Le lecteur attentif de l'Apocalypse aura
remarqué que ce chapitre ne fait point
partie à proprement parler du cours des
événements; c'est-à-dire qu'il
ne nous présente ni l'un des sceaux, ni
l'une des trompettes, ni l'une des coupes. Les
sceaux ne sont pas encore
épuisés.
Nous en avons eu six au sixième chapitre, et
nous en trouvons un septième au chapitre
huit. Quel est donc le sens du chap.
VII? Il constitue un
intervalle - une espèce de parenthèse
dans la suite de ces événements - qui
se rencontre entre le sixième et le
septième sceau, sous le sixième il
survient une effroyable catastrophe parmi les rois
et leurs sujets, les grands et les petits, qui
appellent les montagnes et les rochers à
tomber sur eux et à les cacher de devant la
colère de l'Agneau. Dans leur pensée
son jour était arrivé.
D'un autre côté, lorsqu'il ouvre le
septième sceau
(ch.
VIII.), il se fait dans le ciel
un silence d'environ une demi-heure: de sorte que
l'ensemble du chap.
VII ne constitue pas un
chaînon dans la succession des
événements qui se déroulent
par anticipation sous les regards de saint Jean.
Mais il n'y a pas moins d'ordre et de
régularité dans cette interruption
apparente du fil de l'histoire que dans la
série formellement comptée des
jugements, parce que tout ce que Dieu fait est
parfait: tous les détails sont
établis avec le plus grand soin et la plus
grande précision.
Une considération qui confirme cela c'est
que, lorsque nous arrivons aux sept trompettes,
nous trouvons la sixième au chapitre
IX, tandis que la
septième n'apparaît qu'au chap.
XI, vers. 15; de sorte que
tout
le
chap. X et la plus grande partie du chap.
XI. forment une grande
parenthèse où des
événements sont
révélés, d'une manière
tout à fait semblable à ce que nous
avons ici.
Pour moi, c'est même plus
remarquable encore dans les trompettes. Il est dit
en effet au chap.
IX, 12: «Le premier
malheur est passé; voici, il arrive encore
deux malheurs,» etc., et nous avons alors le
sixième ange sonnant de la trompette et la
description des cavaliers de l'Euphrate. Mais ce
n'est qu'au chap.
XI, 14, que nous lisons
«le second malheur est passé,»
paroles qui se rapportent évidemment aux
cavaliers de l'Euphrate mentionnés
auparavant dans le chap.
IX. De sorte que tout ce qui
est relatif à l'ange puissant, qui descend
du ciel, au petit livre que le voyant devait
prendre et dévorer, au temple et aux
adorateurs qu'il devait mesurer, ainsi qu'à
la cour et. à la cité
abandonnées pendant quarante-deux mois, et
aux deux témoins, à leur
témoignage, à leur mort, à
leur résurrection et à leur
ascension, etc.; - tout cela fait partie de ce
remarquable épisode.
Par conséquent, de même qu'il existe
une parenthèse entre le sixième et le
septième sceaux, il en existe une
parfaitement correspondante entre la sixième
et la septième trompettes; et de plus, les
coupes nous présentent quelque chose de tout
à fait analogue.
Si vous regardez à la sixième coupe
(ch.
XVI, 12.), vous verrez qu'il y a
une interruption entre elle et la septième.
Premièrement, l'eau du grand fleuve Euphrate
tarit afin que la voie des rois qui viennent du
soleil levant fût préparée. Et
ensuite nous trouvons un sujet tout
différent. «Je vis sortir de la bouche
du dragon trois esprits immondes», etc. -
«ce sont des esprits de démons;»
et puis, quelque chose encore de
différent de cela,
«voici, je viens comme un larron. Bienheureux
est celui qui veille,» etc. C'est là
une courte mais remarquable parenthèse qui
à la fois rend compte du mal et annonce la
venue du Seigneur pour le juger. Je n'y fais
allusion ici que pour faire voir qu'il n'y a rien
dans la parole de Dieu, et particulièrement
dans ce livre-ci, qui ne s'y trouve à
dessein et avec une portée bien
précise.
Si vous prenez l'Apocalypse, il se peut qu'à
première vue elle ne vous semble qu'un
labyrinthe embrouillé; mais elle n'est
nullement cela, et une pareille impression ne
provient que d'une précipitation ignorante,
ou d'une incapacité de discernement. Le fait
est qu'on apporte à l'étude du livre
certains sentiments ou certaines vues, au lieu
d'attendre dans le désir de savoir quelles
sont les pensées de Dieu et ce qu'il dit
dans ses pages. Mais nous prenons pour la parole de
Dieu le terrain le plus élevé, et
nous maintenons que ce n'est que par
l'efficacité du Saint-Esprit que l'on peut
comprendre quelque partie que ce soit de cette
parole. Or, qu'il s'agisse de l'âme d'un
homme, de son salut et de ses espérances, de
sa marche pratique soit comme individu, soit comme
faisant partie d'un corps, de ses voies dans
l'Église ou dans le monde, de son besoin
d'instruction touchant le culte et le service de
Dieu, ou même touchant ses devoirs dans les
diverses relations qu'il soutient sur la terre
quelles qu'elles soient, il existe une
lumière divine pour tous les pas du chemin,
et la seule raison par laquelle nous
ne la voyons pas tous, c'est
parce que nous n'avons pas l'oeil simple que donne
la foi. C'est la foi qui obtient la
bénédiction, et je crois que de
même que cette parole est toujours vraie:
«.Qu'il te soit fait selon que tu as
cru», il y a aussi aveuglement selon la mesure
d'incrédulité. Le Seigneur accorde
toujours la bénédiction sur laquelle
la foi compte de sa part;
l'incrédulité trouve
inévitablement la stérilité
qu'elle mérite.
Mais revenons à notre sujet. Longtemps
j'avais été arrêté par
la difficulté que présentaient le
scellement d'un corps de juifs élus et la
vision d'une innombrable foule de Gentils
sauvés, lorsque leur
bénédiction arrive seulement dans une
portion plus avancée du livre. Mais du
moment que j'ai appris que tout cela était
une parenthèse et que l'époque
où le résidu scellé
d'Israël et les Gentils sauvés entrent
réellement dans l'action et prennent leur
place sur la scène, était une tout
autre chose, cette difficulté a disparu.
Pendant que les jugements continuent, Dieu permet
pour notre consolation que le rideau soit
ôté, s'écarte un petit moment,
et nous voyons qu'ils sont tous en
sûreté sous ses yeux et prêts
à être manifestés au temps
convenable. Mais pour ce qui est de savoir quand
ils viennent publiquement en vue, c'est une autre
question.
Le chap.
XIV fait mention d'un corps de
144,000 dont l'Agneau est le centre, et qui se
tiennent avec Lui sur la montagne de Sion, ayant
son nom et le nom de son Père écrits
sur leurs fronts. Ce corps est évidemment
analogue à celui que nous
avons ici, quoiqu'il ne soit pas le même; et
peut-être pouvons-nous aussi comparer, mais
non pas identifier, les «nations» dont il
est parlé en Apoc.
XXI, 24-26, avec la foule
innombrable de Gentils que nous présente
notre chapitre. Leur ressemblance avec les brebis
de Math,
XXV est plus frappante encore,
parce que celles-ci ne sont pas simplement les
Gentils bénis du jour millénial, mais
ils avaient soutenu l'épreuve durant le
douloureux intervalle qui l'avait
précédé. Et remarquez que dans
ce passage les brebis sont distinguées des
frères du Roi dont la position est encore
plus rapprochée de Lui-même - les
saints Juifs auxquels, après
l'enlèvement de l'Église au ciel,
sera confié l'Évangile du royaume qui
doit être prêché dans tout le
monde comme un témoignage à toutes
les nations avant que la fin arrive.
Ainsi, en Math.
XXV, 31-46, les frères
Israélites du Roi, immédiatement
avant la fin, servent à éprouver les
Gentils qui à son apparition sont
mandés devant son trône et
distingués les uns des autres comme
bénis ou maudits, selon que la conduite
qu'ils ont tenue en vers les messagers qui
annonçaient l'approche du royaume, au temps
de leur douloureux témoignage, a
prouvé leur foi ou leur
incrédulité.
Dans les jours de paix du Millénium il sera
né des millions de Gentils pour lesquels
sera fatale la mise en liberté de Satan hors
de sa prison à son terme. Nous avons donc
simplement dans ce chapitre deux scènes
remarquables, rattachées l'une à
l'autre par le sens qu'elles ont sinon
quand à l'époque
où elles ont lieu, en dehors de la marche
régulière des choses.
L'Esprit de Dieu interrompt pour le moment la
description qu'il faisait des jugements divins dans
leur ordre historique, et nous montre que Dieu a en
réserve de la miséricorde même
dans le jour de détresse qui vient.
Israël se trouvera dans des circonstances
terribles: «Jérusalem recevra de la
main de l'Éternel le double pour tous ses
péchés.» Comme elle a
été ardente dans sa haine contre le
Seigneur, ainsi entend-il que sa colère soit
doublement répandue sur la ville
coupable.
Nous avons vu passer sous nos yeux les jugements
qui commencent d'abord par des
événements comparativement
ordinaires, tels que l'apparition d'un grand
conquérant, des meurtres sur une grande
échelle, la famine, les plaies mortelles de
Dieu (la mort ayant trait au corps et le
hadès à l'âme); puis un
éclat impitoyable de persécution
contre le peuple de Dieu; ensuite une effroyable
convulsion universelle embrassant le ciel, la terre
et la mer, sujet de la plus vive alarme et de la
plus grande épouvante parmi les hommes qui
pensent que le jour de la colère de l'Agneau
est venu. Mais ce jour n'était pas encore
venu en ce moment. Lorsqu'il sera arrivé, le
Seigneur exécutera en personne le jugement
sur les morts et sur les vivants. Mais ici
c'est une terreur panique qui s'empare des hommes
et leur fait redouter le jour du jugement. Et les
rois de la terre et les grands, et les chiliarques,
et les riches, et les forts, et tout esclave et
tout homme libre, furent dans la dernière
consternation.
Mais ici le Seigneur s'arrête, et nous prend
à part pour un temps, afin de nous montrer
ce que sa miséricorde va faire. «Et
après ces choses je vis quatre anges.....
retenant les quatre vents de la terre.»
Pour le moment un frein est mis à leur
impétuosité. «Et je vis un autre
ange montant du soleil levant, ayant le sceau du
Dieu vivant; et il cria à haute voix aux
quatre anges, auxquels il avait été
donné de nuire à la terre et à
la mer, disant: Ne nuisez pas à la terre, ni
à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce
que nous ayons scellé les esclaves de notre
Dieu sur leurs fronts»
(Vers.
2, 3.)
Quelques-uns se sont imaginé que l'ange qui
a le sceau est Christ, en partie parce qu'on
prétend que l'oeuvre dont il s'agit consiste
dans la communication du Saint-Esprit, sceau de la
rédemption. Pour moi tout cela est plus que
douteux. Le Seigneur ne prend jamais la forme et le
titre d'un ange, que lorsque nous arrivons à
la série des trompettes. Que nous regardions
aux sceaux, ou à la parenthèse qui se
trouve entre les deux derniers, Il est
invariablement comme l'Agneau
partout où il est question certainement de
Lui.
Ensuite, cet ange monte
du
soleil levant. Je puis sans difficulté
appliquer un tel mouvement aux anges assujettis au
Fils de l'homme, qui montent et qui descendent pour
faire son bon plaisir: mais lorsque le Seigneur
apparaît sous la forme angélique, ou
bien c'est dans son service de
Souverain-sacrificateur avec l'encensoir d'or, ou
Il descend
en proclamant son empire et avec des signes de sa
puissance tels qu'il n'est pas
possible de s'y méprendre. Dans la
scène décrite ici, il n'est rien dit
qui révèle sans équivoque sa
gloire propre.
On a beaucoup insisté sur la phrase
«jusqu'à ce que nous ayons
scellé,» comme si elle renfermait une
allusion à la pluralité des personnes
dans la Divinité, ainsi qu'en Gen.
I, 26. Je suis surpris qu'on
n'ait pas observé que le reste de la phrase
était incompatible avec un sens pareil.
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit (car tel
dans ce cas serait le sens), diraient-ils,
«jusqu'à ce que nous ayons
scellé les esclaves de
notre Dieu.» Cette idée est
absolument sans fondement aucun. Un pareil langage,
lors même qu'on le mettrait dans la bouche du
Seigneur exclusivement, ne semblerait pas en
harmonie avec sa dignité. Il enseigne ses
disciples à dire «notre
Père,» mais il ne le dit pas avec eux;
et quand il les associe avec Lui-même comme
ressuscité des morts, l'expression dont il
se sert même alors, c'est: «Mon
Père est votre
Père; mon
Dieu
est votre
Dieu;» - ce n'est jamais notre
Dieu. Le sens est donc que, avant que les jugements
divers frappent la création, Dieu se sera
préparé un certain peuple pour
Lui-même. Ce sont des personnes
scellées du sceau du Dieu vivant,
c'est-à-dire qu'elles sont revêtues
d'un caractère en tant que mises à
part pour Dieu. Caïn fut revêtu par
Jéhovah d'une marque bien différente:
elle avait pour but de le mettre à l'abri du
jugement de l'homme. Ici aussi le sceau peut
impliquer l'idée de protection. Dans tous
les cas, ces hommes sont scellé sur leurs
fronts, ce qui, naturellement,
ne signifie pas une marque physique, mais le fait
que Dieu les met à part pour lui-même,
et je suppose d'une manière publique. Qui
sont les scellés? Un résidu
déterminé de son ancien peuple.
Ainsi, nous voyons les anges retenir les jugements
qui vont tomber sur la création, et le sceau
de Dieu est mis sur un certain nombre de personnes
choisies du milieu d'Israël. Dieu aura des
élus d'entre ce peuple, mais ce sera une
élection personnelle et individuelle, et non
pas simplement une élection nationale, comme
jadis. Lorsque David entreprit de faire le
dénombrement du peuple, ce fut un
péché présomptueux; mais ici
c'est Dieu qui, dans sa grâce, prend pour
lui-même un ensemble complet des tribus
d'Israël. Le nombre 144,000 est un nombre
régulier et complet, quoiqu'il soit un
nombre mystique ayant trait, je suppose, à
l'usage que Dieu veut faire ici-bas de la nation
privilégiée.
Le nombre douze implique toujours l'idée de
quelque chose de parfait en vue de
l'accomplissement de l'oeuvre de Dieu, en tant que
confiée à l'administration de
l'homme. On peut voir cela dans les douze tribus
d'Israël, les douze patriarches, les douze
apôtres, et même dans les douze portes
et les douze fondements de la nouvelle
Jérusalem. C'est un nombre parfait dans les
choses du ressort de l'administration de l'homme.
De là vient que, lorsque la nation
d'Israël doit être introduite de
nouveau, nous trouvons employé par le
Saint-Esprit le multiple de douze et exprimé
par des mille: le plein
résultat pour ce qui concerne Israël,
de l'administration que Dieu confiera à
l'homme.
Une question importante a été
soulevée ici; on a demandé si les
tribus d'Israël devaient être prises
dans le sens littéral ou dans un sens
mystique. On fait valoir en faveur du dernier que
la toute première vision, celle des
chandeliers, image empruntée au sanctuaire
juif, ainsi que les allusions renfermées
dans les sept épîtres qui suivent,
mais plus particulièrement dans le chap
III, 12, comparé avec le chap.
XXI, 12, conservent le sens
chrétien tout le long du livre, mais
raisonner ainsi, n'est-ce pas
méconnaître le fait que l'application
de symboles juifs aux Églises, pendant
qu'elles sont expressément
mentionnées comme se trouvant ici-bas, et
d'autres encore à l'Église, soit
glorifiée en haut, ou suivant Christ,
lorsqu'il vient du ciel au jour du Seigneur, est
entièrement distincte de la question, si
certains symboles, pris d'Israël, ne peuvent
pas s'appliquer aussi à une classe
différente de témoins sur la terre
entre ces deux termes?
La véritable question consiste dans
l'intervalle entre le moment où il n'est
plus fait mention des églises et celui
où l'Épouse apparaît en gloire
avec l'Époux. Il suffit de bien poser la
question pour montrer le manque complet de force de
l'argument dans son application, non pas à Apoc.
II, III,
ni à Apoc.
XXI, 12, où en
général nous sommes tous d'accord,
mais aux visions prophétiques à
partir du chapitre
VI.
En outre, il est accordé par le plus
intelligent de l'école historique que, vers
la fin du siècle, les
Juifs seront convertis et se mettront à la
tête dans le chant de louange que les saints
terrestres feront retentir en ce temps. Il se peut
que cela soit placé trop tard dans le livre
et appuyé sur la faible preuve de la
rencontre du mot Hébreu
«Alléluia» en Apoc.
XIX, 3: le fait n'en est pas
moins admis - celui d'une prophétie
apocalyptique de ce qui doit arriver avant
l'apparition du Seigneur. Et qui plus est, une
portion considérable de la même
école, représentée par un de
ses ouvrages les plus populaires (dissertation sur
les prophéties de l'Évêque
Newton, tom I, pages 578, 579), prend les tribus
d'Israël dans leur portée naturelle,
historique, et applique la prophétie qui
nous occupe à la vaste affluence de Juifs convertit qui se trouva sous
le
règne de Constantin.
De fait, le premier écrivain chrétien
qui fasse allusion à ce chapitre,
Irénée, le pieux Évêque
de Lyon, explique sans hésitation l'omission
de Dan, de manière à prouver qu'il
pensait que c'étaient bien les tribus
d'Israël qu'il désignait
réellement. C'est le même langage que
tient aussi Victorien dans un passage au moins du
commentaire le plus ancien qui existe sur
l'Apocalypse. D'autres commencèrent
bientôt de tourner vers la méthode
allégorique jusqu'à ce qu'à la
fin la théorie anti-judaïque devint de
beaucoup la plus générale.
Mais il peut être bon de signaler rapidement
les raisons alléguées par l'un des
plus habiles défenseurs de l'école
mystique, Vitringa. D'abord, il prétend que
s'il faut prendre les noms dans le sens
littéral, il doit en être de
même pour le nombre. Mais
cela s'en suit-il? Et s'il le fallait, où
serait l'obstacle?
Celui qui au jour d'Élie s'était
réservé 7 000 peut bien sceller
144,000 d'Israël à une époque
future. Mais je ne vois pas la
nécessité de cela. Il n'y a pas de
difficulté, sauf pour un esprit
fasciné par l'amour d'une simplification
excessive, à prendre les personnes dans le
sens littéral et leur nombre dans le sens
symbolique. On ne nie point que les symboles
existent, ni qu'ils aient un sens
déterminé, mais c'est contraire
à tous les faits d'attendre une harmonie de
couleurs dans toutes les parties. De plus, que
faudrait-il entendre par un Ruben, un Gad, un Aser
mystiques? Personne, que je sache, ne
prétend attribuer à ces noms une
signification distincte, à moins que ce ne
soit quelque esprit entièrement livré
aux caprices de son imagination.
Ensuite, si c'est dans ce sens qu'il faille les
prendre, on peut s'attendre à ce que chacun
d'eux ait sa signification, et on la cherche en
vain chez, ceux qui plaident avec le plus d'ardeur
en faveur de l'idée générale.
On met encore en avant que par les scellés
il faut entendre les élus de Dieu, qui
doivent être garantis d'une calamité
d'ailleurs universelle; et qui peut assurer que ce
ne sont que des Juifs? Mais qui affirme qu'il n'y a
pas d'autres élus que ceux-là? Nous
allons voir que la portée de la
prophétie et le contexte font entendre le
contraire.
Ce qu'il y a de faux, c'est donc, non pas de
prétendre que les milliers scellés
sont pris des tribus d'Israël seulement, mais
de prétendre qu'il n'y aura pas d'autres
saints que ceux-là.
En troisième lieu, l'omission de Dan semble
présenter une difficulté pour le
moins aussi grande dans l'hypothèse mystique
que dans l'interprétation
littérale.
Dans la bénédiction de Moïse
(Deut.
XXXIII), Siméon est
laissé de côté. Faut-il donc
prendre cette liste des tribus d'une manière
allégorique?
En quatrième lieu, le passage
parallèle allégué
(Apoc.
XIV, 1 ) ne prouve en aucune
manière qu'il ne s'agit pas des tribus
d'Israël prises à la lettre. Les
144,000 du chap.
XIV sont des saints
existant sur la terre peu avant la catastrophe
finale, et en contraste avec ceux qui sont
souillés par Babylone et tenus asservis par
la Bête. Mais qu'ils soient l'Église
plutôt qu'un résidu de Juifs pieux
associés dans la pensée de l'Esprit
avec Christ qui a souffert, mais qui est maintenant
exalté, c 'est ce que les écrivains
de cette trempe n'ont même jamais bien
considéré, et beaucoup moins encore
l'ont-ils établi d'une façon ou de
l'autre.
D'un autre côté, je comprends que la
distinction des tribus est incompatible avec tout
autre sens que le sens littéral. Puis encore
la distinction entre les scellés
d'Israël et la multitude innombrable de toute
nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute
langue, est aussi évidente, aussi positive
qu'il est possible de l'exprimer par des mots. De
sorte que si on l'examine de près, la
théorie mystique ne peut échapper au
reproche d'absurdité; car elle identifie les
Israélites scellés avec les Gentils
qui ont des palmes en leurs mains, nonobstant le
contraste manifeste et formel dans lesquels le
chapitre les place. Cela vient
de ce qu'on ne veut voir dans la multitude Gentille
que la réunion de toutes les
générations successives des
élus d'entre les tribus d'Israël.
Pour ce qui concerne les scellés, on ne
trouve rien qui suggère l'idée qu'il
y a succession parmi eux: l'ordre de suspendre
l'action des quatre vents, jusqu'à ce que
les élus fussent scellés, implique
même le contraire. C'était une heure
précise limitée, de même qu'il
s'agissait d'une classe spéciale de
personnes. Mais ce qui tranche la question, c'est
que les Gentils, porteurs de palmes
(c'est-à-dire, selon quelques- uns, l'Église
chrétienne
dans sa plénitude
céleste), sont tous décrits
comme venant de la grande
tribulation - tribulation que même ils
considèrent comme ayant suivi les jours de
Constantin. Ainsi, à mon avis, tout concourt
a prouvé avec force que les scellés
de notre chapitre sont à la lettre
Israélites; - ils ne sont pas seulement
d'Israël, mais ils sont Israël,
l'Israël de Dieu , de même que
l'interprétation mystique de la
première partie du chapitre, avec
l'interprétation littérale du reste,
conduit ses défenseurs aux
conséquences les plus grossières;
là on la suit systématiquement.
Quant aux tribus dont il est fait mention, il y a
un point particulier sur lequel je ne puis dire que
peu de chose. On y trouve les fils des diverses
femmes de Jacob: d'abord les deux fils de
Léa, Juda et Ruben; puis ceux de Zilpa,
servante de Léa, Gad et Aser; ensuite
Nephthali, le fils de la servante de Bilha, et
à la place de Dan, son autre fils, est
substitué Manassé,
premier-né de Joseph.
Viennent ensuite les quatre fils de Léa,
Siméon, Lévi, Issachar et Zabulon, et
enfin les fils de Rachel, Joseph et Benjamin.
Évidemment les fils sont placés
d'après leurs différentes
mères, les enfants des servantes
étant entremêlés avec ceux des
femmes libres. Dan, qui avait été le
plus en évidence pour l'idolâtrie, est
omis, et à la place d'Ephraïm , le plus
jeune fils de Joseph, nous trouvons Joseph
lui-même.
Ce sont les appelés d'Israël que nous
avons ici; mais les tribus sont comptées et
disposées dans un ordre particulier, ce
n'est plus l'ordre selon la nature, celui de la
naissance, qui est suivi, mais il semble que Dieu
fait entendre qu'il voulait en faire aussi un
peuple spirituel, marqué de son sceau.
Ce seront de vrais Israélites en qui
véritablement il n'est point de fraude. Dan
n'est pas non plus déshérité
à la fin.
(Ezéch.
XLVIII, 1, 32.
) Mais il y a autre chose. Dieu
va aussi sauver une multitude de Gentils, et ici il
n'est point indiqué de nombre: pensée
bien délicieuse par son ampleur; car quoique
Dieu en tire maintenant un peuple pour son nom,
néanmoins quand nous pensons aux multitudes
qui sont plongées dans les
ténèbres, aux myriades de myriades
qui vivent dans les contrées païennes,
et que nous nous disons que dans leur sein il se
trouve tout au plus ça et là une
poignée d'hommes ayant la connaissance de
Dieu, quel sujet de réflexions
pénibles et humiliantes n'est-ce pas pour
nos coeurs? Mais n'est-ce pas remarquable que
lorsque Dieu va nous montrer l'accroissement de la
méchanceté, tant
du Juif que du Gentil, et que ses jugements sont
sur le point d'éclater, nous trouvons que
cette multitude est comptée avec le plus
grand soin en Israël et que Dieu n'oublie pas
les pauvres Gentils?
Il se peut qu'ils ne soient pas placés dans
la même position élevée que les
Israélites, mais néanmoins Dieu les
bénira d'une manière merveilleuse.
Mais le prophète qui venait de
reconnaître les élus scellés
d'Israël et en avait entendu le nombre doit
recourir à un des anciens pour apprendre
quels sont ceux dont se compose cette multitude
innombrable. Ils étaient pour Jean une foule
nouvelle, inconnue parmi les bienheureux. S'ils
eussent été scellés sur leurs
fronts, peut-on croire que leur vue eût
semblé après cela aussi
étrange?
La multitude dont il s'agit ici est distincte de
l'Église, si même elle ne fait pas
contraste avec elle, et voici comment nous savon
,cela clairement.
Les anciens représentent les saints
célestes comme chefs de la sacrificature.
Or, Dieu pourrait bien employer deux symboles
différents pour représenter le
même corps, comme par exemple les vierges
sages et les bons et fidèles serviteurs en Math,
XXV sont successivement des
figures des saints célestes; mais notre
passage donne la multitude Gentille et les anciens
comme des
sociétés distinctes comprises dans
la.même scène. En outre, les
anciens font une chose et la multitude en fait une
autre. Et par-dessus tout, remarquez que la
manière dont Dieu parle de cette multitude
la distingue totalement, soit de l'Église de
Dieu, soit des saints de l'Ancien Testament.
Voici, en effet, ce que nous lisons au verset
14: «Ce sont ceux qui
sont venus de la grande
tribulation.»
Je comprendrais naturellement que l'ensemble de
cette dispensation fut appelé, d'une
manière figurée, un temps de
tribulation et même de grande tribulation;
mais ici il n'est pas dit simplement: «Ce sont
ceux qui sont venus d'une grande tribulation,»
mais, de la
grande tribulation.»
Il n'est pas possible d'étendre «la
grande tribulation» à tout le temps qui
s'est écoulé entre la première
et la seconde venue du Seigneur. Même les
interprètes protestants, qui se tiennent
à un sens vague en font eux-mêmes une
tribulation spéciale, mais ils l'appliquent,
comme c'est tout naturel chez eux, aux terribles
persécutions de la papauté.
Le texte signale un temps particulier de
détresse, et nous apprenons d'ailleurs qu'il
est encore à venir; et c'est
précisément ce temps-là que
comprend la partie centrale de l'Apocalypse, ce
temps dont surtout elle traite. Il était dit
dans l'épître à Thyatire:
Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui
commettent adultère avec elle dans une grande
affliction, s'ils ne se repentent de ses
oeuvres.»
Je soupçonne fort que cette grande
tribulation doit s'accomplir maintenant. La
scène de l'Église est close, la
grande tribulation vient avec rapidité, et
ceux qui avaient fait profession de christianisme,
mais qui étaient retournés à
l'idolâtrie, y seraient jetés avec
d'autres. Ce que Dieu nous fait voir ici, c'est
donc une multitude de Gentils
sauvés; il ne s'agit point des Juifs,
car nous les avons eus juste
avant, et ce n'est pas non plus les
chrétiens, car ils seront alors dans le
Ciel. C'est un corps de Gentils, appelés
après l'enlèvement de
l'Église; ils doivent se trouver dans la
grande tribulation, mais ils y seront
préservés.
Il est parlé de la grande tribulation dans
plusieurs parties de la parole de Dieu.
Jérémie la nomme en rapport avec les
Juifs.
(Jérém.
XXX, 7.)
«Hélas! que cette
journée-là est grande. Il n'y en a
point eu de semblable, et elle sera un temps de
détresse à Jacob , mais il en sera
pourtant délivré.» Il doit y
avoir un temps d'angoisse excessive, qui se termine
par le jour du Seigneur, et Jacob doit en
être délivré , de sorte que
vous avez là la détresse du Juif
ainsi que sa délivrance.
Mais c'est encore plus explicite en Daniel.
(Dan.
XII.) L'ange parle du propre
peuple de Daniel, des Juifs. «En ce temps-
là..., et ce sera un temps de
détresse tel qu'il n'y en a point eu depuis
qu'il y a eu des nations jusqu'à ce
temps-là, et en ce temps-là, ton
peuple, c'est à savoir quiconque sera
trouvé dans le livre,
échappera.»
C'est là «le temps de la
détresse de Jacob, mais il en sera
délivré.»
C'est évidemment une contre-partie manifeste
des paroles de Jérémie. J'en conclus
qu'il doit y avoir une période future de
«détresse,» telle qu'il n'y en a
jamais eu,»... et qui précédera
immédiatement la délivrance du peuple
de Jacob, comme il en est parlé dans ces
prophéties.
En Mathieu
XXIV, le Seigneur
lui-même y fait allusion. «Car alors il
y aura une grande affliction, telle qu'il n'y en a
pas eu depuis le commencement du
monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en
aura jamais.»
Évidemment c'est la même
période que nous avons là, le
Seigneur citant le passage même de Daniel. Il
est de toute clarté qu'il ne parle que des
Juifs, parce qu'ils sont supposés être
en rapport avec le Temple, et qu'ils sont
exhortés à prier pour que leur fuite
n'arrive pas en un jour de Sabbat, cas où
ils ne pourraient aller plus loin que le chemin
d'un Sabbat, non plus qu'en hiver.
Dans l'un et l'autre cas, leur fuite rencontrerait
un obstacle, soit du côté de Dieu,
soit dans les circonstances de la saison. La
même allusion se trouve en Marc, mais Luc
semble parler d'une manière plus
générale. Quelles sont donc les
personnes qui doivent se trouver sur la
scène de la tribulation?
D'abord il y aura des Juifs dont il est
parlé dans les prophètes et les
évangiles, objet des soins de Dieu qui agira
avec amour à l'égard d'un
résidu d'Israël et le délivrera
de sa détresse. Puis Apoc.
VII, 9, nous apprend qu'il
doit aussi y avoir une multitude de Gentils. Mais
ni l'une ni l'autre de ces deux catégories
ne sont l'Église.
Nous ne voyons jamais Dieu s'occuper ainsi dans ses
voies du Juif et du Gentil comme tels et en
même temps former l'Église, car alors
il y aurait dans le même temps, sur la terre,
au moins deux, sinon trois objets - non-seulement
différents, mais opposés - de
l'affection particulière de Dieu, et avec
lesquels il agirait sur des principes et dans des
buts différents.
Supposez qu'il y eût deux personnes que
le Seigneur s'occupât de
rapprocher de lui: s'il s'agissait du Juif, Dieu
reconnaîtrait un temple, une sacrificature et
un culte terrestres. Quand il était sur la
terre, le Seigneur reconnaissait les Juifs comme
tels, et il fera de même, d'une
manière plus bénie encore dans le
jour qui approche.
Mais aussi longtemps qu'il s'occupe de la formation
de l'Église, l'ordre juif cesse d'avoir des
droits.
A supposer donc que Dieu bénit les Juifs
comme Juifs, et qu'en même temps il fût
occupée former l'Église sur la terre,
si deux personnes se convertissaient, l'une dirait:
je dois encore avoir mon sacrificateur et aller au
temple , tandis que l'autre s'écrierait: il
n'y a pas d'autre sacrificateur que Christ, et
c'est dans le ciel qu'est le Temple.
Voyez la confusion qui résulterait du fait
que Dieu reconnaîtrait dans le même
temps ici-bas un peuple terrestre et un peuple
céleste.
En ce temps de tribulation, où le Seigneur
reconnaîtra en un certain sens le Juif,
c'est-à-dire le résidu fidèle,
l'Église ne sera plus sur la scène.
Les objets de la délivrance seront des Juifs
élus et des Gentils élus,
parfaitement distincts les uns des autres, et non
l'Église de Dieu dans laquelle ils sont
unis, et où toutes les distinctions
disparaissent.
Nous avons vu dans les chap.
IV, V,
la preuve directe que
l'enlèvement de l'Église a eu lieu
alors. Ici nous en trouvons une
démonstration indirecte dans le fait de
Juifs scellés et de Gentils sauvés,
et dans l'expresse distinction de ces derniers, des
anciens ou des saints célestes.
Les Juifs scellés comprenaient les
élus d'entre toutes les
tribus d'Israël, excepté là
où il se trouvait une flétrissure
particulière comme dans le cas de Dan. Mais
du moment que les Juifs reparaissent, Dieu
regarde aussi vers les nations, quoique
séparément d'Israël, parce
qu'ayant déjà visité le Gentil
dans sa miséricorde, Il ne la lui retirera
jamais. C'est pourquoi, comme Il parle ici de
miséricorde à une plénitude
d'Israël, il y a aussi le salut pour une
multitude de toute nation, de toute tribu, de toute
langue et de tout peuple.
Nous avons vu en Thyatire que si les coupables
chrétiens de profession continuaient dans
leur péché avec Jésabel, ils
seraient abandonnés et auraient à
passer par la grande tribulation. Ici nous trouvons
la grande tribulation arrivée, et
non-seulement les Israélites sont
scellés, mais une multitude de Gentils en
sont délivrés.
L'Ancien Testament ne parle pas de
délivrance de Gentils, il ne parle sous ce
rapport que des Juifs. Cependant Dieu a
envoyé le salut aux Gentils, et de là
vient que la délivrance Gentille est aussi
prééminente dans la prophétie
du Nouveau Testament que l'est dans l'Ancien la
délivrance juive. Dieu fait voir qu'il y a
à sauver dans les derniers jours une immense
multitude de Gentils.
Mais en sera-t-il ainsi dans ces contrées
où la lumière de l'Évangile a
brillé et a été
méprisée? «Ils n'ont pas
reçu l'amour de la vérité pour
être sauvés. Et à cause de cela
Dieu leur enverra une énergie d'erreur pour
croire au mensonge, afin que tous ceux-là
soient jugés qui n'ont pas cru à la
vérité, mais qui ont pris plaisir
à l'injustice.»
(2
Thess. II,
10-12.) Dieu visitera
ceux
qui n'ont pas joui de ce témoignage, les
peuples en dehors de la chrétienté
auxquels Christ n'a pas été
présenté comme il faut.
L'Église a entièrement manqué
à ce que Dieu attend de nous. Il appelait
l'Église à prendre la croix et suivre
Christ; mais dans la pratique, l'Église a
laissé la croix et suivi le monde.
Tout cela a endurci les païens, qui trouvent
que l'Église ne porte pas les fruits qui
conviennent à la grâce et à la
vérité que nous professons avoir
trouvées en Christ. Mais Dieu, dans la
plénitude de sa miséricorde, ira vers
ces peuples de dehors. Ma pensée est donc
que ces mêmes pays, qui se seront
donnés comme le centre d'où jaillit
la lumière , seront plongés alors
dans l'idolâtrie de l'Anti-Christ, tandis que
ceux qui auront été dans les
ténèbres se montreront dans la
lumière. Ce sera seulement une seconde fois
l'histoire de la Galilée des nations,
lorsque Jérusalem méprisa et perdit
le Fils de Dieu, - hélas! jusques à
quand?
Le résultat béni de cela nous
apparaît ici dans cette multitude innombrable
de toutes nations, de toutes tribus, de tous
peuples et de toutes langues, qui se tiennent
devant le trône (1) et devant
l'Agneau. Leurs
robes
sont les robesde justice, et
leurs palmes sont les palmes de la victoire; mais
ils ne chantent pas le cantique nouveau. Rien dans
cette scène ne rappelle le ton
élevé et triomphant du chap.
V; pas d'intercession pour
d'autres, pas un mot du privilège
d'êtres fait rois et sacrificateurs pour
Dieu. Ils crient à haute voix: «Le
salut est de notre Dieu qui est assis sur le
trône et de l'Agneau.» Ce sont des
personnes sauvées; mais dans ce qu'elles
célèbrent, elles s'arrêtent au
titre que Dieu prend sur le trône et à
l'Agneau; elles ne vont point au-delà. Or,
Dieu n'est pas assis maintenant sur le trône
écrit dans ce passage , du moins ce n'est
pas ainsi qu'Il se révèle
pendant que l'Église est
sur la terre. Il y prendra bientôt sa place,
comme quelqu'un qui va procéder à des
jugements; et la grande idée qui me
paraît présentée ici, c'est que
quoique ce soit un temps de colère et
d'action judiciaire préparatoires, Dieu
montre une miséricorde signalée,
même envers les Gentils.
Le verset
13 nous présente les
anciens considérant cette scène.
Comment pourraient-ils se contempler eux-
mêmes? Tel cependant doit être le cas,
si on suppose que les anciens et l'innombrable
multitude figurent également
l'Église. Ce sont des catégories
distinctes. Si les anciens sont l'Église, la
multitude ne l'est point; et si la multitude l'est,
alors les anciens ne sauraient l'être. Je
puis bien comprendre qu'un homme se soit fait
peindre avec un costume à une époque,
et dans un costume différent à une
autre. Mais il n'est pas possible que le portrait
d'un homme le représente revêtu, dans
le même moment, de deux costumes
différents destinés à le
montrer dans des caractères distincts et
remplissant en même temps des fonctions
opposées.
Dans l'Église de Dieu dont l'appel a cours
actuellement, il n'y a ni Juif ni Gentil. Du moment
que vous trouvez la distinction entre eux
gardée, il ne saurait y avoir
l'Église. Partout où vous
séparez le Juif du Gentil vous êtes
hors du principe de l'Église. Avant la mort
et la résurrection de Christ, Dieu
n'était pas occupé à former du
Juif et du Gentil un seul corps. Aussi, quand
le Seigneur Jésus
était sur la terre, allait-il jusqu'à
défendre à ses disciples d'aller vers
les Gentils, ou même d'entrer dans les villes
samaritaines. Mais quand le moment fut venu
où il allait former l'Église, Lui, le
commencement, le premier-né d'entre les
morts, il leur commanda d'aller partout et de
prêcher l'Évangile à toute
créature, au lieu de rechercher seulement
ceux qui le méritaient en Israël.
Par là, Dieu manifestait un changement total
dans ses voies; non pas qu'il n'eût pas connu
la fin depuis le commencement, mais dans le dessein
de déploiements nouveaux de sa gloire en son
Fils. C'est ainsi, pareillement, que lorsque la
vocation présente prendra fin, sa
miséricorde s'ouvrira des voies nouvelles
comme nous l'avons vu.
J'ai donc confiance qu'il a été
montré clairement, que ce n'est pas
l'Église qui fait le sujet de ce chapitre,
mais bien Israël et les Gentils bénis
comme tels. Et certes, je n'hésite pas
à dire que si quelqu'un supposait que Apoc.
VII traite de l'Église,
cela prouverait qu'il n'a pas une idée juste
de la nature et de la vocation de l'Église,
- qu'il n'a pas l'idée de ce que le
Saint-Esprit rattache avec le corps de Christ ici-
bas (2).
L'Église de Dieu est essentiellement
un corps céleste qui
exclut complètement toute distinction de
Juif et de Gentil. Il résulte de ce
chapitre, si même il n'a pas pour but de
l'établir, qu'au temps auquel il se rapporte
ces distinctions reparaissent. Il nous
présente d'abord un ensemble
déterminé d'Israélites,
ensuite une foule innombrable provenant des
Gentils; outre ces deux catégories, la
classe des rachetés composée de Juifs
et de Gentils, et qui nous est familière
depuis longtemps dans ce livre, savoir, les anciens
couronnés, y est aussi
présentée comme un corps
entièrement distinct.
Nous avons donc dans ce chapitre, «le Juif, le
Gentil et l'Église de Dieu,» - des
Juifs scellés et des Gentils sauvés
pour la terre, comme je le suppose, et
l'Église avec les saints
del'Ancien Testament
conservés pour la gloire céleste.
Quoique une grande miséricorde soit aussi
manifestée aux élus des douze tribus,
et aux Gentils aussi qu'on aurait pu croire
oubliés alors
(vers.
14-17), ce n'est pas cependant
le même haut privilège dont nous
jouissons.
«Ils» c'est- à-dire, les Gentils
épargnés, «le servent jour et
nuit dans son temple.» Mais quand le Saint-
Esprit nous montre notre place particulière
de bénédiction, le prophète
dit: «je ne vis point de temple en elle.»
Au chap.
XXI où il décrit
l'épouse ou la Jérusalem
céleste, c'est un état de choses
entièrement différent de ce que nous,
avons ici. Quoique ce fût la cité
où vous vous seriez attendu avant tout
à trouver un sanctuaire, il dit: «Je ne
vis point de temple en elle.» Pourquoi cela?
parce que cette cité est le symbole de
l'Épouse, et que lorsque Dieu
révèle la bénédiction
et la gloire de l'Église, Il en parle comme
l'attirant tout près de lui-même de
telle sorte qu'il n'y ait que Christ entre Lui et
Elle; si nous pouvons appeler cela entre,
quand Christ lui-même est l'image du Dieu
invisible, celui qui nous révèle Dieu
et qui est Dieu. Elle exclut l'idée du
Temple. Ici au contraire nous avons le Temple. Un
des plus grands privilèges mentionnés
comme appartenant à ceux dont il s'agit,
c'est qu'ils servent Dieu dans son temple, et que
Celui qui est assis sur le trône dressera
sa tente
sur eux.» Tel est le véritable
sens de l'original, qui ne
signifie point, habitera avec eux, comme disent les
versions ordinaires.
Au chap.
XXI, nous trouvons Dieu
habitant avec les hommes; mais c'est une expression
complètement différente de celle de
notre chapitre. Ici l'idée est que la
présence de Dieu couvre
les
Gentils de son ombre, les protège, les met
à l'abri; mais rien ne tend à faire
penser que Dieu prenne sa place avec
eux. Ils sont bénis de Dieu ,
couverts de son ombre, et protégés
comme autrefois Israël, sous la nuée de
sa présence. Comme eux aussi, dans l'avenir,
(Es.
XLIX) ils n'auront plus faim,
ils n'auront plus soif, et le soleil ne les
frappera plus ni aucune chaleur: expressions
bénies mais qui rappellent plutôt une
position terrestre qu'une position
céleste.
Pour nous,
nous avons l'Agneau lui-même pour nous
paître maintenant.
Même ici, il nous donne d'avoir en nous des
fontaines d'eau jaillissante jusques dans la vie
éternelle, et de voir couler de nous des
fleuves d'eau vive.
J'ai donc tâché d'établir que
les desseins de Dieu ne se bornent pas à ce
qu'il fait maintenant. Tout en formant le corps
céleste de l'Église, et lui
conférant les plus hauts privilèges
qu'il puisse accorder, Dieu va bientôt
visiter les Gentils. Il se souviendra d'eux, et
cela sera fait au milieu des jugements les plus
terribles qui précèdent le grand
jour.
Dieu fait voir clairement notre position propre au
milieu de tout cela, car nous
voyons les anciens distingués de tous les
autres, et ils ont la pensée de Christ. Ceci
est la position de l'Église même sur
la terre, absolument comme Joseph fut en son temps
, le dépositaire de la sagesse de Dieu.
En prison , ou hors de prison , il entrait dans les
pensées de Dieu, et était capable de
les exprimer à d'autres. Telle est la
position dans laquelle nous place la bonté
de Dieu. Hélas! Combien peu elle est
appréciée, et comme nous agissons peu
en conséquence. Avoir la pensée de
Christ est l'un des plus précieux
privilèges qui appartiennent à
l'Église de Dieu, après la position
que Dieu nous donne en tant que, amenés tout
près de lui en Christ. Il devrait y avoir la
puissance d'annoncer les pensées de Dieu
révélées par le
Saint-Esprit.
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