Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit

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Le Royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer, et ramassant des poissons de toute espèce.
(Matth. 13 : 47.)


Les choses se passent également ainsi à l'Assemblée évangélique des frères. Lors des séries de réunions d'évangélisation, les auditeurs, touchés par la puissance de la Parole de Dieu, entrent dans le filet ; néanmoins ils ne sont pas tous sauvés et tous ne se soumettent pas immédiatement à la Parole. Il est écrit : « Beaucoup chercheront à y entrer, et ne le pourront ! » À la fin se fera le triage, les mauvais seront rejetés, et ce qui reste sera rassemblé dans les granges éternelles. Il en est ainsi chez nous, de même que dans d'autres assemblées. C'est pourquoi il est de toute importance que nous soyons irrépréhensibles dans nos actes, et que nous soyons trouvés fidèles, lors de l'avènement de Jésus-Christ ou quand il nous appellera, lavés et purifiés par son sang. Beaucoup de personnes croient être sauvées parce qu'elles font partie soit de l'Assemblée évangélique des frères, soit d'une autre communauté. Cette étiquette leur suffit. Mais si elles ne sont pas délivrées de cette fausse sécurité et si elles ne parviennent pas à la nouvelle naissance, elles se verront rejetées comme de mauvais poissons.
Seule une connaissance plus approfondie de la rédemption qui est en Christ nous fait progresser dans la foi, et il faut que nous ressentions ce même besoin pour nos auditeurs. Cette connaissance nous procure un repos toujours plus profond ; et nous sommes purifiés des oeuvres mortes, de notre propre volonté et de nos propres oeuvres. Nous voulons atteindre ce but en organisant des réunions, des conférences et des cours bibliques. Aucun de nos évangélistes n'a fait des études, ce sont des hommes du peuple. Beaucoup de prédicateurs ont été formés et nommés par les hommes, mais combien il est préférable qu'ils le soient par Dieu lui-même. Les apôtres ont été cherchés et appelés par le Seigneur ; il ne les a pas trouvés dans les universités. Il a choisi, non des professeurs, mais des gens du peuple, des pêcheurs et des péagers, de ceux qui étaient méprisés des pharisiens et des scribes. Ensuite il a appelé Paul, qui était un homme instruit. Le Seigneur cherche des hommes pour lesquels il représente ensuite l'unique bien. Il les a trouvés près des filets de pêcheurs, l'un sur un arbre, d'autres près des charrues ; ensuite il les a enseignés et les a rendus aptes à le servir. C'est ainsi que les choses se passent encore aujourd'hui.

Toujours à nouveau, je rends grâces à Dieu pour les frères qui annoncent l'Évangile d'une façon aussi simple et selon les Écritures, car nous n'avons pas à user d'artifices pour annoncer la Parole de Dieu, il ne nous est pas permis de la fausser. Combien il est vrai qu'il a plu à Dieu, de sauver les hommes du péché par la « folie » de la prédication, de sauver ceux qui croient. C'est pour ce motif que je voudrais encourager chacun à persévérer dans l'annonce de l'Évangile en toute simplicité enfantine, sans artifice, et à amener ainsi tout raisonnement captif à l'obéissance de Christ. La récompense sera accordée à chacun selon son oeuvre : « Qu'ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix ! »

Dans les temps de la fin la charité du plus grand nombre se refroidira. Dans le monde, qui n'a qu'une charité simulée, elle ne saurait se refroidir. Cela ne peut se produire que chez les personnes ayant réalisé la nouvelle naissance et dans le coeur desquelles cette charité a été répandue. Comme il est de toute importance de ne pas rechercher les faveurs du monde, les faveurs des grands de ce monde, mais de compter uniquement sur l'oeuvre de Christ et sur ses mérites ! Combien rapidement l'homme retourne sous le joug de la loi, dans les oeuvres, voulant ainsi tout mériter par son savoir-faire et ses propres oeuvres ! Alors le déclin est rapide. Mais nous sommes responsables les uns des autres.

L'apôtre Pierre se réjouissait de pouvoir rester encore dans l'assemblée, cherchant à éveiller la saine intelligence des frères afin qu'ils se souviennent de ses exhortations après son départ. En ce temps-là, il n'existait que l'Ancien Testament, et c'est pour cette raison qu'il cherchait à éveiller leur intelligence. Ceci doit être fait ; c'est pour ce motif que nous organisons des conférences et des séries d'évangélisation. Bien des frères oublieraient les vérités premières du salut et seraient bientôt dans la mort s'ils ne prenaient pas toujours part à ces rencontres. Le monde dit : « Ils y courent toujours ! » Oui, il y a lieu de courir si l'on veut faire comprendre que l'on cherche une autre patrie. On pourrait estimer qu'un frère âgé, ayant beaucoup travaillé et voyagé pour annoncer l'Évangile, peut se permettre de rester chez lui et se reposer ; mais celui qui court se repose, et celui qui possède cette vie intérieure ne peut agir autrement. La chose n'est pas semblable chez tous, mais l'essentiel c'est que les signes de la vie et de la nature divines se manifestent. L'un regardera peut-être les gens de façon plus aimable que l'autre, et pourtant les mêmes intentions sont chez les deux ! Une chose est certaine : un membre sert l'autre avec les dons qu'il a reçus ; c'est là qu'il y a la joie de vivre. De nombreux frères et soeurs de nationalité allemande viennent aux conférences de Steffisbourg et de Zurich, ne craignant ni la distance, ni les frais en ces temps de difficultés d'après guerre. Ils ont ainsi leur part de bénédictions. Par la grâce de Dieu, le nombre d'assistants aux conférences devient toujours plus grand, et beaucoup d'entre eux sont encouragés à nouveau pour servir Dieu avec joie. Ceci est dû à la grâce, et seulement à la grâce ; c'est l'oeuvre de Dieu !


L'école de la libéralité

Tel, qui donne libéralement, devient plus riche ; et tel, qui épargne à l'excès, ne fait que s'appauvrir.
(Prov. 11: 24.)


Dès ma conversion, j'ai pu expérimenter abondamment la fidélité de mon Père céleste, et ceci a été la base du développement de toute ma vie ultérieure. C'est dans une pauvreté extrême que j'ai commencé à me confier en Dieu.

Un jour, au début du printemps, et après avoir planté des pommes de terre, il ne nous restait environ que le contenu d'un « corbillon ». Alors un homme vint chez nous pour me demander des pommes de terre. Je me dis qu'il devrait au moins s'adresser à un paysan. Je n'exprimai pas cette pensée en paroles, mais j'eus tout de même l'intention de le renvoyer à vide. Alors l'Esprit de Dieu m'exhorta : « Partage ton pain avec celui qui a faim ! Donne à celui qui demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi ! » J'obéis en donnant environ la moitié de ma petite provision. À ce moment-là, les pommes de terre constituaient notre nourriture principale et je savais que l'argent me faisait défaut pour en acheter ! Le diable m'avait déjà suggéré des doutes sur la possibilité de nous en passer jusqu'à l'automne suivant. Le lendemain, une autre personne se présenta, et ma femme lui remit encore la moitié de ce qui restait ; et nous pensâmes : « Maintenant, il nous reste juste de quoi faire deux repas ! » Mais il nous arriva la même chose qu'à la veuve de Sarepta : nous pûmes toujours prendre de nos pommes de terre jusqu'à la nouvelle récolte et à ce moment-là nous eûmes encore une bénédiction toute particulière. Ma femme et mon apprenti étaient dans l'étonnement à la vue de la quantité de pommes de terre qui apparaissait ; ma femme n'arrivait pas à suivre avec le ramassage, et l'apprenti dut lui aider pour le remplissage des sacs.

Cet apprenti me demanda ensuite congé. « Que veux-tu faire ? lui demandai-je. - J'ai encore de l'argent en banque et je veux le donner dit-il ! - Pourquoi ? - Au printemps, j'ai vu qu'en donnant des pommes de terre, tu avais été béni ! » Je le mis en garde, lui disant de faire attention à ses actes, ajoutant encore que la question de vouloir simplement « imiter » comportait des risques ! Ce n'est qu'au bout de deux jours qu'il revint, me racontant que son père, avare, lui avait adressé des reproches, cherchant à le dissuader de commettre pareille folie. Il agit tout de même, car il avait reçu un ordre clair à ce sujet de l'Esprit de Dieu. Peu de temps après, la grande provision de céréales de son père fut remplie de vers ; ce dernier comprit le langage de Dieu et s'humilia et se convertit de tout son coeur à Dieu. Il confessa ses péchés et, quoiqu'il eût beaucoup de choses à mettre en ordre, il ne se découragea pas, mais il alla jusqu'au bout et resta un joyeux chrétien jusqu'à la fin de ses jours. Plus tard l'apprenti devint notre caissier. Il remplit cette fonction avec une grande fidélité jusqu'à son départ pour la félicité éternelle.

Un jour, je reçus la visite d'un homme très pauvre, qui me raconta qu'à la maison il ne leur était plus possible de cuire les repas, le bois faisant défaut ; il avait pensé qu'il obtiendrait certainement quelque chose chez les « mômiers », mais personne ne lui en avait donné. Je pensai : « Je possède du bois et je pourrais lui en donner, mais que penseront les gens, je dois l'acheter et je suis pauvre ! » Ensuite arriva un homme qui mit son cheval dans mon écurie et me demanda s'il lui était permis de le laisser là jusqu'au soir. Je me renseignai pour savoir si je pourrais l'utiliser et il répondit affirmativement. Je pris un char sur lequel je chargeai du bois et le conduisis à cette famille ; je vois encore les larmes de joie qui coulèrent à cette occasion ! Le fait s'ébruita et un homme m'apporta le bois qu'il avait refusé de donner à ce pauvre ; j'en reçus également d'un autre endroit un traîneau plein ; ainsi, le bûcher fut de nouveau rempli. En plus de cela, il se produisit encore un autre miracle : nous pouvions toujours prendre du bois et le bûcher ne désemplissait pas. Nous partîmes de là et, durant sept années, nous habitâmes ailleurs ; puis nous déménageâmes à Kalchofen et là, nous avions encore de ce bois. Il ne s'agissait pas de bûches, mais de faisceaux de branchages que nous n'utilisions que pour le chauffage. Ce bon Père fait des miracles ! Beaucoup de gens aimeraient en voir, mais ils ne « veulent pas donner leur bois », si l'on peut dire ainsi ! Il est écrit : « Donnez, et il vous sera donné ! » Combien j'ai réalisé cette promesse ! Dieu est un Dieu fidèle ; il tient parole.

Bien des personnes veulent faire preuve d'une grande dévotion ! Appelé à présider une série de réunions à U., nous eûmes des assemblées pendant toute une semaine, mais personne ne se convertit. La semaine suivante, je décidai de continuer et commençai à parler de mes expériences, de la bonté de Dieu à mon égard. C'est alors que les gens se rendirent compte de leur avarice et que quelques-uns se convertirent. Je n'aime pas raconter de telles expériences, mais je le fais parfois pour encourager, pour aider quelqu'un.

Beaucoup attendent l'occasion de faire le bien, mais il est important que nous agissions lorsque Dieu nous en donne l'ordre, et que nous n'attendions pas en remettant l'action à plus tard ; Dieu nous enseigne à agir. Une fois, il me donna l'ordre de remettre septante centimes à un homme ; c'était là tout mon avoir en argent et je pensai : « Je ne puis donner uniquement cette petite somme, il faudrait au moins cinq francs ! Je lui donnerai quelque chose lorsque j'aurai plus d'argent ! » Je le rencontrai quinze jours après ; à ce moment-là, je possédais environ cinq francs. Nous revenions de la réunion et il faisait déjà sombre. Je lui demandai de tendre la main et j'y vidai mon porte-monnaie. Il eut une grande joie et raconta que depuis quinze jours, lui et sa famille avaient dû manger des mets sans sel, faute d'argent pour en acheter. C'est alors que je vis mon inconséquence de ne pas avoir obéi tout de suite.

À une autre occasion, je ne donnai pas au moment où j'aurais dû le faire. Je devais tenir une réunion et j'étais sur le point de partir à la gare lorsqu'un homme arriva, mendiant des chaussures, mais je n'étais pas disposé à lui en donner. J'en avais deux paires et j'avais surnommé l'une d'elles « les souliers du désert », parce qu'ils ne s'usaient pas quoique souvent portés, comme les souliers du peuple d'Israël dans le désert. À ce moment-là, j'étais précisément chaussé de l'autre paire et le temps me faisait défaut pour les changer, et je ne voulais pas me défaire de mes « souliers du désert ! » Je remis alors quatre francs à cet homme, puis je me rendis à la gare ; mais en chemin j'eus des remords quant à mon agissement. Combien alors j'aurais souhaité connaître cet homme ! Le jour suivant, lorsque je voulus mettre les « souliers du désert », je constatai que le cuir de la partie supérieure était complètement déchiré ; je ne pouvais plus en faire usage. Dieu m'avait puni parce que je n'avais pas voulu donner les bons souliers ; c'était de l'avarice.

Il n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup d'argent pour aider ; nous pouvons prendre exemple sur la pite de la veuve. Les apôtres choisissaient des hommes remplis du Saint-Esprit comme diacres ; ils ne donnaient pas à n'importe qui ; c'est l'Esprit de Dieu qui nous aide à discerner. Souvent, j'étais dans l'embarras. Il y avait un homme qui venait souvent chez moi ou chez un frère pour mendier le montant de son loyer. Une fois, il déclara : « Je dois être en possession de cet argent à la fin du mois ! » Nous répondîmes qu'il nous semblait qu'il prenait la chose bien à la légère ; nous nous sommes alors concertés et nous avons décidé de ne rien donner. Néanmoins nous avons tout de même prié pour connaître la volonté de Dieu en cette affaire. Trois mois s'écoulèrent. Un certain matin à dix heures, Dieu me dit que nous devions donner cette somme à cet homme. Le frère en question revint de son travail le soir et je lui demandai :
« Où en es-tu avec ce frère ? » Et il me répondit :
« Ce matin à dix heures, j'ai eu l'impression que nous devions lui remettre cet argent ! » ce que nous fîmes avec joie.

Une autre fois, je reçus une lettre au moment où je partais pour Winterthour ; un frère me demandait cent trente francs pour payer son loyer, ajoutant que la somme de cent dix francs suffirait aussi. Je réfléchis tout en marchant, songeant que nous arriverions à réunir cette somme en additionnant tout ce que nous possédions à la maison, mais je ne pouvais m'en retourner car je devais prendre le train. Je montrai la dite lettre à mon Père céleste. À Herzogenbuchsee, je rendis visite à un malade et comme je le quittais, un homme qui travaillait dans les environs m'accompagna sur un certain parcours et me remit cent francs ; moi-même je possédais dix francs. À Winterthour, je mis le tout à la poste et il me fut ainsi permis de secourir ce frère.

Un autre frère apprit cela et lorsque je me rendis dans cette contrée, il vint me trouver, déclarant qu'il devait retirer une traite de trois à quatre cents francs, mais qu'il n'avait pas de quoi la payer, ajoutant encore : « Dieu aide les autres gens, mais il n'agit pas de même à mon égard ! » Il était courroucé. La nuit suivante, je ne dormis guère ; je possédais cet argent, mais je me demandais, vu l'attitude obstinée et rebelle de cet homme, si c'était bien la volonté de Dieu de le lui donner. Vers le matin, Dieu me tranquillisa en me suggérant que ce frère devait demander la prolongation de sa traite. Je procédai de cette façon et constatai que la chose avait été faite huit jours auparavant ; ainsi le menteur était démasqué.

Il n'est pas bon de donner sans discernement. Les gens doivent être éduqués. Et Dieu nous dirige si nous faisons preuve de fidélité et si nous marchons dans sa crainte et sous sa discipline. J'avais un jour fait un don à un homme en le pressant d'assister à nos réunions, sinon il ne recevrait plus rien. Il n'obéit pas et mendia de nouveau, disant avec larmes qu'il ne lui était pas possible d'acheter du lait pour ses enfants. Je lui aurais très volontiers donné quelque chose. Cependant, je lui avais dit qu'il ne recevrait plus rien s'il n'acceptait pas la chose la plus excellente : le salut en Christ. Peu après, un gendarme se présenta, s'informant si cet homme avait également reçu de l'argent de ma part ; je lui dis ce qui s'était passé. Alors il me raconta que cet individu avait acheté un manteau et des chaussures sans les payer, qu'il les avait revendus et qu'il s'était ensuite rendu à l'auberge, avec une bourse bien garnie, jouant au grand seigneur.

Dieu est fidèle ; si nous sommes attentifs à ses directives, nous saurons discerner le chemin que nous devons choisir. Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir. « Donnez, et il vous sera donné, on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ! » Si nous semons, nous moissonnerons aussi ; aucun cultivateur ne moissonne dans la proportion de celui qui agit selon les Écritures ; je l'ai expérimenté et j'ai vu des miracles. Il est écrit : « N'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir ». Ceux qui se confient en Dieu se réjouissent de pouvoir agir selon sa Parole, même si souvent ils doivent passer par des tribulations et des épreuves. Celui qui ne connaît pas les épreuves ne fait pas beaucoup d'utiles expériences.

La façon dont on administre son argent n'est également pas sans importance. Une fois, je dis à Dieu : « J'ai l'intention de donner la dîme, mais je ne le promets pas ! » Au début, je la remis régulièrement, en une seule fois, mais par la suite, je vis qu'il était bon de modifier cette méthode. Oui, il est important de donner avec discernement. Je suis plutôt un homme curieux ; il m'est difficile de soutenir des oeuvres missionnaires qui ont beaucoup de dettes et je donne à celles qui n'en font pas. Le but n'est pas atteint en semant l'argent à pleines mains, croyant ainsi faire le bien ; il faut agir selon les indications de Dieu. Souvent, il faut savoir attendre quelque peu ; certaines personnes s'empressent de se défaire de leur fortune, mais ce n'est pas agir selon la volonté de Dieu. On donne où les secours sont nécessaires ; on aide les Missions qui se confient en Dieu et qui n'agissent pas selon la sagesse humaine ; l'argent est ainsi bien placé, et Dieu se manifeste. Le premier devoir des enfants qui ont des parents dans le besoin est de prendre soin d'eux, et non de la mission. Selon la Parole de Dieu, la bénédiction sera dispensée là où on honore les parents, et la malédiction sera la part de ceux qui les méprisent. (Marc 7 : 11-15.) La Parole dit : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne ! » C'est le premier commandement qui est suivi d'une promesse. Cependant, cette promesse n'a de valeur que pour la vie terrestre et ne représente pas le salut en Christ ; c'est le salut qu'il faut posséder avant tout.
Il est important que nous nous fondions sur le salut qui est en Christ et non sur nos oeuvres, ou sur ce que nous avons ou n'avons pas fait.

Nous n'hériterons pas le royaume des cieux par nos bonnes oeuvres, mais nous moissonnerons selon ce que nous aurons semé. Un homme du monde pourrait accumuler des oeuvres charitables selon I Cor. 13, mais en regard de l'éternité, cela ne lui servira de rien. Il fut un temps où je me demandais souvent où pouvait bien se trouver la ligne de démarcation qui sépare les bonnes oeuvres reconnues par Dieu de celles qu'il ne reconnaît pas. J'entendais parfois déclarer à ce sujet : « ... celles qui sont faites dans la foi ! » Aujourd'hui, cette assurance est aussi la mienne : « Celles qui sont faites dans la foi dès qu'on a réalisé la nouvelle naissance ! » C'est alors que nos oeuvres ont du prix devant Dieu et que nous en serons récompensés ; mais il faut être né de nouveau. Auparavant, on peut avoir recours à bien des « manoeuvres » - en donnant peut-être tout notre bien aux pauvres - mais cela ne nous sera d'aucune utilité si l'amour de Dieu n'est pas répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit.

Notons encore que le verset suivant me concerne dès que je suis né de nouveau : « Si je le fais de bon coeur, j'en aurai la récompense ; mais si je le fais à regret, cette charge m'est tout de même confiée ! » Donc, la question de faire une bonne oeuvre de bon coeur a son importance. Autrefois, j'avais le sentiment d'agir avec peu de joie et par, contrainte ; parfois même avec regrets. Dois-je, pour agir, attendre jusqu'au moment où je le ferai avec joie ? je n'agirais jamais. Un jour, quelqu'un me demanda des chaussures et je lui en donnai ; ensuite j'eus cette pensée : « Tu les regrettes, donc tu es encore avare ! » Mais je la repoussai lorsque je vis qu'une telle déduction vient de la chair, car nous devons nous considérer comme morts aux convoitises de la chair. La chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair.

J'ai donc agi selon la Parole de Dieu en donnant mes souliers, faisant volontiers ce que Dieu m'ordonnait ; par conséquent j'avais agi de bon coeur, selon les sentiments de l'homme intérieur ; que la chair dise ce qu'elle veut ! Maintenant, je ne tiens plus aucun compte des désirs de la chair ; dans tous les cas, je n'en ai nulle intention.


L'école de la charité

La charité est patiente, elle est pleine de bonté ; la charité n'est point envieuse, la charité ne se vante point, elle ne s'enfle point d'orgueil, elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne soupçonne point le mal.
(l Cor. 13 : 4-5.)


Dieu a toujours eu des vues pleines de bonté à mon égard. Il a placé des gens très intéressants à mes côtés. Entre autres, un jour il m'envoya un apprenti que je fus obligé d'accepter ; combien il fut excellent pour mon éducation ! Sa façon de se présenter était sèche et ennuyeuse, il ne m'était nullement sympathique. Il faisait des grimaces avec la bouche et il excellait, pendant le travail, à se mettre sur la pointe des pieds en se balançant de gauche à droite, ce qui m'agaçait. Désirant tout de même l'aimer de tout mon coeur, je priai Dieu : « Délivre-moi ! » songeant en même temps qu'un sort terrible serait le mien si Dieu ne m'aimait pas plus que j'aimais cet apprenti ! Je savais très bien que je ne devais pas m'irriter. L'école était bonne ; sentant le poids de mon incapacité, je voulais « fabriquer » la charité et la patience nécessaires pour supporter mon apprenti. Mais cette « fabrication » n'avait pas l'appréciation divine ; je ne savais pas encore me revêtir de l'amour de Dieu.
Cependant, Jésus eut raison de moi et me plaça dans la grâce. Mon attitude à l'égard d'autrui est importante, car si je ne pardonne pas, Dieu ne me pardonnera pas non plus ; ma piété peut être très grande, cela ne me sert de rien. Lorsqu'on mettait un obstacle sur mon chemin, j'en étais obsédé même pendant la nuit ; mais cela changea dès que je connus l'amour de Dieu. Nous sommes transformés à l'image de Christ, dans la mesure où nous le connaissons. Nous ne pouvons nourrir du ressentiment à l'égard des autres, car nous en subirions les conséquences. Dès que nous nous apercevons que la chose a de l'emprise sur nous, il y a lieu de se « réfugier dans l'amour de Christ ! » Satan doit perdre toutes les batailles avec un enfant de Dieu ; le Père céleste est spectateur de la lutte, regardant comment se font les attaques du malin et de quelle façon les tentations arrivent, et il regarde quel est le vainqueur du combat. La victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi.

Une servante sollicita un jour son entrée en service chez nous ; elle me convenait, car elle était travailleuse, pleine de zèle, et voyait elle-même la besogne à faire. Je pensais : « Nous avons une bonne servante et ce sera une aide excellente si nous l'emmenons dans notre maison de vacances à La Punt ! » Après son entrée chez nous, nous dûmes constater qu'elle était atteinte d'une maladie qui la surprenait souvent, mais elle n'en avait rien dit. Son cas était grave ; pendant ses crises, elle devenait bleue et se débattait ; alors je pensai : « Je ne puis emmener une telle personne à La Punt. Si seulement elle s'en allait ! » Je pensais en outre qu'elle s'en irait peut-être d'elle-même si je n'étais pas aimable avec elle, mais cette Parole me reprit : « La charité est patiente et pleine de bonté ! » Je me rendis compte alors que j'avais à choisir : soit aller en enfer ou agir conformément à la Parole de Dieu. Dans de tels cas, les choses ne se passent plus selon la chair ; combien j'en suis heureux ! Le résultat fut plus grand que je ne l'avais espéré, car cette servante fut guérie. Combien souvent, j'ai rendu grâces au Père céleste d'avoir empêché son renvoi !

L'homme dont j'ai parlé précédemment et qui avait placé un locataire plutôt désagréable dans la maison que j'habitais, lui louant le terrain qui m'avait été remis à bail, me fit beaucoup de mal, tout en me mettant ainsi à une école salutaire. Je désirais aimer cet homme, mais je baissais la tête lorsque je le rencontrais et j'étais humilié, car il me considérait de haut et j'osais à peine lever les yeux sur lui. Les Écritures me disaient que je devais aimer mon ennemi, - en l'occurrence cet homme, - mais j'avais l'impression que je n'agissais pas ainsi. Cherchant à avoir un amour sentimental, je n'en trouvais pas trace et il m'était impossible de le susciter. Je suppliai Dieu de me faire don de la charité, mais ma prière était vaine et les choses en restèrent là pendant une année puis, à une certaine occasion, je lus ce verset : « N'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. » (I Jean 3 : 18.) Je dus bien admettre que j'avais fait mon possible pour être agréable à cet homme. Il sollicitait mon aide pour de nombreux travaux, sans aucun droit et, parce qu'il m'était hostile, je donnais toujours suite à ses demandes, laissant mon propre travail en suspens. Ainsi je vis que je l'aimais en actions, donc en vérité. Dès que je découvris la chose, l'amour sentimental se fit sentir.
Un jour, je le rencontrai et je dus me faire violence pour ne pas l'embrasser ; j'eus alors la liberté de le regarder en face ; ce fut son tour de baisser la tête. N'est-ce pas une expérience instruisante ? Il ignorait pourtant tout de mon combat intérieur, mais j'étais libéré ! Beaucoup d'enfants de Dieu sont abattus et se tourmentent parce qu'ils n'ont pas une conception très exacte de la Parole de Dieu. Je m'imaginais toujours que je devais ressentir en moi une charité sentimentale ; mais la charité en actions est seule valable devant Dieu et c'est la seule qu'il reconnaisse.

Il faut supporter les gens non convertis aussi bien que ceux qui sont convertis et il faut user de patience avec eux. Le Père céleste nous met en contact avec les gens qu'il juge utiles pour nous. Il sait très bien ce qui est nécessaire à notre éducation et sait de même ce qui nous est indispensable. Souvent, il nous met en rapport avec des gens qui nous sont hostiles, jusqu'à ce que nous constations qu'ils ne nous font aucun tort, mais qu'ils nous sont, au contraire, très utiles ! Beaucoup de personnes ne perçoivent pas les dispensations de Dieu à leur égard ; et elles sont dans les lamentations. Dieu cherche uniquement à nous enlever nos idées déraisonnables. C'est pour cela que l'on passe par le feu et par l'eau. Beaucoup de gens gardent rancune aux personnes qui les ont diffamés, au lieu de se réjouir. Même dans certaines familles, il arrive que les membres ne se pardonnent pas réciproquement ! Si nous ne pardonnons pas aux hommes leurs offenses, Dieu ne nous pardonne pas non plus. Rien n'est pire que d'être irréconciliable ; cela équivaut au meurtre !

Que faisons-nous lorsque nous sommes outragés à cause du nom de Christ ? Est-ce que nous bénissons ou est-ce que nous nous défendons ? Dieu m'a appris ceci : « Réjouissez-vous lorsqu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi ! » Cette parole m'a souvent remis d'aplomb. On a fait courir des choses horribles à mon égard, et j'avais souvent l'impression que je devais réagir, mais toujours je fus retenu par la Parole de Dieu. Comme j'en rends grâces à Dieu ! Si j'avais donné suite à ces impulsions, je ne pourrais plus déclarer, avec une bonne conscience, que l'on doit accepter la Parole de Dieu telle qu'elle est écrite ! Si je m'en étais référé à la loi et si j'avais porté plainte en diffamation, bien des personnes auraient eu de grandes difficultés ! Si j'avais usé de représailles en intentant des poursuites judiciaires, les personnes qui ont publié de grossiers mensonges à mon égard, dans des articles et des livres, auraient été dans l'obligation de racheter ces livres, car la diffamation est condamnable. Mais le chemin de Dieu consiste à bénir ceux qui nous calomnient et à intercéder pour eux. C'est ainsi que Jésus a agi.

Quels mensonges n'a-t-on pas répandus sur mon compte à K. ! Alors que je me trouvais à La Punt (Engadine) parut cette nouvelle dans les journaux : A 0. un père a tué ses deux fils, se suicidant ensuite. Lorsque j'appris cela dans l'Engadine, je dis que certainement, j'allais encore être accusé, bien que je ne connaissais nullement le père et les deux fils en question. Effectivement, on fit courir le bruit que la femme m'avait apporté tout l'argent qu'ils possédaient et que le mari, outré, avait tué ses enfants, puis s'était suicidé ; qu'ensuite on m'avait arrêté et mis en prison. (Pourtant, on doit être condamné préalablement en justice !) On ajoutait même que j'avais voulu me tuer d'un coup de revolver, mais que le coup n'avait pas bien porté et que j'avais été transporté à l'hôpital de B. où j'étais décédé. On savait encore que j'avais été enseveli à H.

Lorsque je revins de La Punt, je descendis du train à H. et je constatai que certaines personnes pâlissaient et étaient embarrassées en me voyant. Ignorant encore les nouvelles qui avaient paru à mon sujet je me demandai ce qui se passait. À la maison, je questionnai ma femme qui me, dit - « C'est que tu es ressuscité d'entre les morts, car il y a longtemps que tu as été enseveli ... » et elle me raconta les faits. Je lui répondis : « À présent, ils peuvent se rendre compte une bonne fois de leur façon de mentir ! » Parfois, il me semblait que notre comité devait intervenir et interpeller ces gens, ou me congédier si tout cela était vrai ! Mais, ensuite, je présidais de nouveau des assemblées et je voyais l'exhortation de la Parole de Dieu : « Heureux serez-vous, et soyez dans l'allégresse quand on dira faussement de vous toute sorte de mal ! » Oh ! la chère Parole de Dieu !
Au début, je cherchais encore à me justifier, mais ensuite, je ne le fis plus. Lorsque toutes sortes de bruits circulaient sur mon compte, il m'arrivait de penser : « À présent, les gens ne viendront plus à la réunion ; ils auront honte d'entendre un individu tel que moi ! » Mais le nombre des assistants allait toujours en augmentant et je me rendis enfin compte que le règne de Dieu s'établit par les souffrances et c'est pourquoi l'on se réjouit de souffrir avec Christ. L'apôtre Paul dit qu'il portait en son corps ce qui manquait aux souffrances de Christ ! Nous ne sommes qu'une fois dans ce monde et nous avons tout motif de nous réjouir de souffrir ! On ne meurt qu'une seule fois : Il s'agit uniquement de placer sa confiance en Dieu et de prendre ainsi la bonne attitude !

S'il y a des personnes qui s'érigent volontiers en seigneurs et maîtres, Dieu sait parer à cela ; il en suscite d'autres ayant aussi leur mot à dire, de sorte qu'on s'aperçoit tout à coup que c'est Dieu qui dirige toutes choses et non les hommes ! Lorsque le roi David fuyait devant son fils Absalom, et que Schimeï, le rencontrant, l'injuriait et lui lançait des mottes de terre, un des hommes qui accompagnaient le roi lui dit : « Laisse-moi, je te prie, aller lui couper la tête ! » Mais le roi répondit : « Laisse-le, et qu'il maudisse, car l'Éternel le lui a dit ! » (Il Sam. 16 : 5-14.) David ne prenait pas seulement de la main de Dieu ce qui vient d'en-haut, mais également ce qui vient d'en-bas ou de côté, les pierres et les mottes de terre.

Combien souvent ai-je été obligé d'imputer ! Certaines personnes m'offensaient continuellement et je savais que je n'étais pas en droit de leur imputer leurs offenses. Au début, j'estimais qu'elles devaient s'humilier, mais ensuite je constatai : « Dieu me met à l'épreuve pour voir si je ne garde pas rancune et si je prends l'attitude biblique. Si je ne pardonne pas, il ne me pardonnera pas non plus ! » Ainsi, la question me concernait personnellement. Je ne voulais plus y penser et cherchais à oublier ces offenses, mais même la nuit j'étais tourmenté par elles ; me retournant dans mon lit, j'essayais d'échapper aux insinuations du diable, mais il me harcelait. Parfois, je croyais avoir la victoire, mais ensuite tout était à recommencer ; je me disais : « C'est inadmissible ! » Enfin je trouvai le chemin biblique en pensant : « On vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez ». Dieu pense de moi exactement comme je pense de cet homme. J'étais fixé et je savais que l'affaire prendrait une mauvaise tournure pour moi car, si j'ai quelque chose contre mon frère, Dieu aura aussi quelque chose contre moi. Ainsi je commençai à prier pour celui qui m'offensait et je pus oublier l'affaire. Plus tard, le chapitre 13 de I Corinthiens m'aida encore davantage. À une certaine occasion, une soeur appartenant à une autre communauté déclara devant moi : « À présent, je sais de quelle manière on peut mettre en pratique le chapitre 13 de I Corinthiens : il s'agit tout simplement d'y substituer notre nom ! » C'est ce que je fis de la façon suivante : « Berger est patient et plein de bonté, Berger ne fait rien de malhonnête, il ne s'irrite pas, il n'impute pas le mal, etc. ». Mais je constatais que Berger n'était pas toujours ainsi, donc je n'étais pas aidé en introduisant mon nom. Je voulais aussi porter des fruits mais - heureusement - je n'en voyais point.

Un jour je lus : « Le fruit de l'Esprit c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance ». (Gal. 5 : 22.) Il n'est pas écrit que ce sont là les fruits de « Berger », mais de « l'Esprit ! » Ce fut alors une joie pour moi de savoir que l'Esprit de Dieu est répandu en moi, et j'entrai dans le repos, l'amour est ainsi. Puis je lus encore ceci : « Dieu est amour » donc, Dieu est comme il est écrit dans I Corinthiens 13, et ceci encore : l'amour de Dieu est répandu dans mon coeur. Dès lors je pouvais dire, lorsque les tentations m'assaillaient : « L'amour est patient et plein de bonté, etc. » c'est-à-dire l'amour qui est répandu en moi. Voilà ce qui fut mon secours et celui de bien d'autres personnes encore. Je tenais une série de réunions d'évangélisation à Berne ; cinq minutes avant le commencement de la réunion, ma femme arriva ; elle m'apportait une lettre volumineuse d'un frère avec qui j'étais très intimement lié et me raconta en même temps ce que ce frère écrivait à mon sujet. J'en fus bouleversé et pensai : « Je ne retournerai pas de sitôt chez lui ! » L'heure du culte était arrivée et je lus I Corinthiens 13. - Je tiens beaucoup d'études bibliques pour moi-même, car je ressens le grand besoin de m'exhorter ! -
L
e culte terminé, je baisai ma Bible : j'étais guéri et il en était de même pour ma femme, car, avant la réunion, nous étions oppressés tous les deux par cette lettre. Ce n'est que quinze jours plus tard que je pris personnellement connaissance de son contenu ; il ne restait plus la moindre trace d'amertume en moi. Lorsqu'on n'impute plus, c'est de la félicité. Notre Sauveur, qui s'est donné lui-même en rançon pour nous, habite en nous, produisant le vouloir et l'exécution selon son bon plaisir. Il accomplit l'oeuvre commencée, exécutant en nous la justice telle que l'exige la loi. (Rom. 8 : 4.) Que nous reste-t-il encore à faire ? Je ne vois qu'une chose, celle de me réjouir au sujet de ce qu'il a accompli pour moi et de ce qu'il opère en moi. Nous, qui croyons, nous entrons ainsi dans le repos. C'est tout autre chose que de partir en campagne avec le mot d'ordre : « Maintenant il faut se tenir sur ses gardes ! »

Lorsque j'étais enfant, je devais passer près d'une ferme où était un chien méchant ; du moins il était très agressif à mon égard. Pour marcher sans bruit, je quittais la route, mais ce chien me suivait et j'avais très peur de lui quoique mon père m'eût dit de ne rien craindre. Il arrivait que mon père m'accompagnait et je me gardais de quitter le chemin, je cherchais même à faire du bruit en donnant des coups de pied aux cailloux, pensant : « Si seulement le chien venait ; mon père est là ! » Ce dernier lui aurait certainement fait voir qui est le plus fort, mais l'animal ne venait pas ! Il en est ainsi dans le domaine spirituel : Nous sommes bientôt à terre si nous avons peur du péché, mais il est de toute évidence que le « chien » ne viendra pas, si nous savons que le Père céleste est avec nous ! Il s'agit ici d'une attitude à prendre pendant toute notre vie. Dieu se révèle à celui qui lui demande d'être éclairé.

Progresser dans la foi consiste à se reposer toujours plus complètement sur Dieu et son oeuvre. C'est ainsi que je reçus la « clé » de ce mystère au moyen du chapitre 13 de I Corinthiens, et par cette parole : « Car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis », apprenant en même temps à ne pas garder rancune, mais à pardonner comme Christ a pardonné. Dès ce moment-là et lorsque l'amertume voulait m'envahir, par la grâce de Dieu cette conviction profonde m'est restée : « Cela ne t'est pas permis, sinon tu iras à la perdition ! » Toute notre vie est réglée par Dieu; il veut nous transformer à son image afin qu'il puisse habiter en nous, désirant nous avoir complètement à son service : corps, âme et esprit.
Les siens forment son temple et dans ce temple, ne doit absolument rien se trouver qui le déshonore.

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