Celui qui
croit en moi, comme dit l'Écriture, des
fleuves d'eau vive couleront de son
sein.
(Jean
7 :
38.)
Il a
donné
les uns comme
évangélistes.
(Eph.
4 :
11.)
Celui qui croit en moi, comme dit
l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront
de son sein - non pas des ruisseaux, ou une
fontaine, ou des gouttes, mais des fleuves,
à condition de croire comme dit
l'Écriture. On ne peut concevoir la Bible
par le raisonnement, et le Seigneur Jésus ne
dit pas : « Celui qui croit selon la
raison, selon la philosophie,
selon les enseignements humains, mais :
« comme dit
l'Écriture ». C'est une
grâce inestimable que de croire ainsi.
C'est aussi une grâce de pouvoir
prouver, par l'Écriture sainte, tout ce que
nous annonçons. C'est pourquoi j'attache une
telle importance à annoncer
l'Évangile de Christ tel qu'il est
écrit, et à m'en tenir strictement
à l'enseignement des apôtres, d'autant
plus que l'apôtre Paul atteste
expressément : « Mais, quand
nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait
un autre Évangile que celui que nous vous
avons prêché, qu'il soit
anathème. Nous l'avons dit
précédemment, et je le
répète à cette heure : si
quelqu'un vous annonce un autre Évangile que
celui que vous avez reçu, qu'il soit
anathème ! Et maintenant, est-ce la
faveur des hommes que je désire, ou celle de
Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire
aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes,
je ne serais pas serviteur de Christ ».
(Gal.
1 : 8-10.)
Il est encore écrit :
« Toute Écriture est
inspirée de Dieu, et utile pour enseigner,
pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans
la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli,
et propre à toute bonne oeuvre »
(II
Tim. 3 : 16-17.)
Fondés sur ces paroles, nous
éprouvons la doctrine de quiconque. La
Bible, du commencement à la fin, est pour
nous la Parole de Dieu, tant l'Ancien Testament que
le Nouveau ; les deux forment une unité
indissoluble.
Celui qui boit de l'eau vive, aura faim
ensuite d'une nourriture solide, parce que
les premiers
éléments de l'enseignement divin ne
lui suffisent plus.
(Hébr.
5 : 12-14.) Car il
est écrit : « Mais la
nourriture solide est pour les hommes faits, pour
ceux dont le jugement est exerce par l'usage
à discerner ce qui est bien et ce qui est
mal.
(Hébr.
5 : 14.)
Quelle est donc cette nourriture
solide ? Au début de la vie
chrétienne, beaucoup ne voient pas encore
qu'ils sont justes et saints.
Ils ne
voient pas de justes, pas de saints, pas de
parfaits, et bien d'autres choses encore leur
échappent. Ils n'ont pas encore connu le
sacrifice de Jésus-Christ qui dure
éternellement ; mais, s'ils continuent
de boire à la source de la Vie, ils
découvrent alors qu'ils sont rendus justes,
par la foi en Jésus
(Rom.
5 : 1) et non seulement
cela, mais ils réalisent qu'ils sont
sanctifiés par le sacrifice du corps de
Christ, en une seule fois
(Hébr.
10 : 10.) C'est ce
qu'ils confessent alors avec joie ! Car
Jésus nous a réconciliés et
nous a fait paraître devant Dieu, saints,
irrépréhensibles et sans reproche,
selon Col.
1 : 22. Voilà
l'aliment « solide » que tous
ne supportent pas, de même que ce qui est
écrit dans Romains
8 : 30.
Au début, quand j'exhortais les
auditeurs, je condamnais le péché
d'une façon énergique et de toutes
mes forces, démontrant qu'il fallait
absolument rompre avec lui. On me faisait
opposition, mais je ne cédais pas car je
constatais que des personnes se convertissaient,
tandis que les prédicateurs qui me
résistaient n'étaient le moyen
d'aucune conversion. Il est aussi
écrit : « Crie à plein
gosier, ne te retiens pas,
élève ta voix comme une trompette,
annonce à mon peuple ses iniquités et
à la maison de Jacob ses
péchés ».
(Esaïe
58 : 1.) Quand on ne
condamne plus l'iniquité et que l'on ne
parle que de l'amour, on ne sert plus à ceux
qui écoutent que de « l'eau
sucrée », et la partie est perdue.
Si nous ne dénonçons pas les
péchés qui sont
énumérés dans Galates
5 19-21, nous sommes des
chiens muets.
(Esaïe
56 : 10.) Dieu exige
que nous dénoncions les oeuvres qui
produisent la mort spirituelle. La Bible nous met
en garde contre l'impudicité,
l'impureté, la dissolution. Dieu voit tout
ce qui se passe, jusque dans les étables et
les plus sombres recoins. La Bible parle de la
peste « qui marche dans les
ténèbres » et de
« la contagion qui frappe en plein
midi ». Elle parle également des infâmes (sodomites).
Un frère évangélisait
un jour et condamnait ce péché,
reprenant sévèrement ceux qui s'y
adonnent. Je vins remplacer ce frère et,
tout à coup, le maire et le gendarme se
présentèrent, demandant à
parler à l'évangéliste qui
m'avait précédé. Je leur
demandai pour quel motif ils étaient venus
et ils répondirent : « Il a
parlé d'impudicité et cela même
devant des enfants, ce qui est
intolérable ». Je
répliquai : « Quand ces
choses sont pratiquées vous
n'intervenez pas, mais quand un frère se
permet de mettre les gens en garde contre
elles, vous venez protester ! Et vous
êtes la police ? » Ils
s'éloignèrent précipitamment.
De nos jours, beaucoup de personnes, même de
celles qui veulent se convertir, n'osent plus
nommer les péchés par leur nom. C'est pourquoi
elles n'obtiennent
pas
la grâce. Elles disent bien :
« Je suis un pécheur, un grand
pécheur », mais refusent de nommer
leurs péchés par leur nom.
J'avais souvent l'impression que je devrais
pouvoir prêcher mieux et que pour cela je
devrais un peu étudier. Il me semblait que
si j'avais fait des études, lu beaucoup de
livres, j'aurais pu préparer mes
réunions et profiter des connaissances
acquises ! Mais, par bonheur, je ne pouvais
supporter l'étude, elle me causait des maux
de tête. Ils perdront la vie ceux qui lisent
beaucoup de livres dans le but d'augmenter leur
savoir, pour devenir de grands hommes, afin
d'être considérés, sans se
préoccuper des desseins de Dieu à
leur égard ! « Ce qui est
élevé parmi les hommes est une
abomination devant Dieu. »
(Luc
10 : 15.) La meilleure
formation est celle de croire en Jésus et de
marcher avec lui, jour après jour, devant sa
face. Pour mon compte, je me sens inapte, j'ai peu
de mémoire mais, plus je me sens
dénué de tout, mieux cela vaut pour
moi. J'ai été souvent dans de grandes
détresses lorsque, avant une réunion,
je feuilletais ma Bible sans pouvoir trouver de
texte. Je présidai une fois une
évangélisation à Rinderwald.
Je n'avais pas encore trouvé un texte
quand tout à coup le verset suivant se
présenta à mon esprit :
« Femmes insouciantes, levez-vous,
écoutez ma voix ! Filles indolentes,
prêtez l'oreille à ma parole !
Dans un an et quelques jours, vous tremblerez,
indolentes !
(Esaïe
32 :
9-11) » Je pensai :
« Mais ici les femmes ne sont pas
orgueilleuses ; ce sont
des
femmes simples, donc ce texte ne convient
pas ». Mais ces mots continuaient
à résonner en moi :
« Malheur à vous, femmes
orgueilleuses ». J'indiquai un cantique,
puis un second, en attendant de recevoir un autre
texte, mais je n'en reçus point d'autre et,
finalement, je parlai sur celui-là. Neuf
femmes se convertirent, dont sept qui
étaient assises sur le même banc.
C'est Dieu qui m'avait ordonné de parler
ainsi. Convaincues de leur vanité, elles
crurent tout simplement ce verset :
« Dans un an et quelques jours vous
tremblerez, indolentes »
persuadées que leur fausse
sécurité serait changée en
tremblement.
Un jour, un homme que je ne connaissais pas
vint me voir à Dürrgraben. Ensemble,
nous lûmes et commentâmes Romains
8 : 26. J'ignorais
à quel point cet homme était
neurasthénique, mais quand nous
arrivâmes au verset
28, sa neurasthénie se
dissipa. Il désira ensuite avoir des
réunions chez lui. Beaucoup de personnes se
convertirent dans cette contrée de R.,
surtout des hommes. Je commençai aussi des
réunions chez son beau-père et
là, des miracles se produisirent ; il
nous arriva notamment quelque chose
d'extraordinaire. Pour m'y rendre, un voisin et un
ouvrier m'accompagnaient et la route était
longue. Tout à coup, arrivés au haut
d'une colline, nous ne pûmes plus avancer,
nous étions comme cloués au sol. Nous
nous mîmes à prier et l'un de mes
compagnons frappa le sol du pied en chantant :
« Jésus vit, Jésus
triomphe, Alléluia, Amen ! »
Puis, nous pûmes de nouveau avancer. Je
pensai en moi-même :
« Ces démons seront certainement
de nouveau en embuscade quelque part »
mais je n'en soufflai mot. À cet instant
même le frère se mit derechef à
frapper du pied et à chanter :
« Jésus vit, Jésus
triomphe, Alléluia, Amen ! »
Nous eûmes ensuite une réunion
merveilleuse ; les auditeurs remplissaient
trois grandes chambres et je me tenais debout
près d'une des portes. Après
l'allocution, le frère qui avait
chanté en route pria, puis je pris de
nouveau la parole. C'est alors que le
propriétaire de la maison commença
à confesser ses péchés, et
après lui sa femme, puis les membres du
choeur ; ce fut une soirée
remarquablement bénie, on sentait la
puissance de Dieu. Le diable le savait, c'est
pourquoi il nous avait opposé une telle
résistance sur notre chemin.
En ce même endroit, j'ai
réalisé d'autres miracles. Un jour,
je voulus prier dans ma chambre après la
réunion ; mais il m'était
impossible de le faire, j'étais comme
emmuré. J'ouvris alors brusquement la
fenêtre et je fus libéré ;
puis j'eus la vision d'un acte entaché de
sang. À la réunion suivante, je
déclarai qu'une des personnes
présentes à la réunion
précédente avait un meurtre sur la
conscience. Personne ne se dénonça
mais, deux jours après, je reçus une
lettre de la coupable qui n'avait pas
assisté à la dernière
réunion, mais à laquelle on avait
rapporté ce que j'avais dit.
Lors d'une évangélisation en
Suisse orientale, j'étais logé chez
le maire de la commune, un homme pieux. Sa femme,
sa fille et son fils assistèrent à la
première réunion. De retour à
la maison, la fillette dit
à son père : « Papa,
fumer est un péché ! »
Il répondit : « Tiens, tiens,
aurais-tu écouté pour
moi ? » La petite se mit à
pleurer et répondit : « J'ai
bien écouté pour moi
aussi ». Le père plaida sa cause,
puis je lui dis : « Quand tu seras
né de nouveau, tu ne te disputeras plus
à cause du tabac ». Alors il
déclara qu'il n'assisterait pas à ces
réunions. Le jeudi il y vint tout de
même ; j'avais comme texte :
« Tout genou fléchira devant moi,
toute langue jurera par moi : En
l'Éternel seul, me dira-t-on, j'ai la
justice et la force. À lui viendront pour
être confondus tous ceux qui étaient
irrités contre lui ».
(Esaïe
45 : 23-24.)
J'appuyai sur la phrase : « Tout
genou fléchira devant moi ». C'est
ainsi que nous devons nous soumettre à la
Parole de Dieu et ne la contredire en aucun cas.
Ensuite, nous devons confesser de notre bouche, en
disant : « En l'Éternel seul,
j'ai la justice et la force ».
Autrefois, je priais toujours :
« Donne-moi de la
force ! » mais à
présent, je dis : « En
l'Éternel, j'ai la force ».
Après la réunion, ce père
demanda à sa femme : « Que
répétait-il toujours ce
soir ? » Il questionna
également sa fillette : « Sur
quoi a-t-il toujours insisté ? - Nous
devons dire : « En l'Éternel
j'ai la justice et la force ». Il me posa
les mêmes questions. Arrivé à
la maison, il se rendit à l'étable
où il écrivit ce verset sur une
poutre avec de la craie. Le samedi suivant, il
rendit ce témoignage : « A
présent ce verset est écrit non
seulement sur la poutre de mon étable, mais
il l'est aussi dans mon coeur : « En
l'Éternel j'ai la justice
et la force ». Dieu s'était
révélé à lui et il
reçut la paix.
Un jour, un maître d'école se
convertit ; il était directeur d'un
grand choeur d'hommes dans lequel se trouvaient des
personnes très influentes. Lorsqu'il se
convertit, il ne déclara pas aux
membres : « Maintenant je ne puis
plus diriger le choeur ». Non, il
continua comme de coutume et, pour commencer, il
lut quelques versets de la Bible et pria. Puis il
dit : « Dorénavant, nous ne
chanterons plus tels chants, car je me suis
converti à Dieu ». Les membres de
ce choeur ne purent supporter cela car ce
frère n'agissait plus comme ils le
désiraient. Quand Dieu saisit les hommes,
ils n'ont plus de crainte, et ne se laissent plus
intimider par ce que les gens pensent d'eux.
Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu'un bâtit sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l'oeuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui il sera sauvé, mais comme au travers du feu.
(I Cor. 3 : 11-15.)
Quand je réalisai la nouvelle naissance,
ma joie était telle que je pensais qu'il
était impossible à l'homme de
ressentir quelque chose de plus beau.
J'étais dans le bonheur, travaillant et
servant Dieu aussi bien qu'il m'était
possible. Mais ma position intérieure
pouvait être comparée à ce
moment-là à la parole
d'Esaïe
57 : 10 :
« Tu trouves encore de la vigueur en ta
main, aussi n'es-tu pas dans
l'abattement ! » Puis vinrent les
années où Dieu me dépouilla de
mes propres oeuvres ; il prit mon
éducation en mains. « Celui qui
perd sa vie la trouvera. » Je
souhaiterais une période analogue à
beaucoup de chrétiens.
J'évangélisais depuis
longtemps et beaucoup de gens s'étaient
convertis, mais un jour Dieu me montra dans une
vision que tout mon travail serait consumé
par le feu. Dans une autre vision il me fit voir
comment mon travail pourrait subsister. Dans la
vision je me trouvais dans un pré, où
j'avais fauché six andains bien droits,
propres, exacts et de même longueur. À
ce moment s'éleva un vent torride qui
calcina tout ; il ne resta que des cendres.
Ensuite je me vis transporté dans un autre
lieu ; la, j'assistai en spectateur à
la crucifixion de Jésus ; son bras
droit était tiré sur la croix et on
lui enfonçait les clous à travers les
mains ; je ne pouvais regarder plus
longtemps !
Puis, toujours en vision, je me vis
transporté de nouveau au premier endroit, et
là se trouvait un seul andain, mal
fauché, sans façon ; l'herbe
était en désordre complet et couverte
de rosée. J'avais le sentiment :
« C'est là ton travail, et
pourtant ce n'est pas toi qui
l'as fauché ! » Le même
vent brûlant souffla à nouveau, mais
l'andain ne fut pas consumé, il demeura tel
qu'il était et la rosée même
subsista sur l'herbe. Je savais que Dieu voulait me
dire quelque chose par cette vision, mais je ne
comprenais pas. Je croyais annoncer la
vérité conformément à
la Parole de Dieu, et que je ne pouvais faire
mieux. Je m'en tenais à la Parole de Dieu
aussi loin que je l'avais comprise.
Néanmoins ma prière fut :
« O Dieu, explique-moi ce que tu veux me
dire par cette vision ».
Six années passèrent avant que
mes yeux ne s'ouvrissent. Cela se produisit
lorsqu'un frère vint dans la contrée,
disant que lorsque la vie divine se manifeste
à un endroit, les choses doivent se passer
de telle et telle manière. Je croyais que
nous possédions la vie parmi nous ; les
gens se convertissaient et étaient heureux.
Lorsque ce frère parla ainsi, je fis la
réflexion suivante : « Tu
veux nous faire entendre par là qu'il n'y a
point de vie divine ici pour dire ensuite que c'est
toi qui l'a apportée ». Je fus
néanmoins tourmenté et, en rentrant
à la maison, je me posai la question
suivante : « Mais pourquoi cela ne
te laisse-t-il pas en repos ? Quand on est
obligé de se défendre, il est clair
qu'on a tort et que l'autre a
raison ! » Je m'humiliai devant
Dieu, lui demandant d'être
éclairé à ce sujet. Puis cette
parole me préoccupa longtemps :
« La loi a été
donnée par Moïse, mais la grâce
et la vérité sont venues par
Jésus-Christ ».
Ne sachant où se trouvait la ligne de
démarcation entre ces deux
ministères, je cherchai à la
connaître et je priai :
« Père, montre-moi la limite entre « la
loi » et « la grâce et la
vérité ! » C'est alors
qu'il me fit voir que la vérité
affranchit, tandis que la loi ne le peut. Sous la
loi, on arrive bien à renoncer à
telle ou telle chose, mais on n'est pas
véritablement libre. Pendant les
réunions d'évangélisation,
j'affirmais souvent avec force :
« Je vous ai dit la vérité,
mes mains sont pures de sang ». Mais
dès le moment où je commençai
à discerner la limite entre la loi et la
grâce, je ne me hasardai plus à dire
cela.
Durant cette période, Dieu me mit
« dans la poussière de la
mort ». Je pourrais dire aussi qu'il me
fit traverser la vallée de l'ombre de la
mort, jonchée de crânes humains, telle
qu'elle est décrite dans le
« Voyage du pèlerin » de
Bunyan. Tout me condamnait, ce que je faisais,
comme ce que je ne faisais pas, qu'il s'agisse de
n'importe quoi. J'avais le sentiment d'être
un fainéant. Quand je faisais des visites,
il me venait à l'esprit :
« Tu vis une vie propre, tu ne fais que
te réjouir avec les gens ! »
Cela me paraissait être une vie
égoïste. Tout me condamnait, même
ma vie de prière. L'accusateur
m'insinuait : « Autrefois tu priais,
maintenant tu ne pries plus » ; et
cependant je priais comme avant, mais la tentation
me faisait croire que tout était
changé, qu'au plus profond de moi tout
était aride et sec. J'étais dans une
grande détresse, et je n'osais plus
confesser le nom de Jésus comme j'en avais
l'habitude. Autrefois je pouvais dire :
« Si je dois mourir, je
mourrai », et je poursuivais mon chemin,
mais maintenant il me semblait que l'Esprit de Dieu
m'avait abandonné. Auparavant, dès mon
réveil, tout chantait en moi :
« Mon âme, bénis
l'Éternel ! » Mais à
présent, j'avais toutes sortes de
rêves obsédants et le matin venu, les
versets suivants tintaient à mes
oreilles : « Va, paresseux, vers la
fourmi, considère ses voies ».
À cette époque-là
j'étais malade ; si j'avais
été bien portant, j'aurais repris un
élan, mais, dans ces circonstances, j'en
étais incapable ; je souffrais des
nerfs. Il me semblait que j'étais plus
mauvais qu'avant ma conversion. Malgré cela,
je me confiais sans relâche en la
grâce, je la louais dans les
assemblées, j'ose l'affirmer ; j'aurais
été honteux de me plaindre. Je
m'appuyais avec une confiance immuable sur l'oeuvre
que Jésus a accomplie pour moi. Les versets
suivants
d'Esaïe
54: 9-10 me
fortifièrent tout
particulièrement : « Comme
j'avais juré que les eaux de Noé ne
se répandraient plus sur la terre, je jure
de même de ne plus m'irriter contre toi, et
de ne plus te menacer. Quand les montagnes
s'éloigneraient, quand les collines
chancelleraient, ma grâce ne
s'éloignera point de toi, et mon alliance de
paix ne chancellera pas, dit l'Éternel, qui
a compassion de toi ! » Et combien
cette parole me restaura :
« L'Éternel qui a compassion de
toi ! » Je me cramponnais à
ces versets. Alors il me vint à
l'idée : « Tu t'illusionnes,
car il est aussi écrit : « Tu
dois, il faut ! » Bien des fois je
pensais : « Les choses vont mal pour
toi, cela devrait être tout
autrement ». Je lisais aussi cet
avertissement : « Travaillez
à votre salut avec crainte et
tremblement » et je voulais m'y conformer
en agissant ; ce n'est
que
plus tard que je m'aperçus qu'il
était dit plus loin :
« Car c'est Dieu qui produit en vous
le vouloir et l'exécution selon son bon
plaisir ».
(Phil.
2 : 13.)
Dans ces moments de lutte, je m'attachais
aussi à la promesse de Romains
4 : 5: « Mais
à l'égard de celui qui ne fait point
d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie
l'impie, sa foi lui est imputée à
justice ». Lorsque tout me condamnait, je
récitais ce verset des centaines de fois par
jour. En faisant cela, j'employais
précisément l'arme la plus efficace
dans le combat de la foi. C'est ainsi que je
triomphai de l'ennemi, mais c'est plus tard
seulement que je m'en rendis compte.
Finalement, je sortis de cette situation en
commentant dans une réunion le Psaume
23: « Il me conduit
dans les sentiers de la justice, à cause
de son nom ». Alors je vis clairement
que c'était Dieu qui m'avait conduit, et non
le diable, comme je l'avais supposé. Pendant
ce temps d'épreuves j'appris à
croire, même là où il n'y avait
plus sujet d'espérer. Alors ma
« petite fleur » tomba,
c'est-à-dire la joie à ma propre
activité, à mes propres oeuvres,
à mes succès, mais la Parole de Dieu
demeure éternellement
(I
Pierre I : 24-25). Je compris
que Dieu faisait mon éducation et,
aujourd'hui, je lui en suis très
reconnaissant. Je croyais toujours qu'il s'agissait
de la mort quand je lisais cette parole :
« L'herbe sèche et la fleur
tombe ». Mais c'est bien lorsque Dieu
nous dépouille de notre vie propre - celle
qui découle de nos oeuvres - en la
flétrissant. Cela concorde aussi avec Galates
4 : 30 :
« Chasse l'esclave et son fils, car le fils
de l'esclave
n'héritera pas avec le fils de la femme
libre ». Le fils représente la
« belle petite fleur »,
l'esclave c'est la loi. Dieu m'accorda la
grâce de me fonder sur sa Parole, de me
confier en ses promesses, même s'il me
semblait n'y avoir aucun droit. Et ainsi, il me
resta la Parole. Au cours de cette
réunion, à la lecture de ce verset
3 du Psaume 23, il me fut
révélé :
« C'est Dieu qui m'a conduit, et cela
dans des sentiers unis ». Je fus
guéri, et d'autres qui m'écoutaient
le furent aussi.
Six ans après, je lus dans une
étude biblique la parole de I
Cor. 3 : 11-15:
« Personne ne peut poser un autre
fondement que celui qui a été
posé, savoir
Jésus-Christ ». Cet
après-midi-là, je compris soudain le
sens de la vision que j'avais eue au sujet des
andains brûlés par le vent torride, et
de l'andain couvert de rosée qui avait
résisté à l'épreuve de
la chaleur. Une construction en bois, couverte de
foin et de chaume, conserve la chaleur, il est
vrai, mais ne résiste pas au feu. Je compris
que, jusque-là, j'avais construit avec du
bois, du foin et du chaume. Je pressais les gens de
se repentir et de croire en Dieu et au salut en
Jésus-Christ, ce qui est indispensable. Mais
ensuite, je les exhortais en leur disant :
« Maintenant, il faut le prouver par
votre vie ! » Cela avait de la
valeur, surtout aux yeux des gens qui
étaient pieux, mais en agissant ainsi, je
les mettais sous la loi et non dans la
grâce.
Nous lisons que l'apôtre Paul
(Actes
13) a annoncé le salut
qui est en Jésus-Christ à Antioche en
Pisidie. Il prêchait qu'en
Jésus-Christ nous avons la rémission des
péchés et de toutes les choses dont
nous ne pouvions pas être justifiés
par la loi de Moïse. « Mais
quiconque croit en lui (Christ) est
juste. » Les gens reçurent cette
parole et, quand l'assemblée prit fin, ils
suivirent Paul, « qui les exhorta
à rester attachés à la
grâce de Dieu. » Ceci est
très important. Il ne leur dit pas :
« Il vous faut maintenant fournir des
preuves ».
Si j'essaie de prouver quelque chose, c'est
que je compte tirer les preuves de mon propre
fond ; j'attends cette contribution ou cette
démonstration de moi-même ; il en
est autrement si je crois. En moi-même, je
suis tellement pauvre qu'il m'est impossible de
prendre de bonnes résolutions, elles ne
servent à rien. Mais si je me réjouis
de ce que Jésus a fait, je suis
porté. C'est alors que nous nous
élevons comme l'aigle que porte le vent, qui
plane sans même bouger les ailes, mais qui
monte toujours plus haut.
La compréhension complète de
la vision que j'avais eue ne me fut donc
accordée que six ans après ; il
y avait donc autant d'andains que d'années.
L'autre andain paraissait m'appartenir, comme si je
l'avais fauché ; j'avais cependant le
sentiment que ce n'était pas le fruit de mon
travail, mais qu'il m'appartenait quand même.
C'était l'image de l'oeuvre de Christ, me
montrant comment elle m'est imputée.
Il y a certaines fleurs qui répandent
une mauvaise odeur en se fanant. À une
conférence, nous avions une fois ce
sujet : « Être ou
paraître ». Frère Vetter
était des nôtres et il apporta sur la
chaire une fleur artificielle
rouge, et une fleur naturelle de même
couleur, ainsi qu'une branche de sapin. Tout le
monde se demandait ce qu'il comptait nous
expliquer, mais il n'y fit point allusion. Le
lendemain, la belle fleur naturelle était
laide à voir, tandis que l'artificielle
n'avait pas changé d'aspect. Il en est ainsi
quand un enfant de Dieu ne reste pas au cep.
Attaché au cep, il reste beau et frais et
porte des fruits ; séparé du
cep, il devient une chose laide.
Hénoc avait reçu le
témoignage qu'il était
agréable à Dieu, et c'est ce
témoignage que l'épouse de l'Agneau
doit également posséder. Il s'obtient
par la foi, et c'est par la foi qu'il est
gardé. Il nous vient si vite la
pensée « Il y a quelque chose qui
n'est plus en ordre ; je ne suis plus aussi
heureux que par le passé, je ne me
réjouis plus autant de l'avènement du
Seigneur ! » Je sais par quelles
épreuves on peut passer dans ces
moments-là ; j'ai parfois voulu, par
mes propres oeuvres, reconquérir la
certitude d'être agréable à
Dieu. Mais, comme je l'ai déjà dit,
tout cela ne m'a servi à rien, il ne me
restait qu'à croire de nouveau.
Le Cantique des cantiques me fut une aide
efficace ; l'époux vante la
beauté de l'épouse, et celle-ci se
glorifie de son époux. Cela me fit voir que
l'attitude la plus simple consiste à louer
l'époux et à croire ce qu'il dit des
siens : « Tu es toute belle, ma
bien-aimée, et il n'y a point de tache en
toi ».
(Cant.
4 : 7.) C'est par cette
parole que la lumière se fit en moi.
L'époux ne fait que répéter ce
qu'est l'épouse ; il faut que l'Eglise
le sache : « Le Maître m'a créée
ainsi ».
(Ezéch.
16.) Il l'a
trouvée baignant dans son sang ; il l'a
recherchée et l'a acquise par son
travail ; il a fait alliance avec elle et l'a
comblée de joyaux - tout ceci est à
comprendre spirituellement - de bijoux, de
chaînettes, d'un diadème, de boucles
d'oreilles ; elle mangeait uniquement des
gâteaux de fleur de farine, du miel et de
l'huile. Quand l'homme est en communion avec Dieu,
il cherche ce qui est en haut, il ne se lamente
plus et ne se plaint pas, mais il se glorifie en
Christ. C'est pourquoi nous devons nous exercer
à la piété. Et comment
pourrions-nous nous y exercer, si nous ne
considérons pas tout ce que nous avons en
Dieu, voyant comment il prend soin de nous, et la
récompense qu'il nous accorde quand nous
agissons selon sa volonté !
Quand un ami nous fait beaucoup de bien, on
se réjouit de le rencontrer et de le voir.
Et c'est quand nous connaissons tous les biens que
nous avons en Dieu que nous pouvons nous exercer
à la piété. - Notre
connaissance est encore partielle, mais il s'agit
d'une richesse incommensurable. - Un enfant de Dieu
ne reçoit jamais le témoignage
d'être agréable à Dieu par les
oeuvres de la loi, mais uniquement par la foi,
ainsi qu'il est écrit
(Hébr.
11 : 6) :
« Sans la foi il est impossible de lui
être agréable ». Je me
souviens combien cette parole m'aida au temps
où Dieu me dépouillait de mes propres
oeuvres. J'en étais réduit à
croire sans ressentir quoi que ce soit. La parole
du Psaume
103 : 14 fut mon appui
jusqu'au bout : « Il se souvient que
nous sommes poussière ».
En ce temps-là, tout ce que je
faisais me paraissait être entaché de
péché ; la grâce
était ma seule ressource. Combien peu de
personnes persévèrent dans la foi
quand Dieu les fait traverser des périodes
semblables ! Oh ! si l'on s'apercevait
combien ces temps-là sont
bénis ! « Je veux la conduire
au désert, et parler à son
coeur. » Au désert, rien ne
pousse ; tout est sec et aride. Heureux celui
qui croit : « Dieu me parle
aimablement » donc il n'est pas
irrité contre moi, il me parle aimablement.
Car il a juré de ne plus s'irriter, et de ne
plus me menacer. Cette parole :
« Mais à l'égard de celui
qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui
qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée
à justice » est valable, non
seulement jusqu'à la nouvelle naissance,
comme je le croyais, mais à toujours.
À la fin de cette période
d'épreuves j'ai compris, comme jamais
auparavant, ce que signifie cette promesse de
Dieu : « Je jure de ne plus
m'irriter contre toi, et de ne plus te
menacer. »
(Es.
54). Quel homme suis-je donc si
je m'imagine qu'il est mécontent ? En
admettant cela, je mépriserais sa
chère Parole ! Le chemin qui passe
à travers les tentations et les afflictions
se révèle toujours plus beau.
La persévérance dans
l'adversité vaut mieux qu'un enthousiasme
passager. Quand Dieu me conduisit ainsi à
travers le désert, je m'examinais souvent,
me demandant si je n'avais plus la paix avec Dieu,
et pourtant tout était en ordre ; avec
persévérance je continuai à
m'appuyer sur les versets qui promettent une
rédemption éternelle, et je fis l'expérience que
les « plaines du désert sont
verdoyantes et que ses collines sont ceintes
d'allégresse ! » Ces collines
sont les difficultés et les tentations que
nous rencontrons. À cette école, si
au début on ne compte qu'avec les
difficultés, on apprend ensuite à
combattre avec ce verset :
« Regardez comme un sujet de parfaite
joie les diverses épreuves auxquelles vous
êtes exposés, sachant que
l'épreuve de votre foi produit la
patience ». Dieu nous tient bien plus
fermement dans sa main que nous ne le pensons.
De tels temps d'épreuve nous sont
indispensables, et ceux qui
persévèrent croient contre tout sujet
d'espérer. Il est dit de Jésus dans
Esaïe 42 : 4 : « Il ne se
découragera point et ne se relâchera
point, jusqu'à ce qu'il ait établi la
justice sur la terre ». À quel
point n'a-t-il pas été
méprisé ! Mais il ne se
découragea point ! Il est important
pour tous les ouvriers du royaume de Dieu de ne pas
se laisser abattre ni décourager, mais de
croire, là même où tout espoir
semble vain. Il n'y a rien de meilleur pour nous
sauver de notre misère.
Il y avait un frère qui parlait, au
figuré, de « ses
chevaux ». Il disait qu'il avait voulu
aller au ciel dans une calèche à
trois chevaux ; le cheval de gauche s'appelait
« la foi », celui de droite
« bonne volonté » et
celui de tête « à tout
prix ». Toutefois, il avait dû
s'apercevoir qu'au lieu d'avancer il avait
reculé, et que son équipage se
dirigeait non pas vers le ciel mais vers l'enfer.
Tout d'abord je ne compris pas ce que ce
frère voulait dire, jusqu'au jour où
je lus dans la Bible le passage qui parle
« des
chevaux et des cavaliers qui s'endorment, et des
flèches, de l'épée, des
boucliers et des armes de guerre qui sont
brisés ».
(Psaume
76 : 4-7.)
Moi aussi j'avais des
« chevaux » et un fouet pour
les exciter ; mais lorsque je voulus avancer
de cette manière, mes
« chevaux » s'endormirent. Je
me rendis à l'évidence que tous nos
efforts sont vains. Ce n'est que lorsque nous
comptons sur ce que Jésus a accompli que
nous avançons. En fin de compte, je me
hasardai à me reposer. Quand il n'y a plus
de « chevaux » pour tirer, il
faut bien s'arrêter. « C'est dans
la tranquillité et le repos que sera votre
salut ; c'est dans le calme et la confiance,
que sera votre force. Mais vous ne l'avez pas
voulu ! Vous avez dit : Non ! Nous
prendrons la course à
cheval ! ».
(Esaïe
30 : 15.) C'est
ainsi qu'on prend un nouvel élan et que nous
disons : il faut que cela aille !
Quand je partais à l'assaut d'une
colline avec ma
« calèche », je prenais
aussi un élan et je partais à toute
allure, sans arriver jamais à atteindre le
sommet ; j'étais alors contraint de
reprendre un nouvel élan. Ma calèche
finit par perdre des rayons, des jantes ; un
brancard se brisa, et elle fut enfin démolie
à tel point qu'il n'en resta plus rien. Que
celui qui lit cela comprenne ! Combien souvent
ai-je dit : « Cette fois il faut que
cela change ! » Quelle
différence quand on peut rester tranquille,
monter en voiture, s'asseoir et découvrir
que quelqu'un d'autre tient les rênes et
conduit. Aujourd'hui j'ose m'asseoir. Il faut en
effet que nous nous reposions
sur les promesses. Quelquefois le char avance
lentement, mais toujours sûrement. Celui qui
croit et se confie en Jésus ne sera jamais
confus. C'est en se reposant dans la grâce
que nous avançons en nous hâtant,
c'est une adoration de Dieu ici-bas
déjà. Nous laissons le Sauveur
être notre conducteur et nous nous
abandonnons à lui. C'est alors qu'il
produit en nous le vouloir et l'accomplissement
selon son bon plaisir ; nous agissons
alors selon sa Parole, au jour le jour, sans
prendre de résolutions, sans faire de plans,
selon la tâche quotidienne que Dieu nous
donne. Nous n'avons plus qu'à avoir
confiance comme un enfant.
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