« Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Mat. V : 48.
Pourquoi la grande majorité des
chrétiens ne parviennent-ils pas à la
parfaite sanctification ? Dans mon
précédent discours, j'ai
commencé d’en indiquer les
causes ; je me propose aujourd'hui d'y
insister davantage.
Si ces causes sont en Dieu, qui ne nous aurait pas
donné une révélation
suffisante, ou dont l'Esprit-Saint ne serait pas
capable de sanctifier son peuple en ce monde, il
faut que nous le sachions, afin de ne pas nous
fatiguer à poursuivre l'impossible.
Si elles sont en nous, nous devons le savoir aussi,
afin de ne pas les attribuer injustement à
Dieu ; car il faut que nous soyons
préservés même de toute
pensée qui représenterait à
tort le Seigneur comme requérant de nous une
oeuvre pour l'accomplissement de laquelle il ne
nous aurait pas fourni les moyens
nécessaires.
Si l'Église n'est point
sanctifiée, j'en trouve la cause tout
d'abord dans le fait que l'on cherche la
sanctification par les oeuvres et non par la
foi.
La religion des oeuvres revêt des formes
très diverses. Il est instructif de passer
en revue ces formes qui se reproduisent sans
cesse.
1. Plusieurs se proposent de vivre
de
telle sorte que Dieu ne puisse les condamner sans
injustice.
C'est la religion des pharisiens. Ceux qui la
suivent se tiennent souvent en dehors de
l'Église et sont disposés parfois
à confesser qu'ils ne sont jamais nés
de nouveau. Mais d'après la façon
dont ils parlent d'eux-mêmes et de leurs
oeuvres, il est évident qu'ils se croient
beaucoup trop bons pour être condamnés
éternellement.
2. D'autres cherchent à se
recommander par leurs oeuvres à la
miséricorde de Dieu.
Ils savent qu'ils méritent la condamnation
éternelle, mais ils savent aussi que Dieu
est miséricordieux, et ils pensent que s'ils
vivent honnêtement, exerçant la
bienfaisance, ils se recommanderont à la
miséricorde de Dieu qui leur pardonnera
leurs péchés et les sauvera. C'est la
religion de la plupart de nos honnêtes
gens.
Vivant sous la dispensation
évangélique, ils savent qu'ils ne
peuvent être sauvés par leurs oeuvres
et cependant ils pensent que s'ils suivent le
culte, s'ils contribuent à l'entretien du
pasteur et font toutes sortes de bonnes oeuvres, la
miséricorde divine leur en tiendra compte et
finalement les sauvera. Autant que je puis le
savoir, ce doit être la pensée des
Unitaires de nos jours. Ils mettent de
côté l'expiation de Christ ; ils
ne s'attendent point à être
sauvés par sa justice, et n'en
espèrent pas moins recevoir le pardon de
leurs péchés et le salut
éternel, grâce à leur bonne
conduite et à leurs actes de
bienfaisance.
3. Nous remarquons une autre forme
de la
religion des oeuvres chez ceux qui tâchent de
se préparer à recevoir
Jésus-Christ.
Ils comprennent qu'il n'y a de salut que par
Jésus-Christ ; mais ils ont entendu le
récit des expériences d'autres
personnes qui ont passé par beaucoup de
luttes et d'angoisses avant de se soumettre
à Christ et de trouver la paix dans ta
foi ; aussi pensent-ils qu'un travail
préparatoire est nécessaire et qu'ils
doivent faire beaucoup de prières,
fréquenter beaucoup de réunions
religieuses, passer beaucoup de nuits blanches,
avoir beaucoup d'angoisses et tomber
peut-être dans le désespoir, avant
d'être en état d'accepter Christ.
C'est là l'état d'âme de
beaucoup de gens convaincus de péché,
peut-être de plusieurs personnes ici
présentes.
Vous n'osez pas venir à Christ exactement
tels que vous êtes, vous avez fait si peu de
prières, assisté à si peu de
réunions, éprouvé si peu
d'angoisse Au lieu d'aller tout droit au Sauveur
pour tout ce dont vous avez besoin, comme un pauvre
pécheur perdu, vous remettant sans
réserve entre ses mains, vous mettez votre
esprit à la torture, vous essayez de le
plonger plus avant dans sa conviction de
péché et dans ses détresses,
afin, pensez-vous, de le rendre plus propre
à accepter Jésus-Christ. Il y a
à peu près autant de gens dans ce cas
qu'il y a de pécheurs convaincus de
péché.
En demeurant dans un pareil état et en
suivant un pareil chemin, il est clair que l'on ne
devient pas meilleur ; car il n'y a là
ni amour pour Dieu, ni foi, ni religion ;
c'est pure moquerie à l'adresse de Dieu,
hypocrisie et péché. Beaucoup de
sentiments peut-être, mais ils ne servent de
rien ; ils ne rapprochent pas de Christ ;
ils laissent toujours à faire ce par quoi
l'on aurait dû commencer et que l'on pouvait
faire au début tout aussi bien que plus
tard.
Maintenant supposez que celui qui fait profession
de piété : se mette dans
l'esprit que c'est là le chemin à
suivre pour devenir saint, ne sera-ce pas tout
aussi absurde ? Cet homme-là pourra
multiplier ses oeuvres de propre sagesse et de
propre justice, ses « oeuvres
mortes, » il n'en approchera pas
davantage de la sainteté, au contraire. Le
premier acte de la sainteté est de croire,
de saisir Christ par la foi. Et si un homme, assez
réveillé pour sentir le besoin de la
sanctification, s'imagine qu'il doit passer par un
travail préparatoire d'oeuvres, de luttes et
d'angoisses qu'il se crée lui-même,
cette pensée est tout aussi absurde en lui
qu'elle peut l'être chez le pécheur
convaincu de péché.
4. Une autre forme de la religion
des
oeuvres est celle gui consiste à accomplir
des oeuvres pour produire la foi et l'amour.
La classe précédente (N° 3)
était composée de ceux qui se
préparent à venir à Christ.
Ici nous parlons de gens qui sont venus au Sauveur,
qui l'ont accepté, qui sont
chrétiens, mais qui se sont
relâchés, et qui se sont mis de leur
propre, mouvement à accomplir beaucoup
d'oeuvres afin de produire en eux la foi, l'amour
et tous les sentiments désirables. Cette
forme de la religion des oeuvres est aujourd'hui
l'une des plus communes et des plus subtiles.
Elle est tout à fait absurde. Elle a la
prétention de produire la sainteté
par le moyen du péché. Il est clair,
en effet, que si les sentiments ne sont pas ce
qu'ils doivent être, les actes sont mauvais.
En d'autres termes, si les actes ne
procèdent pas de la foi et de l'amour ;
quels qu'ils puissent être, ils ne sont que
péchés. Quelle pensée
ténébreuse ! s'imaginer qu'en
multipliant les péchés, on produira
la sainteté ! Et notez qu'il n'y a rien
de plus ordinaire ; constamment, en effet,
nous rencontrons des personnes qui s'imaginent
pouvoir produire la sainteté par une ligne
de conduite qui n'est que péché.
On n'agit point sous l'impulsion de la foi qui
opère par l'amour et purifie le coeur ;
on agit sans foi, sans amour, et cela dans la
pensée de produire ces affections !
Il est très vrai que lorsque l'amour et la
foi existent, ils se fortifient par l'exercice, en
vertu d'une loi bien connue, comme tout autre
sentiment et toute faculté de l'âme.
Il faut donc que la foi et l'amour se traduisent au
dehors. Mais le cas qui nous occupe est tout
autre ; il s'agit de gens qui ont perdu leur
amour, et qui maintenant, sans foi et sans amour,
se donnent du mouvement,
évangélisent, exhortent leurs
frères et font toute espèce d'oeuvres
semblables, dans la pensée que c'est
là le moyen de se réveiller, de
devenir saints et d'entrer dans l'état
d'âme que Dieu requiert. Rien de moins
philosophique, rien de plus absurde même et
de plus, pernicieux, que de vouloir
réveiller la foi dans l'âme où
elle n'existe pas, en accomplissant des actes
extérieurs qui proviennent d'une autre
impulsion que celle de la foi. Je vous montrerai
plus tard d'où provient cet aveuglement et
comment il se fait qu'on ait jamais songé
à un pareil mode de sanctification. Pour le
moment, notons ceci qui est trop. évident
pour avoir besoin de preuves : bien loin
d'être apte à produire quelque bien,
une telle méthode de sanctification ne peut
que contrister le Saint-Esprit.
Elle est entièrement semblable à la
conduite des pécheurs convaincus de
péché dont je parlais tout à
l'heure. Mais entre ceux-ci et les chrétiens
dont il s'agit Maintenant, il y a une
différence. En dépit de toute sa
méchanceté, le pécheur peut
apprendre peu à peu quel est son état
de perdition, et renoncer à faire ses
propres oeuvres, voyant enfin que son refus
continuel d'aller à Christ, bien loin de le
préparer à recevoir ce Sauveur, l'en
éloigne toujours plus et lui fait accumuler
péché sur péché. Mais
il n'en est pas de même de ceux qui se
tiennent pour chrétiens.
Il a été constaté souvent, par
de bons observateurs, que ceux qui abondent en
actes religieux, tels que les pasteurs et autres
conducteurs d'églises, sont loin
d'être toujours les plus spirituels d'entre
les chrétiens. Le fait est que lorsque ce ne
sont point la foi et l'amour qui agissent, plus
l'homme abonde en actes religieux
extérieurs, plus il est endurci, froid et
plein d'iniquité. Et s'il arrive à
l'excitation dans cette voie-là, il donnera
le spectacle de la religion la plus, factice, la
plus superficielle et la plus dénuée
de sainteté.
Une autre raison du fait que tant de
chrétiens ne sont pas sanctifiés est
celle-ci : Ils ne reçoivent pas
Jésus-Christ, dans toutes les relations
qu'il veut soutenir avec eux.
La plupart des chrétiens sont
entièrement dans l'erreur à cet
égard, et ils n'avanceront pas dans la
sanctification tant qu'ils ne l'auront pas reconnu.
Quand un homme est convaincu de
péché, il voit que Dieu pourrait
justement l'envoyer en enfer, et qu'il n'a par
lui-même aucun moyen d'échapper
à ce châtiment. On lui dit alors que
Jésus a satisfait à la justice
divine, et que Dieu justifie celui qui croit en
Jésus ; il reconnaît l'excellence
de cette bonne. nouvelle, il voit que c'est
exactement ce dont il a besoin et il se confie en
Jésus-Christ pour être
justifié. Il accepte donc Christ pour sa
justification ; mais c'est tout ce qu'il
comprend de l'Évangile.
Or la plupart des pécheurs convaincus de
péché ne vont pas plus loin. Leur
besoin le plus pressant est satisfait ;
après cela, vous ne réussirez
guère à attirer leur attention sur ce
que Christ doit être encore pour eux.
Dites-leur tout ce que vous voudrez de
Jésus-Christ, « sagesse,
sanctification et rédemption » du
croyant ; insistez sur ce point fondamental
que Christ est le « Sauveur du
péché ; » leur soif de
sainteté ne va pas jusqu'à le leur
faire accepter comme tel.
C'est ainsi qu'on a des convertis qui se
réjouissent de se sentir en paix avec Dieu,
qui sont reconnaissants envers un Sauveur qui se
tient entre eux et leur Juge, et qui marchent pour
un temps peut-être dans la voie de
l'obéissance aux commandements de Dieu. Mais
bientôt ils découvrent la loi du
péché qui est dans leurs
membres : leur orgueil invaincu, leur mauvais
caractère, leur tempérament naturel,
enfin toute sorte d'ennemis les assaillent,
intérieurement et extérieurement, et
ils ne sont pas préparés pour ce
combat. Ils ont saisi Christ comme le Sauveur de
l'enfer ; mais ils ne l'ont point encore
reçu comme LE ROI qui doit régner sur
leurs coeurs avec pouvoir absolu sur tous leurs
sentiments, toutes leurs pensées, toutes
leurs volontés.
La raison pour laquelle les convertis succombent
à la tentation se trouve donc dans le fait
qu'au lieu d'avoir soumis toutes leurs
volontés à Christ, comme à
leur Roi, ils ont au contraire gardé leur
volonté propre sur un ou plusieurs
points.
Pareillement, nous observons qu'il se commet dans
l'Église une multitude de
péchés d'ignorance qui ne devraient
jamais s'y produire. Les chrétiens se
plaignent qu'ils ne comprennent pas la Bible et
qu'il s'y trouve beaucoup de choses au sujet
desquelles ils sont toujours dans le doute. C'est
qu'ils ont encore à recevoir Christ comme
leur sagesse, comme la source de la lumière
et de la connaissance. Qui d'entre vous a une
idée nette et complète de cette
parole : « Nous sommes dans le
Christ Jésus, qui nous a été
fait de la part de Dieu sagesse, justice,
sanctification et
rédemption ? » Il ne nous est
pas dit seulement que Christ est celui qui
justifie, qui enseigne, qui sanctifie, qui
rachète ; mais qu'il est pour nous
sagesse, justice, sanctification,
rédemption. Tant que les chrétiens ne
savent pas ce que cela signifie, comment
l'Église serait-elle
sanctifiée ? L'Église est
pareille aujourd'hui à un sarment qui a
été détaché du cep.
« À moins que vous ne demeuriez en
moi, vous ne pouvez porter du fruit. »
Lorsque par une pleine foi les chrétiens
seront un avec Christ dans tous ses offices, ils
sauront ce que c'est que la sanctification.
Et pourquoi les chrétiens ne
reçoivent-ils pas Christ dans tous ses
offices ? J'en donnerai quelques raisons.
1° Ils peuvent n'avoir pas les
convictions particulières qui sont
nécessaires pour ressentir vivement le
besoin du Sauveur dans tous ses offices.
Si quelqu'un n'est pas profondément
convaincu de sa propre dépravation, s'il
n'en a pas fait l'expérience intime et s'il
n'a pas constaté qu'il ne peut par
lui-même vaincre la puissance du
péché, il ne recevra jamais
Jésus-Christ comme Roi dans son âme.
S'il entreprend de vaincre par lui-même et
s'il a confiance en ses propres forces pour
résister à ses ennemis spirituels, il
ne reçoit point Christ pleinement.
Quand ces chrétiens ont essayé de se
garder eux-mêmes par leur propre vigilance et
leurs propres efforts, s'engageant à
l'obéissance envers Dieu par toutes sortes
de résolutions et de serments, et qu'en
dépit de tout cela, ils ne trouvent en eux,
comme toujours, que dépravation, ils
commencent alors à sentir leur misère
et à se demander ce qu'ils doivent faire. Ce
qu'ils doivent faire, la Bible l'enseigne
suffisamment, et si l'on voulait la croire, les
nouveaux convertis connaîtraient dès
le premier moment et leur propre impuissance et le
besoin qu'ils ont d'un Sauveur qui les sauve du
péché lui-même. Mais c'est un
fait que les chrétiens ne croient ni ne
reçoivent la Bible sur ce sujet, tant qu'ils
n'ont pas essayé de poursuivre
d'eux-mêmes l'oeuvre de leur sanctification
et que cet essai ne les a pas amenés
à reconnaître qu'ils ne peuvent
absolument rien sans Christ. Aussi ne
reçoivent-ils Jésus comme le Sauveur
de tout péché (si toutefois ils le
reçoivent jamais comme tel), qu'après
avoir perdu beaucoup de temps, nombre
d'années souvent, en vaines tentatives
d'accomplir eux-mêmes l'oeuvre de leur
sanctification. ni commencé par l'Esprit,
ils s'efforcent d'arriver à la perfection
par la chair.
2° D'autres, après avoir
constaté leur impuissance, n'en
reçoivent pas davantage Christ comme le
Sauveur du péché parce
qu'après tout, ils ne sont pas
décidés à abandonner tout
péché. Ils ont quelque idole qu'ils
ne sont pas décidés à
sacrifier.
3° D'autres encore, après avoir
fait l'expérience de leur impuissance, et
bien que désireux d'être
délivrés de tout péché,
ne se confient point pour cela en Christ, ne
sachant pas ce qu'ils ont droit d'attendre de lui
à cet égard.
Beaucoup de gens se croient dans la fatale
nécessité de pécher toujours.
Jusqu'à la tombe, pensent-ils, le
péché sera pour eux « une
croix » (!) À cela, pas de
remède : c'est ainsi qu'ils ont compris
la Bonne Nouvelle de l'Évangile.
Dieu serait la faute, car il n'aurait pas su parer
à la cruelle nécessité dont on
parle. Ces chrétiens pensent qu'en fin de
compte l'expiation de Christ sera assez efficace
pour couvrir tous leurs péchés, que
Dieu les leur pardonnera tous, et, qu'après
tout, ils seront sauvés tout aussi
complètement que s'ils avaient
été sanctifiés dès
ici-bas, L'Évangile est ainsi réduit
au pardon des péchés ; il n'est
plus la puissance de Dieu détruisant dans le
pouvoir même du péché. Aussi
fait-on fort peu de cas des promesses. Ces
« très grandes et
précieuses promesses,
données exprès pour que nous
devenions « participants de la nature
divine, » demeurent à peu
près inutiles. Dieu les a
proportionnées à nos besoins ;
nous n'avons qu'à compter sur lui toujours,
et nous aurons tout ce qui est nécessaire
à notre sanctification. « Quoi que
ce soit que vous demandiez en priant, dit
Jésus, CROYEZ que vous le recevez (texte
grec), et vous le verrez
s'accomplir. »
Mais les chrétiens ne croient pas
réellement à beaucoup de choses
qu'affirme la Bible. Supposons que vous vous
trouviez face à face avec Dieu ; vous
savez que c'est Dieu qui vous parle, et Dieu vous
tend un livre qu'il vous dit de prendre. Il vous
déclare que ce livre contient de très
grandes et précieuses promesses, qui
assurent la satisfaction de tous vos besoins :
résistance à la tentation, victoire
sur le péché, sanctification
parfaite, préparation pour le ciel. Et Dieu
vous dit que toutes les fois que vous aurez besoin
de quelque chose en vue de cette fin, vous n'aurez
qu'à saisir la promesse qui correspondra
à ce besoin et qu'il l'accomplira. Eh bien,
n'est-il pas certain qu'après avoir
reçu ce livre de la main même de Dieu,
après avoir reconnu que Dieu l'a
écrit pour vous, vous ne voudriez pas ne pas
le croire ; n'est-il pas certain que vous le
liriez beaucoup plus que vous ne lisez la
Bible ? Ne seriez-vous pas avide de
connaître tout son contenu et prompt à
vous appliquer ses promesses au moment du
besoin ? Vous vous répéteriez
souvent ces promesses d'un bout à
l’autre, de sorte que leur contenu vous serait
parfaitement familier et que vous seriez toujours
prêt à en faire usage. Eh bien, la
Bible est ce livre-là ; et, par elle,
le chrétien peut toujours obtenir tout ce
dont il a besoin pour sa vie spirituelle.
Jésus est un Sauveur complet.
« Toutes (1) les promesses de
Dieu sont
OUI et
AMEN en lui, à la gloire de Dieu le
Père. » Il faut que les
chrétiens comprennent ces promesses, qu'ils
se les appliquent en toute circonstance, avec
plénitude de foi, pour leur entière
sanctification. Quels que soient leurs besoins en
fait de sagesse, de justice, de sanctification et
de rédemption, qu'ils aillent à Dieu.
tenant ferme à sa promesse, et leurs besoins
seront comblés.
4° Une autre raison du fait que les
chrétiens ne reçoivent pas Christ
dans tous ses offices, c'est qu'ils sont trop
orgueilleux pour abandonner toute confiance en leur
propre sagesse et en leur propre volonté, et
pour renoncer à tout usage qu'ils en
pourraient faire.
Qu'il est pénible au coeur orgueilleux de
l'homme d'abandonner toute sagesse propre, toute
science, idée et volonté propre entre
les mains de Dieu ! J'ai trouvé que
c'était la plus grande de toutes les
difficultés ; et certainement, tous le
trouvent ainsi. Voici l'objection que l'on ne
manque pas de faire :
« Notre raison nous a été
donnée pour nous en servir, en religion
comme ailleurs ; or, qu'en ferons-nous, si
nous ne devons plus nous fier à elle, ni
faire ce qu'elle nous dit ? Mais il y a ici
une importante distinction à faire. Notre
raison nous a bien été donnée
pour nous en servir dans les choses de Dieu ;
mais son affaire n'est pas de demander si ce que
Dieu dit est raisonnable ; elle est de nous
montrer qu'il est infiniment raisonnable de croire
tout ce que Dieu dit, soit que nous en discernions
la vérité, soit que notre ignorance
et notre aveuglement nous la cachent.
L'apôtre Paul dit : « Si
quelqu'un pense qu'il sait quelque chose, il ne
sait encore rien comme il faut savoir. »
Cette parole a un sens très profond; elle
signifie que celui qui ne reçoit pas Christ
seul comme sa sagesse, ne connaît encore rien
en religion. « Personne ne connaît
le Père, si ce n'est le Fils et celui auquel
le Fils le voudra révéler, dit
Jésus. » Celui qui a appris cette
leçon, sent qu'il ne possède pas un
iota de connaissance religieuse ayant quelque
valeur, en dehors de ce que Jésus-Christ lui
enseigné. « Ils seront tous
enseignés de Dieu, » est-il
écrit.
1. Vous voyez de quelle
prédication l'Église a besoin
aujourd'hui.
Elle a besoin d'être sondée à
fond et qu'on lui montre la grandeur de ses plaies.
Elle a besoin d'être convaincue de
péché et de regarder du
côté où se trouve la force.
Avec leur perpétuelle parade d’oeuvres
mortes, les chrétiens ont besoin de voir
combien ils sont pauvres : « Tu
dis : Je suis riche, je suis comblé de
biens et je n'ai besoin de rien, et tu ne sais pas
ce que tu es malheureux, et misérable, et
pauvre, et aveugle, et nu ! » Tant
que les chrétiens ne verront pas leur
pauvreté, le vide infini et l'abominable
méchanceté de leurs oeuvres mortes,
tant qu'ils ne verront pas où est le
remède, et qu'il n'est que par la FOI SEULE,
ils ne pourront jamais être
sanctifiés ; l'Église
s'éloignera toujours plus de Dieu,
jusqu'à ce qu'elle n'ait plus absolument que
les formes de la piété,
« ayant renié ce qui en fait la
force. »
2. Toutes les fois que vous verrez le
chrétien pauvre à quelques
égards, vous pourrez être sûr
qu'il a besoin de recevoir plus pleinement Christ
dans celui de ses offices qui correspond aux
lacunes que vous aurez constatées.
En effet, les lacunes, quelles qu'elles soient, ne
seront jamais comblées à moins que le
croyant ne voie la relation qu'il y a entre Christ
et le côté de son caractère qui
laisse à désirer ; et que, par
la foi, il ne saisisse le Sauveur comme
remédiant à ce qui lui manque.
Supposons qu'un homme soit naturellement avare et
égoïste et ait de la peine à
agir d'une manière
désintéressée ; il ne
remédiera à ce mal qu'en recevant
Christ comme son modèle, et
l'égoïsme ne sera chassé de son
coeur que par l'effusion de l'infinie tendresse de
Christ qui viendra le remplir. Il en sera de
même pour tout autre mal.
3. Vous voyez combien il est
nécessaire que les pasteurs aient une
connaissance profonde des choses de Dieu.
Il est facile, même pour quelqu'un de
charnel, de prêcher de manière
à produire chez ses auditeurs la conviction
de péché ; mais à moins
que le niveau de la sanctification ne soit
grandement relevé parmi les pasteurs, il ne
faut pas s'attendre à ce que la
piété s'accroisse beaucoup dans
l'Église. Ceux des chrétiens qui
connaissent ces choses par expérience
doivent prier en tout temps pour que Dieu
« purifie les fils de
Lévi, » que les conducteurs de
l'Église saisissent Christ pour leur propre
sanctification ; après cela, ils
sauront ce qu'ils devront, dire aux autres sur le
sujet de la sanctification.
4. Beaucoup cherchent la sanctification par
les oeuvres et ne savent pas qu'ils la cherchent de
cette façon-là.
Ils font, profession de la poursuivre par la foi
seule. Ils prétendent savoir très
bien qu'il est vain de la chercher par nos propres
forces : Cependant les résultats
montrent, et de la façon la plus concluante,
qu'ils la cherchent par les oeuvres et non par la
foi. Aussi est-il de la plus grande importance que
vous appreniez à reconnaître si vous
cherchez la sanctification par les oeuvres ou si
vous la cherchez par la foi. Toute recherche par
les oeuvres est absurde et ne conduira jamais
à un bon résultat.
Revenons au cas du pécheur convaincu de
péché. — Pécheur, comment
cherches-tu le salut ? — « Par
la foi, cela va sans dire, car chacun sait que nul
ne peut être sauvé par les
oeuvres. » Je réponds : Non,
tu cherches le salut par les oeuvres. Et comment le
montrerai-je ? Écoutez
encore :
Pécheur, crois-tu en Christ ? —
« Oui. » — Mais, te
donne-t-il la paix avec Dieu ? —
« Oh ! non, pas encore, mais je
m'efforce d'acquérir une plus grande
conviction de péché, de prier
davantage, d'être plus sérieux dans la
recherche du salut, et j'espère qu'il me
• donnera la paix, si je
persévère. » Ici tout
chrétien reconnaîtra tout de suite
que, malgré toutes ses allégations
contraires, ce pécheur cherche le salut par
les oeuvres. Il compte sur une préparation,
sur un progrès à accomplir. AVANT de
faire l'acte de foi qui sauve. Il n'est pas
disposé à accepter Christ maintenant
et il en a conscience, mais il a la
prétention de s'amener lui-même
à de meilleures dispositions. C'est la
religion des oeuvres.
Et maintenant voyez combien cette même erreur
est fréquente parmi les chrétiens qui
font profession de rechercher la sanctification.
Ils disent qu'ils doivent mortifier leurs membres
qui sont sur la terre, et pour cela ils
entreprennent une préparation toute de
propre justice, qui, pensent-ils, les recommandera
auprès de Jésus-Christ et leur fera
obtenir de lui la bénédiction qu'ils
cherchent ; au lieu de venir tout droit
à Christ, tels qu'ils sont,
c'est-à-dire comme des pécheurs
absolument dénués de toute ressource,
comme des mendiants, pour recevoir tout de suite
toute la bénédiction dont ils ont
besoin. Aucun de vos propres efforts ne peut vous
rendre meilleurs. Semblables à un homme qui
se débattrait au fond d'un bourbier fangeux,
chaque effort que vous faites de vous-même
vous enfonce plus profondément dans la boue.
Toutes les entreprises, toutes les oeuvres que vous
faites de votre propre mouvement, au lieu de vous
rapprocher de Christ, vous enfoncent toujours
davantage dans les ténèbres et le
péché, toujours plus loin de
Dieu.
Le pécheur mort dans ses fautes et ses
péchés est aussi
éloigné de la vie spirituelle et de
la sainteté, qu'un cadavre l'est de la vie
et de la santé ; il n'a qu'une chose
à faire : cesser ses propres oeuvres,
venir à Christ MAINTENANT, exactement tel
qu'il est, et se soumettre à lui. Aussi
longtemps qu'il croit avoir quelque chose à
faire auparavant, il ne voit pas que le moment
présent est le moment donné de Dieu
pour le salut de son âme. De même pour
le chrétien : aussi longtemps qu'il
cherche la sanctification dans le chemin de ses
propres oeuvres, il perd de vue que le moment
présent est le moment de Dieu pour recevoir
de Lui la victoire sur le péché.
5. Beaucoup de chrétiens font fausse
route parce qu'ils ont vu des églises
antinomiennes de l'ancienne école,
églises complètement mortes,
réveillées d'une certaine
façon, et qu'ils supposent que toutes les
églises doivent être
réveillées de cette
façon-là.
Dans quelques-unes de ces églises, les
chrétiens, nourris de doctrines abstraites,
étaient devenus à peu près
aussi stupides que les bancs sur lesquels ils
étaient assis ; et ils se sont
réveillés lorsqu'on les a
poussés au travail. Ce n'est pas qu'il y
eût aucune religion dans l'activité de
semblables chrétiens ; mais la
nécessité de travailler leur a fait
sentir tout ce qui leur manquait, et combien ils
étaient indignes d'être membres d'une
église. Par là leur conscience a
été
réveillée.
C'est ce qui arrive quelquefois quand un
pécheur insouciant est mis en demeure de
prier. Chacun sait qu'il n'y a aucune valeur
religieuse dans la prière d'un tel
homme ; mais l'obligation de prier peut
attirer l'attention de cet homme sur les choses de
Dieu et donner au Saint-Esprit l'occasion
d'arracher son âme au sommeil.
Le cas serait tout autre s'il s'agissait d'un homme
qui aurait eu l'habitude de prier dès son
enfance et qui par ses prières formalistes
aurait été rendu aussi froid qu'une
pierre. L'obligation de prier une fois de plus ne
l'amènerait pas à la conviction de
péché ; pour l'amener à
cette conviction, il faudrait au contraire
l'arrêter dans ses prières. impies et
lui en montrer le vrai caractère.
Pour en revenir aux églises, je dis que le
moyen de réveiller telle d'entre elles
où tout était dans
l'immobilité, a pu être d'en pousser
les membres à avertir les pécheurs du
danger qu'ils courent ; parce que l'attention
de ces mêmes membres a été
ainsi attirée sur le sujet du salut et que
le Saint-Esprit a saisi cette occasion pour en
amener plusieurs à la repentance. Mais en
tirer la règle que pour réveiller une
église, il faut toujours la pousser à
l'action, c'est faire preuve d'une complète
inintelligence.
Il faut distinguer entre les églises,
suivant les habitudes qu'elles ont eues. Si vous
avez affaire à une église qui passe
pour « avoir de la vie, » ayant
eu l'habitude des réveils et des
réunions prolongées, vous n'aurez
aucune peine à la réveiller pour
l'action, je veux dire que vous la déciderez
facilement à se donner du mouvement et
à faire du bruit. Mais, règle
générale, à moins qu'on ne
procède à son égard avec une
grande sagesse et une grande
fidélité, chaque nouveau
réveil en rendra les chrétiens plus
superficiels ; bien loin d'arriver à
cet état où le coeur est brisé
et où le croyant est mort avec Christ, ils
arriveront par leurs efforts et leur
activité à être plus endurcis
que jamais. Dites alors à ces
chrétiens qu'ils sont dans la propre justice
qu'il n'y a rien du Saint-Esprit dans toute leur
activité, ils répondront en vous
regardant d'un air étonné :
« Ne savez-vous donc pas que le moyen de
se réveiller est de se mettre à
l'oeuvre ? »
En résumé, nous disons que l'on ne
peut pas procéder avec une église qui
a l'habitude de l'activité comme on ferait
avec une église qui ne l'a pas. Ses membres
ont besoin tout d'abord d'être mis à
l'épreuve et sondés à fond, de
sentir ensuite leurs plaies et leurs lacunes, puis
d'être amenés au pied de la croix,
humbles et croyants, pour obtenir la
sanctification.
Quand j'étais évangéliste, je
travaillai dans une église qui avait eu
beaucoup de réveils, et rien n'était
plus facile que de décider ses membres
à se mettre à la recherche des
pécheurs et à les amener aux
assemblées ; mais il n'y avait, chez
ces gens, aucune profondeur dans les
sentiments : ils n'avaient pas une foi
vivante. Le pasteur vit qu'en continuant dans la
voie de l'activité extérieure,
l'église courait à sa ruine ;
que chaque réveil obtenu dans cette
voie-là ne faisait que rendre les
chrétiens plus superficiels ; et
qu'à moins de faire un retour sur
eux-mêmes et d'obtenir la sanctification, ces
chrétiens perdraient bientôt toute
lumière et s'endurciraient tout à
fait. Nous prêchâmes en
conséquence, et l'église en fut
bouleversée. Notre prédication allait
tellement à l'encontre de toutes les
idées que ces gens-là
s'étaient faites sur la manière de
répandre l'Évangile, que plusieurs en
furent extrêmement irrités. Ils
voulaient bien courir à droite et à
gauche, parler à tort et à travers,
mais ils ne voulaient rien faire d'autre.
Cependant, après de terribles
journées, plusieurs d'entre eux furent
entièrement brisés et devinrent aussi
humbles et aussi dociles que de petits enfants.
Notez qu'aujourd'hui une multitude de gens, dans
l'Église, répètent sans cesse
que le moyen d'être sanctifié, c'est
de se mettre à l'oeuvre. Ils pensent
qu'à force de mouvement, ils produiront la
chaleur de l'amour divin dans les coeurs. Tout cela
est faux. L'agitation, le mouvement et le bruit ne
produiront jamais la sanctification ; surtout
pas chez ceux qui sont accoutumés à
cette activité extérieure.
6. Vous qui avez l'habitude d'accomplir
beaucoup de devoirs religieux et qui n'avez pas la
sainteté, vous pouvez maintenant être
au clair sur votre propre cas.
Vous vous êtes jeté dans l'oeuvre afin
de vous réveiller, au lieu de vous jeter
tout d'abord aux pieds du Seigneur Jésus, et
de lui faire l'abandon absolu de toute votre
personne, pour qu'Il devînt votre
sanctification. Ce n'est qu'après cela que
vous deviez vous mettre à l'oeuvre, sous son
ordre et sous sa direction. Mais vous vous
êtes mis au travail afin d'avoir la vie, au
lieu d'aller à l'oeuvre poussé par un
principe de vie déposé dans votre
coeur. Vous avez entrepris de gagner la
sainteté petit à petit par un long
travail, semblable en cela au pécheur
convaincu de péché qui se
prépare à venir à Christ.
Mais le malheur est que vous êtes loin
d'avoir la persévérance de ce
pécheur, parce que vous n'avez pas sa
frayeur. Quant à lui, poussé par la
crainte de l'enfer, il poursuivra ses efforts
jusqu'à ce qu'il soit à bout de
forces et de ressources ; accablé alors
par le sentiment de sa misère, il se jettera
dans les bras de Christ. Mais vous, vous croyez
être chrétien, vous pensez être
sauvé de l'enfer, et vous estimez pouvoir
aller au ciel sans la sanctification. C'est
pourquoi on ne vous voit pas, dans vos efforts pour
acquérir la sainteté par vos oeuvres,
persévérer jusqu'à ce qu'ayant
épuisé toutes vos ressources, vous
vous jetiez dans les bras de votre Sauveur devenu
votre unique espérance de sanctification.
Vous dites au pécheur qui cherche le salut
par les oeuvres : « Pourquoi
n'abandonnes-tu pas tes propres efforts, pour
venir, tel que tu es, à Christ, recevoir de
lui le salut qu'il t'a acquis ? Il est
prêt à te recevoir
MAINTENANT. » Et pourquoi ne le
faites-vous pas vous-même ? Quand
apprendrez-vous enfin la première
leçon de la religion, à savoir que
vous ne pouvez rien faire hors de Christ ?
7. Qu'une Église croisse en
activité, ce n'est pas un signe certain
qu'elle croisse en sainteté.
Si l'église croît en sainteté,
elle croîtra en oeuvres. Mais il peut arriver
que les oeuvres religieuses croissent et se
multiplient, tandis que la puissance que donne le
Saint-Esprit décroît rapidement. Il
arrive souvent qu'une église, perdant sa
puissance spirituelle, multiplie ses oeuvres ;
mais ces efforts n'arrêteront pas son
déclin, jusqu'à ce qu'elle s'humilie
et vienne aux pieds du Sauveur.
Je le vois, je devrai reprendre ce sujet. Oh !
que ne puis-je convaincre tous les chrétiens
qu'ils n'ont besoin d'autre chose que de
Christ ! qu'il s'agit seulement de venir
à Christ, pour recevoir immédiatement
tout ce dont ils ont besoin ; pour le recevoir
lui-même comme leur sagesse, leur justice,
leur sanctification et leur
rédemption ! Comme alors tous leurs
besoins seraient vite comblés par sa
plénitude infinie !
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