« Nous entrons dans le repos, nous qui avons cru. » Héb. IV : 3.
Je désire vous montrer :
I. Ce que n'est pas le repos dont il est
parlé ici.
II. Ce qu'il est.
III. Quand nous devons entrer dans ce repos.
IV. Comment nous devons y entrer.
V. Que tout péché est
incrédulité ou provient de
l'incrédulité.
1. Ce n'est évidemment pas un
état d'inactivité.
L'apôtre qui écrit cette parole au
présent : « Nous entrons dans
le repos, » était très loin
d'être inactif et d'encourager
l'inactivité chez les autres.
2. Ce n'est pas non plus le parfait
repos
du ciel.
L'apôtre en parle au présent :
« nous entrons
(1), »
ce qui ne s'accorde pas avec l'idée d'un
repos à venir dans le ciel.
Le parfait repos du ciel comprend la
délivrance absolue de toutes les peines, de
toutes les épreuves, de toutes les
souffrances et de toutes les tentations de cette
vie. Le repos du croyant ici-bas peut être
essentiellement de même nature que ce repos
céleste, mais il n'en est que le
commencement, et il en diffère à
plusieurs égards, car il n'implique point
l'exemption des épreuves, des souffrances,
de la maladie et de la mort, toutes choses dont les
apôtres et la primitive église ont eu
leur grande part.
1. C'est la cessation de toute
résistance à la volonté
divine, de toute guerre avec Dieu.
Le terme de repos est souvent employé en ce
sens dans la Bible. Dans notre contexte, il est dit
que les Israélites se reposèrent
quand ils furent délivrés de leurs
ennemis. Le repos dont parle notre texte est la
cessation de la lutte avec la vérité,
la conscience et les exigences de la loi de Dieu.
Celui qui est entré dans ce repos est
délivré des reproches de la
conscience qui troublent et agitent
l'âme ; il en a fini avec cette crainte
servile de la colère de Dieu qui pousse aux
oeuvres de la propre justice.
2. C'est la cessation de nos propres
oeuvres.
A. En entrant dans le repos, nous délaissons
les oeuvres faites pour nous-mêmes.
Une grande partie de la religion qu'il y a ou qu'il
paraît y avoir dans le monde, se compose
d'oeuvres qui sont propres et personnelles à
l'homme, en ce sens qu'il les accomplit pour
lui-même. Il travaille pour son salut comme
le mercenaire pour gagner son pain. Or si dans
votre religion vous n'avez pas d'autre but que
d'être sauvé, — que ce soit d'une
ruine temporelle ou d'une ruine éternelle,
peu importe, — vous vivez pour
vous-même, et loin de vous reposer de vos
propres oeuvres, vous ne cessez de les
multiplier.
Le repos dont parle notre texte est la cessation de
toutes ces oeuvres-là. L'apôtre dit au
verset 10: « Celui qui est entré
dans son repos, se repose de ses propres
oeuvres. » Il n'est pas question de
délaisser toute espèce d'oeuvres, ce
que ne font ni les saints qui sont sur la terre, ni
les saints qui sont dans le ciel. Nous n'avons, en
effet, aucune raison de croire que les bienheureux,
les anges et Dieu lui-même soient jamais
inactifs. Il s'agit de laisser toute oeuvre ayant
pour but unique le salut de notre âme. Il
s'agit de cesser de travailler pour
nous-mêmes, afin de travailler pour Dieu.
Nous faisons donc nos propres oeuvres tant que
notre but suprême est de sauver notre
âme ; mais dès que nous remettons
entièrement la question de notre salut entre
les mains de Jésus-Christ et que nos oeuvres
sont faites par amour pour Dieu, celles-ci ne sont
plus nos propres oeuvres.
B. En entrant dans le repos, nous laissons de
côté les oeuvres accomplies de
nous-mêmes, aussi bien que les oeuvres
accomplies pour nous-mêmes.
Une oeuvre provient de nous-mêmes quand elle
résulte de l'exercice des forces qui nous
sont naturelles, en dehors des influences du
Saint-Esprit. De telles oeuvres sont toujours et
pleinement des péchés. Accusé
par sa conscience, aiguillonné par
l'espérance et la crainte, l'homme charnel
se met à l'oeuvre ; dans ces
conditions, il ne peut que pécher, car il ne
sort pas de l'égoïsme.
Que cet égoïsme varie ses formes et
multiplie ses oeuvres à l'infini, elles ne
deviendront jamais des oeuvres d'amour.
Triste vie que celle de l'homme qui tire sa
religion de son propre fond et accomplit, ses
oeuvres par ses propres forces, peinant, luttant
sans cesse pour arriver à produire tant de
religion par mois, tant par année, contraint
par la peur, poussé par l'espoir,
fustigé par la conscience, mais
étranger aux impulsions de cet amour divin
que le Saint-Esprit répand dans les
coeurs !
Oh ! que de telles oeuvres sont
lamentables ! elles sont nôtres, tout
autant que celles du démon sont
siennes :
Qu'importe le nom, la forme, l'espèce de vos
oeuvres, qu'importe qu'elles paraissent des plus
religieuses et des plus admirables, si l'amour de
Dieu n'en est pas le premier moteur, la vie, le
coeur et la, racine ! Elles sont vos propos
oeuvres : le repos en Dieu dont parle notre
texte en est complètement absent.
Nous devons laisser de côté de telles
oeuvres, parce qu'elles laissent de
côté l'Évangile. Celui qui s'y
adonne, dans la mesure où il s'y adonne,
refuse de recevoir Jésus-Christ comme son
Sauveur. Jésus-Christ nous est
présenté comme étant un
Sauveur complet, comme étant notre sagesse,
notre justice, notre sanctification et notre
rédemption. Dans la mesure donc où un
homme s'efforce de se passer de Jésus-Christ
sous l'un ou l'autre de ces rapports, il met de
côté l'Évangile.
C. Entrer dans le repos implique, non pas seulement
que nous cessons de travailler en vue de notre
salut, mais que nous cessons de faire quoi que ce
soit pour nous-mêmes.
Nous ne devons pas même manger ou boire pour
nous-mêmes. « Soit que vous
mangiez, soit que vous buviez, soit que vous
fassiez quelque autre chose, faites TOUT POUR la
gloire de Dieu. » (1 Cor. X, 31.) Celui
qui est entré dans son repos a cessé
d'avoir des intérêts personnels. Ses
intérêts ont entièrement
disparu dans ceux de Christ ; il s'est
donné si parfaitement à Christ, qu'il
n'a plus rien à faire pour lui-même.
Il sait que pour autant qu’il s'agit de son
salut, s'efforcer de le gagner par ses oeuvres
serait, absolument insensé ; il ne fera
donc aucun effort quelconque en ce sens.
Voyez le pécheur convaincu de
péché. Quelle peine ne se donne-t-il
pas pour se sauver lui-même, jusqu'à
ce qu'il apprenne qu'il n'est rien et qu'il ne peut
rien ! Quand il a appris cela, il cesse ses
efforts et se jette dans les bras de Christ.
Tant que l'homme n'a pas reconnu qu'il est en
lui-même sans lumière, sans force,
sans ressource aucune, il n'entend rien à la
simplicité de l'Évangile qui nous
appelle simplement à RECEVOIR le salut, par
la foi, comme un pur don.
D. Nous reposer de nos oeuvres, c'est cesser de
faire quoi que ce soit par nos propres forces.
Celui qui est entré dans son repos sait que
tout ce qu'il ferait dans sa propre force serait en
abomination à Dieu. À moins que
Christ ne vive en nous et que Dieu n'opère
en nous la volonté et l'exécution,
selon son bon plaisir, rien de ce que nous faisons
n'est acceptable devant Dieu. Celui qui n'a pas
appris cela, ne s'est pas reposé de ses
propres oeuvres, il n'a pas accepté le
Sauveur. L'apôtre
Paul dit que « nous ne sommes pas
capables par nous-mêmes de penser quelque
chose comme venant de
nous-mêmes ; » tant que nous
n'avons pas fait cette expérience, nous
n'avons pas compris la profondeur de la
dégradation dans laquelle le
péché nous a jetés.
3. Entrer dans le repos implique
encore
qu'on a rejeté tout fardeau sur le Seigneur
Jésus-Christ.
« Venez à moi, vous tous qui vous
fatiguez et qui êtes chargés, et je
vous donnerai le repos. »
« Rejetez sur lui tout votre
souci. » Ces paroles signifient
exactement ce qu'elles disent. Que votre souci se
rapporte à l'âme ou au corps,
rejetez-le tout entier sur Jésus-Christ.
Voyez ce petit enfant qui marche à
côté de son père ;
celui-ci porte un lourd fardeau et l'enfant
tâche de l'aider avec sa petite main, mais
à quoi cela peut-il servir ? Ainsi
beaucoup de chrétiens se donnent une peine
fort inutile en essayant d'aider le Seigneur
Jésus-Christ dans son oeuvre. Ils s'agitent
et se tourmentent tantôt pour une chose,
tantôt pour une autre, comme si tout reposait
sur leurs épaules. Mais, sachez-le,
Jésus-Christ est autant engagé envers
le croyant pour TOUT ce qui le concerne, que pour
sa justification ; il a pris à sa
charge nos intérêts temporels tout
autant que nos intérêts spirituels. Il
n'est pas un seul de vos soucis que vous ne deviez
rejeter sur Jésus-Christ. Je ne veux pas
dire que le chrétien n'ait rien à
faire. Voici un homme qui a rejeté sur
Jésus-Christ le fardeau de toute sa
famille ; cela ne signifie pas qu'il n'ait
rien à faire pour sa famille ; mais
qu'il s'est remis à Christ pour que Christ
lui donne à mesure direction,
lumière, force, succès. Et Christ
répond de tout ; il veillera à
ce que tout aille bien.
4. Entrer dans le repos, c'est faire
du
Seigneur Jésus-Christ notre sagesse, notre
justice, notre sanctification et notre
rédemption. C'est le recevoir pleinement
lui-même, dans tous ses offices, comme celui
qui pourvoit parfaitement à tous nos
besoins.
5. Entrer dans le repos, c'est
encore
abandonner tellement toutes nos facultés
à Christ, que désormais toutes nos
oeuvres soient ses oeuvres.
Je ne voudrais pas qu'on cherchât dans ce
langage antre mysticisme que celui de la Bible.
C'est une maxime de droit que ce qu'un homme fait
faire par un autre, il le fait lui-même. Si
je paie un homme pour commettre un meurtre, je suis
l'auteur de ce meurtre exactement comme si j'avais
tué de ma propre main. Le crime n'est pas
plus dans la main (2) qui tient
l'épée que
dans l'épée elle-même, il est
dans l'esprit, dans le coeur de celui qui l'a
voulu. Maintenant appliquez ce principe à
l'activité de celui qui s'est
entièrement abandonné à
Christ.
Paul insiste sur le fait que s'il a
travaillé plus que tous les autres
apôtres, ce n'est pas lui qui l'a fait, mais
la grâce de Dieu en lui, Christ vivant en
lui. Cela ne signifie pas que Christ agisse sans
que Paul ait à vouloir, mais que Christ par
son Esprit influence et conduit l'esprit de Paul
pour le faire agir d'une manière conforme
à la volonté de Dieu, Quand un
chrétien se repose de ses oeuvres, il
abandonne si complètement ses
intérêts personnels et sa
volonté propre, il se place si
entièrement dans la dépendance du
Saint-Esprit, qu'il ne fait plus rien que sous
l'impulsion de cet Esprit. C'est bien ainsi que
l'entendait l'apôtre quand il écrivait
« Accomplissez votre propre salut avec
crainte et tremblement ; car c'est Dieu qui
opère avec efficace en vous et le vouloir et
le faire en vertu de son bon » Dieu agit
sur la volonté, non par la contrainte, mais
par l'amour, de manière à ce qu'elle
fasse exactement ce qui plaît à Dieu.
S'il usait de contrainte, nous ne serions plus des
êtres responsables et libres.
Mais l'action de nos facultés n'est pas
suspendue ; elle s'exerce sous l'influence de
Christ. Nos mains, nos pieds, tout notre être
travaille pour Dieu, dirigé et
inspiré par lui. De sorte que tout ce qui
est bonne oeuvre en nous, est en
réalité l'oeuvre de
Christ. C'est bien notre oeuvre en ce sens que
nous y avons concouru volontairement ; mais
Christ en est la cause première, c'est son
oeuvre.
6. Dans la mesure où nous nous
soumettons à Christ, nous cessons de
pécher.
Si c'est lui qui nous dirige, il ne nous conduira
pas à pécher. Ceci n'a pas besoin
d'explication.
Il y entre dans cette vie.
C'est ce que montrent notre texte et notre
contexte. Le repos dont il s'agit est celui de la
foi en Jésus-Christ ; c'est la
cessation de nos propres oeuvres qui sont
appelées plus loin (Héb IX : 14)
oeuvres mortes et dont nous devons être
purifiés dès maintenant par le sang
de Christ. Le chrétien entre donc dans son
repos en croyant maintenant, aujourd’hui, dit
notre contexte.
« Ceux qui étaient sortis
d'Égypte, dit l'apôtre, ne purent
entrer dans le repos de Dieu à cause de leur
incrédulité. Craignons donc, tandis
que la promesse d'entrer dans son repos subsiste
encore, que quelqu'un de vous ne paraisse
être venu trop tard. » Par la foi,
nous devons prendre possession immédiate du
repos, ce qui n'est antre chose que recevoir
pleinement Jésus-Christ
(3).
Nous l'avons vu, nous devons y entrer par la foi.
Vous NOUS rappelez la parole de
Jésus-Christ : « Venez
à moi vous tous qui vous fatiguez et qui
êtes chargés, et je vous donnerai le
repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes
instructions, parce que je suis doux et humble de
coeur, et vous trouverez du repos pour vos
âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau
léger. » C'est ici le même
repos que celui dont il est parlé dans notre
texte. Si nous voulons « venir
à Christ ; » nous charger de
son joug léger qui est amour, et nous
« décharger sur Lui de tous nos
fardeaux, » nous trouverons le repos. Le
psalmiste parle de ce même repos quand il
s'écrie : « Mon âme,
retourne à ton repos. »
(Ps
CXVI : 7.)
Il est évident que par sa nature même,
la foi en Jésus-Christ donne à
l'âme le repos tel que je l'ai décrit.
Avec quelle promptitude elle dissipe la crainte
servile et amène la pleine
liberté ! Comme elle délivre de
l'égoïsme ! Par la foi, nous
confions tout à Jésus-Christ, notre
sanctification et la direction de notre vie aussi
bien que notre justification ; et nous sommes
tout aussi assurés de colles-là que
de celle-ci. Considérée en
elle-même et isolée de Dieu,
l'âme est autant remplie de
péchés et dénuée de
ressources que si elle avait passé des
siècles dans l'enfer. Prenez le meilleur
chrétien de la terre, et supposez que le
Seigneur Jésus-Christ abandonne son
âme, priera-t-il, fera-t-il quelque bien,
quelque chose d'acceptable aux yeux de Dieu ?
Jamais ! Le plus grand saint de la terre
tombera immédiatement dans le
péché s'il est abandonné par
Jésus-Christ. Mais celui qui croit abandonne
tout entre les mains du Sauveur, qui se charge de
tout ; c'est là le repos.
La foi aperçoit distinctement
qu'étant enfants de Dieu, nous n'avons pas
plus besoin de travailler pour nous-mêmes que
le fils du millionnaire n'a besoin de gagner son
pain. Si nous sommes dans la foi, nous
travaillerons par amour pour notre Père, et
nous ne serons pas tentés de mêler
notre justice à la justice de Christ, notre
sagesse à sa sagesse, nos souffrances
à ses souffrances. La foi met
l’âme sous la direction et sous la
puissance de l'amour, en sorte qu'elle n'agit plus
seulement par devoir, poussée par la
conscience toujours menaçante ; elle
agit sous l'empire des mêmes principes
célestes qui ont inspiré
Jésus-Christ.
Elle est elle-même un péché et
elle est la source d'où proviennent tous les
autres péchés. Il est certain que le
vrai péché d'Adam fut le manque de
confiance en Dieu.
Un homme manque-t-il de foi, il est
abandonné par cela même aux instincts
de sa nature ; le monde visible seul agit sur
son âme et ne peut provoquer que des actes
d'égoïsme. Cet homme est
condamné à ramper dans la
poussière de la terre ; il ne peut
jamais s'élever au-dessus de ses
appétits et de son propre
intérêt. Il y a impossibilité
naturelle à ce qu'il en soit
autrement ; comment, en effet, l'esprit
agirait-il sans motifs ?
Les motifs de l'éternité n'existent
que pour la foi. Les autres motifs, quels qu'ils
soient, ne peuvent élever l'âme
au-dessus de ce monde, et ne peuvent engendrer
autre chose que « l'affection de la
chair, » c'est-à-dire le
péché.
Représentez-vous un enfant qui a perdu toute
confiance en son père. Il ne peut plus lui
rendre l'obéissance du coeur ; c'est
une impossibilité naturelle. S'il
prétend obéir, ce n'est pas du coeur
qu'il le fait ; son obéissance est
égoïste ; le mobile et l'essence
de toute obéissance cordiale ne se trouvent
plus en lui. Ainsi « sans la foi il est
impossible de plaire à
Dieu ; » il est impossible de lui
obéir d'une obéissance qui lui soit
agréable.
Il est donc manifeste que
l'incrédulité est la source de tous
les péchés qui remplissent la terre
et l'enfer et que toute âme dépourvue
de foi travaille à sa ruine
éternelle.
1. Nous voyons pourquoi la
foi est
appelée « une substance des choses
qu'on espère. »
La foi, la confiance en Dieu, est ce qui fait et
constitue le ciel, et il en sera ainsi
éternellement.
2. Nous voyons ce que c'est que d'être
conduit par l'Esprit de Dieu.
C'est lui abandonner toutes nos facultés et
toutes nos énergies, de manière
à être dirigé par lui dans tout
ce que nous faisons.
3. Nous voyons qu'une parfaite foi
produirait l'amour parfait ou la sanctification
parfaite.
Un abandon absolu et continu entre les mains de
Christ de tout ce que nous avons et de tout ce que
nous sommes ne peut produire autre chose que la
sainteté parfaite.
4. Le chrétien est sanctifié
dans la mesure de sa foi. S'il n'est
sanctifié qu'imparfaitement, c'est parce que
sa foi est faible.
Quand le Seigneur Jésus-Christ était
sur la terre et que ses disciples tombaient dans
quelque faute, il leur reprochait leur manque de
foi. Un homme qui croit en Christ n'a pas plus
sujet de s'attendre à pécher qu'il
n'a sujet de s'attendre à être
damné. Ceci vous étonne
peut-être, mais c'est pourtant vrai.
Vous devez recevoir Christ pour votre
sanctification aussi absolument que pour votre
justification. Si vous dépendez de lui pour
votre sanctification, il ne vous laissera pas plus
tomber dans le péché qu'il ne vous
laissera tomber en enfer. Il est aussi
déraisonnable, aussi anti-scripturaires et
aussi coupable de vous attendre à l'un que
de vous attendre à l'autre. Et si vous
péchez, ce ne sera jamais autrement que par
incrédulité.
Plusieurs d'entre vous ont lu le Journal de Mme
Esther-Anne Rogers et savent combien il lui
était habituel de s'en remettre
immédiatement et absolument à Christ,
quand la tentation se présentait ; or
elle était gardée chaque fois, elle
en rend hautement témoignage.
Souvenez-vous de ce qui arriva à Simon
Pierre. Il demanda à Jésus-Christ la
permission d'aller vers lui en marchant sur les
eaux, et le Seigneur l'invita à venir, ce
qui était de sa part une promesse implicite
de le soutenir. Sans cette promesse, c'eût
été tenter Dieu que d'entreprendre
pareille chose. Mais, armé de cette
promesse, Pierre n'avait plus le droit de douter.
Il se lança donc, et aussi longtemps qu'il
crut, la vertu de Christ le soutint, en sorte qu'il
marcha sur les eaux comme sur un terrain solide.
Mais aussitôt qu'il commença de
douter, il enfonça. Il en est de même
pour l'âme ; dès qu'elle commence
à douter que Jésus-Christ n'ait le
pouvoir et la volonté de la maintenir dans
un état d'amour parfait ; elle
succombe. Prenez Christ au mot, rendez-le
responsable, attendez-vous à lui, et la
terre et le ciel passeront avant qu'il laisse
tomber votre âme dans le
péché.
5. Vous voyez encore comment il se fait que
l'activité
désintéressée des saints soit
compatible avec le repos.
Cette activité a l'amour pour
principe ; aussi n'a-t-elle rien de contraint
ni de pénible. Bien loin de là :
si les chrétiens étaient
empêchés de s'y livrer, c'est alors
qu'ils souffriraient. Tel est leur amour des
âmes que s'ils ne pouvaient rien faire pour
elles, ils seraient en détresse. Au fait,
l'inactivité est incompatible avec repos des
saints. Comment serait-ce un repos que de ne rien
faire, quand on est tout brillant de l'amour de
Dieu et des âmes ? Pourrait-on se
reposer alors que Dieu est déshonoré
et que les âmes sont détruites sans
que personne ne vienne à leur secours ?
C'est au contraire un repos délicieux pour
l'âme que de se répandre en
prières et de se dépenser en efforts
pour le salut des pécheurs. Tel est le repos
dont jouissent les anges, lesquels ne cessent de
travailler nuit et jour au service des saints.
L'apôtre dit : « Prenez garde,
taies que la promesse du repos subsiste encore, que
quelqu'un d'entre vous n'en soit
privé. »
« Empressons-nous donc d'entrer dans ce
repos. »
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