Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Temps de réveil et de persécutions.

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S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre.
(Jean 15 : 20.)


Jamais je ne commençais à présider des réunions sans y être appelé par des frères et soeurs que je connaissais comme ayant sincèrement et en vérité soif de la Parole de Dieu. De plus, je devais posséder intérieurement la conviction divine que j'agissais selon la volonté de Dieu. Mais auparavant, ignorant encore tout de l'évangélisation que je serais appelé à présider dans un lieu quelconque, j'avais de grandes angoisses pour cette contrée.

Les choses se passèrent ainsi notamment pour la région de F. Autrefois, comme agent de la Croix-Bleue, j'avais présidé des réunions à cet endroit. Le Seigneur avait ouvert l'entendement à un frère et à une soeur, qui commencèrent aussitôt à travailler pour lui. Je fus invité par ce frère R. à présider des assemblées ; mais, pendant deux ans, et malgré des réunions régulières, personne ne se convertit à Dieu. Finalement je déclarai que je ne viendrais plus en ce lieu présider des réunions d'évangélisation si des âmes ne se décidaient pas pour Dieu. Sur ces entrefaites, une semaine d'évangélisation eut lieu et, un soir, pendant que je témoignais avec zèle et un grand sérieux de l'oeuvre de Dieu et pour la vérité, trois femmes prirent la décision de vivre pour Dieu. La vie divine prit pied et le nombre des croyants augmenta sans cesse dans l'assemblée. D'abord nos réunions avaient lieu dans des maisons privées ; plus tard, un frère nous offrit une salle qu'il avait fait aménager dans les combles de sa maison. Celle-ci pouvait contenir trois cents personnes et fut déjà remplie lors de son inauguration. Ce jour-là, nous nous réjouîmes de la Parole de Dieu et, l'après-midi, un frère pria : « Donne-nous l'esprit des premiers témoins ! » Je dis alors que si cette prière était exaucée, les persécutions ne manqueraient pas ; il en fut ainsi.

La semaine suivante, nous eûmes une série de réunions qui devait durer huit jours. Le premier soir déjà, elle fut bien revêtue. Le lundi soir, le pasteur de l'endroit arriva avec quelques-uns de ses paroissiens dans l'intention de protester. Après mon allocution, il exigea impérieusement la parole, prétendant être en droit de parler, comme pasteur de la localité. Je savais que c'était un pasteur de la nouvelle théologie, c'est-à-dire niant l'efficacité du sang de Christ. À cause de cela, je m'y opposai. Mais il parla néanmoins pour faire opposition. Lorsqu'il eut terminé, je dis simplement : « Je crois à l'efficacité du sang de Jésus ! » et toute l'assemblée répéta d'une seule voix : « Et nous l'avons réalisée ! » Émettant quelques mots de désapprobation, dédaigneusement il quitta la salle. Je terminai alors cette réunion du soir.

De tous côtés, des gens soi-disant pieux excitaient le monde contre nos assemblées et contre moi-même (les choses se passent ainsi en général), racontant faussement toutes sortes de choses. Un soir, l'assemblée fut fréquentée plus encore que de coutume, et il se trouvait dans l'assistance des personnes qui voulaient vraiment écouter et éprouver la prédication. Par contre d'autres étaient venues pour s'opposer et mettre fin à tout. Pendant mon allocution je fus presque continuellement interrompu par des déclarations moqueuses, néanmoins certaines personnes se décidèrent tout de même de vivre pour Dieu en dépit des contradictions et des dérangements, car l'Esprit de Dieu était aussi présent. Un homme, par exemple, se permit de dire d'une voix empreinte de moquerie :

« Montre-moi ton merveilleux Sauveur à présent ! » Mais le dimanche suivant, ce moqueur fut accidentellement électrocuté. Le jeudi, le local se trouvait être bondé à tel point que les habitants de la maison émettaient des craintes au sujet de la résistance du plancher. Pendant que je parlais de la création, une force particulière vint en moi. Durant la réunion, environ trois cents hommes arrivèrent. Ils cherchèrent à barricader la sortie car il n'y avait qu'une seule porte de sortie, suivie d'un escalier. Quelques-uns s'enhardirent à monter dans la salle, menaçant de faire grand tapage et dans l'intention de vider les lieux. J'avais le sentiment que je devais quitter la maison, malgré l'avis de frères et soeurs qui me conseillaient de rester. C'est avec grand'peine que je pus encore passer, car la sortie était encombrée de femmes et je conseillai à quelques frères d'aller en avant, disant aux autres de suivre. Lorsque j'arrivai à la dernière marche de l'escalier, les deux frères en tête, grands et forts, me prirent par-dessous les bras ; mais estimant être ainsi en danger parce que mes ennemis me reconnaîtraient mieux, je les priai de me lâcher. Cependant, ils me portèrent au travers de toute la masse ennemie, et personne ne me reconnut ; le Seigneur les avait aveuglés. Ces gens attendirent ensuite une heure environ devant la maison, me cherchant partout. Enfin, un homme qu'ils avaient enivré le soir précédent pour le promener ensuite au travers du village comme étant le « Sauveur », leur déclara du haut d'une galerie que j'avais quitté la maison depuis une heure. J'arrivai sain et sauf à mon logis ; le Seigneur m'avait préservé de leurs brutalités. Ces choses se passèrent un jeudi.

Le vendredi, je tombai malade, de sorte que je ne pus me lever ; je dus faire appel à un frère pour continuer les réunions à ma place. Les ennemis, dont la colère était à son comble, désiraient mettre fin une fois pour toutes à ce mouvement, et ils firent en sorte d'exciter non seulement les personnes de la localité, mais de toute la contrée. Le soir de ce même jour, malgré l'hiver rigoureux, les gens se tinrent longtemps debout, dehors, et tous les chemins conduisant à la maison où se trouvait notre salle étaient couverts d'une foule compacte, particulièrement des hommes. L'assemblée du soir avait à peine commencé que quelques hommes se levèrent, brisant les lampes et frappant de tous côtés avec des bâtons. Quelques frères reçurent des coups. Le frère qui présidait alors l'assemblée fut porté dehors par les deux hommes qui, le soir précédent, m'avaient protégé de la même manière et on ne lui fit aucun mal, mais il avait eu grand'peur.

Le même soir, peu après huit heures, me sentant parfaitement rétabli, je décidai de me rendre à l'assemblée. Mais mon hôtesse vint et me dit que les choses étaient au pire, me suppliant de ne pas quitter la maison et me décrivant l'émeute en tremblant. Les habitants de la maison, parmi lesquels se trouvait un greffier du tribunal, firent appel à la police, mais elle refusa d'intervenir, laissant l'affaire suivre son cours. Le plancher de la salle des réunions menaçait de céder sous le poids et le piétinement de ceux qui s'y trouvaient. Certains frères, ainsi que le greffier, décidèrent d'informer Berne de la conduite de la police, mais je ne fus pas d'accord, préférant m'en remettre à cette parole : « L'Éternel combattra pour vous, gardez le silence ! »

Chaque soir, je constatais qu'un attelage léger était stationné devant la maison, et je me demandais ce qu'il pouvait bien faire là. Plus tard, on me rapporta que cette voiture avait été tenue à disposition de ceux qui avaient espéré me saisir à un moment propice pour me conduire ensuite dans un endroit solitaire et m'y maltraiter. Mais l'heure n'avait pas encore sonné, et Dieu étendit sa main pleine de grâces sur nous tous. Cependant c'est avec joie que j'aurais donné ma vie pour le Seigneur. Ces événements me permirent de découvrir mieux l'amour réel des frères et des soeurs en Jésus, et j'en fus presque confus ; je leur déclarai qu'ils auraient voulu donner leur vie pour le berger, tandis que c'est le berger qui donne sa vie pour ses brebis. Comme je l'ai dit, j'aurais bien aimé être conduit sur cette voie du sacrifice, mais je rends grâces de tout coeur à Dieu pour sa merveilleuse bonté. Le vendredi, l'évangélisation prit fin et le samedi je rentrai chez moi. Mais Dieu continua son oeuvre : Qu'il soit loué et adoré !

Je n'y retournai plus pendant six mois environ. À deux reprises cependant, je m'étais proposé de m'y rendre ; la première fois, venant de Dürrgraben, je pus aller jusqu'à Konolfingen, la seconde fois jusqu'à Mülenen-Aeschi. Les deux fois l'Esprit de Dieu m'empêcha de continuer mon chemin selon mon intention.

Lorsqu'un certain temps se fut écoulé, et que le moment propice fut venu, Dieu m'ordonna d'y retourner, me disant qu'il se manifesterait par des signes et des miracles. J'appris plus tard que quelqu'un parmi les adversaires avait été désigné pour prévenir par téléphone les gens de F. de mon arrivée. Il devait bien en être ainsi car, lorsque le train entra en gare, je vis un attroupement d'hommes, dans une curieuse attitude, les yeux baissés. À cet instant même, une poutrelle de fer entreposée là tomba sur eux. On me rapporta que trois de ces hommes furent touchés dont l'un mortellement. C'est ainsi que Dieu commença à se manifester par des signes et des miracles. - Dès lors, je pus circuler paisiblement, personne ne me fit du mal. Je me rendis chez le frère qui me recevait habituellement ; celui-ci me procura un billet postal pour me permettre d'aller à M. Lors d'un deuxième voyage, je voulus prendre la diligence au même endroit, mais quand le postillon m'aperçut, il quitta la voiture et courut dans une maison voisine. De là, je vis ensuite un homme s'éloigner rapidement vers le village, et je soupçonnai qu'il allait prévenir par téléphone les gens de l'endroit où je me rendais. Je me dis que jusqu'à ce que les intéressés soient prévenus et qu'ils aient attelé une voiture pour venir à ma rencontre, j'avais bien le temps d'utiliser la poste sur une partie du parcours. La diligence se mit donc en route mais, après un certain temps, l'un des chevaux refusa d'avancer. Je voulus quitter la voiture, mais le postillon s'y opposa, disant que ce cheval ne s'était jamais comporté de la sorte et qu'il allait bien se remettre au pas. Après avoir parcouru une vingtaine de mètres, le cheval s'arrêta de nouveau ! Là, je quittai la voiture, demandant au postillon de m'indiquer le chemin de R., renseignement qu'il me donna fidèlement. Je lui remis alors une bonne-main et m'empressai de m'en aller. Craignant d'être suivi, je fis quelques détours. Après deux heures de marche j'arrivai enfin au but. J'appris par la suite qu'effectivement on avait téléphoné que j'étais en route. L'homme qui avait fait cela eut à l'instant même une infection à la main qui avait tenu le récepteur ; il en mourut quelques jours après.

Un dimanche matin je lus le verset (Gen. 1 : 28) où Dieu ordonne à l'homme de dominer sur tous les animaux de la terre. Ce verset m'illumina et me remplit d'une telle certitude que ni un lion, ni un ours ne m'auraient effrayé. Le soir du même jour, un commerçant excita contre moi son chien méchant. À peine libéré de sa chaîne et, de sa muselière, il se précipita sur moi. À cet instant précis, je ne fus plus aussi rassuré que je l'avais été le matin, mais la parole que j'avais lue me soutint, et par la foi je m'appuyai entièrement sur elle. Lorsque le chien, dans toute sa rage, ne fut plus qu'à un mètre de moi, je pensai : « Je suis maître de toi ! » Subitement, il culbuta sur le dos, mais se releva d'un bond pour sauter sur moi. Je répétai mon affirmation, et il fut à nouveau précipité sur le sol, puis il prit la fuite. Le propriétaire prétendit alors que j'avais ensorcelé son chien ! C'est la puissance de Dieu qui avait agi. Cet incident me fit mieux comprendre pourquoi les lions ne purent faire aucun mal à Daniel, et comment David put vaincre le lion et l'ours ; dans les deux cas, l'intervention divine est manifeste.

À G. une jeune fille me demanda de présider une série de réunions d'évangélisation. Elle avait elle-même réalisé la paix de Dieu et désirait que ce bonheur fut partagé par d'autres le plus tôt possible. Ses parents donnèrent leur consentement, et j'acceptai cet appel comme venant de Dieu. Le premier soir, je me sentis poussé à parler très sérieusement de l'infanticide. La maîtresse de maison en fut extrêmement outrée, croyant que je l'accusais. La voyant si révoltée, j'eus le sentiment que cela pouvait être un indice de culpabilité et je lui dis : « Ne veux-tu pas confesser tes péchés ? » Bien mal m'en prit. Elle commença à me faire d'amers reproches et, à mon grand étonnement, sa fille prit son parti. Je me rendis compte combien le terrain était brûlant, et cela d'autant plus que j'eus à subir aussi la haine des fils dont la nature querelleuse m'était connue. Je me tins tranquille devant mon Dieu, sans me laisser intimider le moins du monde et, le soir venu, je parlai encore très sérieusement. Alors la jeune fille modifia son attitude à mon égard et reprit joyeusement une part active à l'évangélisation. Les deux fils, munis de bâtons, m'attendaient dans la cage de l'escalier, dans l'intention de me battre. Mais après la réunion, l'un d'eux vint, tout tremblant, avouer ses mauvaises intentions et se donner à Dieu. Le lendemain, la mère reçut elle aussi, la paix de Dieu dans son coeur, alors qu'elle portait une hotte. Elle n'était réellement pas la coupable, cela devait être quelqu'un d'autre. Dieu m'avait montré si clairement la chose, qu'il m'avait été impossible de me taire.

Le réveil dans cette contrée fut tel que les gens se trouvaient réunis des heures à l'avance, ce qui m'obligeait à commencer la réunion à sept heures au lieu de huit, parce que la maison était déjà remplie de monde. Le dimanche, beaucoup de personnes étaient obligées de stationner dans la neige devant la maison. Après la réunion, plusieurs restaient là, et c'était comme au temps des apôtres : « Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans la prière ». Nous récitions des versets bibliques, nous les commentions, et nous étions dans la joie et dans la prière. Les coeurs s'ouvraient à la gloire de l'Évangile.

Un jour, je partis de W. pour me rendre à A. Ayant à peine quitté la maison, je vis à une certaine distance le gendarme de l'endroit assis près d'un homme. Absorbé dans mes pensées, je poursuivis mon chemin sans plus faire attention à lui. Mais à un certain moment je me retournai et je vis l'agent de police à quelques pas derrière moi. Je ne pouvais comprendre comment il était arrivé si près de moi en si peu de temps. Je ralentis alors le pas pour le laisser me dépasser, mais lui aussi marcha plus lentement. Je m'arrêtai de temps en temps ; il en fit de même. Je ne pouvais comprendre ce que cela devait signifier ; je m'assurai si j'avais bien vu, mais aucun doute n'était possible, alors je continuai mon chemin sans plus m'occuper de lui. Arrivé tout près du village, à une bifurcation, un homme surgit subitement de derrière une clôture et se précipita sur moi, en brandissant un fléau. Il avait déjà attaqué d'autres prédicateurs, croyant qu'il s'agissait de moi. Au moment où il allait m'atteindre et m'abattre, le gendarme se trouva à mes côtés, ce qui obligea mon agresseur à une retraite précipitée. Je compris alors pourquoi le gendarme avait dû me suivre ! Dieu me l'avait envoyé - il ne vint pas plus loin. Oh ! de quelle merveilleuse façon je réalisai cette parole du Seigneur : « Aucun cheveu ne tombera de votre tête sans ma volonté ».

Un soir, alors que j'étais resté après la réunion pour prier avec quelqu'un, des hommes aux visages masqués surgirent. Leurs intentions ne faisaient aucun doute. Un frère me désigna une chambre à l'étage supérieur, mais je lui dis : « Ils m'y trouveront sûrement, ne serait-il pas préférable de me cacher dans le fenil ? » Sur mes instances, il m'en montra le chemin. Me dirigeant au moyen de ma lampe de poche, je me glissai entre le tas de foin et le mur, me recouvrant le visage d'un peu de foin. Ce soir-là, j'avais loué et glorifié Dieu de tout mon coeur en commentant le chapitre 3 de l'évangile de Jean.

Il me vint alors cette pensée : « Ce soir tu as loué Dieu de tout ton coeur et voilà maintenant ce qui t'arrive ! » Les ténèbres m'entouraient, mais je me souvins de Daniel et je pensai : « Dieu peut me garder aussi bien qu'il a gardé Daniel dans la fosse aux lions ». Et je fus complètement calmé. La maison fut fouillée du haut en bas. J'entendais au-dessous de moi la voix du frère 0. qui disait gentiment à nos persécuteurs de prendre garde de ne pas culbuter dans l'escalier. Quant à moi, je le leur aurais presque souhaité ! Mais j'étais heureux que ce frère fut si aimable avec eux ! Il agissait selon cette parole : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent ». Ils enfoncèrent la porte de la grange et montèrent sur le tas de foin. Longeant le mur, enfonçant leurs fourches dans le foin ils arrivèrent ainsi jusqu'à mes pieds puis, dépassant exactement la longueur de mon corps, ils sondèrent à nouveau de leurs fourches le tas de foin, commençant tout près de ma tête ; ensuite ils s'éloignèrent. À cet instant, j'aurais désiré m'enfouir davantage dans le foin, mais il me vint à la pensée que peut-être quelqu'un était resté en observation et que le bruit pourrait me trahir. À peine cette pensée m'était-elle venue que l'un d'entre eux s'écria tout près de moi : « Mettons le feu à la maison et il sera brûlé ! » Ils revinrent ensuite et recommencèrent les mêmes recherches, sans succès.

Voici une autre expérience : Je présidais une évangélisation à Sch. Le lundi soir, je parlai du chapitre 5 de Il Cor. : « Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura fait, étant dans son corps ». Le pasteur était dans l'auditoire. Lorsque je parlai sur ce sujet, il me fit un petit signe d'approbation. Cela lui plaisait et il était d'accord avec mes commentaires. Mais, lorsque j'arrivai au verset 17: « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles », il cessa d'approuver. Il se fâcha surtout lorsque j'appliquai ce verset au présent comme l'Écriture le fait clairement. Quand j'eus terminé, il prit aussi la parole et confirma ce que j'avais dit au début, savoir : qu'il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ. Quant au verset 17, il déclara que l'on voyait clairement que personne n'était ainsi et que l'on ne rencontre aucun homme chez qui toutes les choses vieilles sont passées et où toutes choses sont devenues nouvelles. Comme j'avais la responsabilité de la réunion, je ne pus tolérer une telle altération de la vérité. Faire preuve d'égards en cette circonstance eût été une trahison envers Dieu et une désobéissance grave à la Parole.

C'était à l'époque où l'on voulait attenter à ma vie et je craignais d'être malmené si je contredisais le pasteur. Beaucoup d'hommes se trouvaient dans l'auditoire et leur haine paraissait grande. Cependant, je ne pouvais renoncer à réfuter de telles déclarations contraires à la Parole de Dieu. Je terminai par la prière, dans laquelle je répétai encore une fois le même verset, remerciant Dieu de ce qu'il était incapable de mentir et de ce que les choses étaient bien comme sa Parole le déclarait. Après la prière, j'exhortai les auditeurs en leur disant : « Nous voulons continuer de nous réunir et de croire ce que la Bible nous enseigne. Vous avez entendu le pasteur déclarer que personne ne peut être une nouvelle créature, ni être justifié. Quant à nous, nous voulons nous réjouir de la Parole de Dieu. » C'est sur ces paroles que je congédiai l'assistance. Je me tins ensuite d'un côté de la porte de sortie et le pasteur de l'autre. À mon grand étonnement, les hommes que j'avais craint, vinrent me serrer la main ; deux ou trois personnes seulement donnèrent la main au pasteur, et les auditeurs disaient entre eux : « Aujourd'hui, nous avons constaté que notre pasteur ne croit pas à la Parole de Dieu ! » Un réveil s'ensuivit ; l'un après l'autre se convertissait au grand dépit du pasteur. Dès ce moment, il se mit à me haïr. Mais ses menaces contre moi et contre la Parole de Dieu furent vaines, car « nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais aux invisibles ».

Il y aurait encore bien des faits à raconter, cependant j'en laisse le soin à Dieu qui manifestera toutes choses au grand jour. Veillons afin que nous ne soyons pas trouvés comme faisant la guerre à Dieu en s'opposant à la vérité. Que le Seigneur ait pitié aussi des ennemis de l'Évangile !

Je tins, en son temps, un certain nombre de réunions à D. et dans les environs. Beaucoup de personnes s'y convertirent. Un courant de joie traversait l'assemblée. Les actions de grâces, la louange et l'adoration s'élevaient vers le trône de Dieu pour la grâce qu'il nous accorde en notre Sauveur. Mais les ennemis, eux aussi, s'élevèrent et, lorsque je traversais une certaine localité pour me rendre au lieu de réunion, les jeunes gens s'attroupaient. Armés de toutes sortes d'ustensiles en tôle, tels que casseroles, couvercles, seaux, etc., ils me suivaient à travers tout le village en faisant un grand tintamarre. Me trouvant ainsi en tête, j'avais l'air d'être leur commandant ! À notre passage, portes et fenêtres s'ouvraient et j'étais exposé à la risée générale. Cette bande bruyante m'accompagnait jusqu'à la dernière maison du village, puis elle s'en retournait. La dernière fois, le diable me suggéra : « Fais un détour ! » Je dis : « Non, la rue m'appartient comme à tout le monde ! » Je fus escorté par la même musique. Alors que le vacarme se répétait, je me retournai vers mon escorte, dans l'intention de déclarer que de tels actes sont punissables et déshonorants. Mais à cet instant, cette parole me revint à la mémoire : « S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi, s'ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre ». Je gardai alors le silence, me réjouissant de cette parole, et je continuai mon chemin, encouragé. Ce fut la dernière fois, ils ne revinrent plus jamais. Par la suite, quelques-uns de ces chahuteurs et de leurs spectateurs se convertirent au Seigneur, et j'ai même le privilège de constater aujourd'hui que certains d'entre eux sont restés fermement attachés à la Parole de Dieu. Parmi d'autres, la femme d'un quincaillier s'était aussi convertie. Un jour, son mari m'apporta une belle lampe à pied ; je lui fis remarquer que je ne l'avais pas commandée, mais il me dit qu'il m'en faisait don, en reconnaissance de la conversion de sa femme. Auparavant c'était une méchante femme dit-il, et maintenant elle est la bonté même. Je lui dis alors : « Et toi, si tu devenais aussi un homme aimable ! Qu'en dis-tu ? » Peu de temps après, il se convertit aussi. En ce lieu, je réalisai bien des choses !

On peut se soustraire à l'opprobre, mais c'est par la souffrance que le Royaume de Dieu s'édifie et cela produit davantage qu'un sermon bien étudié.

Souvent on a menacé de me battre, et j'avais peur, non pas des coups, mais de moi-même. J'appréhendais d'être attaqué, craignant que je ne rende les coups et ne mette en pièces mes adversaires ; j'étais inquiet de ce qui pouvait arriver. Aussi, un frère ne voulut plus me laisser partir seul, et je pris un compagnon de route, auquel je recommandai néanmoins de ne faire de mal à aucun de nos ennemis. Il vint une première fois avec moi, et rien n'arriva. Mais, une autre fois, ils étaient là, et c'est mon ouvrier qui m'accompagnait. Ils le saisirent, mais il fut si prompt à réagir qu'il envoya ses adversaires rouler sur le sol, l'un à droite et l'autre à gauche, puis il s'enfuit à toutes jambes. Il avait les mêmes sentiments que moi ; il avait peur de lui-même. Ils m'empoignèrent également, mais je pus rester calme comme une brebis ; je n'avais aucune envie de me défendre, étonné de la puissance avec laquelle Dieu me tenait, car, par moi-même, je me serais défendu. Je ne ressentais ni amertume ni colère contre ceux qui me maltraitaient. Tout au contraire, je sentais que la charité de Dieu qui n'impute pas le mal, était en moi. À chaque coup qu'ils me portaient, l'amour de Dieu pénétrait en moi. Comme cela va bien quand nous nous tenons devant Dieu, au moment opportun. Il est notre force et notre puissance, de sorte que nous pouvons intercéder comme Étienne qui disait : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ». Il n'est dès lors plus nécessaire de s'agiter et de proférer des menaces en disant : « Dieu te punira ! »

Lors d'une réunion à F., quelques hommes voulurent se saisir de moi, et un frère prit ma défense en proférant des menaces. Je m'écriai « Tais-toi donc, tais-toi donc ! » Selon II Tim. 4: 2, il est exact que nous avons le devoir d'exhorter et de censurer, mais non pas dans les cas où l'on nous persécute. - Lorsqu'une fois des adversaires avaient cassé les vitres, brisé les volets, démoli la clôture du jardin à K., que deux fois ils avaient tiré des coups de fusil dans la maison et, - chose plus épouvantable encore - que par dérision, ils s'étaient agenouillés autour de la maison, priant, jurant, et blasphémant le nom de Dieu, je pensai : « Dieu le leur rendra ! » Je me disais : « Si seulement Dieu les rendait muets, afin qu'ils connaissent qu'il est vivant ! » Plus tard, j'eus honte d'avoir hébergé de pareilles pensées. Dieu dit : « A moi la vengeance, à moi la rétribution ». Sur la croix, alors qu'on le crucifiait, Jésus priait : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! » Il ne désirait pas qu'ils soient rendus muets ! Mais moi, je pensais souvent qu'on devrait tout de même demander à ces personnes de rendre compte une fois de leurs exploits. Il me fut profitable d'avoir à présider des réunions, car au cours de celles-ci, cette parole me fut rappelée : « Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous, et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c'est ainsi que l'on a persécuté les prophètes qui étaient avant vous ». Je vis donc clairement que je devais rester tranquille et ne rien imputer à personne, mais plutôt pardonner et bénir, ce qui est le reflet de la parfaite stature de Christ. Que de choses Dieu dut-il permettre dans ma vie pour m'amener à pouvoir dire toujours : « Père, pardonne-leur ». Quand il m'eut établi sur ce fondement divin, les persécutions à K. diminuèrent sensiblement. Celui qui se confie en Dieu n'a pas bâti sur le sable. Nombreux furent ceux qui m'avouèrent ensuite avoir voulu me tuer d'un coup de feu.

À U. un homme avait décidé d'attenter à ma vie. Me rendant à une réunion, je pris le chemin du haut, plus sûr, me semblait-il. À proximité d'une maison, je vis qu'un homme en sortait, un fusil à la main. Il s'agenouilla derrière une haie qui bordait la route que je devais suivre. Il m'était impossible de rebrousser chemin. Je ressentis quelques battements de coeur, mais rien de fâcheux ne m'arriva. Le lendemain je pris le chemin du bas et cet homme, à l'affût, tira. J'entendis la balle siffler derrière moi. Pensant qu'une seconde balle allait suivre, j'eus d'abord l'intention de me laisser glisser au bas du talus, où j'aurais été à l'abri ; cependant je continuai mon chemin et plus aucun coup de feu ne partit. Le Dieu d'amour peut donc aussi diriger les balles.

Je fus encore l'objet d'attaques d'un autre genre. Des gens répandirent d'épouvantables calomnies à mon sujet. Je pensai tout d'abord dénoncer ces calomniateurs pour les obliger à rendre compte de leur médisance. Après un certain temps, il me vint une pensée qui aurait dû être la première : « Dieu combattra pour moi, et moi je me tiendrai tranquille ». Je me dis alors : « Je leur ferai voir le Maître », non pas celui qui fut l'objet de ma première pensée, mais celui qui dit : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. - Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. » J'en déduis qu'ainsi nos persécuteurs font une bonne propagande pour la cause du Maître, et les assemblées n'en sont que plus prospères.

L'apôtre Paul avait beaucoup de dons. Si les dons que nous possédons ne procèdent pas de l'Esprit de Dieu, ils n'unissent pas les hommes à Jésus-Christ afin qu'ils soient régénérés. Alors les hommes nous vantent et nous ne sommes pas persécutés. Tout ce qui se fait par l'Esprit de Dieu rencontre la persécution. Dans le cas contraire l'homme n'est pas persécuté, mais il est adulé et approuvé du monde. On a reproché à Jésus de chasser les démons par Béelzébul, le prince des démons, précisément parce qu'il les chassait par l'Esprit de Dieu. Si Dieu nous accorde des dons, nous devons les faire valoir, et si des persécutions surviennent, il est très important de ne pas se laisser effrayer ni intimider, et de ne pas fermer la bouche.

Dieu nous a bénis et nous a ouvert partout de nouvelles portes, dans la vallée de Frutigen, à Bönigen, à Unterseen, à Brienz, etc.

Trois femmes s'étaient converties à la première semaine d'évangélisation que je tins à F. L'une d'elles avait une soeur à R., et elle lui fit part de son bonheur, lui racontant comment elle avait reçu la paix de Dieu dans son coeur. Son beau-frère m'invita à venir chez lui, car il y avait longtemps qu'il languissait après le salut. Ces réunions d'évangélisation devaient avoir lieu dans une salle attenante à sa maison, mais les prédicateurs de l'endroit s'y opposèrent. Dans ces conditions, le frère décida d'ouvrir sa propre maison et, par la prédication de la bonne nouvelle, des âmes reçurent la paix de Dieu.

Je faisais beaucoup de visites. Un jour j'arrivai à M., où Dieu ouvrit le coeur d'une jeune fille, comme il le fit jadis pour Lydie. Depuis lors, cette soeur est restée un témoin fidèle de la grâce de Dieu.

Je me rendis ensuite à G. Mon arrivée provoqua une allégresse générale ! Immédiatement la famille qui me recevait s'assembla autour de la table pour prier et lire la Parole en commun ; des enfants même priaient et participaient à cette joie. Dans cette maison régnait un esprit tout autre que celui rencontré ailleurs. Lors de ces visites à domicile je constatais que les gens écoutaient avec intérêt aussi longtemps que l'on causait de choses diverses, mais dès qu'on prenait la Bible pour y lire quelque chose, ils rougissaient jusqu'aux oreilles. On sentait que la plupart d'entre eux étaient mal à l'aise, craignant qu'une autre visite les surprenne, et ils préféraient s'en aller à leur travail.

Dans le Jura bernois, les portes s'ouvrirent d'une façon toute singulière. Une institutrice m'invita au nom d'un frère anabaptiste, propriétaire de la maison d'école. J'avais le sentiment, qu'invité par un homme, je pouvais y aller en toute confiance. J'y tins donc des réunions pendant trois jours. Mais les anciens se présentèrent et manifestèrent leur mécontentement parce que le frère en question ne les avait pas consultés. Je dus renoncer.

Néanmoins, l'un d'eux me pria de venir à Ch. pour bénir son mariage. Il désirait que cette union soit bénie par un serviteur de Dieu. Un ancien prédicateur me rendit alors attentif au fait qu'à cet endroit on buvait beaucoup d'alcool en de telles occasions. Cependant, je pris la décision de m'y rendre, comptant bien rester maître de la situation. Le fiancé vint m'attendre à la gare, et j'appris que, en effet, il avait commandé un fût de cent litres de vin. Soixante personnes environ étaient invitées, parmi lesquelles quelques prédicateurs. Après la cérémonie, deux d'entre eux exprimèrent leur désapprobation sur ce qu'ils avaient entendu ; le frère un tel, disaient-ils, avait l'habitude de faire les choses tout autrement, et ils énuméraient des formes tout à fait extérieures. Je leur racontai que j'avais eu la visite d'un homme appartenant à une autre congrégation et qui m'avait prié de bénir son enfant en le présentant à Dieu. Comme je ne l'avais encore jamais fait, je refusai. Une année après il revint, me disant qu'il avait maintenant deux enfants à bénir, me priant de venir. Je me déclarai d'accord et, en silence, je composai une bénédiction que j'écrivis sur un morceau de papier et que j'appris par coeur. En arrivant près de la maison, je pris mon billet et me mis à répéter la bénédiction ; vraiment, cela marchait parfaitement. Je bénis donc le premier enfant, mais, de tout ce que j'avais appris, la mémoire me fit défaut. N'osant sortir le billet de ma poche, je fus contraint de prier ce qui me vint à l'esprit.

Pour le second enfant, le Seigneur me donna une grande bénédiction, quelque chose d'incomparablement meilleur que pour le premier. C'est à ce moment seulement que je m'aperçus combien j'avais été effronté d'inventer une bénédiction, au lieu de me laisser conduire par Dieu. Voilà ce que je racontai à ces prédicateurs, en leur disant que je devais prendre la bénédiction que Dieu voulait bien m'accorder, et cela aussi bien pour les époux que pour les enfants. À ma grande joie, j'appris ensuite que l'époux avait réalisé la nouvelle naissance pendant la bénédiction du mariage. Pendant cette cérémonie, j'eus la vision du Sauveur planant au-dessus des nouveaux mariés : d'un pied il touchait l'épaule de l'époux et de l'autre celle de l'épouse qui réalisa la nouvelle naissance plus tard. La cérémonie du mariage terminée, on se mit à table pour le repas de noces. J'étais assis entre deux prédicateurs. Étant abstinent, on me servit de la limonade. Les deux prédicateurs en burent aussi, mais seulement un verre, ensuite ils se firent servir du vin. Pendant le repas, je remarquai qu'une personne vidait des verres de vin à longs traits ; je me levai pour déclarer : « Je ne puis rester là où règne l'excès de la boisson », et je me mis à évangéliser. C'est alors que la soeur du marié se convertit et, à sa demande, faisant suite à cette fête de famille, je tins des réunions d'évangélisation pendant toute la semaine. Dieu nous bénit, et c'est ainsi que les assemblées commencèrent dans le Jura.

De là, je me rendis à M. Ici, la réunion se tenait dans les ateliers d'un fabricant ; trois ou quatre frères présidaient les réunions, mais non d'une façon conforme à la Bible. Ils votaient pour tout ce qu'ils faisaient et entreprenaient ; c'était pour ainsi dire « un conseil de patriarches ».

Lors d'une série d'évangélisation que j'avais présidée dans les environs, la parole divine saisit Mme Sch. qui reçut l'assurance du salut. D'emblée, elle désira que je tienne aussi des assemblées chez eux à M. Son mari, beaucoup moins partisan de la chose, voulut d'abord soumettre cette affaire à un vote des frères. Je conseillai à cette femme de dire à son mari qu'il devait renoncer à cette votation ; s'il savait que la chose était de Dieu, il ne s'agissait pas de voter, mais d'obéir. À partir de ce moment, les réunions se tinrent chez eux, et tous furent abondamment bénis.

Nulle part ailleurs la Parole de Dieu ne fut révélée d'une façon aussi claire qu'à Malleray et à Delémont. Où faut-il en chercher la cause ? Tout dépend évidemment de la prédisposition des auditeurs, et ce n'est pas en vain qu'il est dit dans Hébr. 6 : 1-3: « C'est pourquoi, laissant les premiers principes de la doctrine du Christ, tendons à ce qui est parfait, et c'est ce que nous ferons si Dieu le permet ». Dans certains milieux, il n'est pas possible de faire avancer les âmes pour qu'elles parviennent à l'état d'hommes faits ; les chrétiens ne le comprennent malheureusement pas toujours et ne voient pas leur profit.

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