Vers.1.
6. Tout lecteur intelligent
doit s'apercevoir, je pense, que nous entrons avec
ce chapitre dans un ordre de choses
complètement nouveau, ou du moins que c'est
une espèce de nouveau point de
départ. Il est vrai que les traits que nous
avons signalés dans le chapitre
qui précède peuvent exister
encore et être constatés en même
temps que ceux qui sont
révélés ici. Il se peut, par
exemple, que ce qui caractérisait
l'Église d'Éphèse, l'abandon
du premier amour, continue encore. Partout
où il y a persécution de la part des
puissances du monde, l'épître à
Smyrne peut avoir son application. De même
Pergame se trouve partout où Satan cherche
à séduire l'Église par l'amour
du gain; et là où existent les maux
d'une corruption plus
avancée, de l'idolâtrie et de la
persécution intérieure, c'est
Thyatire que vous avez.
Mais quoique tous ces divers états puissent
se présenter dans un temps ou dans un autre,
et même co-exister à un moment
donné, ce n'en est pas moins une condition
différente qui nous est
présentée en Sardes, et une condition
qui répond à l'état
général du protestantisme
après la réformation.
Ce n'est plus un mal aussi manifeste, comme
l'idolâtrie ou les autres horreurs
décrites précédemment: mais ce
qui s'offre désormais à nos yeux
était un état de choses de formes
extérieures et plus régulières
et d'un aspect orthodoxe.
Comme les quatre Églises du chapitre
deuxième font suite l'une à l'autre
et décrivent ce qui a existé avant
l'apparition de Luther, à son tour Sardes
décrit ce dont la réformation fut
suivie, lorsque le feu et la terreur de la
vérité et la première
fraîcheur de la bénédiction
eurent passé et qu'un froid formalisme se
fût établi.
La manière dont le Seigneur se
présente est merveilleusement
appropriée à un état pareil.
«Celui qui a les sept esprits de Dieu et les
sept étoiles dit ces choses.»
Cette expression «les sept esprits de
Dieu» a trait à la plénitude de
puissance de l'esprit de Dieu
considéré dans ses diverses
perfections, et dans les diverses voies dans
lesquelles il opère, non-seulement dans
l'Église, mais aussi envers le monde. Au Chap.
V, lorsque tout ce qui
concerne les Églises est fini, le Seigneur
Jésus est représenté
d'une manière symbolique
comme un agneau immolé, ayant sept cornes et
sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu
envoyés sur toute la terre - le Saint-Esprit
en tant qu'agissant en vue du gouvernement de la
terre.
Ce n'est point le Saint- Esprit dans toute la
plénitude de la bénédiction
dans laquelle il a introduit l'Église dans
son unité. Mais quelle que fût la
condition de l'Église, le Seigneur
Jésus était celui qui avait toute la
puissance de l'esprit de Dieu, et c'est lui
seulement qui possède toute
l'autorité extérieure . Il n'y a pas
eu deux choses plus séparées que
celles-là au temps de la réformation.
Il y avait à cette époque un vaste
corps se nommant l'Église, qui
réclamait le pouvoir de décider de
tout en qualité d'épouse de Christ;
et on mettait aussi fortement en avant la
prétention à l'infaillibilité,
parce que ceux qui prétendaient au droit
absolu comme vicaires de Christ de régler
les affaires de l'Église, de
décréter la doctrine, etc., devaient
naturellement être infaillibles.
Ce corps avait été à l'oeuvre
pendant des siècles, attirant le pouvoir
à lui; mais à la fin la lutte
s'engagea, et il fut démontré que
c'était le plus grand assemblage de mal
contre Dieu et contre son Fils, qu'il y eût
eu jamais sur la terre. Il a pu, dans les jours les
plus mauvais, renfermer dans son sein de
véritables saints de Dieu, et quelques-uns,
tels que Cyprien, ont même, je pense,
contribué à lui faire obtenir cette
fausse position d'autorité: saint Bernard,
par exemple, sanctionna la
persécution des Vaudois.
Mais il est bon de se souvenir qu'il ne saurait y
avoir de séduction plus grande que de
demeurer dans une position mauvaise, parce que nous
y trouvons de véritables saints de Dieu; car
la grande visée de Satan est d'obtenir que
les personnes pieuses fassent de mauvaises choses.
Quand, à la fin, la crise arriva et qu'une
certaine partie du monde se souleva contre ce mal
horrible, on sépara la pensée de
l'autorité ecclésiastique de celle de
la puissance spirituelle. Au lieu d'un corps qui
les réclamait l'une et l'autre, le
désordre se mit partout, et on se soumit au
pouvoir du monde pour s'affranchir de la domination
du Pape.
Le protestantisme eut donc toujours tort dès
le début sur la question
ecclésiastique, parce qu'il considéra
le pouvoir civil comme revêtu de
l'autorité ecclésiastique; en sorte
que si, sous la papauté, le gouvernement du
monde avait appartenu à l'Église, le
monde devint désormais dans le
protestantisme le gouverneur de l'Église. Il
ne s'agit point de la question de l'état et
de l'Église, question beaucoup trop
étroite et trop basse pour qu'un
chrétien la discute. La grande affaire pour
lui est de se trouver dans le sentier de Christ, en
lui donnant gloire. «Je connais tes oeuvres,
que tu as le nom de vivre, et tu es mort.» Ces
paroles ne sont autre chose que la description des
institutions religieuses extérieures qui
furent l'effet de la réformation parmi ceux
qui n'étaient pas réellement
chrétiens. Le Seigneur
Jésus signale ce qu'il désapprouve
dans le protestantisme.
Dans les pays protestants, il y a eu toujours une
certaine mesure de liberté de conscience.
Mais le but de Dieu n'est pas simplement que
l'âme soit délivrée de maux
grossiers ou de petits détails; c'est
qu'elle garde vis-à-vis de Dieu la position
convenable, et qu'elle laisse au Seigneur sa gloire
et sa voie - la liberté d'opérer par
le St-Esprit; conformément à sa
volonté.Quand il a la place qui lui
appartient, le fruit précieux de ce fait en
amour et sainte liberté le fait sentir d'une
manière bénie. Ce dont nous avons
besoin c'est la liberté du Saint-Esprit, et
non une liberté humaine provenant des
autorités du monde, quoique Dieu nous garde
de dire un mot contre les autorités qui
existent et qui agissent dans leur sphère.
C'est le péché des chrétiens
de les avoir mises dans une fausse position.
Le Seigneur Jésus touche au fond même
de toute l'affaire dans la manière dont il
se présente à l'Église de
Sardes. Qu'il s'agisse de la puissance spirituelle
ou de l'autorité extérieure qui en
découle, le Seigneur la revendique toute
comme lui appartenant. Nous avons vu dans la lettre
à Éphèse qu'il tenait les sept
étoiles dans sa main droite, mais ici les
deux choses sont réunies, la puissance
spirituelle intérieure et l'autorité
extérieure. Il a les Esprits de Dieu et les
étoiles, Il n'est pas dit ici qu'il tient
les étoiles dans sa main droite, mais
qu'elles sont à lui, aussi bien que la
plénitude de la capacité
spirituelle.
Dans la plus grande partie des Églises
protestantes on a laissé, pour ainsi dire,
les sept étoiles dans les mains des
puissances qui existent. D'un autre
côté, ceux qui se révoltaient
contre ce mal tombaient dans le mal non moins
triste de traiter l'Église comme si
c'était elle qui avait les sept
étoiles sous sa garde. L'Écriture ne
renferme absolument rien à l'appui de la
doctrine d'après laquelle soit le monde,
soit l'Église aurait en ses mains cette
sorte d'autorité. Le Seigneur Jésus
la possède encore tout entière. Il ne
l'a point abandonnée, et la seule chose
qu'il faille c'est que l'Église reconnaisse
ce qu'il est, et il agira en conséquence.
Quand il y aura la foi pour le reconnaître
dans sa place de Tête de l'Église, il
fournira assurément à tous les
besoins. S'il prête l'oreille au plus faible
cri de son agneau, n'entrera-t-il pas dans les
besoins les plus pressants de l'Église, qui
est toujours son objet de prédilection? Ce
n'est que dans la gloire céleste qu'il a
pris son caractère de Chef de
l'Église, et il es là non pas
seulement pour être
Chef, mais afin d'agir comme tel. Or, en quoi
consiste sa fonction de Chef de l'Église? Il
exerce l'autorité en ayant des personnes
pour agir sous lui ici-bas, et le résultat
en est l'existence du gouvernement et des dons dans
l'Église de Dieu, choses qui ne sont point
atteintes par l'état de ruine de
l'Église. En prévision du temps
où on secouerait l'autorité
illégitime du corps qui s'appelait
l'Église, et de toute la confusion qui
suivait, le Seigneur se
présente comme celui qui
est au-dessus de tout cela. Quelle que puisse
être ici la condition des choses, la force
est en Christ; et nous la trouverons en regardant
non à l'état de l'Église, mais
à Christ.
Lorsque les apôtres étaient ici-bas,
ils étaient autorisés à agir
pour Christ d'une manière toute
spéciale; mais après leur
départ, la source réelle de
l'autorité en vertu de laquelle ils avaient
agi, subordonnés à Christ, ne fut
point tarie; le Seigneur Jésus l'a encore
tout entière sous sa garde, il y avait
à Sardes le nom de vivre, mais en
réalité c'était la mort. C'est
de leur condition en tant que corps et non comme
individus que parlait le Seigneur. «Sois
vigilant, et affermis ce qui reste encore
qui s'en va mourir, car je n'ai pas
trouvé tes oeuvres parfaites
(complètes) devant mon Dieu.»
Là encore nous avons un trait frappant de ce
qui eut lieu dans le protestantisme. Dans le
désir d'éviter l'abus que le
système romain avait fait des oeuvres, les
chrétiens ne leur donnèrent
évidemment pas dans leurs pensées la
place qui leur est due chez ceux qui ont
été amenés à Dieu, car
Dieu attend des siens une marche toute
particulière et
très-séparée de celle que les
autres suivent; ce qu'il reproche à Sardes
c'est d'avoir manqué en cela. Les saints de
Dieu, même à Thyatire, étaient
approuvés de Dieu pour leur zèle,
nonobstant tout le mal qui était là. Leurs
dernières oeuvres surpassaient les
premières. Le protestantisme
a affaibli l'idée de
l'obéissance sous le prétexte qu'on
ne saurait trouver «la perfection» soit
dans l'Église, soit dans l'individu. Aussi,
partout où le protestantisme a
prévalu, le niveau des oeuvres a-t-il
été considérablement
abaissé; mais notre Dieu entend que ses
enfants prennent la perfection pour la mesure
d'après laquelle ils doivent se juger - je
ne dis pas qu'ils doivent atteindre. Il y a en lui
la grâce pour remédier aux fautes;
mais c'est tout autre chose de s'arrêter
bas en partant, par ce qu'on n'a pas devant
les yeux le niveau divin. Le Seigneur en revient
toujours à cela.
Il vaut mieux, en cherchant à avoir ce
niveau devant nous, faillir à le
réaliser, que de réussir toujours, si
nous l'avons abandonné. Car qu'est-ce que le
Seigneur estime le plus, sinon un coeur qui a
besoin de lui
plaire?
Supposez un enfant qui vienne à son
père et lui dise: «Vois quelle jolie
chose j'ai faite»; si son père lui
avait commandé de faire quelque chose de
différent, ne lui dirait-il pas:
«Est-ce ce que je voulais que tu
fisses?»
Le Seigneur a sa volonté, et c'est elle qui
pourvoit à nos premiers besoins, et qui est
la source même de notre salut. Mais elle est
bien loin de la pensée naturelle du coeur
qui n'aime pas de se soumettre à la
volonté d'un autre, disposition qui n'est
rien moins qu'une partie du mensonge de l'ennemi.
C'est évidemment la volonté de Dieu
qui a accompli notre sanctification par celui qui a
dit: «Voici, je viens pour faire
ta volonté.»
En Rom.
X, l'apôtre met la
manière dont nous avons part à la
chose en contraste avec les sentiments des Juifs.
Leur pensée était que s'ils
accomplissaient tout ce qu'ils pouvaient de la loi,
Dieu était miséricordieux et
accomplirait le reste: mais l'apôtre fait
voir que le salut se trouve dans la soumission
à la justice de Dieu.
La volonté de Dieu est la source même
et la puissance de notre bénédiction,
non-seulement en matière de pardon, mais
tout le long du chemin. Prenez les voies de Dieu
dans l'Église. Ce sont là les sujets
qui furent particulièrement
négligés par la réformation.
La vérité, quant à ce qui
concerne l'individu, telle que la justification par
la foi, fut proclamée avec force et sur une
large échelle; mais elle devint le grand
sujet que l'on eut en vue, et la conséquence
fut que les gens ne surent jamais qu'ils
étaient entièrement
justifiés.
Du moment que je fais de ma
bénédiction l'unique ou la principale
chose que je cherche dans la Bible, je ne
connaîtrai jamais rien comme il faut; mais si
ce sont les pensées de Dieu, ce qu'il a en
vue que je recherche, je saurai aussitôt que
je suis certes sauvé et béni. Je ne
puis regarder à la croix de Christ sans voir
en même temps ma complète ruine et ma
parfaite délivrance. Tant qu'un homme doute
d'être aussi mauvais que Dieu le
déclare, il aura à attendre avant de
jouir des richesses de sa grâce; mais si je
m'abandonne sans hésiter entre les mains de
Dieu, il n'y a pas une bénédiction
qui ne coule pour moi. Nous nous
voyons aussi mauvais ou pires qu'Israël, et
nous sommes placés alors dans un cercle de
bonté et de miséricorde
supérieure à tout ce qu'Israël
ait jamais possédé.
A la réformation, tout cela fut
comparativement perdu de vue; "et en se
dégageant du terrible filet du papisme, on
tomba dans le péché de placer la
puissance ecclésiastique entre les mains de
l'autorité civile. D'un autre
côté, d'autres qui évitaient ce
mal, firent de ce qu'ils regardaient comme une
véritable Église, le
dépositaire de cette puissance; tandis que
c'est Christ lui-même opérant encore
par le Saint-Esprit, qui maintient sa Seigneurie,
vérité qui est enseignée au
long dans les épîtres.
En supposant que quelqu'un agit comme pasteur ou
comme docteur, par quelle autorité doit-il
le faire? Tandis que ceux qui devaient veiller aux
affaires locales étaient établis dans
leur office par les hommes; jamais, dès le
commencement, il n'a rien existé de
semblable partout où il s'agissait de
ministère spirituel. Même quand il fut
question de choisir un successeur au siège
vacant de Judas, les apôtres ne firent pas le
choix eux-mêmes; ils le remirent de leurs
propres mains dans celles du Seigneur
(Act.
I.). Et lorsque plus tard le
Seigneur choisit un autre apôtre, nous
trouvons, il est vrai, «un Ananias»
envoyé pour le baptiser, mais rien
absolument de nature à suggérer la
pensée que Ananias ou toute autre personne
l'ait fait apôtre. Dans ce qui est dit plus
loin
(Act.
XIII) de
l'imposition des mains aux apôtres Paul et
Barnabas, il ne s'agissait point de donner des
ordres ou une mission; car ce fut fait par des
hommes qui leur étaient inférieurs
sous le rapport des dons et de la puissance
spirituelle; mais c'était tout simplement un
acte par lequel leurs frères les
recommandaient au Seigneur avant leur départ
pour un voyage missionnaire particulier vers les
Gentils.
Nous sommes en droit d'attendre que le Seigneur
conserve son autorité dans l'Église.
Dans tous les âges, nous le voyons secourir
ses bien-aimés et faire son oeuvre par ses
serviteurs. Quand quelqu'un éprouve le
besoin de prêcher, il pense naturellement
qu'il lui faut une autorisation; mais si nous
recourons à quelque autorité, il faut
que ce soit à l'autorité
compétente. Et quoiqu'il puisse se trouver
un caractère fort respectable selon le monde
là où se trouvent ces titres
extérieurs, cette question
s'élève toujours: le Seigneur a-t-il
voulu qu'une autorisation fût
nécessaire à quelqu'un pour pouvoir
prêcher dûment l'Évangile?
Les apôtres établissaient des anciens
et des diacres; mais ces personnes pouvaient
être prédicateurs et docteurs, ou ne
l'être pas; leur office d'ancien ou de diacre
était tout autre chose. Philippe fut un
prédicateur de l'Évangile, mais ce
fut parce qu'il possédait un don de la part
de Christ comme chef de l'Église, et non
point parce qu'il était un des
«sept». On s'est habitué à
l'abandon des principes de Dieu; et on appelle
cette manière d'agir
«l'ordre», parce que c'est la coutume qui
prévaut aujourd'hui dans l'Église professante.
Et c'est ainsi que lorsque nous abandonnons les
vrais principes, nous n'avons qu'une mauvaise
pratique. Le Seigneur attache une grande importance
à ce que nous le reconnaissions comme celui
qui a dans ses mains toute la puissance et toute
l'autorité. Du moment que je reconnais cela,
cela oblige ma conscience. Si je sais qu'une chose
est mauvaise, ma conscience est liée: il se
peut que je ne sois pas en état de voir tout
de suite quel est le droit chemin à prendre;
mais le premier pas est évidemment de se
retirer de ce qui est mal, et ceci est d'obligation
positive.
La liaison entre la fin du deuxième verset
(«je n'ai pas trouvé tes oeuvres
parfaites devant mon Dieu») et ce qui suit
(«souviens-toi donc comment tu as reçu
et entendu» etc. ) est extrêmement
douce. Le Seigneur leur rappelle ce qu'ils avaient
reçu de Dieu lui-même au commencement.
Loin de nous la pensée que parce que les
choses ne sont point comme elles étaient
alors, toute Église a le droit de se
gouverner comme elle l'entend. Ce serait une
véritable rébellion de
prétendre que, parce que la reine ne demeure
pas en Irlande, les Irlandais sont maîtres de
se donner telles lois qu'ils voudront; de
même il est aussi mauvais ou pire de penser
que puisque les choses sont changées, que
les apôtres n'y sont plus, et que la
confusion est survenue dans
l'Église, les gens sont
libres d'abandonner la parole de Christ et
d'accomplir leur propre volonté: le Seigneur
nous a laissé la
sienne.
La parole même de Dieu qui m'annonce ce que
j'étais autrefois, mais que je suis
lavé, sanctifié, et justifié
au nom du Seigneur Jésus et par l'esprit de
notre Dieu, cette même portion de la parole
entre dans toutes les questions relatives à
l'assemblée et à la manière
dont le Saint-Esprit opère en elle par qui
il veut ( I Cor.).
Il est possible qu'il n'y ait point de langues, de
dons de miracles, ni de guérisons; mais le
Saint-Esprit est-il ici? Ce qu'il continue de
faire, il le fait conformément au même
principe, et en vertu de sa même
présence qu'au commencement, quoique ce soit
dans une mesure de puissance bien
différente.
Remarquez aussi, qu'il est parlé de
là venue du Seigneur comme d'un sujet de
menace pour le monde. «Si donc tu ne veilles
pas, je viendrai sur toi comme un larron.»
etc.
(vers.
3). Il viendrait sur eux quand
ils ne s'y attendraient pas - subitement et pour
leur malheur. Ils s'étaient unis au monde et
ils devaient prendre garde d'avoir la même
portion que le monde.
Si vous avez choisi les aises du monde, vous avez
à redouter le même jugement que lui.
Ce n'est pas dans ce sens que le Seigneur parle
à l'Église de sa venue. C'est, en
réalité et dans toute
l'étendue des termes, sur la masse
professante et non sur les véritables
croyants que le Seigneur viendra comme un
larron.
«Toutefois tu as quelques
noms à Sardes qui n'ont pas souillé
leurs vêtements; et ils marcheront avec moi
en vêtements blancs, car ils en sont dignes.
Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu
de vêtements blancs»
(vers.
4, 5).
Le Seigneur leur présente cette douce
consolation, que comme ils avaient cherché
à agir fidèlement sur la terre, ils
marcheraient avec lui en vêtements blancs.
Comme ici-bas ils avaient marché dans la
pureté, ils apparaîtraient en haut
devant Dieu dans la pleine justification de leurs
voies. Mais il n'est question en cela que des
individus: l'état de l'Église
considérée comme un tout était
évidemment mauvais. Dès qu'on s'est
convaincu que l'association dont on fait partie est
contraire à la parole, on devrait sentir ce
qui est dû au Seigneur et y avoir
égard. Il semblerait incroyable, si on ne
savait pas qu'il en est ainsi, qu'il y a eu et
qu'il y a des hommes de Dieu, guides du troupeau,
qui non seulement restent dans le mal dont ils ont
connaissance, mais encore lui cherchent un
palliatif dans les circonstances d'un juste Asa ou
d'un pieux Josaphat, qui cependant n'ôtèrent
pas
les hauts-lieux.
Quelle triste chose que les
révélations solennelles de Dieu
soient ainsi tordues de manière à les
faire servir au but de l'ennemi, et qu'un
avertissement réitéré soit
employé pour la justification du
péché. «La lampe du corps c'est
l'oeil; lors donc que ton oeil est simple, tout ton
corps aussi est éclairé; mais
lorsqu'il est mauvais ton corps aussi est
ténébreux. Prends donc garde que la
lumière qui est en toi ne
soit ténèbres.»
Ce n'est pas assez d'avoir des pensées
justes et ensuite d'en rester-là; si le
Seigneur a donné un jugement n'est-ce pas
dans le but que nous y conformions notre marche?
Satan cherche à faire paraître
bien-triste le sentier du Seigneur, comme il colore
une marche mondaine d'un semblant
d'humilité, d'ordre et de choses semblables.
Mais la parole rend toute chose claire aujourd'hui,
comme la puissance le fera dans peu, même
pour le monde.
Puissions-nous marcher à présent avec
le Seigneur, et sûrement nous marcherons plus
tard avec lui en vêtements blancs! Au lieu de
l'effacer, il confessera notre nom devant son
Père et les Saints Anges.
Le ton de l'Épître à
Philadelphie me semble confirmer l'idée que
nous avons émise au sujet de Sardes, que
dans cette portion de l'Apoc. III) ce n'est pas
tant l'Église primitive, ou celle du
moyen-âge, qui nous est
présentée, que ce qui se passe, ou se
développe dans les temps modernes. Ce nouvel
état de choses commence par Sardes; ce n'est
pas un mal flagrant qui le caractérise, mais
un trait d'une triste et fatale nature - c'est
un
état de choses négatif. Toute
personne sincère qui a mûrement
réfléchi sur le protestantisme doit
savoir que c'est-là la chose affligeante que
nous avons à reconnaître, nous
qui avons été
protestants, et qui par conséquent en
partageons la honte.
On s'attache trop, au moins d'une manière
trop complaisante pour le moi, à certains
sujets de controverse qui cachent en grande partie
nos besoins et nos fautes propres; on tire
vanité d'être purs de certains maux,
tels que la suprématie du Pape,
l'infaillible autorité de l'Église,
le culte de la Vierge, des Saints et des Anges, la
doctrine de la messe, du purgatoire, etc.
Mais en supposant que sur tous ces
sujets-là, on soit dans des sentiments
parfaitement orthodoxes, on pourrait se trouver
dans mille maux d'un autre caractère, et, en
dépit de toute orthodoxie extérieure,
avoir un coeur tout à fait étranger
à l'amour et à la gloire du Seigneur.
C'est précisément ce que nous avons
vu en Sardes - le nom de vivre, mais
néanmoins mort. De même qu'en
Israël, lorsque le Seigneur était sur
la terre, l'ancienne idolâtrie avait passé, l'esprit immonde avait
quitté
la maison et n'y était plus retourné;
ainsi l'état de la maison balayée et
ornée correspond bien à ce qui suivit
la réformation. Mais il faut distinguer
entre cela et l'oeuvre que Dieu donna à
faire aux réformateurs.
Que nul ne parle de manière à
déprécier ces hommes, soit Luther,
soit les autres; mais quoique Dieu fût
à l'oeuvre avec eux dans ce grand mouvement,
il eût été meilleur et plus
saint qu'ils eussent laissé les
gouvernements terrestres aux fonctions qui leur
sont propres. Sans doute, leurs protecteurs les
garantirent de la persécution
et leur assurèrent les
honneurs; mais au lieu d'aider à l'oeuvre de
Dieu, cela devint un grand obstacle. Et ainsi,
lorsque la ferveur du premier zèle eût
passé, l'état de choses
répondit à l'Église de
Sardes.
En Philadelphie, nous trouvons quelque chose de
tout-à-fait différent. La
première chose qui nous frappe, ce n'est
point ce que fait, ou ce qu'a le Seigneur, mais ce
que le Seigneur est lui-même.
S'il y a quelque chose qui délivre d'un sec
et froid dogmatisme, c'est, je le sens, la personne
du Seigneur Jésus apprécié
d'une manière toute spéciale. Je le
vois dans l'épître à
Philadelphie: le Seigneur s'y présente d'une
manière plus personnelle que dans aucune
autre de ses épîtres. Il est vrai
qu'il y est dit avoir la clé de David; mais
avant qu'il soit question de cela, il
déclare qu'il est le saint et le
véritable.
Le caractère du Seigneur ne se montre pas
dans les autres épîtres sous le
même point de vue moral. Ce que nous avons
ici, c'est à mon avis, ce que le Seigneur a
opéré dans l'Église durant ces
dernières années. L'impulsion
donnée à
l'évangélisation par la
dissémination de la Bible et par les travaux missionnaires a
caractérisé l'Église
extérieurement; mais au dedans l'Esprit
s'est servi du sentiment qu'avaient les saints de
son état de ruine pour les conduire à
la parole, et par là, à une plus
pleine appréciation de la personne de Christ
- l'unique objet dans lequel nous puissions trouver
le repos par le Saint-Esprit, comme il était
le repos du Père quand il marchait
ici-bas.
Il y a quelque chose d'extrêmement beau dans
la manière dont le Seigneur se fait ainsi
connaître après l'épître
à Sardes qui était dans un
état mondain de mort. Christ s'est fait
connaître lui-même,
et il est la résurrection et la vie. Et
qu'est-ce qui pourrait communiquer une vie
nouvelle, placer l'Église dans l'attitude
qui lui convient, ou amener un résidu
à la marche et aux sentiments convenables
à un temps de ruine, si ce n'est le Seigneur
se présentant lui-même
personnellement. C'est ce qui caractérise
l'évangile de Jean: la personne même
du Seigneur Jésus-Christ, non pas seulement
dans ses droits propres, mais comme baptisant du
Saint-Esprit dans l'exercice du pouvoir
miséricordieux qui convient à sa
gloire.
Dans sa première partie il place devant nous
la personne de Christ; et dans la seconde, l'autre Consolateur que le
Seigneur devait envoyer du ciel
lorsqu'il s'en serait allé. Il est beau de
voir ainsi la place que l'évangile de Jean
occupe dans les écritures de Dieu. Il fut
écrit fort tard, le dernier de tous les
évangiles, et en vue d'un temps de
déclin. Il n'y est pas question de
Jérusalem ou des Juifs comme objets
immédiats de Dieu, même sous le
rapport du témoignage. Il en est fait
mention comme d'un peuple mis de côté,
avec lequel Dieu n'a rien à faire pour le
moment. Aussi le Seigneur parle-t-il de la
Pâque comme d'une «fête des
Juifs,» etc.
En Mathieu, au contraire, nous voyons Israël
reconnu pour la vérité de Dieu. Le
sanglier de la forêt peut
ravager et la bête dévorer, mais c'est
encore le pays d'Israël; et Jérusalem
est appelé la sainte cité même
quand il s'agit de la mort et de la
résurrection de Christ.
Dans l'évangile de Jean tout cela est fini.
Non-seulement Jérusalem et les Juifs
perdirent tous leurs droits sur Dieu, l'ayant
abandonné comme Jéhovah, et ayant aussi
abandonné la loi et les prophètes,
mais ils avaient rejeté Christ; et
même quand le Saint-Esprit vint, ils le
rejetèrent aussi et ne voulurent plus
l'écouter, de sorte qu'il n'y avait aucune
ressource. Dieu s'était manifesté de
toutes les manières possibles. Aucune
manifestation de Dieu, l'homme étant sous la
loi, ne pouvait faire aucun bien. Les individus se
saisissaient tout ce temps de la grâce de
Dieu, mais la nation était sous la loi. Le
point de départ de l'évangile de Jean
est que tout était ténèbres,
et que la Vraie Lumière brille là,
quoique les ténèbres ne la saisissent
point. «En elle
était la vie.» Cela demeure toujours
vrai, quoique ce soit en jugement que celui qui est
la lumière et la vie agit ici.
Mais revenons aux Églises. Il y avait eu
successivement abandon du premier amour, souffrance
de la part de la puissance païenne, tentation
de Satan au moyen du pouvoir du monde, action
séductrice de Jésabel
entraînant à l'idolâtrie, et en
un mot, toute sorte de mauvais commerce avec le
monde et la persécution. Mais à
présent voici un état tout moderne -
pureté au dehors, mais le
coeur abandonné à lui-même
(Voyez 2 Tim. III.). C'est Sardes qui nous
présente ce tableau: quelques-uns marchent
purement, mais non entièrement soumis de
coeur au Seigneur. Mais se contentera-t-il de cela?
Il faut que le Seigneur se suscite à
lui-même un témoin, et la seule
manière par laquelle il peut rendre
quelqu'un propre à être son
témoin, c'est en se présentant
lui-même aux affections. Aussitôt que
nous voyons le Seigneur lui-même, il y a de
la force pour le servir avec joie.
Ici, le Seigneur dégoûté de
l'état de Sardes vient, disant en quelque
sorte, «J'ai besoin de posséder le
coeur - il faut que je l'aie.» Il
écarte le voile introduit par le
péché de l'Église professante.
Quand on voit ce bien-aimé, pour ainsi dire,
un peu plus près, il y a quelque chose qui
répond (mais, hélas, avec quelle
faiblesse!) à son désir de
posséder le coeur, et ce sera parfaitement
accompli quand nous le verrons tel qu'il est.
«Tu as peu de force.» Ce n'est pas la
coutume de Dieu de communiquer une grande mesure de
force dans un temps de ruine
générale. A l'époque du retour
de la captivité de Babylone, le Seigneur
agit beaucoup en grâce. Il n'y eut pas
extérieurement de la puissance; au
contraire, tout était chez les Juifs d'un
apparence si méprisable, que leurs ennemis
disaient, en se moquant, qu'un renard romprait leur
muraille. Mais nous les voyons animés du
même esprit que celui qui
se montre dans Philadelphie. Ils ne construisent
pas de fortifications pour se garantir des
Samaritains (l'Éternel était une
muraille de feu autour d'eux); mais la première
chose qu'ils érigent c'est un autel au
Seigneur.
Le Seigneur était le premier
objet de leurs
coeurs. S'il était leur rempart, ils
pouvaient attendre avant d'en construire un autre.
On ne vit rien parmi eux qui rappelât l'ange
frappant les premiers-nés, ni miracle
opéré en leur faveur, ni promesse de
plaies devant frapper leurs ennemis: mais cette
parole leur est adressée: «Mon esprit
demeure au milieu de vous, ne craignez
point.»
Toutes les fois qu'Israël avait peur de ses
adversaires, il était sans force; mais quand
il regardait au Seigneur, il oubliait les ennemis.
De même aujourd'hui, c'est quand nous nous
appuyons sur lui, que les coeurs de ses adversaires
sont le plus saisis de terreur. Un coeur
sincèrement adonné au Seigneur est ce
qui parle à la conscience des autres. Quelle
joie de savoir que le coeur du Seigneur
était tourné vers eux! C'est
là ce qui produit des sentiments convenables
envers lui, et les uns envers les autres. Le nom
même de cette Église exprime la
relation que le Seigneur avait établie; et
il importe beaucoup de se souvenir que c'est une
relation sainte que nous soutenons les uns avec les
autres. Il est sûr néanmoins que des
personnes qui ont réciproquement de la
sollicitude pour leurs intérêts
célestes ne seront pas indifférents
les uns envers les autres sous
les autres rapports, quoique l'Église ne
soit pas un club dont les membres sont prêts
à se prêter mutuelle assistance, qu'on
ait raison ou qu'on ait tort. Ce serait
là du socialisme, de la franc-
maçonnerie, et non la fraternité
selon le Seigneur.
Les premières paroles sont la clé de
toute l'épître «Le saint, le
véritable
(vers.
7.).» Voyez la
première épître de Jean. Cette
expression n'est pas fréquemment
employée à l'égard du
Seigneur, mais nous la trouvons là. Dans le
deuxième chapitre de cette
épître, il est écrit à
l'adresse des jeunes enfants de la famille de Dieu:
«Vous avez l'onction de la part du Saint, et
vous connaissez toutes choses.» Le saint, le
véritable a tout ce qu'il leur faut. Il
pouvait y avoir de la faiblesse chez eux, mais il a
la clé de David.
Dans la généalogie de notre Seigneur
en Mathieu se lit l'expression: «David, le
roi», et on ne trouve pas cette
désignation:
«le
roi,» ajoutée au nom de Salomon
ou de tout autre. La raison en est que c'est par
David que la royauté s'est d'abord
caractérisée en Israël. Il
était l'homme selon le coeur de Dieu. Et
pour ce qui est de David marchant dans la foi, il
ne pouvait rencontrer de difficultés sur son
chemin. Il est vrai que le type se montra imparfait
- il n'y a pas de type parfait, parce que le type
n'est pas Christ, quoiqu'il soit un témoin
de Christ. C'est l'homme
qui fait défaut; mais là où la
puissance de Dieu opéra en David des choses
brillantes, bénies et
bonnes, nous trouvons le germe, pour ainsi dire, de
ce qui se montre pleinement dans le Seigneur. La
«clé» de David représente
sa puissance, le moyen par lequel il eut
accès à tout ce qu'il
possédait. C'est ainsi qu'il est dit
(Es.
XXII) «Je mettrai la
clé de la maison de David sur son
épaule; et il ouvrira, et il n'y aura
personne qui ferme, etc.» Telle était
la conséquence, il avait tout sous sa main;
c'était à lui à prendre soin
de tout.
Le Seigneur se présente comme ayant la
clé de David. Ils ne devaient donc pas
regarder au pouvoir du monde, ni à l'homme;
car si Christ avait la clé, c'est de cela
qu'ils avaient besoin. L'énergie de l'homme,
Jésabel, les faux prophètes pouvaient
être à l'oeuvre autour d'eux, mais il
y avait ce bien-aimé, le saint et le
véritable; et il était d'autant plus
nécessaire qu'ils étaient faibles.
Ils avaient si peu de force que peut-être,
ils n'étaient pas même capables
d'ouvrir la porte; mais il leur dit qu'il la leur
avait ouverte; il les avait introduits dans un
vaste lieu où il n'y avait rien qui
ressemblât à la servitude ou à
la gêne.
Il est évident que le Seigneur est
désigné ici selon ce qu'il est
personnellement et moralement; non pas seulement
comme la grande source de la sainteté et de
la vérité, mais comme le saint et le
véritable.
Nous trouvons l'un et l'autre de ces
caractères dans la première
épître de Jean: «nous sommes dans
le véritable, savoir, dans son Fils
Jésus-Christ;» mais
cela va plus loin encore,
«il est le Dieu véritable et la vie
éternelle.» C'est donc la personne qui
est placée devant eux: c'est ce qu'ils
désiraient ardemment. Ils
appréciaient Christ. Ils avaient le
désir de le connaître davantage, et il
connaissait leur coeur. C'est ainsi qu'il est dit:
«Si ton oeil est simple, tout ton corps sera
éclairé,» Ils étaient las
de ce qui n'était que la forme de la
piété; ils savaient qu'il
était possible d'être perdu ou de
déshonorer le Seigneur dans l'orthodoxie
aussi bien que dans le monde. Ils se tournent vers
le Seigneur, et il se présente
lui-même comme le Saint et le
Véritable; non pas comme leur étant
contraire, mais comme rempli de tendresse et de
grâce, et plaçant devant eux une porte
ouverte, et leur donnant l'assurance que personne
ne la fermerait.
«Tu as peu de force, et tu as gardé ma
parole, et tu n'as pas renié mon nom»
(vers.
8.). Il y a là trois
déclarations à leur sujet. Ils sont
dans un état qu'aucune marque, aucune
puissance extérieures ne signalent. Ils sont
inconnus au monde comme Il l'était
lui-même, mais ils ont gardé sa
parole; et plus que cela, ils n'ont point
renié son nom.
Considérez ce que
c'est que garder la parole de Christ.
Il est évident qu'on s'était
écarté de sa parole. Il est possible
qu'elle eût circulé; mais avait-elle
été l'objet d'une tendre affection?
L'avait-on aimée, l'avait-on sondée,
comme on cherche un trésor caché?
Est-ce en vue d'elle, et pour la mieux comprendre,
qu'on se réunissait pour prier et lire? il
s'agit ici d'un mouvement dans l'Église
où la personne du Seigneur devient plus que
jamais l'objet du coeur et où la Parole est
mieux traitée comme sa parole. Ce n'est pas
simplement l'évangélisation, toute
précieuse qu'elle est à sa place, que
nous avons en Philadelphie, mais un cercle intime
de saints qui aiment, servent, adorent Christ pour
lui- même.
Cette épître nous révèle
aussi la valeur du nom du Seigneur Jésus. En 1
Cor. I, ce n'est pas aux
Corinthiens seuls que le Saint-Esprit s'adresse,
mais «à tous ceux qui en tout lieu
invoquent» ce nom.
En d'autres termes, la première
épître aux Corinthiens n'est pas plus
que la seconde, d'une application
particulière: elle est pour tous les
chrétiens en quelque lieu que ce soit. De
fait, c'est de toutes les épîtres
celle où la teneur générale de
l'adresse est le plus fortement marquée; et
la raison en est peut-être que l'Esprit de
Dieu prévoyait qu'elle serait, plus que
toute autre, mise de côté.
En ces temps où il n'y a pas de
manifestation extraordinaire de puissance, les gens
pourraient dire: cette
épître-là n'est pas pour nous,
elle appartient à une époque qui est
passée. Il est vrai qu'il n'y a pas lieu
à donner des règles pour l'exercice
du don des langues, si vous ne l'avez point
reçu. Mais nous avons le Saint-Esprit, et
béni soit Dieu, l'Église ne saura
jamais ce que c'est que d'être sans le Saint-
Esprit. Reportez-vous à son heure la plus
sombre, - le moyen-âge, le
romanisme, etc.
Le Saint-Esprit était toujours là,
non pas, à la vérité,
justifiant le mal ou sanctionnant la
désobéissance, mais il était
là pour l'assurance de la foi,
conformément à la déclaration
du Seigneur: «Il demeurera avec vous
éternellement.» L'idée
d'attendre que le Saint-Esprit soit de nouveau
répandu sur nous
est entièrement fausse: c'est-là
l'espérance juive. Adresser une telle
demande, c'est, pour l'Église, nier qu'elle
soit l'Église. Ce peut être bon pour
elle de se prosterner devant le Seigneur et de
reconnaître qu'elle a agi comme si elle ne
l'avait pas. Mais bénissons Dieu de ce que
nous avons l'Esprit non-seulement comme habitant
dans les individus, mais comme nous liant ensemble
pour être une demeure de Dieu,
A la vérité, la manifestation
de ce fait n'a plus lieu, mais néanmoins le
fait demeure; absolument de la même
manière qu'en parlant d'un homme qui se
trouve dans de mauvaises circonstances, on dit
qu'il est ruiné, quoique l'homme existe
encore. C'est un motif de nous humilier d'autant
plus, parce que l'Église possédait
l'Esprit et qu'elle a mal marché
néanmoins. On a beau dire, si nous avions
maintenant une Pentecôte et que le
Saint-Esprit fût envoyé de nouveau,
nous marcherions comme il faut: le fait est
qu'après avoir eu le Saint-Esprit le jour de
la Pentecôte, on s'est dévoyé
et on est tombé.
Ce que Dieu nous demande maintenant ce n'est pas
d'attendre de nouveaux dons de
puissance, mais de nous humilier
devant lui de ce que nous avons marché,
même comme chrétiens, en opposition
à sa volonté de la manière la
plus triste, et de ce que, quoique nous eussions le
Saint-Esprit, un veau d'or a succédé
à un autre au point qu'il y a autant de
péché qu'il y en a eu en Israël.
C'est-là ce que le Seigneur nous appelle
à sentir. Philadelphie sympathisait avec
lui.
Ce que l'Esprit présente dans cette
église est donc évidemment une
compagnie méprisée, mais la parole de
Christ particulièrement
appréciée, et son nom maintenu. Nous
avons appris que l'Église n'est jamais
obligée de marcher dans le
péché. «Que tout homme
qui prononce le
nom du Seigneur se retire de
l'iniquité.» Il peut y avoir
iniquité morale et convoitises mondaines; et
qu'y a-t-il d'aussi mauvais que l'iniquité de l'Église, si ce n'est ce
qui
est contre la personne même de Christ? Si on
marche contrairement à l'ordre
extérieur de l'Église, c'est mal,
mais ce n'est pas à comparer avec le
péché commis contre la personne du
Seigneur Jésus. Ce
péché-là est toujours le pire,
et celui qui éprouve les âmes. Le
premier de tous les devoirs est que le coeur soit
sincère pour Christ. C'est ce que Dieu
attend.
Le Christ se présente donc personnellement
à l'Église, non pas en exprimant son
amour d'une manière
générale, mais en manifestant
une affection particulière
de son coeur pour eux. De là vient qu'il est
dit: «Je les
ai
aimés.» Le Seigneur
aime tous
les siens, mais il est également vrai qu'il
a des affections spéciales.
Il peut y avoir un lien particulier entre lui et
les saints qui sont particulièrement en
danger ou dans l'épreuve. Sa grâce
éloigne les obstacles et fait qu'on se
réjouit dans sa force. Ils connaissent sa
place dans la gloire, mais ce qui touche leurs
coeurs c'est qu'il les aime
au milieu de toute cette gloire. Son amour,
voilà la base et la source de leur
amour.
«Tu as peu de force.» Je sais que vous
êtes faibles; mais vous avez
«gardé ma parole et n'avez pas
renié mon nom.»
Remarquez ici le lien personnel -
«ma
parole,»
«mon
nom.» Le nom de Christ saisi par l'âme,
est le salut. Lorsque le coeur s'est soumis
à son jugement sur le péché,
Dieu place lui-même devant cette âme le
nom de Christ: et quand elle trouve qu'elle n'a pas
de nom sur lequel s'appuyer pour se tenir devant
Dieu, il lui dit: il y a ici un nom, le nom de mon
Fils. La foi suppose un homme qui s'abandonne
lui-même comme ne valant rien, et qui dit:
«Dieu a été bon pour moi, quand
j'ai été méchant pour
lui.»
Dieu a mis ce nom comme une pierre fondamentale
pour le pauvre pécheur. Elle semble faible;
elle est appelée une «pierre de
trébuchement,» comme elle l'est pour
l'incrédulité; mais je dois croire
en
elle. Si je ne fais que regarder
à l'évangile, je suis perdu, parce
que dans ce cas, je raisonne à son sujet;
mais si je le crois,
je
suis sauvé. Que fit Abraham? Il
ne raisonna pas; il ne
considéra
pas son corps qui
était amorti, mais il donna gloire à
Dieu. S'il s'était senti fort, il aurait pu
se donner gloire à lui-même. Tel est
le grand but en vue duquel Dieu travaille: que nous
connaissions notre propre néant.
Mais est-ce là l'unique usage du nom de
Christ? Non; Il rassemble autour de lui-même.
Jésus est le grand objet, le point
d'attraction autour duquel le Saint-Esprit
assemble. Supposez qu'il s'agisse de l'introduction
d'une personne qui suit les vues calvinistes, ou
les vues arminiennes, comme on les appelle, n'ayant
jamais bien appris la ruine de l'homme; vous direz
peut-être: «Je n'aime pas qu'on me
trouble.» Mais la question est, ce que dit
Christ. N'a-t-il pas le pouvoir de juger cette
question? L'a-t-il laissée à notre
discrétion? Christ a scellé de son
nom cette personne et en conséquence je dois
la recevoir. Un autre arrive et dit:
«J'apprends que vous recevez tous les
chrétiens; mais je ne crois pas que Christ
fût exempt de chute, soit dans sa nature,
soit quant à sa relation avec Dieu.»
«Non,» telle est ma réponse;
«vous ne pouvez faire servir le nom de chrétien
à déshonorer Christ.» Mais
toutes les fois que quelqu'un fait humblement
confession du nom de Christ (qu'il appartienne
à l'église établie, ou qu'il
soit dissident, la question n'est pas là)
nous sommes tenus de le recevoir.
C'est une chose fort triste que toutes ces
dénominations diverses soient dans
l'Église: elles prendront
toutes fin bientôt. Mais il ne nous faut pas
contredire le nom de Christ maintenant.
Le nom du Seigneur est là et c'est un
passeport dans toute l'Église. Il ne s'agit
pas de nous
joindre quelqu'un;
il nous est joint certes, s'il est uni à
Christ. Il est vrai que le Seigneur a ses
serviteurs, mais nous ne reconnainons dans
l'Église aucun autre centre que Christ.
Un autre usage du nom de Christ se trouve dans la
discipline. Quel est le but de la discipline? Ce
n'est point de maintenir notre
caractère, mais de laisser au nom de Christ
la place et l'honneur qui lui appartiennent, en
conservant à ce nom tout son éclat,
même là où est le
trôné de Satan. Dans le camp
même de l'ennemi il se trouve un nom qui ne
saurait être abaissé. Le Saint-Esprit
est là, non pas simplement pour nous donner
de la consolation, mais nous ayant
délivré de toute inquiétude
à l'égard de nos
péchés, il nous donne liberté
pour nous occuper de Christ et travailler dans son
service. Ce dont il s'agit dans le maintien de la
discipline, c'est de savoir s'il faut se retirer de
l'iniquité.
Jamais le Seigneur ne reconnaît comme
l'Église un état de choses où
l'iniquité est sanctionnée. C'est une
chose bien différente qu'il y ait du
péché, et que le péché
soit sanctionné. Toute sorte
d'iniquité peut surgir: cela eut lieu dans
les églises apostoliques. L'incestueux fut
retranché à Corinthe parce qu'il était
chrétien, comme il est dit «afin que
l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur
Jésus.»
On aurait pu croire d'après la terrible
nature de son péché qu'il
n'était pas possible que ce fût un
chrétien. Le Saint-Esprit nous montre par
là que si un chrétien s'écarte
de Christ, il est capable de tout excepté
d'aller positivement contre Christ lui-même.
Car je pense que le Saint-Esprit nous garderait
toujours de cela. Comme dans le cas du jugement de
Salomon, la fausse mère était
résolue à avoir, à tout prix,
sa moitié de l'enfant, tandis que la
mère réelle aimait mieux céder
la sienne que de laisser toucher à sa
vie.
Mais il peut arriver à un chrétien
(quelque contraire à la nature des choses
que cela soit ) de tomber dans un état
où il n'a pas de saines pensées au
sujet de Christ; et quand il s'y trouve, de
manière à ne pas avoir un juste
sentiment du nom de Christ, quel bien peut-il
provenir de lui? Il n'en était pas ainsi des
saints de Philadelphie. Ils ne reniaient pas son
nom; et le Seigneur emploie à leur
égard les expressions d'amour les plus
tendres.
Partout où l'on avait des prétentions
ecclésiastiques, la remarque en a
été faite avec raison, on
était contre eux. Ils étaient
regardés avec dédain par ceux qui se
disaient Juifs, mais touchant lesquels Christ fait
cette déclaration, «je les ferai venir
et se prosterner devant tes pieds» etc.
(vers.
9.). Les Philadelphiens se
trouvaient au milieu d'une profession qui n'avait
rien de réel, et le Seigneur leur promet de
les défendre par sa propre puissance. Qu'il
est précieux de ne pas chercher à
nous défendre nous-mêmes, mais d'aller
en avant avec le Seigneur!
Il est d'une importance extrême de bien voir
que la gloire du nom de Christ n'obligera jamais
à choisir entre deux maux, et c'est,
à mon avis, ce que Dieu a voulu nous faire
sentir dans ces derniers temps. Il
y a
un
sentier hors du mal. Non que la chair de l'homme ne
puisse introduire le mal; mais si quelqu'un persiste
dans quelque péché, vous dites qu'il
ne marche pas comme un chrétien; il ne
saurait être reconnu
comme chrétien, quoique nous puissions prier
pour lui, etc.
Supposez encore une réunion de
chrétiens. Le mal entre, je ne puis pas dire
que ce ne sont pas des chrétiens. Non, mais
je puis introduire l'autorité du nom de
Christ pour ôter le mal: Christ
possédant l'autorité d'une
manière absolue, c'est à nous
à nous soumettre entièrement à
lui.
L'Église appartient à Dieu. Si elle
était à nous, nous pourrions faire
nos propres règlements; mais malheur
à celui qui veut soumettre l'Église
de Dieu à ses propres règles!
C'est-là, à ce qu'il
paraîtrait, ce que sentirent les saints
de Philadelphie: ils appréciaient
l'autorité du nom de Christ; ils avouaient
leur faiblesse, mais ils savaient que le nom de
Christ était assez fort pour les garder.
Qu'avaient-ils à redouter? En reconnaissant
le nom de Christ pour centre de rassemblement, nous
ne prétendons pas que le mal n'entrera
point: mais nous confiant dans la puissance du
Seigneur Jésus et de son Esprit, nous ne
voulons pas sanctionner le mal. Laissons seulement
la porte ouverte pour que le
Seigneur entre. Il peut y avoir
bien des choses propres à mettre notre
patience à l'épreuve, mais nous
n'avons qu'à nous attendre au Seigneur.
C'est là ce que le Seigneur veut, que nous
ayons confiance en ce qu'il est et ce qu'il a, en
prenant dans l'esprit de prière la place de
la faiblesse et de la dépendance, quelque
pénible que ce puisse être.
«Tu as gardé la parole de ma
patience,» etc.
(vers.
10.).
Évidemment le Seigneur contemple, à
l'occasion de ces églises, l'état de
choses qui existera à la fin; et comme
l'heure de la tentation est encore à venir,
la place est laissée pour l'application de
cette promesse aussi à la fin.
«Tu as gardé la parole de ma
patience.» Christ vient pour prendre son
Église, et ensuite pour être le juge
de toute la terre. Mais nous n'attendons pas des
signes. Dieu, dans sa miséricorde, en
accordera aux Juifs, mais l'Église n'a
jamais été appelée à se
guider dans ses pensées sur ce qu'elle
voyait, comme Thomas. «Bienheureux sont ceux
qui n'ont point vu et qui ont cru.» C'est
quand on ne voyait plus le Seigneur que
l'Église est née dans le monde; et
depuis lors elle a été dans
l'attente, mais jamais elle n'a dû faire
dépendre de certains signes son
espérance. C'est lorsque Christ prit sa
place en haut comme tête, que son corps,
l'Église, fut formé; car il ne
pouvait y avoir de corps que premièrement il
n'y eût une tête. Dieu veut que
l'Église attende Christ lui- même, et
non pas des signes. Il fera entendre
sa voix. Et les morts en Christ
ressusciteront..... et ainsi nous serons toujours
avec le Seigneur. Christ attend cela avec
patience.
Autant que j'ai pu le voir, le Seigneur ne parle
pas de sa venue, comme s'il devait y avoir quelque
chose de hâté en elle. Il attend avec
patience que le moment en arrive. Il tarde dans son
amour pour qu'il ait une prolongation de
miséricorde pour le monde et pour que des
âmes puissent lui être amenées.
L'Église sait qu'il attend et elle est
appelée à la même patience pour
avoir communion avec lui dans sa patience.
«Je te garderai de l'heure
de la tentation
(vers.
10).»
Ce n'est point ici la portion des Juifs.
Pour eux, lorsqu'arrive le temps de
l'épreuve, le Seigneur leur dit:
«Viens, mon peuple entre dans tes
cabinets», etc.
Notre place est celle d'Abraham. Il n'eut point
à fuir vers la petite Tsohar comme Lot qui
fut, il est vrai, sauvé du jugement, mais
pas tant à son honneur. Le Seigneur avait un
saint dont les pensées étaient aux
choses du ciel, aussi bien qu'un saint qui pensait
aux choses de la terre. Abraham ne se trouva jamais
dans cette heure de tentation. Ainsi
l'Église sera gardée de l'heure qui
vient. Telle est notre confiance - non pas
simplement que nous serons gardés durant et
à travers cette heure, mais que nous le
serons de l'heure elle-même.
Prenez une autre figure de ce jugement, le
déluge. Enoch fut complètement
préservé du déluge, tandis que
Noé fut porté sur ses eaux.
C'est ainsi que dès le
commencement Dieu nous donne des témoignages
bénis de cette double manière
d'être préservés, d'un
côté comme Enoc et Abraham, en esprit,
et de l'autre comme Noé et Lot. Ces derniers
se trouvèrent dans les circonstances de
l'épreuve; et tel sera le cas du
résidu converti d'Israël à
l'époque des terribles jugements.
L'espérance du chrétien est
d'être avec le Seigneur dans le ciel, et
c'est ce que l'Église doit attendre. Et
certainement le cri est là: «Voici,
l'époux vient, sortez à sa
rencontre.» Je vous le demande,
êtes-vous sortis?
Il y en eut dont il est dit, non pas que
c'étaient des croyants lorsque le cri se fit
entendre, mais qu'ils étaient sortis.
Avez-vous abandonné tout ce qui est
contraire à Christ? Ce que vous
savez
- non pas ce que je sais - lui être
contraire?
Je vous demande si vous êtes prêts
à aller au devant de lui. Dans ce cas vous
n'avez rien à craindre. Tenez pour sûr
que rien de ce que votre pauvre volonté
désire retenir ne vaut la peine d'être
gardé: C'est gain
que
de sortir de tout pour aller à la rencontre
du Seigneur; c'est joie que d'être dans son
sentier.
Ce cri a-t- il rempli votre coeur? Ne vous
contentez-pas de dire: «J'ai de l'huile dans
mon vaisseau, et il importe peu où je
suis.» Pensée égoïste et
impie! Dieu veuille que tel ne soit pas votre
sentiment! Il m'a sauvé pour que je pense
à lui. Il désire que je sorte pour
aller au-devant de lui, - que je chérisse la
précieuse pensée de sa venue.
Maintenant, gardez-vous sa
parole? Vous le savez. C'est-là une question
entre votre conscience et le Seigneur. Quand vous
aurez gardé ce que vous connaissez, vous en
apprendrez davantage, et vous trouverez que son
service n'est que joie et liberté.
«Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu
as, afin que personne ne prenne ta
couronne.»
C'est- là une parole précieuse. Le
Seigneur annonce qu'il vient comme un voleur par
rapport à Sardes qui avait pris le monde
pour son maître: laissant ainsi au monde
souillé la place du Seigneur. Pour
Philadelphie il vient comme quelqu'un qui a une
couronne à donner. Le
Seigneur lui-même venant à notre
rencontre, est le joyau qu'il nous a
donné à garder. Que le Seigneur nous
donne de le tenir ferme, afin qu'il ne nous soit
pas enlevé! Nous sommes faibles maintenant,
mais le Seigneur dit: «Si vous vous contentez
d'être maintenant dans la faiblesse, je vous
ferai être une colonne dans le temple de mon
Dieu.»
Une colonne est l'emblème de la force, de ce
qui soutenait le temple, en contraste avec la
faiblesse. Il est dur de se contenter d'être
faible; et c'est rassurant pour la chair de sentir
sous soi la puissance du monde. Mais si nous
consentons à paraître faibles
maintenant, le Seigneur nous déclare ce
qu'il fera pour nous alors: «Je vous ferai
être une colonne dans le temple de mon Dieu
(vers.
12).
Selon que j'ai connu mon
Dieu,
je vous mettrai en communion avec moi. Vous
vous contentez d'attendre ma
venue, et personne ne prendra votre couronne. Pour
ceux qui pensent à Christ maintenant, Christ
pensera alors à toute la joie qu'il peut
leur donner. Puisse être là notre
consolation pendant que nos coeurs l'attendent!
Vers. 14.
- 22. Nous avons vu
le contraste signalé qu'il y a entre
l'état de Sardes et l'ordre de choses
précédent. Une grossière
corruption, le mal manifeste, la
persécution, la haine de la sainteté
et de la vérité de Dieu avaient
régné dans Thyatire, quoiqu'il s'y
trouvât un résidu, et un résidu
fidèle. Si Thyatire représente les
siècles de ténèbres où
le Seigneur avait ses saints fidèles
cachés dans les réduits et les coins
du monde, nous avons en Sardes un état de
choses d'une bonne apparence, - le nom de vivre, et
la mort presque partout; cependant il y en avait
même à Sardes qui n'avaient pas
souillé leurs vêtements. S'il se
trouve une distinction aussi marquée entre
Sardes et Thyatire, il y a aussi une ligne de
démarcation profonde entre Philadelphie et
Laodicée.
Considérons le caractère que Dieu
attribue à cette église, et ce qu'il
manifeste de sa condition. Si parmi ces
églises il y en a deux qui soient en
contraste l'une avec l'autre d'une manière
plus marquée, ce sont
précisément ces deux
dernières. La raison en est, je pense, que
lorsque Dieu agit d'une manière
spéciale, qu'il manifeste
sa grâce sous une nouvelle
forme et sous un jour nouveau, cela amène
toujours à sa suite, depuis la chute de la
chrétienté, une ombre
particulièrement obscure.
C'est ainsi que Philadelphie présentait un
brillant tableau. Il y avait de la faiblesse, mais
on était parfaitement en paix, car le
Seigneur avait ouvert la porte, et il la tiendrait
ouverte. Mais quelle différence nous
trouvons quand nous considérons
Laodicée! Ce n'est plus le Seigneur veillant
aux besoins des saints de Philadelphie, ayant la
clé de David, et se présentant comme
l'objet de leurs affections, comme le Saint et le
Véritable, dans sa grandeur morale qui
faisait appel à toute l'adoration de leur
coeur. Il parle ici d'une toute autre
manière:
«L'amen, le témoin fidèle et
véritable dit ces choses» etc.
Ce qui n'était qu'une profession
orgueilleuse allait prendre fin. Il était
«l'Amen,» le seul sur lequel on pût
s'appuyer, l'unique «fidèle et
véritable témoin» quand tous les
autres avaient failli.
Ce fait que Christ se présente comme le
témoin fidèle et véritable,
suppose que ceux auxquels il écrivait
n'étaient pas fidèles. La lettre
à Philadelphie n'impliquait point cela
à l'égard des membres de cette
église. Pauvres qu'ils étaient, ils
prenaient la place de la faiblesse; et comme ils
avaient pensé à sa parole et à
son nom, le Seigneur, leur dit: Lorsque je vous
aurai dans mon temple, j'écrirai sur vous
«mon nouveau et je vous ferai être une
colonne «dans le temple de mon Dieu.» Il
ne dit pas le trône,
expression qui aurait
signifié la puissance, mais le temple qui
exprime une pensée plus profonde que le
trône. Le temple est le lieu du culte,
où Dieu est exalté dans la gloire de
la sainteté. Précisément comme
lorsqu'il s'agit du culte à rendre à
Dieu, nous voyons David porter un éphod. Sa
propre femme qui voyait en lui le gendre de son
père Saül, du roi, le méprisa
parce qu'il n'était pas sorti en un
vêtement convenable à la
royauté. Mais le coeur de David était
occupé de Dieu, et à ses yeux
c'était son plus grand honneur de porter
l'éphod et de pouvoir s'approcher ainsi du
Seigneur.
De même à Philadelphie:
c'est-là que se trouvaient
particulièrement ceux qui avaient
l'intelligence du culte, parce qu'ils
appréciaient la personne et le
caractère du Fils de Dieu: et c'est ce qui
attire le coeur.
Voyez l'aveugle né:
(Jean
IX), il adora Jésus
lorsqu'il se fut révélé
à lui comme le Fils de Dieu. C'est-là
une chose dans laquelle même les vrais
chrétiens entrent fort peu. On peut recevoir
des faveurs de la main de Dieu, et lui en rendre
grâce, et néanmoins connaître
peu ce qui est réellement le culte.
Le culte est quelque chose de plus
élevé et de plus rapproché du
Seigneur. Il n'apprécie pas simplement les
faveurs qui nous sont dispensées de Dieu,
mais il apprécie surtout ce qu'est le Dieu
qui nous les accorde. Le vrai culte est toujours
cela. Le Père cherche des adorateurs, mais
c'est pour les attirer à la source
d'où a coulé la grâce. Pour ce
qui est du mot
de
culte lui-même, il n'est
point employé dans la lettre à
Philadelphie (sauf au verset
9 où il l'est dans un
sens tout autre, pour exprimer simplement que ceux
qui aujourd'hui étaient des moqueurs,
auraient à s'humilier et à rendre
honneur à ceux qu'ils avaient
méprisés).
Le culte consiste à s'approcher de Dieu,
dans l'appréciation non-seulement de ce
qu'il fait, mais de ce
qu'il est: et ce qui nous rend toujours
capables de rendre culte, c'est la pleine, la
simple connaissance de notre position de
proximité avec Dieu, de l'oeuvre de Christ
et de ses résultats bénis en notre
faveur.
Job n'était point dans la présence de
Dieu lorsqu'il était tout occupé de
lui-même. ( «Quand l'oreille qui m'entendait.....
et
l'oeil qui me
voyait.....» Nous pouvons bien dire qu'il
était dans la présence de
lui-même et non dans celle de Dieu. C'est
toujours un pauvre signe, que d'être
occupé de soi.
Le Seigneur ne veut pas que nous nous
arrêtions à contempler le changement
opéré en nous; ce ne serait pas
là oublier les choses qui sont
derrière, ce qui, pour le dire en passant,
ne signifie pas l'oubli de nos
péchés, mais celui de nos
progrès. Si le Seigneur nous a donné
de faire un pas en avant, c'est pour que nous
soyons plus près de lui, et que nous
croissions dans la connaissance de Dieu. Par
là il y aura toujours progrès dans la
connaissance de nous-mêmes, mais ce ne sera
jamais à l'effet de nous admirer. Par le
fait même que nous
appartenons à Christ, il
est l'objet qui heureusement nous garde dans
l'humilité.
Lorsque Job fut à la fin amené
réellement dans la présence de Dieu,
il se trouva dans la poussière. Il ne savait
pas ce que c'était que d'adorer Dieu
complètement, jusqu'à ce qu'il fut
amené-là, lorsque son oeil vit Dieu.
Auparavant,.il avait regardé plutôt
à ce que Dieu avait effectué en lui,
mais à présent il se voyait comme
n'étant rien. Et c'est après cela que
nous le trouvons intercédant même pour
ses amis, et que nous avons les holocaustes, etc.
C'était-là l'esprit d'intercession et
aussi de culte. Il me semble que tel était
l'esprit auquel avait été
amenée l'église de Philadelphie. Ses
membres avaient l'intelligence du culte, parce que,
selon leur mesure, ils connaissaient Celui qui
était depuis le commencement.
Le Seigneur aime que nous soyons forts en Christ,
que nous croissions en lui.
A Laodicée on ne pensait nullement à
cela - on ne songeait pas à entrer dans les
richesses de la grâce du Seigneur. Il n'y a
rien à l'égard de quoi nous devons
sentir autant combien nous sommes pauvres, comme
à l'égard du culte, justement
à cause que nous pouvons un peu
l'apprécier. C'est le sentiment spirituel,
quoique la mesure en soit certes bien faible, qui
nous rend sensibles à notre peu de puissance
pour le culte. Tenez pour sûr que c'est
l'esprit de culte qui constitue notre
véritable pouvoir dans le service: selon ce
que le Seigneur dit en Jean
X, - Je suis la porte; si
quelqu'un entre par moi, il sera
sauvé; et il entrera,
et sortira, et trouvera de la
pâture.»
Ce n'est plus la bergerie juive et l'esclavage de
la loi, mais la parfaite liberté, le
privilège d'entrer pour rendre culte, et de
sortir pour l'activité du service, trouvant
partout nourriture et bénédiction.
Qu'il est doux de penser que l'heure approche
où nous entrerons pour ne plus jamais sortir
de nouveau! Ce sera toujours le service en relation
immédiate avec le Seigneur lui-même -
la jouissance de la présence de Dieu et de
l'Agneau, - le culte éternel!
Mais quels sont ceux pour lesquels c'est-là
une agréable et heureuse promesse? Ceux qui
avaient apprécié le culte et en
avaient joui ici-bas. Comme il est dit dans le Ps.
LXXXIV: «Ils te loueront
encore» (vers. angl.}.
Le lieu où demeurait le Seigneur
était empreint même dans les coeurs de
ceux qui y allaient, «au coeur desquels sont
les chemins battus.» Ils devaient se trouver
au lieu où Dieu était, et demeurer
là. Le Seigneur ne se révèle
pas ici de la même manière
personnelle, mais ce sont plutôt certaines
qualités, certains titres qui lui
appartiennent, qui nous sont
présentés. Il était
«l'Amen.»
Quant à eux,
ils
avaient manqué en tout - ils avaient
été un témoin infidèle,
et Il était assez bon pour leur dire:
«Vous n'avez pas répondu à une
seule pensée de mon coeur. Je viens
maintenant me présenter à vous comme
tout ce que vous devriez être.» Il
était aussi «le commencement de la
création de Dieu»
(vers.
14.). La
chrétienté est un
témoin rejeté.
Christ est en relation avec la création
nouvelle.
«Je connais tes oeuvres, c'est que tu n'es ni
froid, ni bouillant»
(vers.
15.).
C'est le latitudinarisme. Ce n'est pas l'ignorance
qui rend latitudinaire, mais le coeur qui reste
indifférent à la vérité
après que la vérité lui a
été présentée. On ne
veut pas de la vérité, parce qu'on
sent qu'elle doit avoir pour conséquence, si
on la suit, le sacrifice et la séparation
d'avec le monde. Il nous faut user de support avec
l'ignorance d'un coeur honnête,
sincère, partout où elle se trouve;
mais l'indifférence pour la
vérité est une chose tout autre, et
odieuse aux yeux du Seigneur.
Le latitudinarisme n'est donc jamais la condition
des âmes simples et droites, mais bien celle
des personnes qui ont entendu la
vérité et qui ne sont pas
préparées pour la croix.
La vérité de Dieu doit être une
pierre de touche pour les coeurs. Elle n'est pas
simplement quelque chose que j'ai à
apprendre, mais elle me met à
l'épreuve. Si la brebis est dans une
condition saine, elle entendra la voix du Berger,
et n'entendra pas même la voix des
étrangers; mais si la brebis n'aime pas le
son de la voix du Berger, et va après
d'autres, elle s'embrouille tellement qu'elle est
à peine capable de le distinguer d'eux.
Ce mal surgit dans Laodicée, et à ce
qu'il me semble provient du mépris que l'on
a fait du témoignage rendu dans
l'église précédente.
Laodicée est le fruit du rejet du
témoignage qui formait
Philadelphie.
Là, Christ se montrait lui-même,
et au coeur qui le recevait, il disait: «Comme
mon nom a été tout pour vous sur la
terre, ainsi je vous donnerai mon nouveau nom au
temps de la gloire. Toute affection vraie et
bénie que j'ai produite dans vos coeurs
ressortira dans la gloire avec un éclat plus
brillant.»
Mais pour Laodicée, le Seigneur lui dit:
«Tu n'es ni froid ni bouillant.» Il faut
qu'il y eût quelque chose qui
réchauffât un peu ces personnes,
puisque leur état n'était pas
entièrement froid. Elles manquaient
d'honnêteté, de droiture.
Laodicée est précisément le
dernier état de choses que le Seigneur ne
peut plus supporter: c'est un temps où l'on
avait en un certain sens possédé
beaucoup de vérités, mais sans que
les coeurs fussent touchés par elles. Si le
coeur avait été sincère en
quelque petite mesure que ce fût,
malgré son ignorance il aurait joui de ce
qui était venu du Seigneur.
Ce n'est pas des «pères» mais des
«jeunes enfants» qu'il est dit en 1
Jean II, qu'ils ont une onction de
la part du Saint, et qu'ils connaissent toutes
choses. La capacité pour juger de ce qui
n'est pas de Christ, dépend de la
sincérité du coeur pour Lui. C'est ce
qui fait que le plus jeune croyant, s'il a
l'oeil simple, peut discerner avec certitude
là où le théologien se perd
dans des généalogies sans fin.
Tout esprit qui rabaisse et renie Christ (le Christ
de Dieu) est de l'antichrist. Il y a eu, il y a
maintenant plusieurs antichrists, et c'est
où Christ a
été nommé qu'il faut les
attendre. Si Christ n'eût pas
été connu, il n'aurait pu y avoir
d'antichrist, l'ombre noire qui a suivi la
vérité: et si le Seigneur est
à l'oeuvre dans cette voie de
miséricorde, Satan est à l'oeuvre
aussi.
Être «tiède», c'était
être faux, en prétendant à la
vérité; et le Seigneur dit: «Je
m'en vais te vomir de ma bouche.» Il ne se
trouve pas ailleurs, que je sache, une pareille
expression de mépris employée par le
Seigneur. Est-ce de cette manière que nous
mesurons les choses? Nous aurions dit probablement
que c'est de l'état de Jésabel qu'il
fallait être le plus inquiet; mais
eussions-nous pensé qu'être
tiède était le pire de tous les
états?
Et c'est celui-là pourtant, qui excita toute
l'indignation du Seigneur; et c'est Lui seul qui
est sage. «Parce que tu dis: je suis riche et
je suis dans l'abondance,» etc.
(vers
. 16.). Ces paroles sont la
preuve évidente qu'à Laodicée
on avait beaucoup entendu parler de la
vérité. On s'estimait riche. La
diffusion de la connaissance extérieure de
Dieu est ce qui hâte la dernière
crise - le jugement final de Dieu et la mise de
côté de tout ce qui porte faussement
et bénévolement son nom.
Vers.
17. «Et tu ne connais pas
que tu es le malheureux et le misérable, et
pauvre, et aveugle,» etc.
Tel était l'état des
Laodicéens, parce qu'ils avaient
rejeté le témoignage de Dieu. Le
témoignage de Dieu produit toujours en celui
qui le reçoit le sentiment de son
néant, mais n'affaiblit
jamais sa confiance en Dieu. Il peut y avoir des
pierres de touche pour la foi et le coeur, - les
épîtres de Jean en sont remplies, -
mais l'Esprit de Dieu ne conduit jamais quelqu'un
à douter que Dieu soit pour lui.
Il peut travailler, et sûrement il le fera,
dans quelqu'un qui s'est détourné du
Seigneur, afin de le ramener; il peut nous faire
sentir notre faiblesse; mais ce n'est nullement sa
manière d'agir que de produire le doute dans
l'âme; et lorsque nous nous livrons à
la défiance, c'est toujours un signe que la
chair est à l'oeuvre, «convoitant
contre l'Esprit.»
Partout où est l'Esprit de Dieu, il tend
à rendre l'homme capable de s'humilier
entièrement, et de juger la folie de la
chair et d'y renoncer. Il y a, et il doit y avoir,
réalité, et zèle, et
sincérité, dans la présence de
Dieu. «Je
suis riche, et je suis dans l'abondance, et
je n'ai besoin de rien.» Mais l'Esprit de Dieu
déclare que ce n'est là que
présomption charnelle, le coeur ne
connaissant pas son dénuement, et refusant
la grâce. Il y avait eu une chaleur
momentanée qui avait rendu cet état
aussi odieux au Seigneur. Mais c'est là
précisément ce que font les hommes
qui parlent de l'Église de l'avenir. Selon
eux, les premiers temps sont l'enfance de
l'Église; ensuite elle est devenue un grand
méchant enfant; et maintenant ils attendent
une Église de l'avenir où l'homme ne
sera plus sujet, mais agira pour lui-même, -
agira comme un homme. - Hélas! à quoi
toutes ces aspirations n'aboutiront-elles pas? car
Dieu sera laissé
complètement en dehors de
la prétendue Église, et on se sera
débarrassé de son autorité.
Tel est l'esprit qui maintenant travaille sur une
vaste échelle. Et les enfants de Dieu sont
tièdes à l'égard d'une oeuvre
pareille? à l'égard de l'exclusion de
la vérité de Dieu?
Souvenez-vous de ce que le Seigneur dit ici:
«Je m'en vais te vomir de ma bouche.»
Ce serait une erreur grossière de supposer
qu'il n'y avait pas de chrétiens parmi eux.
Mais ce n'est pas d'individus qu'il s'agit, mais de
l'assemblée, et comme telle le Seigneur
déclare qu'il la vomirait de sa bouche. On
ne peut se rassembler en grandes masses sans que
l'esprit de Laodicée en résulte, s'il
n'est pas aussi la source d'un rassemblement de ce
genre.
De nos jours, l'Esprit de Dieu ne rassemble pas
avec une grande puissance, et que le Seigneur soit
béni, si quelques-uns se réunissent
autour de son nom! Que les enfants de Dieu se
souviennent qu'ils doivent répondre au
Seigneur Jésus-Christ, qu'ils soient ou non
représentés par Laodicée,
qu'ils tiennent pour Christ ou pour ce qui porte
simplement le nom de Christ, comme un voile pour
l'indifférentisme. Néanmoins le
Seigneur ne les abandonne pas:
«Je te conseille, dit-il, d'acheter de moi de
l'or éprouvé par le feu,» etc.
(vers.
18).
En général, l'or est le symbole de ce
qui est divin, de la justice divine; et le
vêtement blanc, ou de lin, désigne la
justice des saints, comme nous le voyons par le chap.
XIX. La justice divine
était sortie de leurs pensées: ils
n'appréciaient ni la justice
de Dieu, ce qu'un
chrétien est fait en Christ, ni la justice
pratique à laquelle mène l'Esprit.
Aussi leur conseille-t-il d'acheter de lui l'or
véritable et des vêtements blancs,
afin qu'il y eût la sainteté qui leur
convenait devant les autres.
«Et un collyre pour oindre tes yeux, afin
que tu voies.»
Là était le secret. Ils ne voyaient
rien comme il faut, pas même le besoin qu'ils
avaient de la justice divine. «Pour moi, je
reprends et châtie tous ceux que j'aime; aie
donc du zèle et te repens»
(vers.
19). Tenez pour certain que
c'est là ce que la voix du Seigneur fait
entendre aujourd'hui. Ici, hélas!
c'était ce dont les Laodicéens
avaient besoin. Le Seigneur s'occupe des siens: il
place constamment devant eux quelque chose de
nature à leur donner d'humbles
pensées d'eux-mêmes, et ne leur dit
pas de faire ou d'entreprendre quelque oeuvre
nouvelle, mais les appelle «à se
repentir.» Il ne
leur
demande point de déployer leurs ailes pour
un essor plus grand vers l'avenir, mais d'examiner
où ils en sont et de se repentir.
Souffrir pour Christ et avec Christ est un
privilège beaucoup plus élevé
que de faire
quelque chose. Quand l'apôtre Paul demande:
«Que ferai-je?» le Seigneur
répond, «Je te montrerai combien tu
dois souffrir,»
etc. C'est là ce que le Seigneur
apprécie tout particulièrement, - non
pas nos souffrances comme hommes, mais nos
souffrances pour Christ.
Ici c'étaient des personnes aussi
dégradées qu'orgueilleuses, qui
étaient invitées à avoir du zèle et à se
repentir, à s'humilier devant Dieu au sujet
de leur triste condition. Mais le Seigneur fait
entendre aussi une parole de grâce,
«Voici, je me tiens à la porte et je
frappe»
(vers.
20).
C'est pourtant une chose bien solennelle que le
Seigneur fût là, prenant ainsi la
position de quelqu'un qui est dehors.
Néanmoins il était prêt
à entrer où il trouvait une âme
sincèrement à lui. Si quelqu'un
entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez
lui,» etc.
Est-il nécessaire de dire que ceci ne
s'adresse point au monde pour ceux qui doivent
être sauvés? En Jean
X, le Seigneur se
présente dans une grâce parfaite,
disant: «Je suis la porte: si quelqu'un entre
par moi, il sera sauvé,» etc.
Mais ici c'est à l'Église qu'il
parle. Il n'avait point de sympathie pour leur
contentement d'eux-mêmes. Il se tenait
dehors, frappant à la porte pour le cas
où il se trouverait dedans, un coeur qui ne
serait pas trop occupé des circonstances,
choses et personnes, et qui lui ouvrirait.
A quelqu'un de tel, il dit: «J'entrerai chez
lui, et je souperai avec lui, et lui avec
moi.» Mais en tout cela il ne s'agit que des
individus. En présence d'un complet abandon
de la vérité, devons-nous dire:
«Il n'y a point d'espérance?»
Nullement: le Seigneur se tient à la porte
et il frappe. Il est possible qu'il n'y en ait pas
beaucoup qui répondent à son appel,
mais il y en aura quelques-uns, et voici la
promesse:
«Celui qui vaincra, je lui donnerai de
s'asseoir avec moi sur mon trône, comme j'ai
vaincu, et je me suis assis avec
mon Père sur son trône.»
On se trompe en supposant que c'est là une
promesse comparativement glorieuse: nous sommes
portés à penser ainsi, parce que
naturellement nous attachons du prix à
l'éclat. Mais, ce n'est pas la puissance
que Dieu estime le plus. Son saint amour
manifestant son caractère divin, surtout
dans l'abaissement de Christ descendant
jusqu'à l'homme et mourant pour lui, -
voilà, plutôt que la puissance ou la
gloire, la mesure selon laquelle il faut
apprécier. Il lui était infiniment
plus facile de faire mille mondes que de donner son
Fils pour qu'il souffrît.
Je ne mets pas en doute tout ce que renferme de
grâce une telle, promesse faite au vainqueur
de Laodicée, nonobstant un mal pareil, mais
notre association avec Christ dans le royaume ne
constitue pas la plus grande
bénédiction dont nous sommes
appelés à jouir. Et la promesse dont
il s'agit ne.va pas au-delà. Ce que nous
aurons avec Christ et en Christ lui-même est
beaucoup plus précieux. En Jean
XVII, 23, le Seigneur fait voir
que la manifestation de la gloire a pour but sa
justification devant le monde. Toute la gloire qui
doit être révélée dans
l'avenir est destinée à être
une preuve pour le monde, afin qu'il connaisse que
le Père nous aime comme il a aimé son
Fils. Mais pour nous,
nous sommes autorisés à le savoir
à présent par le Saint-Esprit. Nous
n'avons pas attendu jusqu'alors pour
connaître cet amour qui nous a donné
la gloire, - bénédiction plus
profonde que la manifestation au
monde, ou que les trônes dans le royaume.
L'affection personnelle du Seigneur pour les siens
est une portion meilleure que tout ce qui doit
être déployé devant les hommes
ou les anges.
Le Seigneur termine ici ce qui est relatif aux
églises: il était arrivé
à la dernière phase. La sagesse de
Dieu nous a donné dans ces chapitres ce qui
n'exige pas, pour être compris, une grande
mesure d'intelligence. Tout ce qu'il faut, c'est
d'avoir l'oeil fixé sur Christ.
Outre les messages destinés aux
églises locales du temps de saint Jean, nous
avons vu dans ces épîtres une esquisse
de toute l'histoire de l'Église
jusqu'à la venue du Seigneur. Car, à
proprement parler, ce ne sont pas les lettres
adressées par ordre du Seigneur aux sept
églises, mais les églises
elles-mêmes et leurs anges qui constituent
«les choses qui sont»,
c'est-à-dire la condition actuelle des
choses aux jours de Jean.
Tout en étant originairement
rattachées aux faits qui existaient alors,
les épîtres vont bien au-delà,
et s'étendent par une application
morale prolongée jusqu'au temps où il
n'y a plus d'assemblée reconnue, la
dernière (quoiqu'il y ait eu de la
miséricorde pour les individus) ayant
été sommairement rejetée par
le Seigneur, dans son caractère de
témoignage public. Après cela, il
n'est plus jamais fait mention des églises
sur la terre. Au contraire, la toile s'abaisse, et
c'est une scène entièrement
nouvelle qui s'offre à
nos regards.
Le voyant ne se tourne plus pour voir Celui qui
parlait derrière lui sur la terre, mais il
entend la même voix en haut, dans le ciel,
où il est maintenant invité à
monter.
Le gouvernement du monde de la part du trône
dans le ciel, les circonstances et les faits qui
l'accompagnent et qui en résultent, telles
sont les choses qui se déroulent quand la
période assignée à la
condition de l'Église a pris fin.
Nous trouvons des saints dans le caractère
individuel, soit parmi les douze tribus
d'Israël, soit issus de toutes les nations
mentionnées comme telles, mais cela ne fait
que rendre le contraste encore plus frappant.
Désormais, quand ils sont un peu
particulièrement désignés, ils
sont nommés comme Juifs et comme Gentils,
à cause qu'il n'y avait plus d'Église
sur la terre; car la signification et l'essence
même de l'Église est qu'il n'y a ni
Juif ni Gentil, parce qu'ils sont tous un en
Christ, Je crois que les détails des sept
épîtres renferment l'instruction
pratique la plus grande, Il est vrai que l'Esprit
les adressait aux églises; mais «celui
qui a des oreilles, a expressément ordre de
faire attention, et cela, aux appels du Seigneur
envoyés à eux tous.
NOTE.
Il peut être bon, maintenant que nous
connaissons la portée des sept
épîtres, de signaler les objections
faites par l'évêque Newton contre leur
signification la plus large. «Plusieurs
prétendent, et parmi eux
des hommes aussi savants que More et Vitringa, que
les sept épîtres constituent une
prophétie d'autant de périodes
successives, et d'états de l'Église,
depuis le commencement jusqu'à la fin de
tout. Mais il ne paraît pas qu'il y ait, ou
qu'il doive y avoir, sept périodes de
l'Église, ni plus ni moins.
Ces épîtres renferment aussi plusieurs
caractères internes qui étaient
particuliers à l'église de cet
âge, et ne peuvent s'appliquer aussi bien
à celle de quelque autre temps. Entre autres
arguments contre cette manière de les
entendre, il y a aussi cette
raison évidente, que ce même
livre décrit le dernier état de
l'église comme le plus glorieux de tous,
tandis que dans le dernier état que nous
présentent ces épîtres,
l'état de Laodicée, l'Église
est représentée comme
«malheureuse, et misérable, et pauvre,
et aveugle, et nue» (oeuvres de Newton, vol.
1, p. 549, éd. 1782).
Maintenant, il est clair que ces mots: «il ne
paraît pas» sont plutôt une
assertion qu'une preuve. Pourquoi ne
paraît-il pas?
D'autres pourraient faire la même objection,
et peut-être avec tout autant de force,
contre les sept sceaux, les sept trompettes, et les
sept coupes. Il a plu à Dieu de
spécifier dans chacun de ces cas sept points
saillants, pour ainsi dire, comme son récit
complet de chacun.
«Les principaux sujets de ce livre»,
venait précisément de remarquer
l'Évêque, «sont composés,
de sept, sept églises, sept sceaux, sept
trompettes, sept coupes; selon que le nombre sept
était aussi un nombre mystique dans tout
l'Ancien Testament.»
Si cette réponse est satisfaisante pour les
sept coupes, pourquoi ne l'est-elle pas pour les
sept épîtres? Sans doute, il peut
falloir plus de spiritualité pour un juste
discernement dans le dernier cas que dans le
premier, une de ces deux
séries se rapportant à des jugements
extérieurs dans le monde, tandis que l'autre
prend connaissance de telles et telles conditions
spirituelles remarquables, bonnes on
mauvaises, dans l'histoire de l'Église comme
le Seigneur a trouvé bon de les signaler.
Aussi pouvait-on, à
priori, s'attendre à trouver parmi
les chrétiens une plus grande divergence de
jugement dans leur manière d'appliquer Apoc.
II et III,
que dans leurs vues
à l'égard des autres parties du
livre.
Lors même donc que ce que dit Newton sur le
manque d'accord touchant les diverses
périodes de l'Église, serait
véritable, le principe général
n'en demeurerait pas moins ferme. Mais tel n'est
point le cas: et il y a un accord frappant à
l'égard des trois ou quatre premières
églises.
Naturellement, nous n'insistons pas sur cet accord
comme s'il devait faire le moins du monde
autorité, mais comme une réponse
suffisante à l'accusation de
désespérante divergence mise en avant
par l'évêque Newton. Il serait facile
de répliquer par les systèmes si
contraires d'interprétation des sceaux, des
trompettes et des coupes. Il est singulier,
cependant, que l'Évêque rende
témoignage dans la page suivante à la
signification mystique de l'épître
à Smyrne. Car «l'affliction de dix
jours» est expliquée là de la
plus grande persécution que l'Église
primitive ait jamais endurée, la
persécution de Dioclétien qui dura
dix ans, et affligea cruellement toutes les
églises orientales.
Sentant qu'une telle application, non pas dans les
promesses qui s'y rattachent, mais dans le corps de
l'épître, est fatale à
l'application exclusivement littérale qu'il
en fait, l'Évêque admet
là-dessus que «la partie relative aux
promesses ou aux menaces prédit quelque
chose de leur condition future», et
affirme que «dans ce sens,
mais non pas dans un autre, ces
épîtres peuvent être
appelées des épîtres
prophétiques (p. 550.).
Mais comment s'arrêter là, une fois
que vous reconnaissez, comme il le fait pour
l'épître à Smyrne, une
portée qui s'étend au-delà de
l'Église purement locale de ce temps, une
fois que vous y faites entrer tout l'Orient, et que
vous reportez sa date au commencement du
quatrième siècle? Et certes, cette
terrible persécution ne fut pas
limitée en Orient, car tout l'empire, sans
en excepter l'Espagne et la Bretagne, se souilla du
sang chrétien.
Si le principe est vrai dans une de ces
épîtres, pourquoi ne le serait-il pas
dans toutes? Et, de fait, le déclin
général n'est-il pas signalé
aussi clairement dans la lettre à
Éphèse,que la persécution
l'est dans celle à Smyrne? Et Pergame ne
décrit-elle pas les influences corruptrices
de l'exaltation mondaine de l'Église, d'une
manière aussi manifeste que Thyatire exprime
l'orgueilleuse et obstinée fausse
prophétesse du papisme?
Sans doute, le caractère peu satisfaisant
que notre Seigneur rattache à Sardes doit
être pénible et embarrassant pour ceux
qui ne voient que le protestantisme ordinaire et
son honnête orthodoxie. Et peut-être
voit-on encore avec plus de déplaisir un
autre témoignage subséquent au
protestantisme, qui place, ceux qui le portent dans
la faiblesse et le mépris, en dehors du
monde religieux, avec la venue de Christ comme leur
bénie et encourageante espérance.
Mais il est évident que le tableau de la
dernière assemblée, dans sa
déplorable tiédeur et le rejet qu'en
fait le Seigneur, était la grande
difficulté pour l'évêque
Newton, à cause de son
incompatibilité avec sa théorie
touchant le dernier état de l'Église,
«décrit dans ce
livre même comme le plus
glorieux de tous.»
Mais c'est là une erreur complète.
L'Apocalypse ne décrit jamais
l'Église sur la terre après
Laodicée.
La glorieuse description à laquelle fait
allusion l'Évêque est probablement
celle que nous trouvons en Apoc.
XIX-XXII, où
l'Église tout entière est
glorifiée en haut. En un mot, cette raison
est évidemment sans force.
L'épouse de l'Agneau doit régner,
mais cela n'est point en contradiction avec le
témoignage solennel de l'épître
à Laodicée, que le dernier
état de la chrétienté ici-bas
doit être comme celui d'Israël avant
elle «pire que le premier.» Le
témoignage général du
Nouveau-Testament tout entier confirme le
témoignage porté par cette portion
particulière, comme cela ressort de Luc
XVII, 26-37; 2
Thess. II, 1, 12;
2 Tim. III
1-5; 2
Pier. II, III;
1
Jean II, 18; Jude
11-19.
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