« Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Mat V : 48.
Lisons d'abord le passage dont notre texte est la
conclusion : « Vous avez appris
qu'il a été dit : Tu aimeras ton
prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi je
vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez
ceux qui vous maudissent faites du bien à
ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui
vous maltraitent et vous persécutent, afin
que vous soyez fils de votre Père qui est
dans les cieux ; car il fait lever son soleil
sur les méchants et sur les bons, et il fait
pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si
vous aimez ceux qui vous aiment, quelle
récompense méritez-vous ? Les
publicains aussi n'agissent-ils pas de
même ? Et si vous aimez seulement vos
frères, que faites-vous
d'extraordinaire ? Les païens aussi
n'agissent-ils pas de même ? Soyez donc
parfaits, comme votre Père céleste
est parfait. »
En traitant de la perfection chrétienne, je
montrerai :
I. ce que n'est pas cette perfection,
II. ce qu'elle est,
III. qu'elle est un devoir,
IV. qu'elle est possible,
V. enfin, je répondrai à quelques
objections qui sont faites ordinairement contre la
doctrine de la Perfection chrétienne.
1. Dieu ne demande pas que nous
ayons les
mêmes perfections naturelles que lui.
En Dieu, se trouvent deux sortes de
perfections : les naturelles et les morales.
Les naturelles sont son éternité, son
immutabilité, sa toute-puissance, etc., Il
va de soi qu'il n'est pas question d'imiter ces
perfections-là.
2. Dieu ne demande pas la perfection
de
la connaissance, non pas même celle que
peuvent comporter des facultés comme les
nôtres.
3. La perfection chrétienne
requise de nous ne consiste pas non plus à
être exempt de toute sorte de
tentations,
soit de celles qui naissent de la constitution
même de notre être, soit de celles qui
nous viennent du dehors. L'esprit peut être
continuellement tenté par les
appétits du corps, et cela de la
façon la plus pénible, sans que
cependant il y ait péché.
L'apôtre Jacques dit :
« Chacun est tenté quand il est
attiré et amorcé par son propre
désir. » Le péché
n'est pas dans la tentation ; il est dans
l'acte de céder à la tentation. On
peut être tenté par Satan, par ses
propres appétits, par le monde, et rester
sans péché.
4. La perfection chrétienne
n'implique pas que le combat du chrétien, ou
« le bon combat, » — ces
mots étant pris dans leur sens vrai et
biblique, — ait cessé.
5. Elle n'est pas non plus l'infinie
perfection morale de Dieu ;
l'homme étant une créature morale
bornée, n'est pas capable d'affections
infinies. Pour Dieu, qui est infini, être
parfait, c'est être infiniment parfait. Ce
n'est pas là ce que Dieu nous demande.
C'est une parfaite obéissance à la
loi de Dieu. Cette loi requiert une bienveillance
impartiale, désintéressée,
parfaite ; l'amour pour Dieu et pour le
prochain. Elle demande que nous soyons
animés des mêmes sentiments que Dieu,
que nous agissions par les mêmes principes
que lui, que nous soyons purs de tout
égoïsme, En un mot, que dans notre
mesure, nous soyons parfaits comme il est
parfait.
Le christianisme demande que nous ne fassions ni
plus ni moins que ce que la loi de Dieu ordonne.
Celui qui le fait est, moralement, parfait comme
Dieu. Il a les mêmes sentiments que
Dieu ; il aime ce que Dieu aime ; il hait
ce que Dieu hait ; et pour les mêmes
raisons.
Dieu estime chaque être dans l'Univers et
tient compte de lui à proportion de ce qu'il
vaut. Il a égard de même à ses
propres intérêts en raison de leur
valeur réelle. Le Père, le Fils et le
Saint-Esprit s'aiment (1) d'un
amour suprême, tout
à la fois amour de bienveillance et amour de
complaisance (complacency), parce qu'ils sont
souverainement excellents. Et Dieu requiert de nous
que nous l'aimions du même amour.
Il prend soin de son intérêt, de sa
gloire et de son bonheur, parce qu'ils constituent
le bien suprême. Il se comptait infiniment en
sa propre excellence, parce qu'il sait que cette
excellence est infinie. Il aime sa créature
comme lui-même, non au même
degré, mais dans la même proportion.
Il aime ses créatures en raison de leur
valeur réelle ; depuis le plus
élevé des archanges jusqu'au moindre
ver de terre, il tient compte du bonheur de chaque
être. Or il nous a créés
à son image, capables de nous conduire selon
la même règle que lui. Nous devons
aimer aussi impartialement, aussi parfaitement que
lui, recherchant le bien des autres avec. la
même pureté que lui. C'est en cela que
consiste la Perfection chrétienne ;
elle ne peut être moins que cela.
1. Cela ressort avec évidence du
fait que Dieu l'exige et dans la loi et dans
l'Évangile.
Le commandement de notre texte :
« Soyez parfaits comme votre Père
céleste est parfait, » est
donné dans l'Évangile.
Jésus-Christ commande ici exactement ce que
la loi commande. Quelques personnes supposent que
l'Évangile demande beaucoup moins de nous
que ne demandait la loi. Il est vrai que
l'Évangile n'exige pas la perfection comme
condition du salut ; mais il ne nous dispense
à aucun degré de l'obligation
d'accomplir les commandements de la loi ; il
exige la même sainteté que
celle-ci.
2. La Perfection chrétienne est un
devoir, car Dieu n'a pas le droit de demander
moins.
Dieu ne peut pas nous dispenser de l'obligation
d'être parfaits au sens que nous avons
indiqué ; nous en dispenser
équivaudrait à nous donner la
permission de pécher. Tant que nous sommes
des êtres moraux, aucun pouvoir
dans l'Univers ne peut nous soustraire
à l'obligation d'être parfaits. Dieu
peut-il nous dispenser du devoir de l'aimer de tout
notre coeur, de toute notre pensée, de toute
notre. force ? Une pareille dispense
signifierait que Dieu ne. mérite pas un tel
amour. Et si Dieu ne peut pas nous exempter de
l'obligation morale tout entière, il ne peut
pas. non plus, pour les mêmes raisons, nous
exempter d'une partie quelconque de cette
obligation.
3. Si quelqu'un prétendait que
l'Évangile exige moins de sainteté
que la loi, je lui demanderais de me dire au juste
combien il en exige de moins.
Si nous sommes autorisés à ne point
rendre à Dieu une obéissance
parfaite, à quelle distance de cette
obéissance nous arrêterons-nous ?
À quel degré de perfection ou
d'imperfection sommes-nous tenus d'arriver ?
Où trouverez-vous dans la Bible une
règle qui détermine de combien vous
pouvez être moins saints sous la dispensation
évangélique que vous n'auriez
dû l'être sous la loi ? Direz-vous
que c'est à chacun d'en juger pour ce qui le
concerne ? Je vous demande alors si vous ne
pensez pas que ce soit votre devoir d'être un
peu plus saints que vous ne l'êtes
maintenant. Tous, probablement, vous
répondrez : oui. Pouvez-vous indiquer
un point où il vous serait permis de dire,
après l'avoir atteint :
« Maintenant c'est assez, je suis
suffisamment parfait ; il est vrai qu'il y a
encore du péché en moi, mais je suis
arrivé aussi loin que mon devoir le demande
en ce monde. » Qu'est-ce qui vous
autoriserait à parler de cette
façon ? La vérité est que
tous ceux qui sont véritablement pieux
sentent l'obligation d'être parfaits comme
Dieu est parfait ; et plus ils sont pieux,
plus ils la sentent.
Du seul fait que la perfection chrétienne
est commandée, on peut à bon droit
inférer qu'elle est réalisable.
Quand Dieu nous commande d'être parfaits
comme il est parfait, oserions-nous lui
répondre que c'est impossible ? Quand
il nous donne un ordre, ne devons-nous pas toujours
en conclure qu'il y a en nous possibilité
naturelle de faire Ce qu'il nous ordonne ? Je
me rappelle avoir entendu dire à un
prédicateur qu'il prêcherait aux
pécheurs qu'ils doivent se repentir, parce
que Dieu le commande ; mais qu'il ne voudrait
jamais prêcher que les pécheurs
peuvent se repentir, parce que Dieu ne le dit nulle
part. Quelle lamentable puérilité
Quelqu'un prêche l'obéissance aux
lois, mais il ne veut jamais dire que cette
obéissance est possible, parce que le code
ne le dit pas t Dieu nous commanderait-il, sous
peine de mort, ce qui est impossible ;
enverrait-il les pécheurs en enfer pour
n'avoir pas fait ce qu'ils n'étaient en
aucune façon capables de
faire ?
Que nous ayons la capacité d'être
parfaits, c'est un fait bien facile à
constater. Qu'est-ce que cette perfection que nous
devons réaliser ? C'est aimer Dieu de
tout notre coeur, de toute notre âme, de
toute notre pensée, de toute notre force et
aimer notre prochain comme nous-mêmes ;
c'est-à-dire que c'est exercer, non des
facultés que nous n'avons pas, mais bien
celles qui sont en nous : « de toute
ta force, de tout ton coeur » etc. Ce
commandement ne demande que l'exercice raisonnable
et juste des facultés que nous
possédons. - Il est donc clair que nous
avons la capacité naturelle ou le pouvoir
d'être parfaits exactement comme Dieu le
demande.
L'on objecte que s'il y a en nous capacité
naturelle, il y a incapacité morale ;
ce qui, dit-on, revient au même que s'il y
avait incapacité naturelle. Nous
répondons que nous ne sommes pas plus
incapables moralement d'être parfaitement
saints que nous le sommes d'être saints
à un degré quelconque. La
différence qu'il y a entre la
capacité naturelle et la capacité
morale consiste en ce que la première a
trait à la puissance et aux facultés
de l'esprit ; tandis que la seconde concerne
la volonté seule. L'incapacité morale
n'est pas autre chose que la mauvaise
volonté. C'est ce que démontre le
Président Edwards dans son traité sur
la volonté, et bien d'autres auteurs
encore.
Vous demandez si vous avez la capacité
morale d'être parfait. Entendez-vous par
là demander si vous avez la volonté
d'être parfait ? En ce cas, je
répondrais : Non. Car si vous vouliez
(2) être
parfait, vous seriez parfait. La perfection qui est
demandée de nous n'est en effet que la
conformité de notre volonté à
la loi de Dieu.
Mais, direz-vous, pouvons-nous réellement
vouloir le bien, vouloir ce que Dieu veut ? Je
réponds que cette question implique
contradiction ; elle suppose en effet qu'un
agent moral peut être incapable de choisir ou
de vouloir. Dans son chapitre sur
l'incapacité morale, le Président
Edwards dit expressément que
l’Incapacité morale est une chose qui
n'existe pas. Quand nous parlons
d'incapacité à faire une chose, nous
voulons dire que la volonté y
fût-elle, le pouvoir manquerait pour
l'exécution. Parler d'incapacité
morale est donc évidemment absurde, car
c'est dire à la fois que nous voulons et que
nous sommes incapables de vouloir
(3).
Mais j'admets et je crois qu'il y a chez l'homme
une volonté
désespérément mauvaise. Et si
c'est là ce que vous appelez
« incapacité morale, »
vous avez raison d'affirmer l'existence de cette
incapacité. Il y a chez le pécheur
une volonté fort tenace de ne point devenir
chrétien, et chez le chrétien une
volonté semblable de ne point devenir
parfait. Les pécheurs peuvent désirer
ardemment de devenir chrétiens et les
chrétiens peuvent désirer ardemment
d'être délivrés de tout
péché, et prier pour cela avec
insistance, même jusqu'à être
dans une sorte d'agonie ; ils peuvent ainsi
croire qu'ils ont la volonté d'être
parfaits, et se tromper sur ce point. Que tous
leurs péchés considérés
d'une manière abstraite, en bloc, leur
soient enlevés à la fois, ils ont le
sentiment qu'ils le veulent ; mais prenez ces
péchés en détail, un par un,
et présentez leur chacun d'eux tel qu'il se
trouve dans la réalité de leur vie de
chaque jour, et vous verrez qu'il y a maint
péché qu'ils ne veulent pas
abandonner. Ils combattent le péché
en général, le péché,
conception vague et abstraite de leur esprit, mais
ils le chérissent dans les détails de
la vie pratique.
J'ai vu, dans plus d'une circonstance, des
chrétiens, en proie à une
émotion profonde, se persuader qu'ils en
avaient fini pour toujours avec le
péché ; puis, moins d'une heure
après peut-être,
l'événement prouvait qu'ils
étaient aussi attachés que jamais
à leur ancienne convoitise, et qu'ils
avaient besoin d'être encore et plus d'une
fois brisés. Les chrétiens ont besoin
actuellement qu'on les poursuive d'un
péché à l'autre ; ils
s'attachent à chacun d'eux, et à
chacun d'eux il faut recommencer à livrer
bataille ; finalement il se trouve qu'ils ne
veulent pas renoncer à tout
péché !
Quand un homme a véritablement la
volonté de renoncer à tout
péché et abandonne entièrement
sa volonté propre pour ne plus vouloir que
celle de Dieu, tous les liens qui enlacent son
âme sont brisés aussitôt ;
il est « rempli de toute la
plénitude de Dieu. »
En fait, voici le langage que l'on nous
tient : Ai-je droit de m'attendre à
être parfait en ce monde ? Ai-je quelque
raison de croire que je puisse être si
complètement subjugué par l'Esprit de
Dieu que mon âme brûle d'une flamme
constante, aimant Dieu pleinement comme la loi le
demande ? Que ce soit un devoir, personne ne
le nie ; mais la question est toujours :
est-ce réalisable ?
À cette question, je
réponds :
Ces dernières années, on a tant
parlé de Perfection chrétienne, et
plusieurs de ceux qui professaient cette doctrine
sont tombés dans tant d'aberrations, que le
diable semble avoir anticipé le mouvement de
l'Église pour le compromettre. Il en est
résulté un tel état des
esprits que du moment où la doctrine
biblique de la sanctification est
présentée, aussitôt l'on
s'écrie de divers côtés :
« Mais c'est du
perfectionnisme ! » Eh bien !
malgré les erreurs dans lesquelles
quelques-uns de ceux qu'on appelle perfectionnistes
sont tombés, je n'hésite pas à
affirmer que la doctrine de la Perfection
chrétienne est dans la Bible, et que
personne ne doit la craindre, mais qu'au contraire
chacun doit apprendre à la connaître.
J'ai personnellement beaucoup connu les
perfectionnistes ; j'ai lu leurs
publications ; et je dois dire que je ne puis
donner mon assentiment à bon nombre de leurs
vues. Mais que la Perfection chrétienne soit
un devoir, je l'ai toujours maintenu ; et
depuis quelques mois, je suis plus convaincu que
jamais, et pour diverses raisons, qu'elle est
réalisable en cette vie.
1. Dieu veut que nous la
réalisions ici-bas.
Plusieurs se demandent : « Dieu
veut-il réellement ma sanctification en ce
monde ? » Je réponds :
Oui, puisqu'il l'a dit. La loi elle-même est
une manifestation aussi forte que possible de sa
volonté à cet égard ;
elle est appuyée par une sanction infinie.
L'Évangile ne fait que
réitérer l'expression de cette
volonté sous une autre forme. Comment Dieu
pourrait-il exprimer plus fortement sa
volonté qu'il ne le fait dans notre
texte : « Soyez donc parfaits comme
votre Père céleste est
parfait ? » Dans la première
épître aux Thessaloniciens,
(1Th
4:3), il nous est dit :
« Ce que Dieu veut, c'est votre
sanctification. » Si vous étudiez
la Bible soigneusement, d’un bout à
l'autre, vous y verrez partout que Dieu veut que
ses enfants soient saints en ce monde, comme il
veut qu'en ce monde les pécheurs se
convertissent ; la première de ces
vérités n'est pas enseignée
moins clairement que la seconde. Si vous vous en
rapportez à la Bible, vous pourriez tout
aussi bien révoquer en doute la
volonté de Dieu à l'égard de
la conversion de ceux-ci qu'à l'égard
de la sanctification de ceux-là Dieu leur
commande, aux uns et aux autres, la
sainteté : pourquoi ne l'attendrait-il
pas de leur part ?
Quand il demande la repentance, que veut-il au
fond ? Il veut que les hommes l'aiment de tout
leur coeur, de toute leur âme, de toute leur
pensée, de toute leur force. Les mêmes
raisons qui nous portent à croire que Dieu
veut la repentance et l'amour à un
degré quelconque, ne nous obligent-elles pas
à affirmer que Dieu veut, une repentance
entière, un amour parfait ? il demande
l'amour, et vous en concluez qu'il veut être
aimé ; il demande l'amour parfait, et
vous refusez d'en conclure qu'il veut, être
aimé parfaitement : n'est-ce pas une
étrange logique ? Personne ne peut
démontrer par la Bible que Dieu ne demande
pas la parfaite sanctification en ce monde, ni
qu'il ne la veuille pas, ni qu'elle ne soit pas
aussi réalisable que tel degré
déterminé de sanctification.
J'ai passé en revue toute la Bible en notant
tous les passages qui concernent le point qui nous
occupe, et je les ai trouvés si nombreux que
je n'ai pu les inscrire sur la carte qui contient
le plan de mon discours. Si je vous les citais
tous, je ne pourrais faire autre chose ce soir que
de vous lire des passages. Si vous étudiez
la Bible au point de vue qui nous occupe, vous
serez étonnés de voir combien
nombreux sont les passages où il est
question d'être délivré du
péché lui-même, en regard de
ceux qui nous parlent de l'exemption du
châtiment ; le nombre de ces derniers
est insignifiant en comparaison de celui des
premiers.
2. Toutes les promesses de Dieu et
toutes
les prophéties qui concernent la
sanctification des croyants en ce monde, doivent
être comprises, cela va de soi, de la
parfaite sanctification.
Qu'est-ce que la sanctification, si ce n'est la
sainteté ? Quand une prophétie
annonce la sanctification de l'Église,
devons-nous entendre par là, une
sanctification partielle ? Et quand Dieu exige
la sainteté, devons-nous comprendre qu'il
n'exige qu'une sainteté partielle ?
Assurément non. Quand donc Dieu promet la
sainteté, au nom de quel principe
voulez-vous l'entendre d'une sainteté
partielle ? Voilà si longtemps que nous
expliquons les Écritures au point de vue de
l'état actuel des choses, que nous avons
entièrement perdu de vue leur sens
réel. Mais si l'on ne veut tenir compte que
du langage de la Bible, je défie qui que ce
soit de montrer que les promesses et les
prophéties concernant, la sainteté
puissent se rapporter à autre chose qu'a la
parfaite sanctification ; autant vaudrait
prétendre que les commandements de la loi et
de l'Évangile ne doivent être compris
que d'une obéissance partielle, ce qui est
manifestement absurde.
3. LA PARFAITE SANCTIFICATION EST
« LA GRANDE
BÉNÉDICTION » PROMISE
PARTOUT DANS LA BIBLE.
L'apôtre Pierre dit : « Les
très grandes et précieuses promesses
nous ont été données, afin que
par leur moyen vous eussiez communication de la
nature divine, ÉTANT ÉCHAPPÉS
(4)
A LA
CORRUPTION qui règne dans le monde par la
convoitise. »
(2
Pierre I : 4). Si ce n'est
pas là la parfaite sanctification, je
demande ce que ce peut être. Nous avons ici
une déclaration établissant que les
très grandes et précieuses promesses
nous ont été données afin
qu'en les croyant, nous devenions participants de
la nature divine. Si donc nous voulons nous servir
d'elles dans le but pour lequel elles nous ont
été données, nous pouvons
devenir parfaitement saints.
Passons en revue quelques-unes de ces
promesses.
Je commencerai par la promesse renfermée
dans l'alliance que Dieu traita avec Abraham. Cette
promesse assurait au patriarche que sa
postérité posséderait le pays
de Canaan, et qu'en lui, par le Messie, toutes les
nations seraient bénies. Le sceau de cette
alliance, la circoncision, qui est, comme chacun le
sait, un type de la sainteté, nous montre
quelle était la principale
bénédiction que Dieu avait en vue
pour toutes les nations. C'était la
SAINTETÉ. Aussi l'apôtre nous dit-il
que Jésus-Christ a été
donné « afin de se sanctifier un
peuple particulier. »
(Tite
II : 14)
Toutes les purifications et toutes les autres
cérémonies du rituel mosaïque
signifient la même chose ; elles avaient
toutes en vue le Sauveur promis. Toutes les
ordonnances concernant la purification du corps
étaient des types se rapportant à la
purification de l'âme, à la
sainteté.
Dans l'Évangile, le baptême a la
même signification : l'acte de laver le
corps est une image de la sanctification de
l'âme.
Dans Ézéchiel
XXXVI :
25, cette bénédiction, la
sanctification, est promise expressément
comme la grande bénédiction de
l'Évangile : « Je
répandrai sur vous une eau pure, et vous
serez purifiés ; je vous purifierai de
TOUTES vos souillures et de TOUTES vos idoles. Je
vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en
vous un esprit nouveau ; j'ôterai de
votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai
un coeur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous,
ET JE FERAI QUE VOUS SUIVIEZ MES ORDONNANCES, ET
QUE VOUS OBSERVIEZ ET PRATIQUIEZ MES
LOIS. »
De même Jérémie
XXXIII :
8 « Je les purifierai de toutes les
iniquités qu'ils ont commises contre moi.
Mais il faudrait trop de temps pour citer tous les
passages des prophéties de l'Ancien
Testament qui présentent la sainteté
comme étant la grande
bénédiction de la Nouvelle Alliance.
Je désire que tous vous étudiiez
votre Bible au point de vue qui nous occupe ;
si vous le faites, vous serez étonnés
de voir à quel point toutes les
Écritures s'accordent pour présenter
la sanctification comme la
bénédiction principale promise au
monde en la personne du Messie.
Quelqu'un douterait-il que le grand objet de la
venue du Messie ne fat de sanctifier son
peuple ? Immédiatement après la
chute, Dieu annonça que Satan briserait le
talon du Messie ; mais que le Messie lui
briserait la tête. Et l'apôtre Jean
nous déclare que « c'est dans le
but de détruire les oeuvres du diable que le
Fils de Dieu a été
manifesté. » Jésus a mis
Satan sous ses pieds ; son but a
été de nous gagner de nouveau
à Dieu, de nous rendre au service de Dieu,
nous sanctifiant et nous purifiant. C'est lui qui
est annoncé Zach.
XIII : 1 :
« En ce jour-là une source sera
ouverte pour la maison de David et les habitants de
Jérusalem, pour le péché et
pour l'impureté. »
Daniel
IX : 24, il est
dit : « Soixante et dix semaines ont
été fixées sur ton peuple et
sur ta ville sainte, pour FAIRE CESSER LES
TRANSGRESSIONS ET METTRE FIN AUX
PÉCHÉS, pour expier l'iniquité
et amener LA JUSTICE ÉTERNELLE, pour sceller
la vision et le prophète, et pour oindre le
Saint des saints. » Mais il est inutile
de citer la multitude des textes qui proclament ces
mêmes vérités : ils
remplissent l'Ancien Testament.
Dans le Nouveau Testament, dès qu'il est
fait mention du Sauveur, il nous est dit :
« Son nom sera Jésus, car il
sauvera son peuple DE LEURS
PÉCHÉS » De même, 1
Jean III : 5,
« Jésus a paru pour ÔTER les
péchés, » pour
« DÉTRUIRE les oeuvres du
diable, »
(1
Jn 3 : 8). Tite
II :
13 :
« Jésus-Christ s'est donné
lui-même pour nous, afin de nous racheter de
TOUTE INIQUITÉ et de se purifier un peuple
particulier zélé pour les bonnes
oeuvres. » Eph.
V, 25 : « Christ
a aimé l'Église et s'est livré
lui-même pour elle, AFIN QU'IL LA
SANCTIFIÂT, l'ayant purifiée par le
baptême d'eau, par la parole, AFIN QU'IL se
la présentât glorieuse, n'ayant ni
tache, ni ride, ni rien de semblable, et AFIN
Qu'elle soit au contraire sainte et sans
défaut. » Ce peu de passages
suffit pour montrer que l'objet de la venue de
Christ a été de SANCTIFIER
l'Église et cela de façon à ce
qu'elle fût ABSOLUMENT SAINTE ET
IRRÉPRÉHENSIBLE.
Lisez encore Rom.
XI, 26 : « Tout
Israël sera sauvé, selon qu'il est
écrit : - » Le
Libérateur viendra de Sion, et il
détournera de Jacob les
impiétés ; et c'est là
mon alliance en leur faveur, lorsque j'ôterai
leurs péchés. » Et 1
Jean I. 9 « Si nous
confessons nos péchés, il est
fidèle et juste pour nous pardonner nos
péchés et nous purifier de toute
iniquité. » Qu'est-ce que
« nous purifier de toute
iniquité, » si ce n'est pas la
parfaite sanctification ? Or, je
présume que si une semblable chose est
promise dans la Bible, vous tous qui êtes ici
ce soir, vous désirez la connaître par
expérience. Et maintenant que penserez-vous
de 1
Thessaloniciens V : 23 :
« Que le Dieu de la paix lui-même
vous sanctifie entièrement, et que votre
être tout entier, l'esprit, l'âme, et
le corps, soit conservé
irrépréhensible pour l'arrivée
de notre Seigneur
Jésus-Christ ? » Que
signifient ces mots : « vous
sanctifie entièrement ? »
N'est-ce pas la parfaite sanctification ? Et
pouvez-vous dire que ce n'est pas cette
sanctification-là en ce monde ?
L'apôtre souhaite que le corps des
Thessaloniciens, aussi bien que leur âme et
leur esprit, soit conservé sans tache ;
est-il nécessaire de dire qu'il s'agit de
leur corps actuel ? Un apôtre
inspiré par l'Esprit de Dieu ferait-il une
semblable prière s'il ne croyait pas
possible qu'elle fût exaucée ?
Non seulement il le croit possible, mais il
ajoute : « Celui qui vous a
appelés est fidèle, et IL LE
FERA. » Se tromperait-il ?
4. La parfaite sanctification des
croyants est le but en vue duquel le Saint-Esprit a
de promis.
Tout ce que les Écritures nous disent du
Saint-Esprit nous le prouve. Toute l'oeuvre du
Saint-Esprit tend à cette fin : la
sanctification de l'Église. Tous les
commandements qui exigent la sainteté,
toutes les promesses, toutes les prophéties,
toutes les ordonnances, tous les avertissements,
toutes les bénédictions, tous les
châtiments, tous les devoirs religieux sont
autant de moyens qu'emploie le Saint-Esprit pour la
sanctification de l'Église.
5. Si le devoir d'être
parfaitement, saint n'est pas praticable en ce
monde, il s'en suit que Satan a si bien accompli
ses desseins en corrompant l'humanité, que
Jésus-Christ est en défaut, car il
n'a pas d'autre moyen pour sanctifier son peuple
que de l'ôter du monde.
Est-il possible que Satan ait si bien eu l'avantage
sur Dieu que le royaume de Dieu ne puisse pas
être rétabli en ce monde, et que le
Tout-Puissant n'ait plus d'autre ressource que de
battre en retraite, obligé de retirer ses
enfants dans le ciel afin de pouvoir les rendre
saints ? Le royaume de Dieu ne peut-il donc
être établi que partiellement ici-bas,
et doit-il en être toujours ainsi, de sorte
que les meilleurs d'entre les saints seraient
obligés de dépenser la moitié
de leur temps au service du diable ? Le peuple
de Dieu serait donc condamné à se
traîner toujours chancelant et radotant,
vivant dans le péché jusqu'à
ce qu'il parvienne au ciel ? Qu'est-ce donc
que « cette pierre détachée
de la montagne sans le secours d'aucune
main » (Dan II : 34) et qui devient
une grande montagne et remplit toute la terre, si
ce n'est un type et un gage du triomphe final de
l'amour de Dieu en ce monde ?
6. Si la parfaite sanctification
n'est
pas praticable en ce monde, cela doit venir ou de
l'insuffisance des motifs que présente
l'Évangile ou d'un manque de puissance dans
le Saint-Esprit.
Il est dit que dans la vie à venir nous
serons semblables à Dieu parce que nous le
verrons tel qu'il est Mais pourquoi pas ici-bas, si
nous avons cette foi qui est « une
substance des choses qu'on espère et une
démonstration des choses qu'on ne voit
point ? » Il y a une promesse pour
« ceux qui ont faim et soif de la
justice » et cette promesse est qu'ils
« seront rassasiés. »
Qu'est-ce qu'être rassasié,
« rempli » de justice, si ce
n'est être parfaitement saint ? Et ne
devons-nous jamais être
« remplis » de justice avant
notre mort ? Devons-nous être pendant
toute notre vie sur cette terre
« affamés et
altérés, » souffrants et
misérables ? La Bible a
été comprise de cette façon,
mais elle ne parle pas ainsi.
1° Objection.
La
puissance de l'habitude est telle que nous ne
devons pas nous attendre à être jamais
entièrement sanctifiés en cette
vie.
Réponse. Si la puissance de
l'habitude peut être si bien vaincue, qu'un
pécheur impénitent puisse se
convertir ; pourquoi ne pourrait-elle pas
être assez complètement brisée
pour qu'une âme convertie arrive à la
parfaite sanctification ?
Si l'oeuvre de Dieu rencontre quelque part des
difficultés invincibles, ce doit être
dans cet état d'inconversion ou
l'égoïsme domine entièrement
l'esprit et où les habitudes de
péché subsistent tout
entières. L'obstacle est si grand, en effet,
qu'aucun autre pouvoir que le Saint-Esprit ne peut
le vaincre ; il est même si grand, en
beaucoup de cas, que Dieu lui-même ne peut
pas, dans sa sagesse, convertir actuellement le
pécheur. Mais est-il possible de supposer
que lorsque Dieu a vaincu une première fois
cet obstacle, qu'il a brisé la puissance de
l'égoïsme et des habitudes, et que
l'âme est convertie, Dieu n'ait pas les
ressources suffisantes pour l'amener à
l'entière sanctification ?
2° Objection.
— Une vie de péché engendre
beaucoup d'obstacles physiques qui ne peuvent pas
être vaincus par des moyens moraux.
Réponse. C'est une objection fort
commune. Les hommes se sont rendus esclaves de tant
d'influences et d'appétits physiques, et ils
en ont si bien conscience, qu'ils ne croient pas
possible d'être délivré par des
moyens moraux. Au VIIe chapitre de l'ép. aux
Romains, l'apôtre Paul décrit
l'état de l'homme en lutte avec sa nature
physique ; mais au chapitre suivant il nous
montre l'homme qui l'a vaincue. « Et si
Christ est, en vous, le corps est mort à
cause du péché ; mais l'esprit
est vie à cause de la justice. Et si
l'Esprit de celui qui a ressuscité
Jésus d’entre les morts habite en vous,
celui qui a ressuscité Christ d'entre les
morts vivifiera (Traduction exacte. (Trad.) aussi
vos corps mortels par son Esprit qui habite en
vous. » (Rom 7 : 11.) Ce qui est dit
ici de la vivification du corps n'a pas trait
à la résurrection, mais à
l'influence de l'Esprit de Dieu sur le corps, en
d'autres termes à la sanctification du
corps.
Vous demanderez si l'Esprit de Dieu produit un
changement physique, un changement dans le corps.
Je réponds en me servant du cas de l'ivrogne
pour éclaircir ma pensée. Le corps de
l'ivrogne est dans un état maladif, une soif
qui n'est pas naturelle et qui est insatiable le
dévore, et cette soif est si forte qu'elle
ne semble pas pouvoir être vaincue. Cependant
vous connaissez très probablement des cas
où elle a été et où
l'appétit physique a entièrement
disparu. On m'a cité des cas où des
ivrognes ont si bien vu la grandeur du
péché de l'ivrognerie, qu'ils ont eu
aussitôt en horreur les boissons
fortes ; et qu'ils y ont renoncé pour
toujours, ayant pour elles un tel
dégoût, qu'ils n'ont plus jamais eu le
moindre désir d'en goûter de
nouveau.
J'ai connu un homme qui était esclave du
tabac et qui fut enfin convaincu qu'il
péchait en cela ; la lutte qu'il
soutint contre ce penchant le poussa finalement
à venir à Dieu ; il pria avec
une telle instance qu'en un instant il remporta une
victoire complète et n'eut plus jamais la
moindre envie de fumer. Je ne vous donne maintenant
aucune théorie de la chose, je vous apporte
des faits. J'ai connu le cas d'individus chez
lesquels une vie de péché avait
créé l'esclavage absolu des
appétits du corps et qui, convertis en un
temps de réveil, avaient vu
disparaître ces appétits aussi
complètement que si le corps avait disparu
avec eux. En cas, l'esprit est sans doute tellement
absorbé par les objets les plus
élevés, qu'il n'a plus une
pensée pour ceux qui seraient de nature
à raviver les appétits du corps. Un
ivrogne passera devant un cabaret, regardera les
gens boire y arrêtera son attention : sa
passion se réveillera. C'est pour cela
que le Sage nous dit : « Ne regarde
point le vin quand il est rouge. » Mais
il n'y a pas de doute qu'un appétit quoi
conque du corps ne puisse être dompté
par une impression suffisante produite sur
l'esprit. Je crois que tout chrétien
réel l'admettra, vu que son
expérience lui en fera foi. N'avez-vous
jamais, mes bien-aimés, connu des temps
où les réalités
éternelles Ont tellement rempli votre
âme tellement absorbé votre esprit,
que les appétits du corps en ont
été complètement
neutralisés ? Supposez que cet
état d'âme se prolonge, qu'il devienne
permanent, tous ces appétits physiques qui
étaient un obstacle à la parfaite
sanctification ne seront-ils pas vaincus
aisément ?
3° Objection.
La
Bible condamne cette doctrine en déclarant
qu'il n'y pas un seul juste sur la terre, pas un
seul homme qui ne pèche
(5).
Réponse. Supposons que la Bible le
dise, il ne s'en suit pas que l'existence d'un tel
homme sur la terre soit IMPOSSIBLE. Il a pu
être vrai, à certaines époques,
sous l'ancienne dispensation, par exemple, de dire
qu'il n'y avait pas sur terre une seule âme
parfaitement sanctifiée ; mais il ne
s’en suit pas qu'aujourd'hui, sous la
dispensation évangélique, il n'y ait
aucune personne qui vive sans péché,
encore moins s'en suit-il que la chose soit
impossible. « La loi rien amené
à la perfection, mais il n'en est pas ainsi
de l'introduction d'une nouvelle
espérance, » nous est-il dit
(Héb VII : 19). C'est-à-dire que
l'Évangile tel que Dieu l'a donné
amène à la perfection.
4° Objection. Les
apôtres ont reconnu qu'ils n'étaient
pas parfaits.
Réponse. Je sais que l'apôtre
Paul dit : « Non que je sois
déjà consommé, ou devenu
parfait, »
(Phi
III : 12). Mais il n'est
pas dit qu'il demeura dans le même
état jusqu'à sa mort, ni qu'il
n'atteignit jamais l'entière
sanctification.
Du reste, je ne pense pas que l'apôtre parle
ici de l'entière sanctification ; il
parle de la perfection absolue, qui ne va pas sans
la connaissance parfaite. (6)
L'apôtre Jean parle de lui-même comme
aimant Dieu parfaitement. Mais quoi qu'il en soit
de l'état spirituel des apôtres au
moment où ils écrivirent les Saintes
Écritures, il est clair que, du fait qu'ils
n'auraient pas été parfaits, l'on
ne
pourrait jamais conclure que nul autre ne le
pourrait devenir.
5° Objection.
Ne
serait-ce pas de la présomption chez nous
que de penser pouvoir être meilleurs que les
apôtres et les premiers
chrétiens ?
Réponse. Où serait la
présomption ? n'est-ce pas un fait
évident que nous avons de grands avantages
que ne possédaient pas les églises
primitives ? Le bénéfice de leur
expérience, la collection complète
des Écritures, l'état du monde, le
millénium qui approche, tout nous donne
l'avantage sur les premiers croyants. Pourquoi
supposer que l'Église doive toujours en
rester au même point en fait
d'expériences religieuses, et ne jamais
aller de l'avant en rien ? Où
voyez-vous cela dans l'Écriture ?
Pourquoi l'Église ne devrait-elle pas
grandir toujours, devenant toujours
meilleure ? On semble admettre
généralement que les églises
doivent toujours regarder en arrière,
prenant les premiers saints comme leurs
modèles ; je pense que notre devoir est
de faire l'inverse et que nous devons sans cesse
nous proposer un but plus élevé que
la stature à laquelle parvinrent les
premiers chrétiens. Je crois qu'avant que le
millénium puisse arriver, l'Église
doit dépasser de beaucoup le christianisme
des premiers chrétiens. Parmi ceux-ci, je ne
compte pas les apôtres, attendu qu'il me
parait vraisemblable qu'ils avaient atteint
l'entière sanctification.
6° Objection.
Il y
a tant de gens qui font profession d'être
parfaits et qui ne le sont pas, que je ne puis
croire à la perfection en ce monde.
Réponse. Il y a tant de gens qui se
font passer pour riches et qui ne le sont pas, en
conclurez-vous que personne ne soit
riche ?
7° Objection.
Il y
a tant de gens qui font profession d'être
arrivés à la perfection et qui sont
tombés dans l'erreur et le fanatisme, que
j'ai peur de m'occuper de ce sujet.
Réponse. Je trouve dans l'histoire
qu'une secte de perfectionnistes a surgi
après chaque grand réveil. Et ce
n'est qu'un chef-d'oeuvre de Satan pour annuler les
effets du réveil. Il sait que si
l'Église est amenée à la
sainteté, c'est un coup de mort donné
à sa puissance sur la terre, aussi prend-il
ses mesures pour faire échouer les efforts
de l'Église tendant à élever
le niveau de la piété ; il
refroidit et décourage les chrétiens,
les dégoûtant de la pensée
même de conformer parfaitement leur vie
à la volonté de Dieu. Il y a si bien
réussi, que du moment où vous pressez
les chrétiens de poursuivre la
sainteté et de rompre avec tous leurs
péchés, un cri
s'élève : « Mais ceci
conduit au perfectionnisme ! » et
voilà le mouvement décrié et
arrêté.
8me Objection.
Mais
pensez-vous vraiment qu'il y a jamais eu des hommes
parfaitement saints en ce monde ?
Réponse. J'ai lieu de croire qu'il y
en a eu plusieurs. Il est extrêmement
probable qu'Hénoc et Élie furent
déliés de tout péché
avant d'être enlevés de ce monde.
À différentes époques de
l'histoire de l'Église, il y a eu nombre de
chrétiens intelligents et intègres,
gens à qui l'on avait rien à
reprocher, qui ont témoigné
eux-mêmes qu'ils vivaient
délivrés de tout péché.
Je sais fort bien que l'on a répondu qu'ils
avaient dû être des orgueilleux et que
personne ne peut se dire délivré de
tout péché, si ce n'est par
orgueil.
Mais je demande pourquoi un homme ne pourrait pas
se dire délivré de tout
péché, quand il en est ainsi, sans
tomber dans l'orgueil, tout aussi bien que l'on
peut sans orgueil se dire converti ? Les
saints ne le diront-ils pas dans le ciel à
la louange de la grâce de Dieu qui aura
achevé son oeuvre en eux ; et pourquoi
ne le diraient-ils pas dès ici-bas par le
même motif ? Je ne fais pas
moi-même aujourd'hui profession d'avoir
atteint la parfaite sanctification mais si je
l'avais atteinte, si je sentais que Dieu
m'eût réellement donné la
victoire sur le monde, la chair et le diable et
qu'il m'eût délivré de tout
péché
(7),
garderais-je
la chose secrète, tenant ce trésor
enfermé dans mon coeur et laissant mes
frères trébucher sans cesse dans
l'ignorance de ce que la grâce de Dieu peut
faire ? Non certes ! Je
témoignerais de mon expérience afin
que mes frères arrivassent plus promptement
à une complète délivrance.
J'ai entendu dire que si un chrétien
était réellement parfait, il serait
la dernière personne à le dire.
Diriez-vous de quelqu'un qui fait profession
d'être converti : « S'il
était vraiment converti, il serait le
dernier à en parler ? »
N'est, ce pas au contraire le premier mouvement
d'une âme convertie que de s'écrier
« Venez, vous tous qui craignez Dieu, je
vous déclarerai ce qu'il a fait pour
moi ? » Et pourquoi le même
désir ne se trouverait-il pas chez celui qui
a obtenu l'entière sanctification ?
Pourquoi cette suspicion jetée sur le
témoignage ? Si quelqu'un
présente toutes les preuves d'une grande
piété, si sa vie est
irréprochable, s'il n'y a aucune plainte
à faire sur l'esprit qui l'anime, s'il est
évident que cet esprit est bien celui de
Jésus-Christ, et s'il atteste
qu'après un grand travail spirituel et
d'ardentes prières, Dieu lui a donné
la victoire, et que maintenant son âme est
dans la glorieuse liberté que donne la
puissance du Saint-Esprit, comment ne serions-nous
pas tenus de recevoir son témoignage tout
autant que nous l'avons été quand il
a témoigné de sa
conversion ?
J'ai lu dernièrement l'Exposition de la
Perfection, chrétienne de Wesley, livre que
je n'avais jamais vu. J'y trouve quelques
expressions auxquelles j'aurais à objecter,
mais mes réserves portent plutôt sur
le langage que sur fond de la pensée. Du
reste, c'est un livre admirable et je désire
que vous le lisiez tous. Je vous recommande les
Mémoires de James Brainerd Taylor, je
désire que chaque chrétien se les
procure et les étudie ; j'en ai lu la
plus grande partie trois fois en peu de mois. Bien
des choses dans ce livre montrent que l'auteur
croyait à la doctrine qui présenta la
Perfection chrétienne comme un devoir
praticable en cette vie ; et nous verrions
probablement qu'il avait atteint cette perfection,
si nous avions sous yeux tout ce qu'il a
écrit (8)
J'ai
connu personnellement, un chrétien qui me
revient en mémoire en cet instant qui
certainement était un chrétien
entièrement sanctifié.
On s'est fait les idées les plus
étranges sur la sanctification
chrétienne. Vous entendrez dire parfois que
l'on ne pourrait pas vivre en ce monde si l'on
était parfaitement saint. Je crois avoir
moi-même autrefois dit quelque chose de
semblable, et je dois reconnaître que j'ai
parlé sur ce sujet comme un insensé.
Celui qui est parfaitement saint est plus prompt
que tout autre à travailler au bien de son
prochain. Jésus-Christ ne pouvait-il pas
vivre sur la terre. On semble penser que celui qui
serait parfaitement saint serait dans un tel
état d'excitation, qu'il lui serait
impossible de demeurer dans un corps, qu'il ne
pourrait ni manger, ni dormir, ni remplir les
devoirs de la vie ordinaire. Jésus-Christ
était un homme, il était sujet aux
mêmes tentations que nous, et il aimait le
Seigneur, son Dieu, de tout son coeur, de toute son
âme et de toute sa force : il
était parfaitement saint.
Nous pouvons maintenant comprendre
pourquoi il n'y a pas plus de chrétiens
parfaits en ce monde.
1. Les chrétiens ne croient pas
que Dieu veuille qu'ils soient parfaitement
sanctifiés en ce monde.
Ils savent que Dieu leur commande d'être
parfaits comme il est parfait ; mais ils
pensent que, par devers lui, Dieu ne veut pas
qu'ils le soient ; « Autrement,
disent-ils, pourquoi Dieu ne ferait-il pas
davantage pour nous rendre
parfaits ? » Sans doute Dieu
préfère les voir rester tels qu'ils
sont, plutôt que d'employer un système
d'influences nouvelles et extraordinaires pour les
pousser à la perfection ; parce qu'il
voit qu'introduire un nouveau système
d'influences serait un mal plus grand que la
prolongation de leur état moral actuel. Mais
qui peut douter sérieusement qu'il ne
préfère les voir devenir parfaits
dans les circonstances où ils se trouvent,
plutôt que les voir continuer à
pécher ? Les pécheurs
impénitents raisonnent exactement comme font
ces chrétiens. Ils disent « Je ne
crois pas que Dieu veuille que je me repente ;
car s'il le voulait, il ferait que je que
repentisse. » Pécheur, il est
possible que Dieu aime mieux te laisser demeurer
dans l'impénitence et perdre ton âme
plutôt que d'employer des influences
nouvelles pour t'amener à la
repentance ; mais conclure que Dieu ne veut
pas sérieusement que tu cèdes
aujourd'hui aux appels qu'il t'adresse, aux
influences qu'il met en oeuvre pour te sauver,
c'est raisonner d'une façon bien
étrange. Supposez que votre domestique
raisonne de la même manière et
dise : « Je ne crois pas que mon
maître désire véritablement que
je lui obéisse ; car, s'il le
désirait, il se tiendrait tout le jour
à côté de moi pour surveiller
mon travail. » Trouveriez-vous la
conclusion juste ? Vous trouveriez
probablement votre temps si précieux que
vous aimeriez mieux voir votre domestique ne rien
faire de tout le jour, que de passer votre vie
à lui faire faire son travail.
Il en est de même dans le gouvernement de
Dieu. Si Dieu concentrait tous les pouvoirs de son
gouvernement sur un point, à l'effet de
convertir un pécheur, il pourrait couver tir
ce pécheur, mais l'économie de
l'Univers en serait troublée, en sorte qu'il
en résulterait un mal bien plus grand que la
perte d'une âme. Nous en dirons autant pour
ce qui concerne la sanctification du
chrétien ; Dieu lui en a donné
TOUS LES MOYENS, et lui dit ensuite :
« Sois parfait comme je suis
parfait ; » mais le chrétien
réplique : Dieu ne désire pas
réellement que je sois parfait ; s'il
le voulait véritablement, il me rendrait
tel. » C'est exactement l'argument du
pécheur impénitent ; il ne vaut
pas mieux dans un cas que dans l'autre.
2. Les chrétiens ne s'attendent
pas à être sanctifiés.
La plus grande partie de l'Église est
formée de gens qui ne s'attendent pas
réellement à devenir plus pieux
qu'ils ne sont.
3. Le plus souvent ils ne désirent
pas même la parfaite sanctification.
4. Ils sont satisfaits de leur faim
et de
leur soif de la justice et ils ne s'attendent pas
à être rassasiés.
Souffrez que j'insiste sur ce point : la faim
et la soif de la sainteté ne sont pas la
sainteté. Le désir d'une chose sa
possession sont deux choses bien distinctes ;
le désir n'est pas la chose
désirée. S'ils ont faim et soif de la
justice, ils doivent ne laisser à Dieu aucun
repos jusqu'à ce qu'il vienne accomplir sa
promesse, c'est-à-dire jusqu'à ce
qu'ils soient parfaitement saints.
5. Ils perdent de vu le vrai but, le
but
suprême de l'Évangile.
L'Église a trop longtemps supposé que
le grand but de l'Évangile est de soustraire
les hommes à la punition au
péché ; tandis que son but
réel, son grand objet est de délivrer
les hommes DU PÉCHÉ.
Hélas ! beaucoup de chrétiens
n'ont pas d'autre pensée que celle-ci :
« Nous pécherons certainement
jusqu'à la fin ; mais nous sommes aussi
assurés d'être pardonnés ;
puis, après notre mort, d'être rendus
saints dans le ciel. » Oh ! si
seulement les chrétiens pouvaient voir que
l'oeuvre capitale, que le grand dessein de
l'Évangile est de briser la puissance du
péché et de remplir les hommes sur la
terre de « toute la plénitude de
Dieu, » avec quelle promptitude ne
verrions-nous pas l'amour de Dieu, comme une flamme
ardente et inextinguible, se répandre dans
les coeurs, d'un bout du peuple de Dieu à
l'autre, sur toute la terre !
6. Les promesses de Dieu ne sont ni
comprises, ni saisies avec une véritable
foi.
Oh ! si l'Église voulait lire la Bible
et saisir d'une main ferme chacune des promesses
qui s'y trouvent, elle les trouverait bientôt
incommensurablement grandes et
précieuses ! mais elle laisse perdre
son héritage. Elle reste dans l'ignorance au
sujet de l'étendue des
bénédictions qu'elle peut recevoir.
Si vous m'en donniez le temps ce soir, je vous
présenterais quelques promesses qui sont
telles, que si vous vouliez les saisir et vous les
approprier, vous connaîtriez bientôt
par expérience ce que je veux dire.
7. Beaucoup cherchent à
s'approprier la bénédiction par la
loi et non par la foi.
Combien de gens qui cherchent à obtenir la
sanctification par leurs propres résolutions
et leurs propres oeuvres, par leurs jeûnes et
leurs prières, par leurs efforts et leur
activité, au lieu de la saisir de prime
abord en Christ, par la foi, exactement comme ils
ont fait pour la justification. C'est toujours
oeuvre, oeuvre, oeuvre, au lieu de la foi qui
saisit le « Christ, Jésus, lequel
nous a été fait de la part de Dieu
sagesse, justification, SANCTIFICATION et
rédemption. » Qu'ils viennent et
saisissent la force de Dieu et ils seront
sanctifiés. La foi donnera entrée
à Christ dans l'âme et celle-ci sera
remplie du souffle même de Christ. Mais ces
oeuvres, qui ne sont que des oeuvres mortes, sont
des souillures dont il faut être
purifié par le sang de Christ
(Hébr.
IX : 14). C'est la
foi qui doit sanctifier, c'est elle qui purifie le
coeur ; je parle de cette foi qui est
« une substance des choses que l'on
espère » et qui saisit Christ, de
sorte qu'il établit sa demeure dans
l'âme, lui « l'espérance de
la gloire, » et qu'on ne vit plus que par
la foi au Fils de Dieu. L'ignorance ou l'oubli de
ces choses est cause qu'il y a si peu de
sainteté dans l'Église.
Et finalement,
8. Cette absence de la
sanctification
provient de ce que la vraie dépendance de
Dieu est tout à fait méconnue,
elle est remplacée par une prétendue
dépendance qui est absolument
dérisoire et outrageuse pour Dieu.
Au lieu de consulter l'Écriture et d'avoir
des vues scripturaires sur la dépendance
dans laquelle on se trouve à l'égard
de Dieu ; au lieu de prendre la force
où elle se trouve, mettant Dieu à
l'épreuve et faisant l'expérience de
sa bonne volonté à donner le
Saint-Esprit à quiconque le demande ;
au lieu de saisir le bras de Dieu et de le tenir
ferme, on se laisse aller à terre, attendant
paresseusement et lâchement, dans
l'incrédulité et le
péché, ce que l'on appelle les temps
et les moments de Dieu, » puis on nomme
cela « dépendre de
Dieu. » Hélas ! avec tout ce
partage sur la dépendance de Dieu, qu'elle
est peu connue la soumission au Saint-Esprit, qu'il
est rare l'abandon total de l'âme à
ses directions ! où sont-ils ceux qui
lui abandonnent toute leur personne, esprit,
âme et corps, pour être
éclairés, sanctifiés et
remplis de toute la plénitude de Dieu ?
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