Vers
8-11 - A Éphèse,
nous avons vu l'Église abandonner sa
première position. L'état qui suit
est d'une nature différente. L'Église
de Smyrne est dans la détresse; les saints
de Dieu souffrent. Ils ont pensé
peut-être que la terrible persécution
qui leur était survenue était quelque
chose d'étrange: mais il est plus vrai, au
contraire, que le coeur du Seigneur est
contristé par un chrétien qu'il
laisse exempt de souffrance pour son nom. Le
Seigneur avait lui-même connu la tribulation
au plus haut degré: mais, dans son cas,
ce n'était que l'épreuve du bien qui
était en lui et la manifestation de sa
perfection. Et tout pauvres que nous sommes, nous
pouvons aussi connaître l'épreuve
indépendamment du mal qui est en nous.
Dans les châtiments qu'il
dispense à un chrétien, le Seigneur a
deux sortes de motifs: ou bien c'est parce qu'il y
a quelque chose de mal, ou qu'il y a danger de
mal, danger peu senti par le chrétien. Lorsque
David fut hors de sa tribulation il tomba dans un
piège; et c'est quand il se trouva dans la
détresse qu'il épancha son
coeur, sous l'inspiration du Saint-Esprit bien
entendu, en ces doux accents que nous lisons
aujourd'hui avec tant de charme. Il est dangereux
pour l'âme de désirer sortir de
l'épreuve. Le but de l'épreuve
peut être de nous montrer ce que nous sommes
en réalité, ou, ce qui vaut mieux, de
prouver ce que Dieu est pour nous, et ce qu'il nous
est: mais elle est aussi envoyée pour nous
empêcher de tomber dans le
péché, et, dans son amour, le
Seigneur détourne souvent de cette
manière le mal qu'Il voit et que nous ne
voyons pas.
Je ne doute point qu'il y ait une autre
espèce de souffrances plus profondes, savoir
la communion avec les souffrances de Christ, qu'il
ne faut pas confondre avec la fidèle
discipline du Seigneur, quoiqu'elles puissent, je
pense, être trouvées parfois
réunies.
Il semble qu'à Smyrne le Seigneur veut
pourvoir à ce déclin du premier amour
qui était survenu, et dans ce but il envoie
la tribulation. Une telle conduite de sa part,
grâces lui en soient rendues, n'est pas
extraordinaire, car il est bon et fidèle. Et
dans quel caractère parle-t-il à
cette église? «Le premier et le dernier
qui a été mort et
qui vit, dit ces choses.»
Avant tout, son titre est celui d'une personne
divine. Ici l'Esprit réclame pour
Jésus ce qu'Esaïe avait auparavant
réclamé pour Jéhovah.
(Es.
XLI. 4.) Et qu'y avait-il
qui ne pût point être revendiqué
pour Lui, pour celui «qui a été
mort et qui vit?» Quelle consolation pour ceux
qui étaient dans l'épreuve. Qui
est-ce qui s'adresse à eux dans leur
affliction? Celui qui s'était trouvé
au plus profond de la souffrance et avait
passé par la mort elle-même; Celui qui
était le Premier et le Dernier, et qui avait
formé toutes choses. C'est Celui qui avait
été mort et qui de nouveau
était vivant. Et c'est auprès de
celui-là même que dans mon
épreuve j'ai à me réfugier.
Cela fait voir quel rapport il y a entre la
résurrection des morts et la consolation de
ceux qui sont dans l'épreuve (Comparez 2
Cor. I-V.).
Jésus était Dieu, mais il
était homme aussi. Il fut l'homme
éprouvé par la souffrance, et il
était l'homme triomphant, et comme tel il
était capable de les consoler dans leur
affliction. «Je connais tes oeuvres et ton
affliction, et ta pauvreté (mais tu es
riche), et l'outrage de ceux qui se disent
être juifs et qui ne le sont pas, mais qui
sont la synagogue de. Satan»
(vers.
9.). Le mot «juif»
est pris ici dans un sens figuré.
C'était le nom de la nation qui avait
été connue anciennement comme le
peuple de Dieu, au dessus de tous les autres; et
ces symboles étaient empruntés
à l'Ancien-Testament. Il semble que
celui-ci désigne des
personnes qui, ayant pris position d'enfants de
Dieu, étaient retournés à leur
religion héréditaire.
D'un côté, il y avait cette
détresse extérieure que le Seigneur
permettait pour leur bénédiction, et
de l'autre, il y avait des gens qui professaient
les principes juifs
(Phil.
III, 2.). Mais le Seigneur
dit: «Ne crains rien des choses que tu vas
souffrir.» «Ne vous occupez point de ce
que l'on dit, ni de ce que l'on fait contre vous.
«Voici, le diable va jeter quelques-uns de
vous en prison, afin que vous soyez
éprouvés.» C'est ainsi que, par
la grâce de Dieu, l'ennemi lui-même est
employé comme instrument pour le bien des
enfants do Dieu dans les persécutions qu'il
soulève contre eux.
D'un autre côté, il n'y a rien qui
serve plus efficacement à Satan pour les
détourner, qu'une espèce de
tranquille, commode demi-christianisme. Que Dieu
garde les siens d'avoir deux visages, deux
caractères, en sorte qu'il ne leur arrive
jamais d'être mondains avec les mondains, et
de prendre ensuite l'air et le langage d'un
chrétien avec ses frères!
Ce n'est pas pour le Seigneur une chose nouvelle
que de faire ainsi concourir à la
bénédiction de ses saints les efforts
et l'inimitié de Satan. La même chose
se voit dans le cas de Job: et même
l'épreuve de ce serviteur du Seigneur fut
beaucoup plus profonde. A chacun de ces assauts
successifs de la part de Satan, Job conserva son
intégrité et bénit le
Seigneur; mais le Seigneur fit
connaître Job
à Job lui-même -
précisément la chose qui était
nécessaire pour qu'il réalisât
la bénédiction de lâcher le moi
pour le Seigneur. Ensuite il lui montra Dieu, et
à la fin Job fut aussi profondément
consolé qu'il s'était
profondément abaissé.
Job ne pensait point qu'il était trop
occupé de lui-même; et c'était
précisément cela que Dieu avait
à lui montrer. Il aimait à rappeler
le temps où les fruits de la
piété qui se manifestaient en lui
attiraient le respect et l'estime des hommes. Mais
Dieu lui montra combien c'était une chose
mauvaise de regarder aux effets de la grâce
en lui-même ou sur les autres. Ce que
l'ennemi de Dieu et de l'homme ne put point
effectuer, les amis de Job le firent.
Il avait pu tenir ferme contre les tentations de
Satan, mais il fut provoqué à la
folie par ses amis venus pour prendre part à
sa douleur, et qui donnèrent leurs
malencontreux avis. Quand quelqu'un parle beaucoup
de la grâce, on peut être sûr
qu'il n'en est pas entièrement rempli. Job
même dut être mis dans la fournaise
pour découvrir qu'il y avait en lui beaucoup
d'autres choses que la grâce. Mais quoique
Satan l'eût tenté sans succès,
et que ses amis l'eussent seulement
provoqué, quand le Seigneur intervient, Job
est aussitôt complètement
humilié. Il se voit à la
lumière de la présence de Dieu, et
s'écrie: «Mon oeil t'a vu. C'est
pourquoi j'ai horreur de moi-même, et je me
repens sur la poudre et sur la cendre.»
Mais la fin du Seigneur est pour
le moins aussi bonne que son commencement. Il est
toujours miséricordieux et plein, de tendres
compassions. C'est lorsque Job ne pense plus rien
de lui-même que la grâce prend
véritablement son cours, et qu'il prie pour
ses amis. «Et l'Éternel tira Job de sa
captivité quand il eut prié pour ses
amis.»
Smyrne succède à
Éphèse. Comme je l'ai
déjà donné à entendre,
l'Église de Smyrne s'appliquerait, à
mon avis, au temps où l'Église fut
appelée à passer par la tribulation
qui suivit l'époque apostolique - les
persécutions infligées aux
chrétiens par les empereurs romains, etc.
Voici, le diable va jeter quelques-uns de vous en
prison, afin que vous soyez éprouvés:
et vous aurez une affliction de dix jours»
(vers.
10.). Les souffrances des
chrétiens, la manière dont ils
moururent pour Christ sont les quelques points
lumineux, les quelques brillantes manifestations de
la vie dans le deuxième siècle et au
commencement du troisième.
«Sois fidèle jusqu'à la mort et
je te donnerai la couronne de vie»
(vers.
10.). C'est une doctrine
importante que celle qui est relative à la
diversité de gloire réservée
aux serviteurs de Dieu. Car, tandis qu'il est
essentiel de maintenir que la même
grâce qui a pardonné le brigand sur la
croix est précisément celle-là
même qui a sauvé Paul de Tarse, ce
serait néanmoins une grande erreur de
supposer que le brigand aura, dans la gloire, la
même récompense que
saint Paul. Cependant, nous ne devons point
être effrayés en entendant dire au
Seigneur: «je connais tes oeuvres:» car
quoique les vaisseaux qui doivent contenir la
bénédiction puissent ne pas avoir une
capacité égale, la petite coupe se
trouvera aussi pleine que la grande, et pleine, si
je puis m'exprimer ainsi, des mêmes
matériaux de joie et de
bénédiction.
Dans l'état de gloire, il ne sera
naturellement plus question d'épreuve, de
fidélité ou
d'infidélité. Mais il existe des
différences spirituelles avant que nous y
soyons, et lorsque nous y serons, les distinctions
dans le royaume de Christ répondront au
caractère et à la mesure du service
accompli ici-bas, quoique il faille réserver
aussi la souveraineté de Dieu.
Puis venait la parole suivante de consolation bien
appropriée aux fidèles de Smyrne:
«Celai qui vaincra n'aura point à
souffrir de la seconde mort»
(vers.
11.).
Ne craignez point la première mort: elle
n'est qu'une servante pour vous introduire dans la
présence de Dieu, La seconde mort ne vous
touchera point. Le Seigneur est comme ce bois de
jadis qui fut jeté dans les eaux de Mara: Il
est descendu pour nous dans les eaux les plus
amères de la mort qui ont été
par là changées pour nous en eaux
douces et rafraîchissantes.
Versets
12-18. - Ici le Seigneur
s'annonce à
l'Église de Pergame comme celui qui
était armé de la puissance qui scrute
toute chose par la parole de Dieu, la parole de
jugement.
Dans l'Apocalypse, l'épée aiguë
est au commandement du Seigneur Jésus comme
l'instrument du jugement. Ce que fait
l'épée dans la main de l'homme, la
parole pénétrante de jugement le
fait, et le Seigneur l'applique avec puissance:
elle décide toutes les questions qui ont
à faire avec lui. Il y a toujours un grand
et beau rapport entre l'aspect ou le titre sous
lequel le Seigneur se présente et
l'état de l'église à laquelle
il s'adresse.
C'était parce que la parole n'avait plus
dans l'Église cette énergie vivante
de jugement, que le Seigneur Jésus prend
soin de montrer qu'elle n'avait jamais perdu son
efficace entre ses mains. Comme la première
église nous présente le déclin
déjà entré même dans les
jours de l'apôtre Jean, et Smyrne le temps
des persécutions de la part des païens,
de même nous avons ici un état de
choses tout à fait différent.
Pergame est la scène du pouvoir de Satan
pour flatter et séduire, pouvoir dont il fit
usage aussitôt après que la violence
de la persécution se fut
épuisée. Ce plan de l'ennemi
était plus dangereux que le second; car
lorsque nos coeurs sont poussés à
quelque chose de mal, rien ne prouve mieux que Dieu
est contre nos voies que le fait qu'il nous
abandonne à notre volonté.
«Ephraïm s'est associé aux idoles,
abandonne-le.» Dans le cas de Smyrne,
c'était tout le contraire: là le
Seigneur arrêtait la
puissance de Satan au moyen de la
persécution du dehors que Dieu faisait
servir à empêcher les progrès
de la corruption au dedans.
Après cela, le Dieu de ce monde promit aux
chrétiens toute sorte d'avantages mondains.
L'empereur lui-même offrit de devenir
chrétien, quoiqu'il différât le
baptême jusqu'à son lit de mort. Rien
ne prouve avec plus d'évidence combien
l'Église était entièrement
déchue, et combien elle s'était
éloignée du nom du Seigneur, que son
acceptation des conditions de l'empereur et du
patronage du monde. Ceux même qui
étaient sauvés avaient perdu
complètement de vue ce qu'était
l'Église, comme n'appartenant pas au monde,
mais étant du ciel. L'empire romain
était essentiellement la puissance du monde.
L'Église avait été
appelée pour être le témoin
vivant de deux grandes choses: premièrement,
de l'amour de Dieu, et secondement, de la ruine du
monde.
Mais quand nous voyons l'Église donner la
main au monde, tout est fini, et l'Église
tombe tout droit dans l'esprit de ce siècle.
Si sous quelques rapports il y a gain pour le monde
en cela, il y a perte pour l'Église en toute
manière; et il ne faut point s'en
étonner; car c'est au prix de la
volonté et de la gloire de Christ. C'est
bien «le trône» de Satan qui est le
sens de la phrase. Le terme original est le
même que celui qui est employé pour
«siège» aussi bien que pour
trône dans d'autres portions de
ce même livre; mais ici
c'est bien proprement un «trône,»
parce qu'il est parlé de Satan sous le
rapport de l'autorité. Il est évident
que tout cela décrit d'une manière
exacte l'état des choses au temps de
Constantin.
Au lieu d'être sur le bûcher et dans la
souffrance pour Christ, l'Église
était maintenant unie au monde dans une
simple profession de christianisme; car, comme le
monde ne pouvait pas s'élever
réellement jusqu'à elle, elle dut
descendre au niveau du monde. Rien
d'étonnant que là dessus le Seigneur
dise: «Tu habites là où est le
trône de Satan.» Néanmoins, il
reconnaît tout ce qu'il peut, même
là où se trouve cette
misérable association - son assemblée
habitant là où est le trône de
Satan.
Ces chrétiens tenaient encore ferme son nom
et n'avaient pas renié la foi qui avait
sauvé leurs âmes; mais c'était
tout. Ils venaient précisément de
sortir de la grande persécution dans
laquelle Antipas avait été mis
à mort. Mais à présent au lieu
de souffrir, l'Église de Pergame habitait
tranquillement avec le monde. Comme Lot, ils
affligeaient aussi leurs âmes justes à
cause de l'impiété de ceux au milieu
desquels ils vivaient.
En conséquence, le Seigneur met en avant les
choses à l'égard desquelles il avait
à les avertir. «Tu as là des
gens qui tiennent la doctrine de Balaam»
(Vers.
14.). Quel est le trait
principal que nous apercevons en Balaam? Sa
cupidité le conduisit à frayer avec
le méchant roi de Moab et à le servir
en maudissant le peuple de Dieu.
Après que Dieu lui a donné une
réponse, il n'en va pas moins encore une
seconde fois vers Dieu, parce que son coeur voulait
suivre son propre chemin.
Et c'est une chose bien solennelle de voir que si
Dieu vous abandonne, vous pouvez obtenir ce que
vous désirez.
Plus tard, Balaam tombe dans un mal encore pire.
C'était certes un homme dont le coeur
n'était pas avec Dieu. Il dit quelques
choses vraies, mais il n'avait pas son esprit
à ces choses. Il parle toujours de dehors,
pour ainsi dire, comme un homme misérable,
loin de la bénédiction qu'il voyait.
«Je le vois, mais non pas maintenant; je le
contemple, mais non pas de près.» II
poursuit ainsi pas à pas, jusqu'à ce
qu'il se prête à être le
corrupteur, par le moyen du monde, même des
élus de Dieu. C'est ainsi qu'il en fut de
l'Église.
Les philosophes eux-mêmes commencèrent
à s'occuper de la vérité
chrétienne, et nous trouvons dans les
écrits des Pères une grande partie de
ce que nous avons ici. Ce que la fornication est
dans les choses morales, le commerce illicite des
chrétiens avec le monde le fut dans les
choses de Dieu. Il y eut, je n'en doute pas, des
témoignages dont on ne fit que
très-peu de cas, sauf dans le ciel; mais un
des hommes qui exercèrent l'influence la
plus étendue et la plus durable, Augustin,
était véritablement un saint de Dieu,
et quoique ce ne soit pas beaucoup dire, la plus
grande lumière de l'Église
d'occident. Il avait tenu ferme le
nom de Christ et n'avait point
renié sa foi. Tout le monde est d'accord que
ces épîtres s'appliquaient dans
l'origine aux églises auxquelles Jean
écrivait: mais beaucoup ne voient pas
qu'elles s'appliquent aussi aux différentes
périodes de l'Église et en
décrivent les divers états
successifs.
La doctrine des Nicolaïtes paraît
être un mal du dedans,
comme celle de Balaam en était plutôt
un du dehors. C'était maintenant
érigé en principe et en doctrine. La
lettre à Éphèse parle des
oeuvres des Nicolaïtes; mais la chose alla
plus loin et plus profond. C'était une
corruption de la grâce, un changement de la
grâce en dissolution. Rien de plus terrible
que cet abus de la grâce par ceux qui la
connaissent et qui la prêchent. Et si nous
sondons nos coeurs et nos voies, nous
reconnaîtrons que c'est là ce que nous
sommes tous enclins à faire. Le Seigneur
nous a complètement rendus libres par la
mort de son Fils, et quel droit cet amour ne
possède-t-il pas sur nos coeurs? Ne nous
arrive-t-il pas fréquemment d'en agir avec
la grâce de Dieu envers nous, de la
même manière que nos enfants en
agissent à notre égard dans leur plus
grand endurcissement, quand ils considèrent
tout comme affaire de droit? Quoique la
créationait
été assujettie à la
vanité par suite du péché
d'Adam, il n'y a pas cependant de mal moral
rattaché aux bêtes, etc. Mais il n'en
est pas de même pour l'homme. Connaissant le
mal, il ne laisse pas de continuer à vivre
dans le mal; et même après que nous
avons obtenu la certitude de la délivrance,
si la joie du salut a passé en quelque
mesure nous nous mettons à faire servir la
grâce du Seigneur à notre propre
satisfaction. C'est là quand on poursuit
sans conscience dans cette voie, ce qui constitue
le Nicolaïsme. Dieu entendait que sa
grâce nous liât complètement
à lui-même. Nous pouvons voir une
personne tomber dans le mal, et c'est là,
certes, une chose bien triste chez un
chrétien; mais il y a une bien plus grande
quantité de choses mauvaises que les autres ne
voient
pas.
Dieu nous fournit l'occasion de nous juger nous-
mêmes, quand personne d'autre,
peut-être, ne sait rien du mal que nous
jugeons en nous. Si nous ne le jugeons pas, alors
la fin ici-bas est que le monde nous juge; et nous
pouvons tenir pour sûr, qu'il faut qu'il y
ait eu une masse énorme de mal secret, pour
que Dieu permette que nous fassions une chute telle
que le monde même juge notre conduite comme
mauvaise. Mais il ne faut pas nous
décourager. C'est justement là
où la vérité est
prêchée et retenue avec le plus de
fidélité, que Satan s'efforcera
d'introduire la pire des hérésies
pour attirer l'opprobre sur le témoignage de
Dieu. Si un homme tombe du
faîte le plus élevé, sa chute,
naturellement, sera d'autant plus terrible, comme
aussi elle sera beaucoup plus manifeste pour le
monde, que s'il était simplement
tombé dans la plaine.
Le Seigneur ne dit point: «je combattrai
contre toi par l'épée de ma
bouche,» mais «contre eux»
(verset
16). A la
vérité, l'épée du
jugement peut agir en ôtant par la mort les
membres de l'Église, comme cela eut lieu
pour les saints de Corinthe qui furent jugés
par le Seigneur ici-bas, afin que plus tard ils ne
fussent pas condamnés avec le monde. La
discipline chrétienne n'a pas pour but
d'ôter ceux qui ne sont pas chrétiens
du milieu de ceux qui le sont; mais en
l'exerçant, l'assemblée envisage
plutôt sa purification de chrétiens
qui marchent mal, afin de maintenir dans son sein
l'honneur et la sainteté du Seigneur. La
miséricorde est le grand motif de la
discipline, après le maintien du
caractère de Christ dans l'Église.
C'est le fond des voies du Seigneur envers nous, et
certainement il en devrait être ainsi de nous
à l'égard des autres.
Le mélange de l'Église avec le monde
eut pour conséquence immédiate
d'isoler le chrétien fidèle.
L'Église n'est devenue invisible que par le
péché. Ce n'était pas
l'intention de Dieu, non plus que selon son coeur,
qu'elle le fut jamais, quoique je croie que tout a
été permis et ordonné avec
sagesse. Dieu ne fit point une lumière pour
qu'elle fut cachée, mais pour qu'elle fut
mise sur un chandelier.
Néanmoins le fait était tel
désormais: le catholicisme régnait,
si vous prenez le point de vue à longue
portée, et bientôt frayait la voie au
papisme.
Au saint dont le coeur est sincère au milieu
de cette ruine et de cette confusion «Je
donnerai, dit Jésus, à manger de la
manne cachée»
(verset
17). La manne
représente Christ lui-même, tel qu'il
descendit du ciel et prit une place d'abaissement
dans le monde. C'est la place que Christ prit
ici-bas qui est rappelée à ceux qui
se laissaient glisser dans le monde. La manne cachée
a trait à l'usage qui fut fait de la manne
pour l'arche: on en porta dans le lieu saint une
certaine portion comme mémorial devant
Dieu.
Le sens de cette promesse n'est pas simplement que
nous participerons en Christ, et pour en jouir avec
lui, à toute sa gloire, selon qu'il est
exalté en haut, et qu'il sera
manifesté devant le monde; mais que Dieu
nous donnera une communion spéciale avec
Christ tel qu'il était ici-bas. Ce qu'il y
aura de particulièrement doux dans la
gloire, ce sera de sentir que le Bien-Aimé
qui nous aura introduits dans toute la jouissance
et toute la paix du ciel, est celui-là
même que nous avons connu dans tout son
sentier et sa réjection dans ce monde, avec
lequel nous y avons participé toujours ici
avec tant de faiblesse, nous nourrissant de Lui,
comme de notre portion même à
présent.
Le caillou blanc était la marque d'un entier
acquittement. Puissions-nous
regarder ainsi en avant à
Christ; et que Dieu nous donne de savourer ses
propres délices en son Fils, tel qu'il
était ici-bas dans sa position de
rejeté des hommes! Puissions-nous, de plus,
posséder le caillou blanc, la portion des
fidèles dans un état de choses, tel
que celui de Pergame, où l'Église et
le monde se réjouissaient ensemble.
Quand ils seront dans la gloire, ces fidèles
jouiront de la même nourriture qui les
soutient maintenant. Christ sera votre nourriture
même dans la gloire et vous aurez le caillou
blanc «et sur le caillou, un nouveau nom
écrit que nul ne connaît due celui qui
le reçoit;» c'est-à-dire
l'expression de la satisfaction du propre coeur de
Christ à l'égard de la manière
dont vous avez souffert pour lui et l'avez servi
ici-bas.
Assurément ce que le coeur appréciera
le plus, c'est ce que Christ donnera entre
lui-même et le coeur seulement - ce que nul
ne connaîtra que nous-mêmes et lui.
Puissions-nous posséder des marques de
l'amour que nous avons pour lui, lors même
que personne ne dût les connaître
maintenant que lui-même.
Verset
18. - Il se fait, dans ce
chapitre, un grand changement qui commence avec
l'épître à Thyatire. Dans les
trois premières églises
l'avertissement ( «que celui qui a des
oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux
assemblées» )
précède la promesse; mais les quatre
dernières possèdent
la promesse avant d'être invitées
à écouter.
Or, il doit y avoir une raison pour cela, une
raison sage et suffisante pour laquelle le
Saint-Esprit ait adopté dans les trois
premières épîtres un
arrangement uniforme, et s'en soit
écarté et en ait adopté un
autre aussi uniforme dans les quatre
dernières. Rien n'a lieu par hasard dans la
parole de Dieu.
Comme toutes ses voies envers l'homme ainsi que
toutes les oeuvres de la création portent
l'empreinte de son dessein dont il les a
revêtues lui-même, à plus forte
raison en est-il de même de cette parole qui
développe ses voies et manifeste sa gloire
morale.
Cette considération est pour nous d'une
importance pratique immense: car souvenons-nous en,
le secret de la force est dans une connaissance de
Dieu et de ses voies en Christ, enseignée
par l'Esprit. Entrer dans les pensées et les
sentiments de Dieu tels qu'ils sont
manifestés dans ce qu'il fait et ce qu'il
dit dans la révélation qu'il a
donnée lui-même de lui, et jouir de
ces pensées et de ces sentiments,
voilà ce qui gagne et garde le coeur du
croyant, le purifie et lui donne de la force.
Israël ne comprit pas les voies, et en
conséquence ne comprit jamais le coeur de
Dieu, et son propre coeur s'égara, comme il
est dit: «c'est un peuple dont le coeur
s'égare; car ils n'ont point connu mes
voies»
(vers.
angl.}. Moïse, au contraire,
appréciait le coeur de Dieu, et en
conséquence il est dit
à son sujet que «l'Éternel a
fait connaître ses voies à
Moïse.»
Dans les trois premières églises,
l'invitation à écouter est donc
adressée formellement à toute
l'assemblée dont il s'agit; mais dans les
quatre dernières, le changement de place qui
a eu lieu pour elle semble indiquer plus de réserve: le Seigneur ne
s'attend plus, pour
ainsi dire, à ce que quelqu'un
écoute, excepté ceux qui vaincront,
et à partir de là, cette classe est
distinguée du reste. Le mal avait maintenant
gagné le corps professant, et la promesse
n'est plus présentée et ne pouvait
plus l'être dans son ancienne forme qui ne
faisait aucune distinction. Nous recueillons de
celle qui survient ici qu'un résidu commence
à être de plus en plus clairement
indiqué.
Quelque chose d'analogue se présente
ailleurs. C'est ainsi que dans les paraboles de Math,
XIII, les trois
dernières sont incontestablement
distinguées des précédentes,
et s'adressent à un degré
supérieur de spiritualité.
Les quatre premières furent
prononcées dehors à la multitude, les
trois dernières le furent dans la maison aux
disciples seulement. Toutes les fois que nous
trouvons dans la Bible une série de
paraboles, de visions, ou de choses semblables
groupées ensemble comme le sont
celles-là, il y a d'ordinaire, pour ne pas
dire invariablement, une ligne de
démarcation entre celles qui commencent avec
une portée
générale, et celles
dont l'application devient plus spéciale et
plus restreinte à mesure que nous approchons
du terme. Cela est vrai d'une manière
frappante de ces épîtres
apocalyptiques, dont les quatre dernières
séparent les vainqueurs de la masse
infidèle qui les entoure. En un mot, la
formation d'un résidu fidèle, qui
d'abord n'était, je suppose,
séparé que d'une manière
morale du corps qui portait le nom du Seigneur,
maintenant, hélas! contrairement à la
vérité, devient de plus en plus
nette. En Thyatire, il semble que l'Esprit de Dieu
rend ce principe clair et pleinement manifeste,
comme il apparaîtra désormais.
Le Seigneur Jésus se présente ici
dans son caractère de Fils de Dieu, suivi
d'une description empruntée
généralement à la vision que
l'apôtre avait vue dans le chap.
I. «Écris aussi
à l'ange de l'assemblée qui est
à Thyatire: le Fils de Dieu qui a ses yeux
comme une flamme de feu, et dont les pieds sont
semblables à de l'airain
très-luisant, dit ces choses.»
(vers.
18).
Si nous nous reportons à ce que les
Écritures disent du Seigneur Jésus
ainsi considéré, deux choses nous
frappent plus particulièrement. Comme Fils
de Dieu, il est la source de la vie, et celui qui
la donne souverainement
(Jean
V). La vie que nous tirons par
la foi (car Celui qui croit a la vie
éternelle) du Seigneur Jésus-Christ,
est la vie dans une efficace telle que les
corps mêmes de ceux qui la
possèdent en lui, sortiront des
sépulcres en résurrection de vie;
tandis que les autres qui ne l'ont pas en doivent
sortir en résurrection de jugement
(Jean,
V, 28,29).
Dans la résurrection de jugement nul ne
saurait être sauvé. Nul
chrétien ne paraîtra devant le
tribunal de Christ comme un criminel qui va
être jugé. Tous les chrétiens y
comparaîtront (comme il faut que tous les
hommes y comparaissent); mais le résultat
devant le monde sera, nonobstant en certains cas la
perte de leur récompense, leur glorieuse
manifestation comme hommes justifiés. Mais
s'il s'agissait pour vous ou pour moi de
comparaître afin de voir si nous sommes
justes, et si nous pouvons échapper ainsi
à la condamnation, pourrait-il y avoir pour
nous un rayon d'espérance?
Malgré cela, il ne saurait jamais y avoir,
ou du moins il ne devrait jamais y avoir un doute
à l'égard du salut absolu de ceux qui
ont la vie dans le Fils de Dieu et par lui. Le
tribunal de Christ les manifestera clairement comme
des personnes justifiées; mais nous n'avons
pas à attendre notre comparution devant le
tribunal pour savoir que nous sommes
justifiés: nous déshonorons la
grâce de Dieu et l'oeuvre de son Fils, en ne
sachant pas maintenant ce «dont le
Saint-Esprit nous est aussi un
témoignage.» La foi possède
dès à présent et ici- bas un
droit divin à une pleine justification,
conformément à la valeur et à
l'acceptation du Seigneur Jésus aux yeux de
Dieu.
Ceci m'amène à la seconde des choses
quelles j'ai fait allusion comme se rattachant au
«Fils de Dieu.» Il donne la
liberté aussi bien que la vie.
«Si donc le Fils vous affranchit, vous serez
véritablement libres»
(Jean
VIII, 36.) Ce sont là
les deux grands aspects de la
bénédiction qui caractérise
Jésus comme Fils de Dieu. Il procure non pas
seulement la vie, mais aussi la liberté. Non
pas qu'elles aillent ensemble toujours ou
nécessairement: car, comme on l'observe trop
souvent, un homme peut posséder la vie
spirituelle, et néanmoins être dans un
triste esclavage. C'est aussi ce que nous pouvons
voir, en Rom.
VIII. Une personne convertie
possède la vie, mais peut être en
même temps le plus misérable des
hommes pour ce qui regarde son expérience
propre. «Misérable homme que je suis!
qui me délivrera de ce corps de
mort?
Nous trouvons au chap.
VIII la réponse de la
grâce. «Car la loi de l'Esprit de vie
dans le Christ-Jésus, m'a affranchi de la
loi du péché et de la mort.»
Maintenant, la liberté va avec la vie du
Fils de Dieu; car il est le Seigneur
ressuscité qui mourut pour moi et
m'affranchit de tous les droits de la loi et de
toute autre chose qui pouvait faire obstacle
à ma bénédiction. Le serviteur
ne demeure pas toujours dans la maison; il peut
recevoir avis de la quitter; mais pareille chose
n'arrive jamais au Fils. Et c'est à ce
titre, comme fils, que Dieu nous place dans sa
maison, dans une position de pleine et sainte
liberté.
Quel titre propre à faire
réfléchir sérieusement, mais
combien précieux, le Seigneur eut à
prendre là, surtout si ce n'était pas
seulement les besoins d'alors de l'assemblée
de Thyatire qui occupaient son coeur, mais s'il se
représentait, en outre, cet état
d'éloignement de la vérité, et
même ces profondeurs de Satan, qui
caractérisèrent les siècles du
moyen-âge!
A Éphèse, lorsque les apôtres
avaient presque tous disparu du monde,
déclin du premier amour; à Smyrne, la
persécution de la part des pouvoirs
païens; puis à Pergame, ce qui est
évidemment signalé, c'est
l'époque où le Christianisme obtint
la prépondérance dans le monde, et
où par conséquent l'Église
consomma et ratifia la perte de sa sainte et
céleste séparation sur la terre.
La puissance du monde ne remporta jamais de plus
grande victoire que lorsque elle fut vaincue
extérieurement par la croix, lorsque le
monde romain fut traité comme né de
Dieu, simplement en vertu de la profession du nom
de Christ dans le baptême, lorsque en un mot,
devant le soleil levant de la
chrétienté tomba en apparence le
paganisme, mais en réalité le
Christianisme. Il se peut que, sous bien des
rapports, cet événement ait
été une grâce pour le genre
humain, comme certainement il a été
le plus grave qui se soit accompli dans le
gouvernement du monde depuis le déluge; mais
qui pourrait estimer la perte que firent les saints
et le déshonneur qui
rejaillit sur leur Seigneur,
lorsque le corps chrétien échangea la
position, dans laquelle il est appelé
maintenant à souffrir en grâce, en
attendant d'être dans la gloire avec Christ
à sa venue, contre une position actuelle
d'autorité dans le monde, et même sur
le monde?
Avec Thyatire, nous arrivons à une
période encore plus sombre -
conséquence naturelle de la puissance pour
un peu de temps de ces plaisirs du
péché. Quand l'empire se rangea sous
la profession chrétienne et revêtit
magnifiquement la croix de la splendeur de l'or, il
en résulta non-seulement que les enfants de
Dieu furent comblés de.... et de faveurs, au
lieu d'avoir à errer, vêtus de peaux
de brebis et de chèvres, ou à se
cacher dans les cavernes et les trous de la terre,
mais que leurs ennemis furent inévitablement
attirés, que l'état moral dont
Balaam est l'expression se développa et
l'homme courut avidement après l'erreur pour
une récompense. Mais l'état de choses
qui a son symbole dans Jésabel est pire encore que
celui-là et typifie d'une manière
frappante la sanguinaire et idolâtre
prophétesse qui chercha à être
la maîtresse universelle dans les
siècles de ténèbres, comme on
les appelle, et qui certes étaient bien
ténébreux en effet. C'est de cet
état de choses que l'Église de
Thyatire était d'avance, je crois, la
remarquable figure.
Mais le Seigneur aime à louer tout ce qu'il
peut, et c'est dans une sombre époque
qu'il prend plaisir à
pouvoir donner son approbation à quelque
chose. «Je connais les oeuvres, et ton amour,
et ta foi, et ton service (car tel est l'ordre
véritable, ) et ta patience, et que tes
dernières oeuvres surpassent les
premières.»
(vers.
19.) «Mais j'ai contre
toi, que tu laisses faire à la femme
Jésabel qui se dit prophétesse, et
enseigne, et égare mes esclaves, en les
entraînant à commettre la fornication
et à manger des choses sacrifiées aux
idoles.»
Ainsi, il y avait beaucoup d'énergie, et un
esprit de service dévoué; mais en
même temps, le mal le plus grave
menaçait l'assemblée de Thyatire et
déjà alors était à
l'oeuvre.
Quand Jésabel était assise en reine
en Israël, la ruine et la confusion se
trouvaient partout; mais le Seigneur ne laissa pas
de se susciter à lui-même un
témoignage convenable. C'est alors que nous
trouvons un Elie et un Élisée, et
même un autre témoin là
où naturellement on pouvait le moins s'y
attendre, dans la maison même où le
mal régnait en souverain: quelqu'un qui
cacha dans une retraite et nourrit les
prophètes du Seigneur
persécutés par Jésabel. Comme
le Nouveau Testament nous montre des saints dans la
maison de César, de la même
manière précisément il y eut
jadis un Abdias qui craignait fort
l'Éternel, établi sur la maison
d'Achab «qui s'était vendu pour faire
ce qui déplaît à
l'Éternel, selon que sa femme Jésabel
l'induisait.» C'est aussi alors qu'il y eut ce
résidu de sept mille qui
n'avait pas fléchi le genou devant Bahal.
Sans doute que le Seigneur eût dit de ce
résidu ce que nous lisons dans
l'épître à Thyatire: «Tes
dernières oeuvres surpassent les
premières.»
La méchanceté de ceux qui entouraient
ces fidèles ne faisait que rendre leur
fidélité plus précieuse au
Seigneur; et peut-être, pouvons-nous ajouter,
les loue-t-il davantage que s'ils avaient
vécu dans des jours moins difficiles:
précisément de la même
manière que, d'un autre côté,
il ne peut pas ne pas traiter plus
sévèrement le mal commis dans un
temps spécial de lumière et de
grâce. Que d'Ananias et de Saphira il y a eu
depuis les jours de la Pentecôte qui n'ont
pas été visités d'une
manière aussi ouverte et avec aussi peu de
ménagements que lorsque une grande
grâce reposait sur tous!
C'est là une pensée encourageante
pour nous qui nous savons exposés non pas,
il est vrai, à l'orage de la
persécution, mais à une saison bien
plus périlleuse. Il n'y a jamais eu de temps
où l'homme ait eu meilleure opinion de
lui-même, et c'est là un
péché d'autant plus grave que le
témoignage de la vérité de
Dieu au fait opposé a été
répandu au loin de toute part. Je ne nie pas
qu'il se fait aujourd'hui de grands efforts parmi
les chrétiens. Mais
«l'obéissance vaut mieux que le
sacrifice, et se rendre attentif vaut mieux que la
graisse des moutons;» et jamais il n'y a eu
moins de soumission à la volonté de
Dieu qu'en ce temps-ci.
L'esprit d'association est
très-répandu, et cela sonne
bien; on prend beaucoup conseil
ensemble; mais faire alliance est une chose, et
s'appliquer à garder l'unité de
l'esprit en est une autre bien
différente.
Et voici ce que le Seigneur déclare:
«Je regarderai à celui qui est
affligé, et qui a l'esprit. brisé, et
qui tremble à ma parole.» Ce qui est
réellement important pour les
chrétiens ce n'est point de se trouver
ensemble, seraient-ils même tous les
chrétiens, mais d'être ensemble dans
la voie du Seigneur, et n'ayant pour but que la
gloire du Seigneur, «seule chose» qu'ils
aient à faire. N'y en eut-il que deux ou
trois réunis ainsi en son nom, il nous a
assuré lui-même que sa présence
et sa bénédiction seraient là,
malgré toutes les apparences contraires;
tandis que lors même que nous nous
trouverions ensemble deux ou trois mille, si ce
n'était pas en obéissance
immédiate au Seigneur Jésus, nous ne
recueillerions en définitive que la douleur
et la honte, quoiqu'il eût put sembler un
temps. Si nous cherchons à plaire aux hommes
nous ne saurions être serviteurs de
Christ.
C'est donc, à ce qu'il me paraît, au
moment où le Seigneur a devant ses yeux
l'état d'une église qui pouvait bien
préfigurer le sombre développement
d'un jour à venir (durant lequel les saints
seraient dans un grand esclavage et où une
action complètement étrangère
s'exercerait au milieu d'eux, les
persécutant, tandis que l'autorité de
Christ serait nulle dans la pratique), c'est,
dis-je, à un pareil moment, que le
Seigneur met en avant son titre
de «Fils de Dieu» dont les yeux
étaient comme une flamme de feu et les pieds
comme de l'airain très-luisant.
Jadis Pierre l'avait confessé pour le
Christ, le Fils du Dieu vivant; et
là-dessus, immédiatement après
l'avoir déclaré bienheureux et
l'avoir solennellement nommé du nom nouveau
qu'il lui avait donné, le Seigneur ajoute:
«Sur ce rocher je bâtirai mon
assemblée.» Maintenant, hélas!
le Seigneur anticipe le jour où
l'église professante perdrait
l'équilibre et se mettrait virtuellement
à sa propre place à lui,
alléguant que c'était elle, la dame,
et non pas lui, le Seigneur, qui devait être
écoutée dans les matières de
foi.
En conséquence nous le voyons ici
revendiquer sa gloire personnelle et les attributs
de son jugement inflexible et qui scrute tout,
pensée sérieuse mais consolante pour
ceux des siens qui se trouveraient au milieu de
cette triste confusion, et parfaite ressource que
leur procurait sa sagesse pour les délivrer
de ce qui allait s'établir, ou était
déjà établi. C'est aussi de la
même manière que sa promesse
(26,
27) devait les préserver
de rechercher un royaume actuel, un soi-disant
millénium spirituel sans Christ, où
ils auraient soit la liberté de jouir du
monde, soit même le droit de le
gouverner.
Dans l'église de Thyatire il se trouvait des
personnes fidèles, aimantes, et
zélées particulièrement pour
les bonnes oeuvres; mais il y avait aussi cette
tache terrible, qu'on y
souffrait «cette femme
Jésabel.» Jésabel, comme nous
l'apprenons ici, était une fausse
prophétesse qui enseignait et induisait les
serviteurs de
Christ à commettre fornication et
à manger des choses sacrifices aux idoles.
C'était pire que l'iniquité de celui
qui aima le salaire d'injustice, un pas plus en
avant même dans la voie de Balaam. «Et
je lui ai donné du temps afin qu'elle se
repentît, et elle ne veut pas se repentir de
sa prostitution. Voici, je la jette sur un lit, et
ceux qui commettent adultère avec elle dans
une grande affliction, s'ils ne se repentent de ses
oeuvres; et je ferai mourir de mort ses
enfants; et toutes les assemblées
connaîtront que c'est moi qui sonde les reins
et les coeurs; et je vous donnerai à chacun
selon vos
oeuvres.»
(Vers.
21-23.)
Que pouvait-il y avoir de plus abominable que le
mal que nous voyons ici? Jésabel, comme
c'était connu de tous, ajouta la violence
à la corruption, fut la conseillère
du meurtre, l'active ennemie de tous les
témoins de Dieu, la protectrice en public et
en particulier des prêtres des idoles et des
prophètes de Bahal. Et maintenant il y avait
dans Thyatire ce qui, au yeux du Seigneur, figurait
la sombre et cruelle idolâtrie qui devait
être expressément enseignée et
imposée par une prétendue
autorité infaillible au sein de
l'église professante. Même à ce
moment-là le germe actuellement existant ne
pouvait être caché à celui dont
les yeux étaient comme une flamme de feu.
Jésabel était là, et «ses enfants» aussi.
C'était une source de mal profonde et
permanente. Mais le jugement qui devait la frapper,
elle et toute sa race, était
sévère quoiqu'il put paraître
avoir tardé. Le Seigneur discerne divers
degrés de relation avec le mal; mais aucun
ne resterait impuni.
Les mots «quelque peu de chose,» au verset
20, doivent
disparaître. Il ne s'agissait pas d'un petit
sujet de plainte, mais bien d'un qui était d
une gravité et d'une complication
extraordinaires. Cette phrase se glissa là
du verset
14, je pense, et il se trouve
d'ailleurs entre les deux versets assez de
ressemblance pour qu'un copiste ait eu
l'idée de leur complète assimilation.
Mais un examen plus attentif montre, ainsi que nous
l'avons vu, que la différence entre eux est
grande, surtout si nous devons lire «la femme
Jésabel.» Le péché de
fornication ou d'adultère est ici le symbole
de ce commerce impie avec le monde qui, pour le
chrétien ou pour l'Église, est une
relation analogue à celle qu'aurait
constitué pour un Israélite le
mariage avec une Cananéenne.
L'action de manger des choses sacrifiées aux
idoles mit en communion avec ce qui se rattachait
directement à la puissance de Satan;
«car les choses que les nations sacrifient,
elles les sacrifient à des démons et
non pas à Dieu,» Et c'est une chose
facile d'avoir communion avec les démons,
quoique les hommes y attachent peu d'importance et que
les chrétiens jugent sainement de son
énormité.
Outre celle qui était le principal
instrument de la corruption et la source du mal, il
est fait mention de deux classes de personnes qui
étaient positivement coupables: les
serviteurs de Christ qu'elle induisait à un
commerce criminel avec le monde, et ceux qui
étaient la postérité directe
de Jésabel «ses enfants.»
Le Seigneur en agirait avec chacun selon ses
oeuvres. Il était le juste juge, et il faut
que l'homme, comme tel, soit jugé, et que
tous, saints ou pécheurs, soient
manifestés devant son tribunal.
Combien n'est-il pas remarquable cependant que le
Seigneur évite de dire que les saints
seront jugés.
«Je vous donnerai
à chacun,» dit-il, «selon vos
oeuvres.» Il en cet de même au chapitre
XXII, 12, et bien d'autres
passages semblables.
D'un côté il nous est
déclaré positivement que le croyant
ne viendra pas en jugement (car, Jean
V, 24, signifie jugement et non
pas. «condamnation,» quoique certainement
tel en doive être le résultat).
De l'autre côté, nous savons par Apoc.
XX, 12, 13, que les
prêchants doivent se trouver devant le
trône, et là, être jugés
selon leurs oeuvres. Leur résurrection est
une résurrection de jugement
(et en effet de condamnation) en contraste avec
celle des justes qui est une résurrection de
vie. Ainsi, il est certain que si je suis
jugé pour le salut ou pour la perdition,
conformément à ce que mes oeuvres
méritent, il faut que je sois perdu, car
j'ai péché et j'ai le
péché; néanmoins, il est
également sûr que le
Seigneur n'est point injuste pour oublier l'oeuvre
et le travail de l'amour, et ainsi il donnera
à chacun selon ses oeuvres. Christ
lui-même, l'amour de Christ, est le seul bon
motif d'un chrétien en quoi que ce soit,
mais il va des récompenses pour ceux qui ont
souffert pour Christ, ou qui ont été
chassés pour la justice ou pour le nom de
Jésus.
Le résidu apparaît avec une grande
clarté dans le verset qui suit:
«Mais je vous dis à vous, savoir, aux
autres
(litt. au
reste, au résidu), qui sont à
Thyatire»
(vers.
24), paroles qui nous montrent
quelques fidèles, qui sont appelés
«les autres», le reste, distingués
de la masse dans Thyatire.
Le Seigneur avait parlé de ses serviteurs
qui avaient été induits à
jouer avec le mal de Jésabel, et des propres
enfants de cette méchante femme, classe pour
laquelle il n'y avait aucune miséricorde
à attendre de lui. Puis il s'adresse
à une autre classe, le résidu:
«Je vous dis à vous, les autres (le
reste).» Le corps extérieur corrompu
continue, et il y a un résidu que
désormais le Seigneur avait
particulièrement en vue. Il les suppose
ignorants, peut-être, et dit seulement
«autant qu'il y en a qui n'ont pas cette
doctrine, qui n'ont pas connu les profondeurs de
Satan (comme ils disent), je ne mets pas sur vous
d'autre charge, mais seulement tenez ferme ce que
vous avez, jusqu'à ce que je vienne»
(vers.
24, 25). Tout cela
n'était peut- être que négatif,
mais ils s'étaient gardés
purs de ce mal, et en tenant
ferme le peu qu'ils avaient ils auraient
sûrement leur récompense à la
venue du Seigneur. Dans ces siècles de
ténèbres il y eut des personnes qui
souffrirent pour Christ et qui lui rendirent
témoignage.Tels furent les Albigeois et les
Vaudois; et je considère la phrase
«Tous, les autres, qui êtes dans
Thyatire» comme se rapportant à ces
diverses associations persécutées qui
retinrent avec force ce qu'elles avaient
reçu de Dieu.
Elles ne possédaient pas de grandes
connaissances, mais elles étaient un
résidu séparé et souffrant du
mal répandu autour d'elles, du mal de
Jésabel. La consolation qui leur est
présentée ne consiste pas dans
quelque promesse d'amélioration dans
l'état de l'Église, mais bien dans
une espérance qui est en dehors de tout sur
la terre, savoir la venue personnelle de
Christ.
Il ne saurait y avoir en quelques mots une esquisse
plus admirable que celle que nous avons ici. Ce
n'est pas aussi une chose peu remarquable que le
livre de l'Apocalypse ait été autant
prisé par ces saints. A la
vérité, il en a été
toujours plus ou moins ainsi aux époques de
persécution: non que ce soit là le
meilleur motif, car c'est lorsque le Seigneur
amène son peuple à attendre son
retour que ce livre est le plus
apprécié; mais sa tendresse pour les
siens dans la souffrance en un temps de
ténèbres est extrêmement douce
au coeur; et quelle promesse! - «Et celui qui
vaincra et qui gardera mes
oeuvres jusqu'à la fin, je
lui donnerai autorité sur les nations,»
etc.
(vers.
26,27).
Ce que l'Église du moyen-âge rechercha
avec arrogance et méchanceté, les
saints qu'elle persécuta ou méprisa
doivent néanmoins le posséder lors de
la venue et du règne de leur Seigneur, et en
conséquence cette venue et ce règne
sont présentés ici comme l'objet
convenable de leur espérance.
L'Église coupable ne fut pas plus cruelle
envers les véritables saints qu'ambitieuse
de puissance sur le monde. Mais il est bon
d'attendre la voie et le temps du Seigneur. C'est
lorsque la puissance terrestre aura
été mise de côté et
jugée, que ceux qui ont souffert avec Christ
régneront avec lui. Mais la promesse va plus
loin que l'autorité sur les nations, et le
pouvoir de les paître avec une verge de
fer..... selon que Christ aussi a reçu de
son Père. «Et je lui donnerai
l'étoile du matin»
(vers<.
28). Ceci est
très-précieux; ce n'est pas seulement
la promesse d'être associé à Christ au
jour de son pouvoir, où la force des hommes
sera brisée comme les vaisseaux d'un potier,
mais «de nous réunir ensemble à
lui» avant ce jour-là.
Le lever du soleil appelle l'homme à ses
laborieuses occupations, mais l'étoile du
matin brille pour ceux-là seuls qui ne
dorment pas comme les autres, pour ceux qui
veillent comme des enfants de lumière et du
jour. Sans aucun doute nous serons avec le Seigneur
quand le jour de gloire se lèvera sur le
monde; mais l'étoile du
matin
précède le jour, et Christ ne
dit pas seulement: «Je
suis... l'étoile brillante du
matin;» mais
«je
donnerai l'étoile du matin». Il
viendra et recevra ses saints célestes avant
qu'ils soient manifestés avec lui en
gloire.
Puissions-nous lui être fidèles en
refusant les aises, les honneurs et le pouvoir du
siècle présent!
Puissions-nous le suivre en portant notre croix et
en renonçant chaque jour à
nous-mêmes. Il ne nous oubliera pas lors de
son jour, et avant de venir, il nous donnera
l'étoile du matin.
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