Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VIII

-------

Il est évident pour moi que l'ouverture du septième sceau est suivie d'une pause courte mais solennelle qui introduit encore une nouvelle série de jugements divins. «Et lorsqu'il eut ouvert le septième sceau, il se fit un silence au ciel, d'environ une demi-heure. Et je vis les sept anges qui se tenaient devant Dieu, et il leur fut donné sept trompettes.»
Les jugements qui nous sont présentés ici ont un caractère un peu différent de celui des sceaux. En premier lieu, les sceaux semblent en général avoir une étendue plus grande, mais les coups n'étaient pas aussi rudes.
Il est vrai qu'en
Apoc. VI, 8, le coup frappé alors était limité, quant à son étendue, à la quatrième partie, mais il n'y avait pas de restriction pareille dans les autres cas, tandis que dans la plupart des trompettes, ce n'est, sauf quelques petites exceptions, que là troisième partie qui est frappée. Il est donc possible que le champ qu'embrassent les trompettes ait moins d'étendue que celui des sceaux, mais on verra tout à l'heure que les jugements qu'elles annoncent ont bien plus d'intensité. En outre, le nom lui-même indique une différence.

La trompette est l'expression d'un appel de Dieu éclatant et solennel. C'est Dieu sommant les homme, à comparaître, car s'ils ont rejeté sa grâce il faut qu'ils entendent, lors même qu'ils les oublient, les rudes avertissements de l'approche de son jugement.
Les sceaux n'auraient pas pu être aussi facilement considérés par leur nature et leur ordre comme des interventions divines, directes, si Dieu ne nous eût déclaré d'avance qu'ils étaient bien cela. En eux-mêmes, ils étaient les avant-coureurs, et spécialement les quatre premiers, d'événements désastreux, mais non sans précédents. Mais lorsque nous arrivons aux trompettes, il n'est pas aussi nécessaire d'annoncer que ce sont des jugements dispensés d'en haut. Leur retentissement, ou la sommation qu'elles adressent, est de toute clarté et du caractère le plus pressant: impossible aux hommes de s'y méprendre.Mais nous devons signaler une autre différence remarquable et d'une nature plus spirituelle. Dans ces scènes nouvelles nous n'apercevons plus l'Agneau. Il n'est point parlé du Seigneur Jésus dans ce caractère-là, pendant que ces jugements de destruction ont leur cours.
Cette circonstance suppose et annonce un changement considérable, et nous avons à rechercher ce que Dieu veut que nous apprenions par là. Si parfois le Seigneur Jésus intervient, c'est sous un autre aspect, et non pas comme l'Agneau. Ce n'est pas l'Agneau, mais un ange qui prend l'encensoir d'or. Je ne nie point que cela est relatif à Christ, mais c'est à Christ envisagé dans ses rapports avec les anges, ou au moins sous une forme angélique.
Il est présenté ici dans une position plus éloignée que celle dans laquelle l'ait jamais connu et le connaisse l'Église, ou le Chrétien comme tel. En
Héb. II, le Saint-Esprit argumente du fait que Christ a pris la place de l'homme. «Car certes il ne prend pas les anges» etc., c'est-à-dire qu'il ne se charge pas des anges; ils n'étaient point l'objet de l'appel de Dieu, ni de sa rédemption. Jésus s'est chargé de la semence d'Abraham, il a pris son affaire en mains, et à cause de cela, «puisque les enfants ont part à la chair et au sang, lui aussi semblablement y a participé.» Il ne s'est point chargé de la cause des anges. Il ne soutient pas de relation avec eux sur ce pied-là.

Cependant il n'y a rien, à ce qu'il me semble, de contradictoire dans l'idée que c'est le Seigneur Jésus qui est présenté dans notre
chap. VIII, comme l'ange officiant à l'autel, car Il est véritablement le Chef de toute chose, le Chef de toute principauté et de toute puissance.
Pourquoi donc ne serait-il pas envisagé ici dans une gloire élevée, dans la gloire angélique? Le personnage dont il est question agit comme l'Ange-Sacrificateur. Ce n'est point incontestablement de cette manière que Christ s'occupe des saints célestes, et qu'Il sert pour nous devant Dieu. Mais alors, au moment où nous sommes arrivés dans la prophétie, le Seigneur en a complètement fini avec ses divers ministères en faveur de ceux qui sont participants de l'appel céleste, au moins autant qu'il s'agit de pourvoir à ce qu'exigent leurs manquements; mais nous apprenons qu'il s'intéresse à une autre classe de saints, - à «tous les saints» naturellement - qui se trouveront sur la terre après que l'Église aura été enlevée au ciel.

Les saints de Dieu nous apparaissent ici dans la souffrance moins que partout ailleurs. Les jugements tombent presque exclusivement sur le monde, sur les hommes dans leurs circonstances et leurs personnes, et finalement, sur les hommes dans leur responsabilité quant à leur relation avec Dieu.
Il semblerait qu'extérieurement, les saints sont mêlés avec eux, et cela explique l'absence de l'Agneau; car, toutes les fois qu'il apparaît comme tel dans le livre de l'Apocalypse, c'est dans son saint caractère de souffrance et de réjection. En conséquence, l'Agneau est particulièrement présenté là où il est fait mention de saints dans la souffrance. Car cette parole-ci demeure toujours vraie: «Quand il a mis ses propres brebis dehors, il va devant elles.»
Jamais il ne les place sur un sentier dont il n'ait pas goûté avant elles la souffrance la plus amère. Ici, il se retire en quelque sorte, et on ne le voit que dans une gloire comparativement éloignée, dans la gloire angélique.

Remarquez aussi comme le chapitre est rempli de symboles, et comme, dès la première trompette, ils sont d'une espèce extérieure. Partout domine le caractère mystérieux.
Ce n'est point l'expression du bon plaisir du coeur de Dieu en ceux qu'il aime que nous trouvons là.
Lorsque ceci fait le sujet de ses communications, Dieu parle face à face pour ainsi dire. Il est simple et explicite dans son langage. Sans sortir de ce livre, prenez, par exemple, le
chap. XIV. Là, il va parler de personnes qui étaient ou devaient être exposées à toutes sortes d'épreuves, à cause de leur association avec Jésus, et la première chose que nous voyons sur la montagne de Sion, c'est l'Agneau. Vient ensuite la portion des méchants de la manière la plus distincte. De même encore au chap. XII, «ils l'ont vaincu (le dragon-accusateur) à cause du sang de l'Agneau et à cause de la parole de leur témoignage; et ils n'ont point aimé leur vie, même jusqu'à la mort.»
Mais ici il s'agit des voies de Dieu avec le monde, et il n'y est presque pas question des siens comme vus à part; et comme le monde n'a pas de titre à faire valoir auprès de Dieu, quelle que soit sa bonté pour lui, comme le monde n'a pas de lien avec Lui et n'a que mépris pour son amour, Dieu ne parle que des jugements dont il va frapper la terre sous des formes de plus en plus terribles. Il ne met pas en avant les personnes d'une manière aussi distincte que dans d'autres scènes; et c'est pour cela, je suppose, que même la personne de Jésus ne ressort pas avec évidence. Car ici, comme partout ailleurs, on voit régner dans l'Écriture la plus étonnante harmonie, quand une fois on en possède la clef.

Ce qui nous est présenté d'abord, ce sont les anges se tenant devant Dieu et qui prennent leurs trompettes, le septième sceau étant une sorte de préparation, ou un signal, pour une nouvelle série et une autre espèce de jugements. Mais avant qu'elle commence de se dérouler, nous avons un ange-sacrificateur. Il se trouve sur la terre des personnes pour lesquelles Dieu est fidèle, car ses yeux sont sur les justes et ses oreilles sont attentives à leurs prières; mais la face de l'Éternel est contre ceux qui font le mal.
Et quoiqu'il n'y ait là qu'un rapide coup-d'oeil sur les saints, Dieu ne veut pas cependant que nous oubliions que, même en ce moment, ils sont l'objet de ses soins miséricordieux.

«Et un autre ange vint et se tint devant l'autel, ayant un encensoir d'or; et beaucoup de parfums lui furent donnés.»
Toutes les fois que l'autel est mentionné sans autre qualification, il signifie l'autel d'airain, - le premier moyen de rapprochement, ou premier point de contact entre Dieu et les hommes sur la terre. C'est sur lui qu'étaient brûlés l'holocauste et les autres sacrifices de bonne odeur; on y prenait aussi le feu avec lequel on faisait fumer l'encens sur l'autel du parfum dans le lieu saint. Et de même que cela résulte des autres parties de l'Écriture, ou s'accorde avec elles, c'est aussi en parfait accord avec son emploi dans l'Apocalypse (
ch. VI, 9; XI, 1; XIV, 18; XVI, 7).

Quand il s'agit de l'autel du parfum, il est désigné comme «l'autel d'or» devant le trône, ou devant Dieu (
ch. VIII, 3; IX, 13). Il est fait ici allusion aux deux.  S'il était question au commencement du verset 3 du même autel qu'à la fin, sûrement la description complète en eût été donnée à sa première mention plutôt qu'à la seconde: et il n'y a pas plus de difficulté à voir le grand autel dans la vision céleste que nous avons ici, que n'en présente la mer ou bassin d'airain dans le chap. IV; car, selon le type juif, ils se trouvaient également dans le parvis.
C'est donc à cet autel qui rattachait le feu au sacrifice et à l'acceptation de Christ, que l'ange se tenait avec l'encensoir appartenant au saint des saints. Les termes eux-mêmes donnent clairement à entendre que ce n'était point sa place ordinaire: il vint et se tint là. Dans les versions usuelles, il est dit des parfums qu'ils «lui furent donnés pour offrir avec les prières» etc. Mais, si nous prenons la phrase comme elle se présente dans le
chap. XI, le sens devient plus clair et plus juste. Là, nous lisons (vers. 3): «Je donnerai (puissance) à mes deux témoins.» Or, c'est absolument la même forme d'expression que nous avons ici, et le sens est qu'Il donnerait puissance aux prières ou les rendrait efficaces. «Et la fumée des parfums avec les prières des saints, monta devant Dieu» etc., (vers. 4).

Quel est l'effet des prières et du parfum? Tout le monde sent que le Saint-Esprit ne porte pas à prier pour des choses contraires à la pensée de Dieu, quoique, lorsqu'une prière inintelligente est offerte, Dieu l'écoute dans sa miséricordieuse patience, sachant bien comment démontrer à ses enfants la folie de semblables requêtes. Mais personne ne saurait dire que le Saint- Esprit ait jamais suggéré ou appuyé une prière qui n'était pas en harmonie avec le dessein de Dieu, Remarquez aussi que le parfum qui s'élève de la main de l'ange, accompagne les prières des saints, et que ces prières sont offertes à Dieu.

Mais le cinquième verset signale une action nouvelle. «Et l'ange prit l'encensoir et le remplit du feu de l'autel.»
Certainement il s'agit ici de l'autel d'airain, où le feu était toujours allumé et où on ne brûlait pas d'encens. Le résultat est, non pas que l'efficace de l'oeuvre de Christ monte devant Dieu en bonne odeur de plus en plus grande, (comme nous voyons que c'est le cas des sacrifices offerts sur l'autel d'airain dans le Lévitique), mais qu'ici le feu fut jeté sur la terre et qu'immédiatement suivirent «des tonnerres, et des éclairs, et des voix, et un tremblement de terre.» De sorte que c'est évidemment une prière d'un caractère particulier et dont l'effet est différent de celui de nos prières.
De plus, le Sacrificateur lui-même est envisagé sous un aspect tout autre, eu égard à ce qui a lieu maintenant. Pour nous, Jésus le Fils de Dieu a traversé les cieux comme un Souverain-Sacrificateur qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché. Il mourut pour nos péchés, Il peut sympathiser avec nos infirmités, ayant souffert au plus haut point, soit par les tentations, soit dans l'oeuvre de l'expiation. Notre Dieu aussi est sur un trône de grâce d'où procèdent la miséricorde et la grâce pour secourir au moment opportun, (
Héb. IV.)

D'un autre côté, notre attitude envers ceux de dehors est du même caractère, et en conséquence, des supplications, des prières, des intercessions et des actions de grâces sont et doivent être faites pour tous les hommes. Mais ici ce n'est point miséricorde, mais jugement; car, quoiqu'il y ait le parfum et les prières des saints, l'effet immédiat est qu'on voit les symboles des jugements de Dieu traverser la terre.
Toutes les scènes décrites ici sont dans une harmonie parfaite. Quoiqu'il y ait un Sacrificateur, un autel, (les deux autels, à ce qu'il me semble), les saints, le parfum et l'encensoir, et que tout se trouve dans l'ordre convenable, c'est néanmoins en communion avec Dieu châtiant la terre.
De là, aussi, la position relativement éloignée que nous avons fait déjà remarquer. Si le Seigneur apparaît en quelque mesure, c'est comme un ange, et non dans sa dignité souveraine, comme Fils de Dieu consacré pour toujours. Naturellement il est toujours le Fils de Dieu, mais il possède en outre d'autres dignités, et la vision prophétique le présente ici dans une gloire et sous un caractère entièrement différents.

De plus, c'est une induction inintelligente, qu'elle soit mise en avant par les champions de l'interprétation historique ou par les Futuristes, que l'expression «tous les saints» implique nécessairement la conclusion que c'est l'Église de Dieu qui est désignée là. Cette question doit être décidée par nos convictions relativement à la portée de toute cette partie du livre, et j'ai abondamment fait voir que, depuis le commencement du
chap. IV, l'Église est toujours considérée comme déjà et entièrement glorifiée dans le ciel.
En conséquence, l'Église est ici réellement hors de question, et les saints dont il s'agit sont tous ceux qui se trouvent sur la terre postérieurement à elle, et pour lesquels la délivrance est préparée. L'ange offre leurs prières et la réponse est l'effusion du jugement sur la terre en vue de leur délivrance. L'explication ordinaire est donc à côté de la vérité. Les mots «tous les saints» désignent naturellement des personnes qui sont au Seigneur, une catégorie de convertis, Juifs ou Gentils. Qu'ils désignent ceux que l'Écriture appelle Chrétiens ou l'Église, c'est une tout autre question que nos contradicteurs feraient bien d'étudier.

«Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent pour sonner des trompettes. Et le premier sonna de la trompette, et il y eut de la grêle et du feu, mêlés de sang» etc.
La portée générale de tout ceci est manifeste, et il ne faut pas s'arrêter à la signification apparente ou physique des termes. Supposé qu'une montagne tombât à la lettre dans la mer (
vers. 8), changerait-elle jamais l'eau en sang? Rien de semblable. Le fait est que c'étaient là des tableaux qui passaient devant les yeux du prophète. Quant à leur signification, nous avons à la recueillir de la teneur générale de la Parole, sous l'enseignement de l'Esprit, et je présume que le prophète lui-même avait à l'apprendre d'autres paroles de l'Écriture.
St-Jean en effet nous est présenté ici, non pas comme quelqu'un devant lequel tout était nu et découvert, et immédiatement compris, mais plutôt simplement comme un Voyant. Il n'est pas nécessairement capable, comme chose toute naturelle, d'entrer pleinement dans ce qui passe devant lui, mais il a besoin de faire attention, d'apprendre, et de digérer intérieurement.

L'Apocalypse nous place sur le terrain de la prophétie, et c'est un champ différent de celui dans lequel le Saint-Esprit nous révèle les choses de Christ, comme Esprit de communion. Et ce qui nous est dit dans tout le livre du prophète Jean lui-même, prouve qu'il ne se rendait pas compte toujours ni nécessairement de ce qu'il contemplait dans l'Esprit. En d'autres termes, il vit une espèce de panorama et il enregistra les visions exactement comme elles lui apparaissaient; et il nous faut faire usage de la Parole de Dieu par l'Esprit pour savoir ce que les symboles impliquent. Nous ne devons pas supposer que l'événement lui-même sera simplement la répétition en forme de ce qui l'avait préfiguré, mais une réalité répondant à l'ombre qu'on en a vue d'avance (
1).
Ainsi, quand le premier son a retenti, il éclate une violente tempête de grêle et de feu mêlés de sang - le sang la distinguant de tous les précédents orages, comme n'étant pas une tempête naturelle. Celle-ci annonçait ou introduisait une explosion furieuse, sanglante et entassant ruines sur ruines, qui bouleverserait et ravagerait tout dans sa sphère. «Et la troisième partie (
2) de la terre fut brûlée, et la troisième partie des arbres fut brûlée, et toute l'herbe verte fut brûlée» vers. 7).
Évidemment ceci ne se rapporte pas à la terre, aux arbres ou à l'herbage pris dans le sens littéral.
Dans l'Écriture, l'herbe est le symbole employé pour désigner l'homme dans sa faiblesse, sa gloire même étant comme la fleur de l'herbe. La prospérité humaine serait alors représentée par l'herbe verte. C'est un jugement de Dieu sur cette prospérité que nous avons ici: elle est détruite tout entière, et non pas seulement en partie, dans quelque proportion que ce pût être.
Les arbres représentent les hommes d'une position élevée. C'est un symbole très commun dans la parole de Dieu pour désigner ceux qui ont ici-bas de profondes racines avec un port altier, et exercent une influence qui s'étend au loin. (Voyez par exemple,
Ezéch. XXXI, 3; Dan. IV., etc.). Ainsi donc, un coup est frappé sur une partie déterminée de la scène des voies morales de Dieu, et tant les hommes d'humble condition universellement, que ceux des classes élevées, dans une large proportion, en éprouvent les effets ruineux. Le second coup suppose un grand changement. Il tombe sur la mer, et ainsi a trait, non pas à cette portion du monde qui est sous le régime d'un gouvernement spécial et fixe, mais à celle qui se trouve, ou se trouvera alors, dans un état de confusion et d'anarchie.
Les nations qui sont dans cette condition-là sont aussi frappées par le jugement. «Et le second ange sonna de la trompette: et comme une grande montagne toute en feu fut jetée dans la mer, et la troisième partie de la mer devint du sang. Et la troisième partie des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient vie mourut, et la troisième partie des navires périt.»

Si on consulte Jérémie, on verra que l'explication que je donne de ces choses n'est point arbitraire, ni le fruit de mon imagination. Comme il ne s'agit point ici d'un jugement si ordinaire, Dieu prend soin, je pense, de nous en donner un autre exemple, et intervient ainsi avec abondance de lumière et d'instruction précisément là où vraisemblablement nous commettrions des erreurs. La «montagne toute en feu» représente un système d'autorité, lui-même sous le jugement de Dieu et qui est pour d'autres l'occasion du jugement. Nous lisons en
Jérém. LI, 25: «Voici, j'en veux à toi, montagne qui détruis, dit l'Éternel, qui détruis toute la terre; et j'étendrai ma main sur toi, et je te roulerai en bas du haut des rochers, et je te réduirai en montagne d'embrasement, (vers. angl. montagne brûlée).»
Ce qui nous est présenté là répond en quelque mesure à ce que nous avons ici.

En Jérémie, Babylone devait être «une montagne brûlée» précipitée de sa haute position. Ici la montagne est présentée comme toute en feu. Babylone devait être elle-même comme une montagne consumée ou détruite. Ici la montagne est un moyen de destruction pour d'autres, comme il est dit dans le prophète juif: «Montagne qui détruis, dit l'Éternel, qui détruis toute la terre.»

Régulièrement la montagne est le symbole d'un pouvoir établi et exalté. Mais ici elle est jetée dans la mer, parce que, tout en étant l'objet du jugement elle-même, elle est comme un instrument de jugement pour d'autres. Le Seigneur Jésus se sert lui-même d'une partie du symbole à l'égard d'Israël. Ayant vu un figuier qui n'avait rien que des feuilles, il déclara là-dessus que désormais aucun fruit ne naîtrait plus de lui à jamais. Il était venu, et n'y avait pas trouvé de fruit, mais seulement des feuilles en abondance, et incontinent le figuier sécha. Or, presque tous ceux qui ont lu avec soin la parole de Dieu, ont vu dans ce figuier le symbole d'Israël, placé sous la responsabilité de porter du fruit pour Dieu, mais qui a complètement failli à cela. Le figuier était la figure de «cette génération», et c'est en rapport avec cette pensée que le Seigneur dit à ses disciples: «Non seulement vous ferez ce qui.....  mais même si vous dites à cette montagne: Ôte-toi de là et te jette dans la mer, cela se fera.»

Et cela fut fait ainsi: car le témoignage des apôtres ne fut pas plutôt parvenu à la connaissance d'Israël, et Israël n'eut pas plutôt entièrement rejeté ce que le Saint-Esprit lui faisait annoncer par eux, que le jugement vint sur lui.
Ce n'est pas seulement que le peuple ne porta pas de fruit, mais il fut l'objet d'un jugement positif, et déraciné de la position qu'il occupait. La montagne fut jetée dans la mer; la place et la nation d'Israël disparurent complètement dans la masse des Gentils.
C'était beaucoup plus que le fait de cesser simplement de produire du fruit. L'état politique des Juifs fut brisé et s'évanouit complètement, absolument comme il en arriverait d'une montagne qui serait arrachée de sa base et jetée dans la mer.
Ici de même une grande puissance qui paraissait être bien établie, est ôtée de sa place, et cette puissance n'est pas tant mise en pièce elle-même, comme elle devient un moyen de souffrance pour d'autres. Elle est toute en feu, et il en résulte la destruction de la troisième partie des créatures qui avaient vie dans la mer et des navires aussi, toute la scène étant une figure empruntée à l'effet que produirait un volcan jeté dans la mer. C'est ainsi que le Seigneur complète le tableau de destruction, par une grande puissance en feu elle-même qui tombe sur la masse confuse des peuples, avec un grand carnage d'hommes et l'anarchie politique pour résultat. Il se peut que tout cela ait une signification plus précise, mais je ne fais que présenter le peu que je vois dans les symboles, indépendamment de leur application à un temps, à un lieu ou à un peuple particuliers.

Le troisième jugement dans la série des trompettes est d'une espèce différente. «Le troisième ange sonna de la trompette, et il tomba du ciel une grande étoile, brûlant comme un flambeau; et elle tomba sur la troisième partie des fleuves, et sur les fontaines des eaux. Et le nom de l'étoile est Absinthe: et la troisième partie des eaux devint absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles avaient été rendues amères.»

Or, une étoile ainsi que nous l'avons vu dans un chapitre précédent, quoique dans une connexion différente (
chap. I, 20) est le symbole de quelqu'un qui occupe une position d'autorité subordonnée - quelqu'un qui peut administrer la lumière à d'autres - assujetti lui-même à un autre, mais cependant étant en autorité.
Ici c'est un chef dégradé, un dignitaire déchu de sa place d'autorité. Les eaux sont le symbole des peuples dans un état informe, les fontaines sont les sources de leur prospérité, et un fleuve est ce qui caractérise leur carrière. Tout cela est gâté dans une certaine proportion par la chute de cette étoile ou de ce chef qui rend amer tout ce qu'il touche, et beaucoup meurent parce que les eaux ont été rendues amères. Ce jugement-ci ne semble pas tant d'un caractère politique comme le précédent; c'est plutôt le changement en poisons, en instruments de mort, de tout ce qui devrait être pour l'homme un moyen de bénédiction et qui concerne sa vie ordinaire.

Sous la quatrième trompette nous avons quelque chose de plus élevé. Auparavant les eaux étaient devenues des poisons; mais maintenant les autorités les plus élevées sont atteintes. Ce n'est pas une étoile qui tombe du ciel, mais la troisième partie du soleil, et la troisième partie de la lune, et la troisième partie des étoiles sont frappées, «de sorte que la troisième partie en fut obscurcie et que le jour ne parut pas pour la troisième partie de sa durée, et de même pour la nuit.»
J'entends cela d'un jugement de Dieu sur les autorités de ce monde dans la sphère dont il s'agit, sur l'autorité suprême aussi bien que sur les autorités inférieures, qui sont toutes, dans une certaine étendue, éteintes, ou au moins éclipsées.

Maintenant surgit une importante question.
-  Quel est le véritable accomplissement des jugements désignés par ces trompettes? Il est évident, toutefois, que la réponse doit dépendre de la question encore plus large du temps et de l'état de choses auxquels s'appliquent en général les visions prophétiques. Car il ne s'agit pas ici de détails, mais d'un principe important, et ce n'est pas moi qui nierai les conséquences pratiques immenses qui découlent, d'un côté, d'une application juste, ou de vues erronées, de l'autre.
Convaincu que les sept épîtres avaient une application littérale directe aux assemblées d'Asie du temps de St-Jean, je ne puis douter, quant à moi, que les sceaux préfiguraient le cours de l'empire romain à partir de cette époque; et qu'ainsi ils ont eu, selon que les systèmes historiques ordinaires insistent sur ce point, une application réelle, qui n'est en aucune manière sans importance, jusqu'au renversement du paganisme et à la suprématie nominale du Christianisme, avec la conversion d'une multitude d'âmes d'entre les Juifs, mais bien plus encore d'entre les Gentils, dans cette sphère et à cette époque, comme résultat naturel.
Conformément à cette idée, les premières trompettes me semblent se rapporter presque nécessairement: d'abord, aux invasions des Goths sous Alaric, Radagaise, etc.; secondement,aux ravages de Genséric et de ses Vandales; troisièmement, au «fléau de Dieu» comme le Hun Attila aimait à s'appeler lui-même; et en quatrième lieu, à l'ère mémorable signalée par l'extinction de l'empire romain en Occident.

Mais tout en reconnaissant pleinement que dans ces limites le champ des visions embrasse ces événements, il est manifeste pour moi que les sept épîtres portent l'empreinte de la portée la plus étendue, et comprennent, comme cela résulte des preuves internes les plus fortes, les phases diverses par lesquelles la maison de Dieu passerait dans toute la durée de son existence ici-bas, jusqu'au moment où le Seigneur prend à lui dans le ciel les fidèles, les gardant de l'heure de la tentation qui attend ceux dont le coeur est aux choses de la terre, et vomissant de sa bouche la masse de la chrétienté satisfaite d'elle-même.

En harmonie avec cette manière de considérer les églises dans leur existence continue et successive qui, sous une forme ou sous une autre, s'est recommandée d'elle-même dans les âges divers à de pieux et intelligents investigateurs des Écritures, l'interprétation la plus simple des chap.
IV et V est celle qui les considère comme supposant que l'église des premiers-nés a été enlevée et glorifiée, et qui fait commencer postérieurement à cet événement le grand accomplissement des chap. VI et suivants.

Il est facile à un esprit ingénieux de soulever des difficultés et d'opposer une ligne formidable d'objections: il n'est aucune partie de l'Écriture, aucune des vérités qu'elle révèle, qui ne soit exposée à des attaques parfaitement semblables. Mais personne ne saurait nier que si on s'en tient seulement au texte sacré lui-même, c'est la manière la plus naturelle de prendre les chap.
IV, V; ni que, dans la théorie ordinaire, ces passages ne s'adaptent pas exactement aux circonstances d'alors, soit que nous considérions comme un tout la scène qui y est décrite, soit que nous nous arrêtions aux personnages particuliers qui y figurent. Leur rencontre ici, dans l'interprétation ordinaire, constitue une difficulté énorme, inexpliquée, et peut-être, pouvons-nous ajouter, inexplicable; tandis qu'avec l'enlèvement des saints, alors fait accompli, comme clef, ils sont une magnifique et indispensable préface à tout ce qui suit.

Il y a plus. Le
chap. VI et ceux qui suivent donnent lieu à la question fondamentale, s'il se trouve encore des églises ou des chrétiens, dans le sens propre des mots, impliqués dans les scènes terrestres qu'ils décrivent, lorsqu'elles sont en voie de recevoir leur plein accomplissement et non pas simplement un commencement de réalisation. Pourquoi ceux qui écrivent sur la prophétie se prévaudraient-ils de l'affirmative sans rien alléguer qui ressemble raisonnablement à une preuve en sa faveur? Pourquoi ne pas la prouver s'ils le peuvent? Plus ce point-là peut être indispensable à la défense du système en vogue, et moins les personnes sans préventions peuvent trouver satisfaisant que ses avocats gardent un silence si absolu, non certes s'il s'agit de réitérer leur allégation ou de raisonner d'après elle, mais s'il s'agit de la démontrer.

Qui pourrait prétendre que c'est une proposition évidente par elle-même? Qui ignore qu'il y a bon nombre de chrétiens occupés de l'étude intelligente de la parole prophétique, qui croient que ce n'est pas l'Église, mais un résidu Juif pieux avec des Gentils convertis mais distincts, que les luttes du dernier jour concernent directement?
N'est-ce pas un sujet digne d'être discuté? La prophétie renferme-t-elle une question plus vitale, plus vaste?

Ce ne serait pas charitable d'attribuer ce singulier silence à un sentiment de mépris pour leurs frères, et ce ne serait pas bien non plus de l'interpréter comme un aveu tacite de l'impossibilité où se trouvent ceux qui le tiennent de donner un semblant de preuves tirées de l'Écriture à l'appui de leur sentiment. Nous nions que ces prophéties, quelque profitables qu'elles soient pour nous, concernent pleinement, bien moins encore exclusivement, l'Église.
Si quelqu'un prétend que c'est à l'Église qu'elles se rapportent, c'est à lui qu'il incombe de prouver. Mais on ne prouve pas; on prend simplement la chose pour convenue. Ne vaudrait-il pas mieux que les défenseurs de ce système réunissent et présentassent avec autant de force que possible toutes les preuves qui frappent leur propre esprit? Nous en appelons aux portions mêmes de l'Écriture qui fournissent le sujet du débat, comme démontrant avec clarté: quelques-unes, que le corps chrétien se trouve dans le ciel dans un état glorifié avant qu'aient lieu les événements judiciaires terrestres; les autres, que les Juifs et les Gentils, distincts les uns des autres, et non pas réunis en un seul corps, comme l'Église, se voient à partir de là sur la terre, et sont réellement ceux que la prophétie a en vue dans la crise de la fin.

Si nous avons raison, une grande partie des différences entre ceux qui étudient le sujet seraient décidées sans plus de contestation. Pourquoi donc perdre son temps dans les champs arides des champions aux tendances allemandes de l'école historique, ou des fauteurs romanistes de l'école futuriste? Pourquoi ne pas se saisir de la démonstration faite par des chrétiens qui, par la bonté de Dieu, sont pour le moins aussi éloignés de Babylone que peuvent prétendre l'être les plus zélés protestants?
Si c'est là, comme j'en suis certain, la vraie et satisfaisante interprétation, rien ne nous oblige à faire entrer le passé, bon gré malgré, dans le cadre d'un accomplissement forcé, et nous n'avons pas non plus à donner une explication arbitraire des fréquents et manifestes indices de l'avenir. Toutes les exigences légitimes sont satisfaites par l'admission d'une ressemblance générale n'ayant rien de forcé entre les visions et l'histoire du passé, ressemblance qui suffit pour montrer positivement le doigt de Dieu, mais qui, loin d'épuiser la portée de la prédiction, laisse place plutôt à ce qu'elle reçoive une application finale et plus directe, lorsque les saints, corps et âme, seront dans le ciel.

«Et je vis et j'entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel et qui disait à haute voix: malheur! malheur! malheur! à ceux qui habitent sur la terre, à cause des autres voix de la trompette des trois anges qui vont sonner de la trompette (
vers. 13).»

C'est un aigle, je crois, que Jean vit ici, un ange en
Apoc. XIV, 6, auquel notre verset peut avoir été assimilé, si les deux termes n'ont pas été confondus simplement par négligence. La fuite de l'aigle par le milieu du ciel était le sombre et très convenable avant-coureur des malheurs qui approchaient. Le fait qu'il prononce des paroles à haute voix ne renferme pas non plus de difficulté réelle, car l'autel lui-même est, dans le vrai texte, présenté comme parlant au chap. XVI, vers. 7.

Les quatre premières trompettes ont introduit les jugements préliminaires. Ils sont tombés, dans une certaine étendue, sur la prospérité de l'homme dans les hautes et dans les humbles conditions - d'abord dans la sphère d'un système de gouvernement régulièrement établi, et ensuite dans celle que caractérise un état de confusion; puis le coup a frappé sur les sources des jouissances humaines qui ont été changées en amertume et en moyens de destruction; et enfin tout le système gouvernemental, l'autorité souveraine comme l'autorité subordonnée, subit une éclipse considérable.
En tout cela les hommes étaient donc jugés dans leurs circonstances, plutôt que visités dans leurs personnes mêmes. Mais il nous est aussi annoncé une dernière série de châtiments d'une nature plus profonde encore, et distinguée de la manière la plus nette de celle qui précède: «Malheur, malheur, malheur à ceux qui habitent sur la terre,» etc.
Ceux qui n'étaient pas scellés du sceau de Dieu n'échappent pas à la première, la troisième partie des hommes est tuée sous la seconde, et avec la dernière nous arrivons d'une manière générale, à la fin de tout.

Il est possible qu'une idée de lieu se rattache au sens de l'expression «Ceux qui habitent sur la terre,» particulièrement durant la grande crise finale. Mais il me semble résulter de l'examen des divers cas où elle se rencontre que, dans la pensée du Saint-Esprit, elle a principalement une portée éminemment morale.
Deux fois déjà avant celle-ci nous l'avons vue dans l'Apocalypse; et à mesure que nous approchons de la fin sa signification acquiert une gravité nouvelle.
D'abord, elle se trouve dans l'épître à l'ange de l'église de Philadelphie, où le Seigneur promet à ceux qui gardent la parole de sa patience de les garder de l'heure de la tentation qui va arriver sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent sur la terre, (
Apoc. III, 10).
La raison pour laquelle, à mon avis, les hommes qui ont leurs pensées aux choses de la terre sont présentés là d'une manière si distincte, c'est que l'état de l'église en question suppose qu'on a saisi le Christ dans une mesure extraordinaire et d'une manière céleste, tant pour ce qui est de jouir présentement de Lui, que pour l'attente de son retour, De là, le contraste que faisaient ceux dont le coeur était aux choses d'ici-bas. Ils mangeront le fruit amer de leur choix quand sera venue la grande tribulation; comme ceux dont les affections sont fixées sur les choses célestes seront alors de fait, là où ils habitent maintenant en esprit.
Puis, sous le cinquième sceau (
Apoc. VI, 10), les âmes des premiers martyrs de la période apocalyptique sont représentées comme appelant le Maître Souverain à juger et à venger leur sang «de ceux qui habitent sur la terre.»
Ces personnes-là auront éclaté alors en persécutions impitoyables, meurtrières, contre les témoins que Dieu aura sur la terre pendant l'accomplissement des sceaux; et maintenant, sous les trompettes de malheur, elles sont l'objet spécial de ces jugements terribles. Nous ajournons d'autres détails jusqu'à ce que nous en venions aux chapitres qui en traitent plus particulièrement.


(1) Tout ce qu'il y a de fantastique et d'incertain dans le système d'interprétation des trompettes, particulièrement de ceux qui nient qu'elles sont postérieures aux sceaux et qui tâchent d'en déduire un cours d'événements parallèle à celui des sceaux, peut se voir par l'esquisse ci-dessous tracée par l'un des plus habiles d'entre eux.

«II suffira de choisir neuf ou dix commentateurs des plus éminents et des plus renommés, pour voir combien leurs vues différent dans les détails; tandis qu'il y a accord unanime quant à l'idée générale que ces trompettes indiquent les jugements politiques qui tombèrent dans les premiers siècles sur l'empire romain.
Comparons Mède, Cressener, sir Isaac Newton, Whiston et Lowman; et parmi les auteurs vivants M. Faber, M. Cuninghame, M. Frère et le Dr. Keith avec le dernier desquels M. Elliot est à peu prés d'accord dans l'arrangement de cette partie de la prophétie.

La première trompette commence, selon Lowman, au temps de Constantin; selon M. Cuninghame et M. Frère, à la mort de Valentinien, l'an 376, et finit à la mort de Théodose, l'an 395.
Mais Méde, Newton, Keith, et M. Elliot la font commencer à la mort de Théodose et durer jusqu'à la mort d'Alaric, l'an 410.
Cressener et Whiston y comprennent les deux périodes.
M. Faber s'accorde avec Mède et Newton quant à son commencement, mais la continue quarante ans après la mort d'Alaric, A. D. 395-450.

La seconde, d'après Lowman, M. Cuninghame et M. Frère, s'étend depuis Théodose jusqu'à Alaric, précisément l'intervalle que Mède, Newton, Keith et M. Elliot assignent à la première.
Méde la rapporte à la chute de la souveraineté romaine, A. D. 410-455;
Cressener, aux invasions au-delà des Alpes, A. D. 410-448;
sir Isaac Newton, aux Visigotht et aux Vandales, 407-427 -
Whiston, Faber et Keith aux Vandales, seulement mais dans des limites différentes, A. D. 406-450. 43U-477, et 429-477 respectivement.

La troisième trompette est appliquée par sir Isaac Newton aux Vandales, A. D. 427- 430:
par Whiston, M. Cuninghame et Dr Keith, à Attila et ses Huns, A. D. 441-452;
par Mède, Cressener et Lowman, aux troubles d'Italie ou à l'établissement du César occidental, A. D. 450-476;
par M. Faber, aux mêmes événements dans de plus étroites limites, A. D. 462-476;
 et par M. Frère, à l'hérésie Nestorienne.

Enfin, la quatrième est rapportée par M. Cuninghame à la chute de l'empire, A. D. 455-476;
par Whiston, à son extinction elle- même, A. D. 476;
par Mède, Cressener, Lowman et Keith, à l'éclipse subséquente de Rome, A. D. 476-540;
par Newton, aux guerres de Bélisaire, A. D. 535-552;
par M. Faber et M. Frère, au règne de Phocas et à l'invasion des Perses en Orient, A. D. 002-610.

La remarque de M. Faber sur ces différences entre les auteurs qui l'avaient précédé, est très naturelle et très juste: «Tandis qu'ils conviennent que la chute de la puissance romaine en Occident est au moins le trait le plus saillant de la prophétie, c'est à peine si deux s'accordent sur la division de ce sujet entre les diverses trompettes que l'on suppose s'y rapporter.
Le résultat en général qu'ils font ressortir, c'est le renversement de l'empire d'Occident, mais on ne saurait imaginer plus de variété et de désaccord dam les degrés particuliers par lesquels ils y conduisent.

Une aussi curieuse circonstance peut être considérée avec juste raison comme la honte de l'interprétation de l'Apocalypse, et peut naturellement nous amener à soupçonner que la véritable clef pour l'application distincte des quatre premières trompettes n'a jamais été trouvée encore ou, que, si elle l'a été, on ne s'en est jamais encore servi d'une manière satisfaisante.
La conséquence naturelle qui découle de cette étrange variété d'opinions parmi les meilleurs commentateurs, c'est que les divisions historiques qu'ils ont adoptées sont obscures et vaines, comparées à la netteté avec laquelle les quatre premières trompettes sont distinguées les unes des autres.» Birks' Mystery of Providence, pp. 103, 104.

Je dois ajouter cependant que peu de commentateurs ont dépassé M. B. dans la liberté qu'il s'est donnée dans la manière dont il applique ce chapitre.
Il appelle les versets 24 la saison de l'intercession, et les applique au temps qui va depuis Nerva jusqu'après Aurélien (A. D. 86-180); - pourquoi à cette époque plutôt qu'une autre quelconque, c'est ce qu'on ne voit pas clairement.
Puis les vers. 5-6 sont l'avertissement et la préparation (A. D. 181-248);
ensuite, vers<. 7, la première trompette (A. D. 250-268) avec une pause imaginaire dans le jugement (270-365); vers. 8, 9, la seconde (366-476); vers. 10,11, la troisième (431-565); vers. 12, la quatrième (540-622).

(2) L'expression «la troisième partie» se rencontre souvent dans les quatre premières trompettes. Elle est relative, je pense, à la partie occidentale de l'empire romain. Nous la retrouvons au
chap. IX dans une connexion différente où sa signification doit être modifiée; car, à mon avis, il ne saurait y avoir de doute que les deux premières trompettes de malheur, (quoi qu'on puisse penser de la dernière,) trouvent leur application locale en Orient.
De fait, cela est si clair qu'un écrivain de nos jours voudrait décider du sens de l'expression dans le
chap. VIII, par son rapport incontestable avec l'Orient, (ou comme peut-être il voudrait dire la Grèce), dans le chapitre suivant. Mais évidemment ce mode d'interprétation n'est pas légitime, et c'est une erreur de voir là une allusion au troisième emblème de Daniel. En elle-même l'expression «troisième partie» ne détermine rien, sinon qu'il y a une division en trois parties. Elle peut s'appliquer également à l'une ou à l'autre des trois: pour déterminer celle qui est particulièrement désignée, il nous faut tenir compte du contexte.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant