Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Temps de réveil et de persécutions.

(suite)

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 Que de fois j'ai fait l'expérience que « pas un cheveu ne tombe de notre tête sans la volonté de notre Père ». Mais j'ai réalisé aussi que le règne de Dieu est édifié par la souffrance. Les assemblées qui prospéraient le mieux et qui recevaient les bénédictions les plus grandes, étaient celles qui étaient le plus persécutées. Ce n'est pas en vain qu'il est écrit : « Réjouissez-vous de souffrir avec Christ, afin que, lors de son avènement, vous ayez joie et félicité ». C'est ce que disait très souvent frère Vetter : « Là où il y a de la résistance, Dieu est présent ; persévère ! » Nous lisons dans II Cor. 4 : 8: « Nous sommes pressés de toutes manières, mais non réduits à l'extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ».

Quand je commençai à présider des réunions à 0., je rencontrai une grande opposition, des gens du monde et des gens pieux. Quelques-uns même en voulaient à ma vie. À cette époque, ma femme était gravement malade. Devant un jour me rendre à cet endroit pour y tenir une réunion, je demandai à deux frères d'y aller à ma place. Ils refusèrent ! Je ne pouvais comprendre cette attitude. Finalement, je décidai de m'y rendre moi-même. Je consolai ma femme en lui disant que Dieu pourrait agir plus librement et la guérir d'autant mieux que je ne me trouverais pas en travers du chemin. Pendant que je changeais d'habits, j'eus le sentiment que je devais rester à la maison, que quelqu'un en voulait à ma vie. Cependant, je comptai à nouveau avec cette parole qui dit que pas un cheveu ne peut tomber de notre tête sans sa volonté, et je pensai que la suggestion de cet empêchement provenait du diable. Mais au moment de me mettre en route, la voix du Saint-Esprit se fit entendre : « N'y va pas, ils te tueront ! »
L'avertissement précédent émanait donc déjà de Dieu. On apprit plus tard que le maire de R. avait chargé plusieurs hommes de me maltraiter. Ils devaient d'abord me jeter dans un étang très profond, puis m'en retirer et me remettre aux gendarmes pour me conduire en prison. - J'ignorais complètement la haine farouche qui existait à mon égard dans cette région, mais mon Père céleste déjoua leurs conseils et leurs plans.

Plus tard, je fus attaqué par deux hommes qui me frappèrent violemment au moyen d'une barre de fer. Lorsque, après un moment, je pus reprendre le souffle et me relever, ils me fracturèrent le bras droit d'un coup de gourdin, et me blessèrent au dos. Je m'enfuis alors dans une maison à proximité. Le maître de cette maison, quoique m'ayant autrefois également menacé de mort parce que ses deux filles s'étaient converties, m'accompagna aimablement jusqu'à la maison où la réunion devait avoir lieu, me protégeant de toute autre attaque.
Pendant la réunion, un chevron pointu, acéré, fut lancé à travers la fenêtre, mais, par une circonstance tout à fait particulière, j'avais changé de place ce soir-là et personne ne fut atteint. Malgré mon bras cassé, je pus tenir la réunion et rentrer le lendemain matin de bonne heure. Le soir suivant, après cette terrible journée, j'avais à présider la réunion à Wyssachen et, malgré de vives douleurs dans les bras et au dos, Dieu m'accorda sa grâce et sa force pour faire ce grand trajet en chemin de fer et à pied. Je passai la nuit chez un paysan et, le matin vers cinq heures et demie, mon bon et divin médecin me guérit ; une douce chaleur m'envahit tout entier. J'étais complètement guéri, si bien que le jour suivant je pus fendre du bois. Oui, nous avons un Dieu qui secourt, un Seigneur et Maître qui délivre de la mort.

Un réveil se produisit également plus tard à O. Le père B. mourut laissant une veuve et douze enfants. La maman et les enfants entouraient la tombe de ce père, de ce cher époux. Avec des lèvres frémissantes, ils chantèrent ensemble ce cantique : « Mon Sauveur est mon pilote, sublime de puissance et de félicité, sans égal sur cette terre, il est mon appui en tout temps ; ma nacelle, il l'a construite lui-même, elle est solide et étanche ; il se joue des vents et des flots, et jamais ne me délaisse ». Toute l'assistance en fut profondément touchée. À partir de ce jour l'assemblée s'accrut, et beaucoup de personnes réalisèrent la paix de Dieu. Aujourd'hui ce sont d'heureux enfants de Dieu. Une salle de réunions s'élève à cet endroit.

Je fus aussi invité à présider des réunions d'évangélisation dans une caserne, à Winterthour. Par la suite, nous avons eu régulièrement des réunions à Winterthour et à Kollbrunn ; plus tard à Dettenried où nous possédons aujourd'hui une salle de réunions.

À Zurich, l'assemblée prit naissance de la façon suivante : J'étais en voyage et, dans le train, je racontai ma conversion et ma nouvelle naissance à un homme assis à côté de moi. Cela l'intéressa vivement, et il me questionna pour savoir à quelle communauté j'appartenais. Je lui répondis : « À celle des soi-disant sans péchés ». Ceci n'était d'ailleurs qu'un surnom, mais je le lui dis, pensant qu'il serait plus facilement renseigné quant à ma personne ; alors il commença à nous décrier. Arrivés en gare de Zurich, nous descendîmes du train, et il me cita encore ce verset : « Nous sommes tous pécheurs ». Je lui fis remarquer qu'il n'est pas écrit « nous sommes... » mais « Ils sont tous pécheurs ». Il m'invita alors à prendre un café avec lui. Quelques temps après il vint à une de nos conférences qui avaient lieu dans le Jura bernois. Il me pria ensuite de présider une série de réunions d'évangélisation dans sa ville, à R., où il était membre d'une congrégation, faisant même partie du conseil de cette assemblée.
Année après année, il entendait la Parole, mais jamais la puissance de Dieu n'avait touché son coeur. Il se demandait si tout cela n'était qu'une simple manière de parler, ou si vraiment il y avait un sens caché dans ces paroles. Il était neurasthénique, de même que sa femme. Souvent, couchée à terre, elle pleurait de désespoir et, quand il essayait de la consoler, elle lui disait : « Tais-toi, tu n'es pas en meilleur état que moi ! » Ou alors, c'est lui qui tombait dans le désespoir et c'est elle qui le consolait. Il lui répondait : « Écoute, tu es dans le même état que moi ». Sa mélancolie était telle qu'il prenait parfois le train pour Zurich et restait assis durant plusieurs heures dans la salle d'attente de deuxième classe. Mais lors d'une série de réunions que j'eus chez eux, ils acceptèrent tous deux l'Évangile et reçurent le pardon de leurs péchés et la paix de Dieu. Ils se rendirent à l'évidence que la Parole de Dieu n'est pas un simple verbiage, mais une puissance de salut pour tous ceux qui croient.

Quelques frères, qui avaient assisté à ces réunions à R., m'invitèrent à me rendre également à Zurich. Tout d'abord, les réunions eurent lieu dans un appartement privé. Plus tard il nous fut possible de louer une petite salle à la Birmensdorfstrasse. J'avais hésité à signer un bail, par crainte des frais, mais bientôt la salle devint trop petite, beaucoup de personnes devaient rester debout. Nous louâmes alors une salle à la Weinbergstrasse, où nous sommes encore aujourd'hui. Celle-ci aussi est aujourd'hui trop exiguë, mais au moment opportun, Dieu nous en procurera une plus vaste. De Zurich, les réunions se propagèrent à Raat, Bülach, Schaffhouse, Kloten, Rümlang, Birmensdorf, Brugg, Baden, Wetzikon, Bauma, Männedorf, Aadorf, Burgerau, Saint-Gall et Romanshorn.

À Bâle, nos réunions débutèrent d'une façon tout à fait singulière. J'avais assisté à une conférence à Riehen, où l'on avait parlé sur le texte de Colossiens 2. De prime abord l'enseignement paraissait correspondre à celui de l'Assemblée évangélique des frères. Les orateurs parlaient selon les directives de la Parole. Par-ci par-là toutefois, une expression non biblique leur échappait. L'un d'eux déclara, par exemple, que notre vieil homme est mort, ce qui me réjouit beaucoup. Mais ensuite, il ajouta que ce vieil homme venait lui insinuer encore toutes sortes de choses. Je l'invitai à se rendre à l'une de nos conférences à Frutigen, pensant qu'il s'apercevrait là-bas qu'on n'avait plus rien à faire avec son vieil homme, puisqu'il est mort. Empêché de venir, ce frère envoya à sa place son ami R. Celui-ci vint d'abord me rendre visite à Kalchofen, et commença à m'exhorter. Il supposait, apparemment, que je le prenais pour un homme-prodige. De temps à autre, j'émettais quelques considérations tout en lui faisant remarquer ce qui n'était pas conforme à l'Écriture. Finalement, il se rendit compte qu'il pourrait peut-être apprendre quelque chose chez nous, et nous nous rendîmes ensemble à Frutigen. Le premier jour, il était encore rempli de louanges.
Lorsque la Parole l'eut touché un peu plus profondément, il se défendit encore avec des versets de psaumes, tels que : « Toi, Seigneur, tu me sondes et me connais » et d'autres encore. On lui administra alors quelques « remèdes » de la pharmacie divine tels que : « Celui que le Fils affranchit est véritablement libre » et « Il a fait la purification de nos péchés par son sang », etc. Il les accepta, puis Dieu le toucha et le guérit. Il devint un homme heureux. À son départ, je lui donnai le verset : « O Timothée, garde le bon dépôt qui t'est confié ». C'est dans une grande joie qu'il rentra à Bâle. Les membres fervents de sa congrégation étaient inquiets à son sujet, craignant de le voir revenir contaminé et engagé sur une mauvaise voie. Ils l'examinèrent, lui firent passer un interrogatoire, cherchant à lui faire abandonner sa nouvelle position, mais il se tint ferme. Néanmoins, pour le gagner, ils organisèrent une petite fête où chacun devait prendre d'une cassette des versets bibliques et les commenter brièvement. Il tira le verset : « Je sais une chose, que j'étais aveugle et que maintenant je vois ». Cela le fortifia car il pouvait bien parler sur ce sujet. Il rendit témoignage avec joie de ce qu'il avait réalisé. Il commença lui-même des réunions dans son appartement. De là, nous continuâmes à l'hôtel Baslerhof, où nous tenons, encore aujourd'hui, régulièrement des réunions. On nous demanda aussi de commencer des réunions à Ziefen, dans le canton de Bâle-Campagne, ainsi qu'à Thürnen où existe maintenant une salle de réunions. Partout, par la grâce de Dieu, ces réunions réalisent sa bénédiction.
On nous demanda même d'avoir des réunions dans l'Engadine, à Madulein, Ponte, Bevers, Samaden et Pontresina.

En lisant mon traité intitulé « Quelques réflexions sur la prière dominicale », un homme habitant Lucerne reçut la paix de Dieu dans son coeur. C'est par le moyen de la famille de cet employé des chemins de fer que nous pûmes commencer nos réunions dans cette ville et, depuis plusieurs années, elles ont lieu régulièrement à l'hôtel de la Couronne.

Il y aurait encore bien des portes ouvertes, mais nous manquons d'ouvriers. Il ne suffit pas de commencer des réunions, il faut aussi suivre les âmes, en prendre soin, les faire progresser. Il faut qu'il en résulte quelque chose pour l'éternité et non seulement des manières pieuses. En dépit de toutes sortes de résistances, l'oeuvre a prospéré. Aujourd'hui plusieurs frères m'aident à annoncer la bonne nouvelle du glorieux Évangile. Nous sommes (en 1940) dix évangélistes à la tâche et une cinquantaine de frères aident à présider des réunions dans nos cent vingt-cinq locaux disséminés dans toute la Suisse. Tout cela, c'est l'oeuvre de Dieu, je ne l'ai pas cherché, Dieu a tout dirigé.


Nos lieux de réunions.

Nous avons bâti notre première salle à Unterseen, dans les années 1913-1914. Notre Père céleste nous en avait donné l'ordre, ce qui nous a dispensés d'aller mendier les fonds nécessaires. Nous avions convenu que personne ne devait parler de collecte à ce sujet dans nos réunions, car lorsque Dieu nous demande de faire quelque chose il n'est pas nécessaire de faire de dettes, et encore moins d'aller mendier pour exécuter son ordre. J'étais persuadé que, comme enfant du Tout-Puissant, je n'avais qu'à faire part de mes besoins à lui seul. Au commencement de la construction, quelqu'un s'était permis de collecter, sans en avoir été chargé. J'avais envoyé un frère à Ried pour présider le culte. Un petit homme se leva alors et dit : « Prochainement nous voulons construire une chapelle à Unterseen, je voudrais mettre au coeur des auditeurs de s'en souvenir lors de la collecte ». Le frère que j'avais envoyé fit remarquer à l'assemblée qu'il me connaissait, et qu'il ne pensait pas que cet appel fût selon ma volonté. Dans cette assemblée, la collecte se montait ordinairement à trente ou quarante francs. Il n'y eut que deux francs septante ce soir-là ! Cela me réjouit beaucoup, car cela me fit constater que les gens de cette réunion étaient obéissants ; c'est intentionnellement, qu'ils avaient donné moins que d'habitude.

Il nous fallait ensuite acheter un terrain pour pouvoir construire à Kalchofen mais, humainement parlant, il n'y avait pas d'espoir qu'un de nos voisins nous en cède. Je dis aux frères de notre assemblée que nous obtiendrions du terrain si Dieu le voulait, et j'envoyai mon fils chez un voisin pour lui en demander. Il répondit que bien des gens avaient déjà voulu lui en acheter, mais qu'il avait toujours refusé d'en vendre. J'étais un peu déçu et me demandais si je m'étais trompé quant aux directives de Dieu ?

Le lendemain matin, le voisin en question et son fils étaient devant ma porte, me priant de venir faire l'arpentage du terrain. Nous n'avions que l'argent nécessaire à cet achat et pourtant Dieu m'avait donné la certitude que nous devions bâtir. Nous avons donc commencé et, comme il nous fallait bâtir sur un cours d'eau, je commandai un wagon de ciment, promettant de le payer comptant. Dieu nous donna sans cesse l'argent qui nous fut nécessaire, jusqu'au moment où la maison fut à moitié bâtie ; puis plus aucun don ne me parvint. Je craignais d'être obligé d'arrêter la construction et pensai : « Que diront les gens ? Il a commencé de construire et n'a plus les moyens de terminer ». Je fis paraître quelques lignes dans notre journal « Friedensbotschaft » pour remercier ceux qui avaient envoyé des dons anonymes, mais mon arrière-pensée était la suivante : Les membres de l'assemblée se ressouviendront ainsi de la construction de Kalchofen et recommenceront à nous envoyer de l'argent. Heureusement, rien ne vint, l'insertion n'exerça aucune influence. Enfin mes yeux s'ouvrirent ! J'avais fait de la chair mon appui et attendu l'argent des hommes et non de Dieu. Je m'humiliai et je pus de nouveau reconnaître que Dieu seul est le donateur, et qu'il était toujours mon tendre Père. Les dons recommencèrent d'affluer, ce qui nous permit de terminer notre construction. Il survint encore maintes épreuves. Par exemple, un jour il me manquait 700 francs pour effectuer un paiement. Quelqu'un arriva subitement, tout en sueur, m'apportant cette somme, de sorte que la facture put être payée à l'échéance. Une autre fois, comme il me manquait 500 francs, Dieu permit qu'une soeur en Christ ne pût s'endormir avant de m'avoir envoyé cette somme. Oui, notre Père céleste connaît tous nos besoins, la maison fut terminée sans interruption, et l'on put l'inaugurer sans dettes.

Je voudrais encore relater ici l'expérience suivante : Quelque temps après, pendant la nuit, des adversaires jetèrent des bouteilles d'encre rouge contre la façade de la maison. En voyant cela, je me dis : « Les gens qui passent vont maintenant se réjouir et se moquer de nous. Il faut tout de même que la police soit prévenue et que ces fripons soient punis. Les autorités sont là pour protéger les honnêtes gens ». En donnant libre cours à de telles pensées, j'étais évidemment à l'école du diable. Mon fils aîné m'avertit en disant : « Père, l'affaire tournera mal si tu t'adresses à la police ». Mon gendre, par contre, était d'avis que je devais agir carrément. À cette époque, je n'étais pas encore président de l'Assemblée évangélique des frères ; j'informai donc celui-ci par téléphone de ce qui s'était passé. Il me répondit : « Ne déposons pas plainte, laisse-moi faire, le gendarme est un de mes parents, je lui en parlerai ». Ce jour-là, j'avais à bénir un mariage et, à cette occasion, je lus le Psaume 91. Quand j'arrivai au verset : « Aucun malheur ne t'arrivera, aucun fléau ne s'approchera de ta tente », je fus soulagé de mon fardeau. Je compris la pensée du Seigneur et il modifia mes pensées à l'égard des auteurs de ces méfaits. Je reconnus que je n'étais pas resté « à l'abri du Très-Haut », sans quoi toute cette affaire n'aurait pas été un fléau pour moi. Je m'humiliai et me sentis alors de nouveau dans la retraite du Très-Haut ; la chose ne m'apparut plus comme un malheur ; et je pus regarder comme un honneur, la couleur répandue sur la façade de notre maison. J'interrompis alors la cérémonie de mariage pour téléphoner au président qu'il ne devait rien dire au gendarme, que le coupable était pris, et ce coupable, c'était moi ! Puis je terminai la bénédiction du mariage.

Combien j'étais heureux ! Quelque chose n'était pas en ordre et Dieu me l'avait fait comprendre. Ces ennemis devenaient ainsi les instruments que Dieu utilisait pour m'éduquer. Peu après, je réalisai encore quelque chose de plus grand. Je pensais devoir faire repeindre la maison, ce qui aurait coûté beaucoup d'argent. Sur ces entrefaites, je partis en voyage. De retour après trois jours d'absence, j'eus l'intention de faire venir le peintre et, levant les yeux, j'inspectai la maison. Toute trace de couleur avait disparu, tout était propre ! Le Père céleste avait tout effacé, gratuitement, cela ne m'avait rien coûté ! À cette époque, j'avais beaucoup de tentations et j'en souffrais, car il me semblait souvent que Dieu ne m'aimait plus, mais ce fait me fit comprendre que Dieu m'aimait et qu'il ne m'avait pas rejeté. Quel bienfait de se confier en lui ! Nous traversons, il est vrai, bien des peines et des difficultés, mais nous expérimentons par elles sa puissance. Si le Très-Haut est notre Père, nous pouvons être assurés qu'il prendra soin de ceux qui se confient en lui.

Lorsque nous eûmes l'intention de construire une maison de réunion à Dettenried, nous ne possédions aucun argent. Le comité délibéra et je proposai de bâtir dès que nous aurions les fonds ; nous n'avions pas la certitude que Dieu approuvait ce projet. Quelques frères de cet endroit disaient : « Mais Dieu a de l'argent, il en donnera sûrement ! » Je leur demandai s'ils en avaient la certitude et si, au cas contraire, ils en supporteraient eux-mêmes les charges ? Aucun d'eux ne se porta garant de la dépense. À la séance du comité, nous décidâmes d'attendre et de ne pas faire de dettes. Mais ensuite, en lisant la méditation, après le repas, je reçus l'assurance intérieure que nous osions construire. Je réunis de nouveau le comité, et la construction fut décidée. Quant l'édifice fut terminé et payé, il restait 10000 fr. en caisse.

Ensuite vint le tour de Delémont. Là aussi Dieu me donna la conviction que nous devions acheter une maison - un ancien restaurant. D'autres frères préféraient en construire une nouvelle. Comme j'étais certain d'accomplir le dessein de Dieu, nousachetâmes cet ancien restaurant ; il nous manquait cependant 8000 fr. pour payer comptant. Circonstance curieuse, les vendeurs ignoraient à qui devait échoir en partage une part de 8000 fr. précisément. Après quelques semaines, comme j'avais promis de payer comptant, je priai notre caissier d'informer les vendeurs de notre intention de payer ce solde. On nous pria de transférer ce montant, dans la huitaine, à une banque de Berne. C'était un samedi. Or, à ce moment, nous ne disposions pas encore d'un montant si élevé. À nouveau, je fus assailli par de grandes tentations, pensant qu'on mettrait maintenant ma certitude en doute, en disant : « Si Dieu lui avait vraiment confié le mandat d'acheter, il lui en aurait aussi donné les moyens ». Je reçus ce montant entre-temps, et le fis virer immédiatement à l'adresse de notre caissier. Celui-ci put en prendre possession à la poste le vendredi et payer le montant dû.

Depuis longtemps déjà se faisait sentir le besoin de posséder une salle pour nos grandes conférences. Pendant bien des années, nous les avons tenues dans la ferme de la famille Ramseyer à la « Zelg », près d'Aeschlen, qui mettait toute sa propriété à notre disposition. La grange servait de salle de réunion, mais bientôt elle s'avéra tout à fait insuffisante. Nous fûmes dès lors contraints de tenir nos assemblées dans une forêt toute proche, où nous eûmes le privilège de réaliser des miracles. Il arriva en effet que deux ou trois ans de suite, il plut tout autour de nous, pendant les réunions, tandis que nous étions épargnés.

Je m'aperçus un jour que beaucoup de frères et soeurs en tiraient vanité, se faisant une gloire de ce que Dieu nous accordait cette faveur. Cela m'obligea à déclarer : « Il va pleuvoir, maintenant ». Et réellement la pluie ne se fit pas attendre, elle tomba même avant la fin de notre réunion. Cela nous engagea d'autant plus à reprendre la question d'une construction. Nous essayâmes de trouver un terrain approprié à Aeschlen, mais telle n'était pas la volonté de Dieu. À cette époque, j'habitais encore à K. et, à cause de la situation centrale de cet endroit, nous pensions construire là notre salle de conférences, mais Dieu ne le permit pas non plus, il s'opposa à nos plans. D'abord, nous pensâmes que les gens de cet endroit en étaient la raison, mais ensuite, nous nous aperçûmes que c'était bien Dieu qui nous en empêchait. Depuis, souvent nous l'avons remercié de n'avoir pas permis que nous bâtissions là.

Alors, Dieu dirigea les choses pour que nous puissions construire à Steffisbourg. Je réfléchissais souvent au problème, me demandant comment il fallait construire pour avoir en même temps une chapelle pour les réunions ordinaires, et une salle pour les grandes conférences, mais aucun plan convenable n'arrêtait mon attention. Je reçus le plan de construction de Dieu, un matin, alors que je me trouvais chez la famille B., à Adelboden. Il me montra d'abord le réfectoire, puis je vis la salle, la galerie, le logement et le dortoir ; tout était exactement pareil à la maison de conférences que nous avons ensuite bâtie, telle que vous la voyez aujourd'hui. Le frère B. faisait les croquis exactement conformes à ce qui m'avait été montré. En ce qui me concerne, j'aurais préféré avoir la certitude de pouvoir construire, plutôt que de ne posséder que le plan, car nous n'avions pas suffisamment de fonds pour son exécution. Quand on veut entreprendre quelque chose, et que l'on n'a pas ou trop peu d'argent, un sentiment d'angoisse cherche à s'emparer de nous, et l'on se sent poussé d'en parler à d'autres, de leur faire connaître nos besoins. Mais c'est à Dieu que nous devons les apporter.
C'est ainsi que par la foi nous avons commencé de construire, et Dieu nous fit don de l'argent nécessaire. Nous lui avions exposé nos besoins, car j'étais arrivé à la conclusion, puisque Dieu nous avait donné un plan, qu'il exprimait ainsi sa volonté, et qu'il nous donnerait certainement les moyens de l'exécuter. Nous ne fûmes pas déçus. Aujourd'hui, nous disposons à Steffisbourg d'un espace que nous n'aurions jamais pu obtenir à Kalchofen. À cette époque, nous étions loin de prévoir l'extension que prendrait le mouvement, et qu'il nous faudrait par la suite un grand parc pour les vélos, les voitures et les cars. Mais la famille Oester met souvent à notre disposition l'espace dont nous avons besoin. Dans la grande salle il y a place pour 3000 personnes. Et pendant les conférences qui durent quatre jours, environ 700 personnes peuvent passer la nuit dans les dortoirs aménagés à l'étage supérieur. Le réfectoire peut contenir 350 personnes et, lors des conférences, le dimanche on y a servi jusqu'à 2700 dîners.

Oh ! que de bienfaits nous ont été dispensés par le Tout-Puissant, par pure grâce, car nous n'avions rien mérité ! C'est à des milliers de personnes que nous pouvons annoncer la vérité, le message glorieux de la bonne nouvelle du sang de Jésus-Christ, qui rachète et purifie ! Nous ne sommes pas dignes de toute la miséricorde et de la fidélité que Dieu nous témoigne. À lui seul en soit toute la gloire.

C'est ainsi que par la grâce de Dieu, plusieurs salles de réunions furent construites les unes après les autres. Chacune a son histoire particulière. Au moment où j'écris ces lignes (en 1940), nous en comptons une vingtaine. Toutes sont des monuments de la bonté et de la grâce de notre Père céleste ; nous avons tout reçu de ses mains fidèles, sans contracter la moindre dette.


Activité au sein de notre oeuvre.

Nous organisons chaque année quatre conférences d'une durée de plusieurs jours. La première a lieu à la Pentecôte, à Moutier ; la seconde en juillet, dans notre grande maison, à Steffisbourg ; la troisième le jour du « Jeûne fédéral », à Zurich, et la quatrième vers la fin d'octobre, à Frutigen. Le nombre croissant des participants rend témoignage de la bénédiction répandue sur ces assemblées. Pendant l'année, de petites conférences régionales d'un jour ont lieu chaque mois comprenant cinq dimanches ; elles sont très appréciées et sont suivies d'une manière réjouissante.

En divers endroits, et plusieurs fois par année, nous avons des cours bibliques, qui sont en bénédiction aux participants. La puissance de la Parole se révèle à beaucoup de personnes, affermit leur foi, et leur apprend ainsi à combattre le bon combat de la foi. Si nous nous confions en nous-mêmes, la peur, la misère et la folie des grandeurs sont notre lot, mais si nous sommes en Christ, la joie, la paix par le Saint-Esprit, la reconnaissance et la louange sont notre part.

Nous expérimentons chaque fois combien sont bénis et instructifs tous ces cours bibliques, où chaque participant doit traiter par écrit, un des sujets bibliques proposés. Pendant ces cours, nous avons le privilège de réaliser la présence de Dieu, son grand amour, la puissance de sa grâce et de sa rédemption. Beaucoup de ceux qui, souvent, étaient découragés, ont été ainsi affermis et sont aujourd'hui fermes et inébranlables, parce que la Parole de Dieu est devenue leur épée et leur bouclier ; ils se tiennent sur le Rocher qui est Jésus, ils s'attachent fermement à la grâce manifestée, et se maintiennent ainsi dans l'amour de Dieu.

Quand nous avons introduit ces cours, chaque participant devait commenter un ou plusieurs versets et, s'il s'écartait du sujet, il était invité à revenir au texte. Cela donnait de bons résultats, mais cependant pas tous ceux qui étaient souhaitables.Puis Dieu me suggéra l'idée de tenir les cours de la façon indiquée plus haut.

Je fus ensuite amené à reconnaître aussi la nécessité d'organiser des cours d'instruction religieuse pour les enfants libérés des écoles. Lors d'un conseil des frères, je fis passer cette question au vote et un ou deux frères d'une autre communauté se prononcèrent contre cette proposition. Nous avons alors remis la décision à l'année suivante car, dans notre conseil des frères, nous avons l'habitude de prendre toutes nos décisions à l'unanimité. L'année suivante, d'un commun accord, nous décidions d'introduire un cours d'instruction pour catéchumènes. Vingt-deux enfants prirent part à ce premier cours. Ce fut un cours béni ; la plupart des enfants réalisèrent la nouvelle naissance. Je pouvais leur dicter des thèmes bibliques, leur expliquer la Parole de Dieu, puis les laisser faire leurs compositions. La lecture de la plupart d'entre elles nous causait une grande joie. Cela se passa ainsi durant quelques années ; mais ensuite nous remarquâmes que les enfants avaient de moins en moins d'intérêt et de compréhension pour la Parole de Dieu. Nous ne pouvions dès lors continuer selon les méthodes du début. Ce n'était en effet que vers la fin du cours que ces enfants étaient capables de faire leurs compositions écrites d'une manière indépendante et personnelle. Je crois que cela provient du fait que la Parole de Dieu n'est plus enseignée dans beaucoup d'écoles, et que l'autorité des parents et des maîtres diminue.

Par la suite, il fut nécessaire d'organiser trois et même quatre cours d'instruction par année pour garçons et filles. Chaque année, un grand nombre d'enfants se convertissent à Dieu et cette parole s'accomplit : « J'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui me cherchent de bonne heure me trouvent ». C'est une grâce inestimable d'instruire les enfants, non pour la forme seulement, mais pour qu'ils parviennent à une foi vivante, pour qu'ils réalisent la justification et pour qu'ils puissent attendre le retour du Seigneur.

Les jeunes recherchent la joie ! Si on leur annonce la Parole telle qu'elle est écrite et qu'ils la reçoivent, ils trouvent une joie bien supérieure à celle que peut leur offrir le monde. Et la joie du Seigneur n'est pas entachée de péché et ne conduit pas en enfer.

Un jour, un pasteur me demanda comment nous faisions pour avoir autant de jeunes gens dans nos assemblées. Je lui répondis : « Nous leur prêchons la repentance, la conversion, et la nécessité de réaliser la nouvelle naissance. Nous leur disons le bonheur qu'on possède quand on appartient au Seigneur, et combien on est beaucoup plus heureux avec lui que dans le monde. » Nous lisons dans Esaïe 58, verset 12 : « On t'appellera réparateur des brèches, celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable ». Quand on prêche l'Évangile en le présentant comme s'il était un fardeau, et que l'on affirme qu'il est difficile de vivre pour Dieu, on ne prêche pas que le pays est habitable. L'Évangile rend les gens heureux. Il n'est pas possible de rendre quelqu'un heureux à coups de fouet. Lorsqu'on fouette un cheval, il trotte pendant un instant, mais son pas nonchalant habituel est vite repris. Nombre de parents pieux disent : « Les enfants doivent aussi avoir leurs « petits plaisirs », sous-entendant par là que l'on est privé de plaisir quand on vit pour Dieu. Mauvais pères, mauvaises mères, parents dénaturés, qui font preuve d'une pareille mentalité.

Le pasteur qui s'était informé de quelle manière nous nous occupions de la jeunesse, désirait encore connaître le nombre de nos écoles du dimanche, combien d'enfants les fréquentaient, et qui les dirigeait. Je lui écrivis qu'il n'était pas biblique de vouloir faire en cela un recensement et que nous avions autre chose à faire. Nous avons en David l'avertissement de ce qui peut arriver si nous nous tournons vers le dénombrement. Si nous le faisons pour nous rendre compte de notre importance et pour nous vanter, alors le malheur sera sur nous ! Notre déclin sera rapide.

Hélas, que de choses répréhensibles se passent souvent dans le domaine de la piété ! On crée des sociétés chrétiennes de gymnastique, ce que la Bible défend pourtant parce qu'elles détournent du culte. À notre époque, sous prétexte de rassembler la jeunesse, on lui fait faire du sport. On s'imagine faire une bonne oeuvre, et pourtant c'est mépriser Dieu que de profaner ainsi le repos dominical. Est-ce bien là une oeuvre chrétienne ? Je répondis de la façon suivante à quelqu'un qui était fort enthousiaste en faveur d'une action de ce genre et qui me vantait la facilité avec laquelle on pouvait attirer la jeunesse par les sports, pour l'éduquer ensuite pour Dieu : « C'est avec la Parole de Dieu qu'il faut rassembler la jeunesse. Considérez nos assemblées, nous avons plus de jeunes gens que vous et nous ne leur apportons que l'Évangile, et ils sont heureux. Ils se rendent très vite compte de ceci : « Ce que je trouve ici vaut bien mieux que ce que les convoitises du monde peuvent me donner ». On ne saurait faire un meilleur usage de son temps, que de recevoir la Parole de Dieu en vérité. Celui qui recherche d'autres passe-temps a une conscience qui l'accuse ».

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