Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La grâce de Dieu dans notre travail

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Celui qui croit en moi, comme dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son sein.
(Jean 7 : 38.)

Il a donné les uns comme évangélistes.
(Eph. 4 : 11.)


Celui qui croit en moi, comme dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son sein - non pas des ruisseaux, ou une fontaine, ou des gouttes, mais des fleuves, à condition de croire comme dit l'Écriture. On ne peut concevoir la Bible par le raisonnement, et le Seigneur Jésus ne dit pas : « Celui qui croit selon la raison, selon la philosophie, selon les enseignements humains, mais : « comme dit l'Écriture ». C'est une grâce inestimable que de croire ainsi.

C'est aussi une grâce de pouvoir prouver, par l'Écriture sainte, tout ce que nous annonçons. C'est pourquoi j'attache une telle importance à annoncer l'Évangile de Christ tel qu'il est écrit, et à m'en tenir strictement à l'enseignement des apôtres, d'autant plus que l'apôtre Paul atteste expressément : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème. Nous l'avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ! Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ ». (Gal. 1 : 8-10.)

Il est encore écrit : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, et propre à toute bonne oeuvre » (II Tim. 3 : 16-17.) Fondés sur ces paroles, nous éprouvons la doctrine de quiconque. La Bible, du commencement à la fin, est pour nous la Parole de Dieu, tant l'Ancien Testament que le Nouveau ; les deux forment une unité indissoluble.

Celui qui boit de l'eau vive, aura faim ensuite d'une nourriture solide, parce que les premiers éléments de l'enseignement divin ne lui suffisent plus. (Hébr. 5 : 12-14.) Car il est écrit : « Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exerce par l'usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. (Hébr. 5 : 14.)

Quelle est donc cette nourriture solide ? Au début de la vie chrétienne, beaucoup ne voient pas encore qu'ils sont justes et saints. Ils ne voient pas de justes, pas de saints, pas de parfaits, et bien d'autres choses encore leur échappent. Ils n'ont pas encore connu le sacrifice de Jésus-Christ qui dure éternellement ; mais, s'ils continuent de boire à la source de la Vie, ils découvrent alors qu'ils sont rendus justes, par la foi en Jésus (Rom. 5 : 1) et non seulement cela, mais ils réalisent qu'ils sont sanctifiés par le sacrifice du corps de Christ, en une seule fois (Hébr. 10 : 10.) C'est ce qu'ils confessent alors avec joie ! Car Jésus nous a réconciliés et nous a fait paraître devant Dieu, saints, irrépréhensibles et sans reproche, selon Col. 1 : 22. Voilà l'aliment « solide » que tous ne supportent pas, de même que ce qui est écrit dans Romains 8 : 30.

Au début, quand j'exhortais les auditeurs, je condamnais le péché d'une façon énergique et de toutes mes forces, démontrant qu'il fallait absolument rompre avec lui. On me faisait opposition, mais je ne cédais pas car je constatais que des personnes se convertissaient, tandis que les prédicateurs qui me résistaient n'étaient le moyen d'aucune conversion. Il est aussi écrit : « Crie à plein gosier, ne te retiens pas, élève ta voix comme une trompette, annonce à mon peuple ses iniquités et à la maison de Jacob ses péchés ». (Esaïe 58 : 1.) Quand on ne condamne plus l'iniquité et que l'on ne parle que de l'amour, on ne sert plus à ceux qui écoutent que de « l'eau sucrée », et la partie est perdue.

Si nous ne dénonçons pas les péchés qui sont énumérés dans Galates 5 19-21, nous sommes des chiens muets. (Esaïe 56 : 10.) Dieu exige que nous dénoncions les oeuvres qui produisent la mort spirituelle. La Bible nous met en garde contre l'impudicité, l'impureté, la dissolution. Dieu voit tout ce qui se passe, jusque dans les étables et les plus sombres recoins. La Bible parle de la peste « qui marche dans les ténèbres » et de « la contagion qui frappe en plein midi ». Elle parle également des infâmes (sodomites).

Un frère évangélisait un jour et condamnait ce péché, reprenant sévèrement ceux qui s'y adonnent. Je vins remplacer ce frère et, tout à coup, le maire et le gendarme se présentèrent, demandant à parler à l'évangéliste qui m'avait précédé. Je leur demandai pour quel motif ils étaient venus et ils répondirent : « Il a parlé d'impudicité et cela même devant des enfants, ce qui est intolérable ». Je répliquai : « Quand ces choses sont pratiquées vous n'intervenez pas, mais quand un frère se permet de mettre les gens en garde contre elles, vous venez protester ! Et vous êtes la police ? » Ils s'éloignèrent précipitamment. De nos jours, beaucoup de personnes, même de celles qui veulent se convertir, n'osent plus nommer les péchés par leur nom. C'est pourquoi elles n'obtiennent pas la grâce. Elles disent bien : « Je suis un pécheur, un grand pécheur », mais refusent de nommer leurs péchés par leur nom.

J'avais souvent l'impression que je devrais pouvoir prêcher mieux et que pour cela je devrais un peu étudier. Il me semblait que si j'avais fait des études, lu beaucoup de livres, j'aurais pu préparer mes réunions et profiter des connaissances acquises ! Mais, par bonheur, je ne pouvais supporter l'étude, elle me causait des maux de tête. Ils perdront la vie ceux qui lisent beaucoup de livres dans le but d'augmenter leur savoir, pour devenir de grands hommes, afin d'être considérés, sans se préoccuper des desseins de Dieu à leur égard ! « Ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu. » (Luc 10 : 15.) La meilleure formation est celle de croire en Jésus et de marcher avec lui, jour après jour, devant sa face. Pour mon compte, je me sens inapte, j'ai peu de mémoire mais, plus je me sens dénué de tout, mieux cela vaut pour moi. J'ai été souvent dans de grandes détresses lorsque, avant une réunion, je feuilletais ma Bible sans pouvoir trouver de texte. Je présidai une fois une évangélisation à Rinderwald.
Je n'avais pas encore trouvé un texte quand tout à coup le verset suivant se présenta à mon esprit : « Femmes insouciantes, levez-vous, écoutez ma voix ! Filles indolentes, prêtez l'oreille à ma parole ! Dans un an et quelques jours, vous tremblerez, indolentes ! (Esaïe 32 : 9-11) » Je pensai : « Mais ici les femmes ne sont pas orgueilleuses ; ce sont des femmes simples, donc ce texte ne convient pas ». Mais ces mots continuaient à résonner en moi : « Malheur à vous, femmes orgueilleuses ». J'indiquai un cantique, puis un second, en attendant de recevoir un autre texte, mais je n'en reçus point d'autre et, finalement, je parlai sur celui-là. Neuf femmes se convertirent, dont sept qui étaient assises sur le même banc. C'est Dieu qui m'avait ordonné de parler ainsi. Convaincues de leur vanité, elles crurent tout simplement ce verset : « Dans un an et quelques jours vous tremblerez, indolentes » persuadées que leur fausse sécurité serait changée en tremblement.

Un jour, un homme que je ne connaissais pas vint me voir à Dürrgraben. Ensemble, nous lûmes et commentâmes Romains 8 : 26. J'ignorais à quel point cet homme était neurasthénique, mais quand nous arrivâmes au verset 28, sa neurasthénie se dissipa. Il désira ensuite avoir des réunions chez lui. Beaucoup de personnes se convertirent dans cette contrée de R., surtout des hommes. Je commençai aussi des réunions chez son beau-père et là, des miracles se produisirent ; il nous arriva notamment quelque chose d'extraordinaire. Pour m'y rendre, un voisin et un ouvrier m'accompagnaient et la route était longue. Tout à coup, arrivés au haut d'une colline, nous ne pûmes plus avancer, nous étions comme cloués au sol. Nous nous mîmes à prier et l'un de mes compagnons frappa le sol du pied en chantant : « Jésus vit, Jésus triomphe, Alléluia, Amen ! » Puis, nous pûmes de nouveau avancer. Je pensai en moi-même : « Ces démons seront certainement de nouveau en embuscade quelque part » mais je n'en soufflai mot. À cet instant même le frère se mit derechef à frapper du pied et à chanter : « Jésus vit, Jésus triomphe, Alléluia, Amen ! » Nous eûmes ensuite une réunion merveilleuse ; les auditeurs remplissaient trois grandes chambres et je me tenais debout près d'une des portes. Après l'allocution, le frère qui avait chanté en route pria, puis je pris de nouveau la parole. C'est alors que le propriétaire de la maison commença à confesser ses péchés, et après lui sa femme, puis les membres du choeur ; ce fut une soirée remarquablement bénie, on sentait la puissance de Dieu. Le diable le savait, c'est pourquoi il nous avait opposé une telle résistance sur notre chemin.

En ce même endroit, j'ai réalisé d'autres miracles. Un jour, je voulus prier dans ma chambre après la réunion ; mais il m'était impossible de le faire, j'étais comme emmuré. J'ouvris alors brusquement la fenêtre et je fus libéré ; puis j'eus la vision d'un acte entaché de sang. À la réunion suivante, je déclarai qu'une des personnes présentes à la réunion précédente avait un meurtre sur la conscience. Personne ne se dénonça mais, deux jours après, je reçus une lettre de la coupable qui n'avait pas assisté à la dernière réunion, mais à laquelle on avait rapporté ce que j'avais dit.

Lors d'une évangélisation en Suisse orientale, j'étais logé chez le maire de la commune, un homme pieux. Sa femme, sa fille et son fils assistèrent à la première réunion. De retour à la maison, la fillette dit à son père : « Papa, fumer est un péché ! » Il répondit : « Tiens, tiens, aurais-tu écouté pour moi ? » La petite se mit à pleurer et répondit : « J'ai bien écouté pour moi aussi ». Le père plaida sa cause, puis je lui dis : « Quand tu seras né de nouveau, tu ne te disputeras plus à cause du tabac ». Alors il déclara qu'il n'assisterait pas à ces réunions. Le jeudi il y vint tout de même ; j'avais comme texte : « Tout genou fléchira devant moi, toute langue jurera par moi : En l'Éternel seul, me dira-t-on, j'ai la justice et la force. À lui viendront pour être confondus tous ceux qui étaient irrités contre lui ». (Esaïe 45 : 23-24.) J'appuyai sur la phrase : « Tout genou fléchira devant moi ». C'est ainsi que nous devons nous soumettre à la Parole de Dieu et ne la contredire en aucun cas. Ensuite, nous devons confesser de notre bouche, en disant : « En l'Éternel seul, j'ai la justice et la force ».

Autrefois, je priais toujours : « Donne-moi de la force ! » mais à présent, je dis : « En l'Éternel, j'ai la force ». Après la réunion, ce père demanda à sa femme : « Que répétait-il toujours ce soir ? » Il questionna également sa fillette : « Sur quoi a-t-il toujours insisté ? - Nous devons dire : « En l'Éternel j'ai la justice et la force ». Il me posa les mêmes questions. Arrivé à la maison, il se rendit à l'étable où il écrivit ce verset sur une poutre avec de la craie. Le samedi suivant, il rendit ce témoignage : « A présent ce verset est écrit non seulement sur la poutre de mon étable, mais il l'est aussi dans mon coeur : « En l'Éternel j'ai la justice et la force ». Dieu s'était révélé à lui et il reçut la paix.

Un jour, un maître d'école se convertit ; il était directeur d'un grand choeur d'hommes dans lequel se trouvaient des personnes très influentes. Lorsqu'il se convertit, il ne déclara pas aux membres : « Maintenant je ne puis plus diriger le choeur ». Non, il continua comme de coutume et, pour commencer, il lut quelques versets de la Bible et pria. Puis il dit : « Dorénavant, nous ne chanterons plus tels chants, car je me suis converti à Dieu ». Les membres de ce choeur ne purent supporter cela car ce frère n'agissait plus comme ils le désiraient. Quand Dieu saisit les hommes, ils n'ont plus de crainte, et ne se laissent plus intimider par ce que les gens pensent d'eux.


Dieu conduit au désert.
Dépouillement des propres oeuvres.

Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu'un bâtit sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l'oeuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui il sera sauvé, mais comme au travers du feu.
(I Cor. 3 : 11-15.)


Quand je réalisai la nouvelle naissance, ma joie était telle que je pensais qu'il était impossible à l'homme de ressentir quelque chose de plus beau. J'étais dans le bonheur, travaillant et servant Dieu aussi bien qu'il m'était possible. Mais ma position intérieure pouvait être comparée à ce moment-là à la parole d'Esaïe 57 : 10 : « Tu trouves encore de la vigueur en ta main, aussi n'es-tu pas dans l'abattement ! » Puis vinrent les années où Dieu me dépouilla de mes propres oeuvres ; il prit mon éducation en mains. « Celui qui perd sa vie la trouvera. » Je souhaiterais une période analogue à beaucoup de chrétiens.

J'évangélisais depuis longtemps et beaucoup de gens s'étaient convertis, mais un jour Dieu me montra dans une vision que tout mon travail serait consumé par le feu. Dans une autre vision il me fit voir comment mon travail pourrait subsister. Dans la vision je me trouvais dans un pré, où j'avais fauché six andains bien droits, propres, exacts et de même longueur. À ce moment s'éleva un vent torride qui calcina tout ; il ne resta que des cendres. Ensuite je me vis transporté dans un autre lieu ; la, j'assistai en spectateur à la crucifixion de Jésus ; son bras droit était tiré sur la croix et on lui enfonçait les clous à travers les mains ; je ne pouvais regarder plus longtemps !
Puis, toujours en vision, je me vis transporté de nouveau au premier endroit, et là se trouvait un seul andain, mal fauché, sans façon ; l'herbe était en désordre complet et couverte de rosée. J'avais le sentiment : « C'est là ton travail, et pourtant ce n'est pas toi qui l'as fauché ! » Le même vent brûlant souffla à nouveau, mais l'andain ne fut pas consumé, il demeura tel qu'il était et la rosée même subsista sur l'herbe. Je savais que Dieu voulait me dire quelque chose par cette vision, mais je ne comprenais pas. Je croyais annoncer la vérité conformément à la Parole de Dieu, et que je ne pouvais faire mieux. Je m'en tenais à la Parole de Dieu aussi loin que je l'avais comprise. Néanmoins ma prière fut : « O Dieu, explique-moi ce que tu veux me dire par cette vision ».

Six années passèrent avant que mes yeux ne s'ouvrissent. Cela se produisit lorsqu'un frère vint dans la contrée, disant que lorsque la vie divine se manifeste à un endroit, les choses doivent se passer de telle et telle manière. Je croyais que nous possédions la vie parmi nous ; les gens se convertissaient et étaient heureux. Lorsque ce frère parla ainsi, je fis la réflexion suivante : « Tu veux nous faire entendre par là qu'il n'y a point de vie divine ici pour dire ensuite que c'est toi qui l'a apportée ». Je fus néanmoins tourmenté et, en rentrant à la maison, je me posai la question suivante : « Mais pourquoi cela ne te laisse-t-il pas en repos ? Quand on est obligé de se défendre, il est clair qu'on a tort et que l'autre a raison ! » Je m'humiliai devant Dieu, lui demandant d'être éclairé à ce sujet. Puis cette parole me préoccupa longtemps : « La loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».
Ne sachant où se trouvait la ligne de démarcation entre ces deux ministères, je cherchai à la connaître et je priai : « Père, montre-moi la limite entre « la loi » et « la grâce et la vérité ! » C'est alors qu'il me fit voir que la vérité affranchit, tandis que la loi ne le peut. Sous la loi, on arrive bien à renoncer à telle ou telle chose, mais on n'est pas véritablement libre. Pendant les réunions d'évangélisation, j'affirmais souvent avec force : « Je vous ai dit la vérité, mes mains sont pures de sang ». Mais dès le moment où je commençai à discerner la limite entre la loi et la grâce, je ne me hasardai plus à dire cela.

Durant cette période, Dieu me mit « dans la poussière de la mort ». Je pourrais dire aussi qu'il me fit traverser la vallée de l'ombre de la mort, jonchée de crânes humains, telle qu'elle est décrite dans le « Voyage du pèlerin » de Bunyan. Tout me condamnait, ce que je faisais, comme ce que je ne faisais pas, qu'il s'agisse de n'importe quoi. J'avais le sentiment d'être un fainéant. Quand je faisais des visites, il me venait à l'esprit : « Tu vis une vie propre, tu ne fais que te réjouir avec les gens ! » Cela me paraissait être une vie égoïste. Tout me condamnait, même ma vie de prière. L'accusateur m'insinuait : « Autrefois tu priais, maintenant tu ne pries plus » ; et cependant je priais comme avant, mais la tentation me faisait croire que tout était changé, qu'au plus profond de moi tout était aride et sec. J'étais dans une grande détresse, et je n'osais plus confesser le nom de Jésus comme j'en avais l'habitude. Autrefois je pouvais dire : « Si je dois mourir, je mourrai », et je poursuivais mon chemin, mais maintenant il me semblait que l'Esprit de Dieu m'avait abandonné. Auparavant, dès mon réveil, tout chantait en moi : « Mon âme, bénis l'Éternel ! » Mais à présent, j'avais toutes sortes de rêves obsédants et le matin venu, les versets suivants tintaient à mes oreilles : « Va, paresseux, vers la fourmi, considère ses voies ».

À cette époque-là j'étais malade ; si j'avais été bien portant, j'aurais repris un élan, mais, dans ces circonstances, j'en étais incapable ; je souffrais des nerfs. Il me semblait que j'étais plus mauvais qu'avant ma conversion. Malgré cela, je me confiais sans relâche en la grâce, je la louais dans les assemblées, j'ose l'affirmer ; j'aurais été honteux de me plaindre. Je m'appuyais avec une confiance immuable sur l'oeuvre que Jésus a accomplie pour moi. Les versets suivants d'Esaïe 54: 9-10 me fortifièrent tout particulièrement : « Comme j'avais juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la terre, je jure de même de ne plus m'irriter contre toi, et de ne plus te menacer. Quand les montagnes s'éloigneraient, quand les collines chancelleraient, ma grâce ne s'éloignera point de toi, et mon alliance de paix ne chancellera pas, dit l'Éternel, qui a compassion de toi ! » Et combien cette parole me restaura : « L'Éternel qui a compassion de toi ! » Je me cramponnais à ces versets. Alors il me vint à l'idée : « Tu t'illusionnes, car il est aussi écrit : « Tu dois, il faut ! » Bien des fois je pensais : « Les choses vont mal pour toi, cela devrait être tout autrement ». Je lisais aussi cet avertissement : « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement » et je voulais m'y conformer en agissant ; ce n'est que plus tard que je m'aperçus qu'il était dit plus loin : « Car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et l'exécution selon son bon plaisir ». (Phil. 2 : 13.)
Dans ces moments de lutte, je m'attachais aussi à la promesse de Romains 4 : 5: « Mais à l'égard de celui qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice ». Lorsque tout me condamnait, je récitais ce verset des centaines de fois par jour. En faisant cela, j'employais précisément l'arme la plus efficace dans le combat de la foi. C'est ainsi que je triomphai de l'ennemi, mais c'est plus tard seulement que je m'en rendis compte.

Finalement, je sortis de cette situation en commentant dans une réunion le Psaume 23: « Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom ». Alors je vis clairement que c'était Dieu qui m'avait conduit, et non le diable, comme je l'avais supposé. Pendant ce temps d'épreuves j'appris à croire, même là où il n'y avait plus sujet d'espérer. Alors ma « petite fleur » tomba, c'est-à-dire la joie à ma propre activité, à mes propres oeuvres, à mes succès, mais la Parole de Dieu demeure éternellement (I Pierre I : 24-25). Je compris que Dieu faisait mon éducation et, aujourd'hui, je lui en suis très reconnaissant. Je croyais toujours qu'il s'agissait de la mort quand je lisais cette parole : « L'herbe sèche et la fleur tombe ». Mais c'est bien lorsque Dieu nous dépouille de notre vie propre - celle qui découle de nos oeuvres - en la flétrissant. Cela concorde aussi avec Galates 4 : 30 : « Chasse l'esclave et son fils, car le fils de l'esclave n'héritera pas avec le fils de la femme libre ». Le fils représente la « belle petite fleur », l'esclave c'est la loi. Dieu m'accorda la grâce de me fonder sur sa Parole, de me confier en ses promesses, même s'il me semblait n'y avoir aucun droit. Et ainsi, il me resta la Parole. Au cours de cette réunion, à la lecture de ce verset 3 du Psaume 23, il me fut révélé : « C'est Dieu qui m'a conduit, et cela dans des sentiers unis ». Je fus guéri, et d'autres qui m'écoutaient le furent aussi.

Six ans après, je lus dans une étude biblique la parole de I Cor. 3 : 11-15: « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ ». Cet après-midi-là, je compris soudain le sens de la vision que j'avais eue au sujet des andains brûlés par le vent torride, et de l'andain couvert de rosée qui avait résisté à l'épreuve de la chaleur. Une construction en bois, couverte de foin et de chaume, conserve la chaleur, il est vrai, mais ne résiste pas au feu. Je compris que, jusque-là, j'avais construit avec du bois, du foin et du chaume. Je pressais les gens de se repentir et de croire en Dieu et au salut en Jésus-Christ, ce qui est indispensable. Mais ensuite, je les exhortais en leur disant : « Maintenant, il faut le prouver par votre vie ! » Cela avait de la valeur, surtout aux yeux des gens qui étaient pieux, mais en agissant ainsi, je les mettais sous la loi et non dans la grâce.

Nous lisons que l'apôtre Paul (Actes 13) a annoncé le salut qui est en Jésus-Christ à Antioche en Pisidie. Il prêchait qu'en Jésus-Christ nous avons la rémission des péchés et de toutes les choses dont nous ne pouvions pas être justifiés par la loi de Moïse. « Mais quiconque croit en lui (Christ) est juste. » Les gens reçurent cette parole et, quand l'assemblée prit fin, ils suivirent Paul, « qui les exhorta à rester attachés à la grâce de Dieu. » Ceci est très important. Il ne leur dit pas : « Il vous faut maintenant fournir des preuves ».

Si j'essaie de prouver quelque chose, c'est que je compte tirer les preuves de mon propre fond ; j'attends cette contribution ou cette démonstration de moi-même ; il en est autrement si je crois. En moi-même, je suis tellement pauvre qu'il m'est impossible de prendre de bonnes résolutions, elles ne servent à rien. Mais si je me réjouis de ce que Jésus a fait, je suis porté. C'est alors que nous nous élevons comme l'aigle que porte le vent, qui plane sans même bouger les ailes, mais qui monte toujours plus haut.

La compréhension complète de la vision que j'avais eue ne me fut donc accordée que six ans après ; il y avait donc autant d'andains que d'années. L'autre andain paraissait m'appartenir, comme si je l'avais fauché ; j'avais cependant le sentiment que ce n'était pas le fruit de mon travail, mais qu'il m'appartenait quand même. C'était l'image de l'oeuvre de Christ, me montrant comment elle m'est imputée.

Il y a certaines fleurs qui répandent une mauvaise odeur en se fanant. À une conférence, nous avions une fois ce sujet : « Être ou paraître ». Frère Vetter était des nôtres et il apporta sur la chaire une fleur artificielle rouge, et une fleur naturelle de même couleur, ainsi qu'une branche de sapin. Tout le monde se demandait ce qu'il comptait nous expliquer, mais il n'y fit point allusion. Le lendemain, la belle fleur naturelle était laide à voir, tandis que l'artificielle n'avait pas changé d'aspect. Il en est ainsi quand un enfant de Dieu ne reste pas au cep. Attaché au cep, il reste beau et frais et porte des fruits ; séparé du cep, il devient une chose laide.

Hénoc avait reçu le témoignage qu'il était agréable à Dieu, et c'est ce témoignage que l'épouse de l'Agneau doit également posséder. Il s'obtient par la foi, et c'est par la foi qu'il est gardé. Il nous vient si vite la pensée « Il y a quelque chose qui n'est plus en ordre ; je ne suis plus aussi heureux que par le passé, je ne me réjouis plus autant de l'avènement du Seigneur ! » Je sais par quelles épreuves on peut passer dans ces moments-là ; j'ai parfois voulu, par mes propres oeuvres, reconquérir la certitude d'être agréable à Dieu. Mais, comme je l'ai déjà dit, tout cela ne m'a servi à rien, il ne me restait qu'à croire de nouveau.

Le Cantique des cantiques me fut une aide efficace ; l'époux vante la beauté de l'épouse, et celle-ci se glorifie de son époux. Cela me fit voir que l'attitude la plus simple consiste à louer l'époux et à croire ce qu'il dit des siens : « Tu es toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a point de tache en toi ». (Cant. 4 : 7.) C'est par cette parole que la lumière se fit en moi. L'époux ne fait que répéter ce qu'est l'épouse ; il faut que l'Eglise le sache : « Le Maître m'a créée ainsi ». (Ezéch. 16.) Il l'a trouvée baignant dans son sang ; il l'a recherchée et l'a acquise par son travail ; il a fait alliance avec elle et l'a comblée de joyaux - tout ceci est à comprendre spirituellement - de bijoux, de chaînettes, d'un diadème, de boucles d'oreilles ; elle mangeait uniquement des gâteaux de fleur de farine, du miel et de l'huile. Quand l'homme est en communion avec Dieu, il cherche ce qui est en haut, il ne se lamente plus et ne se plaint pas, mais il se glorifie en Christ. C'est pourquoi nous devons nous exercer à la piété. Et comment pourrions-nous nous y exercer, si nous ne considérons pas tout ce que nous avons en Dieu, voyant comment il prend soin de nous, et la récompense qu'il nous accorde quand nous agissons selon sa volonté !

Quand un ami nous fait beaucoup de bien, on se réjouit de le rencontrer et de le voir. Et c'est quand nous connaissons tous les biens que nous avons en Dieu que nous pouvons nous exercer à la piété. - Notre connaissance est encore partielle, mais il s'agit d'une richesse incommensurable. - Un enfant de Dieu ne reçoit jamais le témoignage d'être agréable à Dieu par les oeuvres de la loi, mais uniquement par la foi, ainsi qu'il est écrit (Hébr. 11 : 6) : « Sans la foi il est impossible de lui être agréable ». Je me souviens combien cette parole m'aida au temps où Dieu me dépouillait de mes propres oeuvres. J'en étais réduit à croire sans ressentir quoi que ce soit. La parole du Psaume 103 : 14 fut mon appui jusqu'au bout : « Il se souvient que nous sommes poussière ».

En ce temps-là, tout ce que je faisais me paraissait être entaché de péché ; la grâce était ma seule ressource. Combien peu de personnes persévèrent dans la foi quand Dieu les fait traverser des périodes semblables ! Oh ! si l'on s'apercevait combien ces temps-là sont bénis ! « Je veux la conduire au désert, et parler à son coeur. » Au désert, rien ne pousse ; tout est sec et aride. Heureux celui qui croit : « Dieu me parle aimablement » donc il n'est pas irrité contre moi, il me parle aimablement. Car il a juré de ne plus s'irriter, et de ne plus me menacer. Cette parole : « Mais à l'égard de celui qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice » est valable, non seulement jusqu'à la nouvelle naissance, comme je le croyais, mais à toujours. À la fin de cette période d'épreuves j'ai compris, comme jamais auparavant, ce que signifie cette promesse de Dieu : « Je jure de ne plus m'irriter contre toi, et de ne plus te menacer. » (Es. 54). Quel homme suis-je donc si je m'imagine qu'il est mécontent ? En admettant cela, je mépriserais sa chère Parole ! Le chemin qui passe à travers les tentations et les afflictions se révèle toujours plus beau.

La persévérance dans l'adversité vaut mieux qu'un enthousiasme passager. Quand Dieu me conduisit ainsi à travers le désert, je m'examinais souvent, me demandant si je n'avais plus la paix avec Dieu, et pourtant tout était en ordre ; avec persévérance je continuai à m'appuyer sur les versets qui promettent une rédemption éternelle, et je fis l'expérience que les « plaines du désert sont verdoyantes et que ses collines sont ceintes d'allégresse ! » Ces collines sont les difficultés et les tentations que nous rencontrons. À cette école, si au début on ne compte qu'avec les difficultés, on apprend ensuite à combattre avec ce verset : « Regardez comme un sujet de parfaite joie les diverses épreuves auxquelles vous êtes exposés, sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience ». Dieu nous tient bien plus fermement dans sa main que nous ne le pensons. De tels temps d'épreuve nous sont indispensables, et ceux qui persévèrent croient contre tout sujet d'espérer. Il est dit de Jésus dans Esaïe 42 : 4 : « Il ne se découragera point et ne se relâchera point, jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre ». À quel point n'a-t-il pas été méprisé ! Mais il ne se découragea point ! Il est important pour tous les ouvriers du royaume de Dieu de ne pas se laisser abattre ni décourager, mais de croire, là même où tout espoir semble vain. Il n'y a rien de meilleur pour nous sauver de notre misère.

Il y avait un frère qui parlait, au figuré, de « ses chevaux ». Il disait qu'il avait voulu aller au ciel dans une calèche à trois chevaux ; le cheval de gauche s'appelait « la foi », celui de droite « bonne volonté » et celui de tête « à tout prix ». Toutefois, il avait dû s'apercevoir qu'au lieu d'avancer il avait reculé, et que son équipage se dirigeait non pas vers le ciel mais vers l'enfer. Tout d'abord je ne compris pas ce que ce frère voulait dire, jusqu'au jour où je lus dans la Bible le passage qui parle « des chevaux et des cavaliers qui s'endorment, et des flèches, de l'épée, des boucliers et des armes de guerre qui sont brisés ». (Psaume 76 : 4-7.)

Moi aussi j'avais des « chevaux » et un fouet pour les exciter ; mais lorsque je voulus avancer de cette manière, mes « chevaux » s'endormirent. Je me rendis à l'évidence que tous nos efforts sont vains. Ce n'est que lorsque nous comptons sur ce que Jésus a accompli que nous avançons. En fin de compte, je me hasardai à me reposer. Quand il n'y a plus de « chevaux » pour tirer, il faut bien s'arrêter. « C'est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut ; c'est dans le calme et la confiance, que sera votre force. Mais vous ne l'avez pas voulu ! Vous avez dit : Non ! Nous prendrons la course à cheval ! ». (Esaïe 30 : 15.) C'est ainsi qu'on prend un nouvel élan et que nous disons : il faut que cela aille !

Quand je partais à l'assaut d'une colline avec ma « calèche », je prenais aussi un élan et je partais à toute allure, sans arriver jamais à atteindre le sommet ; j'étais alors contraint de reprendre un nouvel élan. Ma calèche finit par perdre des rayons, des jantes ; un brancard se brisa, et elle fut enfin démolie à tel point qu'il n'en resta plus rien. Que celui qui lit cela comprenne ! Combien souvent ai-je dit : « Cette fois il faut que cela change ! » Quelle différence quand on peut rester tranquille, monter en voiture, s'asseoir et découvrir que quelqu'un d'autre tient les rênes et conduit. Aujourd'hui j'ose m'asseoir. Il faut en effet que nous nous reposions sur les promesses. Quelquefois le char avance lentement, mais toujours sûrement. Celui qui croit et se confie en Jésus ne sera jamais confus. C'est en se reposant dans la grâce que nous avançons en nous hâtant, c'est une adoration de Dieu ici-bas déjà. Nous laissons le Sauveur être notre conducteur et nous nous abandonnons à lui. C'est alors qu'il produit en nous le vouloir et l'accomplissement selon son bon plaisir ; nous agissons alors selon sa Parole, au jour le jour, sans prendre de résolutions, sans faire de plans, selon la tâche quotidienne que Dieu nous donne. Nous n'avons plus qu'à avoir confiance comme un enfant.

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