moins encore de l'édification du corps de Christ, mais du témoignage prophétique ici-bas.

Le décret est publié. Le roi oint de Jéhovah est sur le point de prendre Sion, la montagne de sa sainteté, oui, les nations mêmes pour son héritage, et les parties les plus éloignées de la terre pour sa possession. Il n'a plus à faire des demandes au Père concernant les fils célestes, mais concernant le monde lui-même. Il n'a plus à mettre à part au moyen de la vérité pour associer avec Lui-même en haut, mais à briser les peuples avec une verge de fer et à les réduire en pièces comme le vaisseau du potier.
«Maintenant donc, ô rois, ayez de l'intelligence; juges de la terre, recevez instruction.» Voilà évidemment à quoi se rapporte la scène qui nous occupe. Tel est l'ordre de faits auquel elle sert de prélude. Si les Réformateurs eussent compris la haute vocation des saints, ou la nature, le caractère et les conséquences de notre union avec Christ dans les lieux célestes, il y aurait eu, de leur côté, contraste et non analogie. De fait, ce fut, je le répète, l'effet de leur manque d'intelligence spirituelle comme chrétiens et leur ressemblance avec des Juifs pieux, qui imprimèrent à leur oeuvre la ressemblance qu'on y trouve avec la scène que nous examinons.

Enfin, essayer d'établir une complète correspondance entre cette scène et la Réformation, c'est faire violence au sens, et je pourrais presque dire, tomber dans l'absurde. Car dans son empressement à appliquer le principe des allusions, comme on l'a nommé, l'auteur des Hora Apoc., n'aperçoit pas même la connexion des sept tonnerres avec Christ. Ce serait perdre une trop bonne occasion de faire allusion aux foudres du Vatican. Mais ici, chose étrange à dire et en opposition, me paraît-il, avec le principe même qui est invoqué, M. Elliot enlève ces tonnerres à Celui qui est le personnage principal de la vision et les applique exclusivement au Pape!
Le raisonnement sur lequel on appuie la proposition, si monstrueuse pour tout esprit qui n'est pas sous le poids écrasant d'un système, ce raisonnement me paraît manquer absolument de base, tout en n'étant pas indigne de l'adresse bien connue de M. Elliot.

1° La faculté possédée par les tonnerres de faire entendre leur voix, n'est pas sans précédents dans ce livre (Apoc. VI, 1), et de plus, les trompettes sont dites la posséder aussi (chap. VIII, 13). Comparez aussi Apoc. XVI, 7, pour l'autel.
Le parallèle supposé en Jean XII, 28, n'est certainement pas en faveur des Oracles papistes.

2° Le pronom réfléchi implique sans nul doute que les voix étaient bien proprement, les leurs, les sons propres aux tonnerres dont il est parlé; mais qu'elles fussent, en opposition avec le cri de l'ange, semblable au cri d'un lion qui rugit, c'est une induction au plus haut point contre nature.

Quoi que l'on pense de la théorie d'une allusion à Léon X, même dans ce cas, l'analogie de toutes les autres visions est en faveur de l'idée que cela se rapporte directement à la parfaite expression de la puissance divine, comme le sceau de Dieu sur l'affirmation que l'ange fait de son droit.

3° Il me paraît presque effrayant d'avancer que la proposition «ne les écris pas», implique que les voix n'étaient «pas les véritables paroles de Dieu, mais plutôt une fausseté et une imposture» (H. A. Vol. II, p. 105). La raison véritable est très-simple.
Ce que nous avons ici, c'est le fait général que «la voix de Jéhovah» fait écho aux droits que Christ fait valoir à la possession du monde; les détails ne doivent pas être écrits. L'apôtre Paul fut ravi dans le Paradis pour entendre des secrets qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer. Le prophète Jean allait écrire ce que les tonnerres annonçaient, mais la voix du ciel commande que les choses soient scellées, pas écrites - manière de faire des plus extraordinaires, si les paroles des voix sont supposées être les faux décrets de Rome, mais bien en harmonie avec cette conclusion que d'autreschoses seraient révélées encore, avant que la puissance de Dieu fût déployée et que les droits de Christ fussent validés par le jugement;

4° de là vient que je rejette entièrement, comme un corollaire de l'erreur précédente, l'idée qu'il y ait ici une allusion aux sept collines de Rome. Jusqu'ici, l'emploi du nombre sept dans l'Apocalypse a été entièrement indépendant de ce signe local, qui apparaît seulement au chap. XVII. où le contexte prouve que Rome est en question. Ici, pour la même raison du contexte, les collines romaines sont une intrusion, et l'idée de plénitude est le seul sens naturel;

5° cette remarque explique aussi la présence de l'article comme dans le cas des sept anges (chap. VIII) qui, je le présume, ne sont pas en rapport spécial avec cette ville. Quant à l'opinion que ce n'est qu'aux bulles papales que les sept tonnerres apocalyptiques aient jamais été appliqués, elle est naturelle à la région d'où elle vient; mais quand l'écrivain ajoute: «ou puissent jamais l'être,» il dépasse, pense-je humblement, la limite de la sagesse ou de la modestie. Nul de nous n'est la mesure de la connaissance divine, ni de ce que le Seigneur peut conférer. De plus, je confesse, moi tout le premier, mon incapacité à discerner, aidé même de l'argumentation particulière des Horae, la liaison spéciale du serment de l'ange, avec les convictionspuissantes des pères de la Réforme ou de leurs enfants protestants.
Savonarole et d'autres avant lui, paraissent avoir été occupés de la proximité du royaume de Christ, plus que Luther et ses collaborateurs. Ce qu'attendait le grand réformateur allemand, était plutôt la destruction du royaume du Pape par la parole seulement, et cela fondé sur le sens qu'il donnait à Daniel, tout aussi bien que sur saint Paul, c'est-à-dire, me semble-t-il, en contraste avec le livre ouvert et les choses qu'annonce l'ange de la manière la plus solennelle.
Mélanchthon n'a pas non plus mieux vu que Luther quand il a appliqué Daniel vu au mahométisme, et Daniel vin au papisme. Je ne puis davantage admettre que la prophétie, telle qu'elle est adressée à Jean et annoncée par les deux témoins, ou par n'importe quels autres, soit simplement l'acte d'exposer les Écritures et d'exhorter par elles, ainsi que le fait tout fidèle ministre de l'Évangile. En outre, prétendre que dans cette expression: «Va, prends le petit livre,» et dans cette autre: «Il faut que tu prophétises encore,» nous devons voir (et cette fois, cela va sans dire, non plus par allusion, mais réellement) une sorte de préfiguration de l'ordination des diacres pour annoncer l'évangile ou exercer le ministère chrétien, et la prise en main du Nouveau-Testament pour le traduire en languevulgaire; et plus encore, que saint Jean représentant les ministres fidèles de la formée cette époque, cela indique que ci se trouveraient dans le fil de la succession apostolique - prétendre, dis-je, et soutenir de telles choses, me fait plutôt l'effet de jouer avec les sentiments que de s'occuper d'une sérieuse exposition de ce chapitre.

Essayer d'appliquer les détails au passé, c'est révéler ce qu'il y a de peu satisfaisant dans le système protestant exclusif. J'ai déjà admis, à l'égard de la Réformation, dans l'application de l'Apocalypse à une longue période, une certaine portée assez précise pour faire voir qu'une oeuvre pareille n'avait pas été méconnue de Dieu. L'entier accomplissement littéral de toutes les paroles du Livre n'aura lieu qu'à la fin du siècle.

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