Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE V

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 Le chapitre précédent nous a fourni un tableau de la plus haute signification et du plus grand intérêt: Dieu dévoilant, pour ainsi parler, l'intérieur du ciel, la pensée et l'emploi du ciel avant que nous voyons tomber sur la terre un seul coup du jugement. Mais ce tableau aurait été incomplet, si le Saint-Esprit n'y eut ajouté la scène qui nous est révélée dans ce chapitre. Car s'il y avait une manifestation divine, et si les anciens entraient avec intelligence dans le culte de Dieu, confessant sa gloire dans la création et dans le gouvernement de sa providence, cependant, il n'y avait point là de chant, et moins encore le chant du «cantique nouveau». Or. le grand but du chapitre qui est devant nous, c'est de montrer cette autre et plus parfaite manière dans laquelle nous voyons les anciens se prosterner devant l'Agneau et lui rendant hommage. Le Saint-Esprit prend un soin tout particulier à montrer que Dieu , à mesure qu'il se dévoile lui-même, doit-être l'objet, la source et la base de toute l'adoration qui va suivre de la part de la créature. Ce n'est point une conception de l'esprit de l'homme: ce serait de l'idolâtrie. Il nous faut une révélation divine pour avoir une vérité divine et un culte digne d'être agréé. Les figures que nous présente le chap. IV ont laissé Dieu dans une sorte de grandeur et de majesté mystérieuses. En conséquence, le culte des anciens n'allait pas au-delà de la pensée que Dieu avait créé et soutenu toutes choses. C'était sa gloire en création et en providence, et leur louange à eux y répondait d'une manière intelligente.

Dans ce chap. V, nous avons une plus précieuse scène. Et pourquoi? Parce que nous avons l'Agneau. Quelle bénédiction n'apporte- t-il pas! Il a effacé le péché -enlevé l'aiguillon de la mort -Il nous a approchés de Dieu, et a mis dans notre bouche un cantique approprié à la présence de Dieu.
Dans cette portion bénie de la Parole nous avons, comme en étant le principal sujet, la portée de la rédemption quant à ce qui constitue les occupations et le culte dans le ciel, et leur rapport avec les conseils et les voies de Dieu sur la terre.
Tant qu'il s'agissait seulement de la gloire de Dieu dans la création, il n'y avait pas du tout de livre. Mais maintenant le prophète regarde, et il voit «dans la droite de Celui qui était assis sur le trône, un livre, écrit au-dedans et sur le revers, scellé de sept sceaux (vers. 1).

Dans les temps anciens, un livre était un rouleau manuscrit, écrit seulement au-dedans pour les cas ordinaires. Mais ici il y a plénitude de révélation. Elle déborde, pour ainsi dire, et est inscrite sur le revers aussi bien qu'au dedans, et tout à la fois protégée de sept sceaux. Mais remarquez, que si Dieu est vu ayant ce livre en sa main, il n'y a que l'Agneau qui l'ouvre, et que tout le contenu du livre apparaît en connexion avec lui.
Combien il est évident qu'il ne peut jamais y avoir une manifestation de la pensée de Dieu concernant les choses à venir, sans la connaissance de Christ et de sa gloire en rapport, avec elles! Tout chrétien sait qu'on ne pourrait être sauvé sans Christ; mais beaucoup ne s'aperçoivent pas que sans Christ il n'y a point d'intelligence de la prophétie, ni connaissance vraie de ce qu'est l'Église.

C'est ainsi que les hommes forment des associations religieuses et les appellent églises. Mais je n'hésite pas à dire qu'il est plus aisé de faire le ciel et la terre que de faire l'Église de Dieu. Mais la présomption de l'homme s'est élevée à un si haut point, que les choses les plus grandes et les plus saintes de Dieu deviennent l'oeuvre (pour ne pas dire le passe-temps) de chrétiens, parce qu'ils ont, défait, séparé l'Église de la personne de Christ.
Ils traitent l'Église comme affaire de choix et de forme, au lieu de reconnaître qu'elle est le champ spécial des opérations les plus pures et les plus profondes de l'Esprit, et l'objet le plus cher des affections de Christ, ainsi que le témoin de ses principales gloires.

L'ordre de l'Église et les voies de Dieu en elle, font ressortir toute la profondeur et toute la hauteur de la sagesse et de la grâce divines. La grande difficulté, aujourd'hui comme de tout temps, vient de ce que ceux que le Saint-Esprit rassemble autour du nom du Seigneur Jésus-Christ, traînent avec eux un tas d'opinions du quartier d'où ils viennent -des idées et des habitudes longtemps caressées qu'il leur faut désapprendre. Ils ont aussi la même chair que les autres -la même vanité, la même promptitude, la même imagination, etc.

Nous devons nous souvenir que ce que les autres ont fait, nous ne sommes pas nous-mêmes moins en danger de le faire. Si l'Église a si tôt failli après que Dieu a eu déployé ici-bas ses nouveaux et précieux conseils de grâce céleste, il est beaucoup plus facile, maintenant que la chrétienté a abandonné et presque oublié ses meilleurs privilèges, de tomber encore dans la même erreur et la même infidélité. La grande racine du mal, c'est la tendance à regarder l'Église comme étant notre propriété et non celle de Christ. Vous n'arrivez jamais en dehors de Christ à la pleine vérité à l'égard de quoi que ce soit qui concerne soit Dieu, soit nous-mêmes. Il demeure toujours vrai que que la loi fut donnée par Moïse (et il était éminemment un serviteur honoré de Dieu) mais «la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ.»

Il en est de même de l'interprétation de la prophétie. Si je fais rapporter la prophétie à moi-même ou à mon pays, je puis trouver dans la septième coupe la dernière révolution Française, ou la maladie des pommes de terre, ou le choléra asiatique, ou bien quelque chose de ce genre. Je puis prendre le pays «qui fait ombre avec des ailes» pour la Grande-Bretagne et ses vaisseaux, et les « vaisseaux de jonc»  pour les navires cuirassés. (Ésaïe XVIII). Trouvez-vous cela par trop absurde? Eh bien, des chrétiens l'ont fait, et cela, parce qu'ils rattachent les choses à eux-mêmes, au lieu de les rattacher à Christ.

D'un autre côté, du moment que les choses sont considérées en relation avec Christ, il est la lumière, et nous sommes délivrés de toutes ces pensées d'homme. Car qu'est-ce que notre pays ou notre temps? Ni l'un ni l'autre ne sont Christ. Si je recherche la communion avec Lui, je serai dès lors débarrassé du désir de choisir pour centre de mon système quelque chose qui se rapporte à moi.
Si l'on regarde sous un point  vue historique aux siècles de ténèbres, ou aux précédentes invasions des barbares, on trouve tout cela très intéressant et l'on en conclut qu'il serait impossible que Dieu eût omis cela dans son livre, qu'il doit avoir dit quelque chose au sujet d'une transition aussi importante.
C'est ainsi qu'on s'est imaginé que l'invention même de la poudre était anticipée en Apoc. IX; la découverte de l'Amérique au chap. X, et l'importance politique du Protestantisme au chap XI. En un mot, il n'est idée bizarre que l'on n'ait pas cru découvrir dans l'Apocalypse. Et de telles choses sont avancées même par des gens pieux! N'y a-t-il pas pour nous un avertissement dans tout cela? Puissions- nous être préservés du même piège qui a entraîné des personnes naturellement aussi sobres (ou aussi faibles) que nous! Dieu nous fait voir qu'il n'est pas de mesure de connaissances de science, de sincérité, non pas même de piété, qui nous rende capables de comprendre Dieu, ou sa Parole Qu'est-ce donc qui nous donnera cette capacité? Christ seul!

C'est l'Agneau, et non point nos propres pensées, qui nous initie aux choses de Dieu. Il en est beaucoup qui pensent que l'Église étant l'objet particulier de l'amour de Dieu, toute la prophétie doit s'y rapporter. Idée dès plus erronées! Le contraire est la Vérité. De fait il serait plus vrai de dire que l'Église n'est jamais le sujet dont la prophétie s'occupe.
L'affaire propre de cette dernière, c'est de traiter des événements terrestres, et l'Église a sa place dans la gloire céleste.
Quand nous arrivons à la véritable intelligence de ce livre, nous voyons que le jugement en constitue le sujet; et l'objet exprès de ces deux chapitres, est de nous montrer qu'avant qu'un seul jugement sorte du trône, l'Église est retirée de la scène, et, pouvons-nous dire, a reçu domicile dans la gloire céleste.

Les co-héritiers étant alors avec Christ, Dieu se prépare à introduire dans le monde son héritier Premier-né. Si on ne voit pas cela, l'Apocalypse ne saurait être comprise dans son ensemble. On peut bien tirer de l'encouragement d'une portion particulière, mais ce n'est pas là avoir l'intelligence du livre. Pour comprendre la portée de la prophétie, il faut que je fasse de Christ, et non de l'Église, son objet; autrement je suis hors du point de vue auquel le Saint-Esprit l'a écrite; Ce n'est pas l'Église mais Christ qui est le centre du royaume de Dieu.
Les astronomes pensaient que la terre était le centre autour duquel gravitaient les corps célestes, jugeant superficiellement des choses par ce qui s'en présentait à leurs sens. Christ est le vrai centre et le vrai soleil du système de Dieu.

Dans notre chapitre, nous voyons Dieu sur le point de dévoiler ce qu'il était impossible à l'homme de découvrir. «Un ange fort proclamant à haute voix»; etc. (vers. 2).
Les anges sont les êtres «qui excellent en force» -non en intelligence. Nous ne pouvons pas supposer qu'ils possèdent la même nature d'intelligence que ceux qui sont membres du corps de Christ. Il n'est, ni ne peut être dit des anges  qu'ils sont scellés du Saint-Esprit, tandis que c'est lui, le Saint-Esprit, qui en rendant témoignage à Christ, est la puissance d'intelligence dans le plus faible enfant de Dieu.

Si je veux connaître la vraie position de l'Église comme corps; je dois regarder à la position de Christ comme Tête; et si je désire apprendre ce que Dieu va faire à l'égard de la terre, il me faut examiner le témoignage de Dieu touchant Christ comme Fils de David et comme Fils de l'homme.
Si je mets involontairement, sans aucun doute, l'Église à la place de Christ, je me tromperai complètement. C'est bien vrai que Dieu aime ses saints, et qu'il est dans son intention qu'ils partagent avec Christ le gouvernement sur toute la terre. De ceci l'homme conclut que l'Église doit avancer et prospérer ici-bas; mais quand les révélations divines touchant Christ sont plus sérieusement pesées, j'apprends une autre vérité -savoir, que Christ vient comme juge. Cela suppose naturellement que le corps professant n'a pas rempli sa mission, car s'il l'eût remplie, sur qui, dans la Chrétienté, Dieu devrait-il faire fondre son jugement? «Cet esclave qui a connu la volonté de son maître, et qui ne s'est pas préparé, et qui n'a point fait sa volonté, sera battu de plusieurs coups.»

Voyez la vérité que Dieu met devant nous ici.
En premier lieu, il y a le livre, c'est-à-dire, la révélation des conseils de Dieu relativement à la terre. Pas une seule créature ne fut trouvée digne d'ouvrir le livre, ni de le regarder. A cause de cela le prophète pleure (vers. 3, 4.).
On ne doit point oublier que dans ce Livre l'apôtre Jean n'est pas présenté dans sa complète position comme apôtre dans l'Église, mais plutôt comme prophète. Il était, c'est vrai, un membre des plus honorés du corps de Christ, mais le but de ce livre n'est pas de montrer notre proximité avec Dieu dans cette relation-là: c'est comme prophète de jugement intermédiaire et de gloire finale, qu'il est vu. Il n'est pas considéré comme ayant une parfaite communion avec ce qui se passait autour de lui. Mais ceci est bien le trait caractéristique de la description des saints de l'Ancien Testament, ainsi qu'il est dit en 1 Pierre I; «Duquel salut les prophètes se sont enquis», etc.
Il se peut aussi que le prophète Jean se soit trouvé ici dans cette position, principalement parce que le livre de l'Apocalypse n'est pas destiné seulement à l'Église, qui allait être dans le ciel et qui même était vue au ciel; mais qu'il est encore destiné à un corps de témoins trouvé sur la terre après le départ de l'Église, et qui passera par de terribles souffrances dans les derniers temps. Jean est un personnage qui représente plutôt, semble-t-il, ceux qui jouiront de l'Esprit de prophétie ici-bas en Israël, après l'enlèvement de l'Église au ciel, que ceux qui, comme fils, ont un titre, par grâce, à la communion avec le coeur de leur Père.

Les anciens, nous montrent la vraie position qui appartient aux saints célestes; et en conséquence, lorsque Jean pleurait beaucoup, un des anciens qui comprenait parfaitement ce qui se passait, lui dit: «Ne pleure pas: voici, le Lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux» (Vers. 5)
Voici tout d'un coup le Seigneur Jésus introduit. Sa Personne est manifestée, mais c'est en rapport avec les desseins terrestres de Dieu.
Il est appelé «la racine de David». David est celui que le Seigneur avait élu roi d'Israël. Emphatiquement, Il était David «le roi». Ce titre est donc l'expression des conseils de Dieu à l'égard de Christ pour ce qui concerne la terre.

Vous avez Juda choisi pour être la grande tribu en connexion avec le Christ ou Messie. Voici dans quel langage et sous quel caractère les anciens annonçaient le Seul qui pût ouvrir ce livre -«le Lion qui est de la tribu de Juda.»
Le lion implique l'idée de majesté et de puissance parmi les bêtes sauvages de la terre. Jacob avait comparé Juda à un lion. Tout s'enchaîne dans l'Écriture. Le Saint-Esprit qui parla par Jacob sur son lit de mort, parle maintenant au moyen de Jean, et révèle que, tout rejeté qu'il soit de la terre, le Lion de la tribu de Juda est reconnu en haut comme Celui en qui tous les desseins de Dieu ont leur centre.
Il était «la racine de David», titre qui avait une plus grande portée que celui de fils de David. Il était le Seigneur de David. Il pouvait sortir de David, mais il était toutefois la racine de David, la source réelle, quoique secrète de tous les titres et de toutes les promesses qui lui avaient été faites; tout, comme Jean-Baptiste disait: «Il vient après moi», -bien qu'en réalité il fût avant lui.
Mais il y a une autre déclaration remarquable. Il n'est pas dit seulement qu'Il était digne, mais qu'Il «a vaincu».
Le petit mot «vaincu» (conquis, subjugué) est lié avec tout le sujet du chapitre; c'est la victoire de Jésus dans la rédemption. Le Seigneur Jésus a été de tout temps digne de prendre le livre; mais s'il l'eût reçu et ouvert sur le seul fondement de sa dignité personnelle, que nous eût valu cela? Il aurait dû rester encore scellé pour nous. C'est pourquoi le Seigneur n'a pas seulement prouvé qu'Il était personnellement digne d'ouvrir le livre contenant les futurs conseils de Dieu, mais qu'Il avait vaincu; et c'est en vertu de cette victoire que nous sommes mis en droit d'écouter et de comprendre.

«Et je vis, au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé» etc. (vers. 6.)
Jean avait entendu parler d'un lion, mais maintenant qu'il vient à regarder, c'est un agneau. Là où il s'attendait à trouver le symbole de la puissance, se présentait à tous les regards le tableau de la souffrance et du rejet les plus saints. Et tel était l'emblème de Christ, en tant que vu même sur le trône dans toute la gloire du ciel: celui qui était frappé en qui il n'y avait point de fraude et qui ne résistait pas -«un Agneau comme immolé».

Il est revêtu de la puissance parfaite; les sept cornes, sans nul doute, ne signifiaient pas moins que cela; les sept yeux sont le symbole d'une parfaite intelligence -la plénitude de l'Esprit, en rapport ici avec la terre et son gouvernement. Mais Celui qui est vu possédant toute cette autorité et toute cette sagesse c'est l'Agneau.
Je crois que la base de toute notre bénédiction, repose sur cette précieuse vérité. Le Seigneur de gloire est devenu un Agneau, et, doit être connu comme tel si nous voulons tirer profit des révélations qui suivent.

L'Agneau est la figure qui répond à l'idée de la rédemption. Même en ce qui regarde les Juifs, quand l'agneau était offert matin et soir, Dieu leur montrait que si un pauvre pécheur avait quelque chose à faire avec Lui, et que s'il pouvait continuer d'aller avec eux, c'était, à cause de l'Agneau; et ceux qui avaient de l'intelligence regardaient en  avant, quelque obscurément que cela se fît, à un Agneau meilleur.
Le Fils de Dieu devait devenir l'Agneau de Dieu. Et maintenant qu'Il a été chassé du monde il est le rejeté, et bien que glorifié dans le ciel, il y porte encore les marques de ses souffrances. Il est vu au milieu du trône, pareil à un Agneau qui aurait été immolé.

Le sacrifice de l'Agneau n'est pas le seul sujet que présente ici le Saint- Esprit; Il présente également Christ comme le saint homme de douleur, accepté en haut. Seul fondement pour le pécheur, il est aussi le modèle des siens, la source de leurs espérances -et pour cette raison que si nous souffrons nous régnerons aussi avec Lui.
Ici donc, comme partout ailleurs, nous voyons que le Roi des rois et le Seigneur des seigneur» est Celui qui a le plus souffert; Dieu rapproche ces deux pensées au chap. XVII: l'Agneau souffrant et rejeté, et le Roi des rois. Pourquoi? parce que Dieu veut nous montrer que toute gloire repose sur Christ, le Rejeté et le Méprise de la terre.
La chose même qui semblait être le coup de mort pour toutes les espérances d'Israël fraie la voie aux pensées les meilleures, aux conseils de gloire les plus élevés qui aient jamais existé.
Si nous considérions la croix en elle-même, il pourrait nous sembler que tout avait pris fin, et qu'il n'y a pas jusqu à l'espérance qui ne soit couchée dans le tombeau, car là se trouvait rejeté et crucifié, Celui qui aurait pu bénir Israël; vaincre Satan et mettre fin au péché et à la misère humaine! Tout semblait détruit et terminé prématurément dans la mort de Christ; et cependant tel fut le moyen même dont Dieu se servit, afin de pouvoir bénir tout de suite et éternellement selon les désirs de son propre coeur. Ce qui dans le moment, ressemblait à une victoire de Satan, était réellement le triomphe de Dieu sur lui et ses oeuvres, à jamais.

Remarquez que c'est comme Agneau que le Seigneur Jésus prend sa place dans le ciel. Quel est l'effet pratique de ce fait sur nos âmes? Plus on entre là-dedans, moins on recherche une place d'honneur et d'estime dans le monde. On sait bien alors que tandis que Satan est le dieu de ce monde, et que Christ est caché en Dieu, il faut que la vérité soit méprisée ici-bas; et par suite on n'est pas surpris de voir l'iniquité prospérer. On sera préparé à tout cela, parce que c'est précisément l'histoire de Christ. L'Agneau immolé met devant nous toute l'histoire morale du monde. Mais permettez-moi de vous poser une autre question: est-ce que l'Agneau immolé place devant votre âme, votre propre histoire? Savez-vous ce que c'est que d'être rejeté à cause de Christ? Non pas parce que vous méritez de l'être (quoique dans un sens cela soit vrai) mais parce que vous désirez tenir ferme à tout prix pour le Seigneur Jésus?

Mais il y a un autre côté: Christ maintenant est glorifié -pas encore toutefois aux yeux du monde. Mais le ciel est ouvert à notre regard, et nous voyons que Celui qui était ici-bas le plus méprisé, est exalté, et nous apprenons que Dieu en a rassemblé d'autres autour de l'Agneau qui a été immolé eu association avec lui.
Je demande: vous a-t-il rassemblé, vous? vous a-t-il donné sur la terre la portion de l'Agneau immolé?
Si vous êtes chrétiens, vous ne devez pas être heureux sans savoir quelque chose à ce sujet. Un chrétien doit être peiné s'il découvre que au lieu de réaliser ces choses, il ne sait pas même ce que signifie un pareil langage. Dieu désire que nous en ayons connaissance, non-seulement en ce qui regarde Christ, mais encore comme étant ici notre portion sur la terre.

Dans son temps David, quoique déjà oint comme roi selon Dieu, était cependant rejeté, et un autre roi était momentanément investi du pouvoir. De même à présent, bien que le pouvoir de la bête ne soit pas encore pleinement développé, le monde se tient prêt pour sa venue et son gouvernement. David était rejeté, méprisé, insulté pris par Nabal, qui du moins feignait de le considérer comme tel pour une espèce de vagabond fuyant de devant son maître; et certainement les apparences promettaient bien peu, environné comme il était dans la caverne d'Hadullam, d'une bande de malheureux, de débiteurs insolvables et de mécontents en Israël, il y avait bon nombre de ces individus dont il était juste, à ne considérer que leur caractère, de ne faire que peu de cas.
Mais quel changement la grâce produit! David était d'une manière spéciale l'homme sur lequel le coeur de Dieu se reposait, ils le savaient, et se groupaient autour de l'objet de l'amour de Dieu. Il résultait dès lors pour eux une certaine dignité de leur association avec David. Il serait difficile d'être misérables et faibles plus que nous sommes; mais de même que c'était cet homme selon le coeur de Dieu qui donnait toute la valeur à ces hôtes de la caverne d'Hadullam, ainsi c'est de notre union avec Christ que découle toute notre bénédiction.
La personne de David attirait là les sacrificateurs de Dieu eux-mêmes. Et maintenant il y en a un plus grand que David; et Dieu a envoyé le Saint-Esprit afin que nous sachions que le Méprisé est actuellement dans la gloire.
Le Seigneur veuille que nous ayons une connaissance plus pratique de sa position de rejeté ici-bas, sans éprouver le besoin de nous y soustraire ou de la renier! Il n'est rien qui déplaise autant à la chair que d'être méprisé. Il est comparativement facile de rassembler ses forces pour soutenir la persécution ou l'opposition la plus prononcée; mais c'est tout autre chose de se contenter de n'être absolument rien.
En nous pauvres vers que nous sommes, c'est ce qui affecte le plus la volonté; pourtant c'est justement à n'être rien que Jésus, le Seigneur de gloire, a daigné condescendre; et la haine qui l'a méprisé, s'est élevée à son comble à la croix. Nonobstant toutes les prétendues lumières et le prétendu libéralisme du temps actuel, l'esprit du monde au fond n'est pas changé. Je ne me confierais pas un seul moment, à un état de choses provenant de l'indifférence pour Dieu ou de la glorification des droits de l'homme.

Les hommes mettent la vérité et l'erreur sur un même niveau, n'ont pas de conscience pour Dieu, et prêchent le respect les uns pour les autres. L'esprit du siècle, qui maintenant a si belle apparence et tient un si beau langage, peut d'un moment à l'autre s'élever fièrement contre Dieu, et alors il nous faudrait apprendre par expérience la vérité, que c'est un Agneau immolé que nous connaissons et adorons en haut. Nous en découvririons la réalité ainsi que la réalité de la communion avec Lui. et cela secouerait plus d'un enfant de Dieu de l'assoupissement dans lequel il est maintenant, car les vierges sages elles-mêmes peuvent dormir.
L'exhortation: Réveille-toi, toi qui dors! s'adresse aux chrétiens. Si vous avez dormi parmi les choses et les personnes mortes, le Seigneur veuille que vous ne restiez pas dans cette condition -que vous vous leviez du milieu d'elles, «et le Christ vous éclairera!»

C'est l'Agneau immolé qui est évidemment le grand centre du culte céleste. Maintenant que le péché est entré dans le monde, la gloire de Dieu créateur ne suffit pas, non plus que le gouvernement de sa Providence. S'il doit être glorifié autrement qu'en pur jugement contre ses adversaires, s'il doit y avoir des déploiements de miséricordieuse bonté dans un monde tel que celui-ci, s'il doit y avoir un nouveau cantique dans le ciel, il faut qu'il y ait rédemption, et cela, non par puissance seulement, mais par souffrance et par sang. De là vient que comme le trône central -au chapitre précédent -était occupé par le Seigneur Dieu, le Tout- Puissant, de même ici c'est l'Agneau qui est l'objet central duquel dépend toute la bénédiction de la créature, et auquel l'hommage est offert, de pair avec Celui qui est assis sur le trône. Le ciel entier l'honore comme le Père est honoré. Il est le Premier-né , l'Héritier non-seulement par droit de création et par la gloire qu'il possède en Lui-même, mais par la rédemption, «l'Héritier de toutes choses» par décret de Dieu.

Dieu destine le vaste univers à son sceptre. Mais comment et à quel titre Christ prendrait-il l'héritage? Par autorité? Assurément toute autorité Lui appartient; dans les jours de son humiliation, les démons étaient assujettis par son nom aux moindres de ses serviteurs, de sorte qu'Il pouvait dire: «Je contemplais Satan, tombant du ciel comme un éclair» -(l'énergie par laquelle, alors, les soixante-dix chassaient les démons étant à ses yeux, je pense, le signe et le gage d'une complète victoire en temps convenable). «Voici, je vous donne l'autorité pour marcher sur les serpents et sur les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi.»
Pourquoi ne pas prendre l'héritage en ce moment là et là même? Après l'évidence de pareils triomphes sur l'usurpateur, pourquoi s'abaisser jusqu'à la mort, à la mort même de la croix? Parce que «la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes;» parce qu'il fallait que Dieu fût glorifié dans sa majesté, sa puissance, son amour, sa sagesse et sa justice; parce que Christ ne pouvait pas accepter un héritage souillé; (comparer Col. I. 20 et Héb. IX, 21-25); parce qu'Il ne voulait pas régner seul, et qu'en cela Lui et son Père étaient un.
Dans sa grâce Il voulait des co-héritiers qui partageassent sa gloire. Une pareille réconciliation n'était possible qu'au moyen de la mort, lors même que l'offrande fût le corps de sa chair, tout exempte de tache qu'elle était.
La paix ne pouvait être faite d'une manière stable et divine que par le sang de sa croix; c'est pourquoi Il est vu et célébré ici comme l'Agneau. Dieu entend assurément introduire son Premier-né dans le monde habitable, et le livre qui est dans sa droite décrit, je suppose, le moyen par lequel l'héritage doit être remis en ses mains; mais la rédemption est, son nom en soit béni, le fondement sur lequel on fait tout reposer.

Lorsqu'il reçoit le livre tout est en mouvement. De même qu'au chap. IV, quand les animaux rendent honneur à Dieu les vingt-quatre anciens tombent sur leurs faces et adorent; de même ici quand l'Agneau prend le livre de la droite de Celui qui était assis sur le trône, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens sont prosternés devant Lui.
Quoiqu'il fût ouvert dans le but de frapper quelques coups, il n'y avait nul sujet d'appréhension, de trouble, ou d'inquiétude pour eux-mêmes en particulier: ils tombaient sur leurs faces devant l'Agneau. Ce n'était pas simplement recevoir quelque chose de Dieu, c'était exalter Dieu. Loin que ce soit ôter quelque chose à Dieu, l'Agneau au contraire, en présence même du trône et de Celui qui y était assis, est l'objet du culte et la source de ses plus purs et de ses plus profonds accords. Dieu n'est que mieux glorifié quand l'Agneau a sa part de louange.

Ils avaient «chacun des harpes, et des coupes d'or pleines de parfum, qui sont les prières des saints».
Dans le service du tabernacle au désert, les sacrificateurs se servaient de trompettes d'argent pour les saintes convocations. David fut le premier à introduire la harpe, mettant à part les fils d'Asaph, Héman et Jéduthun pour psalmodier dans la maison de l'Éternel avec des cymbales, des psallérions et des harpes. Ceux-ci, comme les sacrificateurs, étaient divisés en vingt-quatre classes, de sorte que l'allusion n'est pas douteuse, avec la différence qui est le trait caractéristique de l'Apocalypse.
Le service des sacrificateurs et celui des chantres sont ici complètement confondus. Ceci ne sert-il pas également à montrer que les anciens seuls sont dits avoir des harpes et des coupes d'encens? Au chap. XV les quatre animaux donnent aux anges les sept coupes d'or pleines de la colère divine. Ainsi tout est en harmonie: les anciens sont les chefs de la sacrificature royale, comme les chérubins servent à l'exécution des jugements de Dieu; mais les uns et les autres s'unissent (chap. V) pour rendre le plus complet hommage à l'Agneau.
Mais qui sont ces «saints» qui prient? Les anciens, ou l'Église, étaient dans le ciel, et formaient un choeur de louange complet. De qui sont donc ces prières? Elles viennent des saints qui passeront par la souffrance quand l'Église sera en haut. Les anciens sont ces saints célestes qui ont été préalablement enlevés, y compris, peut-être, les saints de l'Ancien Testament. Ils sont dans le lieu de l'adoration et de la louange, tandis que la prière implique le besoin. S'il est question pour eux de prières, ce sont les prières des autres, non les leurs propres. De plus, ils chantent un nouveau cantique, le cantique de rédemption de l'Agneau, disant: «Tu es digne, car tu as été immolé» etc.
Il se rencontre, dans ce verset, un changement très important, bien connu des personnes un peu familiarisées avec les écrits originaux. Ceux qui ont étudié les plus anciens manuscrits et d'autres témoins de ce livre, sont tous d'accord qu'il faut lire: «et tu les as faits rois (ou un royaume) et sacrificateurs pour notre Dieu.» (vers. 10).

Qui sont ceux qu'il faut entendre par «les» et qui sont faits rois et sacrificateurs «pour notre Dieu»? Ce n'est pas d'eux-mêmes qu'ils parlent. Mais je suis disposé à aller plus loin et tenu de déclarer ma manière de voir que, dans le verset 9, le mot «nous» a été introduit par les copistes qui ont supposé que les anciens célébraient leur propre bénédiction. Mais les anciens sont dans un si parfait repos pour ce qui les concerne, que c'est d'autres qu'ils s'occupent.
Je crois donc que c'est ici le véritable sens,: «Tu es digne de prendre le livre etc , car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu; et ils régneront sur la terre». Ils parlent des saints dont ils offraient les prières.

Comme ils étaient occupés de leurs prières, de même ici ils louent le Seigneur pour sa bonté envers les saints encore sur la terre. Ils donnent à entendre qu'en retirant les saints célestes en haut, le Seigneur n'en a pas fini avec sa miséricorde comme Rédempteur; que même au milieu de ses jugements, il voulait avoir un peuple racheté qui partagerait, comme sacrificature royale, la gloire du royaume au lieu d'être entraîné par les séductions de l'Antichrist.
Ces compagnons anticipés sont probablement les mêmes que l'on voit sous l'autel au chap. VI, et desquels il est dit: «Les âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu etc.» et au chap. XIV: «Les morts qui meurent au Seigneur sont dorénavant bien heureux,» etc.; et au chapitre XV: «ceux qui avaient remporté la victoire sur la bête.»

Il y a aussi, dans le corps du livre, d'autres allusions aux justes. C'étaient bien clairement des saints de Dieu dans la tribulation, après que les anciens (qui, comme nous l'avons vu, représentaient l'Église ou les saints célestes) avaient été enlevés au ciel. Pour ce qui est des saints qui ont remporté la victoire sur la bête, «ils chantent le cantique de Moïse, esclave de Dieu et le cantique de l'Agneau.»
Remarquez le caractère complexe de la scène. Il y avait, il est vrai, le cantique de l'Agneau, mais il y avait aussi le cantique de Moïse; elle était en partie terrestre et en partie céleste. En outre, au chapitre XX, 4, il est dit: «Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus.» Ceux-ci sont les anciens, déjà ressuscités ou changés, assis sur des trônes. «Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu,» c'est-à-dire ceux dont il avait vu les âmes au chap. VI; et encore, «ceux qui n'avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main.» Ces dernierssont ceux qui ont chanté le cantique de victoire au chap. XV. Ceux qui composent ces deux catégories ont souffert après l'enlèvement de l'Église, et sont à la fin unis au reste dans la gloire, et tous règnent ensemble avec Christ.

On remarquera combien le tout s'accorde pleinement avec le cantique du chap. V. Les anciens sont dans le ciel, jouissant de Dieu et de l'Agneau; mais il y a sur la terre des saints qui prient, et les anciens en haut sont occupés de leurs prières, et célèbrent la dignité et l'oeuvre de l'Agneau en faveur d'autres qui devaient, aussi bien qu'eux, régner sur la terre.
Au lieu de nous faire éprouver la moindre perte, cela ajoute indirectement, sinon en soi, à la position de gloire dans laquelle l'Église est vue dans le ciel. Ils sont si pleinement bénis qu'ils peuvent se réjouir de tout coeur du bonheur des autres. Il y en a qui sont portés à s'inquiéter s'ils ne peuvent pas toujours s'appliquer à eux-mêmes ce qu'ils trouvent dans l'Évangile -non pas qu'ils l'apprécient plus que les autres, mais parce qu'ils ne sont pas entièrement établis dans la grâce.
Quand nos coeurs sont pleinement satisfaits, nous n'avons pas besoin d'éplucher et de faire un choix dans les Écritures, mais nous désirons que le Seigneur choisisse pour nous; et nous sommes reconnaissants, parce que ce peut être quelque chose à sa louange que nous n'avons pas connu auparavant, ou bien une arme qui nous sera utile dans notre prochain combat avec l'ennemi. Tout ce qui exalte Christ et le glorifie, est ce en quoi nous devrions trouver notre joie. Tout ce qui décèle la tromperie de nos coeurs, nous est on ne peut plus salutaire Lorsque les anciens sont vus rendant grâces à Dieu, ils prennent pour thème sa bonté envers ceux qui souffrent sur la terre, et ils bénissent l'Agneau parce qu'Il a été immolé et qu'Il a aussi racheté ceux-ci pour leur Dieu. C'était un plaisir pour eux de penser que même en ces jours de ténèbres, le Seigneur allait avoir des témoins qui partageraient le royaume avec eux.

Les anges prennent pour thème, non point des actions de grâces au sujet de la rédemption, mais le droit de l'Agneau à recevoir puissance, et richesse, et sagesse, et force. et honneur, et gloire, et louange. Ils proclament bien haut le titre à la domination, de Celui que l'homme avait méprisé et égorgé. «Digne est l'Agneau qui a été immolé (Vers. 11, 12). Ils ne chantent pas la rédemption, parce qu'ils n'étaient pas rachetés; ils n'avaient rien à faire avec elle, bien que ce soit la puissance de Dieu qui les maintienne; mais ceux qui ont connu leurs besoins comme pauvres pécheurs, peuvent vraiment bien chanter le nouveau cantique.
Le cantique des anges a pour thème la personne et le pouvoir de Christ; mais ils n'entonnent pas la profonde et réjouissante mélodie de la rédemption.
Si je regarde au don et à la Personne de Christ, je puis voir combien ressort le caractère de Dieu et combien son amour est manifesté.
Si je regarde à la rédemption de Christ et à la position que j'ai en Lui et avec Lui en haut, je puis voir combien l'amour de Dieu envers nous est rendu parfait. Mais il n'y a rien dans la gloire du ciel qui brille d'un aussi vif éclat que la croix de Christ.
Nous pouvons suivre Jésus sur la terre et voir la sainteté de Dieu. Nous pouvons encore suivre Jésus dans le sentier qu'il a parcouru sur la terre cherchant les perdus, les misérables, étendant les mains sur les petits enfants, et même touchant les lépreux Mais que nous pensions à la sainteté ou à l'amour de Dieu, à sa justice ou à sa grâce, c'est dans la croix, et nulle part ailleurs, que l'on trouve tout, que tout se déploie devant la foi.

«Et j'entendis toute créature qui est dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre (1) , et les choses qui sont sur la mer, et toutes les choses en eux, disant: A Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, louange, etc., aux siècles des siècles» (vers. 13):
La corde a vibré, la note principale a retenti et a été entendue, au moins dans le ciel. Si l'Agneau prend le livre, il n'y a pas une créature qui ne réponde joyeusement à l'oreille du Voyant; car maintenant toute la création inférieure gémit dans la souffrance à cause du péché d'Adam. Pourquoi ne se réjouiraient-ellespas, ces créatures, si Dieu et l'Agneau s'unissent pour délivrer? Sans doute, ce n'est que la manifestation du droit de l'Agneau à agir; il reste encore beaucoup à faire pour anéantir les oeuvres du diable et les destructeurs de la terre. Cependant, c'est ici le signe assuré de cette destruction, et toutes les créatures en expriment leur joie en présence de Dieu.

Tous s'inclinent devant l'Agneau. Les myriades d'anges s'unissent pour confesser son excellence; mais il appartient aux saints célestes d'entrer dans le secret de la rédemption; oui, et dans la profonde joie -la joie de Dieu -que cause la bénédiction envers les autres et non envers eux seulement. Les quatre animaux y apposent leur sceau, et disent: «Amen;» mais les anciens tombent sur leurs faces et rendent hommage. Ils ne donnent pas seulement leur assentiment à tout ce qui se passe, mais encore les sympathies de leurs coeurs. Telle était leur position.
Je sens qu'un pareil sujet nous laisse infiniment en arrière; il nous faut le méditer sérieusement pour en sentir convenablement toutes les profondeurs, ou pour en donner une expression adéquate. Je m'estimerai heureux si je suis parvenu à diriger l'attention du côté de la bénédiction qu'il y a à connaître Christ comme l'Agneau immolé, et à démontrer que Dieu fait de Lui la clé qui sert à comprendre les desseins qui autrement demeurent cachés.
Même pour comprendre les conseils de Dieu à l'égard de la terre, il faut que nous voyions l'Agneau. C'est seulement en communion avec Lui que nous pouvons y entrer. Pour apprécier ce qui suit, il faut que nous soyons assujettis aux pensées de Dieu envers Christ, -il faut que nous retournions à ce par quoi Dieu commence, -il faut que nous voyions et entendions l'Agneau. Le seigneur veuille que telle soit notre meilleure portion! Nous serons près de l'objet béni dans la personne et l'oeuvre duquel brille tout ce qu'il y a de grâce et de bénédiction en Dieu.


(1) II faut soigneusement distinguer, quoiqu'en dise Bengel, l'expression toute créature «sous la terre» hupokatô tês gês de Phil. II. 10, katachthoniôn. La première signifie je pense, les choses, animées ou inanimées, sous la surface de la terre, lesquelles anticipent, dans la vision, leur affranchissement de la corruption et leur introduction dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Elles ne peuvent pas, naturellement, partager la liberté de la grâce dont nous jouissons; mais quand nous serons dans la gloire, ce sera le gage que leur changement glorieux suivra rapidement. La dernière, en Phil.. signifie les êtres infernaux qui doivent se prosterner, comme tout genou doit fléchir en tout lieu, au nom de Jésus.....
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