Quelques-uns se rappelleront une
ressemblance déjà remarquée
entre l'ordre des sceaux et l'ordre des trompettes.
Lorsque nous arrivons au sixième, dans l'une
et l'autre série, il y a une interruption de
l'espèce la plus intéressante.
Nous avons vu qu'après le sixième
sceau il y eut un épisode, non de jugement,
mais de grâce - Dieu intervenant en faveur de
l'homme, après la plus signalée des
convulsions parmi les hommes et les choses sur la
terre; et non-seulement cela, mais les puissances
mêmes des cieux furent aussi
ébranlées.
Puis nous avons vu Dieu nous montrant qu'au milieu
du jugement, il n'oublie pas d'être
miséricordieux; car il y a le scellement
d'un nombre complet choisi dans les douze tribus
d'Israël, et de plus, il y a la preuve claire
et touchante que les pauvres Gentils ne sont pas
oubliés.
Ainsi, quand le prophète regarde, il voit
une grande foule que personne ne pouvait
dénombrer, de toute nation, de toute tribu,
de tout peuple et de toute langue. Ils
étaient évidemment
délivrés par la
grande bonté de Dieu et sortaient de cette
terrible tribulation qui est encore à venir.
Or, au chap.
IX, nous avons eu la
sixième trompette, et, comme correspondant
à ce que nous avons vu pour les sceaux, il y
a une interruption entre elle et la
septième, qui est annoncée seulement chap.
XI, 15.
La vision décrite est d'un caractère
bien marqué et, en considération des
visions qui accompagnent les trompettes, bien
extraordinaire. Un ange puissant qui paraît
être le Seigneur lui-même descend du
ciel. C'est ainsi que nous avons vu dans un
précédent chapitre l'ange
sacrificateur devant l'autel d'or, donnant efficace
par des parfums aux prières des saints,
lesquelles il offrait à Dieu. Et personne ne
s'imaginera, je suppose, que Dieu confie ce service
du sanctuaire céleste à une simple
créature quelconque.
Dans l'Ancien Testament, Jéhovah a
occasionnellement revêtu une forme
angélique; et comme ce livre nous
ramène en grande partie aux sujets dont
traitent les Écritures juives, ce peut
être là une des raisons pour
lesquelles Christ prend ainsi la forme
angélique. Comme avant que les trompettes
sonnassent, l'ange qui donnait le signal
général a été vu sous
un caractère sacerdotal,
c'est revêtu de puissance qu'il
apparaît ici, préparant la voie du royaume.
En conséquence, il est entouré de
tout ce qui est de nature à faire ressortir
sa majesté. «Et je vis un autre ange
puissant, qui descendait du ciel, revêtu
d'une nuée.»
La nuée, comme se le rappellera quiconque
est familiarisé avec les idées et les
termes scripturaires, était le signe bien
connu de la présence de Jéhovah.
Lorsque le sang de l'Agneau eut été
répandu et qu'Israël fut conduit hors
du pays de servitude, Dieu lui-même marchait
devant eux comme l'ange de l'alliance, et la
nuée en était la forme visible ou le
témoignage
(Exode
XIII, 21; XXIII,
20, 23; XL,
36, 38; Nom.I).
L'ange que nous avons ici, présente bien des
caractères qui semblent indiquer la
présence même du Seigneur,
revendiquant son droit à la possession du
monde entier.
Vous pouvez vous souvenir d'un exemple remarquable
dans le Nouveau-Testament lui-même, au temps
où fut donnée en petit la
préfiguration du royaume qui vient. Qu'est-
ce donc qui rendait témoignage de la
présence immédiate de Dieu? et
qu'est-ce qui faisait trembler Pierre et Jean, tout
habitués qu'ils étaient à la
compagnie de Jésus et aux merveilleux effets
de sa puissance?
«Ils eurent peur comme ils entraient dans la
nuée,» parce que la nuée
était le signe particulier et connu de la
présence de Jéhovah. Ici donc, je
crois que ce n'était pas une simple
créature, mais le Créateur
lui-même qui prenait la forme d'un ange. Cela
pourrait bien aussi représenter le Seigneur
se retirant, si l'on peut ainsi
parler de tout ce qui eût
été de nature à le lier
manifestement et directement avec son peuple, et
cela pour une raison fort solennelle.
Son peuple, pendant la durée des trompettes,
est supposé avoir perdu - mais pas
entièrement toutefois - sa séparation
distinctive, et s'être plongé dans le
monde; en sorte que Dieu, moralement, ne pouvait
pas reconnaître d'une manière publique
sa relation avec Israël.
En Héb.
XI, il est dit de
certains croyants que Dieu ne prit point à
honte d'être appelé leur Dieu.
Hélas! il est des saints dont Dieu aurait
honte d'être appelé leur Dieu.
Il n'en était pas ainsi des premiers
patriarches, d'Abraham, d'Isaac et de Jacob: Dieu
était leur Dieu. Il ne se nomme jamais
Lui-même le Dieu de Lot. Cela donne
sérieusement matière à penser,
et nos coeurs doivent veiller contre quoi que ce
soit qui pourrait rendre Dieu honteux de s'appeler notre
Dieu. Il a été
déjà fait allusion à ceci,
quand nous avons remarqué que dans cette
série, il n'est jamais parlé du
Seigneur comme de l'Agneau, parce que le peuple de
Dieu se sera mélangé à un si
haut point avec les incrédules.
Lorsque ces jugements tomberont, les saints seront
tristement plongés dans le monde, de telle
façon qu'une grande partie des
châtiments tombera à la fois sur eux
et sur lui. Souvenez-vous aussi que le Seigneur
nous fait connaître les chutes de son peuple
afin que nous soyons avertis par
elles. Qu'il est triste de se servir de la
prophétie relative à
l'infidélité, dans le but de
justifier celle-ci, et d'attribuer à la
providence de Dieu les effets de notre
incrédulité!
Au temps des trompettes il y a un sinistre silence
relativement au peuple de Dieu. Il y a tout juste, chap.
IX, 4, une allusion au fait
qu'ils sont exemptés du tourment qui frappe
les apostats; mais c'est là le seul trait
distinctif qui se rapporte à eux
jusqu'à la parenthèse des chap.
X et XI.
Si vous appliquez les sceaux et les trompettes
à l'histoire passée du monde, la
signification en est si claire que la plupart des
chrétiens sérieux se sont
accordés sur les points principaux.
Constantin introduisit le christianisme par la
force des armes. La conséquence de ce fait
fut l'immense renversement du paganisme, avec des
témoignages indirects de miséricorde;
et le septième sceau fut suivi d'un silence
d'environ une demi-heure dans le ciel. Il n'y eut
pas là d'attente illusoire. Dieu savait que,
loin que le monde devînt réellement
meilleur par cet étonnant changement, tout
se terminerait par les effroyables
conséquences de l'abus, de la corruption et
du mépris de la grâce. Le vaste corps
qui avait échangé l'idolâtrie
contre la profession du christianisme
mûrirait pour le jugement. Ici, le
résultat immédiat est l'apparition de
ces trompettes. Et puis que voyons-nous?
Dieu a honte de la
chrétienté; le ciel est maintenant
dans le silence et pourtant nous savons qu'il y a
de la joie pour un pécheur qui vient
à repentance.
La chrétienté est devenue,
extérieurement au moins, un bourbier de
formes. Et où est le rocher du salut?
Hélas! une fois encore, il n'est rien
estimé. C'est en connexion avec cela, me
semble-t-il, qu'il n'est plus parlé du
Seigneur Jésus dans son caractère de
Fils de l'homme, et bien moins encore dans celui de
l'Agneau. S'il apparaît ici, c'est sous une
forme angélique. De même que
précédemment, et afin qu'on le
distinguât de tous les autres d'une
façon particulière, il tenait
l'encensoir devant l'autel d'or, ainsi que nous le
voyons ici y revêtu d'une nuée» -
le signe de la gloire de Jéhovah; «et
l'arc-en-ciel sur sa tête,»
c'est-à-dire le gage de l'alliance
invariable de Dieu avec la création.
«Son visage était comme le
soleil.» Le soleil est toujours le symbole de
la gloire suprême en gouvernement, et le
visage de cet ange est dit être semblable au
soleil: Il en fut de même sur la sainte
montagne
(Math,
XVII, 2), et lorsque Jean vit
de nouveau son Seigneur à Patmos
(Apoc.
I, 16).
«Ses pieds comme des colonnes de feu (vers,
angl.)» sembleraient indiquer que la
solidité représentée par
«la colonne» s'unit au complet et final
jugement, si constamment figuré par le
«feu.» Il pose son pied gauche sur la
mer, qui représente les
masses informes en dehors de cette partie du monde
qui est favorisée d'un témoignage et
d'un gouvernement divins, et sur laquelle il pose
son pied droit.
En d'autres termes, c'est le droit universel du
Seigneur sur les hommes, sur le monde. C'est une
déclaration publique de son droit, non par
rapport à l'Église, mais par rapport
à la terre: pas encore son investiture comme
Fils de l'homme, mais une action d'un
caractère providentiel, qui implique la
reprise d'un témoignage préparatoire
à l'acte par lequel il va bientôt se
saisir de la domination
universelle.
Maintenant, il y a un pas de plus à faire.
Ce n'est plus comme au chapitre V, Dieu assis sur
son trône et tenant dans sa droite le livre
scellé, puis l'agneau ouvrant le livre,
comme Celui qui a vaincu pour le faire. Et comment
a-t-il vaincu? Par la mort. Ce n'est pas par une
force humaine que l'homme de Dieu est vainqueur.
Les victoires qui brilleront avec le plus
d'éclat, sont celles qui auront
été jetées, pour ainsi dire,
au moule de la mort du Seigneur Jésus. Dans
le cas de l'homme si pauvre, si faible, il y a la
vie d'abord, et la mort ensuite, parce que par
nature nous sommes morts dans nos fautes et dans
nos péchés; mais dans le cas du
Seigneur Jésus, il y a premièrement
la mort, et ensuite la vie de résurrection.
et tel est le modèle que doit
réaliser la foi du
chrétien.
Notre vie tout entière comme croyants,
devrait s'exercer en conformité avec la
croix même qui a opéré notre
salut; car la croix est pour nous la puissance de
Dieu tout le long du chemin
(Gal.
VI). C'est Dieu qui nous a
donné de souffrir, après quoi vient
pratiquement la puissance; mais celle-ci ne vient
peut-être jamais qu'après que l'on a
plus ou moins éprouvé la faiblesse et
la souffrance
(2
Cor. XII; XIII,
4).
Un homme ne saurait remporter de victoires
chrétiennes, tant qu'il n'a pas pris place
dans la nudité et l'abaissement devant Dieu.
Il faut qu'il soit anéanti d'une
manière ou d'une autre, et heureux
sommes-nous, si nous sommes anéantis dans la
présence de Christ; car si ce n'est
là, il nous faudra être
anéantis par devant nous-mêmes, si
l'on peut ainsi dire, et peut-être par devant
les autres. Toutefois, au chap.
V, Christ ouvre le livre qui
était inintelligible à toute
pensée d'homme, et il nous montre, par le
moyen des sceaux, certains jugements de Dieu qui
sont si peu en dehors des événements
providentiels ordinaires, que nous les aurions
à peine tenus pour des jugements, si Dieu ne
nous eût ainsi dévoilé leur
véritable caractère. Mais l'Agneau
déploie tout, et nous voyons Dieu à
l'oeuvre pour introduire le royaume du
premier-né et mettre l'Héritier en
possession effective de
l'héritage.
Dans le chapitre que nous étudions, il y
a une différence. Ce
n'est pas un livre scellé que nous avons,
mais un livre ouvert: et c'est aussi, d'une
façon emphatique, un petit livre. Il n'y a
rien de mystérieux dans l'affaire. Il se
fait ici un grand changement dans l'Apocalypse. Au
lieu de consister comme ci-devant, en
événements qui étaient
l'oeuvre secrète de la main invisible de
Dieu, c'est une manifestation de sa puissance et de
son conseil à l'égard de son
peuple.
Tout devient parfaitement clair. Ce ne sont plus
des sauterelles emblématiques ayant un roi
(cf. Prov.
XXX, 27), ni d'étranges
chevaux et cavaliers extrêmement nombreux,
etc. C'est maintenant l'action ouverte, rapide et
décisive de Dieu. Voilà ce qui
constitue, je crois, la différence entre les
deux livres. Le premier était dans la main
de Dieu, et scellé, de sorte que nul ne
pouvait l'ouvrir, excepté l'Être
béni qui a tout souffert pour la gloire de
Dieu. Ici, il s'agit d'un livre ouvert, que le
prophète prend de la main de l'ange, et
immédiatement après nous n'avons plus
les figures secrètes ou énigmatiques
des premières visions, mais le temple, la
sainte cité, les nations la foulant aux
pieds - tout cela comme preuve évidente que
Dieu agit sur les Juifs.
Nous avons vu précédemment le sceau
appliqué sur un certain nombre pris dans
chaque tribu d'Israël, dispersé, je
pense, dans le monde entier. Mais ici
(ch.
XI), nous arrivons à un
cercle plus restreint, où
les dispensations de
Dieu
sont concentrées sur Jérusalem, le
sanctuaire, l'autel, les adorateurs, les deux
témoins, etc., et où aussi elles sont
si clairement exposées, qu'il n'y a
pas.à se tromper sur ce que Dieu entend par
elles.
La Bête, comme telle, paraît
également ici, en opposition terrible et
sans déguisement contre Dieu et ses
serviteurs. Et évidemment le Seigneur
Jésus montre que le temps approche auquel Il
doit prendre toutes choses en main. Ce livre-ci est
donc un livre ouvert, parce que tout ce qu'il
contient est parfaitement simple; et c'est un
très-petit livre, parce qu'il ne s'applique
qu'à un temps fort court et à un
cercle fort
restreint.
«Et il cria à haute voix comme un lion
qui rugit; et quand il cria, les sept tonnerres
firent entendre leurs propres voix. Et quand les
sept tonnerres eurent parlé, j'allais
écrire, et j'entendis une voix du ciel,
disant: scelle les choses que les sept tonnerres
ont prononcées et ne les écris
point»
(vers.
3-4).
«Le lion rugira-t-il dans la forêt, s'il
n'y a quelque proie? Le lionceau jettera-t-il son
cri de son gîte, s'il n'a pris quelque
chose?... Le cor sonnera-t-il par la ville, sans
que le peuple en soit tout effrayé? ou y
aura-t-il dans la ville quelque mal que
l'Éternel n'ait fait? Car le Seigneur ne
fera aucune chose qu'Il n'ait
révélé son secret aux
prophètes ses serviteurs. Le lion a rugi:
qui ne craindra? Le Seigneur
l'Éternel a parlé: qui ne
prophétisera?»
(Amos
III).
Je ne puis considérer ce passage du
prophète juif, que comme jetant du jour dans
ses divers points, sur la vision que nous
examinons. De plus, dans l'Ancien Testament, le
tonnerre est toujours l'expression de
l'autorité de Dieu en matière de
jugement. Nous sommes appelés à
écouter cette déclaration terrible
des jugements de Dieu. Jean était sur le
point d'écrire, mais une voix du ciel le lui
défend. Il ne devait pas communiquer les
détails de ce que Dieu allait maintenant
faire. Mais l'ange «leva sa main droite vers
le ciel et jura par Celui qui est vivant aux
siècles des siècles, lequel a
créé le ciel... qu'il n'y aurait plus
de délai, mais qu'aux jours de la voix du
septième ange, quand il sonnera de la
trompette, le mystère de Dieu sera aussi
terminé, comme il a été
déclaré à ses esclaves les
prophètes.»
(vers.
5-7).
En général, on se fait une
idée extrêmement vague de ces mots
«qu'il n'y aurait plus de temps.»
Beaucoup s'imaginent que cela signifie que le temps
serait alors tout près de finir et
l'éternité de commencer. Mais ce
n'est pas du tout là le sens, et cet exemple
montre combien il est important de chercher la
lumière auprès de Dieu. Le sens est
que Dieu ne laisserait pas davantage le temps
couler, avant d'intervenir dans le cours de
ce monde. Ce n'est pas que
l'éternité dût
tout-à-coup commencer, mais qu'il n'y aurait plus
de
laps de temps, avant les dernières
sommations de Dieu au monde et l'introduction d'une
dispensation nouvelle, dans laquelle il agira d'une
manière ouverte avec les hommes sur la
terre.
Depuis la réjection et l'ascension du
Seigneur Jésus-Christ, les hommes -
«ses concitoyens» - ont envoyé
après lui une ambassade, disant, au moins
dans leurs coeurs: «Nous ne voulons pas que
celui-ci règne sur nous.» Telle a
été toujours la voix du monde depuis
que Christ s'en est allé dans un pays
éloigné. Le désir réel
de l'homme est de se débarrasser de Christ,
et, en général, l'homme croit qu'il
en est débarrassé. Aussi n'est-ce pas
étonnant qu'il n'aime pas à entendre
parler de son retour en puissance et en gloire; car
l'Écriture déclare
expressément, que Christ doit juger l'homme,
et l'homme n'aime pas à paraître
devant son juge. De là vient qu'il
éloigne autant que faire se peut, la
pensée de la venue de Christ pour juger le
péché et les pécheurs.
Le Seigneur donne à entendre ici, que sous
peu, un terme sera mis au délai actuel. Tout
le temps que Christ est loin, à la droite,
il y a suspension de jugement. Mais Dieu sympathise
profondément avec son peuple dans la
souffrance qu'il endure pendant l'intervalle de la
réjection de Christ, et maintenant il ne
permettra plus qu'un pareil
étatde choses se continue
davantage - de sorte qu'il y a des signes et des
témoignages évidents que le Seigneur
vient pour agir contre ses ennemis.
L'ange puissant jure qu'il n'y aurait plus de
nouveau délai - non pas avant
l'éternité, mais avant le jour du
Seigneur. L'espace ou délai, dont il est ici
parlé, c'est le jour de l'homme, et quand
celui-là finit, le jour du Seigneur
commence, jour qui, dans l'Écriture, n'est
jamais confondu avec l'éternité parce
qu'il a une fin, tandis que, cela va sans dire,
l'éternité ne peut jamais finir.
La force réelle de l'expression,
considérée sous toutes ses faces, est
donc «qu'il n'y aurait plus de
délai.» Et remarquez les paroles du
verset suivant: «Mais qu'aux
jours de la voix du septième ange,
quand il sonnera de la trompette, le mystère
de Dieu sera aussi terminé,» etc.
Ceci contredirait d'emblée la pensée
que l'éternité doit suivre
immédiatement après. Au contraire,
après ceci, vient en plein le
millénium; après le millénium,
une courte période, et ensuite
l'éternité. Quelquefois les
âmes sont empêchées d'entrer
dans la vérité de Dieu, par un seul
petit mot, et je crois que tel a été
le cas pour ce passage. Souvent, lorsqu'un
léger point est éclaire!, des
monceaux de difficultés
disparaissent.
Dieu mettra un terme au délai actuel:
«le mystère de Dieu» sera alors
terminé. Ceci me
paraît signifier le secret par lequel il a
permis à Satan d'avoir sa voie propre,
et à l'homme aussi; c'est-à-dire,
cette chose étonnante de voir
prospérer le mal et fouler aux pieds le
bien.
Dieu, sans doute, réprime le mal
jusqu'à une certaine mesure, en partie par
le moyen du gouvernement humain et en partie par
ses propres dispensations providentielles. Et, en
vérité, c'est une immense grâce
qu'un tel frein soit posé à la malice
de ce monde; car sans cela, qu'adviendrait-il
là où, au milieu même de
répressions providentielles de Dieu, la
méchanceté est si souvent
triomphante, et la piété si souvent
jetée à terre?
Toutefois il y a une influence du mal qu'aucun
gouvernement ne peut déraciner, et le bien
qui existe est contrefait, en sorte qu'il n'y a que
peu ou point d'influence. Voilà ce qui nous
paraît si mystérieux, lorsque nous
connaissons Dieu et savons combien Il hait le mal.
Mais cela va bientôt finir. Dieu est
près de porter la main contre tout ce qui
est contraire à Lui-même, d'introduire
tout ce qui a été promis dès
le commencement et de mettre le sceau de son
approbation sur tout ce qui aura été
fait selon Lui. Et cela, Il va le faire par son
Fils. Celui que l'homme a méprisé et
rejeté, est celui-là même que
Dieu enverra pour mettre fin à la confusion
actuelle et ranger toutes choses dans un ordre
resplendissant de sainteté et
d'harmonie.
Il ne faut pas confondre «le mystère de
Dieu,» avec le mystère de sa
volonté
(Eph.
I, 9). Ce dernier est celui qui
a toujours été près de son
coeur, car il renferme non seulement la gloire de
l'Église, mais celle de Christ. Il est
«selon son bon plaisir, lequel il s'est
proposé en Lui-même;» il n'y a
personne qui l'ait suggéré. C'est le
fait de sa propre volonté. Et quel est le
mystère de sa volonté? «Qu'en
l'administration de la plénitude des temps,
il réunit en un toutes choses dans le
Christ, tant les choses qui sont dans les cieux que
celles qui sont sur la terre, en Lui.»
Toutes ces choses que Satan a maintenant
dispersées, seront réunies en un,
sous Christ. Alors la bonté et la
vérité se rencontreront, la justice
et la paix s'entrebaiseront. Ceci est vrai du
croyant dès à présent, pour
autant qu'il s'agit de sa réconciliation
avec Dieu. Satan insinue bien ceci: Comment
serait-ce vrai, en présence de tant de mal
au dedans? C'est là une chose qui
pénètre droit à la conscience
de l'homme qui doute de Dieu, et même de
celui qui craint Dieu, s'il regarde à
lui-même. Quand je regarde à moi, de
pareils doutes peuvent bien s'élever, mais
jamais si je regarde à Christ. Christ seul a
titre pour me donner du repos devant Dieu. Christ
seul peut dissiper les vagues et les vents. Satan a
dressé l'homme contre Dieu en toute
manière, même contre la bonté
qui procède de Lui; mais
Dieu ne veut pas permettre que cela
dépasse une certaine limite.
Quoiqu'il soit permis à Satan, par son
opposition, de traverser les plans de Dieu dans le
temps actuel, cependant toutes les voies dans
lesquelles Dieu a agi sur la terre depuis le
commencement, sont destinées à
triompher, et à triompher toutes ensembles
à la fin
(Osée
II, 21-23).
Ainsi l'homme a été établi en
Adam, le gouvernement a été mis entre
les mains de Noé, l'appel de Dieu a
été donné à Abraham, il
y a eu la longue et patiente épreuve de la
loi, et finalement, il y a la mission de son Fils
et de son Esprit.
Toutes ces choses, pour ainsi dire, sont des
courants émanés de Dieu et qui ont
coulé à travers cette terre. Ils ont
été corrompus ou repoussés par
l'homme dès le commencement, et par la
puissance de l'ennemi, les hommes abuseront de ces
dispensations mêmes de Dieu, pour amener la
conspiration la plus audacieuse et la plus fatale
que le monde ait jamais vue - Satan et l'homme
associés contre Dieu, qui permettra à
tout ce mal de jaillir et alors y mettra fin par le
jugement. C'est là la consommation du
mystère.
Mais ce qui est appelé «le
mystère de sa volonté,» n'est
pas le sujet de la prophétie. Christ sera le
chef de toute bénédiction et
assemblera toutes choses en
bénédiction réunie, sous sa
propre primauté, toutes les
choses que Satan se sera
efforcé de gâter. Tout ce que Dieu
créa originairement était simplement
placé dans une condition d'innocence; mais
ce que le Seigneur Jésus-Christ
opérera à la fin, la
réconciliation de toutes choses, sera
ce à quoi Satan ne pourra pas porter
atteinte. Toutes choses seront réunies en
un, en Christ le Chef.
Laissez-moi encore établir un autre point.
Dans ce mystère de la volonté de
Dieu, nous ne sommes pas seulement appelés
à être bénis sous
Christ, mais afin de posséder en plein le
caractère de la bénédiction,
nous sommes bénis avec
Lui; c'est ce que nous avons dans
l'épître aux Éphésiens.
Nous ne sommes pas une espèce
d'héritage pour Christ, mais nous sommes
cohéritiers avec Lui. Dans ce grand
mystère de Dieu, en Christ, il y a deux
pensées - la primauté
universelle de Christ, et l'union de
l'Église avec Lui.
Pour nous,
il n'y a rien de pareil à l'idée que
nous devons être réunis en un sous la
puissance de Christ; mais toutes
les choses qui furent jamais, sont
destinées à être réunies
sous sa primauté, et, pensée
merveilleuse! l'Église est appelée
à partager toute cette gloire avec Lui.
Ce n'est pas ce qui appartient à Christ
comme personne divine, mais ce qui lui revient
comme prix de la rédemption, et cette oeuvre
même lui donne le droit de conférer
cette gloire à quiconque Dieu veut.
L'Église est unie comme le corps, et
l'épouse de Celui qui est
Seigneur de tout. Elle est l'Eve du second Adam. En Ephés.
V, Paul traite
particulièrement la dernière partie
de ce sujet. Christ doit se la présenter
à Lui-même Église glorieuse,
n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable. Le
grand mystère, ici dévoilé,
c'est la proximité, l'amour,
l'intimité de la relation d'époux
à épouse entre Christ et
l'Église.
Dans l'épître aux Colossiens, vous
avez la même chose rapportée
(Col.
II, 2): «Pour la
connaissance du mystère de Dieu (et du
Père et de Christ)»
(vers.
ang.). Ces derniers mots ont
été insérés sans
autorité, et quand on essaie de corriger
l'Écriture, on ne fait que l'endommager. Il
est parlé en Colossiens, chap.
I, (vers. 26), d'un certain
grand mystère.
Le terme mystère, signifie un secret; ce
peut ne pas être un secret maintenant, mais
ce mot indique que la chose en question en a
été un. Où il y a quelque
chose qu'on ne comprend pas, on est porté
à dire: «c'est un mystère.»
Mais dans l'Écriture ce terme désigne
une vérité que Dieu a tenue
cachée, mais qui ne l'est plus
désormais; quelque chose que les saints ne
connaissent pas comme hommes, ou comme Juifs, mais
que Christ devait leur apprendre comme
chrétiens.
Ici paraît un autre grand mystère:
(vers.
27) «auquel Dieu a voulu
donner à connaître quelles sont les
richesses de la gloire de ce mystère
parmi les nations, c'est
à savoir Christ en vous, l'espérance
de la gloire.»
Si nous prenons la prédiction qui est faite
de Christ dans l'Ancien Testament, c'est une erreur
d'appeler cela un mystère, car elle
était, certes, bien assez claire. Que
proclamaient les prophètes Juifs? La venue
d'un Messie qui devait régner sur eux, et
qui associerait le salut avec son caractère
de «grand Roi.» Ce qu'ils ne comprenaient
pas, quoique révélé,
c'était son humiliation et sa mort. Il a
été pour eux une pierre
d'achoppement. Mais le «mystère»
est une expression qui n'est jamais
appliquée à la mort et à la
résurrection de Christ. Cela n'était
pas du tout un secret,.mais c'est, au contraire,
clairement prédit en Ésaïe
LIII; Ps:
XVI, XXII,
LXIX,
CVI
et en beaucoup d'autres
passages.
Le mystère était que, pendant le
rejet de Christ par son peuple et pendant la
durée de son exaltation dans le ciel, Dieu
le ferait devenir la tête d'un corps
céleste, choisi par sa grâce parmi
tous-Juifs et Gentils. De cela il n'en est pas
traité dans l'Ancien Testament. Il y avait
certaines choses que nous pouvons maintenant
montrer comme en étant des types; mais ces
choses n'eussent jamais projeté la moindre
lumière sur cette vérité, si
le mystère n'avait pas été
donné à connaître. Dans ce
temps-là, il n'y avait rien, même
comme prédiction, qui ressemblât
à l'état de choses actuel de Juifs et
Gentils, bénis ensembleen
un seul corps; et voilà la raison pourquoi
c'est appelé «le mystère qui
avait été caché dès les
siècles et dès les
générations.»
C'était un secret caché en Dieu,
auquel les prophètes ne touchèrent
pas. Lorsque les Juifs auront leur Messie, ce ne
sera pas comme étant l'espérance de
la gloire, mais comme étant celui-là
même qui introduit la gloire.
Lorsque sera venu le temps de
bénédiction qu'ils attendent, il n'y
aura pas de doute à avoir là-dessus,
car tout sera manifesté, tant pour les amis
que pour les ennemis; ce ne sera pas davantage une
espérance, mais la manifestation effective
de la gloire au milieu d'eux. Mais maintenant Dieu
opère parmi les Gentils une oeuvre d'un
caractère spécial, tandis que les
Juifs sont rejetés. Les Gentils ont Christ
actuellement, non pas comme apportant la gloire
visible sur la terre, ainsi que ce sera le cas
bientôt parmi les Juifs; mais ils ont Christ
en eux, l'espérance de la gloire toute
prochaine, et cela dans le
ciel.
Il est possible que le terme «le
mystère de Dieu» soit employé
dans notre chapitre, parce que c'est
spécialement pendant le temps de
non-intervention à l'égard du monde,
que Dieu a produit ce merveilleux secret concernant
Christ et l'Église. Ici, c'en est fait de ce
temps-là. Toutefois ce mystère par
lequel il est permis au mal de prospérer,
cette passivité de Dieu par laquelle il
n'empêche pas que le mal
ait la haute main et que le bien soit foulé
aux pieds, se continue pour un certain temps. Ceci
prendra fin, comme Il en a déclaré la
bonne nouvelle à ses esclaves les
prophètes.
La voix parle de nouveau et dit: «Va, prends
le petit livre ouvert qui est dans la main de
l'ange» etc.
(vers.
8).
En conséquence, Jean prend le livre, et
après l'avoir dévoré, le
trouve dans sa bouche doux comme du miel, mais
lorsqu'il en sonde le contenu et en digère
les résultats, combien il est amer
au-dedans! Ainsi en est-il et en sera-t-il.
Quand nous voyons comment Dieu accomplira toutes
choses, nous devons être peinés en
pensant à ce qui est réservé
à l'homme, comme nous devons l'être,
en effet, quand nous savons avec quelle
persévérance il se rebelle contre
Dieu, et méprise même la
miséricorde dont il est
l'objet.
Le Seigneur veuille que ce dont il s'est servi pour
débarrasser notre position de tout principe
terrestre et pour réveiller un juste
gentiment de la parfaite dignité de la place
qu'il nous a donnée, soit imprimé sur
nos coeurs! Personne n'est dans une position
d'aussi grande responsabilité que ceux qui
sont occupés des choses célestes. Et
ne supposons pas qu'une position quelconque ou
même la vérité, puisse
d'elle-même garder une âme: rien ne le
peut, sinon l'Esprit de Dieu. Et jamais l'Esprit de
Dieu ne gardera une âme, là
où il n'y a pas de
dépendance et où le moi
n'est
pas jugé. Il est venu pour glorifier Christ.
Que le Seigneur nous accorde de veiller et de
prier! Car, tandis que la vérité a
pour but de séparer du monde, cependant
où l'on en fait abus, et où elle
n'est rien que cette connaissance qui enfle, on est
préparé pour les plus mauvais
résultats.
Il reste, comme à l'ordinaire, à
ajouter quelques mots sur la mesure
d'accomplissement que cette vision
parenthétique a déjà
reçue. Je ne suis pas disposé
à mettre en doute qu'elle ait trait, dans
son application générale, à
cette merveilleuse et divine intervention: la
Réformation.
L'empire d'Orient avait depuis quelque temps
succombé à la furieuse attaque des
Turcs. L'Occident n'était pas d'une ombre
moins impénitent et moins imbu
d'idolâtrie et d'imposture qu'auparavant,
lorsque cette subite lumière d'en-haut parut
sur l'Europe étonnée. Ce n'est pas
que la grâce de Christ ait été
profondément réalisée ou
réfléchie dans la Réformation.
Le témoignage de son principal conducteur,
Luther, a plutôt ressemblé aux
éclairs et aux tonnerres de Sinaï, et
tenu trop souvent de la terre bien plus que du
ciel. De fait, c'est ce caractère
relativement terrestre qui fait que les fauteurs de
l'école historique trouvent tant de
coïncidences apparentes entre cette grande
oeuvre et la vision qui est devant nous. C'est
justement parce que Luther s'est
si fortement rapproché, non
de la
ligne de ministère de Paul, mais du
témoignage prophétique de
Jésus, lequel doit être rendu par les
témoins du dernier jour, qu'il y a tant de
points communs entre le caractère de sa vie
et la tendance de ses travaux, et les
prédictions de ce que ces témoins
doivent enseigner, faire et souffrir
ci-après. L'idée de comparer cette
vision avec la propagation de l'évangile et
la formation de l'Église à la
Pentecôte, est, je ne puis penser autrement,
une erreur fort
grossière.
De plus, est-il vrai qu'il n'y ait pas, dans la
vision, un détail auquel la
Réformation ne réponde exactement?
Est-ce que le resplendissement du Soleil de justice
implique une nouvelle publication de son évangile?
Je ne doute pas que la pleine signification de la
vision ne renferme un témoignage public
à l'arrivée du «jour»; mais
pour cette raison même, l'évangile de
la grâce est exclu, ainsi que peut le voir
toute personne spirituelle qui examine sans
préjugé Malachie
IV. Car l'essence de
l'évangile est que par lui, Dieu justifie
l'impie et
sauve le perdu;
au
lieu que nous lisons: «c'est pour vous (le
résidu pieux d'entre les Juifs), que se
lèvera le soleil de justice, avec la
santé dans ses rayons; vous sortirez et vous
prendrez de l'embonpoint, comme de jeunes boeufs
que l'on engraisse. Et vous foulerez les
méchants, car ils seront
comme de la cendre sous les plantes de vos pieds,
au jour que je ferai mon oeuvre, a dit
l'Éternel des armées. Souvenez-vous
de la loi de Moïse, mon serviteur.» Il
peut y avoir une certaine ressemblance entre ceci
et les motifs et le but, les aspirations, la
carrière, le cours des travaux, le genre
d'action (pas l'issue toutefois) des
Réformateurs les plus belliqueux; mais dans
la proportion même de cette ressemblance,
c'est l'opposé de l'évangile, ou de
la conduite pratique qui en découle et lui
est conforme.
En outre, la nuée rappelle la
délivrance
d'Israël,
comme l'arc-en-ciel rappelle l'alliance
établie avec la terre,
lorsque le gouvernement fut institué; les
colonnes de feu représentent la
fermeté judiciaire, et la voix forte comme
celle d'un lion qui rugit, c'est la frappante et
terrible affirmation de ses droits,
précédée de l'acte
significatif par lequel il y comprend le monde
entier, et suivie de l'expression complète
de la puissance de Dieu.
Toutes ces choses, y compris le petit livre ouvert
(lequel semblerait être la prophétie
connue relativement à la cité et au
temple), sont des figures qui s'accordent
pleinement avec la prochaine reprise des relations
du Seigneur avec Jérusalem et les Juifs, et
le monde en général;
mais pas une
seule de ces figures, dans tout ce qu'elles
impliquent, ne me paraît ressembler à
l'évangile de la grâce de Dieu. Le
ciel et l'Église sont
entièrement laissés en dehors de la
vision; il est question d'un peuple terrestre, et
partant, de rois et de nations; c'est la reprise,
non pas de l'évangélisation, bien
moins encore de l'édification du corps de
Christ, mais du témoignage
prophétique ici-bas.
Le décret est publié. Le roi oint de
Jéhovah est sur le point de prendre
Sion, la montagne de sa sainteté, oui, les
nations mêmes pour son héritage,
et les parties les plus éloignées de
la terre pour sa possession. Il n'a plus à
faire des demandes au Père concernant les
fils célestes, mais concernant le monde
lui-même. Il n'a plus à mettre
à part au moyen de la vérité
pour associer avec Lui-même en haut, mais
à briser les peuples avec une verge de fer
et à les réduire en pièces
comme le vaisseau du potier.
«Maintenant donc, ô rois, ayez de
l'intelligence; juges de la terre, recevez
instruction.» Voilà évidemment
à quoi se rapporte la scène qui nous
occupe. Tel est l'ordre de faits auquel elle sert
de prélude. Si les Réformateurs
eussent compris la haute vocation des saints, ou la
nature, le caractère et les
conséquences de notre union avec Christ dans
les lieux célestes, il y aurait eu, de leur
côté, contraste et non analogie. De
fait, ce fut, je le répète, l'effet
de leur manque d'intelligence spirituelle comme
chrétiens et leur ressemblance avec des
Juifs pieux, qui imprimèrent à leur
oeuvre la ressemblance qu'on y
trouve avec la scène que nous
examinons.
Enfin, essayer d'établir une complète
correspondance entre cette scène et la
Réformation, c'est faire violence au sens,
et je pourrais presque dire, tomber dans l'absurde.
Car dans son empressement à appliquer le
principe des allusions, comme on l'a nommé,
l'auteur des Hora Apoc., n'aperçoit pas
même la connexion des sept tonnerres avec
Christ. Ce serait perdre une trop bonne occasion de
faire allusion aux foudres du Vatican. Mais ici,
chose étrange à dire et en
opposition, me paraît-il, avec le principe
même qui est invoqué, M. Elliot
enlève ces tonnerres à Celui qui est
le personnage principal de la vision et les
applique exclusivement au Pape!
Le raisonnement sur lequel on appuie la
proposition, si monstrueuse pour tout esprit qui
n'est pas sous le poids écrasant d'un
système, ce raisonnement me paraît
manquer absolument de base, tout en n'étant
pas indigne de l'adresse bien connue de M.
Elliot.
1° La faculté possédée
par les tonnerres de faire entendre leur voix,
n'est pas sans précédents dans ce
livre
(Apoc.
VI, 1), et de plus, les
trompettes sont dites la posséder aussi
(chap.
VIII, 13). Comparez aussi Apoc.
XVI, 7, pour l'autel.
Le parallèle supposé en Jean
XII, 28, n'est certainement pas
en faveur des Oracles papistes.
2° Le pronom réfléchi implique
sans nul doute que les voix
étaient bien proprement, les leurs, les sons
propres aux tonnerres dont il est parlé;
mais qu'elles fussent, en opposition avec le cri de
l'ange, semblable au cri d'un lion qui rugit, c'est
une induction au plus haut point contre nature.
Quoi que l'on pense de la théorie d'une allusion
à Léon X, même dans ce cas,
l'analogie de toutes les autres visions est en
faveur de l'idée que cela se rapporte
directement à la parfaite expression de la
puissance divine, comme le sceau de Dieu sur
l'affirmation que l'ange fait de son droit.
3° Il me paraît presque effrayant
d'avancer que la proposition «ne les
écris pas», implique que les voix
n'étaient «pas les véritables
paroles de Dieu, mais plutôt une fausseté
et une imposture»
(H. A. Vol. II, p. 105). La raison véritable
est très-simple.
Ce que nous avons ici, c'est le fait
général que «la voix de
Jéhovah» fait écho aux droits
que Christ fait valoir à la possession du
monde; les détails ne doivent pas être
écrits. L'apôtre Paul fut ravi dans le
Paradis pour entendre des secrets qu'il n'est pas permis à
l'homme d'exprimer. Le prophète Jean allait
écrire ce que les tonnerres
annonçaient, mais la voix du ciel commande
que les choses soient scellées, pas
écrites - manière de faire des plus
extraordinaires, si les paroles des voix sont
supposées être les faux décrets
de Rome, mais bien en harmonie avec cette
conclusion que d'autreschoses
seraient révélées encore,
avant que la puissance de Dieu fût
déployée et que les droits de Christ
fussent validés par le jugement;
4° de là vient que je rejette
entièrement, comme un corollaire de l'erreur
précédente, l'idée qu'il y ait
ici une allusion aux sept collines de Rome.
Jusqu'ici, l'emploi du nombre sept dans
l'Apocalypse a été entièrement
indépendant de ce signe local, qui
apparaît seulement au chap.
XVII. où le contexte
prouve que Rome est en question. Ici, pour la
même raison du contexte, les collines
romaines sont une intrusion, et l'idée de
plénitude est le seul sens naturel;
5° cette remarque explique aussi la
présence de l'article comme dans le cas des
sept anges (chap. VIII) qui, je le présume,
ne sont pas en rapport spécial avec cette
ville. Quant à l'opinion que ce n'est qu'aux
bulles papales que les sept tonnerres
apocalyptiques aient
jamais été
appliqués, elle est naturelle
à la région d'où elle vient;
mais quand l'écrivain ajoute: «ou
puissent
jamais l'être,» il
dépasse, pense-je humblement, la limite de
la sagesse ou de la modestie. Nul de nous n'est la
mesure de la connaissance divine, ni de ce que le
Seigneur peut conférer. De plus, je
confesse, moi tout le premier, mon
incapacité à discerner, aidé
même de l'argumentation particulière
des Horae, la liaison spéciale du serment de
l'ange, avec les
convictionspuissantes des
pères de la Réforme ou de leurs
enfants protestants.
Savonarole et d'autres avant lui, paraissent avoir
été occupés de la
proximité du royaume de Christ, plus que
Luther et ses collaborateurs. Ce qu'attendait le
grand réformateur allemand, était
plutôt la destruction du royaume du Pape par
la parole seulement, et cela fondé sur le
sens qu'il donnait à Daniel, tout aussi bien
que sur saint Paul, c'est-à-dire, me
semble-t-il, en contraste avec le livre ouvert et
les choses qu'annonce l'ange de la manière
la plus solennelle.
Mélanchthon n'a pas non plus mieux vu que
Luther quand il a appliqué Daniel vu au
mahométisme, et Daniel vin au papisme. Je ne
puis davantage admettre que la prophétie,
telle qu'elle est adressée à Jean et
annoncée par les deux témoins, ou par
n'importe quels autres, soit simplement
l'acte d'exposer les Écritures et d'exhorter
par elles, ainsi que le fait tout fidèle
ministre de l'Évangile. En outre,
prétendre que dans cette expression:
«Va, prends le petit livre,» et dans
cette autre: «Il faut que tu
prophétises encore,» nous devons voir
(et cette fois, cela va sans dire, non plus par
allusion, mais réellement) une sorte de
préfiguration de l'ordination des diacres
pour annoncer l'évangile ou exercer le
ministère chrétien, et la prise en
main du Nouveau-Testament pour le traduire en
languevulgaire; et plus encore,
que saint Jean représentant les ministres
fidèles de la formée cette
époque, cela indique que ci se trouveraient
dans le fil de la succession apostolique -
prétendre, dis-je, et soutenir de telles
choses, me fait plutôt l'effet de jouer avec
les sentiments que de s'occuper d'une
sérieuse exposition de ce chapitre.
Essayer d'appliquer les détails au
passé, c'est révéler ce qu'il
y a de peu satisfaisant dans le système
protestant exclusif. J'ai déjà admis,
à l'égard de la Réformation,
dans l'application de l'Apocalypse à une
longue période, une certaine portée
assez précise pour faire voir qu'une oeuvre
pareille n'avait pas été
méconnue de Dieu. L'entier accomplissement
littéral de toutes les paroles du Livre
n'aura lieu qu'à la fin du
siècle.
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