Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Mon attitude à l'égard du médecin

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Peu de temps après ma conversion, un de mes garçons tomba gravement malade, et son état empira à tel point que je pensai qu'il allait mourir. Subitement, une pensée m'assaillit, obsédante : « Que vont dire les gens si je n'appelle pas le médecin ? » Ma conscience était angoissée à ce sujet. Je restai calme toutefois et priai : « O Dieu, que dois-je faire ? » Aussitôt, j'eus l'impression que la Bible devait être consultée ; je le fis et tombai sur le passage suivant : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : En mon nom ils chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues, ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris ». Alors, convaincu, je frappai du poing sur ma Bible et m'écriai : « Je crois ! » J'avais déjà revêtu mes habits du dimanche pour aller quérir le médecin mais en croyant à cette parole, un apaisement complet se fit dans mon coeur. Mon enfant était vraiment très malade, mais je réalisai que Jésus est le médecin, le plus grand médecin ; par conséquent, il n'y avait plus lieu de craindre quoi que ce soit, et la pensée du « qu'en dira-t-on » s'évanouit complètement. Vers le soir, le repos de mon coeur devint encore plus grand et mon garçon guérit parfaitement ; le lendemain, il put se rendre à l'école.
Toutefois, une quiétude totale régnait dans mon coeur bien avant que l'enfant fût guéri. (Hébr. 10 : 35-36.) « N'abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une si grande récompense. Car vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. » Beaucoup de personnes sont impatientes, ne savent pas attendre et sont pressées de se tirer d'affaire elles-mêmes, comme Saül ; elles abandonnent ainsi leur espérance. Combien de chrétiens ont perdu la vie spirituelle de cette façon ! Dieu met ses enfants à l'épreuve et souvent même, cette épreuve est poussée jusqu'à l'extrême limite de nos forces.

Un jour, je fus appelé auprès d'une femme qui allait avoir un enfant. Le médecin était déjà là, disant qu'une césarienne était inévitable, et que cette intervention permettrait peut-être de sauver la mère ou l'enfant. Nous priâmes, et la maman fut transportée à l'hôpital. J'exhortai la belle-mère et le mari en leur disant : « Prenez garde ! laissez la nature suivre son cours ! » Le médecin prétendit que c'était chose impossible et manifesta l'intention de consulter un spécialiste. Au milieu de la nuit, et pendant que le docteur dormait, l'enfant naquit ! L'angoisse avait été extrême, mais la confiance n'avait pas été déçue. Nous avons un Dieu qui peut sauver parfaitement et dont les moyens sont illimités.

Beaucoup de gens possèdent une foi analogue à celle de ce petit garçon, fils d'un médecin, qui disait : « Quand il s'agit d'un cas bénin le Seigneur peut aider, mais s'il s'agit d'un cas grave, il faut l'intervention de papa ». C'est la façon de croire de beaucoup de personnes. Je ne veux pas réprouver les médecins ou les mépriser, et je ne veux jeter la pierre à personne. En toutes choses, il faut une foi et une patience à toute épreuve, car bien souvent c'est au moment où il semble que tout est perdu que Dieu intervient.

J'ai pensé parfois : « Si le Seigneur ne veut pas aider, peu m'importe alors le secours d'autrui ! » Il est vrai qu'il est aisé de dire cela quand on se porte bien, et qu'il en est autrement lorsqu'on est accablé de grandes souffrances. Mais j'ai un médecin tout-puissant, un spécialiste pour toutes les souffrances. Oh ! ce bien-aimé, ce cher divin médecin, combien de fois ne m'a-t-il pas déjà secouru et guéri ! Mais gardons-nous de vouloir obstinément contraindre Dieu à nous aider. Non, s'il me refuse son aide, je suis aussi d'accord.

Pendant que j'étais dans notre « Maison de repos » à La Punt (dans l'Engadine), j'eus une maladie de la peau (Érysipèle). Un médecin présent avait eu la même maladie, et il déclara qu'il n'y avait pas d'autre remède que la prière. Mlle Dr H., qui passait aussi ses vacances dans notre « Maison de repos », vint me demander si elle pouvait m'offrir quelque chose pour calmer mes douleurs.
- Si tu peux me donner un médicament qui me guérira je l'accepte !
- Impossible, je ne puis t'offrir qu'un calmant !
- Alors, je préfère supporter mes douleurs !

Sur ces entrefaites, je réalisai l'intervention de Dieu. En voyant cette guérison, la doctoresse s'écria en battant des mains : « Dieu a aidé, Dieu a aidé ! » Si l'on est son enfant, il faut avoir confiance en lui. Si j'avais un enfant malade et que je sois tout-puissant, cet enfant serait bien vite guéri. Quelqu'un a dit : « L'amour paternel exauce la prière ! »

En toutes choses, il faut nous attendre à Dieu ; toutefois, certaines personnes pensent : « Je ne veux rien attendre des hommes et je ne permettrai pas non plus à quelqu'un de m'imposer les mains ! » Cependant, celui qui croit agit en toutes choses selon la Parole de Dieu. Beaucoup de personnes sont trop orgueilleuses pour se faire imposer les mains, et d'autres recourent sans cesse à ce moyen, attendant l'aide de l'imposition des mains et non de Dieu. Le diable veut toujours nous faire dévier du bon chemin, soit à droite, soit à gauche. Il faut avoir une foi simple comme un enfant ; alors les artifices disparaissent. On se réjouit en Dieu, on agit selon sa Parole, et l'on fait l'expérience de sa puissance et de sa grâce. Même s'il devait sembler qu'aucune aide n'a été accordée, que la guérison n'a pas eu lieu par exemple, on expérimente quelque chose de bien meilleur, de plus précieux encore. J'avais besoin, il y a plus de trente ans, d'un certificat médical pour être exempté du service du feu : le médecin à qui je m'étais adressé refusa de me le délivrer, disant : « Tu mourras avant d'être rentré chez toi ! » Cela me fit rire. Depuis cette époque, j'ai été malade bien souvent ! Dieu peut nous porter et nous amener au but, même avec nos maux. Il est donc important que nous nous confiions en lui avec persévérance, en le servant, sachant que le bon plaisir de Dieu repose sur nous ; non à cause de nos oeuvres, mais à cause de ce que Jésus a fait pour nous. Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé.

Les maladies physiques supportées patiemment auront certainement aussi leur récompense. Celui qui s'abandonne complètement entre les mains de Dieu, et qui accepte la maladie de sa main, en aura grand profit.

Une soeur en Christ, malade, avait des douleurs si terribles qu'elles lui arrachaient des cris et elle priait : « Cher Sauveur, garde-moi de tout murmure ! » Elle eut une fin admirable ; peu de temps avant son départ, elle réalisa que la maladie même produit la gloire, si nous nous soumettons entièrement et sans murmures à la volonté divine. Deux heures avant son décès elle eut la vision de la nouvelle Jérusalem ; de ses créneaux d'or et de l'escalier tout en or qui conduit à ses portes, gardées par des anges. Une voix distincte disait : « Même si Satan pouvait arriver jusqu'au seuil, le sang de Jésus lui en interdirait l'entrée ! »

Ils sont nombreux ceux qui murmurent et refusent de souffrir ! Nous devons toujours nous dire : « Je n'ai que ce que je mérite ! » de cette façon, nous ne murmurons pas. Si nous murmurons, Dieu est mis dans l'impossibilité de venir à notre aide. S'il nous aidait dans de telles conditions, ce serait à notre détriment puisque, par notre entêtement, nous n'aurions fait que notre propre volonté. Certes, il nous est toujours permis de solliciter son secours avec insistance, mais à condition de rester dans les limites d'une humble soumission : « Que ta volonté soit faite » ; alors le secours ne nous fera jamais défaut. « S'il n'aide pas à tout moment, il aide pourtant lorsque c'est urgent ! »


Guérisons de malades.

Peu de temps après ma conversion, Dieu avait guéri ma femme estropiée, et cela m'encouragea à prier aussi pour d'autres personnes. Par la grâce de Dieu, beaucoup d'entre elles furent guéries par la prière. Dans la contrée de Wangen, Niederbipp, Roggwil, Wiedlisbach, Aarwangen, presque toutes furent guéries ; des cancéreux, des phtisiques et un certain nombre d'autres malades incurables. Dans cette contrée, on ne trouvait cependant pas une foi telle que je l'ai rencontrée dans l'Oberland ou le Jura bernois où il se faisait beaucoup moins de guérisons.

À V., la femme du concierge de l'école souffrait, à la tête, d'une maladie incurable. En visite je m'étais entretenu jusqu'à minuit avec le maître d'école. La nuit, je priai ainsi mon Père céleste : « Vois, Père, cet excellent lit que mes hôtes m'ont préparé ; récompense-les en guérissant cette femme ! » Cette même nuit, elle fut guérie ; je partis le lendemain matin à quatre heures sans la revoir, mais la nouvelle de la guérison me fut communiquée par lettre.

Une autre fois, de l'hôpital de M. on m'avertit qu'il y avait là un homme mourant, fort angoissé. Je savais que les soeurs diaconesses de l'endroit ne m'aimaient pas beaucoup, aussi étais-je fort surpris de leur appel. À mon arrivée, elles me déclarèrent que les poumons de cet homme étaient en pleine décomposition et qu'il ne survivrait pas ! J'eus alors un entretien avec lui et il confessa ses péchés. C'était un brigand qui avait attaqué, et volé plusieurs personnes. Il ne confessa pas seulement ses actes de brigandage, mais également ses autres péchés. Quand il eut terminé sa confession, je pus lui dire : « En vérité, de même que tu as sincèrement confessé tes péchés, de même Dieu t'a véritablement pardonné ! » Cet homme guérit, et il put se lever et travailler. Lorsque Dieu secourt quelqu'un, il le fait parfaitement ; rien ne peut l'entraver.

Le pasteur de D. m'écrivit une fois, m'invitant à le visiter. En arrivant chez lui, je le trouvai très affaibli - il avait jeûné plusieurs jours - et ne pouvait presque plus monter un escalier ; il se traînait de faiblesse. Il s'était rendu compte qu'il ne possédait pas encore la paix de Dieu, et il la cherchait. Je lui demandai pour quelle raison il m'avait fait appeler. Il répondit que j'étais l'homme le plus calomnié qui soit; c'est pourquoi, pensait-il étais-je à même de lui aider.

Dans sa paroisse se trouvait un homme qui était gravement malade des poumons. Craignant qu'il ne tombe à la charge de la commune, le pasteur avait conseillé aux autorités communales de me l'envoyer à Dürrgraben, pensant qu'il pourrait y trouver la guérison. Cet homme fut donc conduit chez moi et, peu de temps après, il fut rétabli. Lorsque nous nous rencontrâmes à nouveau, environ trois ans plus tard, il me raconta que depuis lors il n'avait plus jamais été malade.

Plus tard, le maire de L. vint me rendre visite ; il souffrait des reins. Il ne connaissait pas mon adresse et se gênait de la demander ; il avait uniquement souvenance d'avoir envoyé à la gare de Grünenmatt le malade dont je viens de citer la guérison. S'étant rendu à cette station, il s'informa auprès du chef de gare pour connaître le domicile de l'homme qui guérissait les malades. On me l'envoya donc et, deux ou trois jours après, il put s'en retourner guéri. Il était de religion catholique et il le resta. Quel avantage un homme a-t-il, en regard de l'éternité, s'il obtient la guérison de son corps mais ne se convertit pas à Dieu ? Il en est aujourd'hui comme au temps de Jésus qui disait : « Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps que ces villes se seraient repenties en prenant le sac et la cendre. » (Matth. 11 : 21-24.)


Guérison de l'ivrognerie.

La grâce de Dieu est grande ! À M., il y avait une femme, buveuse des plus pitoyables. Le directeur de l'école d'agriculture, un croyant, qui était son tuteur, me pria de l'accompagner pour aller la visiter. Lorsque nous arrivâmes à son logis, nous la trouvâmes complètement ivre, les cheveux ébouriffés et toute en sueur ; dans ces conditions, il était impossible de lui parler. Mon compagnon fouilla partout, cherchant à trouver de l'eau-de-vie quelque part, mais ce fut en vain. Alors il proposa de revenir plus tard, lorsque cette femme serait de sang-froid. Aucun changement n'était survenu à notre seconde visite ! Le soir, je présidai une réunion de tempérance à W. À l'issue de celle-ci, je proposai encore un moment de prière et d'intercession pour cette pauvre femme ; mais on nous renvoya du local de cette maison d'école, prétextant qu'elle devait être fermée. Je répondis que nous irions en plein air s'il n'y avait pas de chambre disponible, invitant les personnes présentes à se joindre à moi. Quelqu'un offrit alors sa maison et nous priâmes.
Le jour suivant, nous nous rendîmes chez cette femme et un grand miracle se produisit ; elle avait des filles converties au Seigneur qui avaient aussi intercédé pour leur mère et, tout à coup, cette pauvre pécheresse reçut la paix de Dieu dans son coeur. Elle vécut encore quelques heures mais elle avait réalisé la même grâce que le malfaiteur sur la croix. Cette pauvre femme se savait enchaînée par Satan, et ne trouvait plus rien de bon en elle ; elle n'avait pas le sentiment d'être brave et Dieu se révéla à son coeur.

Je me souviens encore d'un autre miracle en faveur d'un pauvre buveur. Il était continuellement ivre, mais son fils, qui s'était converti, se mit à intercéder pour lui. Le père signa un engagement d'abstinence. Dès cette heure, il perdit toute envie de boire de l'alcool. Par la grâce de Dieu, il avait été délivré de cet épouvantable démon de l'alcoolisme. Son envie de l'alcool s'était muée en véritable dégoût pour cette boisson, et cela à tel point qu'il avait des nausées si on parlait d'eau-de-vie en sa présence.

Une autre fois, on m'appela auprès d'un buveur qui inspirait la terreur aux siens qui souvent, devaient s'enfuir. Un jour, sa femme et son fils, terrorisés, n'osèrent plus retourner chez eux car il voulait les tuer. Ils me firent chercher. On m'avertit que la police même refusait d'entrer dans la maison. À mi-chemin, il me vint cette pensée : « Que veux-tu prétendre faire là où la police même n'ose pas intervenir ? » Il me vint aussi à l'idée de ne m'y rendre qu'en compagnie de gendarmes mais, rejetant ces pensées, j'y allai seul. M'acheminant vers cette maison, je vis tous les voisins aux aguets, curieux de voir ce qui allait se passer. L'homme ne se trouvait pas dans le logement ; j'entrai dans l'étable et l'aperçus tout au fond, tenant une fourche à la main. Je m'approchai de lui, le pris dans mes bras et lui dis : « N'est-ce pas, cela ne va pas bien du tout ? - Non ! répondit-il. Alors, je lui parlai de Jésus, lui conseillant de signer un engagement d'abstinence ; tout de suite il fut disposé à le faire. Nous nous rendîmes dans la chambre de ménage et là, il signa. Alors sa femme, qui s'était réfugiée dans la maison voisine, s'approcha ; je lui demandai si elle ne voulait pas prendre un engagement de tempérance en même temps que son mari. Elle m'accabla d'injures, me demandant si je m'imaginais qu'elle était une « chienne aussi misérable », pour me permettre de lui faire une proposition pareille ! Je m'étonnai que l'homme n'ait pas bondi sur sa femme pour la battre ; je l'aurais laissé faire un peu, cela lui aurait été salutaire ! Mais il resta tout à fait tranquille.

Pendant neuf mois, il fut abstinent, mais sa femme l'accablait tous les jours de reproches, ayant honte de lui parce qu'il avait signé. Elle le tourmenta jusqu'à ce qu'il n'y tint plus et se remit à boire, méprisant son engagement. Les gens n'ont point honte de s'enivrer, mais ils ont honte de se convertir à Dieu et de le servir !


Mon attitude à l'égard de l'Eglise nationale

Celui qui craint Dieu s'applique à la lecture de la Bible, et ses vérités, l'une après l'autre lui sont révélées. Dans les premiers temps qui suivirent ma conversion, j'étais heureux quand un pasteur venait assister à nos assemblées et y prenait la parole. On allait aussi à l'église, sans se demander si la vérité y était prêchée. À cette époque, je pensais que la parole : « Examinez toutes choses et retenez ce qui est bon » devait être mise en pratique précisément dans de telles circonstances.
Mais les choses changèrent lorsque je trouvai le passage suivant dans la Bible : « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; mais tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair, n'est point de Dieu ; et c'est là l'esprit de l'Antéchrist ». De ceux-là il faut se séparer.

Lorsqu'un pasteur venait assister à une réunion d'évangélisation que je présidais, je ne lui demandais pas s'il était croyant, mais je lui accordais spontanément la parole. Si je constatais qu'il était un pasteur de la nouvelle théologie (qui ne reconnaît pas l'autorité pleine et entière de l'Écriture, la divinité de Jésus-Christ et l'efficacité du sang de Jésus) je lui ordonnais de cesser de parler et, s'il refusait de se taire, j'ordonnais à l'assemblée de chanter un cantique. Car je sentais bien qu'en agréant de telles doctrines, j'allais à la perdition. Si nous ne protestons pas ouvertement lorsque quelqu'un attaque l'autorité de la Parole de Dieu, nous ne servons pas Dieu. Il ne nous est pas possible d'adorer Dieu et les idoles en même temps, car Dieu nous veut tout entiers, et non à moitié seulement.

Nous devons prêter notre attention à ce que Dieu dit, et non aux dires des gens. Ces derniers disent aisément, lorsque quelqu'un meurt : « Il est heureux, il est sauvé ! »

Lorsque je me suis converti à Dieu, on a dit de moi que j'étais déchu de l'église ; - ainsi donc, lorsque je commençai à régler mes voies, selon la Parole de Dieu, on prétendit que j'étais déchu !
N'est-ce pas étrange ? J'avais pensé que le pasteur et tous les gens pieux allaient se réjouir d'apprendre que je m'étais converti à Dieu. J'étais allé rendre visite au pasteur pour lui demander si nous ne pouvions pas prier ensemble avant le sermon pour obtenir la conversion de certaines personnes. Mais quoiqu'il fût connu comme étant très orthodoxe, il ne voulut rien savoir. Celui qui sait ce qu'il advient de ceux qui meurent sans s'être convertis, qu'ils vont éternellement là où le ver ne meurt point et ou le feu ne s'éteint point, celui-là seulement prend à coeur les paroles que l'apôtre Paul adressait aux Corinthiens : « Connaissant donc la crainte due au Seigneur, nous cherchons à en persuader tous les hommes ! »

Il me fallut longtemps pour constater que nous avions un pasteur de la nouvelle théologie ; pourtant ma mère, bien qu'inconvertie, me l'avait déjà fait remarquer. Je remarquais que quelque chose, dans ses sermons, était en désaccord avec la Bible, mais je ne savais quoi. Bien qu'étant agent de la Croix-Bleue, dans ces cas-là je ne discernais pas clairement la route à suivre, je n'avais moi-même pas lu la Bible assez attentivement. Le pasteur Bovet se refusait à admettre des pasteurs de la nouvelle théologie comme prédicateurs de la Croix-Bleue. Après son décès, la question se posa à nouveau de savoir si ces pasteurs seraient dorénavant admis. Je fus seul à prendre position contre cette proposition ; tous les évangélistes et les frères étaient en faveur de cette admission. Comme je n'avais pas encore suffisamment de lumière, je ne pus leur opposer des citations de la Bible, sans quoi la décision n'aurait sûrement pas été la même. Je concevais bien que ce n'était pas juste, mais j'étais incapable de le prouver par la Parole de Dieu. Combien de gens fréquentent ainsi les assemblées, voire même les dirigeants, et ne sont pas aptes à se rendre compte de ces choses ! La Bible nous montre clairement que ces chrétiens, étant dans une telle ignorance, ne pourront être enlevés avec Christ lorsqu'il paraîtra. Dans Apocalypse 2, le Seigneur Jésus donne un bon témoignage personnel à l'ancien de l'Eglise de Pergame ; mais parce qu'il tolère dans son assemblée des personnes attachées à la doctrine de Balaam, et qu'il ne les reprend pas, il n'est plus irrépréhensible devant Dieu ; cette faute lui est imputée.

Si nous prétendons à la félicité éternelle, il faut que la Parole tout entière règle notre conduite. Des pasteurs m'ont déclaré personnellement qu'ils n'osaient pas prêcher toute la vérité parce qu'ils craignaient de perdre leur place ! Ils avaient peur d'être révoqués !

Longtemps, on m'engagea à être une lumière, un sel dans l'Eglise. Mais dès que je compris l'enseignement de la Bible à ce sujet, c'est-à-dire qu'il y a lieu de discerner qui l'on peut écouter et qui l'on ne doit pas écouter, je compris ceci : Si je fais ce que Dieu me commande de faire, je suis une lumière ; toutes les autres lumières sont vouées à l'extinction. Nous devons nous séparer de ceux qui ont l'apparence de la piété, mais qui renient ce qui en fait la force. (II Tim. 3. 5.) Et l'apôtre Jean, nous exhorte en ces termes : « Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine (celle des apôtres), ne le recevez pas dans votre maison ». (II Jean 1. 10.) Le peuple de Dieu a toujours été mis à part ; jusqu'à ce jour, il est resté séparé ! Il n'est pas nécessaire pour cela de provoquer la rupture, « de quitter la place », il suffit d'agir conformément à la Parole de Dieu et la séparation se fera d'elle-même. Point n'est besoin de la chercher, mais il faut simplement obéir à la Parole de Dieu, alors on marche de lumière en lumière.

Me trouvant une fois, dans le train, des voyageurs entrèrent dans le wagon où je me trouvais et j'entendis l'un d'eux jurer. Je le repris, l'exhortant à ne plus blasphémer. Outré, un de ces hommes m'interpella, me demandant de quel droit je me permettais de reprendre le pasteur d'O. Je répondis : « Tiens, tiens, c'est Monsieur le pasteur ? Alors je me tais ! » Le compartiment était rempli de monde ; le pasteur aurait certainement préféré que son compagnon gardât le silence ! Il avait dit à ses catéchumènes qu'ils ne devaient pas être aussi sots et croire que Dieu pouvait entendre les jurons ! Ce sont là les éducateurs que les foules suivent et écoutent !

Dans un certain endroit de l'Engadine, le pasteur vint me voir et m'offrit sa collaboration, si je le voulais bien. Je répondis que j'acceptais avec joie s'il croyait à la Parole. Pendant la réunion, j'eus comme texte Esaïe 55, et je déclarai notamment ceci : « Beaucoup de personnes ont la nostalgie de quelque chose, et cherchent l'apaisement de cet ennui en se rendant au théâtre ou à d'autres endroits pareils ! » Le pasteur prenait des notes puis, la réunion terminée, il me rejoignit en me disant : « Vous n'avez pas bien parlé ! - Ah ! que n'ai-je pas bien dit ? - Il répondit : « On peut aussi trouver la paix au théâtre ! » Je me mis à genoux et priai pour lui ; il resta assis. Comme je lui avais promis d'aller à l'église, j'engageai nos amis à m'accompagner. Le pasteur avait choisi un texte, mais il ne fit que contredire sa teneur.

Voici ce qu'il déclara entre autres : « Il y a des gens qui prétendent être justes ; la vraie justice, c'est quand tout le monde est satisfait de nous ! Personne ne peut savoir s'il a la paix avec Dieu, personne ne peut être certain d'être sauvé, et il n'est pas possible d'avoir l'assurance qu'on possède la vraie foi ! » Je notais aussi tout ce qui était faux, j'écrivais continuellement ; le pasteur s'en aperçut et ne put parler plus d'un quart d'heure. Un maître d'école qui écoutait également ne remarqua rien d'anormal. C'est ainsi que les auditeurs continuent à affluer à l'église bien que le pasteur contredise la Parole de Dieu tant et plus ; pourvu qu'il soit aimable avec eux et leur rende visite, cela suffit pour qu'ils le qualifient de bon, voire d'excellent pasteur !

Ce dont nous avons besoin, c'est de la Parole de Dieu. Celui qui s'y soumet reçoit le bonheur en partage, et la Parole de vérité nous unit les uns aux autres.

Notre enseignement, conforme aux saintes Écritures, ne manqua pas d'attirer l'attention d'autres assemblées. Mais le Conseil synodal du canton de Berne crut devoir s'opposer à cet enseignement en le qualifiant d'hérésie. Dans un pamphlet ce conseil publia que l'Assemblée évangélique des frères était une secte pernicieuse. L'article avait pour titre : « Veillons et soyons sobres. Un avertissement contre les doctrines contraires à l'Évangile ». Nous répondîmes à cette publication par l'article suivant, qui parut dans notre « Friedensbotschaft » :

Quel est notre enseignement ? Nous nous appliquons à prêcher l'Évangile de Jésus-Christ selon les Écritures, et nous nous conformons exactement à l'enseignement des apôtres ; cela d'autant plus strictement que l'apôtre déclare expressément : « Mais quand nous-mêmes, quand un ange du ciel, annoncerait un autre Évangile que celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème ! » Comme nous venons de le dire, nous le répétons encore : « Si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ! » Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas un serviteur de Christ. (Gal. 1 : 10.)

En outre, il est écrit : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, et propre à toute bonne oeuvre ». (II Tim. 3: 16-17.) À la lumière de ces paroles, nous éprouvons la doctrine de quiconque. La Bible, du commencement à la fin, l'Ancien comme le Nouveau Testament, est Parole de Dieu pour nous ; les deux forment une unité indissoluble. Le Seigneur Jésus a dit : « Celui qui croit en moi, comme l'Écriture dit, des fleuves d'eau vive couleront de son sein ». Il n'a pas dit : « Celui qui croit conformément à la raison, à la philosophie et à la doctrine des hommes... » Nous nous gardons soigneusement de ces égarements et nous nous éloignons de celui qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair, selon I Jean 4 ; de même de ceux qui renient la puissance de Dieu, qui auront tenu pour profane le sang de l'alliance, et qui outragent l'Esprit de la grâce. Par contre, celui qui reçoit la Parole de Dieu telle qu'elle est écrite, qui assujettit sa raison à l'obéissance due au Christ, expérimentera la force de Dieu, et le bras de l'Éternel lui sera révélé.

Notre travail et notre but tendent à amener les gens à ce qu'ils réalisent la nouvelle naissance, puisque le Seigneur Jésus dit d'une façon si positive : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». (Jean 3 : 3.) Nous ne nous accordons aucun répit jusqu'à ce que nos auditeurs reçoivent l'Esprit de Dieu, selon qu'il est écrit : « En lui, vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Évangile de votre salut, en lui, vous avez cru, et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis ». (Eph. 1 : 13.) Nous savons aussi, selon Romains 8 que : « Celui qui ne possède pas l'Esprit de Christ ne lui appartient pas ». C'est pourquoi nous prêchons la repentance et la conversion, sachant que celui qui ne renonce pas à toutes choses, selon la parole de Jésus, ne peut être son disciple. Nous annonçons en outre que le salut n'est qu'en Christ et ne s'obtient que par grâce, et non par le mérite des oeuvres ; que chacun doit posséder le pardon des péchés et avoir le témoignage d'être enfant de Dieu, par le Saint-Esprit, car ce sont ceux-là seulement qui peuvent rendre ce témoignage : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ », comme il est écrit dans Romains 5:1 et dans les Actes des apôtres 13: 39. Ensuite, notre travail tend à engager tous ceux qui se sont convertis à Dieu et qui ont reçu la rémission des péchés, à croître à tous égards en celui qui est le Chef, Christ (Eph. 4: 15), les enjoignant à s'appliquer à pratiquer les bonnes oeuvres.

Nous enseignons que nous ne croissons ni ne progressons par notre propre force, mais uniquement par la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous nous efforçons d'engager nos auditeurs à l'exercice de la piété, et la joie dans le Seigneur est notre force. Nous nous réjouissons de ce qu'il a plu à Dieu de sauver par la folie de la prédication tous ceux qui y croient.

À l'heure actuelle, nous donnons de sérieux avertissements invitant chacun à se garder de toute doctrine contraire à l'Évangile ; et ce n'est pas en vain ! Jésus et les apôtres ont fait de même. Les pharisiens et les scribes ont aussi dénoncé des hérétiques, mais en désignant Jésus et les apôtres. Ils les considéraient comme des séducteurs et c'est pour ce motif qu'ils en ont tués plusieurs. « Mais la pierre rejetée par ceux qui bâtissent a été choisie comme pierre angulaire ». Aujourd'hui encore, elle est une pierre d'achoppement et un sujet de scandale. Les incrédules se butent à la Parole et disent des vérités bibliques qu'elles sont des utopies. En commentant les Écritures, ils déclarent : On ne peut pas prendre ceci comme c'est écrit ! » ou : « Il ne faut pas comprendre cela comme Dieu le dit ! »

Ils prétendent croire à la Parole de Dieu, mais affirment qu'elle n'émane pas réellement de Dieu et qu'elle ne contient que des témoignages humains ! L'un d'eux a eu l'audace d'écrire textuellement ce qui suit dans une feuille paroissiale : « Quand oserons-nous enfin nous rallier ouvertement aux vérités reconnues parmi nous, savoir : que les paroles bibliques ne sont pas paroles de Dieu, mais des témoignages humains ? » Et ce pasteur affirmait qu'il n'était pas seul de cet avis, qu'il avait de nombreuses lettres d'adhésion « enthousiastes » et « cordiales » à l'appui.

Cela est-il vraiment sobre et évangélique ? Bien des personnes en mettent d'autres en garde contre l'hérésie et ressemblent à cet homme qui avait mis un écriteau sur le mur de sa maison, du côté de la route et disant : « Attention aux voleurs ! » Mais, en même temps, il se mêlait aux passants qu'il avertissait pour leur dérober ce qu'ils possédaient.

Il y a bien des années, un jeune étudiant en théologie vint me voir pendant ses vacances. Il me raconta avec tristesse, voire même avec amertume, qu'on leur prouvait à l'Université, au moyen de toutes sortes de livres, que la Bible n'était point la Parole de Dieu, disant comment sa foi lui avait été ravie ! Je lui demandai pourquoi il n'avait pas quitté l'Université. Il objecta qu'il espérait que plus tard, ayant sa chaire à lui, sa foi lui serait rendue et qu'il pourrait alors annoncer la vérité à une foule de gens. Mais à l'heure actuelle, la Bible n'est pas encore devenue la vérité pour cet homme, et il se croit plus sage que Dieu ; aujourd'hui, il est pasteur de l'Église nationale.

Selon les saintes Écritures, le corps de Christ est l'Église chrétienne, c'est-à-dire la communauté des saints, ou la Maison de Dieu. Les hommes en qui habite Christ par la repentance, la conversion et la foi en l'oeuvre rédemptrice de Christ, sont membres du corps de Christ ou, ce qui revient au même, sont des pierres vivantes, unies entre elles, pour être édifiées en un temple saint au Seigneur. Ils sont une habitation de Dieu en Esprit. Voyez l'épître aux Éphésiens, chapitre 2 ; toutes les personnes décrites là sont nées de Dieu, selon I Pierre 1 : 23, donc elles sont nées de nouveau, elles ne l'espèrent pas seulement.

Par conséquent, l'Église chrétienne ne peut absolument pas être confondue avec l'Église nationale ; qu'elle soit bernoise, bâloise, zurichoise ou même suisse. Croire que la certitude du salut dépend du fait d'être membre d'une Église nationale, serait une conception païenne. Tous ceux qui ont été baptisés et confirmés sont reconnus membres de l'Église nationale. Toutefois, une infime minorité de ceux-ci suit les cultes du dimanche à l'église ; la majorité se trouve dans les auberges, aux tables de jeu, dans les cinémas, les théâtres, et sur les places de sports.. Et tant qu'ils n'ont pas déclaré être sortis de l'Eglise, ils en restent membres. L'Eglise nationale voit moins de danger dans cet état de choses que dans le fait qu'une personne se rende à l'Assemblée évangélique des frères et s'y convertisse, qu'elle restitue les choses dérobées, s'acquitte honnêtement de ses impôts et devienne un témoin de la grâce de Dieu qui est en Jésus-Christ !

Dans le pamphlet en question, il est dit encore : « Toutes ces hérésies se réclament de la Bible et prétendent représenter seules le christianisme authentique, déformant ainsila Parole de Dieu par leurs théories. Ce n'est plus la Parole de Dieu qui fait autorité, mais les « voix étrangères ». Le trait caractéristique de toute exaltation religieuse consiste à ne pas considérer l'homme tel qu'il est en réalité, mais à le déformer au gré de ses désirs. Elle se fait une image de Dieu, qui donne satisfaction à ses ambitions humaines de considération personnelle et d'amour-propre. - Sourde à la Parole de Dieu, elle méconnaît ce qu'est le péché, la repentance et la grâce, devenant la proie de l'utopie de la perfection ; elle tombe sous le joug de la loi, des arrogances de la raison ; c'est ainsi qu'elle nous trompe et aboutit à l'égarement et à la ruine ». Si seulement les représentants de la Parole de Dieu par leurs théories. Ce n'est plus la Parole de Dieu qui fait autorité, mais les «voix étrangères». Le trait caractéristique de toute exaltation religieuse consiste à ne pas considérer l'homme tel qu'il est en réalité, mais à le déformer au gré de ses désirs. Elle se fait une image de Dieu, qui donne satisfaction à ses ambitions humaines de considération personnelle et d'amour-propre. - Sourde à la Parole de Dieu, elle méconnaît ce qu'est le péché, la repentance et la grâce, devenant la proie de l'utopie de la perfection; elle tombe sous le joug de la loi, des arrogances de la raison; c'est ainsi qu'elle nous trompe et aboutit à l'égarement et à la ruine».

Si seulement les représentants de l'Eglise nationale qui écrivent de pareilles choses pouvaient abandonner leurs propres théories pour s'en tenir à la Bible comme Parole de Dieu comme nous le faisons à l'Assemblée évangélique des frères. Alors nos gens s'en iraient bientôt remplir les églises et réveilleraient beaucoup de membres endormis (comme ladite circulaire le mentionne).

Les pasteurs de la nouvelle théologie ne respectent pas la Parole de Dieu; ni les libéraux, ni ceux qui prêchent l'alliance! Et où prêchent-ils ces derniers ? Dans les églises nationales ou dans les assemblées ? On ne peut certes pas leur reprocher d'être des exaltés religieux; bien souvent leurs discours contiennent fort peu de religion! Un séminariste m'écrivait dernièrement combien il lui était pénible d'écouter ces pasteurs; l'un parlait de spiritisme, un autre d'humanisme, le troisième de philosophie et de doctrines humaines! Ces faits ne sont-ils pas précisément ceux que prétend stigmatiser le pamphlet en question et qu'on nous reproche ?

Le Sauveur dit: « Pourquoi regardes-tu la paille dans l'oeil de ton frère, et ne vois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil?» Cette parole nous est donnée afin que nous nous éprouvions sérieusement. Celui qui extrait la poutre de son propre oeil est seul capable, par la grâce de Dieu, d'enlever la paille de l'oeil de son frère, et ceci ne peut se réaliser qu'en faisant voir à son frère le salut qui est en Jésus-Christ.

Par ce qui précède, nous ne songeons nullement approuver les anthroposophes, les apôtres des temps nouveaux, la science chrétienne, les adventistes, les mormons, le gnosticisme ou les étudiants de la Bible ; en aucun cas ! Pourtant, nous estimons que le nombre de gens séduits et égarés par eux sera toujours inférieur à celui séduit par les premiers !

Toute personne qui fréquente nos assemblées se rend compte que nous ne prêchons pas le « perfectionnisme ». Ce que Christ a fait des siens est parfait. Mais dans aucune de nos assemblées on ne dit que nous sommes des gens parvenus à la perfection. Ceci ressort aussi clairement de notre périodique « Friedensbotschaft », que nous publions depuis une vingtaine d'années.

Que pourront bien objecter, aux passages suivants de l'Écriture sainte, les personnes qui, par leurs paroles et leurs écrits, s'opposent à la doctrine selon laquelle Jésus rend parfait et crée en nous un coeur pur ?

« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, et propre à toute bonne oeuvre. » (II Tim. 3:16-17.)

« C'est lui, savoir Jésus-Christ, que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme, en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Jésus-Christ. C'est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi. » (Col. 1 : 28-29.)

« Car en lui - Christ - habite corporellement toute la plénitude de la divinité, et vous avez tout pleinement en lui » (c'est-à-dire : vous êtes parfaits en lui) (Col. 2:9-10). L'apôtre écrit cela après avoir donné ce sérieux avertissement : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie, par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ ».

« Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée. » (Phil. 3:15.)

« Car, par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » (Héb. 10 : 14.)

« Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » (Matth. 5:48.) En ce qui concerne la pureté du coeur, Jésus dit de même dans Matthieu 5: 8: « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu » ; et dans les Actes des apôtres 15: 9, il est confirmé que Dieu a purifié le coeur des païens par la foi. Dans la deuxième épître à Timothée, chapitre 2:22, l'apôtre exhorte en disant : « Fuis les désirs de la jeunesse et recherche la justice, la foi, la charité, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur ».

De même Pierre dit aux fidèles : « Ayant donc purifié vos âmes, en obéissant à la vérité par l'Esprit, pour avoir un amour fraternel et sans hypocrisie, aimez-vous les uns les autres d'un coeur pur, avec une grande affection ». (I Pierre 1 : 22.)

Nous sommes rendus parfaits par l'oeuvre de Christ, ainsi qu'il est écrit quand il est parlé des enfants de Dieu : « Nous sommes son oeuvre » (Eph. 2 : 10), ce qui ne signifie nullement que nous soyons parvenus à la perfection.

Le lecteur attentif de la Bible s'aperçoit que lorsqu'elle fait mention de sobriété, Dieu entend désigner par là que nous sommes sobres lorsque la Parole de Dieu peut demeurer en nous ; alors, nous amenons toutes nos pensées captives en les soumettant à l'obéissance de Christ. (II Cor. 10: 5.) Nous lisons dans I Corinthiens 15:34: « Réveillez-vous pour vivre justement et ne péchez point ! » (La version synodale dit : Revenez à la raison comme il convient et ne péchez point !) Dans ce passage, nous discernons clairement ce que Dieu désire par véritable sobriété.

Que celui qui, peut-être, a été mis dans le doute par les arguments de ce pamphlet, veuille bien considérer où se trouve la plus grande majorité des gens qui servent le péché et non Dieu ; si c'est parmi ceux qui sont membres de l'Eglise ou ceux qui fréquentent les assemblées ? Tout en admettant que dans ces assemblées il y a encore bien des choses qui laissent à désirer, la différence saute aux yeux, malgré tout. Nous n'avons pas été surpris d'apprendre qu'un bon nombre de personnes ayant pris connaissance de ce pamphlet, se sont rendues à l'évidence des faits, ce qui les a déterminées à donner leur démission de l'Eglise nationale. Personne ne conteste que des égarements puissent se produire, même parmi les membres des assemblées ! Ceux qui refusent de s'humilier sous la puissante main de Dieu et qui préfèrent suivre leur propre voie, peuvent tomber dans de dangereux égarements. Dans les adieux que Paul adresse à l'Eglise d'Éphèse, il prévient les anciens que du sein même de la communauté surgiront des gens qui essayeront, par des hérésies, de se faire des adeptes parmi les disciples. Et le Sauveur n'avait-il pas un voleur et un traître parmi ses disciples ? Malgré cela, aucun homme de bon sens n'oserait incriminer son enseignement !

Combien la phrase suivante du fascicule est-elle vraie : « L'Eglise (Réd. : c'est-à-dire le corps de Christ, la communauté de Dieu) vit uniquement chaque jour et tout à nouveau de savoir qu'elle est élue, soutenue, consolée et guidée par son Seigneur ». Nous sommes absolument d'accord avec ces paroles, de même qu'avec celles-ci : « La sainte Église chrétienne, dont l'unique chef est Jésus-Christ, est née de la Parole de Dieu ; elle demeure en lui et ne prête pas l'oreille à la voix d'un étranger ».

Par conséquent, le corps de Christ n'est composé que de personnes nées de nouveau, qui ont cherché leur refuge en Christ, par la repentance et la conversion et qui, par une foi sincère en son sacrifice et sa résurrection, ont fait l'expérience personnelle de leur délivrance et de leur rédemption. Elles ont obtenu le témoignage du Saint-Esprit d'être enfants de Dieu, comme il est écrit dans l'épître aux Romains, chapitre 8 : 16. Elles se savent mortes au péché, conformément au témoignage de l'apôtre Pierre : « Lequel - Christ - a lui-même porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à Dieu dans la justice, et par les meurtrissures de qui vous avez été guéris ». C'est la force et la lumière de la résurrection de Christ qui nous révèlent cela, car il est écrit : « Si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est donc vaine, et vous êtes encore dans vos péchés... » Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts... » (1 Cor. 15 : 17-20.) C'est pourquoi, selon l'Écriture sainte, tous ceux qui ont reçu l'Esprit du Christ sont déclarés justes et saints, conformément aussi à ce que l'apôtre Paul écrit au chapitre 6 de la première épître aux Corinthiens, versets 9-11. Il attire premièrement leur attention sur ces paroles : « Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront pas le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume des cieux ». Ensuite l'apôtre peut affirmer : « Et c'est là ce que vous étiez quelques-uns de vous, mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu ».

Quand nous permettons à Dieu de régner sur nous, nous ne vivons plus dans le péché. L'insouciance et la somnolence sont vaincues et s'il survient des tentations, elles nous apprennent à nous instruire par la Parole, comme le dit le prophète Esaïe, chapitre 28 : 26. Ces gens-là se tiennent dans l'armure de Dieu ; les tentations leur ont appris à sonder les Écritures : « Les reins ceints de vérité, revêtus de la cuirasse de la justice, les pieds chaussés, et prêts à porter l'Évangile de paix ». Ils sont armés du bouclier de la foi et de l'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu, ainsi que du casque du salut, pour combattre le bon combat. À côté de la joie que leur procure la méditation des épîtres des apôtres, ils éprouvent une joie toute spéciale en lisant la première épître de Jean ; non seulement au premier chapitre, mais également au deuxième et au troisième ! Ils ne souhaitent pas que ces paroles soient retranchées de la Bible.

Veillons donc à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain, et prenons à coeur ce que l'apôtre Paul nous écrit dans Il Corinthiens 6: « Nous nous rendons recommandables en toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande patience, dans les afflictions, dans les douleurs, dans les maux extrêmes, dans les blessures, etc. » et dans I Corinthiens 4 : 12: « On dit du mal de nous, et nous bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons ; on nous dit des injures, et nous prions ! »

Le meilleur remède contre l'hérésie consiste à vivre pour Dieu en toute vérité, à faire de Dieu ses délices, et à ne pas s'affectionner aux choses terrestres. Car il est dit : « Ils sont du monde, c'est pourquoi ils parlent du monde, et le monde les écoute. - Là où est ton trésor, là aussi est ton coeur. - La bouche parle de l'abondance du coeur. » - Par ces paroles, nous pouvons nous juger et déterminer notre position spirituelle.

Dans Philippiens 3, les personnes qui s'affectionnent aux choses terrestres sont désignées comme ennemies de la croix de Christ, dont la fin est la perdition, et pourtant on dit à leur ensevelissement : « ... bienheureux, parti pour la demeure céleste ».

La Parole de Dieu est l'autorité ; la sévérité et la bonté de Dieu convient les hommes à la repentance. C'est pourquoi nous voulons nous humilier où c'est nécessaire et nous exhorter les uns les autres, intercéder les uns pour les autres et nous réjouir dans tous les chemins. « Car ceux qui habitent dans ta maison te louent incessamment. » L'Éternel ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l'intégrité, et tout cela par grâce.

C'est également une grâce inestimable de pouvoir prouver tout ce que nous avançons par les Écritures saintes ; de n'avoir qu'une pensée et de ne vouloir autre chose que : « Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ! » Car c'est par lui que le fardeau de nos péchés est tombé, c'est lui qui nous donne désormais de vivre sans soucis et de jouir d'un bonheur inexprimable. C'est ce bonheur que nous voudrions souhaiter à tous ceux qui parlent de « sobriété » dans leurs écrits et alors, par leur moyen, beaucoup d'âmes se convertiraient et passeraient des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu. Ils seraient délivrés de leur mauvaise conscience et lavés de leurs péchés (Apoc. 1 - 15), se réjouissant en vue du grand jour du Jugement. Oh ! quel bonheur ! Tout ceci, nous le devons à Dieu notre Père, et à notre Sauveur. À lui soient la louange, la gloire, et nos actions de grâces pour tous ses bienfaits !

Ici s'arrête notre réponse au pamphlet précité.
Qu'est-ce qu'une secte selon les saintes Écritures ? Ce sont des groupements religieux qui ne laissent pas subsister la Parole de Dieu, qui n'en acceptent que ce qui leur plaît, ceux qui rejettent comme insensée la vérité de la rédemption accomplie par notre Seigneur et Sauveur ; ceux qui proclament que l'enfant de Dieu reste un « pauvre pécheur » et refusent de reconnaître la qualité de Fils de Dieu et Sauveur à Jésus-Christ. Les hommes agissant ainsi refusent de croire que le Seigneur Jésus a porté nos péchés sur la croix, qu'il a supporté le châtiment pour nous et qu'il a effacé notre dette de péché devant Dieu. Ils refusent de croire que par ce moyen, nous sommes sauvés et présentés irrépréhensibles devant Dieu ! Parmi tous ceux qui ont cette attitude, l'Église nationale ne tient-elle pas une place prépondérante ?

Lors des délibérations au sujet de l'adhésion au Conseil oecuménique des Églises, un grand nombre de pasteurs n'ont-ils pas fait opposition à l'article premier des statuts de cette organisation, qui dit « que le Conseil oecuménique des Églises représente l'ensemble des Églises qui reconnaissent notre Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur » ? On déclarait précisément qu'une adhésion à ce Conseil oecuménique n'était possible qu'à la condition que les Églises suisses ne soient pas liées à cette déclaration de foi ! Que dit l'Écriture de cela ? « Tout esprit qui ne confesse pas que Jésus-Christ est venu en chair, n'est point de Dieu, c'est celui de l'Antéchrist ! »
Ceci a du reste été confirmé par un pasteur, qui publia l'article suivant dans le « Berner Tagblatt » du 16 janvier 1940 :

Actuellement, une alliance mondiale de toutes les Églises est en formation, sous le nom de « Conseil oecuménique de toutes les Églises libérées de Rome ». Les Églises suisses ont également été invitées à y adhérer ; à l'heure actuelle, on se concerte entre tous les synodes suisses pour savoir quel parti prendre. En principe, toutes les Églises voudraient naturellement y adhérer, personne ne désirerait s'en désintéresser ; mais il y a un obstacle : l'adhésion est liée à une confession de foi. Le Conseil oecuménique veut être une union des Églises qui reconnaissent notre Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur. Tous sont d'accord quant au mot « Seigneur » et peut-être aussi avec le mot « Sauveur », mais non pas avec la divinité de Christ. Là, les théologiens protestent, déclarant que c'est inacceptable pour eux. Le porte-parole du Conseil synodal a déclaré, lors de la dernière séance du synode des Églises bernoises, en décembre 1939, que « le Bernois » - c'est-à-dire chrétien libéral - veut naturellement participer aussi s'il s'agit de s'unir, mais qu'il ne se laissera rien dicter, ni par Londres, ni par Constantinople, en ce qui concerne les questions de conscience ! On finit alors par se mettre d'accord au sujet d'une formule commode, par laquelle on reconnaissait Jésus-Christ comme Seigneur de l'Église bernoise, mais rien de plus !

Seulement, ceci soulève la question suivante : À quel titre Jésus-Christ est-il généralement chef de l'Eglise ? Pour le seul motif qu'il est Fils de Dieu ; s'il ne l'est pas, sa domination n'est qu'éphémère, elle ne subsiste que par sa divinité ; la Bible l'atteste dans d'innombrables passages. Une Église qui commence à discuter si elle veut ou non admettre cette double confession de foi : « Seigneur et Dieu » cesse, par là-même, d'être une Église chrétienne, et n'a plus le droit de porter ce nom. Les dirigeants ne refusent pas seulement l'immixtion de Londres ou de Constantinople, mais ils récusent le témoignage de la Bible et se placent en dehors du christianisme !

Si, du côté orthodoxe, on craint qu'une lutte pourrait surgir entre Églises en ne cédant pas (et ceci serait fatal dans les temps présents), il faut dire que de tout temps, rien n'a été plus fatal et plus dangereux qu'une paix boiteuse. Les oppositions ont été manifestées, et rien ne sert de les dissimuler ; cela ne ferait qu'affaiblir l'Église véritable et lui ravir toute sa force !

Rien n'est plus exact. On frémit à la pensée de tous ceux qui se laissent séduire par les conducteurs aveugles et qui, selon la parole de Jésus, tomberont ensemble dans la fosse, c'est-à-dire s'en vont à la perdition et à la damnation. Celui qui ne confesse pas que Jésus-Christ est le Fils béni de Dieu et qu'il est notre Dieu Sauveur, ne croit pas non plus que le salut est en son nom seul, ainsi que les apôtres l'ont annoncé. Ils rabaissent la dignité du Seigneur Jésus à celle d'un simple prédicateur de la morale, tout en prétendant le reconnaître comme Seigneur et Chef de l'Eglise. En déclarant inacceptable le témoignage qu'il a rendu de lui-même, qu'il est le Fils de Dieu et le Sauveur du monde, ils le font menteur !

Celui qui prend la Parole de Dieu et le salut de son âme au sérieux, peut-il, dans ces conditions, rester membre d'une Église qui rejette l'enseignement même du Sauveur ?

En son temps, on fit circuler, dans la vallée de Frutigen, un écrit dans lequel j'étais présenté comme séducteur. Cependant, on convenait que notre mouvement prenait une grande extension et qu'il était de Dieu ! Dieu est-il un séducteur ?
L'écrit en question fut ensuite la base d'un livre du doyen allemand Schuerlen, livre dans lequel il nous classe parmi les sectes pernicieuses. Un président de tribunal de première instance lut ce livre. Plus tard, il me demanda de lui envoyer notre périodique : « Friedensbotschaft ». Je le lui fis parvenir et, en lisant ses messages, il reçut la paix de Dieu dans son coeur !

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