Ainsi, mes
bien-aimés, comme vous avez toujours
obéi, travaillez à votre salut, avec
crainte et tremblement, non seulement en ma
présence, mais bien plus encore maintenant
que je suis absent, car c'est Dieu qui produit en
vous le vouloir et l'exécution, selon son
bon plaisir.
(Phil.
2 :12-13.)
Au début, quand je lisais cette parole,
je me demandais ce que je devais entreprendre, et
je prenais toutes sortes de résolutions.
Cela dura plusieurs années, mais, par la
grâce de Dieu, je fus secouru. Pendant cette
période de transition, où je me
plongeais toujours plus profondément dans le
fleuve de la grâce, je fus
pénétré des versets ci-dessus.
Ainsi, je fus amené à
reconnaître que nos oeuvres propres sont des
plantes que Dieu doit arracher. « Toute
plante que mon Père céleste n'a point
plantée, sera
déracinée. »
(Mat.
15 : 13.) Je
commençai alors à saisir le sens de
cette parole : « Tu te fatigues par
la longueur du chemin ; tu ne dis pas :
c'est en vain ! Tu trouves encore en ta main
de la vigueur ; c'est pourquoi tu ne t'abats
point ».
(Esaïe
57 : 10.) Aussi
longtemps que l'on confond sa propre
activité avec la vie divine, on ne l'abandonne
pas. Mais quand
un
enfant de Dieu s'appauvrit intérieurement,
il s'aperçoit qu'il ne sert à rien de
prendre des résolutions, des élans,
de se lancer dans de bonnes oeuvres.
« C'est dans le calme et la confiance que
sera votre force » ;
« Efforcez-vous d'être en
repos ! » S'efforcer ici consiste
précisément à rester
tranquille, à ne pas prendre de
résolutions et à ne pas vouloir
s'élancer en avant. Marthe se donnait
beaucoup de peine pour servir le Sauveur. Marie
s'était assise aux pieds de Jésus et
écoutait ses paroles, elle avait choisi la
bonne part et elle était certaine de son
salut, jusqu'à la fin. La même
promesse nous est donnée, si nous sommes
dans l'attitude de Marie et non dans celle de
Marthe : « Tu as choisi la bonne
part, qui ne te sera pas
enlevée ».
Au début d'une vie consacrée
à Dieu, nos actions propres se mêlent
à l'oeuvre de Dieu et on a le sentiment
d'être arrivé et de pouvoir quelque
chose. Cependant, « l'herbe sèche
et la fleur tombe, mais la Parole, de Dieu demeure
éternellement ». Cette belle
fleur, ce sont nos oeuvres propres ; quand
Dieu la détruit, il nous semble que nous
tombons dans la mort spirituelle. Dieu veut que
nous nous attachions à sa Parole et que nous
la gardions. Il nous purifie des oeuvres mortes,
nous apprenant à nous confier tranquillement
en lui lorsque nous ne pouvons plus rien faire
nous-mêmes, et que pourtant nous avons des
tâches à remplir.
Quand on sait que toutes nos
résolutions ne valent rien, et que l'on
reste en attente devant la Parole de Dieu, se
confiant en Dieu, on
travailleainsi à son
salut, avec crainte et tremblement. Lorsque
j'étais à cette école, et
qu'il me semblait que tout devrait être
autrement, je me hasardai à compter avec
cette parole : « Car c'est Dieu qui
produit en vous le vouloir et
l'exécution ». Mais encore ici, je
pensai que ce « vouloir et ce
faire » allaient se produire en moi comme
je me l'étais représenté, et
cependant ce ne fut nullement le cas. Il me
semblait plutôt que le Père
céleste m'abandonnait au bord du chemin.
Cela me fit peur, et j'eus à lutter pour me
tenir tranquille. Dans mes pensées,
j'estimais que je devrais être un homme
pouvant faire de grandes choses, guérissant
des malades, chassant des démons ! Mais
je vis qu'il est écrit : « Il
produit en nous... selon son bon
plaisir » et non selon mon bon
plaisir.
Pour un peu de temps, je fus
tranquillisé ; j'avais l'impression que
Dieu agissait, et qu'il voulait apparemment me
libérer de ma propre activité.
Cependant, l'inquiétude me reprit ; les
progrès étaient trop lents, et je
m'efforçais de faire ceci, et encore cela,
bien que persuadé que je ne pouvais
absolument plus rien faire de bon. Ma
détresse étant revenue, je me
consolai avec ce verset : « Je ne te
délaisserai point, je ne t'abandonnerai
point » et « Il ne brisera
point le roseau froissé et n'éteindra
pas le lumignon qui fume encore ».
« Il annoncera la justice selon la
vérité. »
(Esaïe
42 : 3.) Je me
croyais être comme le lumignon qui fume
encore. Combien cette parole me
réjouit : « Il
fera... » C'est Dieu qui parle ainsi et
je crois sa Parole, il produit le vouloir et le
faire. Il mesemblait parfois que
je ne pouvais plus « vouloir »,
mais c'est Dieu qui produit !
Je
crus aussi ceci : « Il m'annoncera
la justice selon la
vérité », ce qui m'apaisa
de nouveau passablement. Enfin, la lumière
se fit en moi lors d'une étude biblique, en
lisant ce verset : « Il me conduit
dans les sentiers de la justice, à cause de
son nom ». Je vis clairement :
« Dieu m'a conduit, j'ai combattu le bon
combat, j'ai gardé la foi ! »
Qu'elle fut grande ma félicité !
J'étais véritablement entré
dans le repos, et je réalisais que Dieu
avait créé quelque chose de
merveilleux en moi, mais non pas selon mes
conceptions. Je n'ai jamais songé à
une telle félicité, quel repos !
Repos signifie : quiétude parfaite se
reposer, c'est être à l'abri de toute
inquiétude le repos, c'est ne plus
douter ; le repos c'est l'absence de tout
découragement ; le repos c'est la fin
de tout murmure.
Autrefois, on me faisait le reproche
d'être trop zélé ; que
seules les eaux paisibles étaient profondes.
Je me défendais en rétorquant qu'il
n'existerait pas d'eaux paisibles s'il n'y avait
pas de torrents impétueux. Au fond, c'est
bien exact. Au début, quand un homme se
convertit, il entreprend toutes sortes de choses.
Qui aurait la prétention de lui dire :
ce n'est pas bien ! Qui dira : ce n'est
pas bien que l'eau se précipite ainsi dans
la plaine ? Peu à peu elle coulera plus
doucement ; par-ci par-là il y aura
encore une cascade, puis elle redeviendra calme.
C'est bien ainsi que les choses se passent au
spirituel. On voit ce qu'il faut faire, on rend
témoignage de Jésus, et on veut
convertirtout le monde. On agit
avec ardeur, on a du feu et c'est pourtant encore
du feu étranger, pour se rendre finalement
à l'évidence que malgré nos
efforts nous n'arrivons pas au but
désiré. Mais Dieu perfectionne cette
bonne oeuvre commencée. Il la poursuit
toujours plus profondément et l'on constate
que Dieu produit le vouloir et l'exécution,
et l'on demeure dans une quiétude
parfaite.
Un jour, un frère de Guggisberg - le
père Ulrich - eut un songe. Il avait pris
l'auto allant de Guggisberg à Schwarzenburg.
Il vit tout à coup deux hommes vêtus
de noir qui avaient tendu un fil de fer au travers
de la route. Il était assis sur le
siège arrière, tandis qu'un chauffeur
conduisait la voiture. Il se pencha instinctivement
pour actionner le frein, mais il ne le trouva
point, et l'auto franchit l'obstacle. Il se
retourna alors et entendit ces deux hommes
sinistres dire : « Ces
gens-là font tous ainsi ! »
Oui, ceux qui se confient en Dieu restent
tranquillement assis sur les promesses de Dieu,
même quand il leur semble que les obstacles
sont infranchissables et que jamais ils n'en
viendront à bout. Le Père
céleste leur fait franchir l'obstacle ;
le Seigneur Jésus, le Bon Berger, auquel
toute puissance a été donnée
au ciel et sur la terre, les conduit au but. Que
notre sort est enviable !
Aucun autre apôtre que l'apôtre
Paul n'enseigne aussi clairement comment nous
pouvons être libérés de nos
propres oeuvres. Beaucoup de personnes qui ont
été sauvées par grâce
n'apprennent pas à vivre « de la
grâce » et travaillent pour la
mériter, s'appuyant ainsi sur ce qu'elles
font.
L'apôtre Paul rejette ses
mérites comme de la boue, car ils engendrent
la mort spirituelle. On pourrait rétorquer
qu'il faut pourtant travailler ! Paul a
travaillé plus que tous les apôtres,
et cependant il dit : « Non pas moi,
mais la grâce de Dieu qui est avec
moi ».
Dans la deuxième moitié de la
période durant laquelle Dieu me
dépouilla de ma vie propre, j'eus trois fois
le même songe, à divers intervalles.
Je voulais faire l'ascension d'une haute
montagne. Arrivé à la limite
boisée, au lieu de pouvoir continuer mon
ascension, je glissais toujours plus bas,
jusqu'à un chemin abandonné. Plus
bas, je voyais une belle rivière miroiter au
soleil ; je craignais de glisser encore et de
tomber dans cette rivière où je
risquais fort de me noyer. Usant des pieds et des
mains, je me cramponnais, essayant de ramper le
long de cet ancien chemin ; tout à
coup, ne pouvant plus continuer, je
m'éveillais plein d'angoisse ! Quand
j'eus ce songe pour la troisième fois, je
glissai jusqu'au fond de l'abîme où je
crus trouver la mort. Mais là, le soleil
resplendissait, et les canons de la victoire
étaient prêts à tirer ; je
n'avais qu'à saisir le cordeau de la
détente. Ils étaient chargés
avec des paroles de la Bible, par exemple Esaïe
54 : 9. Je savais
que ce songe était de Dieu qui, par
là, voulait me montrer quelque chose, mais
je ne savais pas quoi ; plus tard, je le
compris. Je voulais « grimper »
toujours plus haut par mes propres oeuvres et Dieu
entendait « descendre » avec
moi. Il me dépouilla de tout et je perdis
mes propres forces. Je nesavais
plus que faire, et m'imaginais aller à la
mort ; au contraire, c'est ainsi que je tombai
dans la grâce.
Dans ces temps de détresse, j'ai
souvent songé à quelques propos du
frère Grünig qui disait :
« Quand un homme vient de réaliser
la nouvelle naissance, il ressemble à
quelqu'un qui est perché sur le faîte
d'un toit, désirant monter plus haut encore.
Au lieu de s'élever, il commence à
glisser, jusqu'à la gouttière
où il reste suspendu dans le vide. Anxieux
de se laisser choir, il ne lâcherait pas
prise, si on ne lui tapait pas sur les doigts.
Cette comparaison me réjouit, mais je n'en
compris le sens que plus tard ; alors cette
comparaison me fut profitable.
Je ne me permettrais pas de dire à
quelqu'un d'abandonner la lutte, au contraire,
qu'il fasse tout ce qu'il peut ! Il faut
premièrement avoir produit un
« brave Ismaël » pour
pouvoir le perdre, il faut avoir « une
fleur » si celle-ci doit tomber. Quand
l'herbe a séché et qu'il n'y a plus
à attendre l'épanouissement d'une
fleur, ce passage a toute sa valeur :
« Mais la Parole de l'Éternel
demeure ». Celui qui ne s'éloigne
pas des promesses dans de tels temps
d'épreuves et qui se glorifie de
Jésus-Christ malgré tout,
progresse ; il va de lumière en
lumière, de clarté en clarté.
Cet homme a de l'huile dans sa lampe, car
« on donnera à celui qui a,
pour qu'il ait en abondance ».
(Marc
13 : 12.)
Je ne fais pas grand cas des visions quand
celles-ci ne concordent pas avec la Bible. J'ai eu
maintes visions que je n'ai comprises qu'au moment
où la Parole de Dieu m'en donna
l'explication ; par ce moyen, je pus alors
mieux saisir le sens de l'Écriture sainte.
Dieu ne m'a rien fait voir qui n'ait
été en parfaite concordance avec la
Bible.
Lors d'une série de réunions
d'évangélisation que je
présidais dans l'Oberland bernois, je
visitai deux personnes mélancoliques. Nous
priâmes ensemble et, pendant que je priais,
j'eus une vision. Je n'osais cesser de prier,
pensant que ces deux personnes s'imagineraient
être un obstacle à la prière,
et je continuai d'intercéder. Je me voyais
sur une arête rocheuse surplombant la mer, et
je regardais l'eau, qui était trouble. Tout
à coup, je fus transporté dans une
prairie recouverte d'eau bouillante, d'une
profondeur de trente centimètres environ,
au-dessus de laquelle je me tenais. Dans l'eau se
trouvait un tronc d'environ vingt
centimètres de hauteur en forme de pain de
sucre ; des gouttes noires s'en
détachaient et fondaient dans le liquide.
Ensuite, j'aperçus un amas
d'araignées d'eau agglutinées en une
masse grouillante, comme un essaim d'abeilles.
Subitement, il me fut donné de jeter
un regard dans le règne de mille ans.
À une certaine distance de moi
s'élevait une montagne enveloppée de brouillard.
Quand il se
dissipa,
je vis des routes, des arbres fruitiers, de beaux
alpages où paissaient des vaches, etc.
Jamais encore, je n'avais vu une fertilité
pareille ! La vue s'étendait toujours
plus haut dans la montagne dont une partie
n'était qu'un roc nu. Il me semblait pouvoir
compter exactement le temps qui s'écoulerait
encore jusqu'au règne de mille ans.
Je vis clairement ce qui suit dans cette
vision : La mer représentait l'Eglise
de Dieu ; elle est troublée par les
épreuves et chauffée jusqu'à
ébullition. Nous sommes maintenant dans
cette période ; l'épreuve
s'intensifiera encore. À la fin des temps,
les enfants de Dieu s'unissent comme un peuple dont
on ne fait aucun cas. Ce qui n'est pas convenable
dans l'Eglise de Dieu disparaît, comme les
gouttes noires se dissolvent en fondant dans l'eau.
Le règne de l'Antéchrist est
érigé et les Juifs rentrent dans leur
patrie ; alors commencera le règne de
mille ans. Cela concorde avec les Écritures.
Une autre fois, j'eus une vision concernant la
parabole du fils prodigue ; jamais je n'aurais
pu imaginer une chose aussi merveilleuse ; il
m'est difficile de l'exprimer en paroles.
C'était à l'époque où
je commençais à
évangéliser. Un soir, dans une
réunion, j'avais parlé du fils
prodigue. M'étant couché, je ne pus
dormir et je réfléchissais à
cette parabole, à ce fils qui était
revenu à la maison et qui, sur l'invitation du
père, avait pris place à table pour
manger... Était-il toujours resté
à table ? Alors, en vision, je vis le
père faire signe du doigt à son fils,
l'invitant à le suivre. Ce dernier se leva
promptement et le suivit dans une chambre
attenante. Là se trouvait une commode
ancienne, de forme incurvée, et le
père tira un tiroir rempli
« d'amour ». Ensuite, je vis
des domaines et des champs, dont le fils revenu
était le cultivateur. À son service
se trouvaient des domestiques et des servantes de
toutes qualités ; des indomptables, des
paresseux, mais aussi des laborieux. Il se
produisit toutes sortes de choses ; les
domestiques n'obéissaient pas
toujours ; une chose était
cassée, une autre abîmée ;
par méchanceté, on renversait un
chargement de foin ; les déboires ne
manquaient pas à l'écurie.
L'agriculteur, plein d'amour,
sérieux, était dans un repos parfait,
sans nervosité, et conservait son
autorité ; dans toutes ces choses, il
vivait sans souci. Son attitude imposa le respect,
et les malveillances cessèrent. Puis je vis
le fils comme charron, comme artisan, comme
négociant ; tout défilait devant
moi comme un panorama. Partout il rencontrait de
nombreuses difficultés, mais il restait dans
la quiétude, dominant toutes les situations.
Jamais je n'aurais imaginé chose
pareille ! Tout à coup, le tiroir fut
refermé et le père tira un second
tiroir rempli de « patience »,
puis un troisième rempli de
« miséricorde ». De
nouveau, il arriva diverses épreuves :
des difficultés, des angoisses, de la
pauvreté ; mais le fils était
un homme débordant de
repos et de paix, revêtu de force. Je
regardais tout cela, me retournant toujours comme
si j'étais dans un panorama et je me rendais
compte combien jusqu'à présent,
j'avais peu goûté aux richesses de
l'Évangile. Mais voici le miracle : Il
était près de dix heures du soir
quand je me couchai et, au moment où la
vision prit fin, je pensai que quelques minutes
seulement s'étaient
écoulées ; mais le soleil
s'était levé, c'était le
matin ! Et moi, j'étais dans mon lit...
agenouillé !
Je compris qu'il y a une rédemption
telle qu'elle est décrite dans la
Bible ; il existe encore une autre victoire
que celle que je m'imaginais ; il y a une vie
par la foi, d'une profondeur
insoupçonnée ! Je n'avais pas
encore plongé mes regards dans la loi
parfaite de la liberté. J'avais, il est
vrai, assez de connaissance pour amener les gens
jusqu'à la nouvelle naissance, mais non pas
pour les conduire plus loin. Bien souvent, en leur
annonçant la Parole, je les avais
harnachés d'un « collier de
cheval », leur disant qu'à
l'avenir ils devaient prouver qu'ils étaient
des chrétiens. Cette vision me fit voir
quelque chose d'autre, et ce ne fut pas en vain.
Par elle, Dieu m'encouragea et me donna plus de
hardiesse pour saisir ses promesses. En ce
temps-là je passai par bien des luttes et
des combats ; c'était une
période agitée dans le canton de
Berne.
Cette vision fortifia ma
persévérance, elle me montra que l'on
peut posséder le repos parfait par
l'Évangile. Dans cette vision, le
sérieux du fils, sa douceur, sa
miséricorde et son amour
ontvaincu ; l'amour est
plus fort que la mort. Ce songe m'a encore
encouragé à me confier en la
grâce ; il m'a plongé plus
profondément dans la rédemption. Au
cours d'un voyage, nous regardions des gens qui se
baignaient et qui, du haut d'un échafaudage,
faisaient le plongeon dans le lac, disparaissant
sous l'eau. C'est ainsi qu'il nous est permis de
nous laisser choir dans la grâce. J'ai
souvent entendu dire « qu'il faut risquer
le saut », alors, je risquais ce saut...
et cela se résumait par cette
résolution : « Je veux vivre
pour Dieu quoi qu'il advienne » et,
ainsi, je me jetais « dans les bras de
Moïse ». Aujourd'hui, je comprends
la chose autrement : se confier dans la
grâce, c'est s'y plonger hardiment, tout
entier ; tout notre être doit
disparaître. Si nous nous plongeons ainsi
dans le fleuve de la grâce, nous acceptons la
rédemption dans sa plénitude, la
délivrance complète, et nous
concluons : il en est ainsi.
Alors que j'étais en séjour
à La Punt, une chanson de pâtre me
revenait sans cesse à la pensée,
celle du vacher et de ses vaches :
« Chleb et Blösch et Spiess et
Stärn, venez près de moi, j'aime bien
vous voir ; venez donc, je n'ai point de
bâton, j'ai la léchée dans ma
giberne ; venez toutes, approchez-vous, j'ai
de bonnes choses tant et plus ». Je ne
voulais rien savoir de cette chanson, mais elle me
poursuivait ; j'essayais vainement de m'en
débarrasser. Je me mis alors à
réfléchir et je compris que c'est
bien ainsi que Dieu nous appelle :
« Vous tous qui avez soif, venez aux
eaux, même celui qui n'a pas d'argent !
Venez, achetez et mangez, venez ; achetez du
vin et du lait,
sans
argent et sans payer ! Pourquoi pesez-vous de
l'argent pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi
travaillez-vous pour ce qui ne rassasie
point ? Écoutez-moi donc, et vous
mangerez ce qui est bon, et votre âme se
délectera de mets succulents ».
(Esaïe
55 : 1-2.) -
« J'aime bien vous voir - je n'ai point
de bâton ! - le bâton de
l'oppresseur est brisé ! J'ai de bonnes
choses pour vous en abondance. » Cela
peut parfois manquer au vacher, mais à Dieu,
jamais ! Tout ceci concorde avec la
promesse : « Il nous a rendus
agréables dans le
bien-aimé ».
Comment fait-on prospérer une vache
laitière ? Est-ce par des coups de
bâton, ou par la nourriture, ou les deux
à la fois ? Il est vrai que les
bêtes doivent être chassées
parfois ; cependant, elles prospèrent
grâce aux soins et à la nourriture
qu'on leur donne. Il en est de même pour nous
au spirituel ; c'est uniquement en mangeant
que nous prospérons. Jésus a
dit : « Celui qui mange ma chair et
qui boit mon sang a la vie
éternelle ».
(Jean
6 : 54.) Quand mes yeux
furent ouverts sur cette parole, la chanson du
pâtre me devint précieuse. Le couplet
cité traduit dans le langage biblique est
très réconfortant ; il nous
montre la grâce nous invitant à nous y
confier. La grâce n'est pas une contrainte,
mais quelque chose qui rend parfaitement
heureux ; elle n'exige pas comme la loi, mais
elle donne !
Il y a bien des années, je
m'étais rendu à une conférence
de Pentecôte à Mühlheim dans la
Ruhr. J'ignorais tout de ce mouvement, mais j'avais
lu comment des malades avaient été
guéris et des démons chassés. En
lisant le chapitre 16 de l'Évangile de Marc,
j'avais pensé :
« Voilà quelque chose qui nous
fait défaut, car si nous croyions
véritablement, de tels miracles
s'opéreraient aussi parmi
nous ! » Il est vrai que nous avions
réalisé bien des choses ;
beaucoup de malades avaient été
guéris, mais un plus grand nombre ne
l'étaient pas. La lecture de l'invitation
à cette conférence fit naître
en moi la pensée :
« Voilà ce qu'il nous faudrait
encore ». J'étais malade et,
espérant obtenir la guérison à
cette occasion, je partis. Là, je pus
observer maintes choses et je fis des
expériences.
Un des dirigeants demanda quelles
étaient les personnes désirant
réaliser le baptême de l'Esprit ;
le possédant déjà, je ne levai
pas la main, mais plusieurs prédicateurs
firent ce geste. Cependant, je ressentais en moi le
désir d'avoir plus de puissance pour pouvoir
guérir les malades. L'assemblée se
mit à genoux et je priai, non pour le
baptême de l'Esprit, mais pour obtenir plus
de puissance, plus de force. Le pasteur Stockmayer
avait dit une fois que chaque
bénédiction devait être
précédée de repentance ;
ces paroles me revenaient à l'esprit. Selon
les lumières que j'avais à ce moment,
je m'humiliai en disant que j'étais un
être maudit ; j'étais pourtant un
enfant de Dieu. Je déclarai être un
pécheur, tout en sachant parfaitement que
Dieu ne désigne plus ses enfants comme
étant des pécheurs ! Je priai
tout de même ainsi, restant bien tranquille,
pensant que la bénédiction allait
venir !
Désirant me repentir
sincèrement, je terminai ma prière en
disant que « j'étais
péché ! » Je
fus subitement rempli de haine
envers tous les enfants de Dieu qui étaient
heureux ; il me semblait que je voyais le
diable en chacun d'eux. J'avais le sentiment de ne
plus vouloir vivre pour Dieu et je ressentais
l'envie de tout jeter par-dessus bord ;
toutefois, je pensai qu'une issue pareille
réjouirait les ennemis.
J'aurais voulu rester encore en Allemagne
mais, étant malade et sans argent, je fus
obligé de rentrer. Les
ténèbres devinrent toujours plus
épaisses et je fus assailli par des
pensées de plus en plus terrifiantes !
Subitement je me posai cette question :
« Mais que s'est-il donc
passé ? Pourquoi suis-je dans un
état pareil ? » Je vis alors
clairement que j'avais déclaré
être un pécheur, un maudit, disant
même que « j'étais
péché », tout en sachant
parfaitement que Dieu ne me considérait plus
ainsi. Ce reproche retentissait en moi :
« Tu as renié
Jésus ! » Alors, je
m'humiliai et j'eus une vision : Je vis
Jésus ressuscité d'entre les morts et
nous avec lui. Un réseau de
« nerfs de
péché » pareils à
des tendons, furent extirpés de nos membres.
Cette parole me vint à l'esprit :
« Si Christ n'est pas ressuscité,
vous êtes encore dans vos
péchés. Mais maintenant Christ est
ressuscité ! » Ainsi nous ne
sommes plus dans nos péchés !
Ici, les ténèbres se
dissipèrent. Je crois que j'aurais
été perdu si cette situation avait
duré une minute de plus, et je me rendis
compte que le diable avait déployé
là une grande puissance. Le sacrifice de
Jésus enlève les péchés
et nous affranchit de la puissance du
péché. Jésus a détruit
la puissance de la
mort ;
tout ceci est conforme à
l'Écriture.
Quand les nerfs d'une personne sont
ruinés, son corps entier l'est
également. Personne ne pourra s'excuser au
dernier jour, car l'homme n'ira pas à la
perdition à cause de ses
péchés, mais parce qu'il n'aura pas
cru au sacrifice de Christ qui dure
éternellement. Dieu a mis tous nos
péchés sur lui, je crois comme c'est
écrit ! J'ai dit bien souvent à
des personnes qui cherchaient le salut :
« Crois-le maintenant, comme s'il
mettait maintenant tes péchés sur
Jésus ! » Combien ont
trouvé la paix de Dieu ainsi !
J'avais entendu dire que des personnes
s'étaient trouvées entourées
de lumière au moment de leur départ
pour l'Éternité. En songeant à
la mort, j'avais le sentiment que moi, je mourrais
tel que j'étais, avec les sentiments que je
ressentais ; et parce que je n'étais
pas entouré de lumière,
j'étais tenté de croire que ma
position n'était pas bonne. Mais en
m'examinant tout tranquillement, je constatai que
je croyais à la Parole de Dieu et je ne
voyais rien en moi qui dût être
changé. Un jour, accablé par une
grande faiblesse, je crus que j'allais
effectivement mourir ; il me fut permis de
voir dans l'au-delà, et j'aperçus le
Sauveur qui se réjouissait ; tous mes
doutes s'évanouirent à cette vision.
Mon petit David et ma femme prièrent pour
moi et mon état
s'améliora.
Depuis que j'ai fait cette
expérience, j'ose m'appuyer avec plus de
confiance sur la Parole de Dieu ! Il n'est pas
nécessaire d'avoir des sentiments
d'exaltation. « Quand la fleur est
tombée et que l'herbe est flétrie, la
Parole de Dieu demeure
éternellement. » S'il ne nous
reste plus rien d'autre que la Parole de Dieu, nous
ne serons pas confus! Quand j'étais assailli
par cette grande tentation :
« Finalement, tu n'arriveras pas au
but ! » la parole suivante
m'apportait la consolation et me fortifiait :
« Voici, je mets en Sion une pierre
angulaire, choisie, précieuse, et celui qui
croit en elle ne sera pas confus ». Donc,
si je crois, je ne serai pas confus. Les enfants de
Dieu, qui sont dans la vérité, sont
souvent éprouvés, tandis que pour des
indifférents, le diable n'a pas besoin de se
donner tant de peine puisqu'il les tient
déjà sous sa domination. Mais il met
tout en oeuvre contre ceux qui craignent
Dieu ; ses assauts ne se feront
peut-être pas continuellement, mais du moins
de façon intermittente.
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