Et nous
regardions comme certain notre arrêt de mort,
afin de ne pas placer notre confiance en
nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui
ressuscite les morts.
(II
Cor. 1 : 9.)
Souvent, j'eus à subir l'attaque de
personnes que j'engageais à se convertir. On
me déclarait que l'on ne devait pas agir
comme je le faisais pour ne pas provoquer la
colère des hommes, et qu'avant de s'occuper
des autres, il fallait
êtrequalifié
soi-même et ne plus avoir de manquements. Je
me sentais indigne de parler du salut, et les gens
ne manquaient pas d'affermir encore ce sentiment.
Cependant, le Dieu d'amour me secourut ; il
s'intéresse aux humbles et à ceux qui
veulent l'écouter. Il m'instruisit au moyen
d'un songe (quelquefois, les songes viennent de
Dieu ; on peut les réaliser) : je
me trouvais à la guerre en qualité de
chef de huit hommes ; nous possédions
chacun deux cartouches. L'ordre nous fut
donné d'avancer et je pensais, voyant que
l'on tirait en face de nous :
« Notre nombre est bien petit et nous ne
possédons que deux cartouches chacun ;
que pourrions-nous faire ? » Je
criai à mes compagnons :
« Sauvons-nous ! » et nous
prîmes la fuite du côté de notre
demeure. Je vis encore ma mère qui nous
regardait depuis la galerie et je lui criai
également :
« Sauve-toi ! Sauve-toi ! Ils
viennent ! Ils viennent ! »
Là je m'éveillai, sachant
parfaitement que Dieu m'avait parlé et je me
rendis compte que tout ceci était
étroitement lié à la
pensée que j'avais eue : « Si
j'avais plus de munitions... c'est-à-dire,
si j'étais plus instruit, si je savais
parler avec plus d'éloquence, si j'avais
davantage de dons, alors tout se passerait
bien ! » Je compris que je devais
utiliser premièrement mes deux cartouches,
sans prendre la fuite. Je puis dire aujourd'hui que
le Père céleste a toujours pourvu au
ravitaillement des
« cartouches » au moment
opportun !
Nous avons une tâche à
remplir dans ce monde. Bien souvent, les
difficultés nous paraissent être
insurmontables, sans issue possible. Le diable et ses
esprits qui règnent
dans les airs exercent leur influence sur nous, et
leurs efforts conjugués cherchent à
nous faire regarder aux difficultés. Si nous
nous laissons influencer, nous sommes
enveloppés par
l'incrédulité ; l'indolence et
l'indifférence nous paralysent ; alors
nous ne comptons plus qu'avec la puissance de Satan
et non avec celle de Dieu, et nous courons le
danger de renier son nom !
Dieu m'instruisit une fois d'une
manière toute spéciale ; je
présidais une série de
réunions d'évangélisation
à Kandergrund et l'on cherchait à me
décourager en me disant que là-bas le
terrain était aride et que tout effort
serait inutile. Je réagis cependant et
pensai qu'il y aurait tout de même un travail
à accomplir ; mais dans
l'assemblée se trouvaient des auditeurs qui
se moquaient de moi, me faisant même le
pied-de-nez. Tout cela me paraissait horrible.
J'avais beau représenter le ciel et l'enfer
à ces personnes, rien ne les touchait !
Le premier et le second soirs
s'écoulèrent dans cette
atmosphère et je pensai :
« Non, c'est une vraie moquerie
ici ! Il n'y a rien à faire dans ce
lieu ! Secoue la poussière de tes
pieds ! »
Effectivement, j'en étais
arrivé à ne voir que ce terrain dur
dont on m'avait averti, et je voulais prendre la
fuite. Mais poussé par l'Esprit de Dieu,
j'ouvris la Bible, le soir, et je lus dans une des
sept lettres aux Églises :
« Tu as gardé ma parole, et tu
n'as pas renié mon nom ! »
Ces paroles me reprirent et me relevèrent en
même temps de mon abattement, et je vis
clairement que je m'imaginais être un homme
qui confesse le nom du Sauveur, mais j'avais renié
le nom
de Jésus ces jours derniers en comptant avec
la puissance du diable, la considérant plus
forte que celle de Dieu ! Je m'humiliai devant
Dieu et me repentis ; je ne désirais
plus m'en aller. Le lendemain, je continuai mes
réunions d'évangélisation,
toutefois dans un autre esprit, car je mettais ma
confiance en celui qui est plus fort que le malin
et sa puissance. Il est vrai que cette
pensée m'assaillit encore souvent :
« Ici, il n'y a rien à
faire ! » Mais combien de fois me
suis-je exhorté en me disant :
« Jésus est plus grand.
Jésus est plus fort ! »
Là-dessus, je remportai la victoire ;
les mêmes personnes étaient
présentes, mais se tenaient tranquilles.
Finalement, le silence se fit
complètement, les moqueries
cessèrent, et je pus annoncer
l'Évangile sans être interrompu.
J'avais expérimenté que nous avons
à faire face aux esprits méchants qui
règnent dans les lieux célestes. Et
il se produisit même ce qui est écrit
dans la lettre à l'Eglise de
Philadelphie : « Voici, je les ferai
venir se prosterner à tes pieds, et
connaître que je t'ai
aimé ! » Des gens se
convertirent et quelques-uns - en petit nombre -
vinrent se prosterner, ce qui me fit de la
peine ; je leur fis remarquer que
j'étais semblable à eux et qu'ils
devaient se relever. Nulle part ailleurs une chose
semblable n'arriva. Parmi ces personnes se trouvait
une jeune fille qui trouva la paix de Dieu et
devint une chrétienne fidèle. C'est
devant Jésus seul que nous pouvons nous
prosterner ; il nous est permis et même
ordonné de l'adorer. Lors de cette
série de réunions, je compris ce que signifie
la
parole : « ne pas renier son
nom ! » Jésus est vainqueur
et reste vainqueur ! Il nous fraye un chemin
à travers la tempête, l'ouragan, le
feu et l'eau, et nous devons toujours compter avec
lui.
Qu'il est important de ne pas faiblir dans
la foi et de ne pas s'appuyer sur les choses
humaines, sur son raisonnement, mais de compter sur
Dieu seul. Les fardeaux qu'il permet que nous
portions ne sont pas trop lourds et ne
dépassent jamais la mesure de nos forces. On
peut donner une petite charge à un enfant de
trois ans, une charge un peu plus grande à
un enfant de six ans ; Dieu n'a pas
l'intention de nous terrasser, mais il veut nous
rendre heureux : C'est là le but des
épreuves. Elles nous apprennent à
être attentifs à sa Parole. C'est
ainsi que nous sommes exercés à la
foi, et que nous entrons dans le repos et un
bonheur plus grand. Et nous croissons en nous
confiant dans la grâce de Dieu, avec des
chants de louanges. Dieu sait fort bien ce qu'il
doit entreprendre lorsqu'un de ses enfants se
glorifie ; il le secourt de la bonne
manière. Un frère me disait à
une certaine occasion que l'orgueil lui faisait
peur et je lui répondis :
« N'aie aucune crainte ; Dieu a bien
des moyens à disposition pour te maintenir
dans l'humilité. Il sait parfaitement bien
venir en aide ! » Oh ! comme
Dieu prend soin des siens !
Jésus, notre Sauveur, est
près du trône de Dieu. Ce n'est pas
pour le monde qu'il intercède, mais pour
nous, pour ceux qui sont nés de nouveau,
sauvés, afin
qu'ils demeurent dans le salut ! Cela me
réjouit !
Un certain moniteur d'école du
dimanche ne m'aimait pas et prenait souvent parti
contre moi. Une fois, il demanda aux enfants de lui
nommer des héros de la foi dont il est
parlé dans la Bible, ce qu'ils firent.
« N'en connaissez-vous plus aucun
autre ? » Un petit enfant
éleva la voix et dit : « Moi,
j'en connais un... Berger ! » Je fus
encouragé par ce fait lorsqu'on le porta
à ma connaissance, car je n'avais jamais
pensé être un héros de la foi.
Mais je savais que cela ne devient effectif qu'en
croyant la Parole de Dieu. Nous devons avoir une
opinion modeste de nous-mêmes, selon le don
de foi que Dieu a départi à
chacun.
Mais on peut aussi se sous-estimer en disant
par exemple : « Ce que je
possède dans mon coeur n'a pas de
valeur ! » Tu n'as pas le droit de
dire que ce que tu as ne vaut rien si le Seigneur
t'a lavé de tes péchés, t'a
justifié et sanctifié, tout en te
donnant sa vie car, en agissant ainsi, tu renies
tout. Plus d'une fois j'ai dit que j'étais
le plus ignorant de tous. Ou lorsque j'entendais
quelqu'un témoigner joyeusement, ou un
propre juste se vanter de ses exploits, je
déclarais : « Ce que je
possède n'est encore rien du
tout ! » Finalement, j'ai compris
que c'est un péché d'adopter de
telles pensées. Depuis lors, de telles
expressions ne sont plus sorties de ma bouche. Je
pense au contraire ceci :
« Même si je n'arrive pas à
manifester une joie pareille à celle de tel
ou tel, je suis justifié comme lui.
Jésus est mort pour moi, aussi bien que pour
un autre ». Si nous disions que
« ce n'est
encorerien » si
quelqu'un payait nos dettes tout en y ajoutant des
cadeaux, nous serions des ingrats. Bien des
personnes pensent ainsi envers Dieu, c'est pourquoi
leur vie est faite de plaintes et de misère. Tout dépend de la
façon dont nous
apprécions ce que Dieu nous a donné,
si nous sommes reconnaissants, ou si nous envions
telle personne pour ses dons, ne faisant ainsi plus
aucun cas de l'oeuvre de Dieu en nous. Ce n'est
pas en vain qu'il est écrit de n'oublier
aucun de ses bienfaits. Dieu nous donne volontiers
davantage si nous sommes reconnaissants.
J'aime beaucoup mieux les enfants joyeux que
ceux qui sont mécontents ; bien des
chrétiens sont mécontents de Dieu,
mais nous ne voulons pas agir ainsi, car nous avons
beaucoup de motifs d'être joyeux. Nous osons
croire que Dieu fait ses délices à
combler les siens de ses bienfaits, et lorsque nous
nous sentons mal disposés, il faut lutter
contre cet état. C'est si glorieux
d'expérimenter comment Dieu nous
débarrasse des choses
désagréables qui nous poursuivent et
nous tourmentent. Parfois, il me semblait
être dans la position des espions
envoyés par Moïse dans le pays de
Canaan ; la peur les avait saisis et ils
disaient : « Nous ne pourrons
vaincre ces géants, à nos yeux et aux
leurs, nous sommes comme des sauterelles ;
nous ne pouvons conquérir ces hautes et
épaisses murailles qui vont jusqu'aux
nues ! » Tandis que les autres
espions comptaient avec ces difficultés,
Josué et Caleb s'appuyaient
entièrement sur Dieu et sur ses promesses.
Quelle grâce d'avoir de tels exemples qui
sont des avertissements
pournous.
(Hébr.
4.)
« Craignons donc, tandis que la promesse
d'entrer dans son repos subsiste encore, qu'aucun
de vous ne paraisse être venu trop tard. Car
cette bonne nouvelle nous a été
annoncée aussi bien qu'à eux ;
mais la parole qui leur fut annoncée ne leur
servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de la
foi chez ceux qui l'entendirent ! »
Les Israélites ont été
témoins de nombreux miracles, et pourtant
Dieu ne prit aucun plaisir à la plupart
d'entre eux. Heureux celui qui expérimente
que la bienveillance de Dieu repose sur lui, pour
l'amour de Jésus, ainsi que sur toutes ses
actions. Dieu se réjouit de tout ce que font
ceux qui le craignent dans ce monde, comme un
père se réjouit lorsque ses fils
l'aident dans son travail. Notre bien-aimé
Père céleste a également de la
joie lorsque ses enfants se demandent :
« De quelle façon puis-je le mieux
progresser spirituellement, et comment puis-je
aider les autres et les faire
progresser ? » Le Père
céleste regarde ce que nous faisons ;
sa bienveillance ne saurait reposer sur nous
lorsque nous sommes paresseux ou si nous nous
mettons à nouveau au service du diable. J'ai
été assailli souvent par cette
crainte : « Qu'adviendra-t-il de
moi ? Arriverai-je au but ? »
Dieu m'a aidé deux fois de façon si
particulière que j'ai perçu nettement
sa voix. La première fois, j'entendis cette
parole : « J'ai prié pour toi
afin que ta foi ne défaille
point ! » La seconde fois, il me
donna le texte suivant : « Celui qui
croit en moi a la vie éternelle ».
Seigneur, enseigne-nous à prier.
(Luc Il : 1.)
Ils sont nombreux les enfants de Dieu qui,
après avoir réalisé la
nouvelle naissance, étant jeunes dans la
foi, sont zélés pour la prière
et fervents d'esprit pendant un certain temps. Ils
ont de la joie et de l'anxiété, tout
en même temps. Quelques-uns manquent de
sujets de prière ; mais celui qui voit
que son devoir est d'exhorter, d'aider ses
semblables à sortir du péché
et de les amener au Sauveur pour qu'ils se
convertissent, cette tâche lui donnera de
l'angoisse et le poussera à la
prière.
Mais l'esprit de prière diminue bien
vite chez beaucoup d'enfants de Dieu. Ils pensent
encore à leur santé, à une
nourriture suffisante et à la
bénédiction de leurs affaires ;
mais ils ne prient plus pour l'avancement du
règne de Dieu, ni pour le salut des
âmes. Ils finissent même par
penser : « À quoi bon, cela
ne sert quand même à rien ».
Oui, si l'on pouvait convaincre les hommes sans
avoir recours à l'aide de Dieu, il y en
aurait peut-être beaucoup qui seraient
disposés à entreprendre ce travail,
mais lorsque personne ne se convertit, on dit
simplement : « Il n'en veut
pas ! » Nous n'avons pas le droit
d'abandonner quelqu'un à son sort aussi
vite, et d'une manière aussi
légère. Il m'est aussi venu à
l'esprit : « Dans notre
contrée, les hommes ne veulent pas
venir », mais grâce
àDieu, j'ai toujours
espéré. Pour cela il faut la foi.
Lorsqu'il y a une grande bataille à livrer
contre les puissances des ténèbres,
une grande lassitude s'abat souvent sur les enfants
de Dieu. C'est ce qui s'est passé au jardin
de Gethsémané. Pendant que
Jésus combattait, les disciples
dormaient ! Ils étaient las. Mais
après la Pentecôte, nous remarquons un
état tout à fait différent
chez les apôtres ! « Ils
s'assemblaient journellement pour la
prière. » J'ai bien souvent eu le
sentiment que je n'étais pas du tout un
homme de prière, et pourtant je faisais
l'expérience que le Dieu d'amour
m'exauçait souvent. Il est dit dans la
parole : « Nous ne savons pas ce
qu'il nous convient de demander dans nos
prières ; mais l'Esprit lui-même
intercède par des soupirs
inexprimables ».
(Rom.
8 : 26.)
Autrefois, je ne comprenais pas cette
parole : « Priez sans
cesse », et je pensais ne jamais pouvoir
la pratiquer, mais finalement je remarquai que
chaque homme priait sans cesse, les inconvertis
comme les convertis. Tant qu'il est sur la terre,
l'homme émet désir sur désir.
Cependant, tout dépend de ce qu'il
désire. Ceux qui s'affectionnent aux choses
terrestres en désirent et en
souhaitent ; ceux qui vivent dans les
convoitises s'affectionnent aux choses
passagères, inutiles et entachées de
péché. Mais celui qui recherche les
choses d'en-haut a l'amour des âmes et
souhaite qu'un tel se convertisse pour qu'il
devienne un ouvrier utile au règne de
Dieu ! De tels voeux sont exaucés.
Il est aussi écrit que nous devons
prier pour les autorités et pour tous les
hommes.
Quelques-uns choisissent une certaine
personne et se mettent à prier pour elle, en
vue de la faire sortir de son état ;
c'est ainsi que l'on m'avait enseigné. On
racontait qu'un homme de Dieu avait noté sur
une feuille les noms de tous ceux pour lesquels il
voulait prier. Lorsqu'il priait, il mettait cette
liste devant ses yeux. Je fis de même et
bientôt j'eus une longue liste de noms. Je
m'agenouillais, la liste devant moi, et je
commençais par le premier, puis le
deuxième nom, ainsi de suite, jusqu'à
ce que je m'aperçus que je demandais la
même chose pour chacun. Je priai ainsi
longtemps mais finalement j'en fus fatigué.
Je cessai, me disant que je pouvais fort bien prier
pour tous ensemble. Enfin je compris que
l'essentiel est que Dieu nous mette quelqu'un
sur le coeur ; et si nous prions avec foi,
nous réalisons des choses
merveilleuses.
Une jeune fille juive me fut un jour mise
sur le coeur d'une façon toute
spéciale. Elle était fiancée,
et la première fois que je la vis, il
s'éleva instantanément en moi le
cri : « À l'aide, à
l'aide ! » Il me sembla que la
lumière commençait à luire en
elle mais, subitement, le besoin de prière
que j'avais ressenti disparut. Je n'arrivais plus
à intercéder pour elle, malgré
tous les efforts que je faisais pour prier. C'est
plus tard seulement que je compris que son
fiancé l'avait détournée de la
conversion, alors elle jeta tout par-dessus
bord.
C'est bien comme il est écrit :
« Nous ne savons pas ce qu'il convient de
demander dans nos prières ». Nous
ne pouvons pas toujours faire
lechoix de nos sujets de
prière, sans quoi le Seigneur aurait
certainement prié pour tous les hommes, et
tous seraient sauvés. Si nous voulons
être exaucés, nous devons prier selon
les ordres de Dieu, et non pas établir
nous-mêmes nos plans.
Au lieu de prier, beaucoup de personnes
ordonnent à Dieu, comme le fit le malfaiteur
sur la croix, qui commanda à
Jésus : « Si tu es le Fils de
Dieu, sauve-toi toi-même et nous avec
toi » ; c'était un ordre. Il
en est autrement si nous nous sommes
abandonnés à Dieu, en exposant nos
détresses à Jésus. Nous nous
confions en lui, sachant qu'il peut et qu'il veut
nous secourir, et nous n'attendons jamais trop de
lui. La prière doit être
accompagnée de foi et de
persévérance. Nous devons
être des hommes qui comptent sur Dieu pour
toutes choses, qui attendent tout de lui, mais qui,
dégagés de toute volonté
propre, disent : « Comme il agira,
ce sera pour moi glorieux et salutaire ».
Beaucoup n'attendent pas d'exaucement, pourvu
qu'ils aient prié ! C'est la raison
pour laquelle il y a si peu d'exaucements de
prières dans beaucoup d'endroits. Il arrive
aussi souvent que les frères qui
président des réunions de
prière prêchent longuement, ou alors
prient si longtemps que l'on souhaite qu'ils
finissent. Je ne fais pas grand cas des longues
prières.
Certaines personnes participent aux
réunions de prière en se
demandant : « Que dois-je
prier ? Voilà justement que quelqu'un
vient de prier pour le sujet pour lequel je
comptais prier moi-même ! » Le
mieux est donc de prier tout de suite.
D'autresrépètent
des demandes pour lesquelles on a
déjà prié dans la
réunion. Dans les réunions de
prière, chacun doit prendre part à
l'intercession avec des soupirs et des
supplications. Nous devons dire
« Amen » à toute
prière conforme à la Bible, mais non
après celles qui s'en écartent.
À ce sujet, j'ai une fois suscité la
colère de toute une assemblée. Une
personne avait prié d'une façon tout
à fait contraire aux prescriptions
bibliques, et tout le monde avait dit
« Amen ! » Reprenant
l'assemblée, je dis alors :
« Comment écoutez-vous, pour dire
« Amen » à des choses
aussi peu conformes aux Écritures ? Ce
mot signifie pourtant : Ceci est
véritable et certain ».
Un chrétien qui ne sait pas attendre
patiemment ne donne pas beaucoup d'espoir. Les
hommes de Dieu mentionnés dans les saintes
Écritures ont dû souvent attendre fort
longtemps l'exaucement de leurs prières.
Beaucoup de gens pieux s'appuient sur les
nombreuses prières qu'ils ont dites, et
s'imaginent qu'ils obtiendront par elles la
félicité éternelle ; ils
en ont fait une oeuvre. Si nous prions pour obtenir
la vie, le salut, la justice, la rédemption,
et que cela nous est donné, nous sommes
sauvés par le don qui nous est fait
et non par nos prières. Je ne puis me
confier en mes prières, mais en celui
qui exauce les prières.
J'ai bien souvent fait l'expérience
que de courtes prières sont plus vite
exaucées. Point n'est besoin d'user de
longues et vaines redites dans nos
requêtes.
Comme nous ne pouvions acheter nos
victuaillesque livre par livre,
ma femme venait m'annoncer de temps à
autre : « Il n'y a plus de graisse,
ou il n'y a plus de café, ou encore il n'y a
plus de pain », et moi, je disais
à mon Père céleste :
« Tu as entendu ce que ma femme vient de
me dire ! » Et il entendait cette
courte prière. L'incrédulité
est souvent cachée dans de longues
prières. Nous devons veiller à prier
avec des actions de grâces ; car en
priant ainsi, une promesse ou l'autre nous vient
à l'esprit et nous pouvons en remercier
Dieu. Quand j'ai obtenu la certitude de
l'exaucement, je ne continue pas de prier ; ce
serait de l'incrédulité.
Une fois on m'avait fait appeler dans une
famille où régnait une maladie
contagieuse, et je priai pour ces malades. Une
jeune fille de cette famille était venue
à la réunion à l'issue de
laquelle elle me serra la main et je lui dis -
« Que Jésus te
guérisse ! » Elle recouvra la
santé instantanément, tandis que les
autres membres de la famille avec lesquels j'avais
prié longuement ne guérirent
pas.
Dieu soigne l'éducation des siens et
châtie celui qu'il aime, c'est pourquoi il
est écrit : « Aie donc du
zèle et te repens ! » Quand
Dieu nous corrige, il est bon et salutaire de
s'humilier, car il ne nous perd pas de vue. Un
jour, ayant dormi trop longtemps je pensai ne plus
avoir le temps de lire et de prier. À la
hâte, je lus trois versets et me dis :
« En chemin j'aurai le temps de
prier ». Pendant la journée, un de
mes apprentis tomba d'une échelle et j'eus
alors le temps de prier. L'apprenti me dit d'abord
qu'il prenait son refuge auprès de
Jésus mais, quand les douleurs devinrent
trop vives, il appela le
médecin qui déclara, après
trois semaines de soins, que le jeune homme
resterait infirme sa vie durant. Il perdit toute
confiance en ce médecin. Nous priâmes
de nouveau et il fut guéri ! Parce que
je n'avais pas pris le temps d'intercéder,
j'avais été la cause de cet
accident.
J'avais un ouvrier qui s'était
converti et avec lequel j'appris bien des choses.
Un matin, il se leva à sept heures ;
à l'ordinaire, il était plus matinal.
Je lui dis de déjeuner puis de se
hâter de se rendre au travail. Il me
répondit : « Non, je ne ferai
pas cela ! » Il se mit calmement en
chemin ; à sa place, je serais parti en
courant. Il me déclara que le soir avant de
se coucher, il avait demandé au Père
céleste de bien vouloir le réveiller
au bon moment ; comme il s'était
réveillé à sept heures, il
avait pensé que c'était là le
bon moment et qu'il pouvait tranquillement se
mettre en route pour le travail. De ce cher
frère émanaient des effluves
célestes, qu'on ressentait dès qu'on
s'approchait de lui.
Avant de commencer une réunion, on
peut par exemple prier ainsi :
« Père, donne-moi ce dont j'ai
besoin afin de ne rien dire d'autre que ce que tu
veux ! » Et la réunion
terminée, il arrive qu'on se permette de
dire : « Je n'ai pas bien
parlé ! » C'est ainsi que je
faisais, et j'avais pourtant annoncé la
Parole de Dieu. Mais pourquoi cela ? Parce
qu'on voudrait être honoré et
admiré. Il vaut mieux ne rien dire de pareil
et méditer ce qu'il nous a été
donné de dire.
Il y eut un temps où, lorsque je
priais, j'avaispeur de ne pas
prendre la chose assez au sérieux. Je
voulais prier d'une manière fervente, et
pourtant je n'y arrivais pas. Une fois, un
frère et moi nous priâmes ensemble, et
celui-ci dit : « Cher Sauveur, tu
sais comme la chose me tient à
coeur ! » Il disait cela d'une
manière si sèche, que je
pensai : « Prétendrais-tu
être exaucé, alors que je ne ressens
aucun zèle dans ta
demande ? » Puis je me posai la
question suivante : « Si j'ai
prié Dieu, ne l'ai-je pas fait de tout mon
coeur, en désirant être
exaucé ? » Je fus enfin
débarrassé du tourment de m'imaginer
sans cesse que je priais avec trop peu de ferveur.
Lorsqu'il se présentait des
difficultés, c'est un verset biblique qui me
venait à l'esprit :
« Voilà ce qui est
écrit ! ». Le verset :
« Tu connais chaque parole qui est sur ma
langue » me fut souvent d'un grand
secours ; donc Dieu entend quand je prie, et
s'il entend, il exauce aussi ; cela
suffit.
Il ne s'agit nullement de faire de belles
prières, je l'avais remarqué
après ma conversion, lorsque ma femme
était estropiée. Il y avait dans
l'assemblée deux hommes qui faisaient de
très belles prières, et je me
tourmentais souvent en pensant :
« J'aimerais tellement pouvoir prier
comme eux ! » Comme je l'ai
déjà raconté, ils
visitèrent ma femme et prièrent pour
elle ; malgré cela, elle ne fut pas
guérie de sa maladie. Mais plus tard, en
réponse à ma simple prière,
toute enfantine, le Père bien-aimé
lui rendit la santé. Cet exaucement
m'encouragea à intercéder aussi pour
d'autres personnes.
Frappé d'une façon toute
particulière par cette parole de
l'apôtre Paul
(Col.
1 : 3-4) :
« Nous ne cessons de
prier pour vous, ayant été
informés de votre foi », je me
posai la question : « Pries-tu aussi
pour ceux qui se sont convertis, même si tu
ne les as jamais vus ni connus ? »
Après ma conversion, je ne priais que pour
les personnes qui n'étaient pas converties,
pour les habitants de la maison, pour les parents,
etc., afin qu'ils se convertissent ; et je le
faisais encore longtemps après avoir
réalisé la nouvelle naissance. C'est
très bien et cela nous est commandé.
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés
et qu'ils parviennent à la connaissance de
la vérité. J'avais l'impression qu'il
n'était pas aussi nécessaire de prier
pour ceux qui sont nés de nouveau,
puisqu'ils sont sauvés. Mais aujourd'hui je
suis d'un autre avis. Le Sauveur dit dans sa
prière sacerdotale : « Je ne
prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as
donnés ».
Celui qui veut avoir part à la
puissance d'intercession de Jésus doit
être né de nouveau, sans quoi il n'est
pas au bénéfice de cette grâce.
Paul priait davantage pour les croyants que pour le
monde, car l'Esprit de Dieu était en lui et
le conduisait, il avait une lumière
particulière et voyait plus
profondément dans le mystère de la
grâce que les autres disciples. Il
intercédait constamment pour les enfants de
Dieu, afin qu'ils ne se laissent pas séduire
par des doctrines humaines, par des discours
qu'enseigne la raison, et par la philosophie. Et
quand nous lisons, dans l'Apocalypse, les lettres
adressées aux Églises, c'est bien
là que nous nous rendons compte de cette
nécessité. Les fautes
reprochées à la plupart de ces
Églises auraient
passé inaperçues
sans ces lettres. Le Seigneur Jésus a
quelque chose à reprocher à cinq de
ces Églises sur sept, et il les blâme.
La nécessité de prier pour les
enfants de Dieu ressort clairement de ces lettres,
et le Fils de Dieu, lui-même,
intercède sans cesse pour son Église.
C'est une force pour nous de savoir qu'il est
à la droite du Père et qu'il plaide
notre cause. Les enfants de Dieu sont
exposés à tant de dangers qu'ils ont
besoin de son intercession et de celle des
frères.
Quel exemple l'apôtre Paul ne nous
a-t-il pas laissé ! Il nous dit dans Col.
2 : 1 :
« Je veux que vous sachiez combien est
grand le combat que je soutiens pour vous et pour
ceux qui sont à Laodicée, et pour
ceux qui n'ont pas vu mon visage en la
chair ». Ne sommes-nous pas
touchés de voir quels étaient les
besoins et les angoisses de son coeur, à
l'égard de l'Eglise de Colosses ? J'ai
aussi des besoins pour les âmes, mais
premièrement pour les personnes qui se sont
converties par mon moyen, et qui font partie de
notre assemblée. Mais plus d'une fois, j'ai
été repris dans ma conscience parce
que je ressentais moins d'angoisse pour des
frères et des soeurs faisant partie d'autres
congrégations. Il est toutefois bien
compréhensible que nous nous souvenions tout
d'abord, dans nos prières, de ceux pour
lesquels nous portons une
responsabilité ; mais où
est-elle la ligne de démarcation ? Dans
le passage cité nous voyons les
inquiétudes de Paul pour ceux qu'il ne
connaissait pas, qu'il n'avait jamais vus, mais de
qui il avait seulement entendu parler.
Il y a des périodes dans la vie
où l'on prie pour une chose
déterminée ; un, deux, trois,
quatre jours, sans exaucement ; on
persévère dans la prière et
dans la foi, trois, quatre semaines et tout reste
au même point ! Alors la détresse
augmente, et j'ai souvent fait cette constatation
que la prière devenant plus ardente, Dieu se
plaît à y répondre. Une fois
nous étions réunis, quelques
frères et moi, pour prier pour un certain
cas, et les choses allaient en empirant ; je
me retirai dans ma chambre et je m'ouvris à
Dieu, lui disant tout ce que j'avais sur le coeur.
Je n'aurais pas osé le dire devant les
autres frères, car, en lui rappelant sa
Parole, j'avais peur de tenter Dieu, et pourtant il
est écrit qu'on doit la lui rappeler. On
peut le faire, il est vrai, de deux
manières : en donnant des ordres
à Dieu, ou en le suppliant. Je ne voulais
rien imposer à Dieu, ni le contraindre de me
secourir, mais je m'humiliai en lui disant :
« Père bien-aimé, tu le
sais, tu me comprends, je ne veux pas user de
contrainte envers toi, tu n'es pas une idole
muette. J'ai besoin que tu sois davantage pour moi
que ne le sont les idoles pour les
païens ; je crois à tes promesses
telles que tu les as
données ! » Dans sa grande
miséricorde, il répondit à ma
demande. À cette époque, j'avais
souvent l'impression que Dieu m'avait
abandonné, et qu'il ne m'entendait
plus ; mais alors je réalisai :
« Dieu s'occupe encore de
moi ».
Je me souviens d'un temps où je
constatais que mes prières étaient
entachées de péché. Je ne
pouvais dire l'oraison dominicale d'un bout
à l'autre sans qu'il me
vienne quelque autre chose à la
pensée. Je désirais prier avec
recueillement sans me laisser distraire, mais
j'étais obligé de recommencer deux ou
trois fois. Souvent il arrive qu'on adresse une
prière à Dieu, attendant quand
même le secours des hommes. Parfois je
priais Dieu tandis que mes yeux se tournaient vers
des frères qui auraient pu me porter
secours ; à ces occasions, Dieu ne me
répondait pas, jusqu'au moment où je
m'humiliais. Ce n'est pas en vain qu'il est
écrit : « Maudit soit l'homme
qui se confie dans l'homme, qui prend la chair pour
son appui, et qui détourne son coeur de
l'Éternel; il est comme un misérable
dans le désert, et il ne voit point arriver
le bonheur ».
(Jér.
17 : 5.) Celui qui
a une vie de prière, et qui recherche les
choses d'en-haut, réalise une grande
bénédiction ; l'affection des
choses terrestres et charnelles ne peut faire sa
demeure chez lui et il s'épargne ainsi bien
des épreuves qui sont la part de ceux qui
recherchent les choses de la
terre.
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