Dieu
résiste aux orgueilleux, mais il fait
grâce aux humbles.
(I
Pierre 5 : 5.)
L'Évangile délivre de toute
perversité. Je ne savais pas que
j'étais un homme fier et orgueilleux ;
pauvre comme je l'étais, je croyais n'avoir
aucun motif de l'être. Mais j'en fus
convaincu par la suite. Environ une année
avant ma conversion, j'avais planté des
pommes de terre en utilisant beaucoup d'engrais,
mais en automne la récolte fut bien maigre,
des nids de fourmis jaunes se trouvaient presque
sous chaque plant. Après ma conversion,
j'obtins une belle récolte, bien que j'en
eusse planté une plus petite
quantité ; nous en avions même
à revendre ; auparavant nous devions
toujours en acheter et nous avions à peine
l'argent nécessaire pour les payer.
« Tout dépend de la
bénédiction de
Dieu ! »
Ayant déménagé dans un
autre endroit, nous plantâmes des haricots
dans notre nouveau jardin, mais le fumier
nécessaire nous faisait défaut et
nous n'avions à notre disposition que de
l'eau de fosse très délayée.
Le propriétaire se moqua de nous, mais nos
haricots furent superbes, tandis que les siens
étaient bien
misérables. L'année suivante, il se
servit de notre « eau », mais
notre récolte fut de nouveau plus belle que
la sienne. Puis vint la troisième
année, qui fut la plus bénie. Les
pousses de nos plants de haricots ne
montèrent même pas le long des perches
et la récolte fut des plus maigres. J'avais
ajouté quelque chose à la
plantation : un peu d'orgueil. Je m'imaginais
que ma piété m'avait valu les belles
récoltes faites auparavant ! Dieu nous
voit ! Si nous nous attribuons la gloire et si
nous cherchons à nous élever, il sait
parfaitement nous abaisser. Il ne se
préoccupe guère de nos cris, mais il
dira : « Berger, tais-toi !
Tout se terminera bien ! » Dieu ne
cède sa gloire à personne, ni
même à Berger et ses
haricots !
Le Père céleste sait
parfaitement comment nous administrer une
« cure » s'il doit nous
guérir de la propre justice ! Lorsque
j'étais encore charron, j'eus une fois la
visite d'un paysan incrédule qui me parla de
toute espèce de sujets. L'invitant à
entrer dans la chambre, je pris la Bible et lui
dis : « Il est
préférable que nous lisions la Bible
au lieu de discuter des choses de ce
monde ! » Il me cria dans
l'oreille : « Que Dieu nous
préserve de la propre
justice ! » Je lui demandai
alors : « Dis-le moi, suis-je dans
une propre justice ? » Il se borna
à crier encore une fois à mon oreille
« Que Dieu nous préserve de la
propre justice ! » À nouveau,
je lui posai ma question et pour la
troisième fois il me cria la même
chose, puis il s'en alla en courant. Me mettant
à genoux dans la chambre, je priai :
« Père céleste, si je suis
imbu de propre justice,
montre-le moi ! » Alors mes yeux
s'ouvrirent dans une certaine mesure et je vis que
mes pensées étaient semblables
à la prière du pharisien :
« Je te rends grâces, ô Dieu,
de ce que je ne dois plus boire, jouer aux cartes,
jouer aux boules et fumer comme les autres qui y
sont asservis ! » Je n'ai pas dit
cela textuellement, mais le sens est
identique ; j'étais
démasqué !
Autrefois j'étais d'avis que les
« mômiers »
étaient des personnes remplies de propre
justice ; lorsque je me convertis, je pensai
que c'était le cas pour les autres gens. Par
la grâce de Dieu, le temps vint où je
vis que c'était moi qui étais imbu de
propre justice ! Pour être
sauvés, il faut que cette conviction se
fasse une fois en nous ; il faut que nous
reconnaissions qu'aux yeux de Dieu, notre justice
est semblable à un vêtement
souillé. Après cette
expérience je n'eus plus le même
langage !
Quelquefois, nous n'avions pas de pain et
l'argent nous manquait pour en acheter. Pour le
« goûter », ma femme
préparait alors des pommes de terre
rôties, mais nous les faisions vite
disparaître dans le tiroir de la table s'il
survenait des visites, car nous ne voulions pas que
quelqu'un constate que le pain manquait. Là
aussi le Dieu d'amour dut
« m'opérer ». Je pensai
à la famine qui pourrait survenir, et je
compris que nous ne devions plus retirer de la
table les pommes de terre quand il arrivait
quelqu'un. Dès lors nous eûmes
toujours du pain.
Dieu a eu fort à faire pour me
guérir de mon orgueil ! Un soir, un
homme vint me voir ; j'espérais qu'il
s'en irait bientôt, mais il n'en fut pas ainsi.
Nous nous mîmes
à table pour souper, mais il resta. Neuf
heures sonnèrent, puis dix, puis onze
heures ! Il n'avait toujours nulle intention
de faire ses adieux ! Je devais faire une
drôle de tête ! Nous habitions une
vilaine masure ; les chambres étaient
noires de suie, mais nous avions un lit propre dans
l'une d'elles, néanmoins je n'osais proposer
à ce monsieur de monter à
l'étage si peu accueillant. Ailleurs, nous
n'avions pas la moindre place ! Enfin nous lui
offrîmes ce lit, nous excusant en même
temps de la pauvreté du gîte. Cette
nuit-là, je ne dormis guère et je
craignis que notre hôte ne se levât
fort mécontent le lendemain. Il ne
s'éveilla qu'à dix heures du matin et
descendit radieux. Alors je fus obligé de me
dire : « Que tu es
sot ! » Dieu ne saurait exiger de
nous ce que nous ne pouvons donner, il demande
seulement ce que nous avons ; heureusement,
j'ignorais alors complètement qu'il aurait
fallu un service de toilette à disposition.
Notre toilette nous la faisions à la
fontaine, avec un seul linge ; notre
hôte en fit de même. Si j'avais eu
connaissance de ce que je sais maintenant, ma
gêne n'aurait été que plus
intense ; mais là, je vis clairement
que mes pensées étaient de
l'orgueil !
Dans mes lettres, je faisais beaucoup de
fautes d'orthographe et je ne manquais pas
d'ajouter : « Excusez-moi pour les
fautes ! » Un frère me
réprimanda à ce sujet, me disant que
c'était de la fierté et de l'orgueil,
et que je devais rendre grâces à Dieu
de pouvoir écrire ainsi. Cela me fut
salutaire et je fus guéri; il aurait
peut-être pu me consoler
en me disant que mes lettres étaient
parfaitement lisibles, mais il n'en fit rien. C'est
ainsi qu'on voudrait se faire valoir et
s'élever, mais notre Dieu d'amour nous
émonde, coupant chaque branche inutile,
jusqu'à ce que nous soyons descendus de nos
hauteurs !
Je fis une fois plusieurs visites dans
l'Oberland bernois et je déclinai toute
invitation à dîner, car, si le temps
me le permettait, j'avais décidé de
prendre quelque nourriture chez une veuve habitant
près de la gare. Avec un visage rayonnant et
sans s'excuser de n'avoir plus rien à
m'offrir, cette veuve me servit une tasse d'eau et
une petite tranche de pain. Jamais je n'aurais
osé priver cette femme de son pain mais je
savais qu'il me serait possible de lui faire
parvenir ensuite quelque chose. Quant à moi,
je n'aurais rien offert dans un cas
semblable ! En admirant cette grandeur
d'âme, comme j'ai eu honte de
moi-même ! Alors, je pus me rendre
compte de ma situation : J'aurais
désiré offrir quelque repas lorsque
des gens riches me rendaient visite, mais je
pensais que je devrais être à
même de donner au moins du beurre et du
fromage. Or, nous n'en possédions pas
toujours et c'est le motif pour lequel je ne
donnais rien. Par contre, j'offrais avec joie du
pain et du café aux gens de conditions
modestes.
Combien Dieu m'a délivré de
toutes ces choses secondaires ! C'est si
simple de vivre pour notre cher Sauveur ! Que
d'expériences personnelles et bénies
fait-on à son service ! J'ai
pensé souvent que s'il m'était
possible de céder à d'autres le bonheur qui
remplit mon
coeur,
pour une minute seulement, tous se convertiraient
immédiatement.
Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous.
(I Pierre 5 : 7.)
Qu'il est beau le sort réservé
à celui qui se confie en Dieu et comme il
est permis de l'éprouver, lui, notre
Père ! Combien de personnes agiraient
d'une autre façon, si elles songeaient
à ceci : « Nous n'avons rien
apporté dans le monde et il est
évident que nous n'en pouvons rien
emporter ! » Aujourd'hui, certaines
communautés mendient, gémissent et se
plaignent, au lieu de se confier en ce Dieu
vivant ! Il m'a montré qu'il pourvoyait
à mes besoins ! Au début, je
disais ma détresse aux frères et
soeurs qui en faisaient part à d'autres
personnes et je recevais quelque chose. Mais un
jour j'eus honte de ce procédé et je
pris la résolution de ne plus communiquer
mes peines aux autres. Néanmoins en
certaines occasions, je compromis quand même
ma situation. Je me posai alors la question
suivante : « Dieu me donnera-t-il
également si aucune personne n'a
connaissance de mes besoins ? » Et
Dieu répondit mieux encore lorsque je pus me
taire ! Dès lors je sais que c'est Dieu qui a
aidé, et non
les hommes. J'expérimentai même que
Dieu peut secourir directement ; il peut aussi
se servir des corbeaux !
Quelques années après ma
conversion, je tombai malade ; j'avais trop
travaillé ! Le matin, je me levais
à cinq heures ; bien souvent, les gens
étaient encore couchés quand je me
présentais chez eux pour le travail. Je
restais à la tâche toute la
journée, prenant rapidement quelque
nourriture à midi ; ma journée
se terminait bien tard. Je devais tenir des
réunions tous les jours, excepté le
samedi. Il n'était pas question de la
journée de huit heures ! Je soupais
avec les employeurs, mais, parfois, j'étais
obligé de partir précipitamment, sans
manger, pour tenir ma réunion. Après
la réunion, on prenait du café ou du
thé et, souvent, nous causions ensemble plus
longtemps qu'il n'eût fallu ! Ainsi,
j'arrivais chez moi à minuit ou plus tard
encore. Je menai ce train de vie pendant six ans
environ. Un certain matin, m'efforçant de me
rendre au travail, je m'affaissai auprès de
mon banc de menuisier.
Durant un an environ, ma faiblesse
m'empêcha de travailler normalement. Mon gain
était très réduit.
Néanmoins, je présidais encore des
réunions. Je ne les interrompis que pendant
un mois. Mon état ne fit qu'empirer ;
je me disais souvent, en rentrant chez moi :
« Un pas de plus, et tu seras à
terre ! » Lorsqu'il y avait de la
neige, je cherchais un tronc d'arbre pour m'asseoir
et, si j'y parvenais, je constatais qu'il
était couvert de neige. En arrivant à
la maison, je cherchais à atteindre la
serrure sans succès, puis je tombais !
Arrivé à cette
extrémité, le diable vint me
dire : « Tu dois travailler dur et,
à présent, te voilà malade et
sans gain. Les autres évangélistes
reçoivent un salaire et ne sont pas
astreints à un tel travail. Ils ne tiennent
que trois réunions hebdomadaires, tandis que
tu dois en présider six, sans
rétribution. Tu es
surmené ! » Voilà ce
que le diable me soufflait à l'oreille et je
répétais cela pendant des
journées entières. C'est ainsi que je
fus à son école et que j'y appris des
« psaumes » de ce genre.
J'étais loin de ressembler à David
qui rétorquait, lorsque le diable lui disait
qu'il avait tout lieu de se plaindre :
« Je bénirai l'Éternel en
tout temps, sa louange sera toujours dans ma
bouche !
(Psaume
34.) David ordonnait à
sa bouche de louer : « Mon
âme, bénis l'Éternel ! que
tout ce qui est en moi bénisse son saint
nom ! Mon âme, bénis
l'Éternel et n'oublie aucun de ses
bienfaits ! » Ma situation empirait.
Dans les réunions je ne me plaignais
pas, mais je glorifiais Jésus et c'est ce
qui me soutenait un peu. Je fus ainsi à
l'école du diable durant trois trimestres,
m'imaginant être dans le droit chemin. Je ne
fis aucune dette pendant tout ce temps
d'épreuves ; nous avions des
chèvres, des pommes de terre et des
légumes. Enfin, je constatai que je
n'étais pas dans la bonne voie et je me
dis : « Autrefois, tu étais
l'homme le plus heureux de la terre et à
présent il n'en est plus
ainsi ! » Je m'humiliai devant Dieu
et me repentis. Subitement, je me sentis
mieux ; j'étais de nouveau le plus
heureux des hommes ; je n'avais plus de
disette et j'éprouvais la présence de
Dieu dans les réunions. J'étais dans une grande
félicité, même sans argent et
sans travail, et ne songeais plus à me
plaindre ; je ne manquais de rien. La
bénédiction de Dieu reposait sur
notre maison et sur tout ce que nous
possédions ; c'est ainsi que durant
cette année-là, je reçus
l'unique somme de dix francs, mais Dieu pourvut
à tout et me tira de la misère. Je
fus nommé agent de la Croix-Bleue et repris
peu à peu des forces. En
réfléchissant à mes
expériences passées, je vois que
c'est aussi un don de Dieu de ne pas se mettre en
souci ! Comme c'est différent de vivre
ainsi pour Dieu, au lieu d'afficher une
piété purement extérieure et
se laisser influencer par le malin. Je me rendis
compte que j'avais été longtemps
à l'école de Satan, qui nous
répète les mêmes choses sans se
lasser. Il est important de prendre toutes
choses de la main de Dieu !
Au cours d'une réunion, je posai la
question suivante : « Qui, parmi
vous, a déjà été
à l'école du
diable ? » Personne ne leva la
main. Je racontai alors mon expérience et
posai encore une fois la même question :
« Qui, de vous, a déjà
fréquenté l'école du
diable ? » Presque tous
levèrent la main ! C'est pourquoi cette
exhortation est de toute importance :
« Réjouissez-vous dans le
Seigneur ! » Le sens est d'ailleurs
identique à celui du livre de Sirach
30 : 22 : « Ne t'attriste pas
toi-même, et ne te tourmente pas par tes
propres pensées ! Fais-toi du bien,
console ton coeur, et chasse de toi toute
tristesse ». Si nous sommes
persuadés que toutes choses concourent
à notre bien, notre coeur est consolé
même quand nous avons des sujets de
gémir.
Aujourd'hui encore, cette expérience
m'est plus précieuse que l'or. Tout dans ma
vie paraissait sans issue, et en un instant j'ai pu
constater que Dieu avait pourvu à tout,
comme jamais dans ma vie. Dieu nous a nourris ainsi
pendant une année. En ce temps-là,
nous possédions deux chèvres ;
ma femme me dit un jour que l'une d'elles allait
périr. Sans me rendre à
l'étable pour constater la chose, je dis au
Père céleste :
« Père, tu sais que tu dois me
remplacer cette chèvre par une autre si tu
me la prends et, comme je n'aime pas du tout
m'occuper du trafic de chèvres, j'aimerais
beaucoup que tu la
guérisses ! » Le lendemain,
elle était bien portante et donnait du lait
comme auparavant ; le Père
céleste savait que j'avais pris l'affaire au
sérieux. Autrefois, j'aimais faire le
commerce, usant même du mensonge ;
après m'être converti, j'eus le
dégoût de ce genre de trafic. C'est
pourquoi je pus parler ainsi au Père
céleste ; il a
répondu !
Pendant la période de guerre
1914-1918, nous avions une fois soixante jeunes
gens à un cours d'instruction religieuse.
Nos cartes de ravitaillement étaient
épuisées et il ne nous restait plus
rien à manger. Voulant éduquer les
enfants qui suivaient ce cours à se confier
en Dieu, je leur tins ce langage :
« Priez, si vous voulez avoir à
manger demain ; je le ferai
également ! » Le soir, un
paysan envoya une livre de petits pois et je
pensai : « Qu'est-ce que cela
représente pour autant de
monde ? » C'était là
ma foi ! Et pourtant, il y en avait un peu
dans ce propos. Le lendemain et comme nous
n'avions rien
d'autre
à cuire que ces petits pois, je dis aux
personnes s'occupant de la cuisine qu'elles
devaient bien remuer, louer et rendre grâces
à Dieu ! Nous eûmes une bonne
soupe aux pois, épaisse comme elle ne
l'avait jamais été en pareille
occasion, et nous pûmes manger à coeur
joie. Que c'est merveilleux. L'homme
intérieur est également nourri en
absorbant de pareils mets ! Cette
expérience était semblable à
celle des Écritures : « Vous
me cherchez, non parce que vous avez vu des
miracles, mais parce que vous avez mangé des
pains, et que vous avez été
rassasiés ! » Dans ces pains
se trouvait une vertu qui les avait unis à
Dieu.
Combien d'expériences avons-nous eu
le privilège de réaliser ! Une
fois, nous avions des personnes passant leurs
vacances chez nous. Pour le samedi, il ne nous
restait qu'un peu de viande, et nous étions
sans argent. Nous nous concertâmes, ma femme
et moi. Je lui dis de couper la viande en petits
morceaux, ajoutant qu'il y avait lieu de mettre une
bonne quantité de légumes, de
façon que tout suffise pour deux jours. Je
me rendis dans l'atelier et me mis à
genoux ; alors cette réponse me fut
donnée : « Ne te
préoccupe pas du
lendemain ! » J'eus honte et dis
à ma femme qu'elle devait cuire le
tout ; le soir, nous recevions par la poste un
gros jambon ! Aujourd'hui encore nous avons un
Père auquel il est permis de tout dire.
Une autre fois, nous avions parmi nos
hôtes, une femme qui devait manger des oeufs.
Nous ne possédions ni oeufs ni argent et je
n'osais le lui dire. Je suppliai
Dieu : « Nous devrions avoir des
oeufs et manquons d'argent ! » Au
même instant, il me vint à
l'idée : « Tu as encore
à recevoir quatre-vingts francs de tel
endroit, tu es un coquin de mendier de l'argent
à Dieu ! » Je dis au
Père céleste : « Tu es
très bon pour les coquins ! »
Quatre-vingt-dix oeufs et quatre francs nous
arrivèrent par le courrier de quatre heures.
Plus tard, je questionnai à ce sujet la
soeur qui avait effectué l'envoi et elle me
dit que le matin elle avait été
subitement très inquiète et
pressée de m'envoyer des oeufs ;
qu'elle s'était rendue rapidement à
la poste pour les expédier. Le Père
céleste connaissait nos besoins. Il dit dans
sa Parole : « Avant qu'ils
m'invoquent, je leur
répondrai ! » Combien
l'âme qui se soumet de tout coeur à la
Parole de Dieu éprouve une joie
complète ! Aujourd'hui encore on peut
réaliser des miracles !
Que de miracles n'aurais-je pas
réalisés si je n'avais pas
été pauvre ! Gellert dit :
« La pauvreté n'est guère
bonne, car souvent au mal on
s'adonne ! ». Mais la
pauvreté est quelque chose de beau si l'on
est converti à Dieu ! Lorsque nous
sommes tentés, Dieu peut nous secourir et le
temps que j'ai passé ainsi dans la
pauvreté a été une des
périodes les plus bénies de ma vie.
J'ai appris à me confier en la Parole, et
j'ai expérimenté combien ce que Dieu
dit par elle est véritable.
Un père prend soin de ses enfants et
ses enfants s'attendent entièrement à
lui. Combien nous sommes reconnaissants d'avoir un
Père qui prend à tel point soin de
nous ; c'est pourquoi nous ne voulons pas
nous
inquiéter : « Que
mangerons-nous, et que boirons-nous ? De quoi
serons-nous vêtus ? Car toutes ces
choses, ce sont les païens qui les
recherchent ! » Notre Sauveur nous
encourage par toutes sortes de moyens :
« Considérez les passereaux et les
corbeaux ! Ils ne sèment ni ne
moissonnent ; votre Père céleste
les nourrit ! » Il importe
uniquement de se confier en lui comme un enfant.
Cela ne dépend nullement de nos
dispositions, mais de la Parole de Dieu et de sa
merveilleuse bénédiction. Dieu peut
bénir l'argent, mais il peut aussi faire
intervenir la malédiction, alors tout le
gain et l'économie ne servent à rien.
C'est avec la conversion que la
bénédiction nous est
donnée ; plus nous nous confions en lui
d'une façon enfantine, plus nous faisons
l'expérience de sa fidélité et
de son amour.
Il arriva une fois à La Punt,
où se trouvait notre maison de vacances, que
les paysans nous refusèrent la livraison
promise du lait, nouvelle dont on me fit part
à mon arrivée. J'étais fort
embarrassé et je pensai :
« Les hôtes à qui je veux
raconter de quelle manière Dieu prend soin
de nous vont arriver, et je devrai leur servir du
café noir et du thé : cela ne
concordera pas ! » Je me rendis dans
ma chambre pour invoquer Dieu et il me
répondit : « Regardez
les moineaux ! » Sortant de la
maison, j'en vis un qui, le bec plein, se percha
sur un fil téléphonique. Sa
nourriture se voyait de chaque côté du
bec. Retournant dans ma chambre, je rendis
grâces à Dieu avec joie, me disant
qu'il nous remplit aussi la bouche !
Bientôt un frère de Madulein me fit lire une
annonce
concernant la vente d'une vache
laitière ; je l'achetai ! Un autre
paysan vint également m'offrir du lait, mais
à condition que je lui achète toute
sa production journalière ; nous avions
vraiment « le bec
plein ! » Nos hôtes purent
boire du lait en abondance. Voilà de quelle
façon le Père céleste exauce
les siens. Nous ne devons jamais penser qu'il ne
nous exauce qu'à la condition de vivre mieux
mais, au contraire, nous rappeler sans cesse
ceci : « Par grâce !
Par grâce ! »
En 1914, à la déclaration de
guerre, tout le monde pria Dieu d'épargner
notre pays, demandant que la guerre puisse se
terminer bientôt. Quand nous entendons parler
de guerre et de soulèvement, il est
écrit dans ma Bible que nous devons lever la
tête parce que notre délivrance
approche. Mais il est aussi écrit que nous
devons prendre garde que nos coeurs ne
s'appesantissent pas par les excès du manger
et du boire. Ces avertissements sont aussi
nécessaires quand la guerre sévit,
quand la famine menace et que les vivres se font
rares. Que de tentations m'assaillirent
alors ! La lutte était grande !
Les uns amassaient des vivres en masse. Mais je
savais que cela n'était pas selon la foi. Je
sentis la force de ce courant et je fus encore
assailli par une excuse pieuse :
« Il y a tant de frères et de
soeurs qui viennent chez nous, il faut pourtant les
recevoir ! » Mais je m'humiliai en
lisant les versets par lesquels Dieu promet de nous
donner le nécessaire, et je crus.
Cependant, les soucis se dressaient toujours
devant moi et j'avais l'impression de me trouver dans
un véritable
guêpier. Autrefois, quand les soucis
fondaient sur moi, je trouvais un appui dans Matthieu
6: 25-34, mais il me
semblait qu'à présent cela ne
m'était plus d'aucune utilité. Mais
subitement la lumière se fit en moi et je me
dis : Quel être égoïste
es-tu ? Cela ne t'inquiète-t-il pas que
les autres meurent de faim et que toi, un
chrétien, tu veuilles avoir à
manger ? Je dis alors : « Si
c'est la volonté de Dieu, je veux aussi
mourir de faim ! » À partir
de cette heure, les soucis disparurent ; il ne
faut pas grand chose pour mourir de faim. C'est
alors que je ressentis quelque chose de la force de
la Parole : « Ils l'ont vaincu par
le sang de l'agneau et par la parole à
laquelle ils rendaient témoignage, et ils
n'ont point aimé leur vie jusqu'à la
mort ». Ce sont là des vainqueurs.
Ceux qui ne mettent en pratique que les deux
premières affirmations de ce verset :
c'est-à-dire qui croient au sang de Christ
et qui rendent témoignage à la
Parole, mais qui continuent à aimer leur
propre vie, ne peuvent être sauvés par
Dieu. J'ai précisément eu la victoire
au moment où je fus disposé à
perdre ma vie ; c'est merveilleux, le
Père voit tout, tout !
Une fois nous avons donné tout ce que
nous possédions à titre de prêt
à un frère, soit deux mille francs.
Probablement par ignorance, il me remit une
reconnaissance de dette sans signature, munie de
timbres postaux et, pendant plusieurs
années, il ne versa aucun
intérêt ! Désirant faire
imprimer nos livres de chant, je lui écrivis
que j'avais besoin de cet argent ; il m'envoya
cette brève réponse :
« Ne réclame pas ton bien à
celui qui s'en empare ! »
Mais je pensai que j'avais le droit de
prendre des mesures juridiques, et je cherchai si
le livre des Proverbes ou celui de
l'Ecclésiaste ne mentionnait pas un passage
m'autorisant à lui réclamer ma
créance. Je le trouvai, en effet, mais je
n'étais quand même pas à mon
aise et je cherchai un autre moyen. Me rendant chez
le relieur, je lui demandai si je pouvais lui
céder cette créance et il se
déclara d'accord ; je lui demandai
toutefois de ne pas poursuivre cet homme. Cette
affaire me tourmenta encore plusieurs jours.
Quelque temps après, je proposai à ma
femme d'abandonner cette créance ; elle
fut d'accord et il me sembla être
libéré d'un grand poids. Je
m'humiliai d'avoir agi à la
légère, de ne pas m'être soumis
à la Parole de Dieu dans cette affaire et de
n'avoir pas accepté l'enlèvement de
mes biens avec joie, selon l'épître
aux Hébreux.
Jésus a promis que ce que nous
abandonnerions pour l'amour de son nom nous serait
rendu au centuple. Parce que je m'étais
tourmenté au lieu de compter avec la parole
du Seigneur, je me qualifiai moi-même
« d'âne ». Celui qui fait
son calcul selon les enseignements de la Parole de
Dieu, peut accepter l'enlèvement de ses
biens avec joie. Il est vrai que je n'ai pas
reçu en retour un montant cent fois
supérieur mais, lorsque je renonçai
à ma créance, je ne perdis rien.
Auparavant, je faisais l'addition de toutes nos
disponibilités et je pensais que mes enfants
pourraient à la rigueur me remettre ce
qu'ils possédaient, car je ne voulais pas
faire de dettes ; mais ceux-ci ne durent faire
aucun abandon et, après le paiement de
l'édition, il me resta une somme supérieure
à celle qui m'était due par cet
homme ; je ne sais d'où cet argent est
venu. Il semblait qu'une multiplication
s'était faite dans la caisse. Je ne verse
pas des larmes facilement, mais bien souvent la
bonté de Dieu les a fait couler. Je voyais
à nouveau l'évidence de la
bénédiction divine qui prévaut
sur toute chose !
Si quelqu'un met sa confiance en Dieu, il
pourra se trouver dans une situation des plus
difficiles, mais il en coûte peu à
Dieu de donner à un pauvre la richesse et la
puissance, ou de réduire un riche à
la pauvreté et à la faiblesse. Mais il faut abandonner à Dieu
toutes
choses et ne pas poursuivre ses propres voies.
Dieu ne se conforme pas à nos plans, et il
est inquiétant de lire ce que dit le Psaume
81 : 12 s'il nous laisse agir selon nos
propres desseins : « Mais mon
peuple n'a point écouté ma voix,
Israël ne m'a point obéi. Alors je les
ai livrés aux penchants de leur coeur, et
ils ont suivi leurs propres
conseils ». C'est terrible lorsque
Dieu ne nous châtie plus, car il est
écrit : « ... Le Seigneur
châtie ceux qu'il aime ».
Ces derniers n'ont plus de repos jusqu'à ce
que l'affaire soit mise en ordre, s'ils ont agi
contrairement à sa volonté. Nous
avons le droit et l'obligation de remettre tous nos
soucis à notre Père céleste,
car il prend soin de nous. On est souvent
tenté de dire : « Maintenant,
il n'y a plus d'issue ! »
Les soucis sont de l'idolâtrie ! Tous ceux qui s'en chargent sont des païens, car ils attendent toutes choses des circonstances et non de notre riche Père céleste. Un frère s'appuyant pleinement sur la Parole qu'il avait entendue dans nos réunions à Bâle, se déchargeait de tous ses soucis sur Jésus. Il fut accusé par un agent d'assurances, qui m'écrivit une lettre dans laquelle il reprochait à ce frère son manque de prévoyance envers sa famille et ses enfants. La Bible parle de deux genres de soucis ; premièrement : « Ne vous inquiétez d'aucune chose, Dieu prendra soin de vous ! » Ailleurs, elle indique les soucis qui doivent être les nôtres, mais il ne s'agit pas de ceux-ci « Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? » Car toutes ces choses sont recherchées par les païens ; notre Père connaît nos besoins. Nous devons premièrement rechercher le royaume de Dieu et sa justice, et toutes les autres choses nous seront données par-dessus ; voilà ce que nous devons croire, sans rien y ajouter. Il est vrai que la Parole dit que celui qui ne travaille pas ne doit pas manger non plus, mais le fait de se mettre en souci n'a rien à voir avec le travail. Il y a quelques années, l'automne avait été très pluvieux, ne permettant pas aux paysans d'ensemencer leurs champs. L'un d'eux avait pourtant fait les semailles mais n'avait pu herser son champ ; durant tout l'hiver il se tourmentait, pensant que la moisson serait mauvaise. Cependant, la récolte fut abondante. Cet homme s'était converti dans le courant de l'année. Lorsque je le visitai, il réalisa le salut en Christ et me raconta comment il s'était vainement mis en soucis. Le poète Gellert a dit :
- À quoi bon tes cuisantes alarmes ?
- Pourquoi faire renaître chaque matin
- Le fardeau des soupirs et des larmes,
- Te lamenter sur ton destin ?
- Car à ta croix et sa détresse,
- Tu ajoutes encore la tristesse !
Il nous est ordonné de rechercher
premièrement le royaume de Dieu et sa
justice. Que de temps ai-je mis à
comprendre cela ! Depuis longtemps, je
désirais posséder une maison ;
celle que j'habitais comme locataire à
Dürrgraben allait être vendue aux
enchères. Un frère me conseilla de
l'acheter, m'offrant trois mille francs en seconde
hypothèque. Il ajouta encore que je devais
m'adresser au frère surnommé
« Pierre des bois » ; ce
dernier se déclara immédiatement
d'accord de prêter la somme totale.
Cependant, Dieu avait payé toutes mes
dettes, et je savais que je ne devais plus en
faire, convaincu que le Père céleste
me donnerait tout ce dont je pourrais avoir besoin.
En cette circonstance, j'eus pourtant de la peine
à accepter cette ligne de conduite ;
j'avais le sentiment que Dieu me traitait quelque
peu avec sévérité ; il ne
laissait rien passer !
Peu de temps après et par un temps
pluvieux, je suivais la route qui traverse la
vallée de Dürrgraben
et, fait étrange, une petite carte
parfaitement sèche vint choir à mes
pieds ; je la ramassai. C'était une
carte d'assiduité destinée aux
enfants de l'école du dimanche et ce verset
y était imprimé :
« Cherchez premièrement le royaume
et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous
seront données par-dessus ».
À côté du texte se trouvait
l'image d'une petite maison avec ses alentours.
« Cela vient de Dieu me dis-je,
dorénavant je veux m'appliquer à
chercher le royaume de Dieu et sa justice, afin de
recevoir une petite maison pareille à
celle-ci. Dès à présent, je me
conformerai exactement à la Parole de
Dieu. » Le « moi »
avait toujours la première place ; je
veux... je veux... et c'est ainsi que je croyais
chercher le royaume de Dieu et sa justice, sans
m'apercevoir que je cherchais
précisément « ma
justice ». J'avais
décidé que ma ligne de conduite
devait être bien droite, mais tout
dépendait toujours de
« moi » ; dans la Bible,
je ne voyais que ce que je devais faire. Dix-huit
ans plus tard seulement, je compris que
« chercher sa justice »
consiste à compter et à s'appuyer sur
ce que Jésus a fait ou ce qu'il fait, au
travers de tout. Alors, il me fit don d'une maison
également.
Durant ces années-là, un
frère de Rüschlikon voulait me faire
don d'une maison avec salle de réunions
qu'il entendait construire, mais à condition
d'y transférer mon domicile. Cette
construction aurait coûté soixante
mille francs. C'était avant la guerre de
1914-1918. Ce même frère retirait
annuellement une somme de deux mille sept cents
francs d'un logement qu'il louait dans sa
villa ; il me l'offrit
gratuitement, avec l'ameublement complet. D'entente
avec ma femme, je n'acceptai pas cette offre. Il
m'aurait peut-être été permis
de faire fortune, mais je savais pertinemment que
ma place n'était pas en Suisse orientale. On
avait également établi
déjà le plan d'une construction
à Unterseen, mais je savais aussi que Dieu
n'avait pas choisi cet endroit pour moi. Si
quelqu'un m'avait fait une proposition identique
pour habiter l'Emmental, j'aurais certes
accepté avec empressement, mais rien ne vint
dans ce sens. C'est ainsi que le temps
s'écoula jusqu'au moment où j'appris
en « vérité »
à chercher le royaume de Dieu et sa
justice ; à ce moment-là, sa
promesse s'accomplit.
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