Le chapitre
précédent se terminait par ces mots:
«Les sept étoiles sont les anges des
sept assemblées, et les sept chandeliers que
tu as vus sont les sept assemblées.» Il
résulte évidemment des versets
4
et 11
du
chapitre I, et de ce qui suit, que c'est aux sept
églises qui existaient alors dans la
province d'Asie, que ceci s'appliquait
originairement.
Mais tout en reconnaissant qu'il y avait des
raisons particulières de s'adresser à
ces églises locales, je n'ai pas le moindre
doute qu'elles furent choisies dans le dessein,
d'une portée plus vaste, de tracer le
tableau des divers états dans lesquels
l'Église en général se
trouverait successivement, depuis les jours
apostoliques jusqu'au terme de son existence sur la
terre.
De là vient que la vision comprenait sept
chandeliers, sept étant le symbole bien
connu de quelque chose de complet dans l'ordre
spirituel. Il pouvait y avoir d'autres
églises aussi bien ou mieux connues, et le
grand apôtre des Gentils s'était
déjà expressément
adressé à l'une de ces sept; mais
Éphèse est prise de nouveau, et six
autres églises lui sont associées de
manière à présenter une
esquisse mystique et parfaite des traits moraux les
plus importants qui se trouvaient alors
dans l'Église, et qui en
même temps devaient se développer
d'une manière successive dans l'histoire
subséquente du corps professant sur la terre
(1).
Bien des choses qui sembleraient fort importantes
aux yeux des hommes et même des
chrétiens sont laissées de
côté, car le seigneur ne voit pas
comme l'homme voit.
Mais on verra, je pense, qu'il a placé en
première ligne, les traits, bons ou mauvais,
qui devaient réapparaître, et qu'il a
fait très-convenablement ressortir ce qu'il
prévoyait devoir être de la plus haute
importance pour celui qui aurait des oreilles pour
entendre jusqu'au moment de son retour. Et cette
application étendue me semble
confirmée avec force par la clause relative
à ces églises dans la triple division
que donne le chapitre
I,
verset 19.
Elles sont désignées
comme «les
choses qui sont.» Sans doute, elles
existaient alors au temps de Jean; mais si elles
devaient continuer d'exister, et si les semences
qui étaient alors semées, devaient
germer encore plus dans la suite,
et donner une signification encore plus grave aux
paroles et aux avertissements de Notre-Seigneur,
cette expression «les
choses qui sont» était encore
plus convenable pour désigner l'état
de l'Église sur la terre tel qu'il existait
alors.
C'est ainsi qu'Éphèse est le premier
grand exemple de déclin par suite du
relâchement ou abandon du premier amour. Mais
n'était-ce pas là un fait notoire
pour toute la chrétienté,
considérée comme un tout, avant que
le dernier apôtre eût
délogé pour être avec le
Seigneur? S'il s'est trouvé dans ces
jours-là et plus encore dans les temps
postérieurs, un pareil état moral, -
quoi de plus convenable et de plus naturel que de
faire tourner des circonstances morales au profit
d'un enseignement général?
Ainsi encore, sans mettre en question que le
message adressé à Smyrne s'appliquait
parfaitement à ce temps-là, il est
aisé de voir qu'il fait admirablement
ressortir les grandes et
réitérées persécutions
qui éclatèrent sur les
chrétiens de la part des païens. De
même l'élément que Balaam
figure se montrerait naturellement avec une
netteté plus grande, lorsque, au lieu de
persécuter l'Église, le monde la
protégerait.
Vient ensuite Jésabel: elle constitue un
immense progrès dans le mal; mais quoique
dans les jours où l'Apocalypse fut
écrite, il existât sans aucun doute
des choses qui donnaient lieu à ces
allusions, peut-on nier que l'esquisse fût
remplie d'une manière bien
frappante après que le
trône du monde eut établi le
Christianisme par ses édits, et que,
à une époque plus avancée
encore, l'église professante eut
contracté une alliance coupable avec ce qui
n'est, au fond, que paganisme et inimitié
pour la vérité de Dieu?
Ce coup-d'oeil jeté sur le chapitre
II fera voir,
tout rapide qu'il est,
pourquoi je considère ces églises
comme ayant une portée prophétique
réelle, quoique indirecte, sur les diverses
conditions subséquentes de l'Église,
telles qu'elles se présentaient au jugement
scrutateur du Seigneur. Il est clair, d'un autre
côté, que la véritable position
de l'Église, celle dans laquelle
habituellement elle attend du ciel le Seigneur,
eût été faussée, si ce
rapport avait été marqué au
point d'être apparent dès le principe,
et de donner, si l'on peut s'exprimer ainsi, une
histoire claire et chronologique; car le Seigneur
n'a parlé nulle part à
l'Église, ni à son sujet, de
manière à lui faire
nécessairement attendre des siècles
sur la terre. Naturellement, le Seigneur savait
qu'il en serait ainsi; mais. il n'a rien
révélé qui fût de nature
à mettre obstacle à la pleine
jouissance de la bienheureuse espérance du
retour du Seigneur comme perspective
immédiate. Et il en est de même
ici.
Quelques-uns ont pris avantage de ce manque de
netteté pour nier que ces sept
églises eussent ce caractère de
succession et de prolongation de temps auquel j'ai
fait allusion; mais l'évidence
apparaîtra plus entière à
mesure que nous examinerons
chaque église en particulier.
Une autre considération qui doit avoir un
grand poids, c'est qu'après ces deux
chapitres, il n'est plus fait allusion nulle part
à l'existence d'églises sur la
terre.
Dans les remarques finales du livre (XXII,
16),
le Seigneur dit qu'il a envoyé son ange pour
rendre témoignage de ces choses dans les
assemblées; mais dans toute la série
des visions et dans tout ce qui est donné
à entendre de la condition des hommes
ici-bas, après Apoc
III,
il est gardé, relativement à
l'Église sur la terre, le silence le plus
inexplicable si l'Église s'y trouve
réellement: rien de plus simple si cet
état de chose a pris fin. Tout cela
s'accorde parfaitement avec chapitre
I,
19: «Les
choses qui sont, et les
choses qui doivent arriver après
celles-ci.»
Lorsque c'en est fini avec les églises, et
qu'on ne les voit plus comme telles sur la terre,
la partie proprement prophétique du livre
commence à avoir son cours. Il semble, en
outre, que l'introduction d'un nouvel état
de choses n'implique pas nécessairement le
rétablissement de ce qui avait existé
avant lui. En un mot, après l'apparition de
l'état de choses nouveau, il peut y avoir
encore co-existence de l'ancien, et chacun d'eux
peut continuer dans sa propre sphère. En
voilà assez sur les Églises dans leur
ensemble. La responsabilité sur la terre est
le sujet dont il s'agit: non pas les
privilèges de l'Église ou des saints
en Christ, mais l'obligation sous laquelle les
Églises se trouvent de Le
représenter, et l'appréciation qu'Il
fait de leur état.
Après cette courte préface, nous en
viendrons plus particulièrement à
Éphèse. Observons d'abord, qu'il est
dit à Jean d'écrire à l'ange
de l'Église qui se trouve là; ce
n'est plus «aux saints et fidèles qui
sont à Éphèse dans le Christ
Jésus» que la lettre est
adressée; ni aux saints avec les
surveillants et les serviteurs, comme dans le cas
de l'Église de Philippes. Pourquoi cela? Les
voies du Seigneur sont toujours pleines de
grâce, mais elles sont justes aussi, et
l'Église était une chose en chute, de
sorte qu'il ne pouvait plus s'adresser à
elle avec la même familière tendresse
qu'auparavant. C'est pourquoi, comme
l'Église s'est éloignée de
Dieu de la façon la plus sérieuse,
Jean doit adresser sa lettre, non pas à
l'Église, mais à son ange ou
représentant. Les anges dont il s'agit dans
ces épîtres étaient des hommes,
et ne doivent pas être confondus avec les
êtres d'une nature spirituelle qui sont
appelés de ce nom (2).
L'apôtre
Jean est employépar le
Seigneur à leur envoyer un message, et Dieu
agirait contrairement à toutes ses voies en
employant un homme comme messager auprès des
anges proprement dits. Les anges servaient souvent
d'intermédiaires entre Dieu et l'homme, mais
jamais les hommes entre Lui et les anges. Je crois,
en outre, que l'ange à qui cette lettre est
adressée, tout en étant un homme,
n'occupe pas nécessairement une position
officielle telle que celle d'un évoque, etc.
Ce pouvait être un évêque, ou
non. L'ange implique toujours l'idée de
représentation.
Nous trouvons dans l'Ancien-Testament l'ange de
Jéhovah, l'ange de l'alliance, etc., et il
est fait mention en Daniel d'anges qui
étaient identifiés avec Israël,
etc.
Le Nouveau-Testament parle d'anges des petits
enfants qui voient dans le ciel la face de leur
Père, expression par laquelle il faut
évidemment entendre leurs
représentants. C'est ainsi qu'en Actes
XII,
on disait de Pierre, que c'était son ange.
J'en conclus donc qu'ici l'ange, tout en
étant un homme, est d'une manière ou
d'une, autre, le représentant de
l'assemblée. En conséquence, il
pouvait être dit, «j'ôterai ton
chandelier,» etc. Voir sous ces mots une
position officielle déterminée
prêterait à beaucoup d'objections, non
pas seulement parce que ce serait introduire une
nouveauté, mais parce que cette
nouveauté serait en opposition avec tout ce
que l'Écriture enseigne ailleurs
relativement à l'assemblée. Mais je
n'ai aucun doute qu'il se trouve
de fait dans les assemblées une ou plusieurs
personnes que le Seigneur associe à
l'assemblée d'une façon toute
spéciale, et comme la caractérisant:
cette personne est moralement identifiée
avec l'assemblée, et reçoit du
Seigneur soit louange, soit condamnation, selon
l'état de l'assemblée. Ici
l'état de l'assemblée est directement
imputé à l'ange.
Le fait que c'est à lui que parle le
Seigneur, et non à l'assemblée, place
pour ainsi dire cette dernière, à une
plus grande distance de lui. Qu'est-ce qu'un fait
pareil ne nous dit pas de la terrible condition
dans laquelle l'Église était
tombée!
Le Seigneur ne pouvait plus s'adresser directement
à ces assemblées. Il avait
parlé sans intermédiaire même
aux Corinthiens; car, quelque coupables qu'ils
fussent, ils ne s'étaient pas ainsi
détournés de lui. Mais ici le message
consiste en ces paroles désolantes: «Tu
as abandonné ton premier amour.»
Pourtant, si Christ n'avait pas une église
fidèle, au moins il avait un fidèle
serviteur dans la personne de Jean: et c'est
à lui qu'il est parlé en tout premier
lieu. Et qu'on se souvienne toujours que depuis
lors l'Église ne s'est jamais relevée
de cette chute et de cette position relativement
éloignée. L'Église, la maison
de Dieu, est dans un état complet de ruine
ici-bas; et dans un état pareil, la
première chose qui nous convienne c'est de
le sentir.
Ceci ne touche en aucune manière la question
du salut éternel; mais c'est abuser de la
certitude du salut que de s'en
servir pour amoindrir nos obligations envers Dieu.
De fait, il n'existe jamais, avant la conversion,
de profond sentiment du péché; car
s'il pouvait en exister alors, il serait
accompagné d'un complet désespoir.
Mais quand nous avons reçu notre pardon et
que nous sommes dans une paix parfaite, nous
pouvons regarder à notre péché
et le juger pleinement. Un ange saint ne
connaît pas Dieu comme nous devrions le
connaître - je ne dis pas comme nous le connaissons,
quoique ce soit vrai aussi. Un ange
pénètre dans les merveilles de la
puissance de Dieu «obéissant à
la voix de sa parole;» mais les choses
profondes de Dieu se montrent, chose merveilleuse
à dire, au sujet de notre
péché, et dans la personne de son
Fils unique, «vu des anges» il est vrai,
mais en relation vivante avec nous.
Le Seigneur se présente à
Éphèse comme «celui qui tient
les septs étoiles dans sa droite, qui marche
au milieu des sept chandeliers d'or»
(vers.
1 ).
Il est venu pour examiner, pour juger - non pas
encore naturellement le monde des impies - mais
l'assemblée qui est à
Éphèse.Quelle différence entre
l'aspect sous lequel il nous est
présenté ici, et celui sous lequel
nous le voyons et l'Église aussi en Eph.II.
6!
Là, il est assis à la droite de Dieu
dans les lieux célestes, et Dieu nous y a
fait asseoir aussi ensemble dans les lieux
célestes en Christ Jésus. Ici il
marche au milieu des chandeliers. Sa main
est indispensable, car personne
que lui ne pourrait faire face aux
difficultés. Mais n'est-ce pas quelque chose
de solennel qu'il soit présenté de
cette manière à cette même
Église, à laquelle Paul avait ouvert
la plénitude de sa grâce
céleste, et la plénitude de la
bénédiction qui lui appartenait en
Christ? Et maintenant le voilà
obligé, pour ainsi dire, de marcher et de
revendiquer les droits de son autorité, non
point parmi ceux qui ne l'ont pas connu, mais
là où l'on avait jadis si bien connu
son amour - maintenant, hélas! oublié
et déshonoré.
«Je connais tes oeuvres, et ton travail, et ta
patience, et que tu ne peux supporter les
méchants, et que tu as éprouvé
ceux qui se disent être apôtres et ne
le sont pas, et tu les as trouvés menteurs,
et tu as patience, et tu as supporté des
afflictions pour mon nom, et tu as
travaillé» (vers.
2,
3). Ainsi, il
se trouvait là
plusieurs choses louables. Il y avait de la
patience, et c'est le premier signe, si non le plus
grand, que Paul donne de son propre apostolat. Il y
avait plus encore: car rien n'est plus facile
à lasser que la patience quand elle a
soutenu beaucoup d'épreuves. Mais ici,
à Éphèse, on
persévérait dans la patience (comp vers.
2,
3). En outre,
là où il y
a de la patience, il peut y avoir tendance à
passer par-dessus le mal, ou du moins à
supporter les méchants. Mais ce ne fut pas
le cas ici. Les Éphésiens avaient
supporté des afflictions pour le nom de
Jésus, mais ils ne
pouvaient supporter les méchants, et ils
avaient éprouvé ceux qui
prétendaient à la position la plus
élevée, celle d'apôtres, et les
avaient trouvés menteurs; ils avaient
continué de cette manière, et ne
s'étaient point lassés.
Qu'il est doux de voir le Seigneur dans sa douleur,
si nous pouvons parlé de la sorte dans le
désappointement de son amour, commencer
ainsi par tout ce qu'il y avait de bien! Mais tout
en trouvant chez eux des choses qu'il pouvait
louer, il avait contre eux qu'ils avaient perdu
leur premier amour. Ils n'avaient plus la
conscience de l'amour du Seigneur pour eux, et il
en était résulté que leur
propre amour pour Christ avait pâli.
C'était leur appréciation de l'amour
du Seigneur qui les rendait capables d'aimer.
Puis-je précisément faire remarquer,
que le mot «quelque chose» ajouté
dans les versions ordinaires au verset
4
paraît affaiblir le sens? Il pourrait
suggérer l'idée que le Seigneur
n'avait que peu de chose contre eux, tandis que,
dans la vérité, il était
extrêmement affligé.
Ne pas sentir son amour, et par conséquent
ne pas le lui rendre, était la chute la plus
profonde, surtout chez ceux qui en avaient
autrefois joui. Mais maintenant il s'était
éteint, et qu'en résulterait-il avec
le temps? «Souviens-toi donc d'où tu es
déchu, et te repens, et fais tes
premières oeuvres, autrement je viens
à toi promptement et j'ôterai ton
chandelier de son lieu à moins que tu ne te
repentes.»
Il est beaucoup plus facile
d'avoir du zèle pour agir que pour se
repentir. Mais cela même ne saurait
satisfaire le coeur de Jésus, à moins
qu'ils ne revinssent à leur premier amour
qui avait produit leurs premières oeuvres:
sinon il faut que le chandelier soit
ôté. Je doute, tant pour des raisons
externes que pour des raisons internes, que le mot
«promptement» doive se trouver dans le verset
5.
Car lorsque le Seigneur vient pour juger les voies
des siens, peut-on dire que c'est ainsi qu'il
vient? Quand il vient, soit pour combattre contre
les Nicolaïtes, soit pour nous prendre avec
lui, c'est promptement sans contredit (Apoc.
II,16; III,
11; XXII,
7, 12,
20).
Mais
il donne du temps pour la repentance, même
s'il s'agit de Jésabel, et combien plus
à ses chers Éphésiens.
L'enlèvement du chandelier n'implique point
que l'Église ne pourrait pas continuer en
apparence comme auparavant, mais qu'elle perd sa
place comme témoin pour le Seigneur digne de
confiance. Rien ne saurait tenir lieu de la
proximité avec le Seigneur, soit pour
l'Église, soit pour l'âme. Et cette
proximité était perdue
désormais, non pas simplement pour
l'assemblée d'Éphèse, mais
même dès-lors, pouvons- nous dire, je
pense, pour l'Église en
général.
Le témoignage extérieur pouvait bien
continuer, mais ce n'est pas là ce que le
Seigneur apprécie le plus, quoiqu'il
l'apprécie, en tant qu'il est simple,
sincère et fidèle. Cependant il
ne peut pas ne pas estimer avant
tout dans les coeurs qui lui sont consacrés,
le fruit de son propre amour, de son amour
personnel, parfait, qui s'immole lui-même. Il
a sur la terre une épouse qu'il
désire voir sans autre objet que
lui-même, et se conservant pour lui pure du
monde et de ses voies. Dieu nous a appelés
pour cela; il ne nous a pas appelés pour le
salut seulement, ou pour lui être en
témoignage par une vie de
piété, quoique cela soit éminemment vrai et important, mais
par-dessus
tout, pour
Christ - comme une épouse pour son Fils! Ce
devrait être là certainement notre
première et notre dernière
pensée, notre pensée continuelle et
la plus chère; car nous sommes
fiancés à Christ, et il a, lui du
moins, prouvé la plénitude et la
fidélité de son amour pour nous. Mais
que dire du nôtre?
En regardant à Christ l'Église
apprend à se tenir dans la poussière,
tout en se réjouissant toujours
néanmoins dans le Seigneur. Le sentiment de
la chute en nous-mêmes et dans les autres
serait accablant, si ce n'était que nous
avons le droit de trouver notre joie en Celui qui
n'a jamais failli, et qui, malgré tout, nous
aime, nous, qui avons rendu pour lui un si faible,
si infidèle témoignage. Le vrai moyen
de ne pas nous retirer sans avoir été
bénis et fortifiés, c'est d'aller
à lui,
même pour de pénibles confessions.
Nous lui devons de reconnaître et de sentir
notre péché; mais être
occupés de notre péché
simplement ne donne jamais de la force. Christ doit
posséder la gloire, et assurément
Celui qui nous a
délivrés de la colère à
venir, qui peut nous sauver de l'enfer, a le
pouvoir de nous délivrer tout bourbier, de toute faute sur
la terre. Pour un chrétien, faire confession
de son péché, s'attacher à
Jésus, c'est maintenir le nom de Celui
qui vient à son secours, et alors la
victoire est sûre.
Mais quelle consolation et combien elle est propre
à rassurer, de voir qu'à la suite du
reproche qu'il a dû adresser, le Seigneur
parle encore de choses qui peuvent avoir son
approbation!«Mais tu as ceci, que tu hais les
oeuvres des Nicolaïtes, lesquelles, moi aussi,
je hais.» (vers.
6.)
Le Nicolaïsme semble avoir consisté
dans l'abus de la grâce. Les saints
d'Éphèse avaient failli au devoir de
demeurer attachés au bien, mais ils avaient
communion avec le Seigneur dans l'horreur du mal.
On dit souvent: «il n'y a pas d'église
parfaite sur la terre.» Je voudrais demander
en réponse, ce qu'on entend par «une
église parfaite.» Se trouvera-t-il un
chrétien qui ose me dire que nous ne devons
pas viser à tout ce qui est conforme
à la sainteté de Dieu? Je
réclame précisément pour
l'Église ce que l'on est tenu de m'accorder
pour tout chrétien individuellement. Comme
il se trouve sûrement des fautes dans
l'individu, il y en aura aussi dans
l'Église. Mais alors il y a cette
bénédiction, que, comme le
Saint-Esprit habite dans l'individu pour le guider
et le bénir, ainsi le même Esprit
habite dans l'Église, et Christ la purifie
par le lavage d'eau, par la
parole.
Il y a deux choses dans l'assemblée aussi
bien que dans l'individu - le Saint-Esprit qui est
la puissance du bien, et la chair qui convoite
contre lui. De même que, dans un homme, on
peut dire que l'âme est répandue dans
tout le corps dont elle anime toutes les parties;
ainsi en est-il de l'Esprit dans l'Église de
Dieu. Lorsqu'on prétend qu'il faut
tolérer le mal parce qu'il n'y a pas d'homme
qui soit exempt de péché, c'est de
l'antinomianisme; et je crois que c'est là
le principe même des Nicolaïtes. De
même que l'individu doit se tenir prêt
à aller à la rencontre du Seigneur,
sans laisser rien qui ne soit réglé
au moment de sa venue, pareillement le Seigneur
attend la même chose de l'assemblée,
parce qu'il y a dans l'Église de Dieu une
puissance divine contre le mal.
Vient ensuite la promesse
précédée de l'avertissement.
«Que celui qui a des oreilles écoute ce
que l'Esprit dit aux assemblées: A celui qui
vaincra, je lui donnerai à manger de l'arbre
de vie qui est dans le paradis de mon Dieu.»
(vers.
7.)
Il y a eu le paradis de la création
où l'homme fut placé et mis à
l'épreuve; mais il tomba. Les églises
étaient tombées aussi. Mais
maintenant une nouvelle scène s'ouvre. Ce
n'est plus le jardin d'Eden, mais le paradis de
Dieu-«de mon Dieu» dit le Seigneur
Jésus. Et il ne renferme pas d'arbre qui
puisse introduire la douleur et
la mort. L'arbre de vie seul y est.
L'Église d'Éphèse était
déchue, il est vrai de son premier amour:
mais quand même elle ne compterait qu'un seul
membre qui sentît bien et profondément
l'injure faite à la grâce du Seigneur,
un seul membre qui vainquît, cette promesse
était donnée à ce membre pour
la consolation et pour la joie de son âme. Et
la grâce du Seigneur est tout aussi parfaite
aujourd'hui. Puisse-t-il n'y avoir ici personne qui
n'ait des oreilles; et s'il y en a qui en aient,
puissent- ils écouter et vaincre!
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