Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le repos dans la grâce

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Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut, avec crainte et tremblement, non seulement en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent, car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et l'exécution, selon son bon plaisir.
(Phil. 2 :12-13.)


Au début, quand je lisais cette parole, je me demandais ce que je devais entreprendre, et je prenais toutes sortes de résolutions. Cela dura plusieurs années, mais, par la grâce de Dieu, je fus secouru. Pendant cette période de transition, où je me plongeais toujours plus profondément dans le fleuve de la grâce, je fus pénétré des versets ci-dessus. Ainsi, je fus amené à reconnaître que nos oeuvres propres sont des plantes que Dieu doit arracher. « Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée, sera déracinée. » (Mat. 15 : 13.) Je commençai alors à saisir le sens de cette parole : « Tu te fatigues par la longueur du chemin ; tu ne dis pas : c'est en vain ! Tu trouves encore en ta main de la vigueur ; c'est pourquoi tu ne t'abats point ». (Esaïe 57 : 10.) Aussi longtemps que l'on confond sa propre activité avec la vie divine, on ne l'abandonne pas. Mais quand un enfant de Dieu s'appauvrit intérieurement, il s'aperçoit qu'il ne sert à rien de prendre des résolutions, des élans, de se lancer dans de bonnes oeuvres. « C'est dans le calme et la confiance que sera votre force » ; « Efforcez-vous d'être en repos ! » S'efforcer ici consiste précisément à rester tranquille, à ne pas prendre de résolutions et à ne pas vouloir s'élancer en avant. Marthe se donnait beaucoup de peine pour servir le Sauveur. Marie s'était assise aux pieds de Jésus et écoutait ses paroles, elle avait choisi la bonne part et elle était certaine de son salut, jusqu'à la fin. La même promesse nous est donnée, si nous sommes dans l'attitude de Marie et non dans celle de Marthe : « Tu as choisi la bonne part, qui ne te sera pas enlevée ».

Au début d'une vie consacrée à Dieu, nos actions propres se mêlent à l'oeuvre de Dieu et on a le sentiment d'être arrivé et de pouvoir quelque chose. Cependant, « l'herbe sèche et la fleur tombe, mais la Parole, de Dieu demeure éternellement ». Cette belle fleur, ce sont nos oeuvres propres ; quand Dieu la détruit, il nous semble que nous tombons dans la mort spirituelle. Dieu veut que nous nous attachions à sa Parole et que nous la gardions. Il nous purifie des oeuvres mortes, nous apprenant à nous confier tranquillement en lui lorsque nous ne pouvons plus rien faire nous-mêmes, et que pourtant nous avons des tâches à remplir.
Quand on sait que toutes nos résolutions ne valent rien, et que l'on reste en attente devant la Parole de Dieu, se confiant en Dieu, on travailleainsi à son salut, avec crainte et tremblement. Lorsque j'étais à cette école, et qu'il me semblait que tout devrait être autrement, je me hasardai à compter avec cette parole : « Car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et l'exécution ». Mais encore ici, je pensai que ce « vouloir et ce faire » allaient se produire en moi comme je me l'étais représenté, et cependant ce ne fut nullement le cas. Il me semblait plutôt que le Père céleste m'abandonnait au bord du chemin. Cela me fit peur, et j'eus à lutter pour me tenir tranquille. Dans mes pensées, j'estimais que je devrais être un homme pouvant faire de grandes choses, guérissant des malades, chassant des démons ! Mais je vis qu'il est écrit : « Il produit en nous... selon son bon plaisir » et non selon mon bon plaisir.
Pour un peu de temps, je fus tranquillisé ; j'avais l'impression que Dieu agissait, et qu'il voulait apparemment me libérer de ma propre activité. Cependant, l'inquiétude me reprit ; les progrès étaient trop lents, et je m'efforçais de faire ceci, et encore cela, bien que persuadé que je ne pouvais absolument plus rien faire de bon. Ma détresse étant revenue, je me consolai avec ce verset : « Je ne te délaisserai point, je ne t'abandonnerai point » et « Il ne brisera point le roseau froissé et n'éteindra pas le lumignon qui fume encore ».

« Il annoncera la justice selon la vérité. » (Esaïe 42 : 3.) Je me croyais être comme le lumignon qui fume encore. Combien cette parole me réjouit : « Il fera... » C'est Dieu qui parle ainsi et je crois sa Parole, il produit le vouloir et le faire. Il mesemblait parfois que je ne pouvais plus « vouloir », mais c'est Dieu qui produit ! Je crus aussi ceci : « Il m'annoncera la justice selon la vérité », ce qui m'apaisa de nouveau passablement. Enfin, la lumière se fit en moi lors d'une étude biblique, en lisant ce verset : « Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom ». Je vis clairement : « Dieu m'a conduit, j'ai combattu le bon combat, j'ai gardé la foi ! » Qu'elle fut grande ma félicité ! J'étais véritablement entré dans le repos, et je réalisais que Dieu avait créé quelque chose de merveilleux en moi, mais non pas selon mes conceptions. Je n'ai jamais songé à une telle félicité, quel repos ! Repos signifie : quiétude parfaite se reposer, c'est être à l'abri de toute inquiétude le repos, c'est ne plus douter ; le repos c'est l'absence de tout découragement ; le repos c'est la fin de tout murmure.

Autrefois, on me faisait le reproche d'être trop zélé ; que seules les eaux paisibles étaient profondes. Je me défendais en rétorquant qu'il n'existerait pas d'eaux paisibles s'il n'y avait pas de torrents impétueux. Au fond, c'est bien exact. Au début, quand un homme se convertit, il entreprend toutes sortes de choses. Qui aurait la prétention de lui dire : ce n'est pas bien ! Qui dira : ce n'est pas bien que l'eau se précipite ainsi dans la plaine ? Peu à peu elle coulera plus doucement ; par-ci par-là il y aura encore une cascade, puis elle redeviendra calme. C'est bien ainsi que les choses se passent au spirituel. On voit ce qu'il faut faire, on rend témoignage de Jésus, et on veut convertirtout le monde. On agit avec ardeur, on a du feu et c'est pourtant encore du feu étranger, pour se rendre finalement à l'évidence que malgré nos efforts nous n'arrivons pas au but désiré. Mais Dieu perfectionne cette bonne oeuvre commencée. Il la poursuit toujours plus profondément et l'on constate que Dieu produit le vouloir et l'exécution, et l'on demeure dans une quiétude parfaite.

Un jour, un frère de Guggisberg - le père Ulrich - eut un songe. Il avait pris l'auto allant de Guggisberg à Schwarzenburg. Il vit tout à coup deux hommes vêtus de noir qui avaient tendu un fil de fer au travers de la route. Il était assis sur le siège arrière, tandis qu'un chauffeur conduisait la voiture. Il se pencha instinctivement pour actionner le frein, mais il ne le trouva point, et l'auto franchit l'obstacle. Il se retourna alors et entendit ces deux hommes sinistres dire : « Ces gens-là font tous ainsi ! » Oui, ceux qui se confient en Dieu restent tranquillement assis sur les promesses de Dieu, même quand il leur semble que les obstacles sont infranchissables et que jamais ils n'en viendront à bout. Le Père céleste leur fait franchir l'obstacle ; le Seigneur Jésus, le Bon Berger, auquel toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre, les conduit au but. Que notre sort est enviable !

Aucun autre apôtre que l'apôtre Paul n'enseigne aussi clairement comment nous pouvons être libérés de nos propres oeuvres. Beaucoup de personnes qui ont été sauvées par grâce n'apprennent pas à vivre « de la grâce » et travaillent pour la mériter, s'appuyant ainsi sur ce qu'elles font.
L'apôtre Paul rejette ses mérites comme de la boue, car ils engendrent la mort spirituelle. On pourrait rétorquer qu'il faut pourtant travailler ! Paul a travaillé plus que tous les apôtres, et cependant il dit : « Non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi ».

Dans la deuxième moitié de la période durant laquelle Dieu me dépouilla de ma vie propre, j'eus trois fois le même songe, à divers intervalles. Je voulais faire l'ascension d'une haute montagne. Arrivé à la limite boisée, au lieu de pouvoir continuer mon ascension, je glissais toujours plus bas, jusqu'à un chemin abandonné. Plus bas, je voyais une belle rivière miroiter au soleil ; je craignais de glisser encore et de tomber dans cette rivière où je risquais fort de me noyer. Usant des pieds et des mains, je me cramponnais, essayant de ramper le long de cet ancien chemin ; tout à coup, ne pouvant plus continuer, je m'éveillais plein d'angoisse ! Quand j'eus ce songe pour la troisième fois, je glissai jusqu'au fond de l'abîme où je crus trouver la mort. Mais là, le soleil resplendissait, et les canons de la victoire étaient prêts à tirer ; je n'avais qu'à saisir le cordeau de la détente. Ils étaient chargés avec des paroles de la Bible, par exemple Esaïe 54 : 9. Je savais que ce songe était de Dieu qui, par là, voulait me montrer quelque chose, mais je ne savais pas quoi ; plus tard, je le compris. Je voulais « grimper » toujours plus haut par mes propres oeuvres et Dieu entendait « descendre » avec moi. Il me dépouilla de tout et je perdis mes propres forces. Je nesavais plus que faire, et m'imaginais aller à la mort ; au contraire, c'est ainsi que je tombai dans la grâce.

Dans ces temps de détresse, j'ai souvent songé à quelques propos du frère Grünig qui disait : « Quand un homme vient de réaliser la nouvelle naissance, il ressemble à quelqu'un qui est perché sur le faîte d'un toit, désirant monter plus haut encore. Au lieu de s'élever, il commence à glisser, jusqu'à la gouttière où il reste suspendu dans le vide. Anxieux de se laisser choir, il ne lâcherait pas prise, si on ne lui tapait pas sur les doigts. Cette comparaison me réjouit, mais je n'en compris le sens que plus tard ; alors cette comparaison me fut profitable.

Je ne me permettrais pas de dire à quelqu'un d'abandonner la lutte, au contraire, qu'il fasse tout ce qu'il peut ! Il faut premièrement avoir produit un « brave Ismaël » pour pouvoir le perdre, il faut avoir « une fleur » si celle-ci doit tomber. Quand l'herbe a séché et qu'il n'y a plus à attendre l'épanouissement d'une fleur, ce passage a toute sa valeur : « Mais la Parole de l'Éternel demeure ». Celui qui ne s'éloigne pas des promesses dans de tels temps d'épreuves et qui se glorifie de Jésus-Christ malgré tout, progresse ; il va de lumière en lumière, de clarté en clarté. Cet homme a de l'huile dans sa lampe, car « on donnera à celui qui a, pour qu'il ait en abondance ». (Marc 13 : 12.)


Des visions

Je ne fais pas grand cas des visions quand celles-ci ne concordent pas avec la Bible. J'ai eu maintes visions que je n'ai comprises qu'au moment où la Parole de Dieu m'en donna l'explication ; par ce moyen, je pus alors mieux saisir le sens de l'Écriture sainte. Dieu ne m'a rien fait voir qui n'ait été en parfaite concordance avec la Bible.

Lors d'une série de réunions d'évangélisation que je présidais dans l'Oberland bernois, je visitai deux personnes mélancoliques. Nous priâmes ensemble et, pendant que je priais, j'eus une vision. Je n'osais cesser de prier, pensant que ces deux personnes s'imagineraient être un obstacle à la prière, et je continuai d'intercéder. Je me voyais sur une arête rocheuse surplombant la mer, et je regardais l'eau, qui était trouble. Tout à coup, je fus transporté dans une prairie recouverte d'eau bouillante, d'une profondeur de trente centimètres environ, au-dessus de laquelle je me tenais. Dans l'eau se trouvait un tronc d'environ vingt centimètres de hauteur en forme de pain de sucre ; des gouttes noires s'en détachaient et fondaient dans le liquide. Ensuite, j'aperçus un amas d'araignées d'eau agglutinées en une masse grouillante, comme un essaim d'abeilles.

Subitement, il me fut donné de jeter un regard dans le règne de mille ans. À une certaine distance de moi s'élevait une montagne enveloppée de brouillard. Quand il se dissipa, je vis des routes, des arbres fruitiers, de beaux alpages où paissaient des vaches, etc. Jamais encore, je n'avais vu une fertilité pareille ! La vue s'étendait toujours plus haut dans la montagne dont une partie n'était qu'un roc nu. Il me semblait pouvoir compter exactement le temps qui s'écoulerait encore jusqu'au règne de mille ans.

Je vis clairement ce qui suit dans cette vision : La mer représentait l'Eglise de Dieu ; elle est troublée par les épreuves et chauffée jusqu'à ébullition. Nous sommes maintenant dans cette période ; l'épreuve s'intensifiera encore. À la fin des temps, les enfants de Dieu s'unissent comme un peuple dont on ne fait aucun cas. Ce qui n'est pas convenable dans l'Eglise de Dieu disparaît, comme les gouttes noires se dissolvent en fondant dans l'eau. Le règne de l'Antéchrist est érigé et les Juifs rentrent dans leur patrie ; alors commencera le règne de mille ans. Cela concorde avec les Écritures.




Une autre fois, j'eus une vision concernant la parabole du fils prodigue ; jamais je n'aurais pu imaginer une chose aussi merveilleuse ; il m'est difficile de l'exprimer en paroles. C'était à l'époque où je commençais à évangéliser. Un soir, dans une réunion, j'avais parlé du fils prodigue. M'étant couché, je ne pus dormir et je réfléchissais à cette parabole, à ce fils qui était revenu à la maison et qui, sur l'invitation du père, avait pris place à table pour manger... Était-il toujours resté à table ? Alors, en vision, je vis le père faire signe du doigt à son fils, l'invitant à le suivre. Ce dernier se leva promptement et le suivit dans une chambre attenante. Là se trouvait une commode ancienne, de forme incurvée, et le père tira un tiroir rempli « d'amour ». Ensuite, je vis des domaines et des champs, dont le fils revenu était le cultivateur. À son service se trouvaient des domestiques et des servantes de toutes qualités ; des indomptables, des paresseux, mais aussi des laborieux. Il se produisit toutes sortes de choses ; les domestiques n'obéissaient pas toujours ; une chose était cassée, une autre abîmée ; par méchanceté, on renversait un chargement de foin ; les déboires ne manquaient pas à l'écurie.

L'agriculteur, plein d'amour, sérieux, était dans un repos parfait, sans nervosité, et conservait son autorité ; dans toutes ces choses, il vivait sans souci. Son attitude imposa le respect, et les malveillances cessèrent. Puis je vis le fils comme charron, comme artisan, comme négociant ; tout défilait devant moi comme un panorama. Partout il rencontrait de nombreuses difficultés, mais il restait dans la quiétude, dominant toutes les situations. Jamais je n'aurais imaginé chose pareille ! Tout à coup, le tiroir fut refermé et le père tira un second tiroir rempli de « patience », puis un troisième rempli de « miséricorde ». De nouveau, il arriva diverses épreuves : des difficultés, des angoisses, de la pauvreté ; mais le fils était un homme débordant de repos et de paix, revêtu de force. Je regardais tout cela, me retournant toujours comme si j'étais dans un panorama et je me rendais compte combien jusqu'à présent, j'avais peu goûté aux richesses de l'Évangile. Mais voici le miracle : Il était près de dix heures du soir quand je me couchai et, au moment où la vision prit fin, je pensai que quelques minutes seulement s'étaient écoulées ; mais le soleil s'était levé, c'était le matin ! Et moi, j'étais dans mon lit... agenouillé !

Je compris qu'il y a une rédemption telle qu'elle est décrite dans la Bible ; il existe encore une autre victoire que celle que je m'imaginais ; il y a une vie par la foi, d'une profondeur insoupçonnée ! Je n'avais pas encore plongé mes regards dans la loi parfaite de la liberté. J'avais, il est vrai, assez de connaissance pour amener les gens jusqu'à la nouvelle naissance, mais non pas pour les conduire plus loin. Bien souvent, en leur annonçant la Parole, je les avais harnachés d'un « collier de cheval », leur disant qu'à l'avenir ils devaient prouver qu'ils étaient des chrétiens. Cette vision me fit voir quelque chose d'autre, et ce ne fut pas en vain. Par elle, Dieu m'encouragea et me donna plus de hardiesse pour saisir ses promesses. En ce temps-là je passai par bien des luttes et des combats ; c'était une période agitée dans le canton de Berne.

Cette vision fortifia ma persévérance, elle me montra que l'on peut posséder le repos parfait par l'Évangile. Dans cette vision, le sérieux du fils, sa douceur, sa miséricorde et son amour ontvaincu ; l'amour est plus fort que la mort. Ce songe m'a encore encouragé à me confier en la grâce ; il m'a plongé plus profondément dans la rédemption. Au cours d'un voyage, nous regardions des gens qui se baignaient et qui, du haut d'un échafaudage, faisaient le plongeon dans le lac, disparaissant sous l'eau. C'est ainsi qu'il nous est permis de nous laisser choir dans la grâce. J'ai souvent entendu dire « qu'il faut risquer le saut », alors, je risquais ce saut... et cela se résumait par cette résolution : « Je veux vivre pour Dieu quoi qu'il advienne » et, ainsi, je me jetais « dans les bras de Moïse ». Aujourd'hui, je comprends la chose autrement : se confier dans la grâce, c'est s'y plonger hardiment, tout entier ; tout notre être doit disparaître. Si nous nous plongeons ainsi dans le fleuve de la grâce, nous acceptons la rédemption dans sa plénitude, la délivrance complète, et nous concluons : il en est ainsi.

Alors que j'étais en séjour à La Punt, une chanson de pâtre me revenait sans cesse à la pensée, celle du vacher et de ses vaches : « Chleb et Blösch et Spiess et Stärn, venez près de moi, j'aime bien vous voir ; venez donc, je n'ai point de bâton, j'ai la léchée dans ma giberne ; venez toutes, approchez-vous, j'ai de bonnes choses tant et plus ». Je ne voulais rien savoir de cette chanson, mais elle me poursuivait ; j'essayais vainement de m'en débarrasser. Je me mis alors à réfléchir et je compris que c'est bien ainsi que Dieu nous appelle : « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, venez ; achetez du vin et du lait, sans argent et sans payer ! Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie point ? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets succulents ». (Esaïe 55 : 1-2.) - « J'aime bien vous voir - je n'ai point de bâton ! - le bâton de l'oppresseur est brisé ! J'ai de bonnes choses pour vous en abondance. » Cela peut parfois manquer au vacher, mais à Dieu, jamais ! Tout ceci concorde avec la promesse : « Il nous a rendus agréables dans le bien-aimé ».

Comment fait-on prospérer une vache laitière ? Est-ce par des coups de bâton, ou par la nourriture, ou les deux à la fois ? Il est vrai que les bêtes doivent être chassées parfois ; cependant, elles prospèrent grâce aux soins et à la nourriture qu'on leur donne. Il en est de même pour nous au spirituel ; c'est uniquement en mangeant que nous prospérons. Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle ». (Jean 6 : 54.) Quand mes yeux furent ouverts sur cette parole, la chanson du pâtre me devint précieuse. Le couplet cité traduit dans le langage biblique est très réconfortant ; il nous montre la grâce nous invitant à nous y confier. La grâce n'est pas une contrainte, mais quelque chose qui rend parfaitement heureux ; elle n'exige pas comme la loi, mais elle donne !

Il y a bien des années, je m'étais rendu à une conférence de Pentecôte à Mühlheim dans la Ruhr. J'ignorais tout de ce mouvement, mais j'avais lu comment des malades avaient été guéris et des démons chassés. En lisant le chapitre 16 de l'Évangile de Marc, j'avais pensé : « Voilà quelque chose qui nous fait défaut, car si nous croyions véritablement, de tels miracles s'opéreraient aussi parmi nous ! » Il est vrai que nous avions réalisé bien des choses ; beaucoup de malades avaient été guéris, mais un plus grand nombre ne l'étaient pas. La lecture de l'invitation à cette conférence fit naître en moi la pensée : « Voilà ce qu'il nous faudrait encore ». J'étais malade et, espérant obtenir la guérison à cette occasion, je partis. Là, je pus observer maintes choses et je fis des expériences.

Un des dirigeants demanda quelles étaient les personnes désirant réaliser le baptême de l'Esprit ; le possédant déjà, je ne levai pas la main, mais plusieurs prédicateurs firent ce geste. Cependant, je ressentais en moi le désir d'avoir plus de puissance pour pouvoir guérir les malades. L'assemblée se mit à genoux et je priai, non pour le baptême de l'Esprit, mais pour obtenir plus de puissance, plus de force. Le pasteur Stockmayer avait dit une fois que chaque bénédiction devait être précédée de repentance ; ces paroles me revenaient à l'esprit. Selon les lumières que j'avais à ce moment, je m'humiliai en disant que j'étais un être maudit ; j'étais pourtant un enfant de Dieu. Je déclarai être un pécheur, tout en sachant parfaitement que Dieu ne désigne plus ses enfants comme étant des pécheurs ! Je priai tout de même ainsi, restant bien tranquille, pensant que la bénédiction allait venir !

Désirant me repentir sincèrement, je terminai ma prière en disant que « j'étais péché ! » Je fus subitement rempli de haine envers tous les enfants de Dieu qui étaient heureux ; il me semblait que je voyais le diable en chacun d'eux. J'avais le sentiment de ne plus vouloir vivre pour Dieu et je ressentais l'envie de tout jeter par-dessus bord ; toutefois, je pensai qu'une issue pareille réjouirait les ennemis.

J'aurais voulu rester encore en Allemagne mais, étant malade et sans argent, je fus obligé de rentrer. Les ténèbres devinrent toujours plus épaisses et je fus assailli par des pensées de plus en plus terrifiantes ! Subitement je me posai cette question : « Mais que s'est-il donc passé ? Pourquoi suis-je dans un état pareil ? » Je vis alors clairement que j'avais déclaré être un pécheur, un maudit, disant même que « j'étais péché », tout en sachant parfaitement que Dieu ne me considérait plus ainsi. Ce reproche retentissait en moi : « Tu as renié Jésus ! » Alors, je m'humiliai et j'eus une vision : Je vis Jésus ressuscité d'entre les morts et nous avec lui. Un réseau de « nerfs de péché » pareils à des tendons, furent extirpés de nos membres. Cette parole me vint à l'esprit : « Si Christ n'est pas ressuscité, vous êtes encore dans vos péchés. Mais maintenant Christ est ressuscité ! » Ainsi nous ne sommes plus dans nos péchés ! Ici, les ténèbres se dissipèrent. Je crois que j'aurais été perdu si cette situation avait duré une minute de plus, et je me rendis compte que le diable avait déployé là une grande puissance. Le sacrifice de Jésus enlève les péchés et nous affranchit de la puissance du péché. Jésus a détruit la puissance de la mort ; tout ceci est conforme à l'Écriture.

Quand les nerfs d'une personne sont ruinés, son corps entier l'est également. Personne ne pourra s'excuser au dernier jour, car l'homme n'ira pas à la perdition à cause de ses péchés, mais parce qu'il n'aura pas cru au sacrifice de Christ qui dure éternellement. Dieu a mis tous nos péchés sur lui, je crois comme c'est écrit ! J'ai dit bien souvent à des personnes qui cherchaient le salut :
« Crois-le maintenant, comme s'il mettait maintenant tes péchés sur Jésus ! » Combien ont trouvé la paix de Dieu ainsi !




J'avais entendu dire que des personnes s'étaient trouvées entourées de lumière au moment de leur départ pour l'Éternité. En songeant à la mort, j'avais le sentiment que moi, je mourrais tel que j'étais, avec les sentiments que je ressentais ; et parce que je n'étais pas entouré de lumière, j'étais tenté de croire que ma position n'était pas bonne. Mais en m'examinant tout tranquillement, je constatai que je croyais à la Parole de Dieu et je ne voyais rien en moi qui dût être changé. Un jour, accablé par une grande faiblesse, je crus que j'allais effectivement mourir ; il me fut permis de voir dans l'au-delà, et j'aperçus le Sauveur qui se réjouissait ; tous mes doutes s'évanouirent à cette vision. Mon petit David et ma femme prièrent pour moi et mon état s'améliora.

Depuis que j'ai fait cette expérience, j'ose m'appuyer avec plus de confiance sur la Parole de Dieu ! Il n'est pas nécessaire d'avoir des sentiments d'exaltation. « Quand la fleur est tombée et que l'herbe est flétrie, la Parole de Dieu demeure éternellement. » S'il ne nous reste plus rien d'autre que la Parole de Dieu, nous ne serons pas confus! Quand j'étais assailli par cette grande tentation : « Finalement, tu n'arriveras pas au but ! » la parole suivante m'apportait la consolation et me fortifiait : « Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui croit en elle ne sera pas confus ». Donc, si je crois, je ne serai pas confus. Les enfants de Dieu, qui sont dans la vérité, sont souvent éprouvés, tandis que pour des indifférents, le diable n'a pas besoin de se donner tant de peine puisqu'il les tient déjà sous sa domination. Mais il met tout en oeuvre contre ceux qui craignent Dieu ; ses assauts ne se feront peut-être pas continuellement, mais du moins de façon intermittente.

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