« C'est ainsi. mes frères, que vous aussi vous avez été mis à mort en ce qui concerne la loi, par le moyen du corps de Christ, pour que vous fussiez mariés à un autre, à Celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu. » Rom VII : 4
Christ est souvent appelé l'Époux de l'Église. « Ton Créateur est ton époux : l'Éternel des armées est son nom. » « Revenez, enfants rebelles, dit l'Éternel, car je suis marié avec vous. » L'Église est appelée l'Épouse, la femme de l'Agneau. « L'Esprit et l'Épouse disent : Viens ! » L'apôtre Paul dit aux Corinthiens : « Je suis jaloux de vous d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure, » Je puis me borner à ces citations, car la Bible vous est assez familière pour que vous puissiez facilement constater le grand usage qu'elle fait du mariage comme type de l'union de Christ et de son Église.
1. L'épouse abandonne son nom et
prend celui de l'époux.
Ce changement de nom est partout une
conséquence du mariage. De même, les
membres de l'Église prennent le nom de
Christ ; quand ils sont unis à lui, ils
sont baptisés en son nom.
2. Les intérêts de la femme,
jusqu'alors séparés, se confondent
avec ceux du mari.
Une femme mariée n'a pas
d'intérêts séparés et
n'a pas le droit d'en avoir. De même,
l'Église n'a pas le droit d'avoir des
intérêts séparés de ceux
de Christ. Toute propriété que la
femme pouvait avoir appartient maintenant à
son mari. Celui-ci a la jouissance des immeubles de
sa femme, toute sa vie durant ; et quant aux
biens meubles de l'épouse, ils se confondent
absolument avec ceux de l'époux. De
même, la réputation de l'un devient la
réputation de l'autre. Ainsi en est-il de
l'Église, sa réputation et ses
intérêts ne se séparent pas de
ceux de Jésus-Christ. Et Jésus-Christ
est engagé à faire tout ce qui est
hou pour l'Église, exactement comme
l'époux est tenu de faire tout ce que
demandent les intérêts de
l'épouse. Un mari fidèle consacre son
temps, son travail, ses talents, au service des
intérêts et du bonheur de sa
femme ; de même Jésus-Christ se
consacre lui-même au bien de son
Église. Il est aussi jaloux de la
réputation de l'Église que jamais
mari a pu l'être de la réputation de
sa femme. Il faut dire plus : jamais homme n'a
été dévoué aux
intérêts de sa femme comme Christ
l'est aux intérêts de
l'Église ; et jamais homme n'a ressenti
les torts faits à sa femme comme Christ
ressent ceux que l'on fait à son
Église. Il déclare qu'il
« vaudrait mieux pour un homme qu'on lui
mît une meule de moulin autour du cou et
qu'on le jetât au fond de la mer, que de
scandaliser un seul de ces petits qui croient en
lui. »
3. La relation qui existe entre
l'époux et l'épouse est telle que
toute souffrance endurée par l'un est
virement ressentie par l'autre.
Quand l'Église souffre, Jésus-Christ
souffre avec elle et en elle. D'autre part, quand
le croyant a une vue quelque peu claire des
souffrances de Jésus-Christ, il n'y a rien
au monde qui l'affecte et le navre autant que ces
souffrances. Jamais femme n'a le coeur plus
brisé et n'éprouve. une plus grande
détresse que, l'épouse qui
reconnaît avoir causé. les souffrances
ou la mort de son mari ; mais cette
détresse n'égale point celle du
chrétien qui voit dans ses
péchés la cause de la mort de
Jésus-Christ. Qu'on me permette de demander
à chaque femme mariée qui m'entend ce
qu'elle éprouverait si son mari, pour la
sauver d'une ignominie et d'une mort
méritées, s'était
volontairement livré aux plus. grandes
souffrances et à la mort la plus horrible.
Quand quelque circonstance viendrait vous rappeler
ce sacrifice, votre coeur ne se briserait-il
pas ? Eh bien, ne l'avez-vous jamais compris,
ce sont vos péchés qui ont
causé la mort de Christ ; il est mort
pour vous absolument comme si vous aviez
été le seul pécheur au
monde ; il a souffert pour vous la douleur, le
mépris et la mort. « Il a
aimé son Église et s'est donné
pour elle ; » et cette Église
est appelée « l'Église de
Dieu qu'il a achetée de son propre
sang. »
4. L'épouse s'engage à
faire la volonté de son époux,
à lui obéir en toute chose.
La Bible fait un devoir à la femme de se
conformer en toutes choses à la
volonté de son mari. Cette volonté
est pour la femme fidèle la règle
vivante et le moteur de toute son activité.
Il en est de même de l'Église par
rapport à Christ ; la volonté de
Jésus-Christ domine et dirige toute sa
conduite.
5. La femme reconnaît en son mari
son chef.
La Bible déclare que le mari est le chef ou
« la tête » de la femme.
Or, de même que de la tête
procèdent les forces qui gouvernent tout le
corps, de Christ procèdent les forces qui
gouvernent toute l'Église.
6. La femme voit en son mari son
soutien,
son protecteur et son guide.
Chaque croyant se met sous la protection de Christ,
de même que la femme compte sur son mari pour
la préserver de tout mauvais traitement et
suffire à tous ses besoins. Le mari, de son
côté, est tenu de répondre
à l'attente de sa femme. De même,
Christ est engagé à protéger
son Église contre tous ses ennemis.
Que de fois les puissances de l'enfer n'ont-elles
pas essayé de la renverser ! mais son
Époux ne l'a jamais abandonnée.
Aucune arme forgée contre l'Église
« n'a jamais pu
prospérer » et ne
prospérera jamais. Que la terre et l'enfer
conspirent contre elle, autant il est vrai que
Jésus-Christ a le pouvoir de la
protéger, autant, il est certain qu'elle n'a
rien à craindre. Chaque croyant sera aussi
bien en sûreté que s'il était
le seul chrétien de la terre,
Jésus-Christ étant le garant de son
salut. Le diable ne peut pas plus vaincre un seul
fidèle et le perdre éternellement
qu'il ne peut vaincre. le Dieu Tout-Puissant. Il
peut tuer les chrétiens, mais ce n'est pas
leur faire du tort et ce n'est point un triomphe
pour lui ; il a tué
Jésus-Christ, mais qu'y a-t-il
gagné ? Le sépulcre n'avait
aucun pouvoir. sur Jésus-Christ, il n'en a
pas non plus sur le croyant. « Parce que
je vis, vous vivrez ; » celui qui
croit en moi, mort, il vivra ; quiconque vit
et croit en moi ne mourra jamais, » dit
le Seigneur.
7. L'existence légale de la femme
est tellement confondue avec celle de son mari, que
la loi ne connaît pas la femme comme personne
séparée.
Le mari est civilement responsable des
délits que la femme peut commettre ;
car son devoir est de la conduire, comme le devoir
de la femme est d'obéir. Si celle-ci
n'obéit pas, elle peut jeter son mari dans
de grands embarras et lui occasionner beaucoup de
frais et de peines. De même,
Jésus-Christ est établi chef de son
Église et s'il ne la garde pas du
péché, il faut qu'il en
réponde et il en résulte pour lui de
la douleur et de l'opprobre. Il est vrai que devant
la loi humaine, le mari n'est pas responsable des
crimes que la femme peut commettre. Mais Christ
s'est constitué responsable de TOUTE la
conduite de son Église.
Il a pris la place de son peuple alors que ce
peuple était convaincu de crime et
condamné à la mort éternelle.
C'est bien là se constituer responsable de
la façon la plus sérieuse. Et
maintenant c'est son affaire de prendre soin de son
Église, de la gouverner et de la garder du
péché. Il a fait l'expiation de tous
les péchés des siens ; il est
l'avocat qui intercède pour eux. Il faut
donc qu'il réponde devant Dieu de toute la
conduite de son Église. Chaque croyant est
si parfaitement uni à Jésus-Christ,
il est tellement « os de ses os, chair de
sa chair, » que tout péché
commis par lui retombe sur Jésus-Christ.
Tout ceci est abondamment enseigné dans la
Bible.
Quelle étonnante union ! Christ a
assumé non seulement la
responsabilité de la « conduite
civile » de son Épouse, mais
encore celle dit crime capital dont elle s'est
rendue coupable, je veux dire de sa
rébellion contre Dieu. En ce sens donc,
l'Église est perdue en Christ et n'a aucune
existence séparée devant la loi. Je
ne veux pas dire que, chez le chrétien, la
transgression de la loi morale ne soit pas un
péché, je veux dire que la loi n'a
plus prise sur lui pour le condamner ;
« il n'y a plus de condamnation pour ceux
- qui sont dans le Christ Jésus. »
Christ a pris la condamnation sur lui, il s'est
chargé de soustraire le croyant au pouvoir
du péché, ainsi qu'au pouvoir de la
loi, et de lui fournir toute l'assistance
nécessaire pour remporter une
complète victoire.
1. Le premier but
de cette union
est celui que donne notre texte :
« afin que nous portions du fruit pour
Dieu. »
Un des buts principaux du mariage est la
propagation de l'espèce. Ainsi en est-il
à l'égard de l'Église ;
elle doit donner des enfants à
Jésus-Christ en sorte qu'il « se
voie de la postérité, qu'il jouisse
du travail de son âme, et qu'il soit
entouré d'un peuple de franche
volonté nombreux comme les gouttelettes de
la rosée du matin. » Ce n'est pas
seulement par le travail du Rédempteur, que
cela doit s'accomplir, c'est aussi par celui de
l'Église : « dès que
Sion est en travail, elle se voit de la
postérité. »
(Esa
LXVI : 8)
2. Un autre but de l'institution du
mariage est l'entretien et la protection
d'êtres qui ne peuvent se suffire à
eux-mêmes.
Si la loi du plus fort prévalait seule dans
la société, les femmes seraient
partout opprimées et réduites en
esclavage ; le mariage leur apporte l'aide et
la protection dont elles ont besoin. Ainsi encore
en est-il pour l'Église ;
Jésus-Christ la soutient et lui accorde
toute la protection nécessaire contre ses
ennemis et contre toutes les puissances de
l'enfer.
3. Le bonheur des deux conjoints est
encore un des buts de l'institution du mariage.
Ainsi en est-il de l'union de Christ et de
l'Église. Vous trouverez peut-être
étrange que je vous dise que le bonheur de
Christ est augmenté par l'amour de
l'Église. Mais que dit la Bible ? Elle
dit « qu'en vue de la joie qui lui
était proposée, il a enduré la
croix et méprisé »
Qu'était-ce que cette joie, si l'amour de
l'Église n'en faisait pas partie ?
Il serait étrange qu'un époux
travaillât à rendre sa femme heureuse
sans jouir du bonheur qu'il lui procure. Autant
l'amour de Jésus-Christ surpasse celui d'un
époux terrestre, autant est plus grande la
joie que lui procure le bonheur de son
Église.
4. L'allégement des chagrins et
des souffrances du mari et de la femme est aussi un
but de l'institution du mariage.
Il y a pour l'un et pour l'autre une grande douceur
à mettre leurs peines en commun ;
personne ne l'ignore. Or, ceci est encore vrai de
Christ et de l'Église. L'apôtre Paul
dit « qu'il porte toujours avec lui, en
son corps, la mort du Seigneur Jésus ;
car comme les souffrances de Christ abondent en
nous, dit-il, de même notre consolation
abonde aussi par Christ. »
(2
Cor IV : 10 et 2
Cor I : 5.) L'un des
principaux buts de ses peines et de ses
renoncements, c'est, nous assure-t-il, de
connaître « la communion des
souffrances de Christ. » Il se
réjouit dans les tribulations ; il
achève de souffrir en sa chair Te reste des
souffrances de Christ. ». L'Église
ressent vivement tout opprobre qui retombe sur
Christ, et Christ ressent vivement toute injure et
tout tort faits à l'Église.
5. Le but principal de l'union de
Christ
et de l'Église est la sanctification de
l'Église.
Lisez ce qui est dit Eph
V : 22-27 :
« Femmes, soyez soumises à vos
maris, connue au Seigneur ; car le mari est le
chef de la femme, comme Christ est le chef de
l'Église, qui est son corps, et dont il est
le Sauveur. Or, de même que l'Église
est soumise à Christ, les femmes aussi
doivent l'être à leurs maris en toutes
choses. Maris, aimez vos femmes, comme Christ a
aimé l'Église, et s'est livré
lui-même pour elle, afin de la sanctifier par
la parole, après l'avoir purifiée par
le baptême d'eau, afin de la faire
paraître devant lui glorieuse, sans tache, ni
ride, ni rien de semblable, mais sainte et
irrépréhensible. »
Voilà donc le grand but de l'union de Christ
et de l'Église : soit parfaitement
sainte. L'apôtre Jean nous dit dans
l'Apocalypse qu'il vit ceux qui « avaient
lavé et blanchi leurs robes dans le sang de
l'Agneau ; » et voyez, au chap. XXI
de ce même livre, avec quelle splendeur
apparaît « l'Épouse, la
femme de l'Agneau, qui descend du ciel,
d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu,
et parée comme une épouse pour son
époux. »
1. Un très grand nombre de ceux
qui font profession de faire partie de
l'Église, l'Épouse de Christ,
continuent à avoir des intérêts
distincts de ceux de Jésus-Christ et
à s'en préoccuper.
Ils ont fait profession de renoncer à leurs
propres intérêts pour n'en avoir plus
d'autres que ceux de Christ, et cependant si vous
les exhortez è agir conformément
à cette profession, ils vous montreront
qu'ils n'en Ont nullement l'intention. Que
penseriez-vous d'une femme qui durait des
intérêts séparés de ceux
de son mari ? Vous diriez que manifestement
elle n'aime pas son mari comme elle le doit.
2. L'Église ne cesse pas de
déshonorer Jésus-Christ.
La réputation de l'époux et celle de
l'épouse ne font qu'un. Tout ce qui
déshonore l'un déshonore l'autre. Or,
au lieu d'éviter toute apparence de mal,
l'Église par sa conduite donne
continuellement aux ennemis de Dieu sujet de
blasphémer contre lui.
3. L'Église ne pense pas que
l'amour de Christ puisse lui suffire.
Chacun sait, comment l'on juge une femme qui ne se
contente pas de l'amour de son mari et qui cherche
sans cesse d'autres amants. Or chacun peut voir que
cette conduite horrible est celle de
l'Église. Combien n'y a-t-il pas en effet de
membres de l'Église à qui l'amour de
Jésus-Christ ne suffit pas, et qui ne
s'estiment pas heureux s'ils ne peuvent pas avoir
en même temps les richesses, les plaisirs et
les honneurs de ce monde ?
La conduite de cette épouse coupable serait
plus horrible encore si on la voyait choisir ses
amants parmi les ennemis de son mari, et les
introduire dans la maison conjugale. Or combien de
gens, n’y a-t-il pas qui font profession
d'appartenir à Christ et qui
réservent leurs affections pour ses
ennemis ? On voit, par exemple, des
chrétiens de profession s'unir par le
mariage avec des ennemis avoués de Dieu et
de toute religion. Quelle indignité !
Est-ce là la conduite d'une
épouse ?
4. Chacun sait l'opprobre qui pèse
sur les prostituées ; or, Dieu parle
souvent de son Église comme d'une
prostituée.
Mais il n'en parle pas comme ferait un homme
décidé à abandonner sa
femme ; il en parle avec une grande tristesse,
une grande tendresse, avec les prières et
les exhortations les plus touchantes à
revenir à lui.
5. Que penseriez-vous d'une femme
qui, le
jour même de son mariage, s'attendrait
à être bientôt fatiguée
de son mari, à le délaisser et
à se vouer à la
prostitution ?
Or, combien n'y a-t-il pas de chrétiens qui
lorsqu'ils font profession de se donner à
Jésus-Christ n'ont pas plus la pensée
de vivre sans pécher, qu'ils n'ont celle de
recevoir des ailes et de s'envoler au plus haut des
airs ? Ils sont venus dans la maison de Dieu,
ils se sont engagés à vivre
entièrement pour lui, ils se sont
fiancés à Christ publiquement, ils se
sont engagés à renoncer à tout
péché, à ne vivre que pour
leur divin Époux ; ils ont
déclaré hautement que son amour leur
suffirait, qu'ils n'auraient jamais d'autre
Bien-aimé que lui ; et
néanmoins, tout en parlant de la sorte, ils
ne quittaient pas un seul instant la pensée
de se jeter bientôt dans les chemins de
traverse, pour « se livrer aux
étrangers, sur toute colline et sous tout
arbre verdoyant. »
Hélas ! le fait n'est que trop certain,
c'est de la façon la plus
réfléchie que la plupart des
« chrétiens »
s'attendent à commettre l'adultère
spirituel et à le perpétrer
jusqu'à leur dernier jour.
6 Mais ce qu'il y aurait de plus
abominable dans la conduite de la femme
adultère, ce serait qu'elle rejeta tout
l'odieux de sa conduite sur son époux
fidèle et dévoué.
Et c'est précisément ce que fait
l'Église. Bien que Jésus-Christ ait
tout fait, à part l'emploi de la contrainte,
pour la garder du péché, elle rejette
sur lui l'odieux de sa conduite, l'accusant de
n'avoir point pourvu à ce que le
péché ne fût pas une
nécessité pour elle. Les choses en
sont venues à ce point qu'elle abhorre
jusqu'au nom de la perfection chrétienne,
comme si c'était vraiment déshonorer
Christ que de le croire capable de garder son
peuple du péché et de le
préserver des pièges du diable.
Hélas ! pendant des siècles il a
été jugé contraire à
l'orthodoxie, dans la plus grande partie de
l'Église, d'enseigner que
Jésus-Christ a réellement pourvu
à ce que son peuple pût vivre sans
pécher. Quoi ! Jésus-Christ
aurait choisi l'Église pour épouse et
n'aurait pas pris des mesures suffisantes pour la
protéger contre les artifices du
diable ! Ce serait une belle oeuvre que la
sienne, en vérité ! Elle ne
pourrait être que la risée de l'enfer.
Quel est l'époux qui, dans une situation
pareille à celle de Christ, voudrait rester
uni à la femme qu'il aurait
épousée et supporter tout ce que
Christ supporte ? Cependant le Sauveur offre
toujours la réconciliation à son
Église ; il s'efforce toujours de
regagner son affection. Parfois un mari perd toute
affection pour sa femme, et la traite si
brutalement qu'elle perd à son tour toute
affection pour son mari. Mais où trouver
dans le caractère ou dans la conduite de
Christ quoi que ce soit qui puisse justifier la
façon dont l'Église agit envers
lui ? Il s'est livré, sacrifié
lui-même absolument pour gagner son
affection ; que pouvait-il faire de
plus ? Quelle faute peut-on lui reprocher,
quelle est la vertu qui lui manque ?
Voyez comment il agit maintenant, après tout
ce que l'Église a fait contre lui. Supposez
qu'un mari suive de ville en ville sa femme
vagabonde et coupable, la suppliant et la pressant
avec larmes de rentrer au domicile conjugal.
Supposez que tout en la voyant persister à
courir après ses amants, il ne se
lassât point de la suivre, criant toujours,
suppliant toujours et l'assurant qu'il ne demande
qu'à lui pardonner et à
l'aimer ; — et dites-moi si une
bonté et une condescendance pareilles se
sont jamais rencontrées parmi les enfants
des hommes. Or c'est précisément
ainsi que Jésus-Christ agit à
l'égard de son Église coupable.
1. Les chrétiens doivent
comprendre la gravité de leurs
péchés.
Vous déshonorez Jésus-Christ, vous le
contristez, vous lui faites tort, puis vous le
rendez responsable de vos
péchés ! Comprenez bien qu'en
vertu de l'intime relation qui vous unit à
lui, vos péchés l'affectent de la
manière la plus directe.
Quelle n'est pas la douleur d'une femme qui a
déshonoré son mari ? La rougeur
lui monte au front, les larmes inondent son
visage ; et quand elle paraît en
présence de celui qu'elle a indignement
traité, elle se jette à ses pieds,
elle confesse sa faute et implore son pardon dans
l'humiliation la plus profonde. Elle ne peut plus
goûter aucun repos qu'elle ne se sente
pardonnée.
Quand un chrétien tombe dans le
péché et déshonore
Jésus-Christ, comment peut-il dormir
tranquille ? Comment pouvez-vous supporter la
pensée que votre péché
s'attaque à Jésus-Christ
lui-même, qu'il porte atteinte aux tendres
rapports qu'il soutient avec vous et
déshonore son nom dans le monde ?
2. Un grand obstacle au développement
de la vie chrétienne est le fait que les
chrétiens s'attendent à vivre dans le
péché ; cette attente, en effet,
assure la continuation du péché.
Celui qui s'attend à persister dans le
péché, a en réalité
l'intention d'y persister ; aussi le fait-il.
Il y a lieu de craindre que beaucoup de personnes
qui font profession de piété ne se
soient jamais sérieusement proposé de
vivre sans péché. L'apôtre Paul
insiste sur le fait que le croyant doit bien
faire son compte qu'il est mort au
pêché, que par conséquent
il n'a plus du tout affaire avec lui ; qu'il
ne peut pas plus s'attendre à pécher
qu'in mort ne pourrait s'attendre à marcher.
Le chrétien doit se reposer sur Christ, le
recevoir dans tous ses offices, et s'attendre
à être gardé, sanctifié
et sauvé par lui.
S'il fait cela, ne croyez-vous pas qu'il sera
préservé du
péché ? — Il le sera, cela
est certain, exactement comme il est certain qu'il
a compté sur Christ. La raison pour laquelle
les chrétiens ne sont pas gardés du
péché en tout temps, autant qu'ils en
ont besoin, est dans le fait qu'ils ne se confient
pas en Christ, qu'ils ne s'attendent pas à
être gardés par lui dans l'amour
parfait. Ils essaient de se garder eux-mêmes.
S'ils connaissaient mieux leur absolue impuissance,
et s'ils se reposaient absolument sur Christ pour
leur sanctification comme pour leur justification,
ils obtiendraient l'une aussi bien qu'ils ont
obtenu l'autre.
Personne ne s'est jamais confié en Dieu pour
recevoir une chose que Dieu a promise, sans la
recevoir. Sans doute, si vous vous confiez en Dieu
en vue d'obtenir une chose qu'il n'a pas promise,
vous tentez Dieu. Si Pierre n'avait pas
été appelé par
Jésus-Christ à marcher sur les eaux
pour venir à lui, c'eût
été tenter Dieu que de quitter le
bateau, et il aurait payé de sa vie sa folle
présomption. Mais du moment que Christ
l'avait appelé, répondre à cet
appel était le fait d'une foi saine et
raisonnable. Christ était engagé
à le soutenir, et il fut soutenu aussi
longtemps que dura sa confiance.
Si la Bible a promis que ceux-là seront
sanctifiés qui reçoivent Christ pour
leur sanctification, vous tous qui vous confiez en
lui dans ce but, vous avez exactement autant de
raisons de vous attendre à être
sanctifiés que Pierre en avait de s'attendre
à être porté sur les eaux. Et
si un miracle était nécessaire pour
vous garder du péché, Dieu
l'accomplirait, car il remuerait tout l'Univers et
renverserait toutes les lois de la nature,
plutôt que de permettre qu'une seule de ses
promesses fût anéantie.
Dieu a-t-il promis la sanctification à ceux
qui se confieraient en lui pour la recevoir ?
S'il ne pas promise, se confier en lui pour
être gardé de la tentation et du
péché, c'est le tenter ; c'est
du fanatisme. S'il nous a laissés dans la
cruelle nécessité de marcher en
comptant sur notre propre sagesse et nos propres
forces, nous devons nous soumettre et faire le
mieux que nous pouvons. Mais s'il a fait des
promesses, il les accomplira Parfaitement, quand
bien même toute la terre et tout l'enfer s'y
opposeraient.
Je crois que le grand obstacle à la
perfection chrétienne vient de ce que
l'Église n'a pas compris que
Jésus-Christ s'est pleinement engagé
envers nous pour tout ce qui concerne notre salut,
et que nous sommes tenus de nous confier en lui
pour notre sanctification exactement comme pour
notre justification. Que dit
l'Écriture ? « Il nous a
été fait de la part de Dieu, sagesse,
justice, sanctification et
rédemption. » - Qu'un homme
« demande la sagesse avec foi, et elle
lui sera donnée. » Christ le
préservera de tomber dans l'illusion et dans
l'erreur. Que l'Église veuille seulement
renoncer à rien attendre d'elle-même,
qu'elle meure absolument à toute sagesse
propre et à toute force propre (ainsi
qu'elle fait quant à la pensée de
mériter son salut par ses oeuvres), et
Christ est engagé pour la suite de l'oeuvre
comme pour le début. Il n'y a qu'une seule
raison au fait que l'Église n'obtient pas la
sanctification comme la justification, c'est
qu'elle ne se confie pas en Christ pour la
première comme pour la seconde.
Après avoir commencé par l'Esprit, la
plupart s'efforcent d'arriver à la
perfection par la chair. lis se sont reposés
sur Christ pour leur justification, et maintenant
ils s'efforcent de se sanctifier eux-mêmes.
S'il est vrai, comme l'apôtre l'affirme, que
Christ soit notre sagesse et notre sanctification,
qu'est-ce qui peut excuser un chrétien de
n'être pas sanctifié ?
3. Si les chrétiens ne s'attendent pas à vivre sans pécher contre Christ, comme ils s'attendent à vivre sans commettre des péchés scandaleux contre les hommes, tels que le meurtre et l'adultère, cela provient de l'une des trois causes suivantes :
a) Ou bien ils aiment leurs semblables plus que le Seigneur et ils craignent de leur faire tort plus que de faire tort au Seigneur.
b) Ou bien c'est le souci de leur réputation qui les préserve de certaines formes du mal, ce qui prouverait qu'ils aiment leur réputation plus que Jésus-Christ.
c) Ou bien ils pensent être. capables de se garder eux-mêmes des grands crimes, tandis qu'à l'égard de péchés moins odieux ils n'ont pas la même confiance.
Je suppose que je demande à
quelques-uns d'entre vous s'ils s'attendent
à devenir meurtriers ou adultères,
cette seule pensée leur ferait horreur. Mais
qu'est-ce qui vous garantit de ces grandes
chutes ? Êtes-vous si vertueux que vous
puissiez résister à toute tentation
de Satan ? Si vous répondez
affirmativement, vous ne vous connaissez pas
vous-mêmes. Et si vous avez une force propre
qui vous permette de vous garder des
péchés scandaleux, vous devez pouvoir
vous garder de tous les péchés. Mais
si votre confiance est toute en Jésus-Christ
pour qu'il vous garde de commettre l'assassinat ou
l'adultère, comment pouvez-vous supposer
qu'il ne soit pas capable de vous préserver
de tout autre péché ? Oh !
si les croyants voulaient seulement se reposer
entièrement sur Christ, se mettre sans
réserve sous sa direction, et lui laisser
toute responsabilité, ils feraient
l'expérience de sa puissance pour sauver, et
vivraient alors d'une vie exempte de
péché.
4. Quelle accusation perpétuelle et
quel opprobre que l'Église pour
Jésus-Christ !
5. Vous voyez pourquoi les nouveaux
convertis sont ce qu'ils sont.
L'Église est dans un tel état qu'il
ne faut pas s'étonner si les âmes
qu'elle gagne deviennent, à peu d'exceptions
près, un déshonneur pour
l'Évangile. Comment pourrait-il en
être autrement ? Vivant comme elle vit,
comment l'Église enfanterait-elle des
enfants qui fussent un honneur pour Christ ?
Elle ne reçoit pas le Sauveur dans tous ses
offices, tel que nous le présente la Bible.
Si elle le faisait, il lui serait impossible de
vivre à la façon d'une
prostituée.
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