Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'école de la confiance en Dieu

Pour les biens spirituels

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Et nous regardions comme certain notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts.
(II Cor. 1 : 9.)


Souvent, j'eus à subir l'attaque de personnes que j'engageais à se convertir. On me déclarait que l'on ne devait pas agir comme je le faisais pour ne pas provoquer la colère des hommes, et qu'avant de s'occuper des autres, il fallait êtrequalifié soi-même et ne plus avoir de manquements. Je me sentais indigne de parler du salut, et les gens ne manquaient pas d'affermir encore ce sentiment. Cependant, le Dieu d'amour me secourut ; il s'intéresse aux humbles et à ceux qui veulent l'écouter. Il m'instruisit au moyen d'un songe (quelquefois, les songes viennent de Dieu ; on peut les réaliser) : je me trouvais à la guerre en qualité de chef de huit hommes ; nous possédions chacun deux cartouches. L'ordre nous fut donné d'avancer et je pensais, voyant que l'on tirait en face de nous : « Notre nombre est bien petit et nous ne possédons que deux cartouches chacun ; que pourrions-nous faire ? » Je criai à mes compagnons : « Sauvons-nous ! » et nous prîmes la fuite du côté de notre demeure. Je vis encore ma mère qui nous regardait depuis la galerie et je lui criai également : « Sauve-toi ! Sauve-toi ! Ils viennent ! Ils viennent ! » Là je m'éveillai, sachant parfaitement que Dieu m'avait parlé et je me rendis compte que tout ceci était étroitement lié à la pensée que j'avais eue : « Si j'avais plus de munitions... c'est-à-dire, si j'étais plus instruit, si je savais parler avec plus d'éloquence, si j'avais davantage de dons, alors tout se passerait bien ! » Je compris que je devais utiliser premièrement mes deux cartouches, sans prendre la fuite. Je puis dire aujourd'hui que le Père céleste a toujours pourvu au ravitaillement des « cartouches » au moment opportun !

Nous avons une tâche à remplir dans ce monde. Bien souvent, les difficultés nous paraissent être insurmontables, sans issue possible. Le diable et ses esprits qui règnent dans les airs exercent leur influence sur nous, et leurs efforts conjugués cherchent à nous faire regarder aux difficultés. Si nous nous laissons influencer, nous sommes enveloppés par l'incrédulité ; l'indolence et l'indifférence nous paralysent ; alors nous ne comptons plus qu'avec la puissance de Satan et non avec celle de Dieu, et nous courons le danger de renier son nom !

Dieu m'instruisit une fois d'une manière toute spéciale ; je présidais une série de réunions d'évangélisation à Kandergrund et l'on cherchait à me décourager en me disant que là-bas le terrain était aride et que tout effort serait inutile. Je réagis cependant et pensai qu'il y aurait tout de même un travail à accomplir ; mais dans l'assemblée se trouvaient des auditeurs qui se moquaient de moi, me faisant même le pied-de-nez. Tout cela me paraissait horrible. J'avais beau représenter le ciel et l'enfer à ces personnes, rien ne les touchait ! Le premier et le second soirs s'écoulèrent dans cette atmosphère et je pensai : « Non, c'est une vraie moquerie ici ! Il n'y a rien à faire dans ce lieu ! Secoue la poussière de tes pieds ! »

Effectivement, j'en étais arrivé à ne voir que ce terrain dur dont on m'avait averti, et je voulais prendre la fuite. Mais poussé par l'Esprit de Dieu, j'ouvris la Bible, le soir, et je lus dans une des sept lettres aux Églises : « Tu as gardé ma parole, et tu n'as pas renié mon nom ! » Ces paroles me reprirent et me relevèrent en même temps de mon abattement, et je vis clairement que je m'imaginais être un homme qui confesse le nom du Sauveur, mais j'avais renié le nom de Jésus ces jours derniers en comptant avec la puissance du diable, la considérant plus forte que celle de Dieu ! Je m'humiliai devant Dieu et me repentis ; je ne désirais plus m'en aller. Le lendemain, je continuai mes réunions d'évangélisation, toutefois dans un autre esprit, car je mettais ma confiance en celui qui est plus fort que le malin et sa puissance. Il est vrai que cette pensée m'assaillit encore souvent : « Ici, il n'y a rien à faire ! » Mais combien de fois me suis-je exhorté en me disant : « Jésus est plus grand. Jésus est plus fort ! » Là-dessus, je remportai la victoire ; les mêmes personnes étaient présentes, mais se tenaient tranquilles.
Finalement, le silence se fit complètement, les moqueries cessèrent, et je pus annoncer l'Évangile sans être interrompu. J'avais expérimenté que nous avons à faire face aux esprits méchants qui règnent dans les lieux célestes. Et il se produisit même ce qui est écrit dans la lettre à l'Eglise de Philadelphie : « Voici, je les ferai venir se prosterner à tes pieds, et connaître que je t'ai aimé ! » Des gens se convertirent et quelques-uns - en petit nombre - vinrent se prosterner, ce qui me fit de la peine ; je leur fis remarquer que j'étais semblable à eux et qu'ils devaient se relever. Nulle part ailleurs une chose semblable n'arriva. Parmi ces personnes se trouvait une jeune fille qui trouva la paix de Dieu et devint une chrétienne fidèle. C'est devant Jésus seul que nous pouvons nous prosterner ; il nous est permis et même ordonné de l'adorer. Lors de cette série de réunions, je compris ce que signifie la parole : « ne pas renier son nom ! » Jésus est vainqueur et reste vainqueur ! Il nous fraye un chemin à travers la tempête, l'ouragan, le feu et l'eau, et nous devons toujours compter avec lui.

Qu'il est important de ne pas faiblir dans la foi et de ne pas s'appuyer sur les choses humaines, sur son raisonnement, mais de compter sur Dieu seul. Les fardeaux qu'il permet que nous portions ne sont pas trop lourds et ne dépassent jamais la mesure de nos forces. On peut donner une petite charge à un enfant de trois ans, une charge un peu plus grande à un enfant de six ans ; Dieu n'a pas l'intention de nous terrasser, mais il veut nous rendre heureux : C'est là le but des épreuves. Elles nous apprennent à être attentifs à sa Parole. C'est ainsi que nous sommes exercés à la foi, et que nous entrons dans le repos et un bonheur plus grand. Et nous croissons en nous confiant dans la grâce de Dieu, avec des chants de louanges. Dieu sait fort bien ce qu'il doit entreprendre lorsqu'un de ses enfants se glorifie ; il le secourt de la bonne manière. Un frère me disait à une certaine occasion que l'orgueil lui faisait peur et je lui répondis : « N'aie aucune crainte ; Dieu a bien des moyens à disposition pour te maintenir dans l'humilité. Il sait parfaitement bien venir en aide ! » Oh ! comme Dieu prend soin des siens !

Jésus, notre Sauveur, est près du trône de Dieu. Ce n'est pas pour le monde qu'il intercède, mais pour nous, pour ceux qui sont nés de nouveau, sauvés, afin qu'ils demeurent dans le salut ! Cela me réjouit !

Un certain moniteur d'école du dimanche ne m'aimait pas et prenait souvent parti contre moi. Une fois, il demanda aux enfants de lui nommer des héros de la foi dont il est parlé dans la Bible, ce qu'ils firent. « N'en connaissez-vous plus aucun autre ? » Un petit enfant éleva la voix et dit : « Moi, j'en connais un... Berger ! » Je fus encouragé par ce fait lorsqu'on le porta à ma connaissance, car je n'avais jamais pensé être un héros de la foi. Mais je savais que cela ne devient effectif qu'en croyant la Parole de Dieu. Nous devons avoir une opinion modeste de nous-mêmes, selon le don de foi que Dieu a départi à chacun.

Mais on peut aussi se sous-estimer en disant par exemple : « Ce que je possède dans mon coeur n'a pas de valeur ! » Tu n'as pas le droit de dire que ce que tu as ne vaut rien si le Seigneur t'a lavé de tes péchés, t'a justifié et sanctifié, tout en te donnant sa vie car, en agissant ainsi, tu renies tout. Plus d'une fois j'ai dit que j'étais le plus ignorant de tous. Ou lorsque j'entendais quelqu'un témoigner joyeusement, ou un propre juste se vanter de ses exploits, je déclarais : « Ce que je possède n'est encore rien du tout ! » Finalement, j'ai compris que c'est un péché d'adopter de telles pensées. Depuis lors, de telles expressions ne sont plus sorties de ma bouche. Je pense au contraire ceci : « Même si je n'arrive pas à manifester une joie pareille à celle de tel ou tel, je suis justifié comme lui. Jésus est mort pour moi, aussi bien que pour un autre ». Si nous disions que « ce n'est encorerien » si quelqu'un payait nos dettes tout en y ajoutant des cadeaux, nous serions des ingrats. Bien des personnes pensent ainsi envers Dieu, c'est pourquoi leur vie est faite de plaintes et de misère. Tout dépend de la façon dont nous apprécions ce que Dieu nous a donné, si nous sommes reconnaissants, ou si nous envions telle personne pour ses dons, ne faisant ainsi plus aucun cas de l'oeuvre de Dieu en nous. Ce n'est pas en vain qu'il est écrit de n'oublier aucun de ses bienfaits. Dieu nous donne volontiers davantage si nous sommes reconnaissants.

J'aime beaucoup mieux les enfants joyeux que ceux qui sont mécontents ; bien des chrétiens sont mécontents de Dieu, mais nous ne voulons pas agir ainsi, car nous avons beaucoup de motifs d'être joyeux. Nous osons croire que Dieu fait ses délices à combler les siens de ses bienfaits, et lorsque nous nous sentons mal disposés, il faut lutter contre cet état. C'est si glorieux d'expérimenter comment Dieu nous débarrasse des choses désagréables qui nous poursuivent et nous tourmentent. Parfois, il me semblait être dans la position des espions envoyés par Moïse dans le pays de Canaan ; la peur les avait saisis et ils disaient : « Nous ne pourrons vaincre ces géants, à nos yeux et aux leurs, nous sommes comme des sauterelles ; nous ne pouvons conquérir ces hautes et épaisses murailles qui vont jusqu'aux nues ! » Tandis que les autres espions comptaient avec ces difficultés, Josué et Caleb s'appuyaient entièrement sur Dieu et sur ses promesses. Quelle grâce d'avoir de tels exemples qui sont des avertissements pournous. (Hébr. 4.) « Craignons donc, tandis que la promesse d'entrer dans son repos subsiste encore, qu'aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu'à eux ; mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l'entendirent ! »

Les Israélites ont été témoins de nombreux miracles, et pourtant Dieu ne prit aucun plaisir à la plupart d'entre eux. Heureux celui qui expérimente que la bienveillance de Dieu repose sur lui, pour l'amour de Jésus, ainsi que sur toutes ses actions. Dieu se réjouit de tout ce que font ceux qui le craignent dans ce monde, comme un père se réjouit lorsque ses fils l'aident dans son travail. Notre bien-aimé Père céleste a également de la joie lorsque ses enfants se demandent : « De quelle façon puis-je le mieux progresser spirituellement, et comment puis-je aider les autres et les faire progresser ? » Le Père céleste regarde ce que nous faisons ; sa bienveillance ne saurait reposer sur nous lorsque nous sommes paresseux ou si nous nous mettons à nouveau au service du diable. J'ai été assailli souvent par cette crainte : « Qu'adviendra-t-il de moi ? Arriverai-je au but ? » Dieu m'a aidé deux fois de façon si particulière que j'ai perçu nettement sa voix. La première fois, j'entendis cette parole : « J'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point ! » La seconde fois, il me donna le texte suivant : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle ».


L'école de la prière

Seigneur, enseigne-nous à prier.
(Luc Il : 1.)


Ils sont nombreux les enfants de Dieu qui, après avoir réalisé la nouvelle naissance, étant jeunes dans la foi, sont zélés pour la prière et fervents d'esprit pendant un certain temps. Ils ont de la joie et de l'anxiété, tout en même temps. Quelques-uns manquent de sujets de prière ; mais celui qui voit que son devoir est d'exhorter, d'aider ses semblables à sortir du péché et de les amener au Sauveur pour qu'ils se convertissent, cette tâche lui donnera de l'angoisse et le poussera à la prière.

Mais l'esprit de prière diminue bien vite chez beaucoup d'enfants de Dieu. Ils pensent encore à leur santé, à une nourriture suffisante et à la bénédiction de leurs affaires ; mais ils ne prient plus pour l'avancement du règne de Dieu, ni pour le salut des âmes. Ils finissent même par penser : « À quoi bon, cela ne sert quand même à rien ». Oui, si l'on pouvait convaincre les hommes sans avoir recours à l'aide de Dieu, il y en aurait peut-être beaucoup qui seraient disposés à entreprendre ce travail, mais lorsque personne ne se convertit, on dit simplement : « Il n'en veut pas ! » Nous n'avons pas le droit d'abandonner quelqu'un à son sort aussi vite, et d'une manière aussi légère. Il m'est aussi venu à l'esprit : « Dans notre contrée, les hommes ne veulent pas venir », mais grâce àDieu, j'ai toujours espéré. Pour cela il faut la foi. Lorsqu'il y a une grande bataille à livrer contre les puissances des ténèbres, une grande lassitude s'abat souvent sur les enfants de Dieu. C'est ce qui s'est passé au jardin de Gethsémané. Pendant que Jésus combattait, les disciples dormaient ! Ils étaient las. Mais après la Pentecôte, nous remarquons un état tout à fait différent chez les apôtres ! « Ils s'assemblaient journellement pour la prière. » J'ai bien souvent eu le sentiment que je n'étais pas du tout un homme de prière, et pourtant je faisais l'expérience que le Dieu d'amour m'exauçait souvent. Il est dit dans la parole : « Nous ne savons pas ce qu'il nous convient de demander dans nos prières ; mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ». (Rom. 8 : 26.)

Autrefois, je ne comprenais pas cette parole : « Priez sans cesse », et je pensais ne jamais pouvoir la pratiquer, mais finalement je remarquai que chaque homme priait sans cesse, les inconvertis comme les convertis. Tant qu'il est sur la terre, l'homme émet désir sur désir. Cependant, tout dépend de ce qu'il désire. Ceux qui s'affectionnent aux choses terrestres en désirent et en souhaitent ; ceux qui vivent dans les convoitises s'affectionnent aux choses passagères, inutiles et entachées de péché. Mais celui qui recherche les choses d'en-haut a l'amour des âmes et souhaite qu'un tel se convertisse pour qu'il devienne un ouvrier utile au règne de Dieu ! De tels voeux sont exaucés.
Il est aussi écrit que nous devons prier pour les autorités et pour tous les hommes.

Quelques-uns choisissent une certaine personne et se mettent à prier pour elle, en vue de la faire sortir de son état ; c'est ainsi que l'on m'avait enseigné. On racontait qu'un homme de Dieu avait noté sur une feuille les noms de tous ceux pour lesquels il voulait prier. Lorsqu'il priait, il mettait cette liste devant ses yeux. Je fis de même et bientôt j'eus une longue liste de noms. Je m'agenouillais, la liste devant moi, et je commençais par le premier, puis le deuxième nom, ainsi de suite, jusqu'à ce que je m'aperçus que je demandais la même chose pour chacun. Je priai ainsi longtemps mais finalement j'en fus fatigué. Je cessai, me disant que je pouvais fort bien prier pour tous ensemble. Enfin je compris que l'essentiel est que Dieu nous mette quelqu'un sur le coeur ; et si nous prions avec foi, nous réalisons des choses merveilleuses.

Une jeune fille juive me fut un jour mise sur le coeur d'une façon toute spéciale. Elle était fiancée, et la première fois que je la vis, il s'éleva instantanément en moi le cri : « À l'aide, à l'aide ! » Il me sembla que la lumière commençait à luire en elle mais, subitement, le besoin de prière que j'avais ressenti disparut. Je n'arrivais plus à intercéder pour elle, malgré tous les efforts que je faisais pour prier. C'est plus tard seulement que je compris que son fiancé l'avait détournée de la conversion, alors elle jeta tout par-dessus bord.

C'est bien comme il est écrit : « Nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières ». Nous ne pouvons pas toujours faire lechoix de nos sujets de prière, sans quoi le Seigneur aurait certainement prié pour tous les hommes, et tous seraient sauvés. Si nous voulons être exaucés, nous devons prier selon les ordres de Dieu, et non pas établir nous-mêmes nos plans.

Au lieu de prier, beaucoup de personnes ordonnent à Dieu, comme le fit le malfaiteur sur la croix, qui commanda à Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même et nous avec toi » ; c'était un ordre. Il en est autrement si nous nous sommes abandonnés à Dieu, en exposant nos détresses à Jésus. Nous nous confions en lui, sachant qu'il peut et qu'il veut nous secourir, et nous n'attendons jamais trop de lui. La prière doit être accompagnée de foi et de persévérance. Nous devons être des hommes qui comptent sur Dieu pour toutes choses, qui attendent tout de lui, mais qui, dégagés de toute volonté propre, disent : « Comme il agira, ce sera pour moi glorieux et salutaire ». Beaucoup n'attendent pas d'exaucement, pourvu qu'ils aient prié ! C'est la raison pour laquelle il y a si peu d'exaucements de prières dans beaucoup d'endroits. Il arrive aussi souvent que les frères qui président des réunions de prière prêchent longuement, ou alors prient si longtemps que l'on souhaite qu'ils finissent. Je ne fais pas grand cas des longues prières.

Certaines personnes participent aux réunions de prière en se demandant : « Que dois-je prier ? Voilà justement que quelqu'un vient de prier pour le sujet pour lequel je comptais prier moi-même ! » Le mieux est donc de prier tout de suite. D'autresrépètent des demandes pour lesquelles on a déjà prié dans la réunion. Dans les réunions de prière, chacun doit prendre part à l'intercession avec des soupirs et des supplications. Nous devons dire « Amen » à toute prière conforme à la Bible, mais non après celles qui s'en écartent. À ce sujet, j'ai une fois suscité la colère de toute une assemblée. Une personne avait prié d'une façon tout à fait contraire aux prescriptions bibliques, et tout le monde avait dit « Amen ! » Reprenant l'assemblée, je dis alors : « Comment écoutez-vous, pour dire « Amen » à des choses aussi peu conformes aux Écritures ? Ce mot signifie pourtant : Ceci est véritable et certain ».

Un chrétien qui ne sait pas attendre patiemment ne donne pas beaucoup d'espoir. Les hommes de Dieu mentionnés dans les saintes Écritures ont dû souvent attendre fort longtemps l'exaucement de leurs prières. Beaucoup de gens pieux s'appuient sur les nombreuses prières qu'ils ont dites, et s'imaginent qu'ils obtiendront par elles la félicité éternelle ; ils en ont fait une oeuvre. Si nous prions pour obtenir la vie, le salut, la justice, la rédemption, et que cela nous est donné, nous sommes sauvés par le don qui nous est fait et non par nos prières. Je ne puis me confier en mes prières, mais en celui qui exauce les prières.

J'ai bien souvent fait l'expérience que de courtes prières sont plus vite exaucées. Point n'est besoin d'user de longues et vaines redites dans nos requêtes.

Comme nous ne pouvions acheter nos victuaillesque livre par livre, ma femme venait m'annoncer de temps à autre : « Il n'y a plus de graisse, ou il n'y a plus de café, ou encore il n'y a plus de pain », et moi, je disais à mon Père céleste : « Tu as entendu ce que ma femme vient de me dire ! » Et il entendait cette courte prière. L'incrédulité est souvent cachée dans de longues prières. Nous devons veiller à prier avec des actions de grâces ; car en priant ainsi, une promesse ou l'autre nous vient à l'esprit et nous pouvons en remercier Dieu. Quand j'ai obtenu la certitude de l'exaucement, je ne continue pas de prier ; ce serait de l'incrédulité.

Une fois on m'avait fait appeler dans une famille où régnait une maladie contagieuse, et je priai pour ces malades. Une jeune fille de cette famille était venue à la réunion à l'issue de laquelle elle me serra la main et je lui dis - « Que Jésus te guérisse ! » Elle recouvra la santé instantanément, tandis que les autres membres de la famille avec lesquels j'avais prié longuement ne guérirent pas.

Dieu soigne l'éducation des siens et châtie celui qu'il aime, c'est pourquoi il est écrit : « Aie donc du zèle et te repens ! » Quand Dieu nous corrige, il est bon et salutaire de s'humilier, car il ne nous perd pas de vue. Un jour, ayant dormi trop longtemps je pensai ne plus avoir le temps de lire et de prier. À la hâte, je lus trois versets et me dis : « En chemin j'aurai le temps de prier ». Pendant la journée, un de mes apprentis tomba d'une échelle et j'eus alors le temps de prier. L'apprenti me dit d'abord qu'il prenait son refuge auprès de Jésus mais, quand les douleurs devinrent trop vives, il appela le médecin qui déclara, après trois semaines de soins, que le jeune homme resterait infirme sa vie durant. Il perdit toute confiance en ce médecin. Nous priâmes de nouveau et il fut guéri ! Parce que je n'avais pas pris le temps d'intercéder, j'avais été la cause de cet accident.

J'avais un ouvrier qui s'était converti et avec lequel j'appris bien des choses. Un matin, il se leva à sept heures ; à l'ordinaire, il était plus matinal. Je lui dis de déjeuner puis de se hâter de se rendre au travail. Il me répondit : « Non, je ne ferai pas cela ! » Il se mit calmement en chemin ; à sa place, je serais parti en courant. Il me déclara que le soir avant de se coucher, il avait demandé au Père céleste de bien vouloir le réveiller au bon moment ; comme il s'était réveillé à sept heures, il avait pensé que c'était là le bon moment et qu'il pouvait tranquillement se mettre en route pour le travail. De ce cher frère émanaient des effluves célestes, qu'on ressentait dès qu'on s'approchait de lui.

Avant de commencer une réunion, on peut par exemple prier ainsi : « Père, donne-moi ce dont j'ai besoin afin de ne rien dire d'autre que ce que tu veux ! » Et la réunion terminée, il arrive qu'on se permette de dire : « Je n'ai pas bien parlé ! » C'est ainsi que je faisais, et j'avais pourtant annoncé la Parole de Dieu. Mais pourquoi cela ? Parce qu'on voudrait être honoré et admiré. Il vaut mieux ne rien dire de pareil et méditer ce qu'il nous a été donné de dire.

Il y eut un temps où, lorsque je priais, j'avaispeur de ne pas prendre la chose assez au sérieux. Je voulais prier d'une manière fervente, et pourtant je n'y arrivais pas. Une fois, un frère et moi nous priâmes ensemble, et celui-ci dit : « Cher Sauveur, tu sais comme la chose me tient à coeur ! » Il disait cela d'une manière si sèche, que je pensai : « Prétendrais-tu être exaucé, alors que je ne ressens aucun zèle dans ta demande ? » Puis je me posai la question suivante : « Si j'ai prié Dieu, ne l'ai-je pas fait de tout mon coeur, en désirant être exaucé ? » Je fus enfin débarrassé du tourment de m'imaginer sans cesse que je priais avec trop peu de ferveur. Lorsqu'il se présentait des difficultés, c'est un verset biblique qui me venait à l'esprit : « Voilà ce qui est écrit ! ». Le verset : « Tu connais chaque parole qui est sur ma langue » me fut souvent d'un grand secours ; donc Dieu entend quand je prie, et s'il entend, il exauce aussi ; cela suffit.
Il ne s'agit nullement de faire de belles prières, je l'avais remarqué après ma conversion, lorsque ma femme était estropiée. Il y avait dans l'assemblée deux hommes qui faisaient de très belles prières, et je me tourmentais souvent en pensant : « J'aimerais tellement pouvoir prier comme eux ! » Comme je l'ai déjà raconté, ils visitèrent ma femme et prièrent pour elle ; malgré cela, elle ne fut pas guérie de sa maladie. Mais plus tard, en réponse à ma simple prière, toute enfantine, le Père bien-aimé lui rendit la santé. Cet exaucement m'encouragea à intercéder aussi pour d'autres personnes.

Frappé d'une façon toute particulière par cette parole de l'apôtre Paul (Col. 1 : 3-4) : « Nous ne cessons de prier pour vous, ayant été informés de votre foi », je me posai la question : « Pries-tu aussi pour ceux qui se sont convertis, même si tu ne les as jamais vus ni connus ? » Après ma conversion, je ne priais que pour les personnes qui n'étaient pas converties, pour les habitants de la maison, pour les parents, etc., afin qu'ils se convertissent ; et je le faisais encore longtemps après avoir réalisé la nouvelle naissance. C'est très bien et cela nous est commandé. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité. J'avais l'impression qu'il n'était pas aussi nécessaire de prier pour ceux qui sont nés de nouveau, puisqu'ils sont sauvés. Mais aujourd'hui je suis d'un autre avis. Le Sauveur dit dans sa prière sacerdotale : « Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés ».

Celui qui veut avoir part à la puissance d'intercession de Jésus doit être né de nouveau, sans quoi il n'est pas au bénéfice de cette grâce. Paul priait davantage pour les croyants que pour le monde, car l'Esprit de Dieu était en lui et le conduisait, il avait une lumière particulière et voyait plus profondément dans le mystère de la grâce que les autres disciples. Il intercédait constamment pour les enfants de Dieu, afin qu'ils ne se laissent pas séduire par des doctrines humaines, par des discours qu'enseigne la raison, et par la philosophie. Et quand nous lisons, dans l'Apocalypse, les lettres adressées aux Églises, c'est bien là que nous nous rendons compte de cette nécessité. Les fautes reprochées à la plupart de ces Églises auraient passé inaperçues sans ces lettres. Le Seigneur Jésus a quelque chose à reprocher à cinq de ces Églises sur sept, et il les blâme. La nécessité de prier pour les enfants de Dieu ressort clairement de ces lettres, et le Fils de Dieu, lui-même, intercède sans cesse pour son Église. C'est une force pour nous de savoir qu'il est à la droite du Père et qu'il plaide notre cause. Les enfants de Dieu sont exposés à tant de dangers qu'ils ont besoin de son intercession et de celle des frères.

Quel exemple l'apôtre Paul ne nous a-t-il pas laissé ! Il nous dit dans Col. 2 : 1 : « Je veux que vous sachiez combien est grand le combat que je soutiens pour vous et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour ceux qui n'ont pas vu mon visage en la chair ». Ne sommes-nous pas touchés de voir quels étaient les besoins et les angoisses de son coeur, à l'égard de l'Eglise de Colosses ? J'ai aussi des besoins pour les âmes, mais premièrement pour les personnes qui se sont converties par mon moyen, et qui font partie de notre assemblée. Mais plus d'une fois, j'ai été repris dans ma conscience parce que je ressentais moins d'angoisse pour des frères et des soeurs faisant partie d'autres congrégations. Il est toutefois bien compréhensible que nous nous souvenions tout d'abord, dans nos prières, de ceux pour lesquels nous portons une responsabilité ; mais où est-elle la ligne de démarcation ? Dans le passage cité nous voyons les inquiétudes de Paul pour ceux qu'il ne connaissait pas, qu'il n'avait jamais vus, mais de qui il avait seulement entendu parler.

Il y a des périodes dans la vie où l'on prie pour une chose déterminée ; un, deux, trois, quatre jours, sans exaucement ; on persévère dans la prière et dans la foi, trois, quatre semaines et tout reste au même point ! Alors la détresse augmente, et j'ai souvent fait cette constatation que la prière devenant plus ardente, Dieu se plaît à y répondre. Une fois nous étions réunis, quelques frères et moi, pour prier pour un certain cas, et les choses allaient en empirant ; je me retirai dans ma chambre et je m'ouvris à Dieu, lui disant tout ce que j'avais sur le coeur. Je n'aurais pas osé le dire devant les autres frères, car, en lui rappelant sa Parole, j'avais peur de tenter Dieu, et pourtant il est écrit qu'on doit la lui rappeler. On peut le faire, il est vrai, de deux manières : en donnant des ordres à Dieu, ou en le suppliant. Je ne voulais rien imposer à Dieu, ni le contraindre de me secourir, mais je m'humiliai en lui disant : « Père bien-aimé, tu le sais, tu me comprends, je ne veux pas user de contrainte envers toi, tu n'es pas une idole muette. J'ai besoin que tu sois davantage pour moi que ne le sont les idoles pour les païens ; je crois à tes promesses telles que tu les as données ! » Dans sa grande miséricorde, il répondit à ma demande. À cette époque, j'avais souvent l'impression que Dieu m'avait abandonné, et qu'il ne m'entendait plus ; mais alors je réalisai : « Dieu s'occupe encore de moi ».

Je me souviens d'un temps où je constatais que mes prières étaient entachées de péché. Je ne pouvais dire l'oraison dominicale d'un bout à l'autre sans qu'il me vienne quelque autre chose à la pensée. Je désirais prier avec recueillement sans me laisser distraire, mais j'étais obligé de recommencer deux ou trois fois. Souvent il arrive qu'on adresse une prière à Dieu, attendant quand même le secours des hommes. Parfois je priais Dieu tandis que mes yeux se tournaient vers des frères qui auraient pu me porter secours ; à ces occasions, Dieu ne me répondait pas, jusqu'au moment où je m'humiliais. Ce n'est pas en vain qu'il est écrit : « Maudit soit l'homme qui se confie dans l'homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son coeur de l'Éternel; il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur ». (Jér. 17 : 5.) Celui qui a une vie de prière, et qui recherche les choses d'en-haut, réalise une grande bénédiction ; l'affection des choses terrestres et charnelles ne peut faire sa demeure chez lui et il s'épargne ainsi bien des épreuves qui sont la part de ceux qui recherchent les choses de la terre.

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