Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

SARDES

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Vers.1. 6. Tout lecteur intelligent doit s'apercevoir, je pense, que nous entrons avec ce chapitre dans un ordre de choses complètement nouveau, ou du moins que c'est une espèce de nouveau point de départ. Il est vrai que les traits que nous avons signalés dans le chapitre qui précède peuvent exister encore et être constatés en même temps que ceux qui sont révélés ici. Il se peut, par exemple, que ce qui caractérisait l'Église d'Éphèse, l'abandon du premier amour, continue encore. Partout où il y a persécution de la part des puissances du monde, l'épître à Smyrne peut avoir son application. De même Pergame se trouve partout où Satan cherche à séduire l'Église par l'amour du gain; et là où existent les maux d'une corruption plus avancée, de l'idolâtrie et de la persécution intérieure, c'est Thyatire que vous avez.
Mais quoique tous ces divers états puissent se présenter dans un temps ou dans un autre, et même co-exister à un moment donné, ce n'en est pas moins une condition différente qui nous est présentée en Sardes, et une condition qui répond à l'état général du protestantisme après la réformation.

Ce n'est plus un mal aussi manifeste, comme l'idolâtrie ou les autres horreurs décrites précédemment: mais ce qui s'offre désormais à nos yeux était un état de choses de formes extérieures et plus régulières et d'un aspect orthodoxe.
Comme les quatre Églises du chapitre deuxième font suite l'une à l'autre et décrivent ce qui a existé avant l'apparition de Luther, à son tour Sardes décrit ce dont la réformation fut suivie, lorsque le feu et la terreur de la vérité et la première fraîcheur de la bénédiction eurent passé et qu'un froid formalisme se fût établi.
La manière dont le Seigneur se présente est merveilleusement appropriée à un état pareil. «Celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles dit ces choses.»
Cette expression «les sept esprits de Dieu» a trait à la plénitude de puissance de l'esprit de Dieu considéré dans ses diverses perfections, et dans les diverses voies dans lesquelles il opère, non-seulement dans l'Église, mais aussi envers le monde. Au Chap. V, lorsque tout ce qui concerne les Églises est fini, le Seigneur Jésus est représenté d'une manière symbolique comme un agneau immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre - le Saint-Esprit en tant qu'agissant en vue du gouvernement de la terre.
Ce n'est point le Saint- Esprit dans toute la plénitude de la bénédiction dans laquelle il a introduit l'Église dans son unité. Mais quelle que fût la condition de l'Église, le Seigneur Jésus était celui qui avait toute la puissance de l'esprit de Dieu, et c'est lui seulement qui possède toute l'autorité extérieure . Il n'y a pas eu deux choses plus séparées que celles-là au temps de la réformation. Il y avait à cette époque un vaste corps se nommant l'Église, qui réclamait le pouvoir de décider de tout en qualité d'épouse de Christ; et on mettait aussi fortement en avant la prétention à l'infaillibilité, parce que ceux qui prétendaient au droit absolu comme vicaires de Christ de régler les affaires de l'Église, de décréter la doctrine, etc., devaient naturellement être infaillibles.

Ce corps avait été à l'oeuvre pendant des siècles, attirant le pouvoir à lui; mais à la fin la lutte s'engagea, et il fut démontré que c'était le plus grand assemblage de mal contre Dieu et contre son Fils, qu'il y eût eu jamais sur la terre. Il a pu, dans les jours les plus mauvais, renfermer dans son sein de véritables saints de Dieu, et quelques-uns, tels que Cyprien, ont même, je pense, contribué à lui faire obtenir cette fausse position d'autorité: saint Bernard, par exemple, sanctionna la persécution des Vaudois. Mais il est bon de se souvenir qu'il ne saurait y avoir de séduction plus grande que de demeurer dans une position mauvaise, parce que nous y trouvons de véritables saints de Dieu; car la grande visée de Satan est d'obtenir que les personnes pieuses fassent de mauvaises choses. Quand, à la fin, la crise arriva et qu'une certaine partie du monde se souleva contre ce mal horrible, on sépara la pensée de l'autorité ecclésiastique de celle de la puissance spirituelle. Au lieu d'un corps qui les réclamait l'une et l'autre, le désordre se mit partout, et on se soumit au pouvoir du monde pour s'affranchir de la domination du Pape.

Le protestantisme eut donc toujours tort dès le début sur la question ecclésiastique, parce qu'il considéra le pouvoir civil comme revêtu de l'autorité ecclésiastique; en sorte que si, sous la papauté, le gouvernement du monde avait appartenu à l'Église, le monde devint désormais dans le protestantisme le gouverneur de l'Église. Il ne s'agit point de la question de l'état et de l'Église, question beaucoup trop étroite et trop basse pour qu'un chrétien la discute. La grande affaire pour lui est de se trouver dans le sentier de Christ, en lui donnant gloire. «Je connais tes oeuvres, que tu as le nom de vivre, et tu es mort.» Ces paroles ne sont autre chose que la description des institutions religieuses extérieures qui furent l'effet de la réformation parmi ceux qui n'étaient pas réellement chrétiens. Le Seigneur Jésus signale ce qu'il désapprouve dans le protestantisme.

Dans les pays protestants, il y a eu toujours une certaine mesure de liberté de conscience. Mais le but de Dieu n'est pas simplement que l'âme soit délivrée de maux grossiers ou de petits détails; c'est qu'elle garde vis-à-vis de Dieu la position convenable, et qu'elle laisse au Seigneur sa gloire et sa voie - la liberté d'opérer par le St-Esprit; conformément à sa volonté.Quand il a la place qui lui appartient, le fruit précieux de ce fait en amour et sainte liberté le fait sentir d'une manière bénie. Ce dont nous avons besoin c'est la liberté du Saint-Esprit, et non une liberté humaine provenant des autorités du monde, quoique Dieu nous garde de dire un mot contre les autorités qui existent et qui agissent dans leur sphère. C'est le péché des chrétiens de les avoir mises dans une fausse position.
Le Seigneur Jésus touche au fond même de toute l'affaire dans la manière dont il se présente à l'Église de Sardes. Qu'il s'agisse de la puissance spirituelle ou de l'autorité extérieure qui en découle, le Seigneur la revendique toute comme lui appartenant. Nous avons vu dans la lettre à Éphèse qu'il tenait les sept étoiles dans sa main droite, mais ici les deux choses sont réunies, la puissance spirituelle intérieure et l'autorité extérieure. Il a les Esprits de Dieu et les étoiles, Il n'est pas dit ici qu'il tient les étoiles dans sa main droite, mais qu'elles sont à lui, aussi bien que la plénitude de la capacité spirituelle.

Dans la plus grande partie des Églises protestantes on a laissé, pour ainsi dire, les sept étoiles dans les mains des puissances qui existent. D'un autre côté, ceux qui se révoltaient contre ce mal tombaient dans le mal non moins triste de traiter l'Église comme si c'était elle qui avait les sept étoiles sous sa garde. L'Écriture ne renferme absolument rien à l'appui de la doctrine d'après laquelle soit le monde, soit l'Église aurait en ses mains cette sorte d'autorité. Le Seigneur Jésus la possède encore tout entière. Il ne l'a point abandonnée, et la seule chose qu'il faille c'est que l'Église reconnaisse ce qu'il est, et il agira en conséquence. Quand il y aura la foi pour le reconnaître dans sa place de Tête de l'Église, il fournira assurément à tous les besoins. S'il prête l'oreille au plus faible cri de son agneau, n'entrera-t-il pas dans les besoins les plus pressants de l'Église, qui est toujours son objet de prédilection? Ce n'est que dans la gloire céleste qu'il a pris son caractère de Chef de l'Église, et il es là non pas seulement pour être Chef, mais afin d'agir comme tel. Or, en quoi consiste sa fonction de Chef de l'Église? Il exerce l'autorité en ayant des personnes pour agir sous lui ici-bas, et le résultat en est l'existence du gouvernement et des dons dans l'Église de Dieu, choses qui ne sont point atteintes par l'état de ruine de l'Église. En prévision du temps où on secouerait l'autorité illégitime du corps qui s'appelait l'Église, et de toute la confusion qui suivait, le Seigneur se présente comme celui qui est au-dessus de tout cela. Quelle que puisse être ici la condition des choses, la force est en Christ; et nous la trouverons en regardant non à l'état de l'Église, mais à Christ.

Lorsque les apôtres étaient ici-bas, ils étaient autorisés à agir pour Christ d'une manière toute spéciale; mais après leur départ, la source réelle de l'autorité en vertu de laquelle ils avaient agi, subordonnés à Christ, ne fut point tarie; le Seigneur Jésus l'a encore tout entière sous sa garde, il y avait à Sardes le nom de vivre, mais en réalité c'était la mort. C'est de leur condition en tant que corps et non comme individus que parlait le Seigneur. «Sois vigilant, et affermis ce qui reste encore qui s'en va mourir, car je n'ai pas trouvé tes oeuvres parfaites (complètes) devant mon Dieu.»
Là encore nous avons un trait frappant de ce qui eut lieu dans le protestantisme. Dans le désir d'éviter l'abus que le système romain avait fait des oeuvres, les chrétiens ne leur donnèrent évidemment pas dans leurs pensées la place qui leur est due chez ceux qui ont été amenés à Dieu, car Dieu attend des siens une marche toute particulière et très-séparée de celle que les autres suivent; ce qu'il reproche à Sardes c'est d'avoir manqué en cela. Les saints de Dieu, même à Thyatire, étaient approuvés de Dieu pour leur zèle, nonobstant tout le mal qui était là. Leurs dernières oeuvres surpassaient les premières. Le protestantisme a affaibli l'idée de l'obéissance sous le prétexte qu'on ne saurait trouver «la perfection» soit dans l'Église, soit dans l'individu. Aussi, partout où le protestantisme a prévalu, le niveau des oeuvres a-t-il été considérablement abaissé; mais notre Dieu entend que ses enfants prennent la perfection pour la mesure d'après laquelle ils doivent se juger - je ne dis pas qu'ils doivent atteindre. Il y a en lui la grâce pour remédier aux fautes; mais c'est tout autre chose de s'arrêter bas en partant, par ce qu'on n'a pas devant les yeux le niveau divin. Le Seigneur en revient toujours à cela.

Il vaut mieux, en cherchant à avoir ce niveau devant nous, faillir à le réaliser, que de réussir toujours, si nous l'avons abandonné. Car qu'est-ce que le Seigneur estime le plus, sinon un coeur qui a besoin de lui plaire?
Supposez un enfant qui vienne à son père et lui dise: «Vois quelle jolie chose j'ai faite»; si son père lui avait commandé de faire quelque chose de différent, ne lui dirait-il pas: «Est-ce ce que je voulais que tu fisses?»
Le Seigneur a sa volonté, et c'est elle qui pourvoit à nos premiers besoins, et qui est la source même de notre salut. Mais elle est bien loin de la pensée naturelle du coeur qui n'aime pas de se soumettre à la volonté d'un autre, disposition qui n'est rien moins qu'une partie du mensonge de l'ennemi. C'est évidemment la volonté de Dieu qui a accompli notre sanctification par celui qui a dit: «Voici, je viens pour faire ta volonté.»
En Rom. X, l'apôtre met la manière dont nous avons part à la chose en contraste avec les sentiments des Juifs. Leur pensée était que s'ils accomplissaient tout ce qu'ils pouvaient de la loi, Dieu était miséricordieux et accomplirait le reste: mais l'apôtre fait voir que le salut se trouve dans la soumission à la justice de Dieu.

La volonté de Dieu est la source même et la puissance de notre bénédiction, non-seulement en matière de pardon, mais tout le long du chemin. Prenez les voies de Dieu dans l'Église. Ce sont là les sujets qui furent particulièrement négligés par la réformation. La vérité, quant à ce qui concerne l'individu, telle que la justification par la foi, fut proclamée avec force et sur une large échelle; mais elle devint le grand sujet que l'on eut en vue, et la conséquence fut que les gens ne surent jamais qu'ils étaient entièrement justifiés.

Du moment que je fais de ma bénédiction l'unique ou la principale chose que je cherche dans la Bible, je ne connaîtrai jamais rien comme il faut; mais si ce sont les pensées de Dieu, ce qu'il a en vue que je recherche, je saurai aussitôt que je suis certes sauvé et béni. Je ne puis regarder à la croix de Christ sans voir en même temps ma complète ruine et ma parfaite délivrance. Tant qu'un homme doute d'être aussi mauvais que Dieu le déclare, il aura à attendre avant de jouir des richesses de sa grâce; mais si je m'abandonne sans hésiter entre les mains de Dieu, il n'y a pas une bénédiction qui ne coule pour moi. Nous nous voyons aussi mauvais ou pires qu'Israël, et nous sommes placés alors dans un cercle de bonté et de miséricorde supérieure à tout ce qu'Israël ait jamais possédé.

A la réformation, tout cela fut comparativement perdu de vue; "et en se dégageant du terrible filet du papisme, on tomba dans le péché de placer la puissance ecclésiastique entre les mains de l'autorité civile. D'un autre côté, d'autres qui évitaient ce mal, firent de ce qu'ils regardaient comme une véritable Église, le dépositaire de cette puissance; tandis que c'est Christ lui-même opérant encore par le Saint-Esprit, qui maintient sa Seigneurie, vérité qui est enseignée au long dans les épîtres.
En supposant que quelqu'un agit comme pasteur ou comme docteur, par quelle autorité doit-il le faire? Tandis que ceux qui devaient veiller aux affaires locales étaient établis dans leur office par les hommes; jamais, dès le commencement, il n'a rien existé de semblable partout où il s'agissait de ministère spirituel. Même quand il fut question de choisir un successeur au siège vacant de Judas, les apôtres ne firent pas le choix eux-mêmes; ils le remirent de leurs propres mains dans celles du Seigneur (Act. I.). Et lorsque plus tard le Seigneur choisit un autre apôtre, nous trouvons, il est vrai, «un Ananias» envoyé pour le baptiser, mais rien absolument de nature à suggérer la pensée que Ananias ou toute autre personne l'ait fait apôtre. Dans ce qui est dit plus loin (Act. XIII) de l'imposition des mains aux apôtres Paul et Barnabas, il ne s'agissait point de donner des ordres ou une mission; car ce fut fait par des hommes qui leur étaient inférieurs sous le rapport des dons et de la puissance spirituelle; mais c'était tout simplement un acte par lequel leurs frères les recommandaient au Seigneur avant leur départ pour un voyage missionnaire particulier vers les Gentils.

Nous sommes en droit d'attendre que le Seigneur conserve son autorité dans l'Église. Dans tous les âges, nous le voyons secourir ses bien-aimés et faire son oeuvre par ses serviteurs. Quand quelqu'un éprouve le besoin de prêcher, il pense naturellement qu'il lui faut une autorisation; mais si nous recourons à quelque autorité, il faut que ce soit à l'autorité compétente. Et quoiqu'il puisse se trouver un caractère fort respectable selon le monde là où se trouvent ces titres extérieurs, cette question s'élève toujours: le Seigneur a-t-il voulu qu'une autorisation fût nécessaire à quelqu'un pour pouvoir prêcher dûment l'Évangile?
Les apôtres établissaient des anciens et des diacres; mais ces personnes pouvaient être prédicateurs et docteurs, ou ne l'être pas; leur office d'ancien ou de diacre était tout autre chose. Philippe fut un prédicateur de l'Évangile, mais ce fut parce qu'il possédait un don de la part de Christ comme chef de l'Église, et non point parce qu'il était un des «sept». On s'est habitué à l'abandon des principes de Dieu; et on appelle cette manière d'agir «l'ordre», parce que c'est la coutume qui prévaut aujourd'hui dans l'Église professante.
Et c'est ainsi que lorsque nous abandonnons les vrais principes, nous n'avons qu'une mauvaise pratique. Le Seigneur attache une grande importance à ce que nous le reconnaissions comme celui qui a dans ses mains toute la puissance et toute l'autorité. Du moment que je reconnais cela, cela oblige ma conscience. Si je sais qu'une chose est mauvaise, ma conscience est liée: il se peut que je ne sois pas en état de voir tout de suite quel est le droit chemin à prendre; mais le premier pas est évidemment de se retirer de ce qui est mal, et ceci est d'obligation positive.

La liaison entre la fin du deuxième verset («je n'ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu») et ce qui suit («souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu» etc. ) est extrêmement douce. Le Seigneur leur rappelle ce qu'ils avaient reçu de Dieu lui-même au commencement. Loin de nous la pensée que parce que les choses ne sont point comme elles étaient alors, toute Église a le droit de se gouverner comme elle l'entend. Ce serait une véritable rébellion de prétendre que, parce que la reine ne demeure pas en Irlande, les Irlandais sont maîtres de se donner telles lois qu'ils voudront; de même il est aussi mauvais ou pire de penser que puisque les choses sont changées, que les apôtres n'y sont plus, et que la confusion est survenue dans l'Église, les gens sont libres d'abandonner la parole de Christ et d'accomplir leur propre volonté: le Seigneur nous a laissé la sienne.
La parole même de Dieu qui m'annonce ce que j'étais autrefois, mais que je suis lavé, sanctifié, et justifié au nom du Seigneur Jésus et par l'esprit de notre Dieu, cette même portion de la parole entre dans toutes les questions relatives à l'assemblée et à la manière dont le Saint-Esprit opère en elle par qui il veut ( I Cor.).
Il est possible qu'il n'y ait point de langues, de dons de miracles, ni de guérisons; mais le Saint-Esprit est-il ici? Ce qu'il continue de faire, il le fait conformément au même principe, et en vertu de sa même présence qu'au commencement, quoique ce soit dans une mesure de puissance bien différente.

Remarquez aussi, qu'il est parlé de là venue du Seigneur comme d'un sujet de menace pour le monde. «Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un larron.» etc. (vers. 3). Il viendrait sur eux quand ils ne s'y attendraient pas - subitement et pour leur malheur. Ils s'étaient unis au monde et ils devaient prendre garde d'avoir la même portion que le monde.
Si vous avez choisi les aises du monde, vous avez à redouter le même jugement que lui. Ce n'est pas dans ce sens que le Seigneur parle à l'Église de sa venue. C'est, en réalité et dans toute l'étendue des termes, sur la masse professante et non sur les véritables croyants que le Seigneur viendra comme un larron.

«Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n'ont pas souillé leurs vêtements; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes. Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs» (vers. 4, 5).
Le Seigneur leur présente cette douce consolation, que comme ils avaient cherché à agir fidèlement sur la terre, ils marcheraient avec lui en vêtements blancs. Comme ici-bas ils avaient marché dans la pureté, ils apparaîtraient en haut devant Dieu dans la pleine justification de leurs voies. Mais il n'est question en cela que des individus: l'état de l'Église considérée comme un tout était évidemment mauvais. Dès qu'on s'est convaincu que l'association dont on fait partie est contraire à la parole, on devrait sentir ce qui est dû au Seigneur et y avoir égard. Il semblerait incroyable, si on ne savait pas qu'il en est ainsi, qu'il y a eu et qu'il y a des hommes de Dieu, guides du troupeau, qui non seulement restent dans le mal dont ils ont connaissance, mais encore lui cherchent un palliatif dans les circonstances d'un juste Asa ou d'un pieux Josaphat, qui cependant n'ôtèrent pas les hauts-lieux.

Quelle triste chose que les révélations solennelles de Dieu soient ainsi tordues de manière à les faire servir au but de l'ennemi, et qu'un avertissement réitéré soit employé pour la justification du péché. «La lampe du corps c'est l'oeil; lors donc que ton oeil est simple, tout ton corps aussi est éclairé; mais lorsqu'il est mauvais ton corps aussi est ténébreux. Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres.»
Ce n'est pas assez d'avoir des pensées justes et ensuite d'en rester-là; si le Seigneur a donné un jugement n'est-ce pas dans le but que nous y conformions notre marche? Satan cherche à faire paraître bien-triste le sentier du Seigneur, comme il colore une marche mondaine d'un semblant d'humilité, d'ordre et de choses semblables. Mais la parole rend toute chose claire aujourd'hui, comme la puissance le fera dans peu, même pour le monde.
Puissions-nous marcher à présent avec le Seigneur, et sûrement nous marcherons plus tard avec lui en vêtements blancs! Au lieu de l'effacer, il confessera notre nom devant son Père et les Saints Anges.


PHILADELPHIE.


Le ton de l'Épître à Philadelphie me semble confirmer l'idée que nous avons émise au sujet de Sardes, que dans cette portion de l'Apoc. III) ce n'est pas tant l'Église primitive, ou celle du moyen-âge, qui nous est présentée, que ce qui se passe, ou se développe dans les temps modernes. Ce nouvel état de choses commence par Sardes; ce n'est pas un mal flagrant qui le caractérise, mais un trait d'une triste et fatale nature - c'est un état de choses négatif. Toute personne sincère qui a mûrement réfléchi sur le protestantisme doit savoir que c'est-là la chose affligeante que nous avons à reconnaître, nous qui avons été protestants, et qui par conséquent en partageons la honte.

On s'attache trop, au moins d'une manière trop complaisante pour le moi, à certains sujets de controverse qui cachent en grande partie nos besoins et nos fautes propres; on tire vanité d'être purs de certains maux, tels que la suprématie du Pape, l'infaillible autorité de l'Église, le culte de la Vierge, des Saints et des Anges, la doctrine de la messe, du purgatoire, etc.
Mais en supposant que sur tous ces sujets-là, on soit dans des sentiments parfaitement orthodoxes, on pourrait se trouver dans mille maux d'un autre caractère, et, en dépit de toute orthodoxie extérieure, avoir un coeur tout à fait étranger à l'amour et à la gloire du Seigneur. C'est précisément ce que nous avons vu en Sardes - le nom de vivre, mais néanmoins mort. De même qu'en Israël, lorsque le Seigneur était sur la terre, l'ancienne idolâtrie avait passé, l'esprit immonde avait quitté la maison et n'y était plus retourné; ainsi l'état de la maison balayée et ornée correspond bien à ce qui suivit la réformation. Mais il faut distinguer entre cela et l'oeuvre que Dieu donna à faire aux réformateurs.
Que nul ne parle de manière à déprécier ces hommes, soit Luther, soit les autres; mais quoique Dieu fût à l'oeuvre avec eux dans ce grand mouvement, il eût été meilleur et plus saint qu'ils eussent laissé les gouvernements terrestres aux fonctions qui leur sont propres. Sans doute, leurs protecteurs les garantirent de la persécution et leur assurèrent les honneurs; mais au lieu d'aider à l'oeuvre de Dieu, cela devint un grand obstacle. Et ainsi, lorsque la ferveur du premier zèle eût passé, l'état de choses répondit à l'Église de Sardes.

En Philadelphie, nous trouvons quelque chose de tout-à-fait différent. La première chose qui nous frappe, ce n'est point ce que fait, ou ce qu'a le Seigneur, mais ce que le Seigneur est lui-même. S'il y a quelque chose qui délivre d'un sec et froid dogmatisme, c'est, je le sens, la personne du Seigneur Jésus apprécié d'une manière toute spéciale. Je le vois dans l'épître à Philadelphie: le Seigneur s'y présente d'une manière plus personnelle que dans aucune autre de ses épîtres. Il est vrai qu'il y est dit avoir la clé de David; mais avant qu'il soit question de cela, il déclare qu'il est le saint et le véritable.
Le caractère du Seigneur ne se montre pas dans les autres épîtres sous le même point de vue moral. Ce que nous avons ici, c'est à mon avis, ce que le Seigneur a opéré dans l'Église durant ces dernières années. L'impulsion donnée à l'évangélisation par la dissémination de la Bible et par les travaux missionnaires a caractérisé l'Église extérieurement; mais au dedans l'Esprit s'est servi du sentiment qu'avaient les saints de son état de ruine pour les conduire à la parole, et par là, à une plus pleine appréciation de la personne de Christ - l'unique objet dans lequel nous puissions trouver le repos par le Saint-Esprit, comme il était le repos du Père quand il marchait ici-bas.

Il y a quelque chose d'extrêmement beau dans la manière dont le Seigneur se fait ainsi connaître après l'épître à Sardes qui était dans un état mondain de mort. Christ s'est fait connaître lui-même, et il est la résurrection et la vie. Et qu'est-ce qui pourrait communiquer une vie nouvelle, placer l'Église dans l'attitude qui lui convient, ou amener un résidu à la marche et aux sentiments convenables à un temps de ruine, si ce n'est le Seigneur se présentant lui-même personnellement. C'est ce qui caractérise l'évangile de Jean: la personne même du Seigneur Jésus-Christ, non pas seulement dans ses droits propres, mais comme baptisant du Saint-Esprit dans l'exercice du pouvoir miséricordieux qui convient à sa gloire.

Dans sa première partie il place devant nous la personne de Christ; et dans la seconde, l'autre Consolateur que le Seigneur devait envoyer du ciel lorsqu'il s'en serait allé. Il est beau de voir ainsi la place que l'évangile de Jean occupe dans les écritures de Dieu. Il fut écrit fort tard, le dernier de tous les évangiles, et en vue d'un temps de déclin. Il n'y est pas question de Jérusalem ou des Juifs comme objets immédiats de Dieu, même sous le rapport du témoignage. Il en est fait mention comme d'un peuple mis de côté, avec lequel Dieu n'a rien à faire pour le moment. Aussi le Seigneur parle-t-il de la Pâque comme d'une «fête des Juifs,» etc.
En Mathieu, au contraire, nous voyons Israël reconnu pour la vérité de Dieu. Le sanglier de la forêt peut ravager et la bête dévorer, mais c'est encore le pays d'Israël; et Jérusalem est appelé la sainte cité même quand il s'agit de la mort et de la résurrection de Christ.
Dans l'évangile de Jean tout cela est fini. Non-seulement Jérusalem et les Juifs perdirent tous leurs droits sur Dieu, l'ayant abandonné comme Jéhovah, et ayant aussi abandonné la loi et les prophètes, mais ils avaient rejeté Christ; et même quand le Saint-Esprit vint, ils le rejetèrent aussi et ne voulurent plus l'écouter, de sorte qu'il n'y avait aucune ressource. Dieu s'était manifesté de toutes les manières possibles. Aucune manifestation de Dieu, l'homme étant sous la loi, ne pouvait faire aucun bien. Les individus se saisissaient tout ce temps de la grâce de Dieu, mais la nation était sous la loi. Le point de départ de l'évangile de Jean est que tout était ténèbres, et que la Vraie Lumière brille là, quoique les ténèbres ne la saisissent point. «En elle était la vie.» Cela demeure toujours vrai, quoique ce soit en jugement que celui qui est la lumière et la vie agit ici.

Mais revenons aux Églises. Il y avait eu successivement abandon du premier amour, souffrance de la part de la puissance païenne, tentation de Satan au moyen du pouvoir du monde, action séductrice de Jésabel entraînant à l'idolâtrie, et en un mot, toute sorte de mauvais commerce avec le monde et la persécution. Mais à présent voici un état tout moderne - pureté au dehors, mais le coeur abandonné à lui-même (Voyez 2 Tim. III.). C'est Sardes qui nous présente ce tableau: quelques-uns marchent purement, mais non entièrement soumis de coeur au Seigneur. Mais se contentera-t-il de cela? Il faut que le Seigneur se suscite à lui-même un témoin, et la seule manière par laquelle il peut rendre quelqu'un propre à être son témoin, c'est en se présentant lui-même aux affections. Aussitôt que nous voyons le Seigneur lui-même, il y a de la force pour le servir avec joie.

Ici, le Seigneur dégoûté de l'état de Sardes vient, disant en quelque sorte, «J'ai besoin de posséder le coeur - il faut que je l'aie.» Il écarte le voile introduit par le péché de l'Église professante. Quand on voit ce bien-aimé, pour ainsi dire, un peu plus près, il y a quelque chose qui répond (mais, hélas, avec quelle faiblesse!) à son désir de posséder le coeur, et ce sera parfaitement accompli quand nous le verrons tel qu'il est.

«Tu as peu de force.» Ce n'est pas la coutume de Dieu de communiquer une grande mesure de force dans un temps de ruine générale. A l'époque du retour de la captivité de Babylone, le Seigneur agit beaucoup en grâce. Il n'y eut pas extérieurement de la puissance; au contraire, tout était chez les Juifs d'un apparence si méprisable, que leurs ennemis disaient, en se moquant, qu'un renard romprait leur muraille. Mais nous les voyons animés du même esprit que celui qui se montre dans Philadelphie. Ils ne construisent pas de fortifications pour se garantir des Samaritains (l'Éternel était une muraille de feu autour d'eux); mais la première chose qu'ils érigent c'est un autel au Seigneur.
Le Seigneur était le premier objet de leurs coeurs. S'il était leur rempart, ils pouvaient attendre avant d'en construire un autre. On ne vit rien parmi eux qui rappelât l'ange frappant les premiers-nés, ni miracle opéré en leur faveur, ni promesse de plaies devant frapper leurs ennemis: mais cette parole leur est adressée: «Mon esprit demeure au milieu de vous, ne craignez point.»

Toutes les fois qu'Israël avait peur de ses adversaires, il était sans force; mais quand il regardait au Seigneur, il oubliait les ennemis. De même aujourd'hui, c'est quand nous nous appuyons sur lui, que les coeurs de ses adversaires sont le plus saisis de terreur. Un coeur sincèrement adonné au Seigneur est ce qui parle à la conscience des autres. Quelle joie de savoir que le coeur du Seigneur était tourné vers eux! C'est là ce qui produit des sentiments convenables envers lui, et les uns envers les autres. Le nom même de cette Église exprime la relation que le Seigneur avait établie; et il importe beaucoup de se souvenir que c'est une relation sainte que nous soutenons les uns avec les autres. Il est sûr néanmoins que des personnes qui ont réciproquement de la sollicitude pour leurs intérêts célestes ne seront pas indifférents les uns envers les autres sous les autres rapports, quoique l'Église ne soit pas un club dont les membres sont prêts à se prêter mutuelle assistance, qu'on ait raison ou qu'on ait tort. Ce serait là du socialisme, de la franc- maçonnerie, et non la fraternité selon le Seigneur.

Les premières paroles sont la clé de toute l'épître «Le saint, le véritable (vers. 7.).» Voyez la première épître de Jean. Cette expression n'est pas fréquemment employée à l'égard du Seigneur, mais nous la trouvons là. Dans le deuxième chapitre de cette épître, il est écrit à l'adresse des jeunes enfants de la famille de Dieu: «Vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses.» Le saint, le véritable a tout ce qu'il leur faut. Il pouvait y avoir de la faiblesse chez eux, mais il a la clé de David.
Dans la généalogie de notre Seigneur en Mathieu se lit l'expression: «David, le roi», et on ne trouve pas cette désignation: «le roi,» ajoutée au nom de Salomon ou de tout autre. La raison en est que c'est par David que la royauté s'est d'abord caractérisée en Israël. Il était l'homme selon le coeur de Dieu. Et pour ce qui est de David marchant dans la foi, il ne pouvait rencontrer de difficultés sur son chemin. Il est vrai que le type se montra imparfait - il n'y a pas de type parfait, parce que le type n'est pas Christ, quoiqu'il soit un témoin de Christ. C'est l'homme qui fait défaut; mais là où la puissance de Dieu opéra en David des choses brillantes, bénies et bonnes, nous trouvons le germe, pour ainsi dire, de ce qui se montre pleinement dans le Seigneur. La «clé» de David représente sa puissance, le moyen par lequel il eut accès à tout ce qu'il possédait. C'est ainsi qu'il est dit (Es. XXII) «Je mettrai la clé de la maison de David sur son épaule; et il ouvrira, et il n'y aura personne qui ferme, etc.» Telle était la conséquence, il avait tout sous sa main; c'était à lui à prendre soin de tout.

Le Seigneur se présente comme ayant la clé de David. Ils ne devaient donc pas regarder au pouvoir du monde, ni à l'homme; car si Christ avait la clé, c'est de cela qu'ils avaient besoin. L'énergie de l'homme, Jésabel, les faux prophètes pouvaient être à l'oeuvre autour d'eux, mais il y avait ce bien-aimé, le saint et le véritable; et il était d'autant plus nécessaire qu'ils étaient faibles. Ils avaient si peu de force que peut-être, ils n'étaient pas même capables d'ouvrir la porte; mais il leur dit qu'il la leur avait ouverte; il les avait introduits dans un vaste lieu où il n'y avait rien qui ressemblât à la servitude ou à la gêne.
Il est évident que le Seigneur est désigné ici selon ce qu'il est personnellement et moralement; non pas seulement comme la grande source de la sainteté et de la vérité, mais comme le saint et le véritable.

Nous trouvons l'un et l'autre de ces caractères dans la première épître de Jean: «nous sommes dans le véritable, savoir, dans son Fils Jésus-Christ;» mais cela va plus loin encore, «il est le Dieu véritable et la vie éternelle.» C'est donc la personne qui est placée devant eux: c'est ce qu'ils désiraient ardemment. Ils appréciaient Christ. Ils avaient le désir de le connaître davantage, et il connaissait leur coeur. C'est ainsi qu'il est dit: «Si ton oeil est simple, tout ton corps sera éclairé,» Ils étaient las de ce qui n'était que la forme de la piété; ils savaient qu'il était possible d'être perdu ou de déshonorer le Seigneur dans l'orthodoxie aussi bien que dans le monde. Ils se tournent vers le Seigneur, et il se présente lui-même comme le Saint et le Véritable; non pas comme leur étant contraire, mais comme rempli de tendresse et de grâce, et plaçant devant eux une porte ouverte, et leur donnant l'assurance que personne ne la fermerait.

«Tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n'as pas renié mon nom» (vers. 8.). Il y a là trois déclarations à leur sujet. Ils sont dans un état qu'aucune marque, aucune puissance extérieures ne signalent. Ils sont inconnus au monde comme Il l'était lui-même, mais ils ont gardé sa parole; et plus que cela, ils n'ont point renié son nom.
Considérez ce que c'est que garder la parole de Christ.
Il est évident qu'on s'était écarté de sa parole. Il est possible qu'elle eût circulé; mais avait-elle été l'objet d'une tendre affection? L'avait-on aimée, l'avait-on sondée, comme on cherche un trésor caché? Est-ce en vue d'elle, et pour la mieux comprendre, qu'on se réunissait pour prier et lire? il s'agit ici d'un mouvement dans l'Église où la personne du Seigneur devient plus que jamais l'objet du coeur et où la Parole est mieux traitée comme sa parole. Ce n'est pas simplement l'évangélisation, toute précieuse qu'elle est à sa place, que nous avons en Philadelphie, mais un cercle intime de saints qui aiment, servent, adorent Christ pour lui- même.

Cette épître nous révèle aussi la valeur du nom du Seigneur Jésus. En 1 Cor. I, ce n'est pas aux Corinthiens seuls que le Saint-Esprit s'adresse, mais «à tous ceux qui en tout lieu invoquent» ce nom.
En d'autres termes, la première épître aux Corinthiens n'est pas plus que la seconde, d'une application particulière: elle est pour tous les chrétiens en quelque lieu que ce soit. De fait, c'est de toutes les épîtres celle où la teneur générale de l'adresse est le plus fortement marquée; et la raison en est peut-être que l'Esprit de Dieu prévoyait qu'elle serait, plus que toute autre, mise de côté.

En ces temps où il n'y a pas de manifestation extraordinaire de puissance, les gens pourraient dire: cette épître-là n'est pas pour nous, elle appartient à une époque qui est passée. Il est vrai qu'il n'y a pas lieu à donner des règles pour l'exercice du don des langues, si vous ne l'avez point reçu. Mais nous avons le Saint-Esprit, et béni soit Dieu, l'Église ne saura jamais ce que c'est que d'être sans le Saint- Esprit. Reportez-vous à son heure la plus sombre, - le moyen-âge, le romanisme, etc.
Le Saint-Esprit était toujours là, non pas, à la vérité, justifiant le mal ou sanctionnant la désobéissance, mais il était là pour l'assurance de la foi, conformément à la déclaration du Seigneur: «Il demeurera avec vous éternellement.» L'idée d'attendre que le Saint-Esprit soit de nouveau répandu sur nous est entièrement fausse: c'est-là l'espérance juive. Adresser une telle demande, c'est, pour l'Église, nier qu'elle soit l'Église. Ce peut être bon pour elle de se prosterner devant le Seigneur et de reconnaître qu'elle a agi comme si elle ne l'avait pas. Mais bénissons Dieu de ce que nous avons l'Esprit non-seulement comme habitant dans les individus, mais comme nous liant ensemble pour être une demeure de Dieu,

A la vérité, la manifestation de ce fait n'a plus lieu, mais néanmoins le fait demeure; absolument de la même manière qu'en parlant d'un homme qui se trouve dans de mauvaises circonstances, on dit qu'il est ruiné, quoique l'homme existe encore. C'est un motif de nous humilier d'autant plus, parce que l'Église possédait l'Esprit et qu'elle a mal marché néanmoins. On a beau dire, si nous avions maintenant une Pentecôte et que le Saint-Esprit fût envoyé de nouveau, nous marcherions comme il faut: le fait est qu'après avoir eu le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, on s'est dévoyé et on est tombé.

Ce que Dieu nous demande maintenant ce n'est pas d'attendre de nouveaux dons de puissance, mais de nous humilier devant lui de ce que nous avons marché, même comme chrétiens, en opposition à sa volonté de la manière la plus triste, et de ce que, quoique nous eussions le Saint-Esprit, un veau d'or a succédé à un autre au point qu'il y a autant de péché qu'il y en a eu en Israël. C'est-là ce que le Seigneur nous appelle à sentir. Philadelphie sympathisait avec lui.

Ce que l'Esprit présente dans cette église est donc évidemment une compagnie méprisée, mais la parole de Christ particulièrement appréciée, et son nom maintenu. Nous avons appris que l'Église n'est jamais obligée de marcher dans le péché. «Que tout homme qui prononce le nom du Seigneur se retire de l'iniquité.» Il peut y avoir iniquité morale et convoitises mondaines; et qu'y a-t-il d'aussi mauvais que l'iniquité de l'Église, si ce n'est ce qui est contre la personne même de Christ? Si on marche contrairement à l'ordre extérieur de l'Église, c'est mal, mais ce n'est pas à comparer avec le péché commis contre la personne du Seigneur Jésus. Ce péché-là est toujours le pire, et celui qui éprouve les âmes. Le premier de tous les devoirs est que le coeur soit sincère pour Christ. C'est ce que Dieu attend.

Le Christ se présente donc personnellement à l'Église, non pas en exprimant son amour d'une manière générale, mais en manifestant une affection particulière de son coeur pour eux. De là vient qu'il est dit: «Je les ai aimés.» Le Seigneur aime tous les siens, mais il est également vrai qu'il a des affections spéciales. Il peut y avoir un lien particulier entre lui et les saints qui sont particulièrement en danger ou dans l'épreuve. Sa grâce éloigne les obstacles et fait qu'on se réjouit dans sa force. Ils connaissent sa place dans la gloire, mais ce qui touche leurs coeurs c'est qu'il les aime au milieu de toute cette gloire. Son amour, voilà la base et la source de leur amour.

«Tu as peu de force.» Je sais que vous êtes faibles; mais vous avez «gardé ma parole et n'avez pas renié mon nom.»
Remarquez ici le lien personnel - «ma parole,» «mon nom.» Le nom de Christ saisi par l'âme, est le salut. Lorsque le coeur s'est soumis à son jugement sur le péché, Dieu place lui-même devant cette âme le nom de Christ: et quand elle trouve qu'elle n'a pas de nom sur lequel s'appuyer pour se tenir devant Dieu, il lui dit: il y a ici un nom, le nom de mon Fils. La foi suppose un homme qui s'abandonne lui-même comme ne valant rien, et qui dit: «Dieu a été bon pour moi, quand j'ai été méchant pour lui.»
Dieu a mis ce nom comme une pierre fondamentale pour le pauvre pécheur. Elle semble faible; elle est appelée une «pierre de trébuchement,» comme elle l'est pour l'incrédulité; mais je dois croire en elle. Si je ne fais que regarder à l'évangile, je suis perdu, parce que dans ce cas, je raisonne à son sujet; mais si je le crois, je suis sauvé. Que fit Abraham? Il ne raisonna pas; il ne considéra pas son corps qui était amorti, mais il donna gloire à Dieu. S'il s'était senti fort, il aurait pu se donner gloire à lui-même. Tel est le grand but en vue duquel Dieu travaille: que nous connaissions notre propre néant.

Mais est-ce là l'unique usage du nom de Christ? Non; Il rassemble autour de lui-même. Jésus est le grand objet, le point d'attraction autour duquel le Saint-Esprit assemble. Supposez qu'il s'agisse de l'introduction d'une personne qui suit les vues calvinistes, ou les vues arminiennes, comme on les appelle, n'ayant jamais bien appris la ruine de l'homme; vous direz peut-être: «Je n'aime pas qu'on me trouble.» Mais la question est, ce que dit Christ. N'a-t-il pas le pouvoir de juger cette question? L'a-t-il laissée à notre discrétion? Christ a scellé de son nom cette personne et en conséquence je dois la recevoir. Un autre arrive et dit: «J'apprends que vous recevez tous les chrétiens; mais je ne crois pas que Christ fût exempt de chute, soit dans sa nature, soit quant à sa relation avec Dieu.» «Non,» telle est ma réponse; «vous ne pouvez faire servir le nom de chrétien à déshonorer Christ.» Mais toutes les fois que quelqu'un fait humblement confession du nom de Christ (qu'il appartienne à l'église établie, ou qu'il soit dissident, la question n'est pas là) nous sommes tenus de le recevoir.
C'est une chose fort triste que toutes ces dénominations diverses soient dans l'Église: elles prendront toutes fin bientôt. Mais il ne nous faut pas contredire le nom de Christ maintenant. Le nom du Seigneur est là et c'est un passeport dans toute l'Église. Il ne s'agit pas de nous joindre quelqu'un; il nous est joint certes, s'il est uni à Christ. Il est vrai que le Seigneur a ses serviteurs, mais nous ne reconnainons dans l'Église aucun autre centre que Christ.

Un autre usage du nom de Christ se trouve dans la discipline. Quel est le but de la discipline? Ce n'est point de maintenir notre caractère, mais de laisser au nom de Christ la place et l'honneur qui lui appartiennent, en conservant à ce nom tout son éclat, même là où est le trôné de Satan. Dans le camp même de l'ennemi il se trouve un nom qui ne saurait être abaissé. Le Saint-Esprit est là, non pas simplement pour nous donner de la consolation, mais nous ayant délivré de toute inquiétude à l'égard de nos péchés, il nous donne liberté pour nous occuper de Christ et travailler dans son service. Ce dont il s'agit dans le maintien de la discipline, c'est de savoir s'il faut se retirer de l'iniquité.
Jamais le Seigneur ne reconnaît comme l'Église un état de choses où l'iniquité est sanctionnée. C'est une chose bien différente qu'il y ait du péché, et que le péché soit sanctionné. Toute sorte d'iniquité peut surgir: cela eut lieu dans les églises apostoliques. L'incestueux fut retranché à Corinthe parce qu'il était chrétien, comme il est dit «afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.»
On aurait pu croire d'après la terrible nature de son péché qu'il n'était pas possible que ce fût un chrétien. Le Saint-Esprit nous montre par là que si un chrétien s'écarte de Christ, il est capable de tout excepté d'aller positivement contre Christ lui-même. Car je pense que le Saint-Esprit nous garderait toujours de cela. Comme dans le cas du jugement de Salomon, la fausse mère était résolue à avoir, à tout prix, sa moitié de l'enfant, tandis que la mère réelle aimait mieux céder la sienne que de laisser toucher à sa vie.
Mais il peut arriver à un chrétien (quelque contraire à la nature des choses que cela soit ) de tomber dans un état où il n'a pas de saines pensées au sujet de Christ; et quand il s'y trouve, de manière à ne pas avoir un juste sentiment du nom de Christ, quel bien peut-il provenir de lui? Il n'en était pas ainsi des saints de Philadelphie. Ils ne reniaient pas son nom; et le Seigneur emploie à leur égard les expressions d'amour les plus tendres.

Partout où l'on avait des prétentions ecclésiastiques, la remarque en a été faite avec raison, on était contre eux. Ils étaient regardés avec dédain par ceux qui se disaient Juifs, mais touchant lesquels Christ fait cette déclaration, «je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds» etc. (vers. 9.). Les Philadelphiens se trouvaient au milieu d'une profession qui n'avait rien de réel, et le Seigneur leur promet de les défendre par sa propre puissance. Qu'il est précieux de ne pas chercher à nous défendre nous-mêmes, mais d'aller en avant avec le Seigneur!

Il est d'une importance extrême de bien voir que la gloire du nom de Christ n'obligera jamais à choisir entre deux maux, et c'est, à mon avis, ce que Dieu a voulu nous faire sentir dans ces derniers temps. Il y a un sentier hors du mal. Non que la chair de l'homme ne puisse introduire le mal; mais si quelqu'un persiste dans quelque péché, vous dites qu'il ne marche pas comme un chrétien; il ne saurait être reconnu comme chrétien, quoique nous puissions prier pour lui, etc.
Supposez encore une réunion de chrétiens. Le mal entre, je ne puis pas dire que ce ne sont pas des chrétiens. Non, mais je puis introduire l'autorité du nom de Christ pour ôter le mal: Christ possédant l'autorité d'une manière absolue, c'est à nous à nous soumettre entièrement à lui.
L'Église appartient à Dieu. Si elle était à nous, nous pourrions faire nos propres règlements; mais malheur à celui qui veut soumettre l'Église de Dieu à ses propres règles!
C'est-là, à ce qu'il paraîtrait, ce que sentirent les  saints de Philadelphie: ils appréciaient l'autorité du nom de Christ; ils avouaient leur faiblesse, mais ils savaient que le nom de Christ était assez fort pour les garder. Qu'avaient-ils à redouter? En reconnaissant le nom de Christ pour centre de rassemblement, nous ne prétendons pas que le mal n'entrera point: mais nous confiant dans la puissance du Seigneur Jésus et de son Esprit, nous ne voulons pas sanctionner le mal. Laissons seulement la porte ouverte pour que le Seigneur entre. Il peut y avoir bien des choses propres à mettre notre patience à l'épreuve, mais nous n'avons qu'à nous attendre au Seigneur. C'est là ce que le Seigneur veut, que nous ayons confiance en ce qu'il est et ce qu'il a, en prenant dans l'esprit de prière la place de la faiblesse et de la dépendance, quelque pénible que ce puisse être.

«Tu as gardé la parole de ma patience,» etc. (vers. 10.).
Évidemment le Seigneur contemple, à l'occasion de ces églises, l'état de choses qui existera à la fin; et comme l'heure de la tentation est encore à venir, la place est laissée pour l'application de cette promesse aussi à la fin.
«Tu as gardé la parole de ma patience.» Christ vient pour prendre son Église, et ensuite pour être le juge de toute la terre. Mais nous n'attendons pas des signes. Dieu, dans sa miséricorde, en accordera aux Juifs, mais l'Église n'a jamais été appelée à se guider dans ses pensées sur ce qu'elle voyait, comme Thomas. «Bienheureux sont ceux qui n'ont point vu et qui ont cru.» C'est quand on ne voyait plus le Seigneur que l'Église est née dans le monde; et depuis lors elle a été dans l'attente, mais jamais elle n'a dû faire dépendre de certains signes son espérance. C'est lorsque Christ prit sa place en haut comme tête, que son corps, l'Église, fut formé; car il ne pouvait y avoir de corps que premièrement il n'y eût une tête. Dieu veut que l'Église attende Christ lui- même, et non pas des signes. Il fera entendre sa voix. Et les morts en Christ ressusciteront..... et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Christ attend cela avec patience.
Autant que j'ai pu le voir, le Seigneur ne parle pas de sa venue, comme s'il devait y avoir quelque chose de hâté en elle. Il attend avec patience que le moment en arrive. Il tarde dans son amour pour qu'il ait une prolongation de miséricorde pour le monde et pour que des âmes puissent lui être amenées. L'Église sait qu'il attend et elle est appelée à la même patience pour avoir communion avec lui dans sa patience.

«Je te garderai de l'heure de la tentation (vers. 10).»
Ce n'est point ici la portion des Juifs. Pour eux, lorsqu'arrive le temps de l'épreuve, le Seigneur leur dit: «Viens, mon peuple entre dans tes cabinets», etc.
Notre place est celle d'Abraham. Il n'eut point à fuir vers la petite Tsohar comme Lot qui fut, il est vrai, sauvé du jugement, mais pas tant à son honneur. Le Seigneur avait un saint dont les pensées étaient aux choses du ciel, aussi bien qu'un saint qui pensait aux choses de la terre. Abraham ne se trouva jamais dans cette heure de tentation. Ainsi l'Église sera gardée de l'heure qui vient. Telle est notre confiance - non pas simplement que nous serons gardés durant et à travers cette heure, mais que nous le serons de l'heure elle-même.

Prenez une autre figure de ce jugement, le déluge. Enoch fut complètement préservé du déluge, tandis que Noé fut porté sur ses eaux. C'est ainsi que dès le commencement Dieu nous donne des témoignages bénis de cette double manière d'être préservés, d'un côté comme Enoc et Abraham, en esprit, et de l'autre comme Noé et Lot. Ces derniers se trouvèrent dans les circonstances de l'épreuve; et tel sera le cas du résidu converti d'Israël à l'époque des terribles jugements.
L'espérance du chrétien est d'être avec le Seigneur dans le ciel, et c'est ce que l'Église doit attendre. Et certainement le cri est là: «Voici, l'époux vient, sortez à sa rencontre.» Je vous le demande, êtes-vous sortis?
Il y en eut dont il est dit, non pas que c'étaient des croyants lorsque le cri se fit entendre, mais qu'ils étaient sortis. Avez-vous abandonné tout ce qui est contraire à Christ? Ce que vous savez - non pas ce que je sais - lui être contraire?
Je vous demande si vous êtes prêts à aller au devant de lui. Dans ce cas vous n'avez rien à craindre. Tenez pour sûr que rien de ce que votre pauvre volonté désire retenir ne vaut la peine d'être gardé: C'est gain que de sortir de tout pour aller à la rencontre du Seigneur; c'est joie que d'être dans son sentier.
Ce cri a-t- il rempli votre coeur? Ne vous contentez-pas de dire: «J'ai de l'huile dans mon vaisseau, et il importe peu où je suis.» Pensée égoïste et impie! Dieu veuille que tel ne soit pas votre sentiment! Il m'a sauvé pour que je pense à lui. Il désire que je sorte pour aller au-devant de lui, - que je chérisse la précieuse pensée de sa venue.
Maintenant, gardez-vous sa parole? Vous le savez. C'est-là une question entre votre conscience et le Seigneur. Quand vous aurez gardé ce que vous connaissez, vous en apprendrez davantage, et vous trouverez que son service n'est que joie et liberté.

«Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne.»
C'est- là une parole précieuse. Le Seigneur annonce qu'il vient comme un voleur par rapport à Sardes qui avait pris le monde pour son maître: laissant ainsi au monde souillé la place du Seigneur. Pour Philadelphie il vient comme quelqu'un qui a une couronne à donner. Le Seigneur lui-même venant à notre rencontre, est le joyau qu'il nous a donné à garder. Que le Seigneur nous donne de le tenir ferme, afin qu'il ne nous soit pas enlevé! Nous sommes faibles maintenant, mais le Seigneur dit: «Si vous vous contentez d'être maintenant dans la faiblesse, je vous ferai être une colonne dans le temple de mon Dieu.»
Une colonne est l'emblème de la force, de ce qui soutenait le temple, en contraste avec la faiblesse. Il est dur de se contenter d'être faible; et c'est rassurant pour la chair de sentir sous soi la puissance du monde. Mais si nous consentons à paraître faibles maintenant, le Seigneur nous déclare ce qu'il fera pour nous alors: «Je vous ferai être une colonne dans le temple de mon Dieu (vers. 12).
Selon que j'ai connu mon Dieu, je vous mettrai en communion avec moi. Vous vous contentez d'attendre ma venue, et personne ne prendra votre couronne. Pour ceux qui pensent à Christ maintenant, Christ pensera alors à toute la joie qu'il peut leur donner. Puisse être là notre consolation pendant que nos coeurs l'attendent! 


LAODICÉE


Vers. 14. - 22. Nous avons vu le contraste signalé qu'il y a entre l'état de Sardes et l'ordre de choses précédent. Une grossière corruption, le mal manifeste, la persécution, la haine de la sainteté et de la vérité de Dieu avaient régné dans Thyatire, quoiqu'il s'y trouvât un résidu, et un résidu fidèle. Si Thyatire représente les siècles de ténèbres où le Seigneur avait ses saints fidèles cachés dans les réduits et les coins du monde, nous avons en Sardes un état de choses d'une bonne apparence, - le nom de vivre, et la mort presque partout; cependant il y en avait même à Sardes qui n'avaient pas souillé leurs vêtements. S'il se trouve une distinction aussi marquée entre Sardes et Thyatire, il y a aussi une ligne de démarcation profonde entre Philadelphie et Laodicée.

Considérons le caractère que Dieu attribue à cette église, et ce qu'il manifeste de sa condition. Si parmi ces églises il y en a deux qui soient en contraste l'une avec l'autre d'une manière plus marquée, ce sont précisément ces deux dernières. La raison en est, je pense, que lorsque Dieu agit d'une manière spéciale, qu'il manifeste sa grâce sous une nouvelle forme et sous un jour nouveau, cela amène toujours à sa suite, depuis la chute de la chrétienté, une ombre particulièrement obscure.
C'est ainsi que Philadelphie présentait un brillant tableau. Il y avait de la faiblesse, mais on était parfaitement en paix, car le Seigneur avait ouvert la porte, et il la tiendrait ouverte. Mais quelle différence nous trouvons quand nous considérons Laodicée! Ce n'est plus le Seigneur veillant aux besoins des saints de Philadelphie, ayant la clé de David, et se présentant comme l'objet de leurs affections, comme le Saint et le Véritable, dans sa grandeur morale qui faisait appel à toute l'adoration de leur coeur. Il parle ici d'une toute autre manière:
«L'amen, le témoin fidèle et véritable dit ces choses» etc.
Ce qui n'était qu'une profession orgueilleuse allait prendre fin. Il était «l'Amen,» le seul sur lequel on pût s'appuyer, l'unique «fidèle et véritable témoin» quand tous les autres avaient failli.
Ce fait que Christ se présente comme le témoin fidèle et véritable, suppose que ceux auxquels il écrivait n'étaient pas fidèles. La lettre à Philadelphie n'impliquait point cela à l'égard des membres de cette église. Pauvres qu'ils étaient, ils prenaient la place de la faiblesse; et comme ils avaient pensé à sa parole et à son nom, le Seigneur, leur dit: Lorsque je vous aurai dans mon temple, j'écrirai sur vous «mon nouveau et je vous ferai être une colonne «dans le temple de mon Dieu.» Il ne dit pas le trône, expression qui aurait signifié la puissance, mais le temple qui exprime une pensée plus profonde que le trône. Le temple est le lieu du culte, où Dieu est exalté dans la gloire de la sainteté. Précisément comme lorsqu'il s'agit du culte à rendre à Dieu, nous voyons David porter un éphod. Sa propre femme qui voyait en lui le gendre de son père Saül, du roi, le méprisa parce qu'il n'était pas sorti en un vêtement convenable à la royauté. Mais le coeur de David était occupé de Dieu, et à ses yeux c'était son plus grand honneur de porter l'éphod et de pouvoir s'approcher ainsi du Seigneur.
De même à Philadelphie: c'est-là que se trouvaient particulièrement ceux qui avaient l'intelligence du culte, parce qu'ils appréciaient la personne et le caractère du Fils de Dieu: et c'est ce qui attire le coeur.
Voyez l'aveugle né: (Jean IX), il adora Jésus lorsqu'il se fut révélé à lui comme le Fils de Dieu. C'est-là une chose dans laquelle même les vrais chrétiens entrent fort peu. On peut recevoir des faveurs de la main de Dieu, et lui en rendre grâce, et néanmoins connaître peu ce qui est réellement le culte.
Le culte est quelque chose de plus élevé et de plus rapproché du Seigneur. Il n'apprécie pas simplement les faveurs qui nous sont dispensées de Dieu, mais il apprécie surtout ce qu'est le Dieu qui nous les accorde. Le vrai culte est toujours cela. Le Père cherche des adorateurs, mais c'est pour les attirer à la source d'où a coulé la grâce. Pour ce qui est du mot de culte lui-même, il n'est point employé dans la lettre à Philadelphie (sauf au verset 9 où il l'est dans un sens tout autre, pour exprimer simplement que ceux qui aujourd'hui étaient des moqueurs, auraient à s'humilier et à rendre honneur à ceux qu'ils avaient méprisés).
Le culte consiste à s'approcher de Dieu, dans l'appréciation non-seulement de ce qu'il fait, mais de ce qu'il est: et ce qui nous rend toujours capables de rendre culte, c'est la pleine, la simple connaissance de notre position de proximité avec Dieu, de l'oeuvre de Christ et de ses résultats bénis en notre faveur.

Job n'était point dans la présence de Dieu lorsqu'il était tout occupé de lui-même. ( «Quand l'oreille qui m'entendait..... et l'oeil qui me voyait.....» Nous pouvons bien dire qu'il était dans la présence de lui-même et non dans celle de Dieu. C'est toujours un pauvre signe, que d'être occupé de soi.
Le Seigneur ne veut pas que nous nous arrêtions à contempler le changement opéré en nous; ce ne serait pas là oublier les choses qui sont derrière, ce qui, pour le dire en passant, ne signifie pas l'oubli de nos péchés, mais celui de nos progrès. Si le Seigneur nous a donné de faire un pas en avant, c'est pour que nous soyons plus près de lui, et que nous croissions dans la connaissance de Dieu. Par là il y aura toujours progrès dans la connaissance de nous-mêmes, mais ce ne sera jamais à l'effet de nous admirer. Par le fait même que nous appartenons à Christ, il est l'objet qui heureusement nous garde dans l'humilité.

Lorsque Job fut à la fin amené réellement dans la présence de Dieu, il se trouva dans la poussière. Il ne savait pas ce que c'était que d'adorer Dieu complètement, jusqu'à ce qu'il fut amené-là, lorsque son oeil vit Dieu. Auparavant,.il avait regardé plutôt à ce que Dieu avait effectué en lui, mais à présent il se voyait comme n'étant rien. Et c'est après cela que nous le trouvons intercédant même pour ses amis, et que nous avons les holocaustes, etc. C'était-là l'esprit d'intercession et aussi de culte. Il me semble que tel était l'esprit auquel avait été amenée l'église de Philadelphie. Ses membres avaient l'intelligence du culte, parce que, selon leur mesure, ils connaissaient Celui qui était depuis le commencement.
Le Seigneur aime que nous soyons forts en Christ, que nous croissions en lui.

A Laodicée on ne pensait nullement à cela - on ne songeait pas à entrer dans les richesses de la grâce du Seigneur. Il n'y a rien à l'égard de quoi nous devons sentir autant combien nous sommes pauvres, comme à l'égard du culte, justement à cause que nous pouvons un peu l'apprécier. C'est le sentiment spirituel, quoique la mesure en soit certes bien faible, qui nous rend sensibles à notre peu de puissance pour le culte. Tenez pour sûr que c'est l'esprit de culte qui constitue notre véritable pouvoir dans le service: selon ce que le Seigneur dit en Jean X, - Je suis la porte; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; et il entrera, et sortira, et trouvera de la pâture.»
Ce n'est plus la bergerie juive et l'esclavage de la loi, mais la parfaite liberté, le privilège d'entrer pour rendre culte, et de sortir pour l'activité du service, trouvant partout nourriture et bénédiction. Qu'il est doux de penser que l'heure approche où nous entrerons pour ne plus jamais sortir de nouveau! Ce sera toujours le service en relation immédiate avec le Seigneur lui-même - la jouissance de la présence de Dieu et de l'Agneau, - le culte éternel!

Mais quels sont ceux pour lesquels c'est-là une agréable et heureuse promesse? Ceux qui avaient apprécié le culte et en avaient joui ici-bas. Comme il est dit dans le Ps. LXXXIV: «Ils te loueront encore» (vers. angl.}.
Le lieu où demeurait le Seigneur était empreint même dans les coeurs de ceux qui y allaient, «au coeur desquels sont les chemins battus.» Ils devaient se trouver au lieu où Dieu était, et demeurer là. Le Seigneur ne se révèle pas ici de la même manière personnelle, mais ce sont plutôt certaines qualités, certains titres qui lui appartiennent, qui nous sont présentés. Il était «l'Amen.»
Quant à eux, ils avaient manqué en tout - ils avaient été un témoin infidèle, et Il était assez bon pour leur dire: «Vous n'avez pas répondu à une seule pensée de mon coeur. Je viens maintenant me présenter à vous comme tout ce que vous devriez être.» Il était aussi «le commencement de la création de Dieu» (vers. 14.). La chrétienté est un témoin rejeté. Christ est en relation avec la création nouvelle.

«Je connais tes oeuvres, c'est que tu n'es ni froid, ni bouillant» (vers. 15.).
C'est le latitudinarisme. Ce n'est pas l'ignorance qui rend latitudinaire, mais le coeur qui reste indifférent à la vérité après que la vérité lui a été présentée. On ne veut pas de la vérité, parce qu'on sent qu'elle doit avoir pour conséquence, si on la suit, le sacrifice et la séparation d'avec le monde. Il nous faut user de support avec l'ignorance d'un coeur honnête, sincère, partout où elle se trouve; mais l'indifférence pour la vérité est une chose tout autre, et odieuse aux yeux du Seigneur.

Le latitudinarisme n'est donc jamais la condition des âmes simples et droites, mais bien celle des personnes qui ont entendu la vérité et qui ne sont pas préparées pour la croix.
La vérité de Dieu doit être une pierre de touche pour les coeurs. Elle n'est pas simplement quelque chose que j'ai à apprendre, mais elle me met à l'épreuve. Si la brebis est dans une condition saine, elle entendra la voix du Berger, et n'entendra pas même la voix des étrangers; mais si la brebis n'aime pas le son de la voix du Berger, et va après d'autres, elle s'embrouille tellement qu'elle est à peine capable de le distinguer d'eux.
Ce mal surgit dans Laodicée, et à ce qu'il me semble provient du mépris que l'on a fait du témoignage rendu dans l'église précédente. Laodicée est le fruit du rejet du témoignage qui formait Philadelphie.
 Là, Christ se montrait lui-même, et au coeur qui le recevait, il disait: «Comme mon nom a été tout pour vous sur la terre, ainsi je vous donnerai mon nouveau nom au temps de la gloire. Toute affection vraie et bénie que j'ai produite dans vos coeurs ressortira dans la gloire avec un éclat plus brillant.»

Mais pour Laodicée, le Seigneur lui dit: «Tu n'es ni froid ni bouillant.» Il faut qu'il y eût quelque chose qui réchauffât un peu ces personnes, puisque leur état n'était pas entièrement froid. Elles manquaient d'honnêteté, de droiture. Laodicée est précisément le dernier état de choses que le Seigneur ne peut plus supporter: c'est un temps où l'on avait en un certain sens possédé beaucoup de vérités, mais sans que les coeurs fussent touchés par elles. Si le coeur avait été sincère en quelque petite mesure que ce fût, malgré son ignorance il aurait joui de ce qui était venu du Seigneur.
Ce n'est pas des «pères» mais des «jeunes enfants» qu'il est dit en 1 Jean II, qu'ils ont une onction de la part du Saint, et qu'ils connaissent toutes choses. La capacité pour juger de ce qui n'est pas de Christ, dépend de la sincérité du coeur pour Lui. C'est ce qui fait que le plus jeune croyant, s'il a l'oeil simple, peut discerner avec certitude là où le théologien se perd dans des généalogies sans fin.

Tout esprit qui rabaisse et renie Christ (le Christ de Dieu) est de l'antichrist. Il y a eu, il y a maintenant plusieurs antichrists, et c'est où Christ a été nommé qu'il faut les attendre. Si Christ n'eût pas été connu, il n'aurait pu y avoir d'antichrist, l'ombre noire qui a suivi la vérité: et si le Seigneur est à l'oeuvre dans cette voie de miséricorde, Satan est à l'oeuvre aussi.

Être «tiède», c'était être faux, en prétendant à la vérité; et le Seigneur dit: «Je m'en vais te vomir de ma bouche.» Il ne se trouve pas ailleurs, que je sache, une pareille expression de mépris employée par le Seigneur. Est-ce de cette manière que nous mesurons les choses? Nous aurions dit probablement que c'est de l'état de Jésabel qu'il fallait être le plus inquiet; mais eussions-nous pensé qu'être tiède était le pire de tous les états?
Et c'est celui-là pourtant, qui excita toute l'indignation du Seigneur; et c'est Lui seul qui est sage. «Parce que tu dis: je suis riche et je suis dans l'abondance,» etc. (vers . 16.). Ces paroles sont la preuve évidente qu'à Laodicée on avait beaucoup entendu parler de la vérité. On s'estimait riche. La diffusion de la connaissance extérieure de Dieu est ce qui hâte la dernière crise - le jugement final de Dieu et la mise de côté de tout ce qui porte faussement et bénévolement son nom.

Vers. 17. «Et tu ne connais pas que tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle,» etc.
Tel était l'état des Laodicéens, parce qu'ils avaient rejeté le témoignage de Dieu. Le témoignage de Dieu produit toujours en celui qui le reçoit le sentiment de son néant, mais n'affaiblit jamais sa confiance en Dieu. Il peut y avoir des pierres de touche pour la foi et le coeur, - les épîtres de Jean en sont remplies, - mais l'Esprit de Dieu ne conduit jamais quelqu'un à douter que Dieu soit pour lui.
Il peut travailler, et sûrement il le fera, dans quelqu'un qui s'est détourné du Seigneur, afin de le ramener; il peut nous faire sentir notre faiblesse; mais ce n'est nullement sa manière d'agir que de produire le doute dans l'âme; et lorsque nous nous livrons à la défiance, c'est toujours un signe que la chair est à l'oeuvre, «convoitant contre l'Esprit.»

Partout où est l'Esprit de Dieu, il tend à rendre l'homme capable de s'humilier entièrement, et de juger la folie de la chair et d'y renoncer. Il y a, et il doit y avoir, réalité, et zèle, et sincérité, dans la présence de Dieu. «Je suis riche, et je suis dans l'abondance, et je n'ai besoin de rien.» Mais l'Esprit de Dieu déclare que ce n'est là que présomption charnelle, le coeur ne connaissant pas son dénuement, et refusant la grâce. Il y avait eu une chaleur momentanée qui avait rendu cet état aussi odieux au Seigneur. Mais c'est là précisément ce que font les hommes qui parlent de l'Église de l'avenir. Selon eux, les premiers temps sont l'enfance de l'Église; ensuite elle est devenue un grand méchant enfant; et maintenant ils attendent une Église de l'avenir où l'homme ne sera plus sujet, mais agira pour lui-même, - agira comme un homme. - Hélas! à quoi toutes ces aspirations n'aboutiront-elles pas? car Dieu sera laissé complètement en dehors de la prétendue Église, et on se sera débarrassé de son autorité. Tel est l'esprit qui maintenant travaille sur une vaste échelle. Et les enfants de Dieu sont tièdes à l'égard d'une oeuvre pareille? à l'égard de l'exclusion de la vérité de Dieu?

Souvenez-vous de ce que le Seigneur dit ici: «Je m'en vais te vomir de ma bouche.»
Ce serait une erreur grossière de supposer qu'il n'y avait pas de chrétiens parmi eux. Mais ce n'est pas d'individus qu'il s'agit, mais de l'assemblée, et comme telle le Seigneur déclare qu'il la vomirait de sa bouche. On ne peut se rassembler en grandes masses sans que l'esprit de Laodicée en résulte, s'il n'est pas aussi la source d'un rassemblement de ce genre.
De nos jours, l'Esprit de Dieu ne rassemble pas avec une grande puissance, et que le Seigneur soit béni, si quelques-uns se réunissent autour de son nom! Que les enfants de Dieu se souviennent qu'ils doivent répondre au Seigneur Jésus-Christ, qu'ils soient ou non représentés par Laodicée, qu'ils tiennent pour Christ ou pour ce qui porte simplement le nom de Christ, comme un voile pour l'indifférentisme. Néanmoins le Seigneur ne les abandonne pas:
«Je te conseille, dit-il, d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu,» etc. (vers. 18).
En général, l'or est le symbole de ce qui est divin, de la justice divine; et le vêtement blanc, ou de lin, désigne la justice des saints, comme nous le voyons par le chap. XIX. La justice divine était sortie de leurs pensées: ils n'appréciaient ni la justice de Dieu, ce qu'un chrétien est fait en Christ, ni la justice pratique à laquelle mène l'Esprit. Aussi leur conseille-t-il d'acheter de lui l'or véritable et des vêtements blancs, afin qu'il y eût la sainteté qui leur convenait devant les autres.

«Et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies.»
Là était le secret. Ils ne voyaient rien comme il faut, pas même le besoin qu'ils avaient de la justice divine. «Pour moi, je reprends et châtie tous ceux que j'aime; aie donc du zèle et te repens» (vers. 19). Tenez pour certain que c'est là ce que la voix du Seigneur fait entendre aujourd'hui. Ici, hélas! c'était ce dont les Laodicéens avaient besoin. Le Seigneur s'occupe des siens: il place constamment devant eux quelque chose de nature à leur donner d'humbles pensées d'eux-mêmes, et ne leur dit pas de faire ou d'entreprendre quelque oeuvre nouvelle, mais les appelle «à se repentir.» Il ne leur demande point de déployer leurs ailes pour un essor plus grand vers l'avenir, mais d'examiner où ils en sont et de se repentir.

Souffrir pour Christ et avec Christ est un privilège beaucoup plus élevé que de faire quelque chose. Quand l'apôtre Paul demande: «Que ferai-je?» le Seigneur répond, «Je te montrerai combien tu dois souffrir,» etc. C'est là ce que le Seigneur apprécie tout particulièrement, - non pas nos souffrances comme hommes, mais nos souffrances pour Christ.

Ici c'étaient des personnes aussi dégradées qu'orgueilleuses, qui étaient invitées à avoir du zèle et à se repentir, à s'humilier devant Dieu au sujet de leur triste condition. Mais le Seigneur fait entendre aussi une parole de grâce, «Voici, je me tiens à la porte et je frappe» (vers. 20).
C'est pourtant une chose bien solennelle que le Seigneur fût là, prenant ainsi la position de quelqu'un qui est dehors. Néanmoins il était prêt à entrer où il trouvait une âme sincèrement à lui. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui,» etc.
Est-il nécessaire de dire que ceci ne s'adresse point au monde pour ceux qui doivent être sauvés? En Jean X, le Seigneur se présente dans une grâce parfaite, disant: «Je suis la porte: si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé,» etc.
Mais ici c'est à l'Église qu'il parle. Il n'avait point de sympathie pour leur contentement d'eux-mêmes. Il se tenait dehors, frappant à la porte pour le cas où il se trouverait dedans, un coeur qui ne serait pas trop occupé des circonstances, choses et personnes, et qui lui ouvrirait.
A quelqu'un de tel, il dit: «J'entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi.» Mais en tout cela il ne s'agit que des individus. En présence d'un complet abandon de la vérité, devons-nous dire: «Il n'y a point d'espérance?» Nullement: le Seigneur se tient à la porte et il frappe. Il est possible qu'il n'y en ait pas beaucoup qui répondent à son appel, mais il y en aura quelques-uns, et voici la promesse:
«Celui qui vaincra, je lui donnerai de s'asseoir avec moi sur mon trône, comme j'ai vaincu, et je me suis assis avec mon Père sur son trône.»

On se trompe en supposant que c'est là une promesse comparativement glorieuse: nous sommes portés à penser ainsi, parce que naturellement nous attachons du prix à l'éclat. Mais, ce n'est pas la puissance que Dieu estime le plus. Son saint amour manifestant son caractère divin, surtout dans l'abaissement de Christ descendant jusqu'à l'homme et mourant pour lui, - voilà, plutôt que la puissance ou la gloire, la mesure selon laquelle il faut apprécier. Il lui était infiniment plus facile de faire mille mondes que de donner son Fils pour qu'il souffrît.
Je ne mets pas en doute tout ce que renferme de grâce une telle, promesse faite au vainqueur de Laodicée, nonobstant un mal pareil, mais notre association avec Christ dans le royaume ne constitue pas la plus grande bénédiction dont nous sommes appelés à jouir. Et la promesse dont il s'agit ne.va pas au-delà. Ce que nous aurons avec Christ et en Christ lui-même est beaucoup plus précieux. En Jean XVII, 23, le Seigneur fait voir que la manifestation de la gloire a pour but sa justification devant le monde. Toute la gloire qui doit être révélée dans l'avenir est destinée à être une preuve pour le monde, afin qu'il connaisse que le Père nous aime comme il a aimé son Fils. Mais pour nous, nous sommes autorisés à le savoir à présent par le Saint-Esprit. Nous n'avons pas attendu jusqu'alors pour connaître cet amour qui nous a donné la gloire, - bénédiction plus profonde que la manifestation au monde, ou que les trônes dans le royaume. L'affection personnelle du Seigneur pour les siens est une portion meilleure que tout ce qui doit être déployé devant les hommes ou les anges.

Le Seigneur termine ici ce qui est relatif aux églises: il était arrivé à la dernière phase. La sagesse de Dieu nous a donné dans ces chapitres ce qui n'exige pas, pour être compris, une grande mesure d'intelligence. Tout ce qu'il faut, c'est d'avoir l'oeil fixé sur Christ.
Outre les messages destinés aux églises locales du temps de saint Jean, nous avons vu dans ces épîtres une esquisse de toute l'histoire de l'Église jusqu'à la venue du Seigneur. Car, à proprement parler, ce ne sont pas les lettres adressées par ordre du Seigneur aux sept églises, mais les églises elles-mêmes et leurs anges qui constituent «les choses qui sont», c'est-à-dire la condition actuelle des choses aux jours de Jean.
Tout en étant originairement rattachées aux faits qui existaient alors, les épîtres vont bien au-delà, et s'étendent par une application morale prolongée jusqu'au temps où il n'y a plus d'assemblée reconnue, la dernière (quoiqu'il y ait eu de la miséricorde pour les individus) ayant été sommairement rejetée par le Seigneur, dans son caractère de témoignage public. Après cela, il n'est plus jamais fait mention des églises sur la terre. Au contraire, la toile s'abaisse, et c'est une scène entièrement nouvelle qui s'offre à nos regards.
Le voyant ne se tourne plus pour voir Celui qui parlait derrière lui sur la terre, mais il entend la même voix en haut, dans le ciel, où il est maintenant invité à monter.
Le gouvernement du monde de la part du trône dans le ciel, les circonstances et les faits qui l'accompagnent et qui en résultent, telles sont les choses qui se déroulent quand la période assignée à la condition de l'Église a pris fin.

Nous trouvons des saints dans le caractère individuel, soit parmi les douze tribus d'Israël, soit issus de toutes les nations mentionnées comme telles, mais cela ne fait que rendre le contraste encore plus frappant. Désormais, quand ils sont un peu particulièrement désignés, ils sont nommés comme Juifs et comme Gentils, à cause qu'il n'y avait plus d'Église sur la terre; car la signification et l'essence même de l'Église est qu'il n'y a ni Juif ni Gentil, parce qu'ils sont tous un en Christ, Je crois que les détails des sept épîtres renferment l'instruction pratique la plus grande, Il est vrai que l'Esprit les adressait aux églises; mais «celui qui a des oreilles, a expressément ordre de faire attention, et cela, aux appels du Seigneur envoyés à eux tous.


NOTE.

Il peut être bon, maintenant que nous connaissons la portée des sept épîtres, de signaler les objections faites par l'évêque Newton contre leur signification la plus large. «Plusieurs prétendent, et parmi eux des hommes aussi savants que More et Vitringa, que les sept épîtres constituent une prophétie d'autant de périodes successives, et d'états de l'Église, depuis le commencement jusqu'à la fin de tout. Mais il ne paraît pas qu'il y ait, ou qu'il doive y avoir, sept périodes de l'Église, ni plus ni moins.
Ces épîtres renferment aussi plusieurs caractères internes qui étaient particuliers à l'église de cet âge, et ne peuvent s'appliquer aussi bien à celle de quelque autre temps. Entre autres arguments contre cette manière de les entendre, il y a aussi cette raison évidente, que ce même livre décrit le dernier état de l'église comme le plus glorieux de tous, tandis que dans le dernier état que nous présentent ces épîtres, l'état de Laodicée, l'Église est représentée comme «malheureuse, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nue» (oeuvres de Newton, vol. 1, p. 549, éd. 1782).


Maintenant, il est clair que ces mots: «il ne paraît pas» sont plutôt une assertion qu'une preuve. Pourquoi ne paraît-il pas?
D'autres pourraient faire la même objection, et peut-être avec tout autant de force, contre les sept sceaux, les sept trompettes, et les sept coupes. Il a plu à Dieu de spécifier dans chacun de ces cas sept points saillants, pour ainsi dire, comme son récit complet de chacun.

«Les principaux sujets de ce livre», venait précisément de remarquer l'Évêque, «sont composés, de sept, sept églises, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes; selon que le nombre sept était aussi un nombre mystique dans tout l'Ancien Testament.»
Si cette réponse est satisfaisante pour les sept coupes, pourquoi ne l'est-elle pas pour les sept épîtres? Sans doute, il peut falloir plus de spiritualité pour un juste discernement dans le dernier cas que dans le premier, une de ces deux séries se rapportant à des jugements extérieurs dans le monde, tandis que l'autre prend connaissance de telles et telles conditions spirituelles remarquables, bonnes on mauvaises, dans l'histoire de l'Église comme le Seigneur a trouvé bon de les signaler. Aussi pouvait-on, à priori, s'attendre à trouver parmi les chrétiens une plus grande divergence de jugement dans leur manière d'appliquer Apoc. II et III,  que dans leurs vues à l'égard des autres parties du livre.

Lors même donc que ce que dit Newton sur le manque d'accord touchant les diverses périodes de l'Église, serait véritable, le principe général n'en demeurerait pas moins ferme. Mais tel n'est point le cas: et il y a un accord frappant à l'égard des trois ou quatre premières églises.
Naturellement, nous n'insistons pas sur cet accord comme s'il devait faire le moins du monde autorité, mais comme une réponse suffisante à l'accusation de désespérante divergence mise en avant par l'évêque Newton. Il serait facile de répliquer par les systèmes si contraires d'interprétation des sceaux, des trompettes et des coupes. Il est singulier, cependant, que l'Évêque rende témoignage dans la page suivante à la signification mystique de l'épître à Smyrne. Car «l'affliction de dix jours» est expliquée là de la plus grande persécution que l'Église primitive ait jamais endurée, la persécution de Dioclétien qui dura dix ans, et affligea cruellement toutes les églises orientales.
Sentant qu'une telle application, non pas dans les promesses qui s'y rattachent, mais dans le corps de l'épître, est fatale à l'application exclusivement littérale qu'il en fait, l'Évêque admet là-dessus que «la partie relative aux promesses ou aux menaces prédit quelque chose de leur condition future», et affirme que «dans ce sens, mais non pas dans un autre, ces épîtres peuvent être appelées des épîtres prophétiques (p. 550.).

Mais comment s'arrêter là, une fois que vous reconnaissez, comme il le fait pour l'épître à Smyrne, une portée qui s'étend au-delà de l'Église purement locale de ce temps, une fois que vous y faites entrer tout l'Orient, et que vous reportez sa date au commencement du quatrième siècle? Et certes, cette terrible persécution ne fut pas limitée en Orient, car tout l'empire, sans en excepter l'Espagne et la Bretagne, se souilla du sang chrétien.

Si le principe est vrai dans une de ces épîtres, pourquoi ne le serait-il pas dans toutes? Et, de fait, le déclin général n'est-il pas signalé aussi clairement dans la lettre à Éphèse,que la persécution l'est dans celle à Smyrne? Et Pergame ne décrit-elle pas les influences corruptrices de l'exaltation mondaine de l'Église, d'une manière aussi manifeste que Thyatire exprime l'orgueilleuse et obstinée fausse prophétesse du papisme?
Sans doute, le caractère peu satisfaisant que notre Seigneur rattache à Sardes doit être pénible et embarrassant pour ceux qui ne voient que le protestantisme ordinaire et son honnête orthodoxie. Et peut-être voit-on encore avec plus de déplaisir un autre témoignage subséquent au protestantisme, qui place, ceux qui le portent dans la faiblesse et le mépris, en dehors du monde religieux, avec la venue de Christ comme leur bénie et encourageante espérance. Mais il est évident que le tableau de la dernière assemblée, dans sa déplorable tiédeur et le rejet qu'en fait le Seigneur, était la grande difficulté pour l'évêque Newton, à cause de son incompatibilité avec sa théorie touchant le dernier état de l'Église, «décrit dans ce livre même comme le plus glorieux de tous.»
Mais c'est là une erreur complète. L'Apocalypse ne décrit jamais l'Église sur la terre après Laodicée.

La glorieuse description à laquelle fait allusion l'Évêque est probablement celle que nous trouvons en Apoc. XIX-XXII, où l'Église tout entière est glorifiée en haut. En un mot, cette raison est évidemment sans force.
L'épouse de l'Agneau doit régner, mais cela n'est point en contradiction avec le témoignage solennel de l'épître à Laodicée, que le dernier état de la chrétienté ici-bas doit être comme celui d'Israël avant elle «pire que le premier.» Le témoignage général du Nouveau-Testament tout entier confirme le témoignage porté par cette portion particulière, comme cela ressort de Luc XVII, 26-37; 2 Thess. II, 1, 12; 2 Tim. III 1-5; 2 Pier. II, III; 1 Jean II, 18; Jude 11-19.

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