Nous sommes maintenant arrivés à la partie strictement prophétique du
livre de l'Apocalypse. Les sept assemblées forment ensemble ce que le
Saint-Esprit nomme «les choses qui sont.» Et le Fils de l'homme a été
vu jugeant la maison de Dieu sur la terre, représentée par les églises
d'Asie. Elles existaient au temps de Jean, et, d'une manière mystique
au moins, elles ont une existence continue et, jusqu'à un certain
point, successive, aussi longtemps qu'un témoignage est rendu par le
corps professant sur la terre. Si l'application de ce qu'elles
signifiaient littéralement appartient au passé, leur portée comme
représentant l'Église dans son existence prolongée continue encore.
Au chap.
I. 19, il nous est dit que, outre «les choses que tu as vues,»
et «les choses qui sont», il y a une troisième division: «les choses
qui doivent arriver ci-après,» (vers,
angl.)
Le mot «ci-après» est vague, tandis que le sens indiqué paraît précis:
il faut lire, «les choses qui doivent arriver après
celles-ci,» comme signifiant ce qui doit suivre après que
l'Église a pris fin sur la terre. Son histoire actuelle se clôt ici,
bien qu'il lui soit réservé une meilleure existence dans le ciel, et
qu'elle doive régner aussi sur la terre au jour de la gloire
milléniale.
Nous arrivons donc à cette partie toute prophétique. Les chapitres IV
et V sont une espèce de préface aux «choses qui doivent arriver après
celles-ci.»
Leur grand objet est de nous montrer, non les événements qui
surviendront sur la terre, mais l'attitude ou l'aspect sous lequel
Dieu apparaît, et la position de ceux qui sont le plus près de lui
pendant la durée des événements futurs, c'est-à-dire, la crise du
présent siècle.
Il me faut m'arrêter un peu sur le premier de ces chapitres. «Après
ces choses je vis, et voici une porte fut ouverte dans le ciel, et la
première voix (que j'avais ouïe, comme d'une trompette, parlant
avec moi), etc. (Vers
1).
Ici, «la première voix» ne veut pas dire la première des voix qui
allaient maintenant parler, ainsi que plusieurs l'ont étrangement
pensé, mais, la voix que Jean avait déjà entendue au chap.
I - la voix de Celui qui était au milieu des sept chandeliers
d'or. Elle lui parle encore comme la voix d'une trompette, toutefois
non plus de la terre, mais du Ciel.
Il y avait là une porte, et c'est de cette porte que la voix parlait -
en sorte que cette portion du livre fait supposer que pour le moment
c'en est fait avec la terre, et que la scène a lieu en haut. Ce n'est,
pas simplement que les saints rendent témoignage sur la terre; mais la
voix parle du ciel, montrant les choses qui doivent faire suite à la
condition de l'Église sur la terre, en ce moment- là arrivée à son
terme.
«Monte ici et je te montrerai les choses qui doivent arriver après
celles- ci.» Puis il est rapporté que Jean fut sur-le-champ en Esprit
(vers.
2), c'est-à-dire qu'il se trouva dans un état
caractérisé par la puissance du Saint-Esprit, de manière à entrer dans
les scènes nouvelles qu'il avait désormais à contempler.
Et voici un trône était placé dans le ciel, et sur le trône quelqu'un
était assis. Et Celui qui était assis», etc.
Dieu, comme tel, n'est pas nommé dans cette description, excepté comme
Celui qui est assis sur le trône. Il va nous montrer quel était
l'aspect sous lequel apparaissait Celui qui était assis sur le trône,
tandis qu'il y a en Dieu ce qu'aucun homme n'a vu, ni ne peut voir;
c'est la représentation, d'une façon symbolique, de la gloire de Dieu.
Il peut revêtir quelque forme qu'il Lui plaît; mais pour autant qu'Il
en permet ici le déploiement, c'est celle à laquelle répond la figure
de ces pierres précieuses. Au chap.
XXI, l'épouse, la nouvelle Jérusalem, descend «du ciel d'auprès
de Dieu; «ayant la gloire de Dieu,» et son luminaire était semblable à
une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin.,
etc.
Il est de toute évidence que ceci ne saurait être la gloire
essentielle de Dieu. Cela indique plutôt, je pense, qu'il ne
s'agissait pas d'une gloire humaine, mais d'une gloire divine. Il y a
en Dieu ce qu'Il peut conférer à la créature, et il y a ce qui est
incommunicable. Ici la gloire divine est mise pour contraster avec la
gloire de la créature, non pas celle qui dérogerait à la majesté de
Dieu, mais celle qui en serait un reflet.
Son luminaire était comme une pierre de jaspe; la muraille aussi était
de jaspe (vers.
18), ainsi que le premier fondement (vers.
19). (1).
L'aspect général de la cité était comme de jaspe. Ceci répond un peu,
je pense, à ce qui nous est présenté dans le chap.
IV, de la vue dont il fut donné à Jean de jouir, de Celui qui
était assis sur le trône. En Rom
V. 2, il est dit que non-seulement nous avons accès à la grâce
de Dieu dans laquelle nous nous tenons fermes, mais que nous nous
glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu.
La gloire de Celui qui était assis sur le trône, en tant qu'elle
pouvait être contemplée par la créature, est présentée sous la figure
du jaspe et du sardius (vers.
3). Et quand l'Église apparaîtra dans la gloire de Dieu, sa
lumière sera comme de jaspe. C'est-à-dire, que c'est la pensée de la
gloire de Dieu, et non de celle de l'homme, qui est présentée à
l'esprit. Même au «jour éternel», on ne verra jamais que Dieu
abandonne ou abaisse la dignité de sa propre Divinité; car il y aura
toujours une distance infinie entre Dieu et les créatures les plus
élevées. Cependant il y a de la ressemblance entre la gloire de Dieu,telle
que l'homme la voit, et la gloire que l'Église revêtira bientôt. Et
ceci correspond exactement aux paroles de notre Seigneur dans
l'évangile de Jean (XVII.
22, 23): «Et la gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée,
afin qu'ils soient un comme nous sommes un: moi en eux, et toi en moi;
afin qu'ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que tu
m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.»
Mais outre la manifestation de la gloire divine, il y avait un
arc-en-ciel autour du trône. Ceci ramène évidemment nos pensées vers
l'alliance que Dieu a traitée, non avec son peuple d'Israël, mais avec
la terre en général.
L'alliance avec son peuple est mentionnée pour la première fois au chap.
XI de ce livre, où l'on voit le ciel ouvert et dans son temple
l'arche de son alliance.
Ce n'est pas la nouvelle alliance elle-même; car lorsqu'elle sera
établie il n'y aura point de tremblements de terre, d'éclairs et de
tonnerres, etc.: ce sera le jour de paix et de bénédiction pour
Israël. Mais au temps marqué par la vision, Dieu fera voir qu'il a
égard à son alliance. Ici l'arc-en-ciel indique que Dieu se souvient
de son alliance avec la terre.
L'arche dont il est parlé au chap.
XI indique que Dieu se souvient de son alliance avec son peuple.
Dieu va exercer des jugements sur la terre et sur ceux qui avaient la
responsabilité d'être son peuple. Mais il prend la peine de montrer,
avant qu'un seul jugement tombe, qu'il y a de la miséricorde en
réserve. Avant qu'Il touche à la création, il y a
le signe de son alliance avec la terre; tout comme on voit l'arche de
son alliance quand Il est forcé de frapper de plaies son peuple
d'Israël.
L'arc-en-ciel témoignait que Dieu n'avait pas oublié son ancienne
parole - Il ne saurait oublier. L'arc-en-ciel est le signe de la
miséricorde. Il mesure les cieux, et embrasse, sur la terre et dans la
mer, tout ce que Dieu a placé sous cette miséricordieuse garantie,
dont il a mis le signe dans cet arc merveilleux.
Mais ici nous trouvons l'arc-en-ciel non-seulement sur le monde, mais
encore autour du trône dans le ciel. Ce n'est pas là sa place
habituelle; mais il était doux pour Jean, au milieu de toute cette
splendeur, de voir Dieu désireux de remplir son coeur de confiance. Il
n'avait pas simplement la vision de ce qui allait arriver sur la
terre; mais il voit l'arc-en-ciel dans la sphère de la manifestation
et de la puissance divines, en haut. Dieu nous montre sa propre
gloire, et en même temps l'arc-en-ciel nous déclare que Dieu est
véritable - que c'est à dessein qu'il amène l'homme à penser au gage
donné après le grand jugement d'autrefois; et d'autant plus que, pour
rassurer nos coeurs, il le met maintenant dans cette place
particulière, où jamais auparavant on n'avait vu d'arc-en-ciel. Mais
quoique particulière, que pourrait-il y avoir de plus significatif,
car il s'agit du trône de Dieu, le Tout-Puissant, le Créateur, le
Maître Souverain de toutes choses. Il est peut-être inutile de
remarquer que, naturellement, aucune de ces choses n'arrivera d'une
manière littérale; mais la vision était comme un
panorama, plaçant tout devant les yeux du prophète: - vivante et
admirable façon de transmettre ce que Dieu voulait enseigner! Quand on
est entièrement établi dans la grâce de Dieu, rien n'est plus
important que l'étude de ce livre; mais ce peut être nuisible aux âmes
qui ne. sont pas ainsi fondées dans la grâce, de s'absorber dans
l'Apocalypse.
Nous avons donc premièrement le trône de Celui qui est le centre et la
source de toute l'action, la gloire et la majesté de Dieu étant
représentées par le symbole, du jaspe et de la sardoine; et ensuite il
y a l'arc-en-ciel, emblème familier de la fidélité de Dieu envers la
création. L'arc-en-ciel était d'un genre particulier, «semblable, à le
voir, à une émeraude» (vers.
3). Il serait difficile d'avoir des couleurs plus opposées que
celles qui représentent la majesté divine, et l'émeraude
si agréable aux yeux. Le Saint- Esprit produit sur nous par ces
simples symboles une vive impression; car ce livre n'a pas été écrit
pour les savants, mais en vue des saints dans l'affliction. Il a été
remarqué, même par des hommes du monde, que l'Apocalypse était
spécialement le livre recherché par les chrétiens persécutés; et il me
semble que, tandis que ceux-là s'égarent, ici comme partout, qui en
font un champ de recherche et de spéculation humaines, - il doit
présenter une brillante idée générale à l'esprit d'un croyant illettré
qui regarde à Dieu et désire la gloire de Son Fils.
La première pensée que m'a suggérée ce chapitre est que le véritable
lieu d'où l'on puisse considérer toutes les
choses qui devaient arriva après les Églises, c'est le
ciel. Ce n'est pas sur la terre, ou de la terre, que nous
pouvons bien juger de ces événements. C'est d'en haut qu'il nous faut
apprendre et regarder. Si nos pensées sont aux choses de la terre,
nous n'aurons jamais l'intelligence de ces événements. Si je ne suis
qu'au niveau de la scène sur laquelle les jugements se passent, je
m'efforcerai de tirer le meilleur parti de toute chose et d'éviter les
jugements; je n'entrerai pas par la porte ouverte dans le ciel. Il
faut prendre une position céleste comme le fondement, et l'unique
fondement, sur lequel ces visions puissent être justement appréciées.
Nous voyons ensuite Dieu et son trône - son pouvoir s'exerçant par sa
providence. Le trône n'est pas lui-même en rapport avec la
sacrificature, mais avec la puissance d'où procède le gouvernement
divin. Dieu veut affermir les âmes dans la pensée que c'est Lui
qui gouverne, même au milieu de toute la malice qui devait se
développer au temps des bêtes, ou de l'apostasie finale.
Ce que contemple le voyant, c'est le trône de Celui qui n'avait pas
besoin d'être nommé, mais qui laisse voir sa gloire, autant qu'elle
peut être vue par la créature. De son trône dans les cieux, il
s'occupe du monde. Puis, nous voyons son trône environné du signe de
son alliance avec la création. Ensuite, au verset
4, le prophète voit qu'autour du trône de Dieu, se trouvent
d'autres trônes. La raison pour laquelle il y a ici des trônes plutôt
que des «sièges» est, que c'est une partie de l'essence de la vision
de montrer que les personnes qui y sont assises étaient des personnes
revêtues de la dignité royale. Le même mot signifie trône et siège; le
choix est déterminé seulement par ses rapports avec le contexte. Nous
ne dirions pas d'une personne d'une humble condition qu'elle est
assise sur un trône „ ni du souverain dans une séance royale qu'il est
assis sur un siège. Nous en jugeons par la nature du sujet.
Autour du trône de Dieu, sur la scène d'une gloire telle que l'homme
n'en avait peut-être jamais vue, il y a donc d'autres trônes sur
lesquels des anciens sont assis, personnes douées de la sagesse d'en
haut et qui entrent dans les pensées et dans les conseils de Dieu.
Ils sont vêtus de vêtements blancs qui répondent à leur dignité
sacerdotale comme leurs couronnes à leur dignité royale. Ce sont
évidemment des saints, et on les voit dans le ciel, autour du grand
trône central, avant que commence le jugement du monde.
Leur nombre est de vingt-quatre, correspondant aux vingt-quatre
classes de sacrificateurs en Israël.
Lorsque le précurseur du Seigneur devait naître, son père Zacharie
était sacrificateur de la classe ou du rang d'Abia. Si nous regardons
en 1
Chron. XXIV pour voir ce que sont ces divisions, nous trouvons
que la huitième était celle d'Abia. La sacrificature était ainsi
divisée afin que chacun s'acquittât successivement de l'oeuvre
sacerdotale, chaque classe ayant son principal sacrificateur.
Le souverain sacrificateur n'est pas nommé ici:
nous savons tous qui II est; mais nous avons les vingt-quatre anciens
correspondant à ces vingt-quatre classes de la sacrificature, ou
plutôt aux chefs qui les représentaient. (Vers.
4.)
Mais il s'élève une question extrêmement intéressante. Si ces anciens
avec, des couronnes et des trônes représentent, comme peu le nieront,
les saints célestes, à quel temps et à quelle condition cette vision
s'applique-t-elle?
1°, Parle- t-elle de ceux qui ont délogé pour être avec Christ? Ou
bien
2°, préfigure-t-elle la manifestation du royaume de Christ et de ses
saints durant le millénium?
Or, je tiens pour certain que l'une et l'autre de ces questions
doivent être résolues négativement, et que l'époque de ce chap.
IV, et, partant, l'intervalle pendant lequel les anciens sont
ainsi occupés en haut, sont postérieure à l'état de séparation en tant
qu'il s'agit d'eux, et précèdent le règne millénial. Car, en premier
lieu, il est évident que le symbole des vingt-quatre anciens renferme
tous les membres de la sacrificature céleste - non pas seulement une
partie, si grande qu'elle soit, mais leur nombre total. Il y avait
exactement ce nombre de classes et pas davantage. Dans la vision,
elles sont au complet; et dans la réalité, que la vision symbolise, il
ne saurait en être ainsi tant que les saints sont absents du corps et
présents avec le Seigneur. Durant cet état de choses, il y aura
toujours des chefs de l'Église sur la terre. Car «nous ne
dormirons pas tous.» Et
lorsqu'au retour du Seigneur les morts en Christ ressusciteront
premièrement, «nous les vivants, qui demeurons,
serons ravis ensemble, avec eux, dans les nuées à la rencontre du
Seigneur en l'air, et ainsi
nous serons toujours avec le Seigneur.»
C'est-à-dire que le symbole, bien compris et bien interprété, exige le
rassemblement de tous les membres de Christ dans la même condition; et
comme ceci ne sera jamais vrai des esprits séparés du corps, il s'en
suit nécessairement que la vision ne sera réalisée que lorsque «nous
serons tout changés,» et avec le Seigneur. Mais secondement, il est
clair que, quoi que puissent présenter par anticipation les cantiques
des anciens ou de ceux qui se joignent à leurs accords, tant les actes
des anciens que l'ensemble de la scène céleste, dans laquelle se
jouent un rôle si considérable, depuis le chap.
IV jusqu'au chap.
XIX le nombre des anciens est complété beaucoup plus tôt:
personne ne peut nier qu'ils sont dans
le ciel avant et pendant les jugements symbolisés par les
sceaux, les trompettes, et les coupes. La conséquence est manifeste:
il faut que les saints qu'ils représentent soient tous dans le ciel,
avant que ces jugements commencent de s'accomplir.
Le millénium ne vient pas avant Apoc.
XX; les anciens, figurant les saints glorifiés, sont longtemps
auparavant avec le Seigneur dans leur corps transmués. Quand il vient
du ciel, pour la destruction de la bête, ils Le suivent et règnent
ensuite avec lui mille ans. D'autres, je n'en
doute pas, leur seront adjoints en ce règne-là: ceux-ci ne seront pas
glorifiés dans leurs corps jusqu'à Apoc.
XX, ayant souffert, après l'enlèvement de l'Église, sous la
bête, etc.
Mais Apoc.
IV. indique que cet enlèvement aura eu lieu alors, et que les
saints enlevés sont vus sous le caractère d'une sacrificature royale
intéressée, comme ayant la pensée de Christ, aux épreuves, aux
souffrances, aux témoignages et aux espérances de ceux qui leur ont
succédé comme témoins de Dieu, durant cette heure de tentation qui
viendra sur tout le monde habitable pour éprouver ceux qui habitent
sur la terre. Pour les saints eux-mêmes transportés en haut, ce n'est
pas encore le temps des noces de l'Agneau; et pour cette raison ainsi
que pour d'autres, ils sont regardés ici non comme le corps ou
l'épouse, mais comme rois et sacrificateurs rendant hommage, et encore
dans l'attente de leur manifestation en gloire, alors qu'ils jugeront
le monde.
Il existe un rapport étroit et solennel entre ceci et la mention de vingt-cinq
hommes faite en Ézéchiel,
VIII, 16; et dans ma pensée, ils forment l'ensemble des chefs de
la sacrificature les vingt-quatre chefs avec le souverain
sacrificateur. Mais où sont-ils maintenant? Hélas! à la tête même de
l'idolâtrie et de tout le mal commis dans le temple de Jéhova. Ils
sont là, non point comme ceux dont la robe parle du sang qui purifie,
mais comme les corrupteurs du saint étendard de Dieu et du peuple
d'Israël qu'ils conduisent à l'apostasie; de sorte que s'il faut
que le jugement soit infligé, il devra commencer par la maison.de
Dieu.
Il y a une espèce de contraste entre la scène décrite ici et celle que
nous trouvons en Ézéchiel. Nous avons là en premier lieu les quatre
animaux - symbole des jugements exécutés de la part de Dieu, de son
autorité judiciaire détruisant le mal. Le résultat terrestre de
l'action dé ces animaux, tel qu'il est présenté en Ézéchiel, pouvait
être la destruction de Jérusalem; mais ce fut là tout ce que l'homme
vit.
Les chérubins et les animaux (Zôa)
sont la même chose; il faut les distinguer soigneusement des bêtes (Thêria)
mentionnées plus loin. La première fois qu'il est parlé des chérubins,
c'est dans la première partie du livre de la Genèse,
chap. III. Nous les voyons paraître immédiatement après que le
péché est entré dans le monde. C'étaient les êtres auxquels l'oeuvre
du jugement était confiée. «Il mit des chérubins vers l'orient du
jardin d'Eden avec une épée flamboyante, pour garder le chemin de
l'arbre de vie.» L'emblème de leur puissance était cette épée
flamboyante.
Si nous jetons encore un coup-d'oeil au second livre de Moïse, les
Chérubins s'y trouvent de la façon la plus bénie. Où regardaient-ils?
Au-dedans. S'ils eussent
regardé dehors, ils auraient vu pécheurs; s'ils eussent regardé
dessous, dans l'arche, ils y auraient vu la loi; mais ils regardaient
au-dedans, sur le propitiatoire, au sang dont il était arrosé. Là
était le sang qui témoignait de la parfaite miséricorde de Dieu, qui
avait rencontré le péché et en avait triomphé, et
là était aussi la puissance de Dieu: l'un et l'autre s'unissant pour
maintenir la gloire de Dieu et travailler en faveur de l'homme au lieu
d'agir contre lui.
Si nous considérons de nouveau les chérubins au temps de Salomon, on
remarquera une différence sensible. Leur position change complètement,
et au lieu de regarder en dedans, ils regardent en dehors, parce que
les jours de Salomon typifient le temps de la gloire, lorsque
gouvernera le véritable Homme et Prince de paix.
Et pourquoi, alors, ne regarderaient-ils pas en dehors? Le péché aura
été jugé, et au lieu que la bonté du Seigneur se répande, pour ainsi
dire, goutte par goutte ça et là, le Seigneur lui-même descendra comme
la rosée sur l'herbe fauchée, comme la pluie qui arrose la terre, et
la terre entière sera remplie de sa gloire - réalisation fidèle de la
gloire du fils de David.
Quand la miséricorde aura son cours complet, que le jugement aura été
exécuté, rien n'empêchera les chérubins de proclamer la bonté du
Seigneur. Mais en Ézéchiel une terrible crise survenait. Le
propitiatoire avait été méprisé, et la gloire de Salomon était
flétrie. Israël péchait à main levée, et le temple lui-même était le
lieu où Dieu était surtout déshonoré, et là les chérubins semblent
encore dire: «Dieu ne peut rien avoir à faire avec ce méchant
peuple; il faut que le jugement ait son cours.» En conséquence, ils
abandonnent Israël en laissant le jugement suspendu sur sa tête. Nous
ne les revoyons que comme donnant le signal du jugement et le
mettant en vigueur par la main de Nébucadnetsar.
Nous avons la même chose en Apocalypse, avec cette différence qu'en
Ézéchiel les animaux se trouvent davantage en rapport avec la terre;
et c'est pour cela qu'ils sont décrits comme ayant des roues aussi
bien que des ailes. En Apocalypse, le peuple terrestre étant délaissé
pour un temps, et un peuple céleste étant appelé, nous les voyons
seulement avec des ailes, figure appropriée au ciel, et non avec des
roues, figure appropriée à la terre Il est précieux de voir par cette
omission que même lorsque Dieu va parler de jugement, la forme que
revêt l'exécuteur du jugement de Dieu nous indique qu'une interruption
céleste est survenue, avant que soit reprise l'histoire du monde. Il
est d'une extrême importance, si nous voulons nous former une juste
appréciation de ces choses, de se tenir d'un pied ferme sur le
fondement, sur lequel reposait l'apôtre - d'entrer, pour ainsi dire,
par la porte ouverte dans le ciel.
Mais il y a encore ceci: «Et du trône sortent des éclairs, et des
voix, et des tonnerres,» etc. (Vers.
5.)
Évidemment ce n'est point là le trône dont nous avons à nous
approcher; car le notre est un trône de grâce, et celui-ci un trône de
jugement.
Son aspect, tel qu'il est ici décrit, n'a absolument rien à faire avec
la grâce. Ce qui en sort n'est pas un fleuve pur comme du cristal,
ainsi que c'est le cas du trône mentionné au chap.
XXII, mais «des éclairs, et des voix, et des tonnerres s etc.,
expression du courroux de Dieu.
La forme symbolique de l'Esprit de Dieu elle-même,
employée ici, répond au tableau: «Il y avait sept flambeaux de feu
brûlant devant le trône, qui sont les sept Esprits de Dieu.» Le
Saint-Esprit ne revêt pas la figure de flambeaux de feu quand il
exprime la grâce de Dieu envers l'Église.
Nous avons, sans doute, au jour de la Pentecôte, des langues de feu -
magnifique emblème de ce que Dieu allait faire alors, car c'était un
pouvoir divin qui donnait à ces hommes illettrés de parler dans toutes
les langues. Il descendit sur le Seigneur Jésus sous là forme d'une
colombe; mais cela est tout-à-fait différent de ce que nous avons en
Apocalypse. Ici, c'est la puissance qu'a l'Esprit de Dieu de consumer.
Le feu est l'emblème bien connu de la sainteté de Dieu, sainteté qui
scrute et sonde tout. C'est comme Saint-Esprit dans sa pleine
perfection comme lumière, et dans son caractère de feu consumant, que
l'Esprit nous représente lui-même sa relation avec ce temps-là.
Il est clair que cela n'a pas trait au royaume millénial, car alors il
sortira du trône de Dieu un fleuve d'eau vive, éclatant comme du
cristal; et encore bien moins se rapporterait-il à l'action de
l'Esprit dans le corps de Christ durant le temps actuel, tout comme le
trône de Dieu n'est pas non plus un trône duquel sortent des éclairs
et des tonnerres, etc.
Quelle est donc la période avec laquelle ce symbole est en rapport?
C'est un court espace entre le temps où Dieu aurai fini son oeuvre
dans l'Église et celui où commencera la gloire milléniale.
Le temps actuel est celui où Dieu rassemble ses héritiers,
co-héritiers de Christ, et qui forment l'épouse: et
maintenant il y a un trône de grâce, et nous recevons miséricorde et
secours pour le moment opportun, Ici, au contraire, les jugements de
Dieu procèdent du trône. Ici le Saint-Esprit est l'esprit de jugement
et de feu brûlant, tout comme le trône est un trône judiciaire et une
source de terreurs pour la terre.
Ainsi, ce n'est donc ni l'ère paisible de la gloire milléniale, ni le
déploiement actuel d'une grâce illimitée, mais une époque
intermédiaire. On ne concevrait pas que quelqu'un eût une intelligence
claire de ce livre, et ne vît pas que l'Apocalypse remplit
l'intervalle succédant à l'enlèvement de l'Église par le Seigneur et
précédant sa venue accompagné de l'Église (Chap. XIX). Je parle, bien
entendu, des visions prophétiques qui remplissent le corps du livre,
et non des trois chapitres d'introduction, ni de la fin lorsque le
Seigneur est près de paraître. Là, toute la scène est changée; les
cieux sont ouverts pour que le Seigneur Jésus vienne frapper le
dernier coup du jugement sur l'iniquité de l'homme et la puissance de
Satan; puis nous avons l'immense courant de bénédictions s'étendant
partout. Mais ici c'est l'intervalle qui le précède - un temps du
caractère le plus solennel pour le monde, alors que les saints
célestes auront été enlevés.
«Et devant le trône, comme une mer de verre etc.,» (vers.
6).
Non pas une mer d'eau, où l'on pût se baigner, mais une mer de verre.
Or, le Saint-Esprit se sert du lavage d'eau par la Parole dans le but
de nettoyer la souillure, et il n'en était plus
besoin pour ceux qui se trouvent ici.
Au chap.
XV, il est fait mention d'une autre classe d'individus qui se
tiennent sur une mer de verre, montrant qu'il n'est plus question
alors de la puissance de l'Esprit agissant à l'égard de ce qui est
contraire à Dieu, mais que la victoire est remportée. Il n'est plus
question d'épreuve pour les saints célestes. Dans Apoc.
IV, est désormais close dans une pleine paix la scène où se sont
passées les épreuves de l'Église, et la voilà assise autour du trône
même de Dieu.
Là aussi sont les quatre animaux, pleins d'yeux devant et derrière,
qui sont le symbole du discernement; car bien que ce soit le jugement
qu'ils ont à exécuter, nous avons à peine besoin de dire que ce n'est
pourtant pas un jugement aveugle.»
Le premier animal était semblable à un lion; le second animal,
semblable à un veau; le troisième animal avait la face comme d'un
homme; et le quatrième animal était semblable à un aigle volant,» (vers.
7).
Ces divers symboles sont empruntés aux chefs des principales classes
de la création de Dieu, ici-bas, et représentent différentes qualités
de ses jugements:
le lion est le chef des bêtes sauvages;
le boeuf ou veau, le chef du bétail;
l'homme, le chef des êtres intelligents;
et l'aigle , celui des oiseaux.
Le lion suggère l'idée de la force ou de la puissance majestueuse; le boeuf, celle de la patience qui endure ; l'homme, celle de l'intelligence; l'aigle, celle de la rapidité.
Dieu nous fait voir la force, la patience, l'intelligence et la
rapidité avec lesquelles ses jugements doivent être exécutés. Les
quatre animaux ayant chacun six ailes, dénotent une rapidité
surnaturelle, et les yeux de dedans, le discernement intérieur,
(vers 8). Il en est qui ont supposé, principalement à cause de la
proximité dans laquelle les animaux sont du trône suprême, qu'ils
devaient, plutôt que les anciens, représenter l'Église (2).
Mais c'est là une opinion entièrement fausse. La raison pour laquelle,
à mon avis, ces animaux sont ainsi rapprochés du trône, c'est qu'ils
sont les agents de l'exécution des jugements, et que les jugements
providentiels seront alors en train de s'accomplir. Ils caractérisent
l'action du trône .
«Et ils ne cessent point ni jour ni nuit, disant: Saint, saint, saint,
Seigneur Dieu tout- puissant, qui étais, qui es, et qui viens.» C'est
la une parole remarquable. Ce n'est pas le mal qui les occupe; mais
lorsque Dieu nous montre les moyens ou les instruments par lesquels Il
exécute le jugement,nous les entendons s'écrier sans
cesse, comme ne pensant qu'à Lui: «Saint, saint, saint!»
Pour nos âmes l'un des traits les plus importants de cette scène est
celui-ci: les anciens symbolisent les saints célestes dans la gloire,
les chefs de la sacrificature céleste vus dans leur précieux emploi en
haut. Mais remarquez que quand nous les trouvons là en premier lieu,
ils sont parfaitement familiarisés avec la scène; il n'y a ni tumulte
ni anxiété. Ils sont paisiblement assis sur leurs trônes. Ils ne
tremblent pas, même en la présence de Dieu. Que des tonnerres,
des éclairs, des jugements sortent de son trône, ils sont néanmoins
paisiblement assis sur leurs trônes, - pas un seul mouvement ne se
produit. Et qu'y-a-t-il de nature à les émouvoir? Les terreurs mêmes
ne les troublent pas, le jugement ne les ébranle pas de leurs trônes;
mais «lorsque les animaux rendront gloire et honneur et actions de
grâces à Celui qui est assis sur le trône, etc. les vingt-quatre
anciens tomberont sur leurs faces,» etc. Aussitôt que l'honneur est
rendu par les exécuteurs du jugement à Celui qui est assis sur le
trône, les anciens adorent.
Qu'elle satisfaction en Dieu cela nous montre - quelle certitude que
c'en est fini désormais avec le péché! Dieu peut être sur le point de
juger, mais il ne jugera pas ceux qui sont faits sa justice en Christ.
Ils sont en harmonie avec Lui, et quand les animaux s'adressent à Dieu
et lui attribuent la gloire et l'honneur et les actions de grâces,
c'est alors que les anciens se lèvent de leurs trônes et qu'on les
voit se prosterner devant Lui; bien plus, ils
rendent hommage et jettent leurs couronnes devant le trône, disant:
«Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance; car
tu as créé toutes choses: c'est à cause de ta volonté qu'elles
existaient, et qu'elles furent créées.»
Ils entrent, comme ne font pas les animaux, dans la pensée de son
excellence personnelle et aussi avec une beaucoup plus grande
intelligence spirituelle. Ils sont anciens: il leur est donné de
comprendre ici la gloire de Dieu dont la création et dans la
providence, tout comme au chap.
V, nous les voyons entrer dans la pensée de l'excellence et de
l'oeuvre de l'Agneau. «Car tu as créé toutes choses» etc. - non «elles
sont et furent créés»; mais c'est à cause de sa volonté ou de son
plaisir qu'elles furent maintenues en existence, telles qu'elles
avaient été produites au commencement. (Vers.
10, 11).
Ainsi, leur langage embrasse les deux grandes pensées du chapitre - la
gloire de Dieu en création, et sa gloire en gouvernement. «Qu'elles
existaient, c'est-à-dire, elles existaient maintenant par les soins et
le gouvernement de Dieu; «et elles furent créées», c'est-à- dire que
c'est à Lui qu'elles devaient leur origine.
Ce n'est pas seulement ce que nous éprouverons alors, que Dieu nous
révèle ici; mais il désire que nous entrions maintenant
dans ce que nous aurons alors. Cette gloire nous est déjà donnée.
Assurément nous n'aurons pas alors de position semblable, si nous n'y
avons pas droit sur la terre. Elle est nôtre maintenant par la foi,
bien qu'alors nous devions la posséder dans sa plénitude.
Qu'est-ce qui rend capables les anciens d'être si calmes au milieu du
jugement? Ce que Dieu a fait pour eux par le moyen de la croix de
Jésus. Mais Dieu l'a fait maintenant. En Christ fut opérée une oeuvre
parfaite sur la terre, telle qu'elle pouvait l'être dans le ciel.
Une autre ou plus excellente oeuvre n'y sera pas accomplie, bien que
nous puissions en jouir davantage en haut. Dieu révèle cette
scène aux siens pour qu'ils y entrent maintenant avec intelligence, et
soient adorateurs dans l'esprit de cette scène, même sur la terre, en
voyant la gloire qui leur appartiendra dans le ciel.
Le Culte est une chose plus sérieuse que beaucoup ne le supposent.
Tout ce qui ne sied pas à la présence de Dieu dans le ciel, ne sied
pas à la présence de Dieu sur la terre. Même dans les choses
extérieures, il veut que nos coeurs soient exercés. C'est un mauvais
signe quand les enfants de Dieu se permettent quelque chose
d'incompatible avec sa présence. Notre responsabilité est que le culte
de Dieu s'accomplisse d'une manière digne de lui - solennellement,
mais en liberté. Nous devrions prendre garde de nous laisser
distraire, et plutôt nous exciter les uns les autres à jouir
d'avantage du Seigneur.
Le Seigneur veuille que marchant dans une sainte liberté et nous
souvenant que ce n'est pas l'ordre selon la chair ou selon la forme
qu'il nous faut garder, nous soyons préservés de penser que l'ordre
lui est moins honorable que celui de l'homme!
Puisse-t-il nous accorder de rechercher ce qui convient à la présence
de Celui que nous venons ensemble exalter! Il nous a donné la position
d'adorateurs: puissions-nous l'adorer en esprit et en vérité!
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